C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/vent 
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 5 articles
 
 Article 1/5 
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     ABAT-VENT     
FEW XXIV abbattuere
ABAT-VENT, subst. masc.
[GDC : abatvent ; FEW XXIV, 20a : abbattuere ; TLF : I, 70b : abat-vent]

"Auvent"

REM. Doc. 1344 ds TLF.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/5 
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     AVANT-VENT     
*FEW XIV ventus
AVANT-VENT, subst. masc.
[T-L : avantvent ; GD : avantvent ; *FEW XIV, 268a : ventus]

"Auvent" : ...nulz ne pourra faire avant venz, saillies, ne fenestres pour estaulx (...) sans le congié du majeur dudit evesque (Ordonn. rois Fr. V.B., t.12, 1331, 6).

REM. Cf. DU CANGE I, 298a, antevanna, et I, 495c, auvanna.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 3/5 
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     BRISE-VENT     
FEW I brisare
BRISEVENT, subst. masc.
[FEW I, 534a : brisare]

"Panneau, rideau qui protège du vent" : ...trois brisevens de drap rouge à mectre d'avant les portes. (Comptes roi René A., t.2, 1462, 235).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 4/5 
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     HAUT-VENT     
*FEW XIV ventus
HAUT-VENT, subst. masc.
[*FEW XIV, 264a : ventus]

(Synon. de hautbois) : ...avecq plusseurs clarons, trompettes et haulxbeus [var. haulx vens] (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 898). ...les six clarons et deux trompettes d'argent ; deux autres trompettes et trois hauvens ; le chandelier et la chandelle dedans (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 79).

REM. Doc. 1455 (haultbos) ds TLF. Doc. 1490 (joueur du tabourin ... joueur du haut bois ... joueur de rebec) ds GAY II, 290, s.v. rebec. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 103.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/5 
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     VENT     
FEW XIV 255a ventus
VENT, subst. masc.
[T-L : vent ; GDC : vent ; DÉCT : vent ; FEW XIV, 255a : ventus ; TLF : XVI, 989a : vent]

A. -

Au propre

 

1.

"Phénomène consistant dans le déplacement rapide de l'air, vent" : Tost m'ennuie[mon dru] com pluie et vent (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 20). Et volentiers iroie en France, Car moult desir que je vous voie. Mais deffendu m'i ont la voie Li pilleur, li vens et la pluie Et li yvers qui moult m'anuie, Et especiaument la goute Et mes chevaus qui ne voit goute (MACH., Compl., 1340-1377, 262). En ceste gent dont je vous conte Demouroient Paours et Honte ; Car einsi com la fueille en tramble Contre le vent fremist et tramble, Leur trambloit li corps et les james En la presence de leurs dames, Voire, dès le piet jusqu'en chief, Tant avoient il de meschief (MACH., D. Lyon, 1342, 196). Car ou il gist et ou habite Le vent y cuert de toutes pars, Pluie, gresil, tonnerre, espars (Mir. Theod., 1357, 115). Li vens fu gros, la mer s'enfla, Pour le vent qui trop fort souffla, Si que les ondes ressambloient Monteingnes, si hautes estoient ; Et dessous sambloit uns abismes. (MACH., P. Alex., p.1369, 113). Viegne vent, viegne pluie, descende tempeste, riens ne pourra mouvoir ceste maison, qui sera de vous soustenue et fundee. (GERS., Pent., p.1389, 74). ...de ceste année n'avoit fait chaut, maiz continue froit par vens et pluies qui ont esté continues depuiz fevrier (BAYE, I, 1400-1410, 93). Laquele male engendréure Tousdis grevant nostre nature Portent les vens communelment, Selon leur cours et mouvement, De l'une à l'autre région, Comme devant faiz mention ; Maiz Auster, par espécial Le vent pluyeux méridial, Sur tous les vens de ce baz Monde En icelle malice abonde (LA HAYE, P. peste, 1426, 46). Pour lequel vent [du midi], qui forment nuit, Doit l'en clorre, de jour et nuit, Tous les huiz et toutes fenestres Devers Medi, selon les Maistres (LA HAYE, P. peste, 1426, 78). ... Et Neptune, dieu de la mer, Mercure, le dieu de langaige, Eolus qui vent tient en caige, ... (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 15). LE PERE. (...) Aprés, beau filz, ce manteau vous bauldray, Qui vous gardra de la pluye et du vent (LA VIGNE, S.M., 1496, 193).

 

-

[Considéré comme la cause des tremblements de terre] : Eclisse ce fait par nature, Et au soleilh et a la lune ; Tramble-terre pareilhement Ce fait par la force du vant, Que dessoubz terre s'est inclus, Et les pierres que sont dessus La terre, a force tramblent, Se romperent pour ce tramblement (Pass. Auv., 1477, 274).

 

-

Fortune de vent. "Tempête" : Item, s'il y a aucuns arbrez rompuz ou briséz par fortune de vent ou autrement, lesdis habitans les pevent prendre sans contredit se il n'y a caable. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 261).

 

-

Grand vent. "Tempête" : Cestui Flandor predist moult de choses occurrentes en icellui temps, tant l'infortune des Juifz et leur exil que aussi des grans vens et pluies, qui furent lors. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°). Prenostica aussi des grans vens qui esmeurent les undes, et les undes les terres, qui subverserent plusieurs maisons en divers lieux prouchains de la marine. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 r°).

 

-

Bouffee de vent : ...et adonc une bouffee de vent les emporte maulgré eulx [les muyers] (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 165).

 

-

Tourbillon de vent : Comme tourbillons de vent qui vienent d'Affrique... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 99). ...et à l'issir dudit hostel, fist icellui ennemi grant noise et en maniere de tourbeillon de vent, dont elle qui parle ot moult grant paour et freour. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 356). ...un grant tourbillon de vent le frapa ou visage (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 177).

 

-

Tourment / tourmente de vent : Maiz ung grand tourment de vent les sourprit sur mer (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 305). ...si grant tormente de vent le print que luy et deux autres hommes cuiderent periller. (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 96).

 

-

Il fait / mene vent. "Un vent souffle" : ...et menoit tel vent que petit s'en failly qu'il ne l'abatist jus du pont en l'eaue (Chev. papegau H., c.1400-1500, 73). Sy vous certiffie qu'il ne fault point qu'il face vent, car on seroit en tresgrant dangier. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 76). ...Pleuve, gresle ou face vent. (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Einsi Fortune, la sauvage, Quant elle a fait aucun ouvrage, Et on est en plus haut estage, Fait en tressaut Venir un vent et un orage D'aversité qui tout esrage, Fondement, comble et massonnage, D'un seul assaut. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). ...le vent de Merencolie (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 172). ...du vent de Desplaisance (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 482).

 

-

À vent. V. moulin "(Mû) par le vent" : ...lesdiz VI molins moulans à vent et à eaue (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 28). Et ycellui encontrerent entre la Chappelle Saint-Denys et le Molin à Vent, acompagnié de ducs, contes, barons et grans segneurs d'Angleterre. (FAUQ., III, 1431-1435, 25).

 

2.

Au vent

 

a)

"Exposé à l'air et à ses déplacements" : Vous avez dit en vostre dit - Dont, certes, vous avez mal dit - Que chascuns tient pour veritable Que toute dame est variable, Et que ce n'est de leur couvent Nès que d'un cochelet au vent. Mais toute ceste compaingnie Tient le contraire et le vous nie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 243). ...comme aux banieres, qui volletoient au vent (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 216). Es grans maisons tendant d'estre emparees Drap d'or fut mis par despit a l'esvent, Soye requise estoit si drue au vent (...) Qu'on n'en faisoit mise, recepte ou compte Ne plus ne moins que de bureau d'Auvergne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 220).

 

-

Destourner comme guimples à tous vents. "Tourner comme une girouette" : Et, ce nonobstant, pluseurs simples, Prestz à détourner comme guimples À tous vens, veulent affermer Manifestement et semer Que tous ceulx cy font grant folie Qui fuient pour l'épidémie (LA HAYE, P. peste, 1426, 75).

 

-

Desployer, mettre au vent (une bannière, un étendard...) "Faire flotter" : Lors sa baniere au vent desploye (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 159). A cheval tous sans esloingnier, Et l'estandart mettés au vant. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 48). Or sus ! tous les gens de cest estre, De ce lieu vous convient desmettre Et vous en aller sur les champs. La banniere fault au vent mettre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 155).

 

-

[Pour marquer la vanité d'une entreprise] Porter poudre au vent : ...qui vertuz sanz elle [l'humilité] assemble, Il fait con celui qui au vent Porte pouldre (Mir. st J. Paulu, c.1372, 103).

 

b)

[Le compl. d'obj. désigne un condamné à la pendaison ou à la crucifixion] Lever / mettre / pendre / faire mourir... qqn au vent : Car bien a desiervy qu'il soit pendus au vent (Flor. Rome W., c.1330-1400, 261). ...s'ainsinc le tenoe, ains demain l'aclarier Seroit en aut penduz et au vent ancroiez (Gir. Ross. H., c.1334, 205). Je n'en feray neant, Se n'ay Emerïet (...) Et Robastre le viel pour encrouer au vent (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 205). Ce larron tantost me prenéz, Contre la croix soit cy barréz Et cy estroictement serréz Car il congnoisse sa folie, Puis le levéz a la polie Pour le faire morir au vent. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 210). Levéz moy ce larron au vent. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 212). Las ! bonnes gens ve cy pité. Ung homme plein de sainteté Mettre si inhumainement Que de l'avoir pendu au vent, Ung homme qu'oncques ne meffist Qui tousjours a bien fait et dit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 213). ...batoient les hommes, les mectoient ou vaint, cruxifioient, et rustoient, et pendoient et faisoient tous les malx qu'ilz povoient (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 361). Et puis te ferai pendre a le pleuve et o vent (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 242). ...penduz sera au vent (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 579). ...au dict du commun peuple, ne valoit gueres mieulx que pendu au gibet, ou sans sa teste au vent sur une roe enmy les champs faire ses monstres. (C.N.N., c.1456-1467, 159). Justice, et officiers verrons Pendre au vent des mauvais larrons. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 546). Sainct Eloy, forgiés des caignons, Des cordelles et des attaches, Pour mettre au vent ces compaignons Qui vont pillant chevaux et vaches. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 551).

 

c)

Loc. fig.

 

-

Avoir l'oeil au vent. "Être à l'affût de rencontres, lancer des oeillades amoureuses" : Ceste femme, qui belle, gente et gracieuse estoit ou temps qu'elle fut noeve, car el avoit l'oeil au vent, fut requise d'amours de pluseurs. (C.N.N., c.1456-1467, 327).

 

-

La teste au vent. "Exposé sans protection, humilié" : ...son feu père (...) m'a mené, la teste au vent, en perte de ma maison (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 72).

 

.

S'en aller la teste au vent. "Subir des avanies" : Il s'en ira la teste au vent, Tremblant les fievres bien souvant (Pipée R., c.1470-1480, 146).

 

-

Avoir / bailler / mettre le vent au visage. "Subir, infliger des avanies" : Puis fortune sur luy tourna Sy fort qu'en court plus ne regna En hault parage, Car il eust le vent au visage Par flateurs et gens mesdisans, Ainsy que aux cours ce en est l'usage ; Mais le bon sainct, courtois et saige, Pacïemment print ce passage De ceulx qui luy furent nuysans. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 200). Nonobstant leur vasselage, Vent au visage Leur fut mis [à Hannibal et à Chandos], commë hors du sens. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 200). [Vasthi, répudiée par le roi Assuérus :] Qui me baille vent au visaige ? (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 31). [Aman, injurié, est engagé par sa femme à la résignation] Donc autres que vous, par usaige, Ont bien eu le vent au visaige. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 152). Nos freres sont sus les sentiers, Qui se pourcachent voluntiers, S'ont le vent au visaige ; Ilz vont brinbant par ces moutiers, Se gaignent pour deux ans entiers Froidure et male raige (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 728).

 

3.

[Direction du vent]

 

-

Aller / estre sous / au dessous du vent. "Être placé de manière à recevoir le vent en dernier lieu (en sorte que la bête chassée ne sent pas la présence)" : ...et garde que tu y voises en telle maniere que les bestes n'aient mie le vent de toy, et soies au dessous du vent. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 23). Aux fauconniers commandement A fait que ilz voisent soubz le vent (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 441).

 

.

"Être sous un vent qui emporte ce qui gêne" : Et, pour ce que fumées d'engiens empeschent tellement les bataillans qu'i ne cognoissent leurs parties, ilz furent sy bien scituéz et soubz vent qu'ilz ne donnèrent nulle empesche. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 179).

 

-

Aval le vent. "Dans la direction du vent" : ...un cerf vaincu fuit volentiers aval le vent, affin que les chiens n'aient le vent de lui (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 46). ...l'un traira mains saigement Son heron droit aval le vent (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 472). Vela comment par mer fut son armee Aval le vent introduyte et formee De grosses nefs et marine ustencille. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

(Par) devers / sur le vent. "Dans la direction opposée au vent" : Et pour ce le doiz tu retraire et faire une petite enchainte devers le vent (...) si la fay greigneur [une petite enchainte] sur le vent (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 37). ...entre les deus chemins par devers le vant (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 163).

 

-

(Dos) au vent

 

.

Prov. : Les maulx vestus assiet on dos au vent. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 339). [Autres ex. p.175 et 637] Les maulx vestus au vent met on. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 654).

 

.

Envers le vent. "Exposé au vent" : Les maulx vestus envers le vent Et les fourrés le dos au feu. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 662).

 

-

[Du moulin] Avoir ses vents. "Être orienté en direction du vent"

 

Rem. Doc. 1449. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 925.

 

.

Mettre le moulin à vent. "Orienter le moulin en direction du vent"

 

Rem. Doc. 1411. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 925.

 

4.

[Sortes de vents (en partic. selon la provenance)]

 

-

Vent d'aquilon. V. aquilon "Vent du nord" : Or vient le vent de bise, or vient galerne, le vent de septentrion, et le perilleux vent d'aquilon. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). Les vents sont trestous divisés ; Grant tempeste nous adviendra. Le vent d'Aquilon vient de la, Et le vent de Septentrion D'aultre part court, par grant frison. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180). Le vent d'acquillon est levé (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 181).

 

-

Vent d'Auster / vent austral / vent austrin. V. auster "Vent du sud" : Or vient a l'encontre le chault vent de midy qui est appelle austral, et le vent depounant, c'est d'occident (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). Quant Eolus aura bien fait vanter Le vent hauster qui riffle comme fouldre, En sa caverne le fera reboter (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 156). La quarte cause est le vent et par especial le vent meridional, duquel dit Ypocras en la IIIe particule des Anfforismes en icelluy anfforisme, le vent austrin, [que] e[s]t caligineulx, c'est adire qui fait les yeulx obscurs, a cause que tel vent remplist la teste de humidités, endormissant les sens et rendant obscurs. (Rég. santé corps C., 1480, 128). Item, au plus hault d'icelui lieu, estoit une ymage de cuyvre, tenant en sa bouche une trompe, laquelle, touttefois que le vent de Auster ventoit, par certain object entroit en icelle et par ce se tournoit, qui portoit grant prouffit aux voyageurs par mer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

-

Vent d'aval. V. aval "Vent du sud-ouest"

 

-

Vent de bise. V. bise "Vent sec et froid du nord ou du nord-est" : Seur james de fer [Fortune] est assise, En moustrant que par nulle guise Tempeste, orage, vent de bise, Fait ne parole, Ne crient cils ou elle s'est mise. Mais c'est couverture et feintise, Car les piez a de terre glise Gliant et mole. (MACH., R. Fort., c.1341, 39). ...li vens de bise Taillans, bruians, fort, roide et sec (MACH., D. Lyon, 1342, 203). Or vient le vent de bise, or vient galerne, le vent de septentrion, et le perilleux vent d'aquilon. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). ...par le rapport de tous medecins avoyent esté d'oppinion que ledit vent de bise, quant il venteroit, feroit moult de maulx, tant à la santé des corps humains que des biens de la terre. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 129). ...le grant vent de la byze (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 119).

 

.

Taillier comme vent de bise : Et se Desirs m'assaut ou me travaille, Douce Pité veinquera la bataille Et Franchise, par s'espée qui taille Com vens de bise. (MACH., Compl., 1340-1377, 260).

 

-

Vent de byrret. "Vent du sud-ouest" : Or vient a l'encontre le chault vent de midy qui est appelle austral, et le vent depounant, c'est d'occident, le vent de byrret [l. de Lebech], le vent d'aval et de syrop, et le vent maistral (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582).

 

Rem. Le ms. B a vent de bech, le ms. C vent de sebech ; cf. FEW XIX, 104b : labag ; cf. aussi FENNIS, Gal., II, 1132, s.v. Lebèche ; JAL1, s.v. Lebeccio, Lebèche et Libeccio.

 

-

Vent d'escorcheval. V. escorcheval

 

-

[P. oppos. à vent de ponant] Vent de levant. "Vent d'est" : Or vient à l'encontre (...) le vent depounant, c'est d'occident [var. ms. C : le vent de sebech, le vent de levant et de siroy] (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). ...le vent de levant (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 70).

 

-

Vent méridional. "Vent du sud" : ...il fault continellement tenir la teste chaulde et l'eslongié du froit, et le garder du vent de septentrion, et proprement aprés le vent meridional, car vent meridional remplist la teste de vapeurs (Rég. santé corps C., 1480, 132).

 

-

Vent mistral. "Vent du nord" : Or vient a l'encontre le chault vent de midy qui est appelle austral, et le vent depounant, c'est d'occident, le vent de byrret, le vent d'aval et de syrop, et le vent maistral, et aucunesfoiz le vent de Grece qui est appelle nord-est (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582).

 

-

[P. oppos. à vent de levant] Vent de ponant. "Vent d'ouest" : Or vient à l'encontre (...) le vent depounant, c'est d'occident (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582).

 

-

Vent de midi. "Vent du sud" : Or vient a l'encontre le chault vent de midy qui est appelle austral, et le vent depounant, c'est d'occident (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582).

 

-

Vent de nord : Car la mer est encore haulte Pour le vent de nort qu'il a faict. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 51).

 

-

Vent de septentrion : ...l'un est appelé austral ou de midi qui est chaut et moiste en complexion, l'autre est appelé vent de septentrion ou boreas, c'est de bise, qui est froit et sec (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 352). Or vient le vent de bise, or vient galerne, le vent de septentrion, et le perilleux vent d'aquilon. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). Les vents sont trestous divisés ; Grant tempeste nous adviendra. Le vent d'Aquilon vient de la, Et le vent de Septentrion D'aultre part court, par grant frison. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 180).

 

-

Vent de siroc. V. siroc

 

-

Vent + direction cardinale : ...et aucunesfoiz le vent de Grece qui est appelle nord-est, le vent de nort, le vent de su-est, de nort-ouest et de su -sus -est, d'est et de sus-est, et tous les autres vens interlineayres qui empaignent la nef par telle maniere que quant elle cuide aler avant, elle recule. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 582). Si est seurté que l'ostel soit Miz et assiz en tel endroit Que le vent de Sut nullement Ne puisse férir largement Dessuz le lieu ou habitacle (LA HAYE, P. peste, 1426, 78).

 

-

Les quatre vents : Après Nature commanda Aus quatre vens qu'elle manda Que chascuns fust aparilliez Pour tost courir, et abilliez, Et qu'il issent de leurs cavernes Et facent leurs mervilleus cernes (MACH., J. R. Nav., 1349, 146). J'ay gouverné les quatre vens (Menus propos P., 1461, 89). [Cont. métaph., cf. note de l'éd.]

 

Rem. Pour la nomenclature des vents, cf. J. Ducos, in : Trad. et adapt. en Fr. à la fin du Moy. Âge, (Colloque), 1997, 242-247.

 

-

Vent marin. "Créature marine monstrueuse" : Le vent marin est ung monstre de mer qui quiert sa pasture et viande en terre et en mer, car il se plonge en mer comme poisson et dessus la terre va comme beste sauvaige. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 146).

 

5.

[Comme force de déplacement]

 

a)

[À propos de l'oiseau] "Vent favorable pour l'envol" : Sanz plus attendre au vent se tire (...) Pour faire esmeutir son faucon (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 426). Vent au faucon, vent au hairon ! (Cent ball. R., c.1388-1396, 123).

 

-

Cueillir vent. "Chercher le vent le plus favorable pour l'essor, s'envoler" : Et ly oyseau s'en va et a queilli le vant [var. et s'envolle aval vent] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 46).

 

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P. anal. "S'en aller, s'enfuir" : Retire a toy tes barbillons griffans, Se [adv. sic] coeulle vent (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 207).

 

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Au fig. Cueillir autre part vent. "Chercher un vent favorable (à un nouvel essor)" : ...en un autre endroit il luy sembloit qu'après avoir reçu honneur et grand bien en sa maison, il commençoit tout couvertement à cueillir autre part vent pour là prendre descente (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 398).

 

-

Prendre son vent. "Prendre son essor, s'envoler" : Et tantost parti d'un autre coing ung faucon, qui vint prenre son vent pour monter le hairon. D'un autre coing petit parti ung autre faucon qui venoit de sy grant radeur, qu'il fery le hairon sy durement qui l'abatti ou millieu de la salle (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 149).

 

b)

[Dans la navigation à la voile] : Se tu estens au vent ton voile, Fait de main de maistre et de toile, Tu scez bien que ta nef ira La ou li vens la conduira, Pour ce, sans plus, que la franchise De ta nef au vent sera mise. (MACH., R. Fort., c.1341, 94). Li jours fu biaus, la mer fu quoie, Chascuns à bien nagier s'emploie ; Car li vens estoit couvenables, Bons et dous, cois et profitables. (MACH., P. Alex., p.1369, 67). LE MARINIER. Egar ! (...) le vent s'est tout au contraire Tourné, si que ne pouons traire Fors la ou mener nous vouldra. (Mir. st Alexis, 1382, 342). Et s'en vont a force de vent et de voiles (ARRAS, c.1392-1393, 124). ...il failloit [attendre] vent propice et oportun pour navyer. (C.N.N., c.1456-1467, 560). Et pour ce que nous ne avions point de vent et ne povyons aller avant ne arriere... (Voy. Hierus. S., 1480, 102).

 

-

Avoir vent à point. "Bénéficier d'un vent favorable" : Alons ment Avant qu'orage sourde point, Et que nous avons vent a point (Mir. emper. Romme, 1369, 280).

 

-

Avoir (le) vent. "Bénéficier d'un vent favorable" : Patron, vostre veelle grant erre Tendés et dressés aultrement, Affin que ayés assés vant Ou pays ou debvons aler. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169). Va leur dire que sans attendre Qu'i s'en viengnent diligamment Tout fin droit au port cy descendre Car le vent avons proprement. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 105).

 

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Bon vent. "Vent favorable (à la navigation)"

 

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Le vent est bon : Le vant est bon (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 164). Si m'ont dit [les maronniers] que trestout est prest A partir quant il vous plaira, Et que le vent est par expres Bon pour aller ou on vouldra. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 106).

 

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Avoir bon vent (arriere) : LE MARINIER. (...) Nous avons assez bon vent (Mir. st Alexis, 1382, 342). Tenir n'en fault pas long parler ; Entrés dedans [le navire] ; cy en alons, Puis que temps et bon vent avons. Tantost serons d'aultre partie. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 165). Mais que bon vent ayons arriere, Nous serons tost en noz pays. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169). Ilz eurent si bon vent qu'ilz sont venuz au port d'Alixandrie (C.N.N., c.1456-1467, 129). ST THOMAS. Arons nous bon vent ? ST BERTHELEMY. A soulas. Il n'est mais besoing de nager : Tantost serons en plaine mer, Il n'est que d'apprester la roiz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 959).

 

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Au fig. : ...a nostre bonne foy Et vray amour [les dieux] veulent donner bon vent (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 69).

 

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[Dans un tour optatif] : Le tricoplier fu esleüs Et devant tous ramenteüs Pour faire la messagerie ; Et il ne la refusa mie, Ains y ala. Dieus le conduie Et li doint bon vent et sans pluie ! (MACH., P. Alex., p.1369, 160).

 

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Vent contraire : ...ta nef a vent contraire (LE FÈVRE, Caton U., a.1376, 102). ...entre autres choses, lui predist les vens contraires qui le firent demourer et tout son bernage devant le nord, XI jours (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 v°).

 

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Vent en poupe : Communauté suoit de paine autour des ancres, tendoit les cables, emplooit ses rimes et ne souhaidoit que vent en poupe et a la bolingue (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 88).

 

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Avoir vent en poupe. "Bénéficier d'un vent favorable" : Il fu dit que la nef, pour tenir son chemin vers orient, doit estre empainte du vent d'occident pour avoir vent en poupe. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 590-591). ...quant tu cuideras avoir vent en poupe ou que la chalme sera grande par la vertu de la forge de ma suer Allegresse, lors souldainement sourdra, l'espee ou poing, un ou deux des vens susdiz, qui te rapporteront unes froides nouvelles (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 276). Avecques elle fut la grant nef Loÿse, Qui a la voille d'aller sçavoit la guyse Quant une fois elle avoit vent en poupe (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

Rem. Cf. aussi MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 42, 91 (Se vous avez vent d'Orient a la poupe...). DI STEF., 873c.

 

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Au fig. : Les Françoys, qui jà la tierce fois avoient trouvé fortunr amie en tout leur e,treprendre sur leurs ennemis de deçà, et se veoyent avoir vent en pouppe tout à leur choix.... (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 135). Gantois, qui avoyent vent en poupe et se sentoyent fors sur leurs piéz... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 214).

 

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Avoir vent derriere. "Être poussé par le vent, aller vite, être pressé" : Sathan a, je croy, vent derriere : Il revient douleur ["très"] radement. Comment va, Sathan ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 144). Sathan a, je croy, vent derriere : Il revient deça roydement. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 39).

 

-

Loc. fig.

 

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Attendre le temps et le vent. V. temps "Attendre le moment favorable"

 

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Avoir vent d'avantage. "Être en position favorable, avoir l'avantage" : Jesus, tu as beau flajoller, Car tu as le vent d'avantaige : Regarde le noble mesnaige De quoy tu es acompaigné. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 405).

 

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Avoir le vent en main / en ses mains. "Être en position favorable, avoir l'avantage" : N'ay je pas bien le vent en main De ne respouser soir ne main ? (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 88). Nous ["nul"] ne vous oseroit contredire Que vous n'aillez droit et avant Et entant que avez le vent En voz mains, la mercy a Dieu. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 97).

 

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Estre au-dessus du vent. "Avoir l'avantage" : MALCHUS. Et qui nous pourroit nuyre ? BRUYANT. Nulz. Nous sommes au dessus du vent. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 259).

 

-

Mettre la voile au vent. V. voile

 

Rem. Cf. DI STEF., 876a.

 

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Tendre la voile au vent : ...les mariniers desencrerent leur nef et tenderent les voiles au vent qu'ilz avoient bon (Chev. papegau H., c.1400-1500, 78).

 

-

Loc. fig. Nager ("naviguer") selon le vent qui court. "Il faut s'accommoder aux événements" : ...telx prelaz et telx conseilliers, je ne dy pas d'estre evesque de Paris et apres cardinal, ont un proverbe en la bouche et dient communement : Le temps est autre qu'il ne souloit, il faul[t] nager selon le vent qui court aujourduy, il fault temporisier, il se fault conformer a la plusgrant partie, qui veult conserver et son estat et sa vie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 336).

 

6.

[Propriétés typiques du vent]

 

a)

[Comme force qui apporte ou emporte les choses (en partic. des paroles, des sons...)] : En mer monta. Dieux le conduie, Et à joie le raconduie ! Mais les galiotes trouva, Et là telement se prouva Qu'il les ardi toutes en poudre, Si que li vens la terre en poudre ; Et tous ceuls qui dedens estoient Furent mort, s'il ne s'en fuioient. (MACH., P. Alex., p.1369, 120). Si comme se le vent en emportoit une chose en aucun lieu contre son inclinacion, ou se ceulz qui sont seigneurs transportoient aucun contre sa volenté. (ORESME, E.A., c.1370, 175). Et pour ce, un ange peut estre en un lieu sanz soy mouver nonobstant que en ce lieu pluseurs corps succedent un apres l'autre, aussi comme le ray du soleil qui passe par une fenestre n'est pas meu aveques l'aer que le vent emporte ou chace, mais samble demourer tout un combien que non soit, car ce n'est pas du tout semblable. Mais par ce peut estre entendue la verité en cest propos. (ORESME, C.M., c.1377, 290). ...ne me donne point estre porté de ça et de la par tout vent de paroles, mais me donne desirer estre parfait a ton bon plaisir en toutes choses de dedens et dehors. (Internele consol. P., 1447, 200). ...vous exposeray et diray une chose qui me est survenue a deux lieuex d'icy en venant vers vous, d'une maniere de vent ou de voix qui me frapa aux oreilles, en disant : ... (JUV. URS., Prop. II, 1468, 428). Fist deux ymages de cuyvre sur les montaignes de Ethna, qui gectent le feu, lesquelz, quant le vent qui jectoit la flame et challeur sur terre ventoit, ilz souffloient en longues bucines (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

-

[Pour marquer le peu d'importance accordée à qqc. (comme le vent qui emporte la poussière)] Autant en porte le vent / en emporte le vent : Au fort, de baisier et acoler est pou de chose, car autant en emporte le vent. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 126). Voire, ou soit de Constantinobles L'emperieres au poing dorez, Ou de France le roy tres nobles, Sur tous autres roys decorez, Qui pour ly grant Dieux adorez Batist esglises et couvens, S'en son temps il fut honnorez, Autant en emporte ly vens ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 48). Mais de venir par les maisons Executer subtillement, Se sont excommunications, Autant en emporte le vent. (Sots gard., a.1488, 108). Cela, en arriére et en avant, N'est pas trop prejudiciable ; Autant en emporte le vent (Amant cord. M., 1490, 74).

 

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"Je parle en vain, mes conseils ne seront pas suivis" : Mais se vous y fault il aler. Nous ne povons qu'oïr parler. Autant en empourte le vent. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 182). Trop bien ouyés blamer les vices, Mes autant en pourte le vent. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 3).

 

Rem. Autres ex. ds Prov. H., 244 [V30] et DI STEF., 872c.

 

-

Faire voler sa voix au vent. "Émettre des paroles au hasard" : Cest aveugle fort se debat Et fait voler sa voix au vent. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 444). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 188, v. 14062]

 

-

Jeter qqc. au vent. V. jeter "Chasser, éloigner qqc."

 

-

Mettre qqc. au vent

 

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"Jeter en l'air" : Car j'ay mis le plumail au vent. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 69). Et en faisant de bien voller l'assay Mist, que bien sçay, plusseurs plumes au vent (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 278).

 

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"Jeter qqc., s'en débarrasser" : SAINCT MARTIN. Voz habitz pouez mectre au vent, Car, quant a moy, je les vous quicte Puisque de Dieu suis poursuivant ; A cela poinct ne me delicte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 291).

 

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[Une monnaie] "Dépenser largement, gaspiller" : LE PERE SAINCT MARTIN. (...) Seigneur je suis de nom et d'armes noble Qui, en jeunesse, escu, lÿon et noble Ay mys au vent pour mon bruyt essaulcer (LA VIGNE, S.M., 1496, 141).

 

-

Semer paroles au vent. V. parole

 

-

Quel vent vous mène ? Quel vent vous amène ? "Qu'est-ce qui vous fait venir" : AMILLE. (...) Chier compains, (...) De moy soiez le bien trouvé. Que fait la dame ? est elle saine ? Dites me voir, quel vent vous maine ? Ou alez vous ? AMIS. Amille, mon chier ami doulz, Sachiez droit a vous m'en venoie (Mir. Amis, c.1365, 32). Que faittes vous cy, sire moyne, Et quel vent ny temps vous y moine ? (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 5). Quel vent te mayne ? (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 19). Mes biau seignieur, oure qué vent Vous amene en ceste mayson ? (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 22). Gentil heraul, prudent et saige, Vous soyés le tresbien venus ! (...) Or me dictes quel vent vous meinne, Ne que querés en ce pays. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 18). ...et quel vent vous maine Dont d'aler vous prenez tel paine (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 70). Mes beaux seigneurs, quel vent vous mainne ? (BOSCO, Jeu Neuch. M., c.1481-1503, 70). Quel vent vous amaine icy ? (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 242). SATHAN. (...) Ou allez vous ainsi, Martin ? Que querez vous ? Quel vent vous mayne ? SAINCT MARTIN. Mais vous ? SATHAN. Depuis le matin, Icy au long je me promayne. (LA VIGNE, S.M., 1496, 286). SAINCT MARTIN. Dieu vous gard de toute destresse ! Mes amys, quel vent vous admayne ? PERE. Nous prenons devers vous l'adresse Pour vostre bonté souverayne Qui nous a esté si humayne Qu'a payne le puis exposer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 469).

 

b)

[Instabilité, caractère passager du vent] : ...l'en m'a fait mainte promission Qui se passoit comme vent (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 24). ...laissiez passer ce mal vent (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 14). ...comme vent tourne et retourne, En ce point a chascun me tourne. Je suis droit cochet a tous vens (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 166). Vos langues tornent comme vent Au plus donnant : c'est grant diffame. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64). En peu de jours sont les vens retournés. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 168).

 

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Prov. : Aprés chault temps vient vent de bise (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 322). Tant tourne vent qu'il chiet en bise (VILLON, Poésies diverses T., c.1456-1463, 263). Aprés vent calme vient tormente. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 60).

 

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Avec le vent

 

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Passer avec le vent : ...que vous laississiez sa présumption passer avecques le vent, car à vous n'en est ne plus, ne moins autrement. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 356).

 

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"De manière éphémère" : Les lieutenans de dame Allegresse sont ceulx qui sans faintise desirent la paix que Dieu donne, non pas la paix que le monde presente avec le vent (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 380).

 

-

Ambuler sur les pennes des vents. V. penne

 

Rem. Cf. les représentations ailées des quatre vents cardinaux ds B. Obrist, Speculum 72, 1997, 75-76 : «As is well known, in biblical texts winds act as direct agents of God (...) sometimes as messengers, namely, angels».

 

-

Prov. [Idée de changement rapide (en partic. entre joie et tristesse, entre vantardise et abattement...)] Une petite pluie fait choir un grand vent./À peu de pluie chiet grant vent. V. pluie "Il faut peu de chose pour que tout change, pour que l'effet soit important" : ...Dont on dit que ja ne fera Trop grant chaut, puis qu'il ventera, Et si voit on qu'un po de pluie Souvent un grant vent chace en fuie, Dont on recorde moult souvent Qu'a pou de pluie chiet grant vent, Et fait qu'atemprez et seris Est li airs, dont tant est chieris Qu'a peinnes est nuls qui n'i queure, Tout einsi, se Dieus me sequeure, Est il dou cuer, quant il souspire (MACH., D. Lyon, 1342, 195). Tais toy, glous desloyal, assés advient et advenra que ung pou de pluye abat grant vent. Demain, moyesnant la grace de Nostre Seigneur, te monsteray que pas ne suis sy jones que du mestier des armes me saches riens apprendre. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 46). Petite pluie abat grant vent et fort. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 173). Petite pluie abbat grant vent. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 195). Petite pluie abat ung tres gros vent (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 221). [Cf. aussi p.349, 638] Par peu plouvoir grand vent affoiblie on. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 228). Petit de vent abaisse grand fumiere (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 230). ...n'en soyez rien en souci, car plusieurs fois s'est vu que peu de pluie abat grand vent. (Faits Lalaing K., c.1470, 53). Ung peu de vent abat grans fueilles (Danse macabre femmes H., p.1480, 80). Car bien souvant peu de pluye affamee Abbat grant vent qu'on voit moult fort venter. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 132).

 

Rem. Cf. G. Roques, "Le vent dans les locutions et expressions médiévales françaises", Trav. Ling. litt., 25, 1987, 191-193. Proche de ces prov. : Ly vens abat tost haulte foelle (Pastor. B., c.1422-1425, 208).

 

c)

[Rapidité du vent] : Chiminer me fault comment vent Jusque a Duÿng, dessus le lay, Et la mon messaige ferey. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 6).

 

-

Isnel comme le vent : Et fist monter sur un cheval isnel comme le vent un de ses chevaliers (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 168).

 

-

Aussi tost comme le vent / plus tost que le vent. "Très rapidement" : Je seray couru en une heure, Car je voix plus tost que le vent (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 103). Je cours aussi tost comme vent (Roy sotz, c.1450-1500, 226). SAINCT MARTIN. Mon treschier pere, trop plus tost que le vent, Honneur mondain bien sçavez qu'il se passe En plusieurs lieux (LA VIGNE, S.M., 1496, 165).

 

Rem. Prov. H., 24 [V47].

 

-

Vite comme le vent / plus vite que le vent. "Très rapidement, au plus vite" : LE CONTE DE LISLEDES. (...) Ainsi se feront aux alarmes Jeunes gens d'icy en avant Et si entreront aux vacarmes Beaucoup plus viste que le vent. (LA VIGNE, S.M., 1496, 158). De moy aura maint coup cornu, Avant que jamais il m'eschappe. Sa ! le corset après la chappe Plus viste que le vent ne vente. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 223). Venés, venés au puys d'Enfer Devant le maistre Lucifer. Chargons, ce soit en malle estraine ! Et allons viste comme vent. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 276).

 

d)

[Violence du vent (surtout dans les hauteurs), idée d'hostilité, de destruction] : ...les haultes choses sont volentiers plus de vens travaillies que les basses ne sont sy come Oraces dit... (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 311). Nature, de droit, Cellui chastel en point soustient Et par sa vertu le maintient Et le remaçonne souvent, Mais tout chiet a un poy de vent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 102). ...car aussy tost qu'ilz approchoient de celle vaynne, il leur sembloit que le vent les emportast. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 81).

 

-

Les hauts arbres reçoivent les grands vents. V. arbre

 

Rem. Prov. H., 246 [V52].

 

e)

[Le vent comme lieu d'actions vaines ou absurdes]

 

-

Battre le vent. "Perdre sa peine, perdre son temps, en partic. dépenser sa salive pour rien" : Cil bat le vent qui rien ne baille : L'advocat n'y compte pas maille, N'il n'y met diligence aulcune. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 284). Le père toutesfois, après tous regards, souffrit aller vers son fils le bastart de Bourgongne, son naturel, qui rien n'y fit, le seigneur d'Auxy pareillement, un autre après, maistre Anthoine Haneron, protonotaire, qui tous y batirent vent et ne purent trouver voyes, ne manières de le faire venir devers le duc. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 445). Monseigneur, voulez-vous que je vous die pour toute conclusion et sans plus battre vent : Je ne veux pas cesser le service d'un roi de France pour un comte de Charolois. Pardonnez-moi et adieu. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 192).

 

Rem. G. Hasenohr, M. fr. 14-15, 1984, 261.

 

-

Chasser le vent. "Courir après le vent, perdre son temps" : Car se vués a Biauté muser Et Plaisance te puet seurprendre, Tu aras assés a atendre A cacier toute jour le vent. (ACART, Prise am. H., 1332, 19).

 

-

Souffler contre le vent : Cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82).

 

-

Tendre au vent. "Faire un piège pour attraper le vent, entreprendre qqc. d'absurde" : Tu me veus bien faire au vent tendre, Quant riche, sage, jone et tendre A moi qui sui uns enfechons Veus faire amer. Ceste lechons Ne me sera ja repetee, Ains m'en fuirai, teste levee. (ACART, Prise am. H., 1332, 37).

 

-

Vouloir estre roi des vents : Il emprent aussi grant folie Com s'il vouloit roy des vens estre (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 60).

B. -

P. méton.

 

1.

"Air"

 

a)

"Air que l'on respire"

 

-

[Comme nourriture ou se substituant à la nourriture]

 

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[Du pluvier, selon la croyance populaire] Manger vent : ...alloes ne menguent fors pierrectes et sablon, turtres grains de geneuvre et herbes souef flairans, et plouviers vent. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 229).

 

.

Se paistre de vent : ...et toute iour et nuit font feu contemplant un fournel mau peus et mau vestus se paissent de vent et la font chastiaulx et espagne pensant comment ilz seront aise quant lor scaront faire (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 138).

 

.

Paissu de vent : [C'est Avarice qui parle des personnes généreuses et vaillantes :] Mais toutesfoiz j'en suis trop bien vengee, car telx folz, menans si large vie, communement meurent pauvres et sont paissuz de vent. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 331).

 

.

(Se) vivre de / du vent : Femme son cul pour deniers loue, Et l'advocat sa lengue vent ; Ambdeux ne vivent pas de vent [var. du vent]. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 283). ...ilz [ceux qui laissent les richesses du monde] se metent en plus grande [cure] d'assez et en plus perilleuse, car ilz ne pevent pas vivre de vent, et pour ce il leur convient solliciter et metre tres grand cure a procurer leur vie et leur neccessités (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 509). Nous ne povons pas vivre du vent, ne noz revenues ne nous suffiront a soustenir les fraiz de la guerre (CHART., Q. inv., 1422, 33). Sur le Noël, morte saison, Que les loups se vivent du vent... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 11).

 

Rem. Sur la croyance qu'à certains moments les loups se nourrissent de vent, cf. Ph. Ménard, Mél. Horrent, 309-315. Cf. aussi CHR. PIZ., Oeuvres poét. I, 255 (se repaistre de vent comme pluvier). Morawski, 1531.

 

b)

"Espace rempli uniquement d'air" : Item, pour traire une queue sans luy donner vent, face ung petit pertuiz d'un foret empres le bondonnail (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 134).

 

Rem. Peut-être faut-il lire de vent ds CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6 : ainsi comme ung moust qui boust en tonnel, et par faulte d' event ront la barre et le bondel ; G. Roques, R. Ling. rom. 54, 1990, 644.

 

-

P. plaisant. Donner vent (à une bouteille) "Donner de l'air, vider" : Je sens ma bouteille trop plainne, Il lui fault ung pou donner vent : De boire bons trais et souvent, C'est une rigle en medecine Pour avoir tantost sa poictrine Platte comme un beau gros barril. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 191). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 456]

 

-

Plein de vent. "Gonflé d'air" : Les aultres qui sont pleins de vent ["dont les vêtements sont bouffants"] Portent les chemises brodees A grans manches toutes bordees De fin lin. Que pourray-je escripre Si non de crier et de dire que nous suivons par noz meffaitz Les mescreans et Turcz infectz Desquelz portons les vestemens. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 48).

 

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[D'un bouffant] : Il va abatre le soufflet, Et il deust estre plain de vent. (P. Jouh. D.R., a.1488, 21).

 

2.

"Odeur que le gibier laisse sur son passage (et que le vent apporte) ; odeur flairée (par le chien, par la bête traquée...) ; odeur" : ...l'eaue qui vient aval porte le vent des poissons qui sont au dessus (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 247).

 

-

Avoir le vent de qqc. "Flairer qqc." : ...et garde que tu y voises en telle maniere que les bestes n'aient mie le vent de toy, et soies au dessous du vent. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 23). ...un cerf vaincu fuit volentiers aval le vent, affin que les chiens n'aient le vent de lui (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 46). ...les bestes noires tost lessent leur païs quant il ont le vent des chiens ou des fillés ou de ceulz qui hantent chiens. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 105). ...se les bestes noires sont pres de toi (...), ja n'aront le vent de toi, puisque tu seras deux piés de haut sus la terre (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 136). Car on a veü maintes foiz Quant leu a le vent du harnoiz Ou qu'il redoubte le levrier, Qu'i va les deffences forcier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 391). Je le suivy [le cerf] jusques au fort ["fourré, endroit où le bois est plus épais"] En ung grant chemyn qu'il passa. Mon chien en eust le vent si fort Que a bien peu le traict me cassa. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 28).

 

Rem. Cf. aussi GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, gloss.

 

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Chasser / traire au vent. "Chasser le nez haut, sans mettre le nez à terre"

 

Rem. Nombreux ex. ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, cf. gloss.

 

-

Prendre le vent. "Flairer" : ...et pour ce il [le sanglier] gete sa teste hors dou boys, avant qu'il en isse dou tout, ou tout le corps, et illuec demeure et escoute et regarde et prent le vent de toutes pars. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 97).

 

-

[En corrélation avec voie (la voie que suit la bête traquée)]

 

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Au fig. Vent ne voie : Elas ! ce seroit trop grant perde A moy, las ! se je la perdoie ; Et si n'est tour ne vent ne voie Qui nouvelles m'en face oïr Pour mon dolent cuer resjoïr, Ne qui mon scens face avoier Que vers li peüsse envoier Pour moy recommander a li (MACH., C. ami, 1357, 75).

 

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Vent et voie. "De toutes les façons" : Mais s'il [le joueur] tout pert, lors comme descés Maldit et jure vent et voie, Son baptesme et son dieu renoie (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 70).

 

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Par vent et par voie. "De façon et d'autre" : Jamais je ne sejourneray Tant que Jhesus aye trouvé Et luy mon fait tout approuvé, Car, s'il est, par vent et par voye, Que de sa compaignie soye, Mes pechiéz me seront remis. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 149).

 

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[Par ext., avec le verbe ouïr] : Nous sommes moult fort desconfiz (...) De mon filz Jhesus, que Dieu vueulle garder, Que ne cessons de demander Et si ["et pourtant"] n'en ouons vent ne voye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 125).

 

-

Au fig. Mettre au vent. "Mettre sur la piste (?)" : S'avés affaire de cohorte, Ne faictes que nous mectre au vent. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 337).

 

-

Au fig. Sentir le vent de qqc. "Se rendre compte de qqc." : ...toutes voies, premier qu'il en parte, en sentira le vent et sera adverti de la venue de ce fils du roy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 170).

 

3.

"Bruit (porté par le vent) ; bruit qui court"

 

a)

Ouïr le vent. "Entendre les bruits portés par le vent" : Et quant li pélerin en oïrent le vent, Pour Bertran du Guesclin en furent moult doulent (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, 72). Or partons, que Dieu nous conduie ! Et nous en allons au devant Sans faire bruit, ne grant crierye, Que de nous ilz n'oyent le vent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 333).

 

b)

"Bruit qui court" : ...ce propre soir en vinrent les nouvelles à Hermue, là où gisoient les autres, attendans le bastard, lesquels, avertis de ce vent, prestement fuirent, qui mieux mieux (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 83).

 

-

Avoir / ouïr (le) vent de qqc. "Être informé de qqc." : Car, luy venu devers le roy, qui en avoit oy le vent (...), le manda venir devers luy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 187). ...et me rendre aux matières qui ont esté près de moy, et desquelles j'ay eu le vent (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 220). ...j'ay eu vent que ceulx de Barcelonne veullent apoincter à leur roy (Lettres Louis XI, V., t.2, 1462, 49).

 

Rem. CUVELIER, Chron. Guescl., c.1380-1385, ds LITTRÉ.

 

-

Estre en vent de qqc. "Être informé de qqc." : Or advint que le duc gisant malade en son lit avoit esté en vent un peu de ceste mort. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 213).

 

-

Savoir le vent de qqc. "Être au courant de qqc." : ...lesquels estans là, Françoys bien tost en surent le vent (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 134). J'emble peu a peu et assemble Denier a denier, et souvent, Dont chascun ne scet pas le vent. Et m'est bien mestier d'en embler Si je vueil des biens assembler. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 227).

 

-

[D'une chose] Estre mis au vent. "Être divulgué" : Car l'amour [qui serait illégitime] que j'ay à cause de ma beaulté comme autrement seroit mis au vent et de ma haute renommée je tresbucheroye en la fenge de publique renommée diffamée et perpetuel vitupère. (Ovide mor. B., 1466-1467, 301).

C. -

P. anal.

 

1.

"Souffle" : ...li vens des soupirs l'espire Et li rent vigour et alainne Qui moult li alege sa peinne ; Et les larmes anïentissent Le vent des souspirs et nourrissent Le cuer ou feu ; car autrement Cuers qui soit humeins nullement Ne porroit vivre par nature, S'Amours dont de sa grace pure Ne le faisoit ; mais Amours puet Sans nul moien quanqu'elle vuet. (MACH., D. Lyon, 1342, 195). Qu'en terre n'a element Ne planette en firmament Qui de pleur don Ne me face et, sans raison, Mon cuer dolent ; Et Fortune m'a dou vent D'un tourbillon Tumé jus de sa maison En fondement. (MACH., Lays, 1377, 415). ...ce ris a force retenu fut converty en ung sonnet dont le vent retourna si tres a point la pouldre que la pluspart il fist voler contre le visage et sur l'oeil de ce bon cordelier (C.N.N., c.1456-1467, 35). En icelle vallee est ung trou merveilleux, car d'icelluy trou sault ung merveilleux vent, lequel est si fort et si puissant au sortir du dict trou qu'il soustient pierres, boys et tout ce qu'on luy gecte dedens le dit trou, sans bruller, et est moult chault. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 264). Lors se commancent gracïeuses vendanges Que plusieurs gens ayment mieulx que vent d'anges. (LA VIGNE, S.M., 1496, 333).

 

-

[À propos du soufflet] : Aussi le vent de ce souflet Toutes vertus a terre met. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 239). ...le grant vent des soufflés (Doc. c.1450. In : J. Rigault, Actes du 98e Congrès nat. des Soc. sav., t.1, 1975, 106). Il va abatre le soufflet, Et il deust estre plain de vent. (P. Jouh. D.R., a.1488, 21).

 

-

[À propos d'un orgue]

 

Rem. Entrées roy. G.L., p.1486, 280, v. 472 et 489.

 

-

Prov. : A peu de vent gros flaïos accorde on. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 239).

 

2.

En partic.

 

a)

"Souffle, toute matière aérienne du corps" : ...se elle [ cette eructacion] est petite avec alienacion, c'est bon pour tant que aulcuneffois ung petit vent en est engendré et vertu expulsive est forte et expelle celle ventosité a une reupure ou a deux ou environ (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 6). ...et ainsi selon Avicenne le sens ou sentement vient du cervel, l'esperit et le vent viennent du cueur, le sang et le desir vient du foye (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 1).

 

b)

"Souffle de la respiration, de la voix" : Quicunques meurt meurt a douleur Telle qu'il pert vent et alaine (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 43).

 

-

Cueillir vent. "Reprendre haleine" : ...il convint par neccessité que l'un et l'autre se traist arriere pour coeullir vent (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 335).

 

.

Jeter vent. "Exhaler un souffle" : Pasmez furent moult longuement Sans getter alaine ne vent (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 244).

 

.

Reprendre vent. "Reprendre son souffle" : ...et retournerent chascun en son lieu et se rafreschierent ung petit et reprinrent vent et alaine (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 448).

 

-

Ruer vent (de gorge). "Exhaler un souffle de la gorge, pousser des cris" : Tu rues vent, criant aval la plaine (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 644). Tu rues vent de gorge (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 647). Je torche mes houseaux du couvertoir de mes hostes, je rue vent de gorge (MOLINET, Rom. Rose moralisé, c.1500. In : Dupire, Gloss., 212).

 

-

Vent de la bouche. "Souffle (dans l'usage des instruments à vent)" : Et ainsi [en fait de musique "artificielle"] puet estre entendu des autres instrumens des voix comme rebebes, guiternes, vielles et psalterions, par la diversité des tailles, la nature des cordes et le touchement des doiz, et des fleutes et haulx instrumens semblables, avecques le vent de la bouche qui baillié leur est. (DESCH., Art dictier R., 1392, 270).

 

-

Vent de bouche. "Parole offensante, offense" : Endure donc paisiblement, Bon crestïen, tout vent de bouche, Combien que pres du cuer te touche. Dieu ne fait pas es parlemens Des mesdisans ses jugemens (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 72). Nul ne lor soit ["sait"] tant bel proier Qu'ilz vuillent pardon ottroier A celx qui vers eulx ont mespris, Ainz sunt de tel nature espris Que qui une faiz les corrouche, Pour assez legier vent de bouche, Si que a la mort sunt ennemis. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 219).

 

c)

"Gaz intestinal, pet" : Il me chuuça cy durement Que je n'an puis tenir mon vent. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 158). Et se il y entre point de vent C'est du cul je le vous couvent. (Barbes brayes A., a.1450, 258). ...haut vent issant du trou sur quoy on siet (Devin. R., c.1470, 529). Je croy que j'ay les escrouelles De ceste eaue, que boy souvent, Se mon cul n'a ung peu de vent Je suis taillé de tout gaster. (Tr. Men., c.1480-1500, 287). Je sens icy du vent de bise [Cont. scatologique] (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

3.

"Déplacement d'air dans une cheminée" : ...toute icelle grand cheminée faire assenir et mener en haut, pour avoir ses vents. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 596). ...et a ladite cheminée trente deux pieds de haut, ou environ, et icelle faire et ordonner de tous points, toute de pierre de taille et faire avoir tous ses vents, affin qu'elle ne tint fumiere (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 602).

D. -

Au fig. [Valeurs symboliques]

 

1.

[Idée d'agitation, de perturbation...] "Perturbation" : Et pour tant ce duc Charles-icy, qui se fondoit en sa haute fortune et en son pouvoir d'alors, non craignant nul vent de France, là où on luy machinoit grief, ce savoit bien, fit tant moins d'estime et de réputation de l'ambassade du roy et de son rapport (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 449).

 

-

[À propos de la tentation] : Se les vens de temptacions te sourdent, se les escoupes de tribulacions te viennent, (...) appelle le nom de Marie (Mir. ev. N.D., c.1348, 60).

 

-

"Souffle qui agite" : ...par vent est a ce menee [la créature humaine] Que, par cop de langue effrenee, Ist hors du sentier de droiture Et par faveur ment et parjure. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 53).

 

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Vent de detraction : En vérité, est engendree Haÿne le male encendree Par le vent de detraction Qui souffle et meut l'affection Ou a fureur ou a haÿne (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 52).

 

2.

[Idée de vide, de futililité, de vanité, d'orgueil...]

 

a)

"Ce qui est vain, sans consistance" : [À propos de Fortune] ...N'elle ne puet personne tant chierir Que seürté Li face avoir de sa bonneürté, Soit de joie, soit de maleürté, Que sus ou jus ne l'ait moult tost hurté. C'est sa nature : Si bien ne sont fors que droite aventure ; Ce n'est qu'uns vens, une fausse estature ; Une joie est qui po vaut et po dure ; C'est fols s'i fie ! Chascun deçoit et nelui ne deffie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 85). Car largesse de lieu n'a point, Promesse est vent, honneur n'a gloire, Et Amours dort, c'est chose voire. Qui sert, se faire vuet à point, Avoir doit toudis en memoire Qu'on doit bien servir et mal croire. (MACH., L. dames, 1377, 228). Saiges est en toute saison, Ce me semble, qui est meublez, Qui a vins, garnisons et blez, Nappes, touailles, liz, vaisselle, Qui a escuier ou baisselle Et argent d'un autre costel, Mesgnées, bestaulx, grant hostel, Que gens mariez ont souvent, Les aultres non. Ce n'est que vent De gens qui n'ont hostel et femme (DESCH., M.M., c.1385-1403, 287). Estre couvert de drap d'or a plaisance, Roussin, chevaulx, jouster, courir la lance, Jouer sans perte, cause de resjouyr, Tout n'est que vent, cela n'est que mescheance Envers amours, qui bien en scet jouÿr. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 287). Il me va venir au devant, Comment ce monde n'est que vent (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 14). Puis conclut que roy non savant Tout son fait n'estoit que droit vent, Et qu'autant valoit au regné Com feist un asne couronné. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 217). Messire Paris, l'om dit que parolle n'est que vent, et pourtant je ne me puys tayre a dire ce que j'ay en mon cuer. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 147). Se l'on parle de vous souvent Par envye, ne vous en chaille, Laissez aller, ce n'est que vent (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 203). Car ce monde cy n'est que vent. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 216). Tout vostre ovraige n'est que vent (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 479).

 

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Estre tout vent : Mais fortune, qui tost deffait, Quant il li plaist, ce qu'elle a fait, Et qui onques ne tient couvent, Car sa couvenance est tout vent, Li joua d'un tour d'escremie, Douquel il ne se doubtoit mie. (MACH., P. Alex., p.1369, 23). Leur response avez bien veü, Se ci devant avez leü. Il li orent moult en couvent ; Mais, vraiement, ce fu tout vent ; Car bien say qu'il n'i furent pas, N'onques il n'en passerent pas, Et vesci la cause, sans faille. (MACH., P. Alex., p.1369, 58). Qui croira femme pour plourer tendrement Ne pour jurer pour chose qu'elle die, Coulz en sera et chaitis vraiement, Car est tout vent quanqu'elle vous afie, Je le sai bien ; pour ce de cuer vous prie Que le diez par tout en audience Qu'amour de femme a pou de conscience. (MACH., App., 1377, 642). [Fortune] C'est fiens couvers de riche couverture, Qui dehors luist et dedens est ordure. Une ydole est de fausse pourtraiture, Où nuls ne doit croire ne mettre cure ; Sa contenance en vertu pas ne dure, Car c'est tous vens, ne riens qu'elle figure Ne puet estre fors de fausse figure ; Et li siens sont toudis en aventure De trebuchier (MACH., Motés, 1377, 497).

 

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Ce n'est que vent (et fumee) de qqc./qqn : Vous savez c'est une bergiere Qui vient encore tout droit des champs ; Y se moquent d'elle en derriere, Et ne sera d'elle que tout vent. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 429). Se n'est riens que vent et fumee De toute leur force et leur dis ; Et, se par nous est consommee, Maistres sommes des fleurs de lis. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 653).

 

b)

"Ce qui est futile, qui ne vaut rien"

 

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Dire qqc. pour vent. "Dire qqc. en l'air" : Tout ce qui avenir devoit Autre de moy ne le savoit En mon temps, ne le dis pour vent, Combien qu'eussent esté devant. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 23).

 

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Donner du vent en l'oreille. "Faire de vaines promesses" : Je ne scay qui l'a abuysié Et donné du vent en l'oroyllie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 69).

 

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Au vent. "En pure perte" : Les femmes ont en retenance Le consail quel tu leur dirras : Si voels sercher sanz variance Le papir de leur remembrance, Escript au vent le troveras. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 205).

 

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De vent. "Vide, vain" : Le Magnificat (...) est chançon de grant pourfist ; L'esglise le chante souvent ; Ne sont pas paroles de vent, Mais sont paroles de loenge. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 15). ...paroles de vent (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 95).

 

c)

"Tricherie, tromperie" : Pluseurs ont nom com vous avez, Et bien sçay que vous ne sçavez Quant vous mourrez et quant mourront Voz enfans ne s'ilz demourront Après vous ou yront devant : Fraudez estes, ce n'est que vent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 82). Afin qu'il n'y ait point de vent, Le plus long a le cop devant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 742). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 19775 ; les sergents tirent au sort le droit de frapper le Christ en premier ; ou "querelle" ?] Je ne scay qui l'a abuysié Et donné du vent en l'oroyllie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 69).

 

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Promesse pleine de vent : ...et ja soit ce que ilz [les Romains] facent pou ou neant, si ont ilz promessez plaines de vent, larges prometteurs et estrais doneurs (Songe verg. S., t.1, 1378, 331-332).

 

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Vent de la chemise. "Ruses, mensonges, caprices, câlineries de la femme (au propre "parfum de la chemise féminine")" : ...parmy le joe Eut il [Sanson] du vent de la chemise, Car Dalida par sa faintise Lui couppa de ses cheveux sept Ou toute sa force estoit mise [croisé ici avec avoir le vent au nez, avoir le vent au visage "être en difficulté"]. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 194). Car j'ay mon esperance mise En Venus, en vent de chemise (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 617). Le mary la croit, somme toute. Vela, en recepte et en mise, Plusieurs niaiz si ont sans doubte Ainsi du vent de la chemise. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 330). [Autre ex. p.165] Qui a du vent de la chemise, Il est tousjours de Dieu benist. (S. fol, c.1480-1490, 8). Quel est le vent de la chemise Dont on dit que les femmes usent ? (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 366). S'il luy fault robe ne corset, Riens qui soit jusqu'a ung lasset, Bien le sçaura patheliner, Car elle est duyte luy donner [à son mari] Affin de [luy] fournir la mise Parfoys du vent de la chemise. (Serm. maux mar. K., c.1500, 359).

 

d)

"Vaine gloire, vanité" : Ainsi le font les orgueilleus, Gens plains de vent et gens vanteus, Ne (Qui) ne quierent que vaine gloire (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 136). Et ainsi par la grace de Dieu en nostre Chevalerie, qui sera un biau miroir de toute la crestiente, sera mise a nient la male ingratitude et son pere [le péché d'orgueil] de vent tout boussouffle. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 46). C'est Orgueil qui est enflee, plaine de vent de propre reputation (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160).

 

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Vent de Chypre / vent d'orgueil : Le vent subtil de Chippre, qui fait enfler les gens, est prins en figure pour le pechie d'orgueil. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 108). Encores, Beau Filz, pour non estre feruz soudainement du vent soutil de Chippre, c'est assavoir de vaine gloire, es rappors qui te seront faiz (...), desquelles ta personne (...) par paraboles dorees et adournees de la forge de flaterie seront eslievees et exaulcees, s'il se puet dire, jusques au ciel, je te conseille... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 237). Bien tu l'esprouvas, o Lucifer, jadiz ange tres bel, car incontinent que le vent d'orgueil ot enflé ta pensee et tellement demenee que tu volus monter a l'equalité de ton Seigneur, tu qui estoyes fait pour le servir, point n'y ot de remede. (GERS., Purif., 1396-1397, 61).

 

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Paissu de vent. "Enflé d'orgueil" : Les grans seigneurs (...) aujourduy plus delictent en leur seigneurie qu'ilz ne font au bon gouvernement de la chose publique, (...) quant ilz encline[n]t les oreilles aux maistres dessusdiz et conseilliers, aux heraulx, faiseurs de bourdes, mahommes et chambrieres. Et sont paissuz de vent des le matin jusques au seoir, cuidant de blanc que ce soit noir (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 533-534).

REM. Sur ce mot, cf. G. Roques, "Le vent dans les locutions et expressions médiévales françaises", Trav. Ling. litt., 25, 1987, 181-206.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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