C.N.R.S.
 
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FEW IX portus
PORT, subst. masc.
[T-L : port ; GDC : port1 ; DÉCT : port2 ; FEW IX, 227a : portus ; TLF : XIII, 788a : port1]

A. -

"Endroit aménagé pour accueillir les bateaux, port" (synon. havre) : ...la mer estoit là si plate, Si pleinne, si coie et si mate, Que pour ce estoient demourées Long dou port toutes les galées, Aussi comme à get d'une pierre, Que ne pooient penre terre. (MACH., P. Alex., p.1369, 68). Li roys dist qu'il s'en vengeroit Et qu'en Surie envoieroit, Car les navies et les galées Sont au port toutes aprestées. (MACH., P. Alex., p.1369, 119). Les IJ. amiraus n'ont finé D'aler, eins ont tant cheminé Qu'en Chypre au port sont descendu. (MACH., P. Alex., p.1369, 134). Dame, sanz doubte Une nef neuve et bonne toute Au port avez. (Mir. ste Bauth., c.1376, 158). Ha ! Fortune, trop sui mis loing de port, Quant en la mer m'as mis sans aviron En un batel petit, plat et sans bort, Foible, pourri, sans voile et aviron. (MACH., Motés, 1377, 497). Et le maistre de Rodes et ly autre s'esquipperent en mer, et s'en vont vers le port. (ARRAS, c.1392-1393, 92). ...vint une gallyote au port, qui venoit de Rodes. (ARRAS, c.1392-1393, 127). ...et les convoya jusques au port. Et ceulx montent sur la mer et lievent leurs voilles et s'en vont singlant a effort vers Chippre. (ARRAS, c.1392-1393, 127). ...c'estoit le gallaffre et le roy Braidimons de Tarse qui assailloient fort au port pour y prendre terre. (ARRAS, c.1392-1393, 130). ...si bouterent tantost un rampin armé hors du port (ARRAS, c.1392-1393, 131). ... les Sarrasins qui estoient ancrez en la mer, si tost que ils apperceurent l'aube du jour, ilz se desancrerent et en vindrent tous d'une flote ou port, et prindrent terre. (ARRAS, c.1392-1393, 132). Et lors furent les voiles levees, et s'esquippent du port, et s'en vont singlant (ARRAS, c.1392-1393, 215). Et la a ung petit havre ou port a fustes de rammes. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). Fist le livre de Cent parolles et le Cosmographe ouquel toute la mer et la terre est descripte, c'est assavoir toutes regions, villes el citez, pors, destrois, havres et passages, isles, fleuves, montagnes, lacs, desers, forestz, chacune chose selon sa longitude, altitude et latitude et profondité, et de ce extraict en rondeur la meppemonde et la quarte de naviguer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 r°).

 

-

Port (de) + nom propre : ...se departi sans acort, Et s'en revint tout droit au port De Nimesson, où il trouva Le roy qui encor se leva, Car il estoit assez matin. (MACH., P. Alex., p.1369, 129). Et [Mélusine] fist arriver au port de la Rochelle grant et riche navire, tant de galees, comme de ranpins, comme de grosses nefs (ARRAS, c.1392-1393, 83). Et quant ilz les congnurent, ils furent moult esbahiz et se cuidierent bien retraire au port de Baruth, mais noz galees les adevancierent et leur coururent sus (ARRAS, c.1392-1393, 124). Et lendemain (...) après le service fait, fut portée par sesdis serviteurs, lesdis presidens tenant les quatre cornaiz de ladicte lictiere, au port Saint-Landry et mise en un bateau en la riviere, et fut menée en ladicte ville Saint-Denis par eaue (FAUQ., III, 1431-1435, 168). De la distance qui est entre Pyse et la mer, et comme on voit le port de Ligorne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 204). Et, ainsi qu'ilz passoient, avoit à Cosne des francs archiers qui saillirent sur eulx, et ledit Voyau, Jehan de Harmes et autres chargerent sus lesditz francs archiers et passerent par dessus la riviere, et enmenoirent ledit Geuffroy Cueur au port Saint-Tybault, et Guynot, le bastard, Jehan de Harmes et autres de leur compaignye portoient le faitz et recueillirent lesditz francs archiers, tant qu'ilz arriverent audit port et se saulverent. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 182).

 

-

Port de (la) mer. "Ville située sur le bord de la mer et offrant un abri aux bateaux" : ...au dit Jehan du Bosc, pour avoir fait plusieurs voyages par les pors de la mer pour faire venir mariniers pour aller es dictez galleez (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1373, 157). Et si m'a si bien assené Qu'a un port de mer m'a mené (Mir. fille roy, c.1379, 56). ...[Jean Juvénal des Ursins au roi :] par le traictié vous devez encores bailler Harfleu et Dieppe, qui sont pors de mer, par lesquielx se vostre royaulme estoit perdu le pourriez recouvrer et reconquester (JUV. URS., Loquar, 1440, 394). Neantmoins quelque chose qu'il en soit, ilz ne sont, comme on peut savoir, que de VI à VII mille sur la mer, et dist on que ilz ont entreprinse sur aucune place. Et mesmement par aucuns de mes gens que j'avoie envoiez à Dunckerke, qui est port de mer, m'a esté dict que ilz ont parlé à aucuns Anglois qui estoient prisonniers et que aucuns de Chierbourg avoient prins sur la mer et les avoient admenez audit lieu de Dunckerke (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 332).

 

-

Port (d'eau). "Endroit où l'on embarque et débarque sur une rivière" : Que comme (...) eussent prins par force Clère des Essars, damoiselle (...) Et contre son gré (...) l'apportèrent jusques à un port d'eaue qui est audit lieu de Lusency. (Ch. VI, D., t.2, 1401, 56). ...qui auroit eaue à passer et il ne la peust passer, mais il devroit venir à troys pors et faire son povair d'y passer. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 65).

 

-

Port de salut. "Lieu où un navire est à l'abri des périls et tempêtes de la mer" : Item, tout aussi que la nef porte les pelerins par la mer perilleuse seurement jusques a port de salu, tout aussi la bonne esperance esseure et conforte ceulx qui en sont garnis (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 742). Or, Dieu loué moult haultement, J'ay tant nagié et telement Que ma nef, par temps esgarée, Par force de vent et marée, Est arrivée droite voie À port de salut et de joie, Et que je suiz au sec venu, Dont suiz à Dieu plus attenu (LA HAYE, P. peste, 1426, 161).

 

.

[Cont. métaph.] : Car je suis au port de salu, Ce m'est vis, quant je vous regarde. (MACH., R. Fort., c.1341, 85).

 

-

Maistre du port / des ports : ...Gieffroy au grant dent arriva soubz le Limacon, mais le maistre du port ne le laissa pas entrer dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 215). Desquelx Angloys, ledit maistre des ports receut, oultre ladite somme, quatre cens cinquante ducaz (Comptes roi René A., t.2, 1477, 463).

 

-

Ancrer au port : Sire, dist le maistre de Rodes, il seroit bon de ancrer a ce petit port, tant que nous eussions envoyé au Limesson pour savoir des nouvelles, et savoir se ilz nous vouldront recevoir pour mettre nostre navire a sauveté dedens leur encloz. Maistre, dist Uriiens, or soit fait ou nom de Dieu. Lors se arriverent et ancrerent au port (ARRAS, c.1392-1393, 91).

 

-

Arriver à port./Venir à port. "Accoster dans un port, aborder, débarquer" : Ça, messeigneurs, la mercy Dieu, Vous estes a port arrivez Sans du vostre avoir riens perdu, Ne sans nul autre destourbier. Dont devez Dieu remercyer Que n'avez [eu de] nulle tourmente, Qu'i nous ait donne encombrier, Mais avez eu la mer plaisante. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 109).

 

Rem. Mabrien V., 1462, gloss.

 

-

Mettre à port : ...La mer qui estoit trouble et tainte, Par sa force et par son vent fort, Maugré sien, l'avoit mis à port. (MACH., P. Alex., p.1369, 114).

 

-

Prendre (le) port. "Accoster dans un port, aborder, débarquer" : Et cy se taist un petit l'ystoire de eulx et dira que la galleote a l'admiral devint et ou elle print port. L'ystoire dit que l'admiral de Bandas fu moult doulens de sa perte. Et tant erra par la mer qu'il choisi le port du Lymacon, et voit grosse navire devant la ville (ARRAS, c.1392-1393, 130). Mais Herculés n'osa, par jour Prendre port (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 14). Car besoing leur fu de gaictier Comment le port prendront sur Troye, Car bien leur est vee la voye (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 70). Et le lendemain, qui fut le joeudi, prinrent port auprès d'une ille qui se nomme l'Ille de May (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 177).

 

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 33/7 ; 57/16.

B. -

P. ext.

 

1.

"Tout lieu d'entrée et de sortie de marchandises" : ...[ils] alerent au port au fain en Greve, sur la riviere, ouquel lieu il trouverent un homme qui dormoit, et à icellui osterent et prindrent VIIJ s. qui estoient en sa bourse (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 367). Et oultre soient ordenez es pors et passages diligens explorateurs qui aient povoir d'executer ceste ordenance. (BAYE, II, 1411-1417, 158). ...en oultre que es pors, passages et yssues desdis royaume et Dauphiné soient ordonnez et commis diligens explorateurs qui aient povoir de prendre et arrester les personnes et finances que on transportera hors desdis royaume et Dauphiné (FAUQ., I, 1417-1420, 111).

 

2.

"Gué" : Mes sotz, par le soleil qui raye, Avecques l'abbesse de Roye, J'ay passay la riviere au port. (Sots, c.1480-1500, 268).

 

3.

"Passage" : ...en voie De retour est et en l'adresce Le roy ; quanqu'il peut se radresce ; Repassé a ja touz les pors (Mir. ste Bauth., c.1376, 121).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 312 ; FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss..

C. -

P. métaph. au fig.

 

1.

"Destination (à l'issue de qqc), refuge" : ...Estoile clere qui ravoie Les cuers desvoiez a droit port (MACH., R. Fort., c.1341, 84). Douce Esperence, c'est le port De ma joie et de mon deport ; C'est ma richesse, mon ressort (MACH., R. Fort., c.1341, 120). Pense au retour et aimme fort Et pren cuer, vigueur et confort, Et chasse hors le desconfort Qui en toy maint, Et tu seras tantost au port De pais, de joie, de deport. (MACH., F. am., c.1361, 230). Nompourquant prenons l'aventure, Qui moult est perilleuse et dure, Et prions Dieu qu'il nous conforte, Et qu'à port de joie nous porte, Car se là nous couvient morir, Il le nous sara bien merir. (MACH., P. Alex., p.1369, 65). Pren confort En amer fort, En tous cas, Et au port De desconfort Ne va pas : Se tu y vas, S'i verras Son effort, Que le solas En aras De la mort. (MACH., Les lays, 1377, 359). ...Si n'i voy si bon confort Com d'avoir tout mon ressort En Dieu dont tous li biens sort Et bonne esperence, Et que face mon effort De toy ramener au port Où maint leesse et deport Et toute plaisence. (MACH., Les lays, 1377, 447). Et tout tant que j'ay amassé, A esté a gros sac sassé, Happé et pris, fust droit ou tort. Povre Peuple n'a plus de port. Je ne treuve rive ne port, Ou je puisse aler au reffuge. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 177).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., II, 1372, 202 (28/50).

 

-

Arriver à bon port. "Réussir dans une entreprise, atteindre son objectif" : A bon port sommes arrivé Puis que l'enfant avons trouvé Que nous avons queru pieça. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 44).

 

.

[Formule de bienvenue] : Mon bel ami, a bon port soies tu ceans arrivé. (Cligès C.T., 1455, 71).

 

.

P. iron. : DEUXIESME SERGENT. Sa ! vezci du feu (...) ; Celui si me doit bien amer Pour qui l'apport. PREMIER SERGENT. Tu diz voir. Il est a bon port Arrivé, se ne me moquasse. (Mir. st Ign., 1366, 85).

 

-

Avoir port devant qqn. "Être accueilli favorablement par qqn, trouver grâce devant qqn" : De lui fut receu noblement. Et luy demourant avecques le duc, il vint a luy a si grant familiarité qu'il n'estoit nulz autres en sa court qui eust port devant luy. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 53).

 

-

Mener qqn au port. "Conduire qqn au but, permettre à qqn d'obtenir ce qu'il désire" : ...[Espérance] maine les vrais amans jusques au port qu'ilz desirent, ou leur salut et leur grand delit est. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 742).

 

-

Traire qqn à bon port. "Faire arriver à destination sans encombre" : Helas ! nous sommes sur le point De cy pereiller par fortune. Ha ! vray dieu de la mer, Neptune, Tu nous vuelle trayre a bon port ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180).

 

2.

"Situation" : Si qu'en vos mains gist ma vie et ma mort, Mi bien, m'onneur, ma santé, mi deport, Ne je ne puis venir à joieus port Sans vous amer. (MACH., Compl., 1340-1377, 257).

 

-

Arriver à mal port. "Se mettre dans une situation pénible" : Helas ! je sui arrivé à mal port, Quant pour amer m'est pris la fievre lente Qui me fera mourir à desconfort, Se secours n'ay de la tres excellente Sens qui je n'ay nul plaisir Et pour qui m'est souvent maint mal sentir (MACH., App., 1377, 640). Je suis arivé a mal port. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 232).

 

-

Arriver à mais/mauvais port : Car si seroie arrivés à mais port Que jamais biens ne me porroit venir, Fors que doleur, tristesse et desconfort. (MACH., L. dames, 1377, 90). Eins vueil morir, com loyaus amoureus À qui la mort est jugie à grant tort, Et je sçay bien que ce sera mes preus, Car je sui si arrivez à mais port Que toute riens à moy grever s'amort. (MACH., L. dames, 1377, 107).

 

.

[Le suj. désigne un martyr] : DEUXIESME SERGENT. Puis qu'entre noz mains est venu, Arrivé est a mauvais port. (Mir. st Ign., 1366, 98).

 

-

Estre à mal port. "Se trouver dans une situation pénible" : Nous serions bien a mal port Au moins sil estoit ytel (Myst. st Martin K., a.1500, 368).

 

3.

"Soutien, secours ; en cont. relig., salut"

 

a)

"Soutien, secours"

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

 

b)

[En cont. relig.] "Salut"

 

-

Port de salut : Bien vous a charité meue, Quant des cieulx estes descendue (...) pour ramener A port de salut un larron (Mir. march. larr., c.1349, 111). Vous [les prêtres] estes la banniere de toute saincte Eglise, (...) Vous estes pour conduire au droit port de salut (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 122).

 

.

Port de gloire : ...on vient au port de perpetuele gloire (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 315).

 

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Port de vie : Noble chose fist amours d'ordener L'arche plaisant d'umilité garnie, Car il y mist pour bien la gouverner Set avirons tournans a port de vie (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 244).

 

-

Le vrai port. "Le ciel, le salut éternel" : Ieunes et vieulx, soyons tous d'ung accord : La loy le veult, l'appostre le ramaine Licitement en l'espitre rommaine. Ordre nous fault, estat ou aucun port. Nottons ces poins, ne laissons le vray port, Par offensser et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63).

 

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Venir au vrai port. "Obtenir le salut" : PETRUS. (...) Ce bien compris J'eusse ta vraie doctrine Quil tous bons cueurs enluminez, A laquelle bien me rapport, Affin que venir au vray port (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 185).

 

-

Mener qqn à bon port. "Mener qqn au salut" : S. MICHIEL. (...) Pour eviter le desconfort Des humains te convient a tort En la croix recevoir la mort, Reçois le en gré par ta pité Par ce les menras a bon port Hors du lieu de captivité. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 136). SAINCT MARTIN. Veille moy a bon port mener, Dieu Redempteur de tout le monde, Et congnoissance me donner De ta grant bonté pure et munde. (LA VIGNE, S.M., 1496, 148).

 

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Mener qqn à droit port. "Mener qqn au salut" : Tu es celui qui pues saulver Chascun et a droit port mener Lassus en la belle cité Où est toute félicité. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 224).

 

c)

P. méton. "Dieu ; Jésus-Christ, sauveur de l'humanité" : Lasse ! c'estoit [Jésus] no vray confort, C'estoit no refuge, no port, C'estoit no consolation, De noz pechiez l'ablution, Le loier de nostre labeur ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 246). Digne providence, Haulte precellence, Mon salut et port, J'ay ma confidence Et mon esperance En ton vray support. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 110).

 

-

Port de salut : O vray Jesus, prophette saint et digne, Aux languissans tres saincte medecine, port de salut aux perilz de la mer, Tu nous nourris en ta saincte doctrine Et j'ay receu ta saincte discipline Que tout bon cueur doit fermement amer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 780).

 

-

[À propos de Marie] : Vierge, de grace rive et port. Regarde moy, dame, en pitié (Mir. march. larr., c.1349, 97). Vierge, (...) Des desvoiez adresce et port, Dame, donnes nous ton confort (Mir. femme, 1368, 203).

 

d)

Dur port. "Perdition, enfer" : Je pry Dieu que de sy dur port Nous vueille en la fin preserver, Et en tel estat conserver Que sa gloire puissions avoir ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 542).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/2 
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FEW IX 205b portare
PORT, subst. masc.
[T-L : port ; GD : port2 ; GDC : port2 ; FEW IX, 205b : portare ; TLF : XIII, 790a : port2]

A. -

"Fait de porter"

 

1.

[Une chose concr.]

 

-

"Fait de porter (un vêtement, une coiffure...)" : ...ung très grant nombre de gens, tant en ladicte ville comme à l'environ, qui portoient blans chapperons, lesquelz soubz umbre du port qu'ilz avoient ad cause desdis blans chapperons, faisoient souventes fois des oppressions et dommages aux simples gens du plat pays, furent condempnez de mettre jus telles assambléez ; et lesdis blans chapperons deffendus, sur painne de confiscacion de corps et de biens. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 24-25).

 

-

Port d'armes. "Fait de porter des armes" : Il fu deffendu par la court de l'Eschiquier a tous generalement, ou darnier Eschiquier, tout port d'armes et toutes deffiailles. Et fu commandé aux baillis que se ils trouvent nul qui face port d'armes contre aucuns ou guerres ou deffiaille, que ils les pugnissent griesvement (Echiq. Normandie S., 1374, 23)....je regarde les lois dessusdictes qui me demandent ports d'armes sans licence de mondit Roy généralement et qui me défendent l'auctorité d'occirre autrui (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 213).

 

.

À port d'armes. "Avec des armes" : ...les déliz ont esté perpétrez par grant assemblée de gens et à port d'armes (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56).

 

.

P. ext. "Coup de force" : Nous, acertainez des bons et agreables services que les diz exposans nous ont faiz et à noz predecesseurs ès dictez guerres, et de la vraie amour et parfaite loyauté, que il ont eue à nous, à noz predecesseurs et à la couronne de France, aux diz exposans, leurz complices, (...) pardonnons, de nostre grace especial, auctorité royal et certaine science, le port d'armez et tous les cas dessus diz avec toute offense (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 350). Pour lequel cas, ou quel l'en dit nostre sauvegarde avoir esté enfrainte, port d'armes, force publique et ravissement dampnables avoir esté commis et perpetrez, procès a esté meu et pend par devant nostre bailli de Touraine (Doc. Poitou G., t.7, 1412, 226). En ce temps, le bastard de Bourgongne et le mareschal de Bourgongne, acompaignez de grant quantité de gens de guerre de la compaignie dudit monseigneur de Charrolois, commencerent à courir sus aux villes et subgetz du roy par port d'armes, et vindrent prendre sur le roy Roye et Montdidier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 45).

 

-

"Fait de porter (une distinction honorifique)" : ...son collier de nos divise ["devise"] et port (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1420, 54).

 

2.

[Une chose abstr.] "Fait de porter qqc. (d'abstr.), marque" : Et croy certainement qu'il n'est si dur cueur au monde, au moins du zele et de la qualité aux amoureux de la fleur bienheuree, qui lors eust veu et ymaginé le port de l'ardant desir que les vertueux et nobles gendarmes qui la estoient avoient de servir leur vray prince et seigneur, veu le dangier merveilleux ou ilx estoient, qui n'eust esté commeu et provocqué a lermes de piteuse compassion. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

B. -

"Fait de se porter, de se comporter de telle ou telle manière, manière d'être, comportement, allure" : Et sa maniere asseürée, De tous et de toutes loée, Son biau port, son gentil maintieng Qui pareil n'ont, si com je tieng, Tout aussi com l'enfant le mestre Aprent, m'aprenoient a estre. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Encor y a maint ressort : Ramembrer, Ymaginer En dous plaisir Sa dame vëoir, oïr, Son gentil port, Le recort Dou bien qui sort De son parler Et de son dous regarder, Dont l'entrouvrir Puet garir Et garentir Amant de mort. (MACH., R. Fort., c.1341, 17). Et la pris je ma soustenance, En regardant la contenance, L'estat, le maintieng et le port De celle ou sont tuit mi deport. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Or en y avoit d'autre port Qui moult amoient le deport De jouster et de tournoier, De caroler, de festoier, De mener joie, de chanter, De souvent leurs dames hanter. (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Et avec ce, dont mieus la prise, Estoit de maniere seüre Et, en parlant, sage et meüre, N'en fait, n'en port, n'en contenence N'ot vice, ne desordenance. (MACH., J. R. Nav., 1349, 178). Mais quant je le vi en ce point, Je li ramentu trop a point Qu'il li souvenist de l'image Et dou tres gracieus langage, Dou faitis point, dou cointe atour Et dou gentil port fait a tour De sa dame qui tant l'amoit Que son dous amy le clamoit (MACH., F. am., c.1361, 239). Li roys à la court demoura, Et li papes moult l'onnoura ; Et chascuns honneur li faisoit, Qu'à tous et à toutes plaisoit En fait, en dit et en maniere, En port, en meintieng et en chiere. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). ...le quel tu suivras en depriant a grant instance et par grant art de port et de humble contenance (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 358). Et appelle I. paradis Le plaisant port De ma dame et le ressort De son cler vis. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 179). Diex, Biauté, Douceur, Nature Mirent bien toute leur cure En vo douce pourtraiture, Dame desirée, Car tant est plaisant et pure, Sage en port, belle en figure Qu'eins plus gente creature De vous ne fu née. (MACH., Ch. bal., 1377, 604). Si ne say que devenir, Quant de ma dame remir Le gentil port, Car Paour me fait fremir Et trambler et tressaillir Par son enort Et Desirs, sans nul deport, Fait mon cuer par son effort Taindre et palir. (MACH., Ch. bal., 1377, 614). Helas ! pour quoy vi je onques sa biauté, Son corps faitis ne son gracieus port, Ne son doulz vis rient, fres, coulouré, Ne ses vairs yex ? (MACH., L. dames, 1377, 64). Certes, j'ay si grant deport, Quant je voy son noble port Et quant, sans vilein raport, J'oy que chascuns son effort Fait de li prisier tres fort Dessus toute creature, Que je n'ay pensée obscure, Tristece, mal ne pointure (MACH., Les lays, 1377, 429). Quant les paroles donc et le port de dehors segnifient en nous aucunes choses estre grandes et glorieuses qui de fait n'y sont mie, ou qu'on les faint plus grandes que elles ne sont selon la verité, c'est un excés et une extremité vituperable que Aristote appelle vanterie, come il fu dit devant (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 496). ...rie bas et non sans cause ; ait haulte maniere et humble chiere, et grant port (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 111). Il luy fault mander voirement, Et comment Sallebry est mort, Qu'il avoit ung peu matalent, [Et] dont il regentoit si fort, Et l'avoit comme en discort, Pour ce que lieutenant estoit ; Luy sembloit bien avoir ce port Que l'onneur luy appartenoit. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 187).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., III, 1372, 211 (4/6) ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

De grand/haut port. "De grande allure, de grande autorité" : ...la dame de hault port (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 249). ...par ce que attif homme estoit [l'évêque d'Autun] et agu et de grant port a cause de son pere [le chancelier de Bourgogne], apliquoit a l'espiritualité beaucop de choses temporelles dont ne devoit avoir cognoissance, en foulle certes des nobles et vassaux qui s'en doloient (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 111).

 

-

En port. "Ayant belle allure" : Le samedi septiesme de novembre, Le roy des roys preux entre ung million (...) Fit gayement son entree a Lÿon En tout honneur, en paix, en union En gloire, en los, en port, en preference (LA VIGNE, V.N., p.1495, 321).

 

Rem. Cf. DI STEF., 717c.

 

-

Avoir grand port. "Avoir fière allure" : Monseigneur conte de Suffort, Je vous pry que soyez d'acort De mener la premiere armee. Vostre frere, qui a grant port, Qui est jeune, plaisant et fort, Vous le merez, si vous agree. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 150).

 

-

Estre de bon port : Einsi me deporteray De tout ce que dire orray, N'en merencolie Ja mon cuer n'en metteray, Pour ce que pure me sçay De leur tricherie ; Ne cuers qui est de bon port Ne doit doubter leur raport Plein de felonnie. N'onques en jour de ma vie Ma pensée en vilonnie Ne prist son ressort. (MACH., Ch. bal., 1377, 598).

 

-

Avoir port devant qqn. "Avoir plus belle allure que qqn d'autre" : Et luy demourant avecques le duc, il vint a luy a si grant familiarité qu'il n'estoit nulz autres en sa court qui eust port devant luy ["qui ait de l'allure, qui ait belle allure en comparaison de lui"] (...) le duc l'amoit d'amour de pere [Aussi Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 47 [Ms. C, David Aubert] (Mais il n'y eut guaires esté que le duc l'eut en sa grace telement qu'il n'y avoit homme en sa court qui eust port devant luy, car en toutes besongnes et affaires, tant en guerre comme autrement, le duc le trouvoit preu, hardy et bien adrechié, tant qu'il l'amoit comme son enfant)] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 53).

 

-

[À propos d'un animal] : ...Mais qu'on veïst a son plumage, A sa maniere et a son port Et a son gracieus deport Qu'il seroit de bele venue. (MACH., D. Aler., a.1349, 250). J'y vi une aigle souffissant, Roy des oiseaus, noble et puissant, De biau port et de bel arroy. Cause pour quoy on le dit roy ? Il puet tous oiseaus seurmonter, Qui bien en vuet le vray compter. (MACH., D. Aler., a.1349, 343).

C. -

"Fait de porter secours, soutien"

 

1.

"Aide, soutien, secours apporté à qqn ou dont qqn bénéficie" : Comme nous, pour la fielve gouvernance et port de damoiselle Jehanne, damoiselle d'Assy, eussiens pourveu par nostre grant consel certains administreurs a ladite damoyselle, (...) pour ly administrer tous vivres neccessaires et toutes autres neccessitez et pour torner en paie tout le sourplus des revenues (Trés. Reth. L., t.4, 1331, 177). Et Dieu scet la tres orde vie De maint ! y a, qui n'ont envie Fors de mal faire, et ont grans ports, Par quoy sont fiers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 42). Et telz choses faire a princepce n'est se honneur non, car c'est le plus grant port, seureté et parement que elle puist avoir que enfans (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 59). ...atout l'ayde et le port des princes terriens (Bouciquaut L., 1408-1409, 309). ...tantost penserent que jamais cellui n'aroit osement de se tant tenir se il n'avoit port et esperance d'aucun (Bouciquaut L., 1409, 386). Et quant est aux salaires des serviteurs de vostre hostel, ilz sont très mauvaisement contentez en la Chambre des Deniers, ne les serviteurs ne pevent avoir leur loier, pour quoy ilz ont grant povreté et souffrete et ne pevent estre entour vous si honnestement qu'il appartient. Non obstant qu'il y en a aucuns qui ont port, lesquelz sont très bien paiez desdiz salaires. (Doc. 112. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 312). Et euz vers elles tant de port Qu'a moy si se sont raportees De faire du debat rapport (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 155). Ieunes et vieulx, soyons tous d'ung accord : La loy le veult, l'appostre le ramaine Licitement en l'espitre rommaine. Ordre nous fault, estat ou aucun port. Nottons ces poins, ne laissons le vray port, Par offensser et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63). ...car il [Jacques Coeur] fut envyé de pluseurs grans seigneurs autour du Roy, et samblablement de pluseurs autres gens, entre lesquelz avoit des marchans du Royalme qui souvent disoient que ledit Jaques Cuer, soubz le port et faveur que le Roy lui donnoit, tant ès pays estrangiers hors de son Royalme comme en icellui, ilz ne pooient riens gaingnier (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 282). LE JUIF. (...) De nulz seigneurs n'avons support. Crestiens partout ont grant port, Dont j'ay une griefve resverie. Leur Vierge Marie, Mere de Jhesus, Quant on la deprie, Monstre grans vertus. Nostre loy est jus Du tout jusque(s) au bas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78). ...mandons que ausdictz freres, en ce faisant, vous doniés tout le port, faveur et aide que vous pourez. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 48).

 

2.

En partic.

 

-

"Soutien mutuel, alliance" : De present sommes vertueulx Et puissans d'armes et de port, S'aucuns nous sont contrarieulx De les assaillir sans depport. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 121).

 

-

"Exemption accordée par faveur, par décision indulgente" : Si vous mandons (...) que sans aucun délay, toutes excusacions arrière mises, vous ou au moins six de vous mettez sus par tout le dit païs sans aucun port ou faveur (...) tel aide et subcide (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, Pièces diverses, 1372, 412). Et pour ce que desirons raison et justice estre faicte à ung chacun de noz subgectz, tous pors et faveurs cessans (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 261).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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