C.N.R.S.
 
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     VERT     
FEW XIV 507a viridis
VERT, adj. et subst. masc.
[T-L : vert ; GD : vert2 ; GDC : vert ; DÉCT : vert ; FEW XIV, 507a : viridis ; TLF : XVI, 1061a : vert]

I. -

Adj.

A. -

"D'une couleur semblable à celle de l'herbe, du feuillage..."

 

1.

[De l'herbe, du feuillage, d'un légume..., en partic. dans la saison de pleine végétation] : Lors en sa main cueilli de la rousée Sus l'erbe vert ; si l'en a arrousée En tous les lieus de sa face esplourée Si doucement Que la dame qui avoit longuement Perdu vigour, scens et entendement Ouvri les yeus et prist parfondement A souspirer (MACH., J. R. Beh., c.1340, 65). Lors sans delay Je me levay et devers eaus alay Tout le couvert Parmi l'erbe qui estoit drue et vert (MACH., J. R. Beh., c.1340, 102). N'onques n'i plouvoit, ne ventoit, Qu'adès printemps y habitoit, Ne le soleil pour sa chalour N'amenrissoit point la coulour De l'erbe, qu'adès ne fust verte, De l'ombre des arbres couverte. (MACH., D. Lyon, 1342, 163). Seez vous sur ceste herbe vert Decoste moy. (Mir. emp. Julien, 1351, 186). ...la matinee Estoit pleinne de grant rousee, Et le ruissel de la fonteinne, De joie et de tristece pleinne, Faisoit l'air et la verde herbette Plus roisant et plus freschelette. (MACH., F. am., c.1361, 198). Tu espa[r]dras la belle erbe vert de bonnes pensees avecque les flouretes de sainctes meditacions. (GERS., Pent., p.1389, 84). ...tellement que les piés du seigneur de Saintré furent assez plus hault que la teste, et sur l'erbe vert [Damp abbé] l'abati (LA SALE, J.S., 1456, 281). ...le varlet et la chambriere (...) apporterent la belle porée verte avecques beau lard, et belles trippes de porc (C.N.N., c.1456-1467, 486). Elle fist baloiz courre par tout, espandre la belle herbe vert partout en sa chambre (C.N.N., c.1456-1467, 571). Puis lui dist : "Sire, souviengne vous que les arbres, tant plus sont ilz vers et haulx, de tant plus sont ilz abatuz, et est souvent advenu que les cruelz lions ont esté pasture aux petiz oyseaux". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°). Prenostica aussi, deux ans devant, l'innumerable nombre de langoustes qui advolerent en France, qui firent ung dommage inestimable, car ilz mengerent tout ce qu'ilz trouverent vert sur la terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 v°).

 

-

Vert et flouri : Si m'abeli tant le demour Ou vergier par la grant planté Des arbres qu'on y ot planté Qui estoient vert et flouri, Qu'en un praielet m'embati. (MACH., D. verg., a.1340, 15). Car quant il voient le bosquet Vert et flouri et l'aube espine, Qui leur gorgette pas n'espine, Quant il en mengüent la greinne, Chascuns de bien chanter se peinne. (MACH., D. Lyon, 1342, 160).

 

-

Anis vert / gingembre vert / poivre vert... : ...3 livres d'annis vert (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 206). ...anys vert (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 174). ...une jatte de fin gingembre vert, une jatte de noiaux d'amandes, une jatte de poivre vert (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, a.1465, 124). Je donnay audit Hoyarbarach un pot de gingembre vert (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 63).

 

-

Pois verts : En potz de terre, poix vertz, et cuillers, baillez à Olive, pour faire des potages pour le roy (Comptes roi René A., t.3, 1476, 295).

 

-

Prov. : Sy est l'embuche desclose, Le signe cede a la chose, Cerimonie est forclose, Qui tenoit couverte et close. En vert bouton rouge rose (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 112).

 

2.

[P. ext. , appliqué à d'autres subst.]

 

a)

[D'une chose quelconque] : Et dist, sur ce requis, que ladite bourse de velueau vert il n'avoit oncques mès paravant le jour d'ui veue (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 10). Desquelles ysles celle(s) de Estrongol art jour et nuit sans cesser ; dont, pour la clarté du jour, les flambes ne se puent veoir, mais gette les grandes et merveilleuses flambes de fumees rouge(s), noire, verde, janne et de diverses coulleurs (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 142). ...comme celles [choses] que nous congnoissons par les sens corporelz comme les choses blanches, noires et verdes, doulces, ameres, dures, moles (Somme abr., c.1477-1481, 136).

 

-

Chambre verte. "Salle du Parlement de Paris" : Et cedit jour, a esté levée la Court à IX heures pour aler au Conseil en la Chambre Vert sur une burle que le pape Benedict avoit envoiée au Roy (BAYE, I, 1400-1410, 231). Cedit jour, se leva avant l'eure la Court, et d'icelle pluseurs des seigneurs alerent au mandement du Roy au Grant Conseil qui se tint en la Chambre vert en ce Palaiz (BAYE, II, 1411-1417, 138). Ce jour, la Court s'est levée pour aler en la sale vert oïr les requestes des Angloiz. (BAYE, II, 1411-1417, 191).

 

-

Cire verte. "Cire verte (utilisée sur lacs de soie pour sceller les lettres royales à valeur qu'on veut perpétuelle ou du moins permanente)" : ......unes lettres seellées en chire vert et en las de soie (Hist. dr. munic. E., t.3, 1335, 733). ...par lettres roiaulz, seelées en cire vert et laz de soye (Hist. dr. munic. E., t.1, 1347,,, 332). ...si comme est plus à plain contenu en noz lettres faictes sur ce, seellées en las de soye et cire vert (Responses roy de Fr. D., 1362, 83). Ce jour, entre les plaidoiries, survint maistre J. de Sains, secretaire et notaire du Roy nostre Sire en la Court, et presenta certeines lettres scellées du grant seel en las de soye et cire vert (BAYE, I, 1400-1410, 32). Ce jour, maistre Guillaume Le Clerc, conseillier du Roy en la Chambre des Comptes, et m. J. Chastenier apporterent et presenterent à la Court certaines lettres royaulz patentes, seellés de cire vert en las de soye (FAUQ., I, 1417-1420, 121). ...il obtint de nous noz autres lettres de grace et remission en laz de soie et cire vert pour avoir enfraint certaines treves (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1432, 230).

 

-

Vert heaume : Et puis livra cascuns o poing destre le branc, Vert elme et blan haubert et escu soufisant (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 88). [Autres ex. v. 4394, 6830, 9128, 11341 var., 16594, 17279.]

 

Rem. T-L XI, 327-328. Cf. M. Plouzeau, Senefiance 24, 1988, 591-650. L'adj. semble désigner la teinte du métal (plutôt que la brillance). Typique du genre épique.

 

-

Mer verte. "La Méditerranée" : ...depuis s'en ala en Egipte et la edifia une cite pres de la mer vert qu'il nomma de son nom Alexandre (GUILL. TIGNONV., Ditz moraulx philos. E., a.1402, 978). Et fu mis en une galée au port d'Alixandre sur la mer verde (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 269).

 

-

[D'un animal]

 

.

Raine verte. "Grenouille verte" : ...composa ung livre au roy Anthiocus de Sirye, après qu'il eut veu l'experience de la rane verte, laquelle il mist en ung pot neuf et l'en sepultura en my les terres à blef, lesquelles il recite au moïen d'icelle estre exemptées à tempestes et noximens de l'air. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 r°).

 

b)

[En partic. d'une étoffe] : S'estoit il biaus, car sans doubtance, Il estoit si bien abilliez, Si garnis, si apparilliez Et si joliement couvert D'un fin drap de soie tout vert Qu'on ne porroit mieus souhaidier, Ce croy, se Dieus me puist aidier. (MACH., D. Lyon, 1342, 164). ...et le despoillerent de sa robe, c'est assavoir : d'un mantel double de drap vert, et l'autre d'un vermeil d'Engleterre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 54). ...Guillaume de la Heuce s'est constitué acheteur d'une hopellande à usage de femme, de drap vert, doublée de cendail noir (FAUQ., II, 1421-1430, 346).

 

-

Empl. subst. "Étoffe de couleur verte" : Rien n'i vaut pelice vaire Ne robe de vert (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 120). Baillez ça ce surcot de vert Et cel pelice. (Mir. Berthe, c.1373, 195). Item, une houppelande de vert d'Engleterre fourrée d'escureux, longue jusques aus piez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...du drap dont il fist faire des chausses, et demie aulne de vert (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 29). ...celui qui avoit fait icellui larrecin estoit un escuïer de la court de la royne, que l'en appelle Guïot, hault homme et orguilleux, vestu d'un habit de vert (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 295). Par ma foy, fait elle, il n'y avoit si petite de l'estat dont je suis qui n'eust robe d'escarlate ou de Malignes ou de fin vert [var. de fin vert gay], fourree de bon gris ou de menu ver (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 8). ...il charga de faire robbes de satins et de vert (Cleriadus Z., c.1440-1444, 213). ...si je demandoie du gris de Rouen, ilz n'avoient que du vert de Montevilliers (Abuzé D., c.1450-1470, 74). J'acheteray ou gris ou vert, Et pour ung blanchet, Guillemette, Me fault trois quartiers de brunette Ou une aulne (Path. D., c.1456-1469, 54). [Bruno Roy, Médiévales 29, 1995, 12] Oncques ne vestit verd ne gris. (Serm. st Oignon K., c.1500, 450).

 

Rem. G. De Poerck, La Drap. médiév. en Flandre et en Artois, t.1, 1951, 40-42. Beaulieu-Baylé, Le costume en Bourgogne, 1956, p. 25-26.

 

c)

[D'un vêtement, d'une couverture...] : Surcot vert, cote jolie... (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 234).

 

-

Empl. subst.

 

.

Couvert de vert : Leur cheval estoient couvert L'un de jaune et l'autre de vert, De moult estranges couvertures Et de sauvages pourtraitures. (MACH., P. Alex., p.1369, 167).

 

.

Habillé / vestu... de vert : Ces barons sont en leur ordene vestu de diverses couleurs : les premiers sont vestu de vert, les second de sanguine, le tiers de gaune (JEAN LE LONG, Voy. Odoric C., 1351, 378). Mais leurs gens vestent si ensamble Que riens n'i a qui se ressamble, Car li uns est vestus de pers Qui en cuide estre plus apers ; L'autre est entortillié de vert ; Li autres a son corps couvert De camelin ou de fusteinne, De toile ou d'autre drap de leinne ; L'autre l'est de noir ou de blanc ; L'autre l'est plus rouge que sanc (MACH., C. ami, 1357, 131). Les archiers doivent avoir leurs arcs tenduz davant qu'ilz partent de darriere les chevaux, et doivent estre vestuz de vert, et leurs arcs aussi verz, soient arbalestes ou autres. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 274). Il me fut dit que l'evesque de Munstre, qui n'est point des grans, y mena six mil hommes de pied, quatorze cens hommes de cheval et XIJc charriotz, et tous vestuz de vert. (COMM., II, 1489-1491, 13).

 

d)

"Verdâtre"

 

-

[Du lait d'une nourrice, signe de mauvaise qualité] : Que son lait sur l'ongle se tiengne, Et ne soit vert (DESCH., M.M., c.1385-1403, 101). [Contexte métaph.] Soyons bon et juste prelat, Et n'alaictons plus la nourice Qui porte le laict d'avarice Faulx, desloial, vert et pourry, Dont nous avons esté nourry, Et qui tant nous a diffamé Et corrompu et affamé. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 171).

 

.

Fromage vert. "Fromage de couleur verdâtre ? Ou fromage avec des herbes ?" : ...ung grant quanteau de pain de soile et ung grant lopin de fromage vert. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 290).

 

-

[Du teint] : En pou d'eure eut couleur trois foiz Roulant mué ; Premier devint plus vert que n'est herbe de pré, (...) La tierce fois que arrement plus noir destrempé (Galien D.B., c.1400-1500, 96).

B. -

P. méton. "Où il y a de la verdure, des herbes..."

 

1.

[D'un lieu] "Qui est couvert de verdure, d'herbe verte" : "Sire," dist il, "ci près a un jardin Vert et flouri ou il a grant tintin De rossignols ; s'i vins hui a matin, Pour escouter Leur biau service et leur joli chanter, Comment que po s'i peüst deporter Mon cuer que riens ne porroit conforter..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114). Si vi venir par une estroite voie Verde et herbue Ceste dame qu'avec moy est venue. Si me sambla de maniere esperdue, Si que tantost pris parmi l'erbe drue Mon adresse ay, Et mon chemin droit vers li adressay. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 114). Einsi fis mon chant et finay Et au guichet m'acheminay Par le chemin qui fu tout vert ; Mais ne le trouvay pas ouvert, Car einsi com je le fermay, Estoit ; adont le deffermay. Quant ouvers fu, je passay outre Et le refermay bien au ploutre. (MACH., R. Fort., c.1341, 111). En un vert jardin joli Endormi estoie Dessouz un rosier flouri. (MACH., App., 1377, 647). ...et si n'oblirés pas a verser, en cez hanas riches et biaux, de cez bons vins delicieux, qui ne seront pas de Vitri, ne de Baineux, mez seront d'aultre contree, vers et vineux (Songe verg. S., t.1, 1378, 40). Et le doulx chant des oysillons Qui retentist ou vert boscage (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 143). De ce trop fort me merveillay Et encor a veoir veillay Lieux et voies, de flours couvertes, Plus belles qu'autres et plus vertes Entour la fontaine par voies (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 36).

 

-

Empl. subst. "Verdure" : Et quant vient vers la Saint Martin, Fueille et flour et toute verdure Couvient tourner en pourreture Pour le froit et les temps divers Qui s' approuchent, pour les yvers Qui trenchent d'arbres et de prée Tout le vert a leur froide espée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 191). E, dea, maistre Verdier, vrayment, Reverdi comme vert montant, Vous farsez vous ? (Pipée R., c.1470-1480, 148). Puis sur le vert marchons a contrepois Pour amasser febves en contre poys, Pois contre febves es jardins et aux champs (LA VIGNE, S.M., 1496, 331).

 

Rem. Doc. 1371 (DU CANGE, viride1) ds TLF.

 

-

"Plante, végétal" ( (Éd.)) : Bissus ["lin"] est vers naiscens de terre Et de boys (DESCH., M.M., c.1385-1403, 249).

 

2.

[De choses]

 

-

Chapeau vert. "Couronne de verdure qu'on porte à la fête du premier mai, symbole de la joie et de l'espérance" : Mais quant amans en esperence sert, Tres dous Penser le fait cointe et apert, Quant n'est avere S'amour de li donner un chapiau vert. Mais cils qui vit en tristesse dessert Qu'il ait son chief de soucie couvert Triste et amere. Si que je vueil entroublier le mal De tristece, car il me siet trop mal. (MACH., F. am., c.1361, 175). ...de petis enffans, vestus de toille blance, ayant cappeaulx vers et portans petites vergues blances (Entrées roy. G.L., 1463,,, 185).

 

-

CUIS.

 

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Puree verte. "Purée de légumes verts" : ...la porree verde (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 136).

 

.

Sauce verte. "Sauce à base de jus d'épinard, ou à base d'herbes" : Sausse vert, sausse alemendée... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 187). ...Ne saulce vert ne cameline (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 22). Item aussy tous espiciers et aultres personnes qui s'entremettront de faire et vendre saulces, a Paris, comme cameline, saulce vert, saulce rappée, saulce chaude, saulce a composte, saulce moustarde et aultres saulces (Mét. corp. Paris L., t.1, 1450, 507). Sausse verde, sausse rapee... (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 261). La Ve medecine est persil, duquel les feulles pilees avec verjus, ou vin blanc, est faicte saulse verde a mengier viandes roties. (Rég. santé corps C., 1480, 58).

 

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Couleur verte : ...et pour faire une couleur verde prennés de persy une grant quantité (...) et si soit bien et fort broyee et puis meslee avecques lesdictes cleres et de orve de farine ensemble (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140).

 

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[Mets avec une sauce verte ?] : ...les espalles de moustons verdes qui soient mengees a la saulce du sanc desdictes espaulles (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 172).

 

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Empl. subst. Vert de Sirree. "Mets de couleur verte, supposé d'origine syrienne"

 

Rem. S. Wolf, Lexikologisches in den kulinarischen Rezepten aus der Handschrift BL Roy. 12. C. XII [1ere moitié du XIVe s.], Z. rom. Philol. 110, 1994, 61.

 

3.

Vert temps. "Saison de la verdure, printemps" : ...la tresbelle Saison, que printemps on appelle, La Dieu mercy, qu'ay desirée, Où toute rien se renouvelle, S'est du sec au vert temps tirée. (CHR. PIZ., J. d'Arc, 1429, 28).

 

-

Empl. subst. Entre le vert et le sec. "Au commencement du printemps, en temps de carême" : ...lors doit il donques en temps de caresme, entre le vert et le sec, fere ses hayes. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 251).

C. -

En partic.

 

1.

[D'un fruit, d'un végétal]

 

a)

"Qui est encore vert et acide, qui n'est pas mûr" : ...le prince si a mangié la grappe amere et verte (Songe verg. S., t.1, 1378, 240). [Contexte métaph.] Lors m'abaty de l'arbre de Plaisance, Vert et non meur, Folie, ma maistresse. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130).

 

-

[De la fleur encore en bouton] : ...aux vertueux Qui cueillent la rose verte (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 822).

 

-

Loc. fig.

 

.

Bailler prune verte ou mëure : Ay ! Fortune, Qui es forte une, Preste et commune De baillier prune Verte ou meüre, quant tu veulz ; Ta force aüne Biens et peccune, Puis prent rancune, Si desaüne ; Einsi le fais et faire soels. (MACH., Lays, 1377, 476).

 

.

Bailler un tour trop vert. "Faire une chose inconvenante (ici un pet)" : LUCIFFER. Or, qu'il n'y ait coing ne carriere D'enffer, que tout ne soit ouvert ! Ung tour nous a baillé trop vert ! Brou ! je suis tout enpuanty. Tu as mal ton cas recouvert ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 241).

 

Rem. DI STEF., 885c ; cf. Recueil Cohen 52, 166 et 754, où vert qualifie également un pet très malodorant : Tu l'as tiree verte et meure, Tu n'as en toy nulle raison / Tu la m'as baillé très verte, C'est par Dieu toute pure merde.

 

b)

Empl. subst. masc. : [Contexte métaph.] Et se Dieu me donne grace de continuer mon oeuvre et de reciter les haulz faictz que j'ay veuz de luy, en moi acquitant de dire verité, je monstreray evidemment que bel et delectable fut le verd et la fleur dont le maeur ["la maturité"] et le fruict est de si haulte perfection (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 335).

 

-

Loc. fig.

 

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Entre le vert et le meür : Il est bien voirs qu'elle vous mande Nom pas qu'elle le vous commande, Mais d'un mandement par tel guise Qu'il vaut auques près commandise ; Non prier et non commander, Einsi li plaist il a mander, Entre le vert et le meür. Mais tenez ce point pour seür, Que c'est bien de s'entencion Que, sans point d'excusation, Venrez a li moult liement ; Elle le croit fiablement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 160). Mais moult estoit sage et rassise, Et fu d'aage si seür Qu'entre le vert et le meür Estoit sa trés douce jouvente, Plus qu'autre simple, aperte et gente. Moult bien estoit acompaingnie De belle et bonne compaingnie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 176).

 

.

Manger son blé en vert. "Manger ses revenus d'avance"

 

Rem. ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 14.

 

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Prendre qqn sur le vert. "Prendre qqn au dépourvu" : LE IIIe GALANT. Sy conterons nous vos pastés, Monde, quelque jour qui viendra. LE MONDE. Toutefoys n'en mengerés ja, Car vous m'avés pris sur le vert. (Troys Gal. P., c.1445, 45).

 

c)

Empl. subst. fém. : ...si je treuve homme qui me vueille sieuvyr, j'en auray une verte. Aussi dit-on que quiconques n'en cueulle des vertes, il n'en mangera pas de meures. (BUEIL, I, 1461-1466, 61).

 

-

Loc. fig.

 

.

[Pour marquer l'alternance du bon et du mauvais] Entre deux vertes une meüre./Entre deux meüres une verte : D'entre deus meurez une verte Vous fault servir, pour voz labeurs. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 401). Entre deux verdes une meure. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194). Entre deux verdes une meure. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 180). [Aussi p.201, 664, 829 ; N. Dupire, Molinet, 1932, 204] Entre deux vertes une meure. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 13).

 

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 90. Morawski, 694.

 

.

Gouster les vertes pour les meüres : Trop grant seurté engendre peril grief, Et par traison maine l'homme a meschief Et a douleur qui n'aura jamais chief, Car quant t'asseures Et tu cuydes estre aliances seures Et ne le sont, tu souffriras blesseures Et gousteras les verdes pour les meures (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 82).

 

.

Bailler de belles, de vertes et de meüres à qqn. "En faire voir à qqn de toutes les couleurs" : ...le bon homme a assez a endurer et se porte fort son fait, si el est proude femme. Et si elle est aultre, qui advient souvent, pensez qu'il a assez a souffrir et si el lui en baille de belles, de vertes et de meures ! (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, *1).

 

.

En donner des plus vertes à qqn. "Dire à quelqu'un des paroles blessantes, outrancières" : Voire ! de par le deable, voire ! Sanctorum miron myrïelle, Ne huy n'eust fait tel kyrïelle, Ce n'eust esté pour nous larder, Mocquer, despriser, raffarder ; Il nous en donne des plus vertes ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 391).

 

.

En ouïr de vertes. "Entendre des paroles blessantes, outrancières" : Va fere une cource, beaul sire, Pour sçavoir se tu orras dire Quelque chose toichant mon cas. Pran les grans oreilles Midas Et les tiens droictes et ouvertes, Et tu en ourras de bien vertes ; Mais ne faiz pas semblans de rien. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 170).

 

2.

Vin vert. "Vin sec, acide (comme le fruit qui n'est pas mûr)" : De vo vin blanc (...) Et du plus vert... (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 106). Les grappes plus vers font plus vert vin ; les moiennes font vin puissant et mieulx durant. (Rustican H., 1373-1374, 95). ...si advient aucune fois par accident de froidure ou gelée ycellui vin nouvel cueilli estre vert cru [l. vert, cru ?] et mal proffitable, comme cellui qui n'est mie en boiçon ; mais, lui laissié en tonneaulx croupir au long d'iver, à la gellée, avient souvent que celle verdeur se tourne en bon vin et en meureté couvenable (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 30). ...et que il y a des bons vins, car ceulx de par deça sont tant vers qu'ilz font aux gens mal en la gorge (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1454, 447). Le second [inconvénient] est exasperation de la gorge ou la voix ravocque font aulcuns vins de grande rougeur, a cause de leur secheresse et terrestrieté. Et icelluy inconvenient aussi font les vins, "Et potius verius de Brabant," a cause qu'il sont fort terrestre et vers. (Rég. santé corps C., 1480, 39-40).

 

3.

[D'un végétal] "Qui a (encore) de la sève, qui n'est pas sec" : En une de ses mains tenoit Un maillet et en l'autre avoit Unes bonnes verges cinglans, Grelles et vers et couroians (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 64). Le colom revient en bonne heure. Je voy bien que la terre est seiche A ce qu'il apourte en sa bouche Ung rain vert d'ung abre d'olive. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 28). En s'endormant joyeusement aux champs Des doulx oyseaulx sur branche seiche ou verte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 331).

 

-

Bois vert. "Bois vivant, partie vivante d'un arbre" : Item, pour un faiz de vif bois vert prins hault, deux soulz, et pour un faiz de vif boiz prins bas, XII d., hors deffens. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 57). ...la moitié de tout le bois estant en ladicte forest, tant verd comme sec, où puet avoir 112 bonniers, dont l'autre moitié par indivis appartient à reverent pere en Dieu ledit abbé de Corbie (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 166). ...IIIcXXIII aisselles tant de chesne comme de bois vert (Comptes Lille L., t.1, 1438-1439, 364). J'allumay ce feu de bois vert En cuydant la cendre ravoir (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 115). ...pour secourir le povre peuple, les gens des villages amenerent en ladicte ville à chevaulx et charrois grant quantité de bois vert. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 105). Lors les gens diront, comme voy, Es montaignhes : "Tumbés sur nous !" Et es valees en briefz motz : "Rescoudés ces gens maleureux !" Car si en vert boix virtüeux, Comme je suis, teulx choses font, En boix sec, helas, que faront ? Certes, du pis ! [Réf. à Luc 23, 31] (Pass. Auv., 1477, 191).

 

-

Busche vert : L'ostel estoit povre et desert Et n'y avoit fors buche vert, Si eurent de fumee assés (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 187).

 

-

Empl. subst. "Partie vivante d'un arbre" : Item, se il [le bois] est sec, ilz le pevent abattre au long sans ferir au vert et sans amende (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 70). Item, ilz pevent escoupellier un arbre quant il est vert et sec, sans atouchier au vert (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 72).

D. -

P. anal.

 

1.

[Idée d'immaturité, de début (comme pour le fruit encore vert, qui n'est pas mûr)]

 

a)

"Qui n'a pas encore reçu de préparation"

 

-

Cuir vert. "Cuir qui n'a pas encore été corroyé" : ...vendeurs de cuirs vers de beuffs ou de vaches (Actes Jean V Bret. B., t.5, 1441, 34). Lesquelz cuirs tant vers que secz qui demourèrent en ladicte maison furent venduz par ledit Bonhommet à ung nommé Girart le Conte et aucuns autres de la ville (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 550). Et en conclusion il ne trouva marchant qui plus voulsist donner desdiz cuirs que Jehan Roy marchant demourant audit lieu de La Rochelle, auquel Jehan Roy il vendit deux lez desdiz cuirs, lesquelz deux lez estoient de cuirs vers, pour le pris chacun lé de soixante escuz ou environ (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 611). ...et si les souliers et cuirs (...) sont trouvez vers et non bien tannez... (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1491, 306).

 

b)

Au fig.

 

-

Verte jeunesse / vert jeune age. "Pleine jeunesse" : Je cogneuz au temps de ma verte et plus vertueuse jeunesse deux gentilz hommes (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...un roy (...) en vert jeune âge, en vertus toutes propres à conqueste... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 336).

 

.

"Jeunesse un peu folle" : Jamais jeunesse n'est bien seure ; Maintenant rit, maintenant pleure, Maintenant jure, Puis se repent d'avoir juré. Jeunesse verde si ne meure, Fort pejeure, Tant que le jeune est ostiné. (Pass. Auv., 1477, 117).

 

2.

[Idée de vigueur (comme pour le végétal en pleine saison), de vivacité]

 

a)

[D'une chose concr. ou abstr.]

 

-

"Vigoureux" : Les martirs par tourmens divers Nous moustrent leurs courages vers (DESCH., M.M., c.1385-1403, 253). Mercure en grande diligence Ses semences sema vertes et vives Pour cueurs vaillans et desirs optatives (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 21). ...quand ilz eurent mis pied à terre pour donner l'assault, ilz furent tant virilement recoeulliéz et servis d'engiens et de copz de main par les capitaines (...) qu'il reculèrent honteux, tristre et à leur très grande confusion, fort esmerveilliéz de trouver illec sy vert recoeul (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 336). LE DUC. Somme, j'ay le courage vert, L'entendement assez ouvert, Le bras subtil, la main legiere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 184). L'ENFANT [ressuscité]. (...) Mais j'ay par vous les yeulx ouvers, Esprit, sens et entendement, Les membres du corps saincts et vers, Dont je vous mercye humblement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 492).

 

.

Verte veine. "Vigueur (en partic. sexuelle)" : Telz fait souvent bien le religieux Et telle fait aussi la Magdalaine, Portans cotes et habis marmiteux, Qui ont toudiz aussi verde la vayne (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 9). Ma verte veine, Dieu mercy, est encore en bruyt. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 281). A l'aventure, Pour aucun des fais de nature, J'ay encore une verte vaine. (P. moyne, a.1500, 51).

 

Rem. Doc. 1471 ds K. Baldinger, Z. rom. Philol. 96, 1980, 187.

 

-

"Solide, résistant" : Le fil de la quenoille est vert, Et si delié pour s'enfiller Que le grant diable de Vauvert A peine s'en peult desmesler. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 237).

 

-

[D'un débat] "Vif" : Et celluy soir fit ledit messire Jaques l'accord de Tristan de Toulongeon et de Gerard de Rossillon, qui, pour ung vert debat, par jeunesse, s'estoient combatuz (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 202).

 

b)

[D'une pers.]

 

-

"Plein de verdeur, de vivacité ; plein de fougue, fougueux" : Ferez ["frappez"] en eulx : soiez vistes et vers (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 91). Tousjours fut folz, juenes et vers. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 31). Et avient souvent que le jeune homs, qui est vert et requoquillé, se marie a une jeune bonne fille et proude femme (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 57). ...le seigneur de Ternant (...) qui estoit jeusne chevalier vert et vineux ["énergique"]... (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 30). Jacotin (...) qui estoit un vert compagnon et de légère sorte... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 41). LE PERE. (...) Il est en l'aage de ses dix huyt ans, Jeune, vif, vert, puissant et vigoureux, Gorrier, dehait (LA VIGNE, S.M., 1496, 172).

 

-

Teste verte. "Personnage agité, tête folle" : ...et combien qu'il y pouvoit avoir de vertes testes, pour mettre leurs vies sur le coup d'un hasart... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 246). Je ne scay plus ort pautonnier, Plus paillart ne teste plus verde Qu'Arsenicq, destrempé de merde (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 207).

 

Rem. DESCH., M.M., c.1385-1403, 31. Teste verte, personnage de Sots triumph., c.1475, est un fou d'une grande vivacité.

 

.

Vert de teste : ...hom Vert de teste et oppiniatre, Haultain, haulsaire, et tout follastre (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 703).

 

-

Estre en son vert. "Être en pleine vigueur" : ...et le conte de Charrolois y estoit en son verd et croissoit en jours et en force de corps (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 333).

 

c)

Empl. adv. (Prendre / reprendre qqn) vert. "Vigoureusement, vivement, énergiquement" : Vous me volez trop vert reprendre. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 175). ...qui trouvèrent en barbe la compagnie de monseigneur de Nassou qui les despescha et les print sy verd qu'il n'eurent loisir de bender ars ne de tirer espées (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 308).

 

-

Les choses prennent vert. "La réaction est vive" : Quant aux peuples, les choses prannent vert [,] Aux gouverneurs (...) En maint pais sont esmut et dispert (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 267).

 

-

Le prendre moult vert. "Réagir vivement, énergiquement" : Mais les Englois, qui desiroient a passer, le prissent moult vert, car bien sçavoient que les François les poursievoient, et si veoient lors ennemis d'aultre part la riviere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 711).

 

3.

[Idée de fraîcheur (comme pour le végétal (encore) plein de sève)]

 

-

[De l'eau] "Frais, froid" : Et icelle samblable sentence declare Avicenne en la IIIe distinction au chapitre de debilitation de la veue quant il dit : se baigner en eaue clere et verde et les plongier en icelle, et ouvrir les yeulx dedens selon qu'il est possible. (Rég. santé corps C., 1480, 4).

 

-

[Avec interférence de la couleur et de la fraîcheur, p. allus. à l'unguentum viride, qui a le pouvoir de nettoyer] : Et celle save si est fait des herbes, et si est tresbone chose a garrir et tost (...) et le mette homme en ascun licour et le boit homme ; et si vert com il entre la bouche, ausi vert elle s'en ist a la plaie et nettoie tresbien les plaies de lour ordure. Et ensi puisse jeo bien dire qe un tout soul goute de vostre chier leet, ma douce Dame, me soeffiroit assez pur garrir mes plaies. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 134).

 

Rem. Cf. E. J. Arnould, Ét. sur le livre des saintes méd., 1948, XCIII, au sujet du grene oynement.

 

-

Au fig. "Frais, récent" : Ces chiens dervés ont les dens tous divers (...) ; Jamés n'est sec leur mors, mais toudis vers (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 633).

 

-

Loc. fig. En vert et en sec. "En toute situation" : ...et qu'en verd et en sec ils vous adhèrent et souspirent envers vous, et se fient et confient finablement de grâce et de rémission par eux prosterner en terre devant vous (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 300).

II. -

Subst. masc. et fém.

A. -

Subst. masc. "Couleur verte" : La couleur de pers est clamée Asur, s'elle est a droit nommée, Le rouge gueules, le noir sable, Et le blanc argent ; mais sans fable Je te di qu'on appelle encor Le vert sinople et le jaune or. (MACH., R. Fort., c.1341, 68). Entre le blanc et le rouge est palle prés du blanc et le jaune plus prés du rouge ; entre le rouge et le noir est le pourpre plus prés du rouge et le vert plus prés du noir, sicomme dit Aristote ou livre du Somne de la Vegille. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 371). ...deux pieces et demie de satin cramoisy figure de fueillaige mi parti de deux vers et de petites fleuretes blanches dont on a fait une houppelande longue à grans menches (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 175).

 

-

Vert brun. "Couleur vert foncé" : ...un chapperon de [drap] vert brun (Comptes Lille L., t.1, 1411-1412, 28). ...IIII aulnes d'autre drap vert brun pour faire doubleure à ladicte robe (Comptes Lille L., t.1, 1412, 77).

 

-

Vert encre. "Couleur vert foncé" : ...4 aulnes et demie de [drap] vert encre de Brucelles (...) pour faire deux houppelandes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 273). ...la tainture estoit si chere que une aulne de drap à taindre en vert ancre coustoit XIIII solz parisis (Journal bourgeois Paris T., 1420, 136).

 

-

Vert gai. "Couleur vert clair" : A lui le roy au matinet s'appert La dame, vestue de vert ; De [drap] vert gay fu, c'estoit raison, Aussi le devoit la saison, Car c'estoit au plus fort d'esté Que la ot veillé et esté. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 307). ...XIII aulnes de [drap] vert gay (Comptes Lille L., t.1, 1412, 76). ...11 aulnes un quartier de [drap] vert gay à couvrir lesdiz harnois (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 671). Item, six autres carreaulx de satin vert, vielz et usez, quatre vers gay et deux vers herbu (Doc. 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 84).

 

Rem. Sur le drap vert gai, cf. GAY II, 469a. V. vergai.

 

-

Vert herbu. "Couleur verte de l'herbe" : Item, six autres carreaulx de satin vert, vielz et usez, quatre vers gay et deux vers herbu (Doc. 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 84). Item, ung petit dossier, de tappicerie d'Arraz sur leine, à enffans, oyseaulx et rainceaulx sur champ vert herbu, contenant six aulnes. (Doc. 1422. In : J. Guiffrey, Bibl. Éc. Chartes 48, 1887, 98).

 

-

Vert perdu. "Couleur vert foncé" : ...I quartier de fin [drap] vert perdu dont on a fait pour mondit sr de Charrolois une robe et un chapperon (Comptes Lille L., t.1, 1412, 76). Le cercueil si sera tandu D'un poelle de [drap] vert perdu (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 74). Et puis quatre paire de chausses (...), Les deux estans de demie graine Et les autres d'un [drap] verd perdu (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 62). [Ausi p.51] [C]hiere contrefaicte de cueur, De vert perdu et tanné painte... (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 525).

 

-

[Symbole de l'abstinence] : ...quel roy ? celui qui donne le bougueran de continence, la pourpre de pacience, (...) le vert d'abstinence (Mir. st Val., c.1367, 123).

 

-

[Symbole du renouveau, du changement, de l'amour, mais aussi de l'inconstance] : Le noir te moustre en sa couleur Signefiance de douleur, Blanc joie, vert nouveleté, Et le jaune, c'est fausseté. (MACH., R. Fort., c.1341, 69). Car jaune, c'est fausseté, Blanc est joie, vert est nouvelleté, Vermeil ardeur, noir deuil ; mais ne doubt mie Que fin azur loyauté signefie. (MACH., L. dames, 1377, 235).

 

Rem. Cf. aussi chapeau de vert (de celui qui est trompé) ds DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 114. Pour l'amoureux habillé de vert, cf. HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 62, 70, note des v. 974, 1154 ; MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 4, 26 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 627 ; Amant cord. M., 1490, 23 (et note du v. 496) et 61 ; SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 113 (v. 2655)...

 

.

Au lieu de bleu se vestir (de) vert. "Être infidèle, changer d'ami" : Mais je voy bien que finé sont mi jour, Quant je congnois et voy tout en appert Qu'en lieu de bleu, dame, vous vestez vert. (MACH., L. dames, 1377, 218).

B. -

Subst. fém.

 

1.

La verte. "La campagne"

 

-

Faire la verte. "Sortir dans la campagne" : Et quant la nuit est acordee Pour acomplir ta destinee Et tu troevez la porte ouverte [de l'amie], S'elle te huche, fay la verte Et passe oultre sans sejourner Et va tous jours sans arester. (Ovide remede amours H., p. 1300 [1400-1430], 98).

 

2.

[Par omission de feuille ? cf. feuille de mai] "Verte saison, printemps (?)" : A la verte [feuille (?), il doit avoir] branche verte et sesche par un abateur et un allaigneur, tant seullement ou l'un d'eux, lesquieulx abateur ou alaigneur sont présents une foiz au verdier en ses ples pour estre jurés. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 242).

 

Rem. Cf. ex. cité par GD, s.v. alaignier : «...sont tenus (...) coupper et abattre [lesdits bois] par dedans le premier jour de may». Cf. aussi supra vert temps.

C. -

Vert de gris. V. vert-de-gris
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     VERT-DE-GRIS     
FEW XIV 514a viridis
VERT-DE-GRIS, subst. masc.
[T-L : vert (vertdeGrece/vertdeGrice/vertdegris) ; GDC : vert (vertdegris) ; FEW XIV, 514a : viridis ; TLF : XVI, 1067b : vert-de-gris]

"Vert-de-gris, rouille de cuivre" : Elle semble avoir la jaulnice Destrempee de vert de Grice (Liber Fort. G., 1346, 155). Le faux azur est fait de fort vin aigre geté sur plates de plomb qui sont mises sur sermans de vigne blanche. En ceste maniere fait on le vert de gris, car sur plates de arain on gette du fort vin aigre et les lesse l'en enrouillier, et le rouil qui y vient est vert de gris qui mengüet et ronge la char morte de sa nature. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 383). ...un petit baril de vert-de-gris (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1402, 270). ...armoniac, ung petit, et autant de vert de grisse (GUILL. VILLIERS, Hipp. P.-D., a.1456, 130). ...fleur d'airain aultrement vert de gris (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 9).

Rem. MONDEVILLE ds TLF (vert de Grice). Doc.1464-1465 ds GDC X, 849c. Cf. aussi vert de grisse, Chir. chevaux P., c.1325-1350, 371 ; verdegrice, Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 4171. Déb. hér. armes P.M., c.1454-1456, 147 (vert de gris). H. Lewicka, Les Comp., 1968, 70.
 

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