A. -

"Porté à la pitié, compatissant" : LA DAME. (...) A fin que de moy, creature Povre, chetive et miserable, Chascun ait le cuer piteable Aucunement. (Mir. enf. ress., 1353, 45). [Polyphème à Galatée] Plus e(r)s vaine et escoriable D'iaue courant, et flechissable Que n'est verge d'osiere blanche Ou que li vins de vigne blanche ; Mains piteable, et sans merci Plus que n'est ceste ronce cy (MACH., Voir, 1364, 632). ...car ta nature et ta condicion est telle, quar nul n'est plus piteable au persones miserables et aus povres de Dieu que tu soies (Songe verg. S., t.1, 1378, 7). ...c'est le premier larrecin qu'il ait fait, et auquel il a esté prins et apprehendé par justice, requerant lui estre sur ce, par ledit mons. le prevost, piteables et misericors, et, avec ce, sa grace lui estre estendue et faite en ceste partie. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 371). ...sa grace (...) n'estoit pas trop difficile de conquerre, tant estoit doulce et piteable celle qui la vouloit et povoit departir largement par tout (C.N.N., c.1456-1467, 241). ...que non de desdaigneuse main, ains pitoyable et gratieuse, vous plaise recueillir ce present livre (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 114).

-

Pitoyable à qqn : Me serez vous durs, qui a touz Estes piteables et doulx ? (Mir. prev., 1352, 257). Ne me soyés a ce besoing nuysible, Dieu tresbegnin, mettés peine et entente D'entretenir en son estat paisible Le genre humain que maint [tres] bien regente. Vos hommes font par foy, hommaige et rente Tiennent de vous, soyez leur pytoyable Jucque a ce que nature soit contente, Gardés que mort ne leur soit dommagable. (Cene dieux, c.1492, 116).

-

[D'un comportement, d'une attitude...] "Suscité par la pitié" : Car tout ce qui est donné a Dieu et a Sainte Eglyse, si doit estre converti en sains usages et piteables. (Songe verg. S., t.1, 1378, 41). ...aumosnes charitables, piteables et neccesseres à toutes manieres de pouvres gens, religieux et seculiers (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 814).

B. -

"Qui suscite, qui inspire la compassion, la pitié" : NOSTRE DAME. (...) une priére si belle M'a fait et si trespiteable Que je li soie secourable, Que par pitié mon cuer destraint (Mir. abbeesse, 1340, 86). ...et avec ce [le chancelier] fist lire les lettres des capitaines, gens d'armes et bourgois de Rouen, faisans mencion de leur estat moult piteable. (FAUQ., I, 1417-1420, 213). Helas, le verrons nous jamais [Jésus] ? Fait-il departie finable ? Nostre assemblee pitëable Demorra toute desolee. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1024). ...les cueurs humains sont aujourd'huy tant aceréz et durs si fort qu'il n'est pitié ["malheur"] tant pitoyable qui piteux les peust rendre et marriz (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 134). SAINCT MARTIN. Ton parler est moult pitoyable, En requerant nostre mercy ; Faictes l'aumosne charitable Ad ce povre homme que vecy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 545). Auquel lieu d'Arras, maistre Antithus, nommé maistre Denis Cousin, fist ungne merveilleuse et grande execution d'aucunes gens, es festes de la Penthecouste, qui se vouloient mettre devant ledit siege dedans laditte ville, et y eut des testes tranchées ung grant et piteable nombre ; et me fut dict que ceulx qui povoient payer six escus au gouverneur de Daulphiné, nommé Jehan Daillon, rechappoient. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 365).

Rem. JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 300.

-

[D'une chose] Estre pitoyable à qqn. "Susciter la compassion de" : Ce service sera piteable A sa mere, si elle le voit. (Pass. Auv., 1477, 262).