I. -

Empl. trans.

A. -

Prouver qqc.

1.

"Établir qqc. comme vrai, comme réel, au moyen de preuves" : Et pour mieus prouver ton contraire, Te vueil ceste demande faire : Fait cils mal qui fait son devoir ? (MACH., R. Fort., c.1341, 92). Il couvient par force que tu te Mettes a nagier et a rime, Selonc ce qu'elle [Fortune] nage et rime, Et qu'a ses meurs tu te conformes En tous cas et en toutes formes, Puis que tu yes de ses maisnies. Prouvé le t'ay, se tu le nies. (MACH., R. Fort., c.1341, 95). Mais je vueil ma cause deffendre Tant avant, comme je porray. Dont un exemple compteray Qui s'ensieut, a mon fait prouver Et a vostre tort reprouver. (MACH., J. R. Nav., 1349, 213). Que ceste raison ci soit vraie, je le preuve ainsi. (Mir. prev., 1352, 230). Je l'ay ja prouvé par un point Que je vous vueil cy diviser (Mir. st Panth., 1364, 320). ...car tele chose est ouvrable par nous, mes les choses de quoy est prudence actaingnent et ont convenience a la vertu d'entendement, car entendement est de principes qui sont termes et premiers, lesquelz ne sont pas sceüs ne prouvéz par raison. (ORESME, E.A., c.1370, 347). Je prouveray bien sanz detry Que je vous prestay mon avoir, Qu'a certain jour devoie avoir. Mes tesmoins saray bien trouver, Mès certes ne pourrez prouver Le paiement. (Mir. march. juif, c.1377, 213). Coustume est en Bourgoingne que, se aucun a maisons ou autres edifices ouquel il a biens, se aucun brise icelle maison et emporte aucuns biens, se cellui à qui les biens sont en poursuit cellui qui les en a porté et il en prouve ou monstre aucune chose (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 230). ...et pour ce que de personne noble ledit maire n'avoit voulu congnoistre, eust requis audit mons. le prevost que dudit prisonnier il congneust et eust la delivrance jusques ad ce qu'il eust prouvée sa noblesse, laquelle lui fu nyée par devant nous par ycellui maire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 3). ...si [Bethin d'Acy] requiert que [lesdis evesques] confessent ou nyent, et s'il confessent, soient condempnez à paier ladicte somme et despens, et s'il le nyent, le prouvera (BAYE, I, 1400-1410, 313). ...et baillera ledit de Fauquembergue sa demande articulée et prouvera ses fais (FAUQ., II, 1421-1430, 354). Et finablement, veu par la court de Parlement lesdictes charges et informacions sur ce faictes et sa confession prinse, par arrest et jugement diffinitif d'icelle fut dit et prononcé que lesdictes charges, par ledit Colombel imposées à sadicte femme, estoient souffisamment prouvées ; pour quoy fut declairé par ledit arrest privée de toute communaulté de biens et douaire avec sondit mary. Et, au regard des poisons, furent appoinctez contraires, de quoy elle proposa erreur et consigna VIxx livres parisis. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 157). Item, en ensuivant l'ordonnance autrefois faicte en l'Eschiquier, la court commande ausdits advocas, sur paine d'amende, [qu']ils abregent leurs plaidoieries et qu'ils alleguent le plus tost qu'ilz pourront les principalles raisons et fais necessaires et qui pevent prouver leurs matieres, sans faire reiterations ou redites, mesmement qu'ilz sont en lieu ou ilz pourront estre bien entendus. (Echiq. Normandie S., 1462, 62).

-

Prouver la verité de qqc. : ...je vous prouveray moult clerement la verité de ces paroles (GERS., Déf., 1400, 219).

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Verité prouvee. "Vérité établie, fait établi" : Et quant ly chevallier qui le guerre ont menee Ont seü de Fedry la verité prouvee... (Hugues Capet Lab., c.1358, 226). [aussi v.4434, 5564]

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Prouver qqc. (à) vrai/faux : Ceste raison de fait m'aproche, Pour ce que le gerfaut loay Et que la loange avouay, Einsois que l'eüsse esprouvé Ou c'on le m'eüst vray prouvé Et dit que grant folie fis. (MACH., D. Aler., a.1349, 377). Pleust ore au doulx roy Jhesu Que ce chevalier delivrast Ma dame, et que le fait trouvast A faux prouvé. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 163).

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En partic. "Établir la vérité de qqc. par le témoignage" : ...messire Alixendre ne sera pas receu [à] prouver sa barre proposée aprés la publicacion des tesmoins traiz sur le principal, mais que par lettres ou par congnoissance de partie. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 135). Lequel dist qu'il n'en avoit lettre ou enseignement aucun, ne tesmoins par qui il le peust prouver, sinon par un nommé Petit-Sain, familier de mons. l'evesque de Paris. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 401).

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Prouver qqc. à qqn : Lors li dis : "Douce dame chiere, Je vous en merci bonnement, Car moult bien et moult sagement M'avez enseingnié et prouvé Tout ce que je vous ay rouvé..." (MACH., D. Lyon, 1342, 229). SAINCT MARTIN. Mieulx que jamais ton erreur est notoire Et par raison je le te veulx prouver. Ou pence tu escriptures trouver Qui veriffient telz meschantes parolles, Telles maulvaises indehues parabolles A qui le feu seulement apartient ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 338).

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"Convaincre qqn de qqc." : Je vous di que aucunes couvenances les queles vous m'aviés, vous m'avez menti faussement et mauvaisement. Et se vous volez dire le contraire, je le vous prouveray par mon corps contre le vostre, par devers le roy d'Engleterre, mon seigneur, ou par devant monseigneur le prince de Guienne, son fil, ou par devant le roy de France, le quel que vous vorrez de ces IIJ. (MACH., P. Alex., p.1369, 230).

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Prouver qqc. contre qqn : ...mais que, ou content de ce, il ait feru ou batu icellui Pierre, dist qu'il ne seroit jà sceu ou prouvé contre lui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 178). ...et que pour ce que contre lui l'en ne pot riens prouver, et qu'il disoit qu'il en estoit innocent, il fu par ledit bailli de Mante, moyennant certaine caucion de IJc livres par lui baillée, eslargy à certain jour avenir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 407).

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Prouver que + indic. "Apporter la preuve que" : Si vueil prouver Que c'est la riens qui plus me puet grever Et qui plus fait mon cuer desesperer Que souvenir. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 95). Et comment que moult fort te plaingnes En ta complainte et que tu teingnes Que Fortune t'a esté dure, Amere, diverse et obscure, Et que maintes fois appellée L'as fausse, traïtre prouvée Et ton anemie en tous cas, Je vueil estre ses advocas Et te vueil prouver par raison Qu'onques ne te fist traïson, N'onques ne te fu annemie, Einsois t'a esté bonne amie, Selonc ce qu'elle scet amer Et estre douce en son amer. (MACH., R. Fort., c.1341, 92). Si qu'amis, sans riens controuver, Par exemples te vueil prouver, Qui sont contenu en la Bible Et qui sont a nous impossible, Qu'adés cils qui en Dieu se fie, S'il a raison de sa partie Et s'il l'aimme, sert et honneure, Adés son fait vient au desseure. (MACH., C. ami, 1357, 2). Cuides tu, se Dieus te doinst joie, Que bonne dame se resjoie Quant elle oit un bon advocas Qui bien scet proposer son cas Et qui subti[l]ment li parole Et bien scet polir sa parole Et qui par droit li vuelt prouver Qu'il doit en li merci trouver ? (MACH., Voir, 1364, 224). Ici sont .II. choses a declarier : une est de la face de la lune par quoy Aristote prouve que elle ne tourne pas en son lieu (ORESME, C.M., c.1377, 452). ...pendant le temps que l'en lui donneroit terme de prouver et montrer qu'il avoit eu tonsure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...et ofre à prouver et monstrer qu'il a acheté le plus chacun marc d'argent de XJ l. et demie à XIIJ l. t., et si a eu d'autres grans frais et pertes (FAUQ., II, 1421-1430, 64). S'ensieut le premier livre dudit traittié, qui parle de la nature divine et preuve et demonstre ou premier chapitle que Dieu est. (Somme abr., c.1477-1481, 99). Auquel grant maistre, illec seant en son siege et representant la personne du roy, ledit Boffille dist et exposa qu'il estoit illec venu et comparu armé de ses armes, prest d'entrer esdittes lisses pour deffendre sa juste querelle à l'encontre dudit Julio de Pise, et monstrer et prouver de son corps que faulsement et mauvaisement icelluy de Pise l'avoit accusé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 357).

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Il est prouvé que : Et il appert le contraire par la decretale qui conseille que non face pour eviter pechié mortal et qui suppose que il est allegué et prouvé ou cogneü que il l'a espousee et que il ne peut prouver que elle est sa cousine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). ...plusieurs choses secrectes sont souvent descouvertes et precongneues, en maniere que l'en s'en peut donner garde et y remedier, comme sera prouvé et monstré cy après. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°).

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Empl. abs. : Vous avez de Nature trait, Pour prouver, un assez biau trait, Lequel on a bien entendu. Mais j'ay un autre las tendu Contre celui, de plus grant pris, Par lequel vous serez soupris, D'un exemple ancien de fait Qui bien a ramentevoir fait. (MACH., J. R. Nav., 1349, 208). De quanque la dame vous dit De son fait, vous vous opposastes Et dou prouver vous avansastes. Mais vous avez si mal prouvé Qu'il vous doit estre reprouvé A vostre condempnation, Selonc la mienne entention. Vous n'avez ci dit que paroles Qui sont aussi comme frivoles. (MACH., J. R. Nav., 1349, 274). Ce est la response en general laquelle il declaire et preuve aprés en especial. (ORESME, E.A.C., c.1370, 488).

-

Inf. subst. : De quanque la dame vous dit De son fait, vous vous opposastes Et dou prouver vous avansastes. Mais vous avez si mal prouvé Qu'il vous doit estre reprouvé A vostre condempnation, Selonc la mienne entention. (MACH., J. R. Nav., 1349, 274). Je ly ay tout nyé le fait ; Mais du prouver si fort se fait Qu'il y a gage de bataille (Mir. Amis, c.1365, 33).

2.

"Faire l'épreuve de qqc."

a)

"Mettre à l'épreuve la qualité de qqc." : Nul ne doit son presme [son prochain] despire, Quelle ordre de vie qu'il meine, Qu'en touz estaz de vie humaine Dieu, qui les reins et les cuers preuve, Aucunes bonnes ames treuve (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 280). ...les hommes subtilz trouvèrent ung usaige plus legier, c'est assavoir, de faire monnoie, laquelle fust instrument de preuver et marchander les ungs aux autres leurs naturelles richesses (ORESME, Monnoies W., c.1365, IX).

b)

"Faire l'épreuve, l'expérience de qqc., éprouver qqc." : Car y la sont tous les perilz (...) Et qui ce lieu vouldra hanter Par effect le pourra prouver (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 146). Dyomedès, je essayerai et prouveray ton adventure : assavoir, se tu feras comme dit est (LA SALE, Sale D., 1451, 86). LE JUIF. : (...) il me tarde que la foy Des chrestiens aye aprouvee. (...) LE .I. SERGENT. El(le) sera prouvee A ceste heure, vaille que vaille. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 130).

3.

"Approuver qqc." : Et certes celi qui siet a cheval si preuve la marcheandise en la cause par l'orgueil de sa monteure [éd. "en se fondant sur le sentiment de fierté que lui procure son équipement"]. (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 424).

B. -

Prouver qqn

1.

"Mettre qqn à l'épreuve" : Tribulacion l'omme preuve. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 60). Helas, se j'eusse eu congnoissance De ce que j'ay depuis trouvé Ou que maintenant congnoy sans ce Que je l'eusse adonc esprouvé, Ja n'eusse esté prins ne prouvé (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 39).

-

"Se mettre à l'épreuve" : ...a lui yra son cors prouver et assaiier. Dont a pris une hache (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 791).

2.

Prouver qqn + attribut. "Faire la preuve que qqn est tel ou tel, convaincre qqn de qqc." : ...Si que li prince et li satrape Par pure envie, qui atrape Maint cuer, quirent occasion Pour mener a destruction Daniel ; mais il virent bien Qu'il avoit en li tant de bien Que jamais en li ne trouvassent Chose dont mauvais le prouvassent. (MACH., C. ami, 1357, 36). ...car ceste nuit me prouvera ou victorieux ou vaincu (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 435). Je toy proveray menssongier Et que tu faux a dire voir (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 80).

-

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Reconnu, patenté (comme tel)" : Et comment que moult fort te plaingnes En ta complainte et que tu teingnes Que Fortune t'a esté dure, Amere, diverse et obscure, Et que maintes fois appellée L'as fausse, traïtre prouvée Et ton anemie en tous cas, Je vueil estre ses advocas Et te vueil prouver par raison Qu'onques ne te fist traïson, N'onques ne te fu annemie, Ensois t'a esté bonne ami (MACH., R. Fort., c.1341, 92). ...Si que s'einsi me departoie, À tous jours mais honnis seroie ; Et si me seroit reprouvé Toudis, com recreant prouvé, Se ne faisoie mon pooir D'avoir la ville et mon devoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 83). Car celui est viel et ancien et que l'en doit eslire pour conseil le quel est bien prouvé et esprouvé par les euvres de vostre sapience (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 351). Si seroie faus traïtres prouvés, Douce dame, se je ne vous amoie Tres loyaument, car tous mes biens est nez De vostre bien (MACH., Bal., 1377, 545). Tu sembles bien larron prouvé. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 30). Aulx chans me tue chascun jour, Et ma fame prent son sejour Es tavernes, c'est chose voire. Je la voy la en present boire Le fort moult, mez s'el n'est latree, Riens ne vail. Hé, gloute prouvee, Il te convient mon poing sentir. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 33). Trahïtres prouvez (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 148). Et se vous voulez - que ja n'aviengne, Sire ! -, se vous voulez user envers moy de justice, comme ung juge droiturier envers ung traitte et malfaicteur pris et prouvé, vrayement, Sire, je l'ay bien desservi, vous le pouez justement faire (GERS., Trin., 1402, 165). Lamenter doy bien et plorer, (...) Quant je vous voy honteusement Morir en croix et reprouvé Ainsi comme ung larron prouvé. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 199). ...on ne se puet garder de traïtre prouvé (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 25). C'est ung larron pruvé, Et si est crestïen ; Preschant l'avons trouvé De Dieu Nazarïen. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 197). ...soit prins comme ung larron prouvé Et amené par devant nous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 535).

.

[D'une chose] : Ne voiel autre loiier de ceste oevre prouvee (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 222).

3.

"Désigner (le responsable de qqc.) en fournissant des preuves" : Item, et s'elles [les ceintures ligitieuses] sont trouvées en la possession du mercier, sera aussi l'euvre confisquée, s'il ne scet nommer et prouver le faiseur d'icelles (FAUQ., II, 1421-1430, 304).

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Tout prouvé. "Convaincu, pris en flagrant délit" : ...le nain fut trouvé Couchié avec li [la marquise] tout prouvé (Mir. marq. Gaudine, 1350, 146). Vostre fille a perdu son pris, Car toute prouvée l'ay pris Avaic Amilles en son lit (Mir. Amis, c.1365, 26).

-

Estre prouvé + inf. "Être reconnu coupable de" : ...ouquel cas sera seulement l'euvre cassée, ouquel cas aussi l'orfevre, qui sera atainct ou prouvé l'avoir faicte, paiera au Roy le pris et estimacion d'icelle ceinture ou autre euvre avec l'amende arbitraire. (FAUQ., II, 1421-1430, 304). Infames ; ceulx qui sont prouvez d'avoir porté faulx tesmoignaige... (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 207).

C. -

Prouver la mort à qqn. "Vouloir la mort de qqn (?)" : Cestui ayma la science de astrologie et eut avecque lui tousjours des expers en icelle science et, entre les autres, eut le honnorable Lambos, qui bien le advertit sur la revolucion de sa nativité, que Decius lui prouvoit sa mort. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 86 r°).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. à sens passif [D'une chose] "Pouvoir être démontré, établi, avéré" : ...et par X ou XIJ fois l'a mené ainsi en plusieurs lieux, et ce prouvera par Jennequin Langleiz, connestable d'Uisat, par delà la Courtine. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 177). ...et se prouvera par les dessus diz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 178). Pour tant premierement et selon la premiere maniere de mouvoir, qui est naturel, en Dieu n'est aucun mouvement. Et ce se preuve par quatre raisons. (Somme abr., c.1477-1481, 144). ...nous trouvons et bien se prouve Que Genis en ses fais se trouve Varïable et malfeyteur Car il a par sa grant herreur Renyé nous dieux et nous lois (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 96). Or, si les corps celestes ont influence aussi bien que cours, ce que les ignorans ne pevent nyer, car c'est chose trop certaine et qui se preuve et par raisons et par auctoritez, et qui, par experience, se peut veoir de jour en jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 v°).

B. -

Empl. pronom. réfl. [D'une pers.]

1.

Se prouver qqc. "Se convaincre de qqc." : Ma dame, a vo commandement Sui, et se riens faire savoie Qui vous pleüst, je le feroie Moult volentiers, se Dieus m'amant ; Car je sui vo loyal amant. Et tout ce pouez vous prouver, S'il vous plaist, par moy esprouver. (MACH., D. Lyon, 1342, 198).

2.

Se prouver tel ou tel / de telle ou telle manière "Donner la preuve (qu'on est tel ou tel), se comporter (de telle ou telle manière)" : Et quant l'uevre fu assevie, Li preudons qui estoit en vie L'ama durement et prisa Et ce vergier ci baptisa Qu'il fust appellez a tous jours : "L'Esprueve de fines amours", Pour ce qu'il n'est nuls qui compasse Si bien son erre qu'il y passe, Puis qu'a fausseté penseroit, Et li loiaus y passeroit ; Car nuls n'i vient qui ne se prueve Tous tels comme il est, sans contrueve. (MACH., D. Lyon, 1342, 222). Car qui serf a pitié se moustre N'est pas serf, non, mais il passe oultre, Car il est de bien enseigneur Et se preuve de touz segneur. (Mir. st Sev., 1362, 199). Montez en mer ; et, sans essoinne, Prenez gens hardis et seürs Et vous en alez sur les Turs. Se leurs galyotes trouvez, Gardez que si bien vous prouvez Que riens à ardoir n'i demeure, Et vitement leur courez seure. (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Li amiraus n'atendi point, Eins mist ses besongnes à point, En mer monta. Dieux le conduie, Et à joie le raconduie ! Mais les galiotes trouva, Et là telement se prouva Qu'il les ardi toutes en poudre, Si que li vens la terre en poudre ; Et tous ceuls qui dedens estoient Furent mort, s'il ne s'en fuioient. (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Là recommansa le hutin, Plus grant que celui dou matin. Mais nos gens si bien s'i prouverent Que les Sarrazins rebouterent Jusques au pié de la montaingne ; Et la gent sauvage et griffaingne D'en haut, trop plus fort qu'onques mais, Leur getoient pierres de fais. (MACH., P. Alex., p.1369, 154). Il fiert, il boute, il sache, il tire, Et si fierement se combat Qu'il tue tout quanqu'il abat. Et li princes ne se feint mie Qu'à cent en a tollu la vie ; Et Percevaus si bien s'i prueve Qu'il detranche tous ceaus qu'il trueve. Bremons si vaillaument se monstre Que tous ceuls qu'il tient ou encontre Sont detaillié ou affolé, Mort, mehaingnié ou decolé. (MACH., P. Alex., p.1369, 207). ...il nous dira Conment il s'est entre eulx prouvé, Et ce qu'il a en eulz trouvé Et leur convine. (Mir. ste Bauth., c.1376, 133). JOSCET. Mon chier seigneur, bien veigniez vous. Conmant vous est ? LE BOURGEOIS. Il m'est bien, mon ami Joscet. (...) Conment t'es tu depuis prouvé Que ne te vy ? JOSCET. Je me sui bien et bel chevi, Vous le sarez. (Mir. march. juif, c.1377, 211). Et Uriien et Guyon, son frere, faisoient tant d'armes que nulz ne les veoit qui durement ne les prisast. Sachiez bien que ly Poictevin et tuit ly autre baron si [l. s'i] prouverent si bien et si vaillaument que en petit de heure Sarrasins furent desconfiz, si que mal soit de cellui qui eschappast qu'ilz ne feussent tuit pres que mort que prins. (ARRAS, c.1392-1393, 113). Or sus, varlés, prouvés vous bien, Ne l'espargnéz ne que ung chien. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196). Or sus, varlés, prouvés vous fort ! - Il est cy aise qu'il ce dort. - Faictes qu'il soit tout detrainchés. Sus, varlés, estez vous lassés ? Frappés, baptés forment sa peaul (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196). ...en tous lesquelx .II. se prouva moult noblement Conon, le roy d'Escoche (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 165). Anchoiz suis crestiiens, tez me voe ge nommer [var. prouver] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 741).

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Bien se prouver. "Bien se comporter au combat" : Et quant Gadifer et le Tors veyrent le chevalier sy bien prouver et tant faire d'armes... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 468). ...les deux compaignons qui s'estoient sy bien prouvez aux premiers coups... (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 470).

-

Prouvé. "Qui donne la preuve (qu'il est tel ou tel)" : ...une filhe mal provée, qui at pluseurs enfans natureis de saingnor Johan de Chywongne, canonne de Saint Johan. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 295).

Rem. Cf. T-L VII, 2016-2017, s.v. prover.

3.

Se prouver de + inf. "Apporter la preuve qu'on est en état de faire qqc., s'efforcer de faire qqc." : ...entour L'os, tant conme peut, il [le fol] se preuve De mengier la char qu'il y treuve (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 52). D'or en avant me doy prouver De faire le salut de m'ame, Car je pensse que homs ne fame N'y mettra plus enpeschement. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 26).