I. -

Empl. trans. "Cacher, faire disparaître" : Je suis lumiere clere et monde Qui luys et jamais ne reconde Ou absconde Ma clarté qui tout enlumine. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 23).

II. -

Empl. pronom.

A. -

"Être caché, disparaître" : Tiercement tu dois bien entendre que chaleur naturelle au commencement, quant on prent la viande, elle se absconde en aulcune maniere et affoiblit et languit, mais en la fin elle se commence a fortefier mesmement quant on tient bon regime (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 8). ...et est tousjours avec douleur de chief, et gravité avec perturbacion de sens et se c'est pour aultres membres, adonc on apperçoit par devant le peroxime tellement que aulcune fois il se ascondent (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 24).

B. -

Au fig. : LE DUC. Je vous supplie, regardez sa faconde ! Vistes vous oncques chevalier plus adroit ? LE CONTE. S'en luy vertus aultrement ne s'absconde, Je ne sçay pas qui mieulx estre vouldroit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 176).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Caché, secret" : Mais Dieu qui scet les choses abscondées, regarda en pitié son peuple et esveilla Fortune (Journal bourgeois Paris T., 1418, 87).
 

Part. passé en empl. adj. [D'une pers. (ici d'un personnage de théâtre)] "Caché" : Et venra une nuee dessus l'ostel et la main en croix ung homme dira, abscondi... (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 229).

-

[D'une chose] "Caché, secret" : Mais Dieu qui scet les choses abscondites, qui mua le conseil d'Olofernes par main de femme, les fist cheoir en la fosse qu'ilz avoient faicte (Journal bourgeois Paris T., 1418, 100). Ysaac, filz Salomon, fut en ce temps moult souverain astrologien et escripvit de moult beaulx livres d'icelle science et, entre autres, il fist sur la part future et sur les autres parties qui se gectent par les maisons et dist que c'estoit la part qui signiffioit choses secretes et abscondites et par laquelle se precongnoissoient les choses advenir, comme prophecies et vrayes revelacions. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 v°).
 

"En cachette" : ...ces felons correctiers dient : "Hé ! Laz, qui pourra avoir tel chevalier ou escuier ; il est si bel, si bon, si gracieux, si debonnaire. Ja dame ne damoiselle qui l'aye ne sera yrée. Son corps seullement vault un royaume. Bien eurée sera celle qui l'aura." Si avendra qu'il sera fel et cruel et jalous, et dedens son hostel abscondonz batra la bonne dame sanz cause, qui moult vauldra en toutes bontés et honneurs, ainsi lui menra male vie ou abscondonz ou en presence de gens, pour laquelle cause mains maulz ensuivent a la fois. (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 979).

REM. Adv. du type reculons ?
 

I. -

Empl. trans. "Cacher" : [Var.] Tres orde vielle, avez vous absconz aucuns hommes ceans ? (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 352). Dieu en est le juge, à qui les choses occultes ne peulent estre mucées, ne absconses. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 134).

II. -

Empl. pronom. "Se cacher" : Verité ne se peut abscondre (MARTIN LE FRANC, Champion dames V, D., 1440-1442, 82). Cestui de Paginea estoit à merveilles expert ès jugemens particuliers, car de son temps il n'estoit murtrier, ne larron, ne malfaicteur, qui se peut abscondre, ne larrecin celler, ne traictre qui se peust devant ses jugemens celez, couvrir ne deffendre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

Abscondu. "Obscur, mystérieux, difficile à démêler" : Dyaletique est plus agüe A demonstrer chose abscondüe (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 130).

Rem. Sens propre ds Ménagier Paris éd. Pichon, t.1, c.1392-1394, 213 (dessoubs le miel de la doulceur des biens du corps, est abscondu le venin qui occit l'âme).

B. -

Abscons

1.

Part. passé en empl. adj.

a)

Au propre. "Caché" : Ainsi son amie [Sapience] (...) se depart de luy, portant sa lumiere absconse et mucee entre ses mains. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 174). Comment pouroit femme aweuglee (...) trouver, quant el ne voit goutte, En Somme, fleuve qui degoute, Un corps abscons des L ans [le corps de saint Quentin] ? (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 326).

b)

Au fig. "Mystérieux, impénétrable" : Mais tantost que je eulx choisi sa tresgrant beauté et que je fus asseuré de par elle de son amour, tout honneur, deduit et valleur me vindrent a cognoissance, et ce m'estoit par avant abscons et obscur. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 145). L'ange a cecy lui feit responce : Le saint Esperit ovrera En toy par sa vertu absconce Et ton cuer illuminera. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 62). ...le saint evesque Johannes Hyspalense le allegue souvant ou livre de ses Interrogacions, par especial en la septiesme maison, en laquelle il traicte du fait des guerres, des furs et choses absconses et se treuve que les anges de Dieu lui aprinsent plusieurs secretz en ladicte science de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 12 v°). Or me declaire doncques de l'advenir, Car je feray observer et tenir A la gent myenne tes sors et tes responces Et les fatales archanes et absconces (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 296).

2.

Part. passé en empl. subst.

a)

"Ce qui est caché" : ...tout l'abscons de son cloistre te présente en service, et non ayant riens autre que or précieux et gemmes en dignité emprès toy, les estime non comparables ! (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 421).

b)

Se mettre en abscons. "S'embusquer" (Scheler, Gloss., 13) : Atant li Allemans se sont mis en abscons De costé le mureal : espeez ont et fachons Pour l'evesque murdrir par male suspechons (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 720).
 

A. -

"Action de cacher"

Rem. Jardin de santé, c.1500, ds GD I, 37c.

B. -

"Cachette, endroit dissimulé" : Tandis comme la dame estoit en son travail, selon sa vision elle regarde par les foeilles de son absconsement et voit venir du parfont de la forest ung chevallier armé qui en traÿson fery son mary d'une lance tant qu'il lui traversa parmy le corps, tellement qu'il chey mort. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 158). ...puisque vérité ne quiert nuls angles, ne absconsemens, ne lui est besoin aussy, pour estre soustenue, de quérir nulles fuites sans venir à réale response (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 379).

C. -

Au fig. : En mon cuer j'ay absconsé tes parlers, c'est a dire en l'absconsement et secré de mon cuer, c'est assavoir en la memoire (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 25).
 

"Secrètement, sans qu'on le sache" : ...sy fus occis de part Herodez de s'espee, et gist mon corps en Compostel en Espaingne entre les Sarasins absconsement. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 91). ...icelluy Godin de sa volenté desraisonnable, s'est efforchié et efforche absconséement, de nuyt et aultrement, contre droit et raison et en voulant prendre et attribuer à luy le droit de l'eglise, de tendre pluisieurs roix et de pluisieurs sortes en ladicte riviere, et de fait, y a pluisieurs poissons et de diverses sortes, grans et petis, en usurpant par ce le droit desdits exposans et de l'eglise (Doc. 1486. In : G. de Lhomel, Nouv. rec. de doc. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-Mer, 1910, 75).

REM. Doc. 1457 et Chron. et hist. saintes et profanes (ms. du XVe s.) ds GD I, 37b.
 

I. -

Empl. trans. "Cacher"

A. -

Au propre

1.

Absconser qqc.

-

[Du soleil] : ...le soleil retarda de absconser sa lumiere (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 167).

2.

Absconser qqn : Le messagier errant retourné mena le roy Leirem a une autre cité et la le absconsa jusques adont qu'il eust fait tout ce que Gordeille avoit commandé. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 98).

B. -

Au fig. : ...mon Souverain (...) me appaisa du tout car il me dist que sur la terre il vouloit faire un corps humain ou il absconseroit l'amour qu'il avoit a humaine lignie qui estoit dampnee par le pechié d'Adam, car il convenoit que amour lavast de son sang ce peché (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 576).

-

Absconser qqc. en son coeur : : En mon cuer j'ay absconsé tes parlers (...) c'est assavoir en la memore j'ay retenu tes sains parlers comme precieux tresor. (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 25). ...pour nient ay en mon cuer absconsé les sains parlers. (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 26).

-

"Ne pas parler de qqc., ne rien en révéler" : SATHAN. (...) L'engendrement m'est absconsé, L'enfantement du tout mucié ; De la maniere n'ay riens sceu S'ay grant doute d'estre deceu Et qu'il n'y ait, a l'exploictier, Quelque chose soubz le mortier Qui cy aprés grant dueil me face. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 97). [Même ex. ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 329]

-

"Éclipser" : Tant que fondée fut Liege, qui l'absconsat [il s'agit de Tongres] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 568).

-

"Faire disparaître, effacer" : La sera memoire absconcee Et le couraige et la pencee, Et si tresgrant confusion De raison, qu'en nulle saison Ilz ne se pourront adrecer, A Dieu penser ne confesser. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 269). Voy du soleil la relusence Qui passe parmy la verriere Et si remaint saine et entiere : Et ainsi la vierge Marie Ne fut frustree n'amenrie, Quant le soleil s'i esconsa, Qui nos grans pechiés absconsa. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 50).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[D'une pers.] "Se cacher" : Allons par devers la noblesse De Saül luy faire responce De David, qui ainsi se absconse Et se musse et s'absence. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 154). Ou es tu, Adam, es tu honteux ? Te absconce tu devant ma face ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 61).

-

"Rester caché" : JHESUS. Adolecent, entens ma voix. Affin que mon command achieves, Je te command que tu te lieves ; En ce tombeau plus ne t'abconse, Mais donne a ta mere responsse Et t'appers vivant en ce lieu. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 161).

-

"Disparaître" : Nous ne savons : Le corps a agille et expert, Par quoy ou il veult, il s'appert Et, quant il luy plaist, il s'absconce. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 427).

-

[D'un personnage, au théâtre] "Disparaître, se retirer" : L'Ange se absconce [indication scénique]. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 212).

-

S'absconser de qq. part / de qqn. "Disparaître (de qq. part, du voisinage de qqn)" : S. JUDE. Comment l'avez vous recongneu ? Faictez en ung pou mension. CLËOPHAS. Congneu l'ay en la fraction Du pain benoist qu'il nous baillia Lequel visablement sembla Estre d'ung fin cousteau party. Et, quant le nous eust departy, En moment s'aconssa de nous. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 415).

B. -

[Du soleil] "Se coucher" : ...j'aperceux le jour decliner et le soleil vouloir s'absconcer. (MICHAULT, Doctr. temps prés., 1466. In : Chrestom. R., 199).

C. -

[D'une chose abstr.] : Ces .IX. vertus (...) qui se sont absconsées en sa bière (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 587).

III. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une pers.]

1.

"Caché" : ...et depuis l'as desservie en estre leal envers elle sans avoir autre part pensee aucune, ainçois ton cuer a tousjours esté envers elle tant en veillant comme en dormant, mais maintenant t'est absconsee tellement que tu ne scez quel part tourner pour la trouver et ne scez en quel paÿs elle est ? (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 283). En cesdis bateaulx estoyent absconséz iceulx conducteurs ensemble ceulx qui debvoyent faire l'emprise, armés et embastonnéz selon la necessité du cas (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 356).

2.

"Qui disparaît, qui se fond (dans la foule, dans une troupe)" : Quant Genelhon l'entent, sy est absconseit en la presse et s'en fuyt tout parmy la chassie. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 122).

B. -

[D'une chose] "Caché, dissimulé" : Quant m'ot ce dit, sans nul delai Du cors trousse me retrouvai ; Toute la vigueur qu'avoie, (Et) le bien dont m'esjoissoye En un moment o adire, Tout fu mucié, tout absconsé Dessouz la nue obnubilant Souz qui n'est nul bien cler voyant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 196). Et quant son mary la vey en tel point, il descendy de son cheval et commença a faire une foeillie entour elle, affin que les secretes besoingnes de la dame aucunement fussent absconsees. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 157).

-

[Du soleil] "Caché, couché" : ...neuf genuflections, deux au point du jour, deux aprés medy, deulx aprés soleil absconsé (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 121).

-

[De la lumière] "Éclipsé" : Or est ta lumiere absconsée Et ton grant renon eclipsé. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 77).
 

Empl. pronom. [Du soleil] "Se coucher"

Rem. JEAN MANSEL, Fleurs des hist., 1446-1451 (enconser) ds GD III, 113c. Par ailleurs LA SALE, J.S., éd. 1724 (enconcer), mais leçon esconsser ds LA SALE, J.S., 1456, 19.
 

Empl. pronom. [De l'épée qui pénètre dans la chair] "Pénétrer en disparaissant"

Rem. FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 277, GD III, 113c. Mot fantôme. L. encousi. V. encoudre.
 

"?" : ...a ce jour aussi y avoit il aulcuns de petit estat qui venus estoient a l'eglise pour espouser mattin devant jour, adfin de non estre raillés et beés (...). Et faisoit le temps noir et obscur, et n'attendoient ceste gens que le prestre qui les lyast ensamble, lequel y vint a tout son clercq, unes petites espousettes en sa main qui guieres ne rendoit clarté (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 230).

REM. L'éd. dans son gloss., 340 pense à une erreur pour esconsette "lanterne sourde".
 

Empl. pronom. "Se cacher" : Cilz qui aimme honeur et craint honte Puet bien aler partout le monde, Se fortune ne le guerroie. Mais li malvais se doit recondre [var. escondre] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 123). Ave regina pure et gente (...) La nuée où dieux s'esconsa, Ave saincte glorieuse ente, Ave tu plena gracia (Chans. des flagellants, éd. Ph. A. Becker, 1349. In : Z. rom. Philol. 25, 1901, 363). Et le peuple a trop bel respondre Au roy quant il requier ses aydez: " Sire, tez gens se vont escondre Quant il est temps que tu t'en aydez ". (CHART., D. Her., p.1415, 433). Je vouldroie que me puisse bien esconrdre [var. escondre] de sa face ung pou, jucquez a tant que ces maculez je puisse effacier, affin que devant sa face sans maculle je puisse moy presenter. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 288).

-

Part. passé en empl. adj. "Caché" : Nulle chose ne proufite tant en ceste art comme fait cil qui cognoist les proprietés esconduez et occultes qui sont es choses et les cognoistre sans nulle errour. Car ceste art est apelee philozophie occulte et escondue et mucee (Doc. c.1450. In : Romania 133, 2015, 399).

Rem. MACHO, FARGET, Nouv. Test. en fr. c.1479-1480 (le vespre venant, quant le soleil fut escondu) ds GD III, 420a.

-

Loc. adv. En escondu. "En cachette"

Rem. Doc. 1382 (Neuchatel, en escondut ou en appert) ds GD III, 420a.
 

En esconduit. "En cachette"

REM. Doc. 1333 (en recaler ne en esconduit) (neque occulte neque aperte) ds GD III, 420b.
 

I. -

Subst. masc. "Coucher (du soleil)"

Rem. Ex. d'a.fr. ds T-L et GD. N. Dupire, Le Moy. Âge 57, 1951, 353 (doc. XVe s., le soleil va escous, l. escons).

II. -

Adj. "Caché, mystérieux" : Cestui fut en Affricque et, parquerant les choses esconses trouva les os d'un géant et, entre autres choses, en envoya à Romme une dent, laquelle l'en estymoit cent foiz plus grosse que la plus grosse que homme commun peust avoir. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 93 v°).

V. aussi abscondre
 

"Lieu où l'on se cache, refuge"

-

Au fig. [D'une pers.] "Refuge, cachette" : Se ne me prestes .I. refuge Aussi com u temps du deluge Par ta Grace à Noé feïs, Tu vois, douz Diex, qui sui perilz. Fai moi de toi .I. esconsal, Un abri et .I. repostal Où je me puisse aler bouter Pour ta favresse et abrier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. St., c.1330-1331, 12301). [PelVie² 14942 : esconsail] JOSEPH À MARIE. Pour ce vous plevi seulement Que ne vous blasmassent la gent, (...) Et que vous fusse com abri Et un esconsal où tapi Fust vostre desir et propos De virginité et enclos. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 1708).

Rem. À la première citation correspond celle de GD VIII, 88 (Impr. c.1500 : reconsail), d'où la date de c.1350 du FEW XXIV, 51a, s.v. abscondere, qu'il faut corriger en c.1500, la seconde version du Pèler. vie hum., remontant au même type lexical. À la seconde citation correspond celle de GD III, 420c (Impr. c.1500 : esconsail). Att. uniquement chez GUILL. DIGULL., on notera que le mot est attesté ds FEW I, 9a, s. v. abscondere, où l'indication géolinguistique a. fr. renvoie à GUILL. DIGULL. ; mais le mot manque à l'article abscondere du FEW XXIV.
 

A. -

"Cachette, lieu où l'on peut se tenir caché" : Lors vient do das de son esconse : Cilz fait avoir bonne response, Car il est de la court amis (DESCH., M.M., c.1385-1403, 167). Ne nous va plus querir esconse : Que dis tu ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 339).

-

"Échappatoire" : Plus n'y fault replicacions : Si n'est pas nostre entencions D'en plus parler, sceu ta response. Ne nous va plus querir esconse : Que dis tu ? En feras tu rien ? (DESCH., M.M., c.1385-1403, 339).

-

Faire esconse. "Faire écran" : Li oiselès ne le doubta, Car la prise estoit de tel guise Faite a point et soutilment mise Qu'il y avoit un entredeus Qui faisoit esconse entr'eaus deus, Si qu'il ne le pouoit touchier. Cependant j'oy desclichier La prise ; a ce sceus que fu pris Li gentils espriviers de pris. (MACH., D. Aler., a.1349, 274).

B. -

"Lanterne sourde (dont on peut cacher la lumière à volonté), bougeoir couvert et garanti du vent, muni d'un manche qu'on tient à la main, distinct en cela de la lanterne qu'on porte suspendue par une chaîne" : Pour une esconce d'arain pour monseigneur Philippe, 18d. Pour 4 pois de fust, à florins, achetez pour le Roy, 12d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 225). ...il lui donna une esconse d'or, un coffin pour chandelles, un mouschoir à chandelier moult riche (Ch. VI, D., t.2, 1400, 273). Item il lui donna une esconse d'or, un coffin pour chandelles un mouschoir a chandelier moult riche. (Chron. Rich. II, W., App., c.1400, 108). ...et devant moy à icelle heure estoit sa vaisselle d'argent avecques une petite esconse ou lanterne d'or, laquelle vaisselle m'estoit habandonnée pour moy en aidier se besoing m'estoit. (LE FRUICTIER, Lament. C., 1409, 60). Laterna (...) : lanterne, esconse (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 266). ...deux escousses [l. esconsses] en manière de lanternes d'argent (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 65).
 

"Coucher de soleil"

-

Faire esconsee. "Faire nuit" : Il se combati tant par dessure la pree Qu'il estoit pres de vespre et de faire esconsee. (Tristan Nant. S., c.1350, 570).
 

A. -

"Endroit où l'on peut s'esconser (se tenir caché), cachette" : Mais mettez vous droit cy en ung esconchement : Entre ces deux montaingnes vous tenez coiement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 349).

B. -

"Fait de tenir caché, secret"

-

Sans esconsement. "Entièrement, ouvertement" : C'est aussy le trés doulz et souef gluit et lyen conjoindant l'Eglise triumphant a l'Eglise militant, et fraternele union en ce que la meisme doulceur de laquele les glorieux de la sus ont la fruition sans quelque esconsement, l'espeuse sainte Eglise le possesse soubz merveilleux sacrement. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 147).

C. -

[À propos d'un astre] "Coucher" : ...l'esconsement du soleil (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 360). Les .IIIJ. temps se pevent tiercement encore prendre selon les anciens poetes qui grossement souloient considerer le elevacion et le esconsement d'aucunes estoilles notables ou regard du soleil, dont Ypocras mesmez fait aucune mencion, et aussi fait Galien, et aussi fait mesmez Aristote. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 21).

Rem. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), MACHO, FARGET, Nouv. Test. en fr., c.1479-1480, etMer des hist. (éd.1488) ds GD III, 421a.

-

[Cont. métaph.] "Disparition, mort" : ...avironnee de tenebres de doeul, par pestilence de guerre et par l'esconsement de son mary, le tres cler soleil de proesse (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 109).
 

"En secret, en cachette" : ...quant li contes de Flandres fu escappés hors de Bruges, il alla à Lille moult esconséement à pau de gent (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 206).
 

A. -

"(Se) cacher"

1.

Empl. trans.

a)

"Cacher, dissimuler" : ...pluseurs de leurs hommes entrerent en la ville secrettement (...) et furent esconssez en pluseurs lieux par le gré et consentement du maire de la ville et d'autres. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 138). Et cheste amour, de sa poissance, Leur ostoit toute congnissance Et leur esconsoit leur veüe (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 118). Franchise (...), la douce et humble responsse Que faite vous m'avez, esconsse Tous les maux c'oncques je senty (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 58). Et pour tant de m'opinion, Subtilement comme en trahison, Ferons tant que tenus sera, Tout a coup on l'escosera [l. l'esconsera] [Jésus] (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 110).

b)

P. ext. "Supprimer, faire disparaître qqc." : "O advocas de violette, Venés avant, car on vous trette Articles d'opposition", Ce dis Ymagination, "Se vous y faut faire response, Voires, se le plait je n'esconse." (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 197). J'ai ja bien .VI. mois attendu A avoir aucune response De vous, qui tous mes maulz esconse. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 29).

-

"Détourner qqc." : ...toutes gens, en Gant et en pluisseurs villes de Flandres, s'enclinoient assés a l'opinion des Englois; et tant que ses rentes et revenues [du conte de Flandres] en estoient esconsees, et canceloient tous les jours. (FROISS., Chron. D., p.1400, 268).

2.

Empl. pronom.

a)

S'esconser (qq. part). "Se cacher (qq. part)" : Chascuns la va menaçant [la Vérité]. Pour ce se va esconsent : Ou puet elle demourer ? (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 61). Luciienne qui se remue De son pas, sans point de response, En une gourdine s'esconse. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 339). Lors s'estourmy l'ost et s'en vindrent qui mieulx mieulx vers le port et trouverent moult de leurs gens mors et aucuns qui s'estoient esconsez par les buissons. (ARRAS, c.1392-1393, 133). ...jà avoit mandé les homicides, et estoit la maison louée à eulx esconser et musser (Doc. 1411. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 127).

-

"Disparaître, mourir" : Marguerite de Prouvence (...) sieuvy (...) sainct Loÿs, le bon roy, son tres chier espeux et l'accompaigna au voiage d'outremer, ou il s'esconsa (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 108).

-

S'esconser de qqc. "Se cacher, se dissimuler par qqc." : Et le chevalier, quy les voit venir, se met a courre par le bois, mais ceulx quy le sievoient crient a l'omme saulvage. Et la dame oÿant ce descent de son charriot et vint droit ou elle oÿoit le bruit et le chevalier se cuidoit esconser d'un halot (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 184).

-

S'esconser de/devant qqn. "Être caché, disparaître aux yeux de qqn" : Ainsi que mal ne vous vueil, ne aussi Amer, pour ce de vous m'esconse. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 207). L'ystoire nous tesmoingne que Remond et Melusigne estoient a Mervent, et vint a un samedy que Melusigne se esconsoit de Remond cellui jour, comme il lui avoit promis que jamais le samedy ne mettroit peine d'elle veoir, et si n'avoit il fait jusques a ce jour, et n'y pensoit a nulle chose du monde fors ques a bien. (ARRAS, c.1392-1393, 240). Messeigneurs, regardez en hault, Nulle conduite ne nous fault, Car l'estoille avons retrouvée Qui s'estoit de nous esconsée, Sievons le tous joyeusement. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 42). Esconser ne se puet devant les yeulx du Souverain Createur (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 569).

-

[À propos du Christ] : Monlt tresgrande merveille advint A l'heure que Dieu homs devint, Quant de Paradis s'avala Et en la Vierge s'esconsa (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 77). Je prie a la Vierge en qui se volt esconsser Le Roy de tout le monde (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 766). ...sa divinité Descendre fist en corps de vierge pure : La s'esconsa la divine puissance (Mir. chan., c.1361, 183). ...mais la sus [en l'Eglise triomphante] il est veu face a face, ça jus il esconsé [l. esconse] soubz espece visible du sacrement. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 147). QUENTIN Comment peut-il estre passant Par ce tombeau clos, sans le rompre ? MARCELLIN Ainsy qu'il se fut esconssant En la vierge, sans le corrompre (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 50).

b)

"Se réfugier qq. part" : ...qu'adressier me vueilliez si Qu'aucun habitacle je truisse Ou esconser maishui me puisse (Mir. roy Thierry, c.1374, 301).

B. -

En partic. [Du soleil, d'un astre...]

1.

(S')esconser. "Se coucher, disparaître à l'horizon" : Car en toutes les parties dou monde ens es quelles li pol septentrionel dou monde n'esconse, les estoilles septentrioneles avant naissent et lievent et aprés elles esconsent (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 71). ...le soleil commença à esconser (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 57). Et le chevalier avise la bourse, et la prent par le pendant, et l'oste a Gieffroy du col. Et Gieffroy ahert la bourse et l'empoingne, argent et tout. L'autre tire de tout son povoir, et le pendant rompt, et demeure a Gieffroy, bourse et argent en la main. Et estoit ja le soleil esconsez, si longuement s'estoient ilz combatuz. (ARRAS, c.1392-1393, 298). Et de nuit aussy appert il par les estoilles qui se meuvent tousjours pareillement selon ceste maniere, tant par les estoilles qui lievent et esconsent comme par celles qui sont tousjours sur Terre devers septentrion. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 9). Item, comment les .XIJ. signes se lievent et esconsent diversement, tant en l'espere droite comme en l'espere oblique, dont moult de grans soubtillitez s'ensuivent. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 18). Et avant que tout euissent pris place et terre pour euls logier, solaus esconsa, et si i avoit moult petit de ceuls qui euissent hapes, quignies ne fieremens pour coper bois a euls logier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 132). Et a ce propos s'acorde l'Apostre, qui dit : Sol non occidat super yracondiam vestram. C'est a dire, mon ami, que le soloy ne se doit pas esconsser sur vostre couroux ne yre. (LA SALE, J.S., 1456, 19).

-

"S'éclipser" : ...et ores en ton ame par amoureuse memoire tu l'as oy a haulte vois crier, "Hely, hely," et puis a Dieu son esperit rendre. Et as veu la terre croler, le solail escousser et la pierre fendre et aprés en esperit et non pas sans larmes et compassion cordiale tu pues avoir veu la grant playe de son costé ouverte du fer agu, de laquelle le precieux sang et l'yaue salirent a tres grant habondance (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 283).

-

[Du soleil] Esconser ses rais : Quant vint le vespre et le solleil commença à esconsser ses rays, pour donner lieu à la clarté de la lune... (BUEIL, I, 1461-1466, 35).

-

P. métaph. : Et i fas raison esconser Et entendement eclypser. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 275). Femme est comme estoille journale Qui chasse la nuit et anonce Joye et clarté matutinale. Femme est ung bien qui point n'esconce. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 175). Tu viens, tu parcroistras, s'il plaist aux dieux, et renderas le fruit que je desire voir, mais en fin, quant ta cruçon auras prinse, tu declineras petit a petit et t'esconseras en la mort ainsy comme le jour en la nuyt obscure. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126).

-

Soleil esconsant. "Coucher du soleil" : Et ainsi sur le mesme jour vint ung messaige de par le duc de Brabant qui leur commanda qu'ils ississent de la ville et de la terre de Brabant dedens soleil esconssant. (Hist. chron. Flandres K., t.2, c.1342-1383, 38). Qui par yre a sa compaigne troublee ou courroucee, elle en doit crier merci dedens le soleil esconsant, selon l'Escripture (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 249). Toutesvoies n'arresta elle tant qu'elle vint au porge, car il estoit comme soleil esconsant. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 551).

-

Inf. subst. "Le couchant" : Solaus y est sus l'esconser ; Froidure a le bois assailli (ACART, Prise am. H., 1332, 9). Souleil y est sur l'esconser (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 127).

2.

Empl. trans. "Faire se coucher [le soleil ; ici du Christ, p. allus. à l'apparition de l'astre au-dessus de Bethléem, (Matth. II, 2-18)]" : Quant, dist il [l'ange], cuida esconser [var. estaindre] Le saint souleil a son lever Herodes, et a mort livra Pour li les enfans et tua, (...) Bien puet on dire par raison Quë en ses membres le tua Et en cueur a mort le livra... (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 333).
 

Région. (Picardie) "Lanterne sourde" : La grande torche alumee je ne porte pas en ceste nuyt obscure, une petite esconsecte en le main me souffit. (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 118).

REM. Doc. 1426 (Béthune, refectionner les esconsettes) ds GD III, 422a. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 64, 2000, 288, pour l'aspect régional.
 

"Côté du soleil couchant, occident" : L'ost Ogier lait à diestre, si tourne à l'esconsue (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 746).
 

["Sorte de tare de la laine"]

REM. Doc. 1410 (Chauny, a peser icelles lainnes le dit sergent le doit esgarder et en oster suing, gars, crotins, esconssures) ds GD III, 422a.
 

Empl. pronom. "Se cacher"

REM. Doc. 1406 ds GD VI, 606a.
 

I. -

Empl. trans. "Cacher" : Item quant je fuy disné, je parti de Jherusalem et m'en alay en Bellem que est une cipté dissipee a X milles de Jherusalem, en le quelle cipté ha une grant eglize bien gente ; et la nesqui le filz de Dieu de le pucelle vierge Marie, auquel lieu a ung autel ou je ouy messe de la nativité et davant cest lieu est le greppe du buef et de le mulle ou Nostre Dame rescondit son chier enfant Jhesu Crist par doubte du roy Herodes (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 36). Lors les gens diront, comme voy, Es montaignhes : "Tumbés sur nous !" Et es valees en briefz motz : "Rescoudés [l. Rescondés] [lecture préférable à celle de l'Éd. : rescoudre "sauver, délivrer" ; cf. le passage de Luc 23, 30 d'où est tiré ce texte : "Alors ils se mettront à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! Et aux collines : Couvrez-nous !" (Vulgate : "operite nos")] ces gens maleureux !" (Pass. Auv., 1477, 191). Je suis lumiere clere et monde Qui luys et jamais ne reconde Ou absconde Ma clarté qui tout enlumine. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 23). Et ses rethz tend evidemment, Sans les recondre nullement (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 236).

Rem. Doc.1366 (rescondu), 1421 (recondu) et P. FARGET, Miroir vie humaine (éd. 1482, rescondoit, rescondu), ds GD VII, 87c.

II. -

Empl. pronom. "Se cacher ; se mettre en sûreté" : Mais li mauvais se doit rescondre [var. escondre] (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 123). Il fault que je m'aille rescondre ; Sy n'ose passer par Paris (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 10). ...sans maison est Car il n'a ou il se reconde (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 223). Ce chapeau [la couronne d'épines] vous fait grant encombre, Car il s'esfondre Pour soy rescoudre [l. rescondre] - dans vostre chief tant precïeux. (Pass. Auv., 1477, 254).

Rem. CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 1152 (T-L VIII, 993).

III. -

Part. passé en empl. adj. "Caché"

-

Rescost : De mes choses, Sire, rescostes me munde, et pardonne me, s'il te plest, mes pechiez. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 45). [aussi p.44]

-

Rescondu : ...il dit que tout clerement et manifestement avoit parlé et que en lieu couvert ne rescondu n'avoit riens dit (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 324).

IV. -

Part. passé en empl. subst. En rescondu. "En cachette"

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1406 ds GD VII, 87c.

V. aussi resconser
 

"Secrètement, en cachette"

REM. Doc. (Fribourg) 1366 (resconduament) et 1368 (resconduement) ds GD VII, 88a.
 

"Endroit où se mettre à l'abri"

Rem. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s. ; rescons), ds GD VII, 88a (= La Bouquechardière, titre de l'ensemble, dont la Grèce est la première partie, ms. Ars. 3689).
 

"Cachette"

REM. GUILL. DIGULL. (impr. XVIe s.) ds GD VII, 88a.
 

[Déverbal de rescondre]

A. -

"Coucher (du soleil)"

-

Avant soleil et resconse. "Avant le coucher du soleil" : ...à toutes journées et heures que bon leur semblera, hors les festes et vigilles deffendues et les jours des foires, es quieulx ladicte forest est close au coustumiers[,] en leurs faiz, sommes, charettes ou aultres charges mises hors de ladicte forest avant solleil et rescousse [l. resconsse], ilz pevent mener et faire mener, porter et charier en leurs ostieulx ou là où ilz voudront à ladicte bourgoisie, sans dangier ne pour ce encourir forfaiture. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 249).

B. -

"Endroit où l'on met les choses à l'abri ; en partic. placard" : ...ilz ont fait un grant porche a II huys III fenestres et une couche, I huys a II manteaux au cellier et ung auvent de deux aes qui le receuvre (...) et une rescousse [l. resconsse] en l'entrée de la dicte chambre. (Comptes Archev. Rouen J., 1337, 156). ...a Johannin de Maineville, huchier, pour sa paine de avoir fait l'uys et les fenestres du drecheur de la cuisine et pour avoir [mis] une rescouse [l. resconse] en la salle du tinel (Comptes Archev. Rouen J., 1399-1400, 46). ...a Perrot Desplanches, huchier, pour avoir fait (...) ung grant porche encassillié mis en la grant chambre de parement (...) en la bouteillerie une couche suspendue, une rescousse [l. resconsse] d'aes, ung huys et des aes autour des parés, une table et deux trettes (Comptes Archev. Rouen J., 1437, 158). Aud. Johan Lenoir pour ung cassil ou il a ung guisset (...) chambre, pour une rescousse [l. resconsse], pour ung huis en cassilly (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 211). A Guillaume Duglen pour avoir sollé de plastre la rescouce [l. resconce] de hucherie (Comptes Archev. Rouen J., 1440, 223).

REM. Alternance très fréquente u/n. C'est au point qu'un article rescousse², équivalent de resconse, pouvait être envisagé.
 

[A propos d'un astre] "Coucher" : ...et avec ce les constellacions du ciel viennent selon leur naissement et resconsement (...) ...se les estoilles et les corps cellestieux apperent en leur nessement et resconsement si comme ilz ont acoustumé (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 308).

REM. GUILL. ORESME, Quadrip., c.1360, ds GD VII, 88a-b.
 

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[Du soleil] "Se coucher" : ...si comme pour grace d'exemple, le soleil lieve touzjours en aucun hemispere ou en aucun païs et rescouse [l. resconse] en un autre (ORESME, C.M., c.1377, 330). Et faisoient cest arguement car le soleil quant il recouse [l. reconse] et quant il lieve, la terre le nous muce partie apres autre selon ligne droite et non pas selon porcion de ligne circulaire, si comme il deust estre se la terre fust de figure sperique. (ORESME, C.M., c.1377, 538). ...au soleil resconçant (...) ...maintenant le soleil est resconcé (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 142). Avant que le soleil resconce, Je vous en diray mon advis. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 132).

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 11400 (ainsoiz que soleil resconse).

-

Soleil resconsant. "Coucher du soleil" : Et de ce pevent user à tous jours s'il n'est feste, entre soleil levant et soleil rescoussant [l. resconssant]. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 255).

Rem. Doc.1359 (soleil risconssant) ds GD VII, 88c.

-

Soleil resconser. "Coucher du soleil" : ...ainçois soleil resconser (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 212).

-

Jusques soleil resconsé. "Jusqu'à la nuit tombée" : ...à sieutte de sergent jusquez à soleil rescrust [l. resconsé ?] (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 307). Item, ilz ont la charetée de fou pour cinq solz à suite de sergent jusques à soleil rescoussé [l. resconssé] (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 309). ...à suite de sergent jusques solleil resourcé [l. resconcé ?] (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 313).

-

[De la lune]

Rem. GUILL. ORESME, Quadrip., c.1360 ds GD VII, 88b (quant elle [la lune] lieve et quant elle resconse).

B. -

Se resconser qq. part. "Se cacher, se réfugier qq. part" : ...pour ce que tous les Navarrois s'estoient rescousez [l. resconsez] à Cherenbours, le roy de France fist une très grant armée pour y aler faire siege (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 157).

Rem. Doc.1394 (resconsé) ds GD VII, 88b. Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 16044 (se resconser).