Empl. trans.

A. -

"Mettre dans une malle" : ...ung marchant (...) qui avait plusieurs jouyaux faulx, lesquelz il avoit appareilliéz et enmalés pour porter hors du païs, lesquelz jouyaux il avoit fait forgier et de sa main et les avoit garnis de faulces pierres et assis sus fausses pierres (Industr. Paris F., 1438,,, 300).

B. -

P. ext. "Emballer, envelopper" : Et, se de tetins est desmise, Il couvient faire en la chemise De celle cui li sains avale, Deux sacs par maniere de male, Ou l'en fait les peaulx enmaler Et les tetins a mont aler (DESCH., M.M., c.1385-1403, 49).
 

"?" : Pour quoy, dea, te faisoies tu roy, Quant tu es ung petit varlet ? Fait il bien le chemin malet (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 58).

REM. Il s'agit d'une parole de dérision adressée au Christ par un des bourreaux juste avant la crucifixion. D'apr. G. Roques, R. Ling. rom. 56, 1992, 335-336, «faire le chemin malet doit souligner une torture infligée au Christ et l'on pense à une altération du cheval malet (v. Rézeau RégOuest...)». P. Rézeau, Dict. des région. de l'Ouest, 1984, 101, s.v. cheval-malet mentionne un texte poit. de 1394 publié ds les Arch. hist. du Poitou, t.24, 1893, 176 (d'apr. le registre JJ 146 des Arch. nat., n° 208, f° 108 : «des parroissiens de Saint George de Petindoux (...) avoient un cheval malet que demennoit un appellé Fouschier, et aussi avoient un autre cheval malet yceulx parroissiens de Nyeuil, que Guillaume Giraut demennoit, pour eulx esbatre»). P. Rézeau définit cheval malet comme un jeu où figurait un cheval de bois dans lequel s'introduisait un homme chargé de lui donner le mouvement. L'étymol. du mot malet est indiquée par P. Rézeau : «il s'agit d'un dér. de malle, à rapprocher de la loc. ang. poit. porter à la malette "sur son dos, comme une hotte" (...) FEW XVI, 508a». Dans la bouche du bourreau du Myst. Pass. Amb., l'expr. faire le chemin malet est probablement une allusion ironique à la croix que le Christ portait sur son dos en allant au lieu de la crucifixion.
 

Cheval mallier. "Cheval qui porte la malle, qui sert au transport" : ...et ou cimitiere d'ilec ou environ, encontrerent aucuns des parroissiens de Saint George de Petindoux, lesquelz avoient un cheval malet que demennoit un appellé Fouschier (Doc. Poitou G., t.6, 1394, 176).

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Empl. subst. [P. ell. de cheval]

Rem. DIGULL., imprimé c.1500, ds GD V, 122c (ung malier Et ung rocin a chevauchier).
 

"Coffre de bois ou de cuir dans lequel on emporte ses effets en voyage, malle" : ...pour 4 malles et 4 bahus, bailliés et délivrés en ce terme à Thomas de Chaalons, coutepointier le Roy, pour charger dedens la coutepointerie et tapisserie des chambres du Roy et de Nosseigneurs, et porter hors de Paris aus termes de Pasques et de Toussains (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 122). Nous venons d'un po besongnier Et de ceste male gaingnier Qu'en mon braz port. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 5). "Je veuil bien que vous emportez ce que porter en povez devant vous en malles et en sommiers, et non autrement." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 44). Et revenoient (...) les aulcuns qui s'estoient enhardis et avanchis d'entendre au pillaige et à la roberie, bien montez et bien furny d'or et d'argent et des grosses malles. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 132). ...une grant male de cuir fauve, garnie de toille par dedens, de courroies et de bloques, ainsi qu'il appartient, à tout un grant bahu à mettre par dessus ycelle malle. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 180). ...en alant aux noces mons. de Berry, et lui estant à Montbason, il print et embla en la male du sire de Partenay, une houppelande vert, une cueiller d'argent et certaine quantité de fretin d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 30). ...ledit escuïer portoit une sainture couvertes de pelles semez, à boucle et mordant d'argent, et quant il ne la portoit, il mettoit icelle en sa male (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 40). Et dit que, en la ville d'Ippre, il fu consentant d'embler aus Bretons deux males garnies de tasses d'argent, de robes et d'autres choses, dont il ot à sa part deux tasses, qu'il vendi, à Yepre, six frans. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 96). Achat de selles, males, bahuz, harnoyz de joustes, houseaulx, souliers, pourpoins, et autres choses. (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 175). Je croy qu'elle vouldroit le masle. Que feussions nous en une male, Nous deux ensemble mis en serre ! Je rotasse la dure guerre, Qui met tel broullis en son ventre. (Narcissus, p.1426, 288). En ce temps, ung nommé Alixandre Lorget natif de Paris, qui estoit homme d'armes de l'ordonnance du roy notre sire soubz la charge et compaignie du seigneur de la Barde, s'en ala et absenta de Paris pour soy aler rendre à Saint-Denis à mons. de Berry, qui ilec estoit, et si en ala à lui cinquieme, et avecques lui en emporta toutes ses bagues et sa male. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 113). JHESUS. Mes enfens, vous avez congnu Comment je vous ay envoyé Prescher au peuple desvoyé En mainte saison dure et male, Sans sac, sans souliers et sans malle, Et sans avoir bource ou peccune. [P. réf. à Luc 10, 4] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 672).

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Une malle de. "Une malle pleine de" : ...achat d'une aulne et ung tiers de toille cirée, pour une malle de drap pour ledit seigneur (Comptes roi René A., t.2, 1451, 3).

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Malle de chambre/de matelas. "Malle réservée au transport des tentures et des matelas" : Pour unes bouges, 2 malles de chambre, une grant malle de matheras, et 2 coffres pour sommier, achatez de Renier le Picart, coffrier (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 180).

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N'espargner bahuts ne malles. "Ne pas ménager sa peine" : Sus, messire Jehan de la Polle, Et vous, sire conte d'Escalles, Menez voz gens a une folle Et n'espargnez baheuz ne malles ; Y sont venduz ainsi que es halles, James ne vous eschapperont. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 323).

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Porter/traisner qqc. en sa malle : Non, et par Dieu, Se t'estois me femme en ce lieu, Vausis ou non vausis, gargate, Tu dirois les mos bien en hatte. MIQUELETTE. Je diroie ainchois que les deaulles Te peussent trainer en leur maules Et te desquirer piece a piece. (Mandel. T., c.1450-1475, 187). Ça, messire Jehan Facestot, Vous aussi, le conte d'Escalles, Fault il endurer ce sanglot Ainsi comme huistres de Quancalles, Et le porter dedans noz malles Tant qui les failler [l. qu'i[l] les faille(r)] deffermer ; Apres, montrons noz triqueballes Qui a aucuns seront amer ! (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 673).
 

I. -

Empl. trans.

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"Charger (une bête de somme)" : [Portrait satirique de femme] Court a le col et gros a demesure, Maiz des tettes se scet bien acemer : Troiz piez en a, qui a droit les mesure, Jusqu'es jambes li voit on avaler ; Elle en a bien pour un roucin maler (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 23). Dont s'en vont al hosteit, si cargent leur avoir, Leurs chevals ont malleis (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 721).

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"Mettre (les bagages) dans des malles, les préparer pour le transport" : Ponthus appelle ses chambellens et ung escuier et leur demande et commande que ilz mectent en malle [var. q. i. troussassent et malassent] ce que mestier lui est. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 87). Et quant tout fu troucet et mallet, le roy commença ses osts a esmouvoir (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 20). [Autre ex. p.28]

II. -

Empl. abs. : Apres [l. Aprés] commenchont à maleir, Leveir leurs tentes et leur bagaige (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 374).
 

"Qui sert au transport" : Il manda au bailliu qu'il payast et delivrast a Woltre le siellier, pour sas mallerés que ont avoit eut a lui, XIIII frans. (Arch. Nord, 1392, B 10337, f° 7, IGLF). Et si seoit sur ung sac mailleraic, ou il estoit bien apparant qu'il y eust les armes pour ung chevallier. (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 599).

Rem. Doc. 1338 (Valenciennes, sas maleres [l. malerés]) ds GD V, 115c.

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Selle mallerece. "Bât"

Rem. Doc. 1393 (Douai, la selle mallerece) ds GD V, 115c.
 

"Fabricant de malles" : Item, sur la maison Jehan Catier, assise en la rue Auberi le Bouchier, tenant d'une part à Jehan de Vanves, maletier, et d'autre à Geffroy Martin, treise solz quatre deniers parisis. (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1348, 322). ...doresnavant tous malletiers, selliers et lormiers pourront, se il leur plaist (...) ouvrer et faire ouvrer et vendre ouvrage et marchandise de coffres à sommier... (Mét. corp. Paris L., t.3, 1379, 451). Nuls huchiers, coffriers, escriniers, maletiers ne autre marchant de quelque estat qu'ils soient ne peuvent vendre ne acheter serrures dans la ville de Dijon, s'elles ne sont bonnes, loyaules et marchandes (Anc. corp. dijonn. C., 1407, 334). ...coustelliers, gueyniers, esmoleurs, une baniere ; serpiers, cloustiers, une baniere ; chandelliers, huilliers, une baniere ; lormiers, selliers, coffriers, malletiers, une baniere (Mét. corp. Paris L., t.1, 1467, 53).
 

A. -

"Petite malle (gén. en matière souple)" : Aprez ces mos s'efforche moult Ly jovenciaux de regarder S'as quevaux avoit que ferer, Se riens faloit aux estrivieres, As chaingles, poitraux et culieres Et s'il avoit en se malette A mettre chose ne chosette, Queverciefs, pingne ne miroir, Draps conmuns ne surcot, paroir, Cauches, sollerz trenchiez (Dit prunier B., c.1330-1350, 57). Rien je ne vous demant, Car vous n'avez malette ne destrier auferrant (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 65). ...2 draps de Dorlens, de courte moison, délivrés au terme de Pasques, pour faire malètes aus vallez de chambre du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 84). Si reprist cescuns son cheval (...) et ordonnèrent tous leurs pages, leurs varlès et leurs malètes à là demorer. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 69). En ce tempore (...) se commencièrent à lever telz manières de gens qui s'appelloient Compagnes, et avoient guerre à toutes gens qui portoient malettes. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 95). ...cuidans que en la dicte malette eust austres choses qu'il n'avoit, car dedans n'y avoit que aournemens et reliques d'eglise (Doc. Poitou G., t.5, 1383, 201). ...deux aulnes de drap vert, achatté de lui le VIIJe jour de janvier, CCCIIIJxx et VJ, pour faire deux malettes pour mettre et porter les robes de la Royne. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 132). ...messire Enguerran (...) me donna une tresbelle et riche robe de veloux bleu figuré et tres richement brochié d'or et forree de martres soubelines, laquelle j'ay en ma malecte yci (LA SALE, J.S., 1456, 104).

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (malecte).

B. -

"Panetière de berger" : GONTIER [un berger]. Tant qu'est a moy je luy donray [à l'enfant Jésus] Une belle pomme que j'ay Droitement cy en ma malette. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 25).

Rem. Connu dans ce sens en wallon et dans les dialectes du Nord de la France (cf. FEW ; GD : «wall., malette, sac, poche, gibecière où les bergers mettent des vivres pour la journée»).
 

"Petite malle"

Rem. Doc. 1348 (Dole, .I. malote en cuir) ds GD V, 125c.

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P. métaph. "Corps" : J'oy bien d'icy ton ventre bruire, Il n'a mais riens en ta malote. (...) Or disne en ceste escuellotte Et mangue tout a requoy. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 61).