C.N.R.S.
 
Famille de cadere 
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 Article 1/50 
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     CADENCE     
FEW II-1 cadere
CADENCE, subst. fém.
[GDC : cadence ; FEW II-1, 29a : cadere ; TLF : IV, 1140b : cadence]

A. -

"Chute" : Besoing ne m'est de nul nommer [de roi renversé], assez exemples en avons. Ceulx qui la cause de leur cadence enquerront, ils trouveront qu'ilz sont cheuz singulierement pour ce qu'ilz ont mieulx amé la crainte serville que filiale (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 186).

B. -

"Achèvement" : Et touteffois, se n'est pas grant prudence A ung jeune homme venu de grant maison Que, sans querir de vertus la cadence, De perdre temps sans cause et sans raison. (LA VIGNE, S.M., 1496, 187).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/50 
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     CADENS     
*FEW II-1 cadere
CADENS, adj.
[*FEW II-1, 24a : cadere]

ASTR. "Position défavorable d'une planète qui se trouve dans une maison cadente (cadens ab angulo), c'est-à-dire dans la troisième maison du ciel, la sixième, la neuvième ou la douzième" : ...li astronomiiens si prent le nature des planettes en lor propreté et le singneur du signe de cescun d'iceus et de l'exaltacion et de le triplicité, et les lieus des angles et des desous angles et des maisons caians... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88). Maistre Gervais de Saint Saulveur fut en ce temps moult souffisant astrologien, lequel, en ses prenosticacions sur la revolucion de aucuns ans, vit Jupiter cadens et mal fortuné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 r°).

 

-

[Idée de chute ?] En cadens : Puis que son corps en cadens sepulcra Voir ne la puis [la mort] en cadence pulcra Car en mon chief trop dur remort se entit Dès que mon cueur sa dure mort sentit. (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 408).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/50 
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     CADIT     
*FEW II-1 cadere
CADIT, subst. masc.
[GD : cadit ; *FEW II-1, 26a : cadere]

"Rente échue, arrérages"

Rem. Doc.1453 (cadit) ds GD I, 766c.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 4/50 
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     CADURE     
*FEW II-1 26a cadere
CADURE, subst. fém.
[GD : cadure ; *FEW II-1, 26a : cadere (?)]

A. -

"Chute, destruction" : ...une meson (...) laquelle est près que chaite en ruyne, tellement que elle a besoign de nouvelle edifficacion ou autrement estre reduite en cadeure totalle (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1440, 234).

B. -

"Lieu où l'on chute (?)" : ...tu es infame A maistre ["mettre" ?] au trou d'une cadure. (Pipée R., c.1470-1480, 208).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 5/50 
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     CANCHIER     
FEW II-1 cadere
CANCHIER, verbe
[GD : canchier ; FEW II-1, 27a : cadere]

Empl. intrans. "Parier (sur le résultat au jeu de dés)"

REM. Doc. 1473 (Lille, Un individu condamné en .X. l. de ban enfraint pour avoir joué et canchié sur l'aventure du sort du det que jettoient autres jouans aux tables) ds GD I, 775b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 6/50 
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     CHANCE     
FEW II-1 27a cadere
CHANCE, subst. fém.
[T-L : chëance ; GD : chance2 ; GDC : cheance ; AND : chance ; DÉCT : chëance ; FEW II-1, 27a : cadere ; TLF : V, 494a : chance]

A. -

"Ce qui échoit à qqn, situation créée par le sort"

 

1.

"Situation qui comporte des incertitudes" : Fortune luy fut si tresamye que mesme son mary donna le tresdoulx advertissement de sa dure cheance et male adventure (C.N.N., c.1456-1467, 184). Mon trés redoubté seigneur, Qui mon cueur A gardé dez son enfance, Me fera il ja tel heur Que ma peur Soit changee en ass(e)urance ? S'il luy plaist muer la chance De doubtance Ou j'ay esté longuement, Il fera en sa chevance Demorance Ou print son commancement. (Compl. lion G., c.1470, 310). ...c'est une chose que doit venir de franche voulenté, car c'est une longue chance que mariage (Jehan de Paris W., 1494-1495, 24).

 

-

Mettre en chance qqn/qqc. "Livrer qqn ou qqc. au hasard" : ...lui qui estoit venu à haut eage et avoit de l'honneur du monde large portion, lui pria qu'en ses vieux jours ne voulsist mettre en chance le trésor de son honneur acquis (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 287). HANNEQUIN LE HASARDEUR. (...) Mauldit soit ma villayne enffance ! Mauldit soit qui m'a mys en chance ! Mauldit soit mon corps s'il s'amende ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 386).

 

2.

"Occasion à saisir" : Homz qui est seulz et il ne se marie, L'en dit qu'il est foulz et pert sa cheance ; Et se femme a, chascun chetif l'escrie Et dit qu'il a toute male meschance (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 193).

 

-

[La valeur est marquée par un adj.] : ...je Gaston, par la grace de Dieu, surnommé Febus, comte de Foys, seigneur de Bearn, qui tout mon temps me suis delité par espicial en trois choses, l'une est en armes, l'autre est en amours, et l'autre si est en chasce, et, quar des deux offices il y ha heü de meilleurs maistres trop que je ne suy, quar trop de meilleurs chevaliers ont esté que je ne suy et aussi moult de meilleures cheances d'amours ont eu trop de genz que je n'ay, pour ce seroit grant niceté se je en parloye. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 51). Fortune fait ces presens incertains, Tainctz de douleur, environnez de plaings, Plains de regrets, de larmes et meschance ; Mais chance y ont joyeuse souvent maints (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 20).

 

3.

[Avec une valeur neutre]

 

-

"Situation, état, condition" : N'a pas gaigné qui a tel chance (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 92). Quant il congnoit qu'en hazart gist sa chance, Et desir n'est a son commandement, De riens ne sert a cueur en desplaisance. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 312). De toy à moy [a ] differance : Ce n'est pas bien chance pareille. (...) Ma cher à pechié me conseille Et toy le pechié desconfis. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 44).

 

-

"Façon, manière" : La planete court de tel chance Qu'il n'est aujourd'uy nulz amis, (Au mains où royalme de France) : Car les biens font les ennemis. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 11).

 

4.

Loc.

 

-

Loc. fig. La chance tourne : Lors est la guerre finee et est tournee la chance mallement, quar la dame, qui est assés en beau point et plus jeune a l'aventure que lui, ne fera plus rien sinon ce qu'il lui plaira. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 73). ...Or est la chance bien tournée : S'il ame ailleurs, bon pro luy face. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 120). Bien est tournee en peu d'eure la chance, Et la fasson de blanc en noir tost tainte (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 175). Bien a tourné la chance, Et m'a on fait ronger mon frain. (B. veoir, p.1480, 19).

 

.

La chance court : Ainsi de lui s'acointent et arroutent, De son vin boivent, Ou autre preu, s'ilz pevent, en reçoivent. Quant son vouloir d'enquerir apperçoivent, A ses despens le courcent [l'homme jaloux] et deçoivent. La court sa chance Et si lui couste a savoir sa meschance. D'eulx se fie pour sa grant deffïance, Tout deffïé de parfaitte fïance. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186).

 

-

Prov.

 

.

Toujours ne court pas une chance. "Ce n'est pas toujours le même sort (favorable ou défavorable) qui a cours" : ...et en viellesse le revers On treuve alors, dont est meschance : Toudis ne court point une chance. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 150). Sadoch, mon amy, prens bon cueur ; Tousjours ne court pas une chance. (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 62).

 

.

Il n'est chance qui ne retourne. "Il n'y a pas de situation (bonne ou mauvaise) qui ne puisse s'inverser" : Il n'est chanse qui ne retourne. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195).

 

-

N'avoir ni chance ni hasard de qqn. "N'avoir rien à attendre de qqn" : ...Car ja n'aréz par my ne change [l. chance] ne hazart ; Mieus t'ameray veïr pendut a une hart (Flor. Rome W., c.1330-1400, 211). La n'eust encontre nous ne chansse ne hazart ; Il nous a forjuré aussi comme musart. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 242). ...Je ne vous doubte mais la pel d'un viel regnart ; Car puis que vous avés perdu vostre faussart, De moy n'aurés huymais ne chance ne hasart. (Galien D.B., c.1400-1500, 81).

B. -

JEUX

 

1.

"Coup de dés" : Que cuides tu qu'il sceust bien Deux dez asseoir et jetter Et a un flavis mesconter Si que sa chance perderoit ? (Mir. st Alexis, 1382, 348). ...ainsi qu'ilz jouoient, le dit Marcel eust volu mesconter la chance du dit suppliant, mais le dit Jehan Thomas, s'apperçut de ce, qui dist au dit Marcel que ce n'estoit pas raison de mesconter ne retenir l'argent que le dit suppliant avoit gaignié (Doc. Poitou G., t.5, 1388, 361). ...après soupper le dit Jehan Tassé requist au dit Andrieu que il voulsist jouer à lui au jeu des quartes, lequel Andrieu en soy excusant dist que riens n'en savoit, mais se à deux dez vouloit jouer pour une pinte de vin, à trois chances, il y joueroit voulentiers. (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 47). ...Dieu me doint une fois gietter Chance qui soit aucunement A mon propos, car autrement Mon cueur sera pis que martir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 68). Cil qui a plus de poins l'emporte : Je n'y voy point d'autre ordonnance. Et se deux gettent une chance ["une même valeur"], Il fault qu'ilz gettent de nouveau. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 344). Ainsy gaigna Jourdain as Sarazins les dez, Car .IIII. poins leur a donné en dés quarez, S'a pris .VII. contre .IIII. [var. .VII. pour se chance] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 347). La chance ne sera pas telle, Si je puis avoir dix VIIJ. [au jeu de dés] (Pass. Auv., 1477, 202). La meilleure chance l'emporte ; Je n'y vois point d'autre ordonnance ; Et si deux jectent une chance, Il fault qu'ilz jectent de nouveau. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 415).

 

-

Toucher la chance. "Gagner, faire un meilleur score que l'adversaire" : Uns homs jouoit aux dés en ma presence, Et un grant cop coucha soudainement A un autre qui a touché la chance : Lors renya Dieu et son firmament [var. et tout son firmament] (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 286).

 

2.

"Total des points obtenu par un jet de dés" : Tous ne sont pas d'une vertu [le nombre de points] Tous ne viennent pas egaument, Car les moiens plus frequaument Viennent que les grans ou meneurs. De ce sont les dez ordonneurs Selon fortune et meschëance, Car une moyenne chëance Bien souvent retarde et demeure, Et petite ou grant revient en l'eure Si com XIIII plus tost que onze (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 99).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 7/50 
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     CHANCER     
FEW II-1 cadere
CHANCER, verbe
[GD : chancer ; FEW II-1, 27a : cadere]

Empl. trans. indir. Chancer à qqn. "Jouer à un jeu de hasard avec qqn"

REM. Doc. 1405 (Jehanin le clerc et Wibelet demanderent aux autres compaignons se ils vouloient chancer a eulx pour demi pot de vin) ds GD II, 51b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 8/50 
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     CHÉABLE     
FEW II-1 cadere
CHEABLE, adj.
[T-L : chëable ; GD : cheable ; AND : cheable ; FEW II-1, 26a : cadere]

A. -

"Susceptible de choir, instable" : Caducus (...) : cheables (Aalma R., c.1380, 40). Todinus (...) : tramblables, cheables (Aalma R., c.1380, 418).

 

Rem. GARBIN 1487 (FEW).

B. -

P. anal. "Corruptible" : ...l'umble supplication des maistres cirurgiens de nostre ville de Rouen, contenant que entre les affaires touchant l'utilité et conservacion du corps humain qui est composé de matieres chéables, et subgect à enfermitez et passions langoureuses et accidentelles... (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1453, 281).

C. -

Au fig. "Instable, labile" : Car les fourmis qui vindrent porter le blé a la bouche de Midas, quant il fust nez, furent signe de foible et cheable felicité (LA SALE, Sale D., 1451, 264).

 

Rem. SIMON DE HESDIN ds GD II, 101c.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/50 
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     CHÉANT     
*FEW II-1 cadere
CHEANT, adj.
[T-L : chëoir (chëant) ; GD : cheoir (cheant) ; *FEW II-1, 25a : cadere]

A. -

"Qui descent" : ...ledit Thierry a fait ediffier illec endroit une maison ou estables, et a osté ou fait oster l'agout cheant de la maison dudit Oudart en icelle court (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1360, 244).

B. -

En partic. ASTR. Estoile cheant. "Étoile filante" : ...peuent segnefier les estoilles cheans le vent a venir cy desoulx quant elles nous en montrent ja le commencement (EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380, XXVI, 22, 216 v°).

C. -

"Qui fait tomber"

 

-

Rage cheante : L'autre rage si s'apelle la rage cheante, pour ce que, quant ilz cuident aler avant, ilz cheent, donc d'unne part, donc d'unne autre, et einsi meurent dedanz le dit terme. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 115).

V. aussi choir
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/50 
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     CHÉEMENT     
FEW II-1 cadere
CHEEMENT, subst. masc.
[GD : chaement ; FEW II-1, 26a : cadere]

A. -

"Chute" : Et la cause de l'amphorisme si est ceste, car tel cheement de peux environ la plaie signiffie qu'elle soit impossible a curer (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 156).

 

-

Cheement des cheveux : ...le flux ou cheement de cheveux (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 241).

 

Rem. Grant herb., c.1450, ds GD II, 32b.

B. -

ASTR. [Synon. cas decheement] "Chute" : Chascune des planetes en opposit signe de sa exaltacion universelement, et particulierement en opposit degrés de sa particuliere exaltacion, il a son cheement (PELERIN, Traité des elections, 1361, I, ms. Oxford, St John's College 164, f° 43 v°).

C. -

Au fig. RELIG. "Chute originelle de l'homme" : O quan bieneureuse fut l'eure en laquelle je cheux, quant aprés le cheement je fus relevez en plus grant felicité ! [La faute originelle a été la source d'un grand bonheur, celui de la Rédemption] (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 277).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 11/50 
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     CHËURE     
FEW II-1 26a cadere
CHËURE, subst. fém.
[T-L : chëure ; AND : cheiure ; FEW II-1, 26a : cadere]

"Chute" : Sy ne plains pas tant ma cheure que paravant (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 844). Mais Pedracus, qui estoit de grant courage et courroucé de sa cheure, s'en vint par devers le chevallier et lui dist : ... (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 280).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 12/50 
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     CHOIEMENT     
FEW II-1 cadere
CHOIEMENT, subst. masc.
[T-L : chëement ; GD : chaement ; FEW II-1, 26a : cadere]

"Chute" : Casus (...) : cas, choiemens, ruine, fortune, aventure (Aalma R., c.1380, 52).

V. chéement
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/50 
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     CHOIR     
FEW II-1 cadere
CHOIR, verbe
[T-L : chëoir ; GD : chair/cheoir ; GDC : cheoir ; AND : chair ; DÉCT : chëoir ; FEW II-1, 24a : cadere ; TLF : V, 740a : choir]

I. -

[Idée dominante de chute, de mouvement vers le sol]

A. -

Au propre

 

1.

[D'une chose]

 

a)

"Être entraîné vers le sol, tomber"

 

-

Choir aval : Aval cheent lez goutes cleres. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 137).

 

-

Choir souvin : ...le sanc en court a grant ris, et chait sovins. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 108).

 

-

Choir de qq. part : Et quant je senti la froidure Qui chut de dessus la verdure, Elle me fist tout tressaillir, Si qu'a moy me fist revenir Et mist hors dou transissement Ou j'avoie esté longuement. (MACH., D. verg., a.1340, 53). C'estoit chose trop mervilleuse, Trop doubtable et trop perilleuse ! Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames ; Et en pluseurs lieus a grans flames Cheï li tempès et la foudre Qui mainte ville mist en poudre (MACH., J. R. Nav., 1349, 147).

 

-

Choir qq. part : Car l'iaue qui chiet desseure La racine qui demeure Fait renverdir et florir Et porter fruit... (MACH., L. plour, 1349, 284). Et n'est pas à entendre ceste coustume si largement que ceulx qui tuent par aucun accident qui leur survient, ou par choiste dessus un arbre ou dessus maison, ou que aucune chose chée sur lui oultre sa voulenté et il en muert, il n'est pas homicidez de lui, car la cause de sa mort n'est pas venue par son pourchas ne par sa voulenté. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 88). ...il mist icelle toile en la queue de ladite charrete ; et en passant par-dessus le pont d' Enthoigny, icelle toile chey en la riviere soubz ledit pont, laquele il recueilly, et icelle apporta toute moillée à Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). ...il fist lever de là où il estoit assis [ledit Jehannin] et, en ce faisant, cheirent icelles deux tasses d'argent entre les piez dudit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498). ...le traict du roy Amydas vint cheoir sur la bataille du duc d'Ath. (BUEIL, II, 1461-1466, 202).

 

.

Choir à terre : ...elle trouva choit à terre, entre les piez d'iceli prisonnier, un blanc de VIIJ d. par., lequel elle recueilly (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 7). Mais Remondin n'en ploya oncques l'eschine, et la lance Olivier lui froya jusques que il fu poins ; et de la force du coup la lance Remondin chey a terre. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Le corbeau par sa cornardie, Oyant son chant ainsi vanter, Si ouvrist le bec pour chanter Et son fromaige chet a terre. (Path. D., c.1456-1469, 88). ...la hache jusques à terre chust. (BUEIL, II, 1461-1466, 110).

 

.

[D'un coup] : Et Gieffroy traist l'espee, et vint au jayant qui le cuidoit ferir de la mace d'acier sur la teste. Mais Gieffroy, qui fu fort et legier, tressault. Le jayant fault, et le coup chiet a terre par telle vertu que la teste de la mace entra plus d'un pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

Rem. Peut-être verbe choir ds l'ex. suiv. (plutôt que cacare, cf. note de l'éd.) : Je vous feray des coups chier ! (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 163).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Car quant lancier voloit un de ses dars, Si sagement Le savoit faire et si soutivement Que nuls savoir nel peüst bonnement, Fors cils seur qui il chëoit proprement. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70).

 

-

[D'un phénomène météorologique ou astronomique] : Et en pluseurs lieus a grans flames Cheï li tempès et la foudre Qui mainte ville mist en poudre (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Plux blan que nulle nege qui chient en saison (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 206). ...la foudre du ciel par plusseurs liex cheÿ (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 167). Ils lançoient pierres, caillos, Mangonniaus, sajettes, garros Plus dru que la noif ne la gresle Ne chiet quant il nege ou il gresle. (MACH., P. Alex., p.1369, 153). Item, les impressions qui semblent estoilles qui cheent selonc droit mouvement ne sont pas estoilles du ciel, si comme il appert ou premier de Metheores. (ORESME, C.M., c.1377, 80). Lors [le duc Anthoine] escrie Lusegnen a haulte voix, et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. (ARRAS, c.1392-1393, 184). Et adont [Mélusine devenue serpente] print son chemin vers Lusegnen, menant si grant escroiz et si grant enfreinte qu'il sembloit, par tout ou elle passoit, que la foldre et la tempeste y deust cheoir. (ARRAS, c.1392-1393, 260). Et lors senty descendre sur lui, aussi dru que pluie chiet du ciel, coups et horions d'un costé et d'autre, et fu moult defroissiez de coupz orbes (ARRAS, c.1392-1393, 306). Que dirons nous du diluge ou tant seulement VIII personnes furent sauvees (...), de la subversion de Sodome par feu de souffre cheant du ciel (...), de l'engloutissement de Dathan et Abiron qui descendirent vifs en enfer ? (GERS., Purif., 1396-1397, 60). ...et selon ce aussy que la lumiere et l'influence d'elles [des étoiles du ciel] descend et chiet en divers lieux et qu'elle encontre aussy matieres de diverses manieres. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 41). Item signe est de pestillence Trouver foison, ou abondance, De cendre, ou de pouldre menue, Sur les abres chaeste et venue, Qui se peut faire en la manière Pour l'arsion de la matière Estante en l'air d'embas montée, Et par chaleur arse et bruslée. (LA HAYE, P. peste, 1426, 56). Et, le lundi ensuivant, XVIIIe jour dudit moys, advint à Paris, à dix heures de matin, que une comete y chey en resplendisseur de feu qui dura longuement, et estoit telle qu'il sembloit que toute ladicte ville feust en feu et en flambe. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 141). ...c'est assavoir une apparance de discours de plusieurs estoilles espesses, comme gresle cheans sur terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 v°).

 

-

Part. prés. en empl. adj. ASTR. Estoile cheante. "Étoile filante"

 

Rem. cheant. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), XXVI, 22, 216.

 

-

Inf. subst. Au choir. "Dans sa chute" : ...et se ilz coupent un arbre tout sec qui rompe un autre au cheoir, soit vert ou sec, ledit arbre rompu sera de leur coustume et sans amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 331). ...au cheioir qu'elle fist [une pierre] tout trembla (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 155).

 

b)

En partic. "Tomber (quand ce qui retenait vient à céder)" : Quer tost de l'uis la fermeüre Chaï a terre o sa seüre. (Vie st Evroul S., c.1350, 158). [Les parroissiens, commun et habitans de Grisole ont droit de prendre] la terre, le caillou, la mousse, la marne, et la feulle du boiz quant elle est cheste, sans en poïer aucune amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 259). Et, ce mesme jour, environ entre IX et X heures de nuit, se bouta le feu en l'un des moulins aux Musniers, de Paris, qui appartenoit au prieur de Saint-Ladre, et fut tout le comble d'icellui bruslé par ung paillart varlet musnier, qui avoit ataché une chandelle contre le mur de son lit, qui cheÿ dedens icellui lit et y brusla tout, reservé ledit paillart, qui se saulva et enfouy comme ung renart. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 202). ...par deffault de sa bavyère qui luy estoit cheutte et avoit esté mal attachée dès le matin (COMM., I, 1489-1491, 30).

 

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Choir de : ...la fueille chiet dou cherme, Par nature, ou dou vent qui vente (MACH., J. R. Nav., 1349, 138). Quant Phebus oÿ la nouvelle Du corbel qui dist que la belle Qu'il aime de fin cuer entier Le laist pour un autre accointier, De son chief cheÿ sa couronne, Et sa harpe qui souef sonne De ses mains cheï a ses piés. (MACH., Voir, 1364, 700). ...Ma lettre li chaÿ des mains (MACH., Voir, 1364, 732). Item poyé a Perrin Hedoin, pour mettre ["remettre en place"] l'ardoise caeste du mostier eu gardin... (DU MAREST, Comptes L., 1412-1433, 41). ...terre et sablon quy y estoint chaistz du relieff de la maczonnerie en fesant la reparacion d'icelle tour (Comptes Lamballe C.-L., 1436, 328).

 

-

Laisser choir qqc. : La hache lait queyr, plux ne la pot porter (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 601). Et laissa ceoir son espée (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 117). ...advint que une aigle ou autre oysel print à la rive de l'eaue une conche, comme une grosse wistre ou tortue, et, pour la casser, monta hault en l'air et vit la teste d'icelui Achilus, calve, depillée et luisant et, cuidant que ce fust quelque roche, la laissa cheoir et lui rompit la teste et ainsi mourut. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

 

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Laisser choir qqc. tout plat : Mahienot n'avoit plus de force, ne coeur de porter son escu, ains le laissa couler à terre et cheoir tout plat (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 47).

 

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Loc. fig. Laisser choir qqc. aux pieds. "Se désintéresser de qqc." : ...il ne laissera pas cheoir aux piez le grievement a ceulx d'Ostun (Faits Romains M., c.1400-1500, 212).

 

-

Prov. : Quant la pomme est meure Force est qu'elle chaye. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 168). Qui riens ne porte, riens ne chiet ["Si on ne porte rien, rien ne tombe"] (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198). Riens ne lui chiet qui riens ne porte. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

 

c)

"S'effondrer, s'écrouler" : Qui vuet faire un ouvrage haut Seur fondement qui riens ne vaut, Sans grant damage. Car quant il est en plus grant saut D'ouvrer, li fondemens deffaut, Dont trebuchier et chëoir faut Tout le meinnage. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). ...les tieules par l'air voloient Et les cheminees chëoient... (MACH., Voir, 1364, 608). Se aucun est en possession paisible et saisine d'avoir fourches en aucun lieu et, aprés ce, ses fourches cheent par feblesse, veillesse ou par vent, non obstant ce qu'il se souffroit par pluseurs années de refaire les fourches, par ce ne pert il mie sa saisine ne sa possession qu'il ne puisse refaire les fourches (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 154). ...pour avoir estayé le mur des estables d'entre la chambre du concierge et de l'uis de la vigne à l'ostel de Monseigneur à la Ville-l'Evesque, pour ce que les murs cheent ; pour avoir fait descouvrir ladite maison et oster la tuille, pour doubte que le mur ne cheust (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 81-82). ...et lui estant près du pont vit sur icellui une autre des maisons cheoir et fondre avec partie du pont (BAYE, I, 1400-1410, 214). ...comme ceulx qui habitent en une maison qui chiet (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 12). ...celles places sont vacquantes et les mesons qui y estoient chaytes et frostes et que l'en ne trouve a qui bailler... (Comptes Lamballe C.-L., 1429-1431, 37). ...tellement que leurs hostelz et manoirs, en la plus grant partie, par inhabitacion sont choiz et destruiz (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 369). Va, beste, que disies que le temple [de Jérusalem] Charroit et te loues et venties Qu'en trois jours le rediffiaries. Or sa, donc, tu l'ediffiaras ? (Pass. Auv., 1477, 212). ...le temple et les ydolles cheent par terre et se font en bisme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

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[Contexte métaph.] : Lors que ceste dame regarda cellui seigneurieux edifice et maison royal pres que de cheoir... (CHART., Q. inv., 1422, 9). Or a Nostre Seigneur, tout à ung coup, fait cheoir si grant et sumptueux edifice, ceste puissante maison, qui a tant soustenu de gens de bien et nourriz, et tant esté honnorée (COMM., II, 1489-1491, 157).

 

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Empl. impers. : ...onques ne vi faire tel vent, Car les tieules par l'air voloient Et les cheminees chëoient Et se chaÿ pluiseurs maisons. (MACH., Voir, 1364, 608).

 

2.

[D'une pers., d'un animal]

 

a)

"Tomber (en trébuchant, sous l'effet d'un choc...)" : Par tel aïr ala le Sarrasin bouter Qu'il le fist du destrier keier et souviner (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 546). Car vraiement, tout en alant, Retournoient en reculant, Et en retournant relevoient Les bleciez qui cheüs estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 154). ...et lui cheut, remonta lesdiz degrez, vint à elle qui parle, print icelle par le colet de la robe, le tira aval lesdiz degrez tant que elle qui parle et lui cheurent tout au plus bas desdiz degrez et, elle et ledit barbier ainsi cheutte, fu navrée par iceulz barbier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509). ...sy chais sur une pire ["je trébuchai sur une pierre"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 118). ...li coursiers tresbuça et cei et jetta le dit mesire Phelippe desous lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 749). LUCIFER en chëant et trebuchant a terre... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 15). ...ainsi que la nourrisse auecques le petit enfant : (...) maintenant le tient par la main et laprent a aler et le soustient, et maintenant le laisse tout par soy, et sil aduient quil chee, elle acourt a le releuer. (CIB., p.1451, 189). Scïence tiens a soudain accident, Je gaigne tout et demeure perdent, Au point du jour diz "Dieu vous doint bon soir !", Gisant envers j'ay grant paeur de cheoir, J'ay bien de quoy et si n'en ay pas ung (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). ...ung pourceau se mist entre les jambes de son cheval, par quoy il cheut et se tua tout froit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

 

-

Choir jus / Choir à bas : Si ont les corps si tourmentez, A cheoir jus, et si coissiez Que... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 129). SOTIE. On y [jourait] bien haultement Mais aussi qui cherroit a bas, On seroit ravalé bien bas, Car c'est une rigle de droit : Qui plus hault monte qui ne doit... (Vig. Trib., c.1480, 224).

 

-

Choir à la renverse : Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. (ARRAS, c.1392-1393, 180). ...a peu qu'il ne cheut a la renverse, tant fut fort effrayé. (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...et chut à la renverse tout estendu par terre, sans que oncques il remuast pied, ni jambe. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 362).

 

-

Choir l'un sur l'autre : La ot grant encauch et maint honme reversé et bouté jus a terre, et ceoient a mons l'un sus l'autre, tant estoient il fort eshidé. (FROISS., Chron. D., p.1400, 690).

 

-

Choir qq. part : Et j'y voy po, par saint Remy, Qui n'est mie trop bon pour my ; Einsois est uns tres grans peris Qu'estre en porriens tous .IJ. peris Et cheoir dedens une fosse, Si ne morriens pas de la bosse. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Et quant en sa desesperance S'ocist, si forment s'envay Qu'avec le cop en feu chay, Dont tantost fu arse et bruïe. (MACH., J. R. Nav., 1349, 210). ...il devindrent diables et chieerent de gloire u puis d'enfer. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 4). Mais se cheüs en un marés Fust Balthasar jusqu'au braier, Ne se peüst tant esmaier Com de la main qu'il a veü. (MACH., C. ami, 1357, 26). La veissiez fier touilleiz ; mais en la fin Sarrasins perdirent le pont, et en chey pluseurs en la riviere. (ARRAS, c.1392-1393, 102). ...et en cel estat par un enghien il fu jectés en la ville. Il cei sus un toit couvert d'estrain et de terre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 615). Il me semble se je me remuoie que je charroie en mer, si fort plonge la nef. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 79). ...si chéent en l'eaue ceulx qui vers les bors sont. (BUEIL, II, 1461-1466, 59). ...tu chus en la trappe. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 637).

 

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Choir à terre / par terre : ...d'une darde qu'il avoit et tenoit en sa main, jetta icelle après ledit Gieffroy, de laquele darde il le fery et attaigny entre deux espaules, et dudit cop chei icellui Gieffroy illec à terre tout mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171). Le soudant estoit embrunchiez, et le heaume estoit court par derriere, l'espee trouva le col nu, excepté le gambison de la gorgerete, et trencha l'espee le ganbison tout oultre et les deux maistres vainnes et les tendans jusques au gorgeron. Le soudant chey par terre (ARRAS, c.1392-1393, 113). ...icellui Corbin leva sondit baston et en frappa un seul coup ledit du Vievre en la teste ; lequel coup d'aventure eschey en la temple, dont il cheut lors a terre environ heure de complie, et s'en ensuy mort (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 110). Et ce disant, a son espee il frappa Jupin, Ogier de Dannois fiert sur Margot, et les ont fait cheoir a terre et desrompre moult fierement (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 105). ...la y a une grosse pierre et muraille fondue, ou l'on disoit, Nostre Dame de Pasma, a l'endroit de laquelle la glorieuse Vierge Marie se pasma, et cheut a terre, pour la grant douleur et inestimable qu'elle eut (Pèler. D., 1486, 342).

 

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[Contexte métaph.] Choir en (la boue / une fosse...) : Tu scez que entre six manieres de racheter la plus parfaicte est preserver une personne tellement que point ne trabuche en la subjection de pechié quelconque, originel ou actuel, qui autrement, sans ta preservacion telle, y encherroit, comme on fait plus grant grace a ung homme le garder de cheoir en la boe que le relever depuis qu'il y est embatus. (GERS., Concept., 1401, 401). Item une playe faicte en tres petit et pou de temps fait une fissure perpetuel. Item par cheoir en une fossé par adventure fait demourer a perpetuité en icelle. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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[Contexte grivois] Choir du mal saint Loup. "Tomber à la renverse, s'abandonner facilement" : On ne doit point aussi laissier mengier aux jones filles a marier de teste de monton, de creste de coq, ne d'anguille, affin qu'elles ne chieent du mal sainct Loup par derriere. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

 

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[D'un oiseau]

 

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Choir au / sus / dessus le leurre./Choir aux lacs

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 187 ; LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 354, v.7475 ; 357, v.7545 ; Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 44.

 

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Choir à terre. "Se poser à terre" : Garde qu'il n'acoustume, en revenant, choer à terre, mais l'acoustume revenir sur le poing. (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 62).

 

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"Se rabattre (sur l'eau)"( (Éd.)) : Une foiz en riviere estoie Delés un hostel que j'avoie. La passoit une riverete, Si vi la cheoir une ennete. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 218).

 

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Inf. subst. "Fait de tomber, chute" : [Contexte métaph.] ...et le cheoir fu par moy, et le relever fu par toy. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 62). ...par le cheoir d'icelui prestre et par un mur ou maisieres ou pierres sur quoy il chey, ou se hurta en cheant, eust esté blecié en son dit visaige à sang et playe (Doc. Poitou G., t.7, 1414, 264). Mais je faisoye ma lamentacion blasmant Fortune et escryant sur celle et sur les dures Destinées qui ont incliné la belle tant prisée à ce cheoir en ce pas perilleux tant preveu. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 157).

 

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Au choir. "Dans la chute, lors de la chute" : Mais il m'abati sus la voie Et me bleça au cheoir jus. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 309). Le destrier s'encline, qui ne se povoit plus soustenir. Et le roy Braidimons s'approuche du roy Uriien, et cil, qui sentoit que son cheval aloit par terre, laisse l'espee aler et embrace le roy Braidimont par le faulx du corps et le tire a terre du cheval mal gré qu'il en ait. Et au cheir il guerpy les estriers, et tira le roy Braidimont soubz lui. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Au derain se brisat la jambe au cheoir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 152). Ou escherra Que d'uns carneaulx ou d'un hault mur cherra Et au chëoir du corps lui mescherra... (CHART., D. Fort., 1412-1413, 189). Et puis qu'ainsi m'est escheü D'estre a mercy entre voz mains, S'il m'est au chëoir mescheü, Qui plus tost meurt en languist moins. (CHART., B. Dame, 1424, 340). ...son parrastre avoit rompu la jambe au cheoir de son cheval (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 90).

 

b)

"Tomber de son haut, s'écrouler ; défaillir" : Mais je n'os corps, ne cuer, ne jame, Ne sanc, qui ne fremist en mi, Quant je la vi ; car si fremi, Que, se Dieus de li me doint joie, Grant paour de chëoir avoie. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). ...il avoit geü durement [forme régionale, Görlich, 65] (Vie st Evroul S., c.1350, 158). Mais ly diestrier do saingnor de Hermalles fut ochis ; se cheyt. Et, quant messires Ernus de Jehainge, freires al dit castelain, le veyt cheioir, ilh sailhit jus de son cheval et montat sor ly, anchois que releveir soy powist (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 44). ...il regarde son maistre chaet, la lance au corps [note de l'éd., 347 ; forme de l'Ouest] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 103). Je chiech, je brule (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 126). AFFRICQUEE. Soustenez moy. LE SOT. Ho ! el cherra. (P. Jouh. D.R., a.1488, 37).

 

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Choir à terre (de son haut) : "Lasse !" dist elle, "quel remors Puis avoir de ceste nouvelle !" A cest mot chey la pucelle A la terre, toute estendue. (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). SOTIE ROSSIGNOL. (...) Apres qu'il eut perdu le goust, Il cheut a terre de son hault. Adonc se releva debout (Vig. Trib., c.1480, 234).

 

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Choir aux pieds de qqn. "Se mettre à genoux, se mettre à terre devant qqn" : Et celui li cheï aus piez (Vie st Evroul S., c.1350, 67).

 

c)

Se laisser choir

 

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"Se laisser tomber (qq. part / de qq. part)" : Mais mar vit pour li ce jour né, Qu'entre les flos vit Leandon Qui floteloit a abandon. Et quant de près le pot vëoir, Seur le corps se laissa chëoir Au pié de sa tour droitement ; Si l'embrassoit estroitement, Forcenée et criant : "Haro !" Einsi fina belle Hero... (MACH., J. R. Nav., 1349, 250). ...car tous les autres c'estoient laissiez choier ou fons du batel (GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chrestom. R., 64). ...la gaitte s'esveilla, et de paour qu'elle eut se laissa cheoir du hault en bas de l'arbre (C.N.N., c.1456-1467, 452). ...et par ung tuyau des chambres aisées se laissa cheoir dedens les fossez et se saulva. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 86).

 

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"Se laisser tomber de son haut" : Alez vous tost laissier cheir A ses piez, et le merciez (Mir. ste Bauth., c.1376, 89). Cy se lesse choer [Indic. scénique]. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 88). LE SOT. Voirë a jouster contre ung verre, Puis se laisser chëoir par terre Et s'endormir comme ung porceau. (Gaud. sot, c.1450, 8). ...et tout ainsi que un homme yvre desmarche branlant, se laissa cheoir à terre d'un costé et son baston de l'autre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 48).

 

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Loc. fig. Se laisser choir du haut de soi. "Être incapable de masquer ses sentiments" : Le bon president (...) se monstra tresdesplaisant ; et de fait se laissa cheoir du hault de luy, menant trespiteux dueil (C.N.N., c.1456-1467, 313).

 

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Se laisser choir à revers : ...il fu pris ou jardin de la ville de Jethsemani par les fauls ministres des princes, des Pharisiens et (des) evesques des Juifz, non obstant qu'il se feussent avant laissié cheoir a revers quant il leur dit doulcement, "Ego sum." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 81).

 

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[Contexte grivois] Se laisser choir par derriere. "S'abandonner facilement" : On ne doit point aussi laissier mengier aux jones filles a marier de teste de monton, de creste de coq, ne d'anguille (...) ...pour ce que ma mere en menga, j'en ay eu trois taches qui, comme je croy, jamais ne me fauldront. L'une si est, que souvent me laisse cheoir par derriere ; la seconde, que je hurte volentiers et la tierce, qu'il me croist ou plus secret lieu de mon corps une chose a maniere de la creste d' un coq, dont j'ay grant vergoingne. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

 

-

"S'accroupir, se blottir" : Lors me laissay tout bellement chëoir Et me coiti si bien, a mon pooir, Sous les arbres, qu'il ne me pot vëoir, Pour escouter Le trés dous son de son joli chanter. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 58).

 

d)

Choir + adj. / part. passé en empl. adj. : Et tel cop li donne en la face Que devant li chiet estendus, Ne plus ne puet estre entendus, Car on ne le vuet plus oïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Et Guillaume la prist et celle quiet pasmee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 897). Coronis chiét toute estendue (MACH., Voir, 1364, 702). Et a ce mot le lieve, et l'embrace et l'acole de ses bras, et s'entrebaisent, et orent entre eulx deux si tres grande douleur qu'ilz cheirent eulx deux pasmez sur l'aire de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 257). ...puisque au coeur es fichiés D'ung dart mortel et que desconfis chiés... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 630).

 

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Choir mort / comme mort / Choir occis : Et je qui fui boutez dedens le brueil Vi qu'a ce mot la dame au dous acueil Cheï com morte. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 65). Sy tres bien l'assena [son coup d'épée] qu'il est cheü occis. (Tristan Nant. S., c.1350, 278). ...et dudit coup tout chancellant ala cheoir mort illec assez prez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 410). Mais Gieffroy l'advisa et lui donna si grant coup de l'espee, qui fu pesante et trenchoit comme un raseoir, que il le fendy jusques en la cervelle, et le Sarrasin chiet mort. (ARRAS, c.1392-1393, 228). ...ledit cheval cheut soubz lui tout mort (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 87). Et, incontinent que ledit Breton ot ainsi navré ledit cheval, vint à lui ung archer de la compaignie de mondit seigneur d'Eu, qui le traversa tout oultre le corps d'une demie lance, et incontinent cheut à terre tout mort (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 87). ...et incontinent vint à lui ledit Jehan de Foing, qui lui bailla d'une javeline au travers du corps, dont il cheÿ mort en la place. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 59). ...et ne veïz oncques recepvoir coup à homme des nostres que à Julian Bornel, que je veïz cheoir mort d'ung coup que luy donna ung Ytalian en passant (COMM., III, 1495-1498, 189).

 

3.

En partic. [D'une partie du corps, des cheveux, de larmes...] Choir (à qqn)

 

a)

"S'affaisser, tomber" : Lors Gaverelles le singla Parmi les flans IJ. cops ou IIJ. De s'espée, jusqu'à la crois, Si que les bouiaus li cheoient Par mi les plaies qui sainnoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). ...vostre devant est en tresgrand dangier de cheoir (...) vous ne le porterez gueres longuement qu'il ne vous chiege (C.N.N., c.1456-1467, 39). Vous cherront les plumes des elles Au temps que vous devez voller Et mener jubilacion ? (Sots gard., a.1488, 99).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Tombant" : Le front ridé, les cheveux griz, Les sourciz cheux, les yeulx estains, Qui faisoient regars et ris Dont mains meschans furent actains, Nez courbes, de beaulté loingtaings, Orreilles pendentes, moussues, Le visz paly, mort et destains, Menton froncé, levres peaussues - C'est d'umaine beaulté l'yssue... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 56).

 

b)

[De cheveux, des ongles...] "Se détacher et tomber" : Et pignoit au mielx qu'il savoit Ses cheveulx qui moult beaulx estoient, Et ceulx qui au peigne cheoient Gardoit comme reliques sainctes. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 31). ...et les cheveux cheent de la teste, c'est signe que cel ptisique se meurt. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 81). ...tout li cheviel dou chef li cheïrent et toutes les ongles des mains et des piés. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 280). ...et le tindrent seulement en ung sep par telle maniere que, quant il fut a Beauvais, les piés luy cheurent, qui est pou de chose envers les autres tirannies qu' ilz ont acoustumé de faire. (JUV. URS., Loquar, 1440, 308). ...le bastard tira l'espée du fourreau et en féry l'un de eux tellement que le poing lui chut à terre devant luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 104).

 

c)

[De larmes] "Couler et tomber" : ...les lermes lui cheoient des yeulx a si grans ruisseaulx que toute sa poittrine en estoit arrousee (ARRAS, c.1392-1393, 257). Et a ce que elle disoit ces parolles lez grosses larmes li quoyent des yeulx, laquelle chose reghardoit le roy, dont il avoit tresgrant pité (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 144). ...a chacun qui venoit De joye larmes chiessoient des yeux. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 408). Quant Appollo vey les larmes cheioir de ses yeulx... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 182).

 

Rem. V. aussi quoyer.

B. -

P. anal. [Idée anal. de décroissance]

 

1.

[Du vent] "Tomber, faiblir, se calmer"

 

-

Prov. : ...Et si voit on qu'un po de pluie Souvent un grant vent chace en fuie, Dont on recorde moult souvent Qu'a pou de pluie chiet grant vent... (MACH., D. Lyon, 1342, 195). Et le messagier retourna a Gieffroy, et lui compte l'orgueil et le bobant des IIJ. freres. Par mon chief, dit Gieffroy, grant vent chiet pour pou de pluie. (ARRAS, c.1392-1393, 198).

 

-

[De l'orage] : LE MAISTRE MARINIER. L'orage est choit, le temps amende (Mir. emper. Romme, 1369, 289).

 

-

[Du feu] : Si comme il vint au bout de la ville, il trouva une vielle, a qui il demanda comment le feu avoit esté mis en celle ville. Adonc dist la vielle : "Alés tous jours, alés, mon ami ! Je le feroi cheoir avant que vous y soiés." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 57).

 

2.

[D'une chose] "Diminuer, décroître" : Elle [Bonneürté] appert en mains esbanois, Tant en joustes comme en tournois, Pour chevalerie essaucier Et les fais des bons avancier A la congnoissance des dames. La croist honneurs ; la chiet diffames. (MACH., J. R. Nav., 1349, 272). Per ung dez filz Lion serait a ffin menés Et cherait cez orgueille (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 507). Or voyent les Anglois que Brambroc est passés Et l'ourgouil de luy chet, et la grande fiertés. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 61).

 

-

[D'une denrée] "Baisser de prix" : BRUYT. Toute danrée monte, Mais la tienne dechait tousjours. CUIDER. Beau Dieu ! Je l'ay veu en tel cours ! Comment chait elle ainsi doncques ? (Pipée R., c.1470-1480, 162).

 

.

Faire choir. "Dévaluer" : Quant ilz furent revenus à Paris, si leur convint faire nouvelle finance. Si leur fut donné en conseil qu'il convenoit faire cheoir la monnoie (Journal bourgeois Paris T., 1436, 324).

C. -

Au fig. [Idée figurée de chute, de déchéance (synon. deschoir)]

 

1.

[D'une chose] "Décliner, s'effondrer, être ébranlé" : ...il faudra que nature succumbe et choe (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 242). ...droit fault, justice est chise (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 233). ...adont chaÿ La grant puissance des Persens. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 255). Leur estat n'a point de pié ferme ; car chose de legier venue legierement chiet, et les arbres plus hastiz portent fruits de mendre garde et de plus courte duree que ceulx qui a longue atrempance et droit cultivement rechoivent leur meureté en la chaleur du soleil. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). Domination n'est pas l'exces des pieurs seulement, mais de tous beaulz et bons est toute et parfaicte possession ferme, forte et non poant cheoir. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

2.

[D'une pers.] : Et quant ilz sont cheuz de leur folle entreprinse par erreur, dient que espoir lez a dechuz par confiance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101). ...le roy Regnier (...), cheu de fortune de bataille a dure perte, mené en captivité soubz forte main... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 135).

 

-

Choir malade. "Tomber malade" : Et, après ladicte procession faite, Reverend Pere en Dieu monseigneur l'evesque de Paris cheut malade d'une maladie, de laquelle ce mesme jour il ala de vie à trespas (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 264).

 

-

Choir par pieces. "Se défaire par pièces" : Il estoit si malade de meselerie que il cheoit tout par pieces. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 231).

 

-

RELIG. [Chute dans le péché] : O, bon Dieu omnipotent (...) tant comme je m'esloigne de toy, je connois que je suy cheü, et, qui ne connoist quant il est cheü, il n'a cure de soy relever, car il cuyde encore estre sur ses piez. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 63). Vous savez la transgressïon D'Eve et d'Adam, comme ilz cheïrent (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 66). La quarte maniere de trinité est par laquelle l'homme, qui est chut, par pechié se relieve [déplacer la virgule après pechié], c'est a scavoir foy, espoir et charité. (Somme abr., c.1477-1481, 126).

 

.

Inf. subst. : Car grever tu ne te porras Se t'es son filz au cheoir bas (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 81). [Réf. à la tentation du Christ, cf. Matth. 4, 6]

 

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Choir devers senestre. "Succomber" : Chascun n'est mie champion, Ja soit ce que tel le cuide estre Qui cherroit tost devers senestre, Se temptacion le grevoit. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 67).

 

-

Prov. : ...meintes fois ay oï dire, Qui plus haut monte qu'il ne doit De plus haut chiet qu'il ne vorroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Qui plus hault monte qu'i ne doit, De plus hault chiet qu'il ne voudroit. (Liber Fort. G., 1346, 90). Car bas doit cheoir qui trop hault monte. Ou puis d'enfer vous porteron. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 133). Plusieurs sont en hault eslevez Pour estre en cheant plus grevez. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 237). Maistre Simon, sire Simon, Vostre corps, qui est de limon, Vouloit voller lassus au c[i]el ! Il desplaisoit a saint Michel. Si estes trabuché a honte ; Car abbas chiet qui trop hault monte. Ou feu d'enfer vous trametron. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 184). Mal s'eslieve cellui qui chiet bas. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 209).

II. -

P. méton. [Idée dominante d'éloignement (ce qui tombe s'éloigne de ce qui le retenait) ou d'aboutissement (ce qui tombe aboutit qq. part)]

A. -

[Idée d'éloignement]

 

1.

[P. rapport à une pers.] Qqc. choit à qqn

 

-

"Quitter qqn, se détacher de qqn, échapper à qqn" : Or les regardez : Sont il [ces escharboucles] belles ? pour Dieu, gardez Qu'il ne vous chéent. (Mir. pape, 1346, 390). Moururent pas, je vous emprie, Pour moy appostres, confesseurs, Martirs, vierges et sains pluseurs, Qui si grant beauté me donnerent, Par ce que pour moy endurerent, Que pardevant ne me cheut puis ? ["...que [ma grande beauté] ne me quitta plus depuis lors"] (Concil Basle B., 1434, 83). Tant se haste on que mal advient ; Tant embrasse on que chiet la prise ; Tant crye l'on Noël qu'il vient (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

.

[Du nom qui est donné à qqn] Ne pas choir à qqn. "Ne pas quitter qqn" : Ollivier de Burs fuit puesdit appelléz ; Ne l'en chayt li nom tous lez jour de son aiez. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 784). Et pour ce (...) m'appella il Maulvais Garçon, ne ne me cheut le non tant que je fuz chevalier nouveau (Chev. papegau H., c.1400-1500, 9). Et, depuis ceste heure là, le nom de Fortuné d'Amours ne luy cheut. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 177). En ce point nomma la belle Flamine sa terre Islangue qui depuis le nom ne lui en chey (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 121).

 

.

[D'une chose nég.] Ne pas choir à qqn. "Ne pas être évitable pour qqn" : Se horion ne luy cherra ["il ne l'évitera pas"] ; Jamais ne se faigne d'escourre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 205).

 

2.

[P. rapport à un lieu fig.] Choir de

 

a)

[D'une somme] Choir de une autre somme. "Venir en déduction de" : ...quatorze cenz quatre vins quatre livres (...) tournois de rente, par an, dont il chiet et sont à rabatre : Pour les gaiges du bailli (...) cent livres tournois. Item, pour la rente que... (Comté Champ. Brie L., t.2, 1344, 463). Jugement de Poinsatte, (...) que fuit, d'une pairt, et d'Isaibel, (...) d'autre pairt, que dit que ladite Poinsatte aportei delei son marit .VIIIxx. lbs., si fit estault pour celles.VIIIxx. lbz. sus l'eritaige son marit, se ne voulloient mie les hoirs que cellui estault fut de vallour. Li maistre-eschevinz dit pour droict que, se ladite Poinsatte a rien ressu des bien moibles de son marit, qu'il ait bien a cheoire de la somme. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1333], 103).

 

b)

[D'une pers.] "Se tirer de qqc." : "N'estes-vous pas un tel ?" et l'autre dit "Ouy sire. - Et n'estes-vous pas celuy, dit le roy, qui avez un tel procès pour telle cause et telle ? - Eh ouy, sire ! dit l'autre. - Et comment vous en pensez-vous cheoir ? ce dit le roy arrière ; estes-vous bien reconforté de ce qui en peut ensieuvir ? - Par ma foy, dit lors yceluy, je me reconforte bien en Dieu et en mon bon droit." (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 101).

 

c)

DR. [D'une pers.] Choir de qqc. "Perdre son droit en qqc., être débouté de qqc." : Unques de nul plait ne chaÿ (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 73). ...et s'il n'appert de la diligence comment les tesmoins sont adjournez, l'acteur est cheu de sa production ; car par la coustume de Bourgoingne, l'en n'a que une production (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 115). Coustume est en Bourgoingne que, se aucun demande à un autre deniers ou autres choses, pour quelque obligacion que ce soit, se il allegue paie, il y sera receuz en lui assignant jour à prouver icelle paie ; et, se à ce jour il ne monstre sa paie ou deue diligence, il est cheuz du tout de sa cause. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 127). ...se j'ay journée assignée à prouver et je fay defaulte à la journée de la prouve, ou que je soie present et je n'aye fait aucune diligence d'adjourner ou admener mes tesmoins, je suys cheuz de ma prouve par tesmoins ; toutes voies ma partie adverse sera tenue de respondre par serement à un chascun article de mon entencion. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 138). ...puis aprés, ledit frere ne suy pas leur appel. Pour ce disoit ledit H. qu'il estoient cheuz de leur appel, car l'en povoit bien dire droit en l'absence d'eulx, puisque la chose estoit appointée à oïr droit et que ce default ne leur nuisoit riens. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 180). ...li appellé qui se sera couléz en droit, veu le procés, sanz faire nouvel procés en cause d'appel, ne paiera aucuns despens, se il chiet et subcumbe de sa sentence ; mais s'il propose faiz ou raisons, pour laquelle chose procés ou appointement nouvel s'ensuit, se icellui appellé en subcombe, il paiera despens à l'appellant. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 182).

 

-

Empl. abs. : ...car, selon ce que dessus est dit, il cherront et perdront en la negatoire, s'il ne monstrent tiltre ; puis aprés fu conseillé aux hommes qu'ilz traittassent à leur seigneur et qu'ilz preissent certaine partie pour l'usage dudit bois, et que c'estoit le proufit des homs, plus que de monseigneur ; car on entent qu'il perdront en la negatoire. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 166).

B. -

[Idée d'aboutissement (synon. enchoir)]

 

1.

Choir à / en. "Aboutir"

 

a)

[D'un fleuve] "Se jeter dans" : Gyon va en Ethyopie, Tygris au Quaire et en Surie, Et passe delés Damiette ; Là chiet en mer, et c'est sa mette. (MACH., P. Alex., p.1369, 191). Et le gallaffre fait tout traire a terre et se fait logier ainsi comme a demie lieue du port, sur un gros ruisseau d'eaue douce qui cheoit en la mer, a la corniere d'un petit bois pour lui refreschir (ARRAS, c.1392-1393, 132). ...et passe la riviere dou Hombre tout parmi, qui va ceoir en la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). ...et y chiet [dans l'Adriatique] ung petit fleuve nommé en latin Rubico. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 371).

 

b)

[D'une chose] "Aboutir qq. part" : Car aussi comme la semence qui chiet en terre bien cultivee aporte bon fruit, semblablement la parole ou doctrine qui chiet en personne exercitee en bien et disposee a bien fait le fruit de bonne operacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 532). ...ce livre cherra es mains de noz enfans (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 47).

 

-

"Atteindre" : J'euz d'ung canon par les cheveux, Qui me vint cheoir tout droit en barbe (Fr. arch. B., c.1468-1480, 31).

 

-

[D'un mot, d'un propos] Choir en la bouche. "Arriver facilement à la bouche" : ...le mot est tel qu'il chiet en la bouche et en la parolle de ceulx qui le nomment (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

 

Rem. FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 85.

 

.

Choir en sourde oreille. V. oreille

 

-

Choir en memoire / en pensee / en teste. "Venir à l'esprit, à la mémoire" : Mais font quanque lor chiet en teste (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 43). Ne te chiet il en memoire que... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 16). ...il leur cheut en memoire que... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 238).

 

.

Choir au coeur. "Venir à l'esprit, apparaître comme évident" : Mais quant le chevalier les eut aucun pou regardez, bien lui sambla qu'il les avoit veuz autresfois et lui chey au cuer que c'estoient les deux chevaulx des chevaliers qui avoient Flamine ravie et sa damoiselle. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 171). [Autre ex. p.299] ...il leur sembloit tant propre, plaisant et bien enlangaigié qui ["qu'il"] leur cheoit ou cuer qu'il estoit de bon lieu venu et si estoit il (Comte Artois S., c.1453-1467, 108).

 

.

Ne pouvoir choir en pensee. "Être inconcevable" : La vi je si tresgrant clarte [l. clarté] Que chaoir ne puet en pense [l. pensé]. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 293).

 

-

Choir en son pretendre. "Entrer dans ses prétentions" : ...tu les as bouté en plus haulte fortune qu'oncques il ne chut en leur pretendre. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 161).

 

-

"Entrer dans qqn / qqc." : Encores voullons et ordonnons que le demandeur ou appellant doye dire, ou faire dire par ung advocat, son propos devant nous, ou son juge compettent, contre sa partie adverse et lui present. Et se doivent garder de dire chose ou il chee villonnie qui ne serve a leur querelle seullement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 210). Ilz sont aussi deux manieres de paour. L'une chiet aucune fois en homme constant et ferme, qui ne doubte riens, et tel paour exclut le consentement matrimonial. L'aultre qui chiet en homme inconstant ne exclud pas la paour qui chiet en homme constant, comme la paour de la mort et cruciement et mutilation de corps. (Sacr. mar., c.1477-1481, 68).

 

-

"Devenir, se transformer en" : Tant donne on qu'emprunter convient ; Tant tourne vent qu'il chiet en bise ; Tant crye l'on Noël qu'il vient (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 53).

 

-

Choir en friche. "Tomber en friche" : ...plusieurs vignes et autres heritages (...), lesqueles il esconvient faire labourer ou autrement pourroient en brief cheoir en friche (Sent. Chât. Paris M., II, 1399, 519).

 

-

Cheoir en decours. "Pencher vers sa fin, décliner" : Ainsque cheüs soit en decours Mes cors par trop longue souffrance... (ACART, Prise am. H., 1332, 5). Car, se temprement n'i acours, Je ne puis estre respité De la mort, car tuit mi recours Sont en toy, et mi jours sont cours ; Dont ma vie chiet en decours, Se temprement ne has pité. (MACH., Lays, 1377, 310).

 

c)

[De pers.] "Arriver à, parvenir à" : Je croy bien que nous cherrion Tous six en une opinion (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 148). Si sont cheüs en tel acort Que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 226). Finablement trestuit cheïrent A certaines fins que la prirent Et en une conclusion Aprés leur altercation... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 510). ...Et qu'il [les ambassadeurs] soient de tel affaire Qu'il sachent moustrer vostre entente, Et la passée et la presente, Au soudan, et nous esperons Que si courtois le trouverons Que nous cherrons en bon acort. (MACH., P. Alex., p.1369, 126). ...car eureux seroie de choir en tant haut mariaige (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1059).

 

-

Choir en faim. "Prendre faim" : Et quant tu verras qu'i [le faucon] sera cheu en bonne fain, si lache le fil de quoi il est chillié (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 221).

 

-

Choir en une opinion. "En arriver à une opinion" : Bien assailli, bien deffendu, ilz cheurent tous en ceste oppinion, tant ceulx du conseil comme les cappitaines, que les gens d'armes fussent prestz au premier jour de juyng sur le rivaige pour monter sur la mer. (BUEIL, II, 1461-1466, 172).

 

-

Choir en propos de + inf. "En venir à parler de" : Après ung pou de sermon (...) il cheut en propos de toucher leur matiere pour laquelle estoient assemblés. (C.N.N., c.1456-1467, 103).

 

-

Choir en pensee. "S'absorber dans ses pensées" : Et quant je vi Qu'Esperence avoit assevi Tout ce que dire me voloit, Et qu'einsi elle s'en voloit Soudeinnement a recelée, Je cheï en moult grant pensée Et par ordre a recorder pris Tout ce qu'elle m'avoit apris De point en point, car bien pensoie Qu'encor grant mestier en aroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 108). Si cheï en moult grant pensée Comment a moy ne fust celée La verité de pluseurs choses Qui eu vergier furent encloses... (MACH., D. Lyon, 1342, 183). Quant Daires oy la nouvelle Et vit que ceint d'une cordelle Furent li prince de Caldee, Il cheï en moult grief pensee Et fu courreciés durement... (MACH., C. ami, 1357, 39).

 

2.

[D'une chose] Choir en / sous. "Tomber sous, relever de" : ...ainssi que l'aer ou la clerté du solail ne puet chaer en la seignourie de l'onme, aussi ne puent lez choses temporeles (Songe verg. S., t.2, 1378, 135). ...gloire est donnee a Dieu pour sa part, et paix chiet en la part des hommes de bonne voulenté. (GERS., Noël, p.1404, 292). ...quant aux benefices electifz et non cheans en graces communes et expectatives. (BAYE, II, 1411-1417, 157). ...et n'y convient point faire de procès de chose qui chiet en restitucion par confession (FAUQ., III, 1431-1435, 126). ...la duchié de Normendie (...) pooit cheoir en forfaiture et confiscation (JUV. URS., T. crest., c.1446, 73). Se doncques il a souffert viel tortfait non pugny cheoir en audicion ["être examiné en justice"]... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 155). Ne aussi par verbes puet on demonstrer Dieu, car les verbes signifient avec certaines manieres d'inclinations du courage diverses, et avec formes simples ou composees, avec signification de temps sans cas de faire ou de souffrir, mais teles choses ne chieent en Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 156).

 

-

Choir sous. "Tomber sous" : La mort a quoy le voulons mectre Ne chet point soubz nostre sentence ["ne relève pas de notre compétence (c'est à Pilate à prendre la décision)"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 335).

 

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Choir en besogne. "Être nécessaire" : Ce sont les communs proffis et ouvrages du astralabe souvent cheans en besoingne et en practique de astronomie. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 56).

 

-

Choir en compte. V. compte

 

-

Choir en reparation. "Devoir être réparé" : ...lesquelles choses (...), come dignes de pugnicion, cheoient en reparacion. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 204).

 

-

[D'une forêt] Choir en coupe / en vente. "Être parvenu à un degré de croissance tel que les arbres peuvent être marqués pour l'abattage et que le bois peut être mis en vente" : Lesquelz dient et afferment que tous les diz bois sont assis ou terrouer du dit Chastel en plusieurs pieces, c'est assavoir une piece assise emprès la riviere de Veau, qui fut jadis dame Thyesce, laquelle se vent, et aussy font toutes les autres, de IIII ans en IIII ans, et est vendue quant elle chiet en vente comunes années de VII a VIII l. (...) L'autre est appellé le bois a l'Escluse, qui ne s'est point vendu de leur temps pour ce que le conte le faisoit ouvrer pour ses vignes, et vauldroit quant il cherroit en vente XII l., et cherra en coupe l'année prochain venant. (Comté Porcien R., 1400, 224).

 

3.

[D'une pers.] "Tomber dans, être entraîné dans"

 

a)

Choir en (une) maladie / en telle maladie. "Tomber malade (de telle ou telle maladie)" : N'il n'estoit nuls si vrais amis, Qui ne fust adont arrier mis Et qui n'eüst petit d'aïe, S'il fust cheüs en maladie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). ...c'est peril de cheoir en ydropisie ou en ptisique ou en manie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 91). Et toutesvoies, se il est cheü en tele maladie par ce que il vivoit incontinentement et desordeneement et ne obeïssoit pas as medicins, il est malade voulant et voluntairement. (ORESME, E.A., c.1370, 199). Le duc de Lancastre chey en langour et en maladie très grande et très perilleuse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 112). ...se elle lui savoit donner, enseigner ou bailler conseil ne chose quelconques par quoy ledit de Ruilly, son mary, cheist et feust en très-grant langueur de maladie (...) que elle li dist afin de le fere (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305). ...elle cheut en une desplaisante et dangereuse maladie que communement l'on appelle broches. (C.N.N., c.1456-1467, 32).

 

b)

Choir en la main de qqn

 

-

"Tomber aux mains de qqn, au pouvoir de qqn" : Mais Susanne, de Juda fille, Vostre iniquité orde et ville Ne volt soustenir ne vëoir, Car mieus ama estre et chëoir En vos mains et la mort attendre Que Dieu son createur offendre. (MACH., C. ami, 1357, 15). ...car qui ceoit ens es mains de ces Englois routiers, il estoit mors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 588). Comsiderés la bonne estrine et aventure que mesires Thomas de Hollandes ot d'avoir si bons prisonniers qui li ceirent ens es mains. (FROISS., Chron. D., p.1400, 693).

 

-

"Se trouver par hasard à proximité de qqn" : Messires Jehan d'Elle leur cheï en la main, et tantos l'avisèrent (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 288).

 

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Choir en la merci de qqn. "Être mis à la discrétion de qqn" : Pourtant le dis que j'ay eut conseilhe que faire vueil a Charlez sa volenteit et cheoir en sa mercy (...) et suys prest de jureir que... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 212).

 

c)

Choir en un état défavorable, une situation fâcheuse. : Assez souvent voit l'en cheoier Les orguilleux en grande poverte (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 24). Si ne doit nul (...) En desperacion choier (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 60). Et s'il ne fust, certeinnement j'espoir Que je fusse cheüs en desespoir, Mais riens qui soit ne me feïst doloir, Quant ses regars Estoit seur moy en sousriant espars (MACH., J. R. Beh., c.1340, 78). Lors renouvela ma pesence, Et cheï en une doubtance Si grief, si pesant et si pesme, Que de joie ne que de cresme Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Mais je cheï en grant esmay, Si tost comme il me fu faillis, Car de mains griés fui assaillis. (MACH., D. Aler., a.1349, 340). Quant elle en a un bon a main, Elle le laist pour un meneur, Dont elle chiet en deshonneur. Et cils qui de loial cuer l'aimme, Las, chetis et dolans se claimme Pour la grieté qu'en son cuer sent (MACH., D. Aler., a.1349, 380). En peine et en labour cheïrent [Adam et Eve], Et en mort cheirent quant il se meffirent. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 68). ...il chey en tel diffame Que... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 266). Et puisque il est ainsi, il s'ensuit que le mescheant ne sera onques fait beneuré ne celui qui est beneuré ne encherra pas en telles fortunes comme en chaït le roy Priant ["comme ce fut le cas du roi P. qui tomba dans un tel sort"]. (ORESME, E.A., c.1370, 136). Trop vilainement me tempta, Quant en luxure me bouta Et après, dont j'ay plus grant hide, M'a fait cheoir en omicide (Mir. st J. Paulu, c.1372, 121). La quarte maniere est quant aucun est tellement racheté que il ne puet choïer en pechié mortel, conme furent lez Apostres aprés la Penthecouste (Songe verg. S., t.2, 1378, 252). Pour ce chiet en la rage de la jeleusie (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). Je diray plus : que la ferveur de l'amour que saint Pierre avoit envers Jhesu Crist donna occasion de le nier aprés, car par telle amour il cheut en presumpcion de soy, et pour la presumpcion Dieu voult souffrir qu'il tresbuchast en telle negacion, pour soy mieulx congnoistre (GERS., P. Paul, a.1394, 489). Et icy, oultre la louange et deffense saint Pol, nous avons enseignement de nous contregarder de cheoir en perilz ou tribulacions sans neccessités ou proffit (GERS., P. Paul, a.1394, 500). Panse bien, panse que vault quanque tu faiz en ce monde, quanque tu traveilles, quanque tu rapines, quanque tu quiers vengence, quanque tu donnes a ta povre charoingne de mauvaises plaisances, se tu chiés, en la destroicte heure de la mort, a l'orrible jugement de justice, en mort perpetuelle. (GERS., Purif., 1396-1397, 67). ...ilz furent ingraz a Dieu et cheurent en horribles erreurs, en ydolatries et en vilité contre nature (GERS., Trin., 1402, 162). ...et tant que je ne suis mie cheuz, moyennant vostre grace en telle obstinacion furieuse que vous juge estre mauvaiz ou envieux, comme font les dampnez. (GERS., Trin., 1402, 165). ...afin que ycellui Chiffrelin, qui cheoit en villeesse, eust mielx de quoy vivre en ses derreniers jours, a donné et octroyé la somme de 30 frans de pension par an (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 326). ...telles gens cheent souuent en inconuenient. (CIB., p.1451, 213). Et se tu me demandes par quoy ilz [les mélancoliques] se tendront en hault et ne cherront point en ceste tristesse melancolieuse, ie tay respondu deuant que ce sera par leesse spirituelle (CIB., p.1451, 219). Sur ce il fault distinguer. Ou le fidele et catholique contrait mariage avec une payenne et infidele ou heretique, ou deux infideles se marient ensemble, ou deux fideles et catholiques ensemble, et l'un chiet en heresie. Au premier cas le mariage est nul. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64). Il est une aultre trinité par laquelle l'home chut en pechié, c'est a scavoir l'enhortement du deable, la delectation de la sensualité et de la char et le consentement de raison (Somme abr., c.1477-1481, 126). Est il temps de se desoller Et cheoir en tribulacion, Ne fust il pas present saison De mener tout esbatement Actendu que le temps est bon ? (Sots gard., a.1488, 100).

 

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Choir en blasme / en punition. "Encourir le blâme, la punition" : Mesdisans font l'amant secret, Vray et loyal, sage et discret En garder l'onneur de sa dame Qu'elle ne chiesse en aucun blasme, Si que mesdisans n'en puist dire Chose qui touchast à mesdire. (MACH., Compl., 1340-1377, 268). ...les multiplicacions et reiteracions de crimes, tant de lese-magesté comme de larrecins par lui faites et commises, qui sont crimes de très-mauvais exemple et chiéent en grant pugnicion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 99).

 

.

Choir en sentence de. "Encourir la sentence de" : ...sans ce que iceulx seigneurs, graphier et notaire dessusdiz en cheussent en sentence d'excommeniement. (BAYE, II, 1411-1417, 37).

 

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Choir en haine. "En arriver à se haïr" : Advint que Loys Rambaut et Lymosin, qui estoient compaignons d'armes ensamble, cheirent en hayne. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 110).

 

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Cheoir en ire : Trop s'empire Qui desire Chose dont il chiet en ire, Par l'effort De desconfort (MACH., Lays, 1377, 386). Tost sont en ire cheuz (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 94).

 

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[De Dieu] Laisser qqn choir en : ...vraiement il quiert bien ton salut par toutes voies, aucunes fois il te rit, aucunes fois il se monstre courroucie a toy, maintenant il te donne consolacion, après affin que tu nen abuses il te laisse cheoir en affliction, et puis affin que tu ne desesperes il reuient a toy et te donne reconfort. (CIB., p.1451, 189).

 

4.

Choir sur

 

a)

[D'une chose] Choir sur qqn. "Tomber sur qqn"

 

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[Du sort, de la destinée, d'un suffrage...] : Or avint que li sors cheï Seur Theseüs, qui esbahi Pluseurs ; car il fu fils le roy, Preuz, vaillans, et de bel arroy. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme ; mais il sortissoient, Et cils seur qui li sors chëoit, Trop mortelment li meschëoit ; Car li rois Minos devourer Le faisoit la, sans demourer, Par un moustre trop mervilleus, Trop felon et trop perilleus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). Or vaille que vaille, Dit l'ay ; se la destinée Chiet seur moy, forment m'agrée Ceste devinaille, Se de telle heure suis née Que, sans villeinne pensée, à t'amour ne faille. (MACH., Lays, 1377, 421). ...et fu faicte election du lieu vacant par le trespas de maistre Ja. Bouju, et combien que les voix de messeigneurs churent sur pluseurs et divers, toutevoie maistre J. Romain eut pluseurs voix. (BAYE, I, 1400-1410, 117).

 

-

[D'une chose défavorable] : Li cops cheï sus messire Richart de Stafort (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 262). ...Dieu (...) De qui l'ire dessus eulz chut Pour les maulx qu'ils avoient fait. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 132). ...et regarde quelle pestilence merveillable et quelz exploiz de condemnation sont cheuz sur tes princes et sur lez haultes persones et hommes eslevez de ton royaulme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 80). ...le dommage Chet sur moy et sur mon mesnage (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 147). SATURNE et MARS. Poizon pestifere aille et chiese Sur gerre humain, a mort, a mort ! (Cene dieux, c.1492, 112).

 

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GÉOM. Choir sur qqc. "Aboutir sur qqc." : Adonc regarde sus quantz pointz de l'umbre verse .f. tumbe, car si elle chet sus 12 pointz, c'est signe que la ligne .j.g. est egale a la ligne .g.h. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 171).

 

-

Choir sur possible de faire qqc. "Permettre de faire qqc." : Et tierchement, elle [l'intelligence] vient offrir providence ["prévoyance"] sur les choses futures par laquelle en prevoiant de longue main les fins des choses telles ou telles, de celles qui cherront sus possible de y mettre remede, tu t'y exposeras vertueuse dame et de celle ou impossible te sera apparant, tu te porteras paciente. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 173).

 

b)

[D'une pers.] Choir sur qqc. "En arriver à qqc." : Et quant vous cheez sur viellesce, Penanciére estre vous chargoit (Mir. mère pape, c.1355, 381).

 

-

Choir sur l'age de vieillesse. "Devenir vieux" : ...et ne leur advint autre chose jusquez a ce que le roy Eson commença cheioir sus l'eage de viellesse. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126).

 

5.

Part. prés. en empl. adj. [De l'oiseau de proie] Cheant. "Qui sait bien tomber sur sa proie (ou sur le poing ?)" : Il faut avoir un esprevier Bien volant (...) ...tres bien cheant (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 451).

C. -

[Idée de survenance (synon. eschoir)]

 

1.

[Idée de survenance en un lieu donné, à un moment donné]

 

a)

[D'une chose]

 

-

"Arriver, advenir" : Mais cest cas chiet souvent en court. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 22). .XV. ans n'i cheÿ ourage ne tornment (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 147). ...car telles choses singuleres ne cheent pas ne ne sont en nul art ne en nulle narracion de science. (ORESME, E.A., c.1370, 149). Telle oeuvre avons nous a mener, en quoy plus chiet d'aguet et de sens que d'ouvraige de chaude colle. (CHART., Q. inv., 1422, 35). ...car il cherroit plus grant pris de admortir terres et heritages tenuz sans moien du Roy que d'autres (FAUQ., III, 1431-1435, 113). ...le roy n'a pu sçavoir ce qui estoit machiné contre luy en Angleterre : ce qui chiet au grant grief et desplaisir du roy (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 130).

 

.

"Intervenir (en qqc.)" : ...du dangier y chiet beaucoup (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 34). ...car en longuement attendre il y chéoit péril (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 70).

 

-

Choir à / en qqn. "Arriver, advenir à qqn" : Et cheï li sors et li vois à monsigneur Robert de Genève (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 145). ...quant il cheoit aucune chose où il voloit mettre debat ou arguement, trop volontiers en parloit à moy. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 76). Puisqu'a Meseur sont acostez, Ne leur fera que mescheoir, Ne bien ne leur pourra cheoir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 84). ...mais estre roy n'est pas chose que on doye reputer heritage, et si est une dignité, comme dit est, pertinent a toute la chose publicque, qui ne peult ou doit cheoir en femelle, car de dignitez, offices, administrations publicques femmes sont et doivent estre deboutees selon les droitz, et est leur nature et condition communement contraire a celle que ung roy doit avoir (JUV. URS., T. crest., c.1446, 43).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Rage cheante. V. rage

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Ce qui advient, circonstance" : Et qui si voulroit adviser Et ung petiot atiser, Verroit les hoirs des marechans Comment ilz sont en ces cheans, Et comment ilz ont maintenu L'estat que leur pere ont tenu (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 141).

 

.

Il choit à tour. "C'est le tour (de), se produire par tour de rôle" : ...et les autres, quant il chiet à tour. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 64).

 

.

Il choit que : Si chaÿ qu'au chief de l'annee... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 50). Mais n'a pas .II. mois qu'il cheï Que... (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 360).

 

.

[D'un terme] "Arriver à échéance" : Il dirent (...) Que le terme demain cherroit Du respit qui donné m'estoit (Mir. enf. diable, c.1339, 23).

 

b)

[D'une pers.]

 

-

Choir qq. part. "Arriver qq. part par hasard ou par surprise" : ...si venrons devant Audenarde et cerons droit ou logeïs Phelippe d'Artevelle (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 3).

 

.

Choir à tour. "Venir à son tour" : Et lors chey a son tour le Chevalier au Cerf Azuré (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 427).

 

-

Choir à + inf. "En venir à" : ...nous manderons icy nos femmes, et (...) Jehan fera une petite collacion, laquelle enfin cherra a parler des dismes, et leur demandera... (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...en la fin il vint et cheut a parler de sa fille, et luy va dire... (C.N.N., c.1456-1467, 295).

 

2.

[Idée de survenance favorable ou défavorable, idée de convenance]

 

a)

Choir (bien / mal)

 

-

(Il) choit bien / mal à qqn. "Cela survient favorablement / défavorablement pour qqn" : Amys, se dit ly enfes, trop bien me va queant : J'ay une belle harpe que vous m'yrés portant Et j'en joueray bien (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 343). Si qu'il ne t'est pas mescheü, Eins di qu'il t'est tres bien cheü Et que c'est ton bien et t'onnour, Quant tu es pris de tel signour Qui te fera droit et justise Et grace, s'a li est requise (MACH., C. ami, 1357, 101). Aussi eüst il Galatee, S'il peüst, honnie et tuee ; Mais Galatee s'en feuy En un crot, dont bien li cheÿ. (MACH., Voir, 1364, 622). Ne ce n'est que forsen et rage D'assaillir encontre ces murs, Qui sont haus, larges et seürs. Et se bien nous en est cheü, Dieux l'a fait, vous l'avez veü. (MACH., P. Alex., p.1369, 103). Chier sire, il vous est bien cheu De ce que voz gens armez voy, Et vous mesmes ; qu'en bonne foy Vezci venir paiens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61). Bien leur cheoit quant ilz trouvoient de l'erbe à pasturer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Mais il m'en est trop mieulx cheü Qu'il ne pense (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16). Et cei adont si bien as Englois que sans le dangier de passer au pont, il passoient et rapasoient ensi que il voloient (FROISS., Chron. D., p.1400, 693). Lors luy chey tant bien qu'il se retrouva sur une fontaine moult bonne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 706). ...sy vint contre le chevalier (...) et sy bien l'en chey qu'il porta le chevalier a renvers par terre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1052).

 

Rem. FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 230 ; X, 143...

 

.

[De la Fortune] : Car se fortune bien li chiet Et a port de salut eschiet, Telz denrées pourra avoir... (Mir. march. juif, c.1377, 198).

 

.

(Il) choit bien / mal à qqn de + inf. : Par mon chief, dist le gallaffre, il vous est bien cheu d'estre ainsi eschappé des mains d'un tel ennemy. (ARRAS, c.1392-1393, 234).

 

.

(Il) choit bien à + inf. : Amen chiet bien icy a dire. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 128).

 

.

(Il) choit bien que... : Et, toutesfoiz, si cheet il bien Qu'on sache que c'est que de luy (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 19).

 

.

Qqc. choit (bien) à point : Maine moy jusqu'a son hostel. Je feray pour toy autretel, S'il chiet a point. (Mir. femme roy Port., c.1342, 155). ...et dist et jura que, de la vilonnie que ses serourges li avoit fait, il l'en souvenroit et li remonsteroit durement qant il ceeroit a point. (FROISS., Chron. D., p.1400, 255).

 

.

Il choit à matiere / à taille : ...je li promet bien sanz faille Ceste bonté, s'il chiet a taille, A double rendre. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 109). ...et chey a matiere que... (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 177).

 

b)

Qqc. choit / Il choit. "Qqc. convient / Il convient" : Et en cest art d'armes ou ordenance de guerre ne chiet il point de neccessité de la dite science ou d'escripture, mais sens naturel et hantement d'armes (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 35). Soit ars, escorchié ou pendu, Quar il n'y chiet autre remiere ! (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 21). Et ce entent Aristote en ce que il dit que il y chiet pardon. Et avecques ce il y chiet misericorde quant il a pour ce a souffrir et soutient pour ce paine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 175). Ne chiet il pas pugnicion A la folle presumpcion Par quoy nostre loy [Jésus] destruit toute ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 271). S'il y fut allé sans savoir de vostre entencion, il y chéoit pugnicion. (BUEIL, II, 1461-1466, 221). ...pour le hardement Qu'elle eut, pour sa desloyaulté, Y chet bien ung banissement (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 148).

 

-

Il y choit. "Cela convient" : QUATRIESME BARON. (...) Ne vous vueille desplaire, Chier sire, se prenons advis Et conseil sur vostre devis, Car il y chiet. LE ROY. Seigneurs, il me plaist bien et siet (Mir. ste Bauth., c.1376, 106).

 

-

(Il) (y) choit (à) + inf. "Il convient de, il est de mise de + inf." : ...geux de dez, de tables (...) ne cheent point à exercer noz diz subgez à fait et usaige d'armes, à la deffense de nostredit Royaume (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1369, 172). Or parlerons un petit de (...), car il en chiet à parler. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 232). ...mais droit-cy ne récite les causes, ne la manière de sa mort, pour ce qu'autre part il cherra à en faire le conte plus proprement. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 337). ...pour ce que l'effet en est estrange et non advenu autrefois ailleurs, il y chiet avoir estrange ymagination aussi (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 362). ...sy chéoit à y mettre des doutes (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 159).

 

.

Le coup y choit de + inf. "L'occasion se présente de + inf." : ...mais n'estoit pas pour tant la mauvaisté du duc guerlois oubliée, mais bien remise au jour de payement pour estre rendue, quant le coup y cherroit. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 177).

 

-

(Il) choit que. "Il convient que" : ...et ne chiet point que ceulx de Paris cerchent ainsi es registres royaux. (FAUQ., II, 1421-1430, 231).

 

-

S'il choit en coche. "Si le coup réussit" : J'auray de luy, s'il chet en coche, Ung escu ou deux pour ma paine. (Path. D., c.1456-1469, 154).

 

c)

Qqc. choit à / en qqn / qqc. "Qqc. convient à qqn / à qqc." : ...forsenerie ne chiet point en fait d'armes, ne volenté trop hastive n'y aide pas (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 70). Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur ; et dont, puis que c'est chose deue, il n'y chiet point de guerredon. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Cestuy compte par adventure ne chiet pas mal au dit Remond (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 65). Encores voullons et ordonnons, selon le texte de noz ordonnances, que jasoit ce que en larrecin ne chiet paynne de mort, touteffois en larrecin ne chiet point de gaige de bactaille, si comme il est contenu en la clause du larrecin, qui est excepté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 209). Oncq lart es pois ne cheut si bien (Path. D., c.1456-1469, 118). ...il ne chiet pas à ung chief se mettre en seurté et laisser ses gens en dangier. (BUEIL, I, 1461-1466, 144). Cestui donna tous ses biens et se fist povre pour mieulx vacquer aux sciences et c'est tout le reproche que à present font les calumpniateurs de astrologie de dire qu'il n'en est pas ung riche ; à quoy chet responce que cil qui se contente est riche (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 54 r°).

 

d)

Part. prés. en empl. adj.

 

-

[D'une chose] Cheant à qqn. "Propice à qqn" : Ainsi le fault a marcheans Selon que temps leur est cheans. (Mir. march. juif, c.1377, 212).

 

-

[D'une pers.] Bien cheant. "Chanceux" : Alcidès fu uns marcheans Riches, saiges et bien cheans (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 308). Argent (...) aime les beaus et les cointes (...), les marchëans Qui sont de leurs fais bien chëans (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 176). ...par tout est si bien cheans Qu'il ne fait nulle marchandise Ou il ne gangne a sa divise (Mir. march. juif, c.1377, 200).

 

.

Dur cheant. "Malchanceux" : Passelion avoit esté dur cheant de ses amours (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1044).

 

Rem. Cf. aussi GD II, 784a : durcheant.

 

.

Mal cheant. "Malchanceux" : Qui beneist souvent le soleil, la lune et les estoilles, ses biens lui multiplient. Et qui l'entrelaisse, incontinent devient miserables et mal cheant. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 129).

 

-

ASTR. [D'une planète] "Qui est dans une des quatre maisons du ciel considérées comme défavorables" : Maistre Gervais de Saint Saulveur fut en ce temps moult souffisant astrologien, lequel, en ses prenosticacions sur la revolucion de aucuns ans, vit Jupiter cadens et mal fortuné. Pour ce osa dire que aucuns renommez en l'Eglise Precheurs precheroient faulx et mectroient au peuple plusieurs erreurs, ce qui advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 r°).

 

-

Maison cheante / cadente (cadens ab angulo). "Maison considérée comme défavorable, la troisième, la sixième, la neuvième, la douzième"

 

Rem. V. aussi cadens. Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88.

 

e)

Inf. subst. Au bien choir. "Dans le meilleur des cas" : ...et au bien cheoir Si ne pourroit il advenir [Deduit de chiens] A donner le tres hault plaisir Que Deduit d'Oiseaulx puet donner (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 496).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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     CHOITE     
FEW II-1 cadere
CHOITE, subst. fém.
[T-L : chëoite ; GD : cheoite ; FEW II-1, 25a : cadere]

A. -

"Chute (au propre ou au fig.)" : A la choite des deus Romains par tres grant joie s'escria l'ost albayn (BERS., I, 1, c.1354-1359, 25.6, 42). La regardent les jovenceaulx et la se fait miserable assamblee, entre les ruines des saillans et la choite des regardans. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 383). Aprés vient le .IIIe. estat du peuple qui sont les gens de mestier et les laboureurs des terres, lesquelz nous prenons pour la darraine partie du corps de la policie qui sont comme les jambes et les piés dit encore Plutarque que par souveraine cure on les doit garder qu'ilz ne hurtent de aucun empechement, pour ce que de leur hurt pourroit venir au corps trop pereilleuse cheoite. (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 194-195). Mais parlons de Romme, qui fut derreniere en souveraine magesté et excellente en vertu, et notons bien la parolle de Lucan qui dit que d'elle mesmes, par sa pesanteur, elle decheut, car les trop pesants fais font les griefves choistes (CHART., Q. inv., 1422, 4). En choiste de querelle, en applegement simple, a amende de lay (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 514).

 

-

MÉD. "Chute, descente" : Les opperacions environ les commissures sont suspectes et doubteuses de la choiste de la dure mere sus la pie mere et de la compression du cervel. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.2). Casus ou choicte est offension (...) et blesse et empesche le corps avec concussion et atriction et aulcunefoys avec dislocacion et fracture. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.1, chap.5). ...choiste, offension et destencion different de concussion comme propre chose de commune. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.1, chap.5). ...choiste est dicte des choses du dehors et offension des choses du dedens. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.1, chap.5).

B. -

P. méton. COST. "Traîne (d'un vêtement) (?)" : ...pour quarante une hermine pour madame, les meilleures que l'on a sceu trouver et choysir, en troys tymbres. Item, avoir fourré troys robes pour le petit bastart du Maine, deux pour Poupine, huit pour les huit femmes de madame, avecques huit choystes et faulx gitz pour lesdites robes (Comptes roi René A., t.2, 1478, 165). ...I f. II g. pour payer le bougran dont il a fait les choystes des robes de madame et ses femmes (Comptes roi René A., t.3, 1478, 139). ...deux paulmes et demy de veloux cramoisi pour faire ung petit bort et choiste, à ladite robbe (Comptes roi René A., t.2, 1479, 106).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/50 
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     CHUTE     
FEW II-1 cadere
CHUTE, subst. fém.
[T-L : chëoite ; GDC : cheute ; FEW II-1, 25 : cadere ; TLF : V, 788a : chute]

A. -

"Fait de choir, chute" : ...elle trouva sa dicte fille cheute en la place et de sa cheute et par force de crier et pasmer ou autrement, par default de garde, ait esté si grevée de mal qu'elle n'y congnoissoit comme point de vie (Doc. Poitou G., t.7, 1413, 241). Et, fut congneu manifestement que c'estoit ledit de Bourgongne à six choses : la premiere et la principale fut aux dens de dessus, lesquelles il avoit autrefois perdues par une cheute (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 41). ...mais de celle cheute le harnois de l'Espaignol fut tel atourné et forcé, qu'il se trouva tout desarmé (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 333). ...elle mourut d'une cheütte de cheval (COMM., II, 1489-1491, 259).

 

Rem. Ex. de FROISS. ds TLF.

 

-

La chute du soir. "La tombée du jour, le crépuscule" : Et quant le dessusdit degré viendra a la haulteur de 18 degrés entre les almicantharatz d'orient, adonc sera la chute du soir qu'on appelle le crepustule vespertin. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 115).

 

Rem. FEW n'atteste que chute de jour.

B. -

"Effondrement" : ...ils perdirent leurs escoffrois et autres choses en la chute d'un arche qui cheut à l'endroit des maisons où ils demeurent (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1442-1443, 339).

C. -

"Chute d'eau" : ...ung coppon de riviere commenchant au deseure de la chapelle de la maladrie de Semoy jusques a la chute de la fontaine du Mont de Gyeu. (Trés. Reth. L., t.3, 1429, 96).

V. aussi choite
 

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 Article 16/50 
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     DÉCADENCE     
FEW II-1 cadere
DECADENCE, subst. fém.
[GDC : decadence ; FEW II-1, 29b : cadere ; TLF : VI, 792a : décadence]

A. -

"Fait de tomber en ruine, état d'une construction qui tombe en ruine" : Enquis se le dommage, ruine et dequadence qui est et a esté esdictes hallez est advenu a l'occasion dez forgemens... (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1428, 137). Et eu cas que il laisseroit ledit moulin en décadence, lesdits Rogier et Raoul en pourront aller à la possession d'icellui. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1446, 257). ...au gibet de Paris, nommé Montigny, [nouvellement] créé et estably pour la grant vieillesse, ruyne et decadence du precedent et ancien gibet, nommé Montfaucon. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 4). ...et sont de present les edifices de ladicte eglise et abbaye et les revestiaires, ensemble les maisons et granches appartenans, en grant ruyne et decadence par deffault d'entretenement (Doc. 1486. In : Ch. Samaran, Le Moy. Âge 22, 1920, 247).

 

-

Choir/tomber en decadence. "Tomber en ruine" : ...en maniere que ladicte abbaye, par laps de temps, ne tumbe en ruyne et decadence (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 398).

 

Rem. Doc.1413 ds GDC IX, 278c.

 

-

[À propos d'une embarcation] : La povre pucelle, voiant la fraction de son navire contournee en decadence... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 97).

B. -

Au fig. "Acheminement vers la ruine" : Le monde remply en effect Tost sera de nostre semence [d'Adam et Eve]. S'il ne vient quelque decadence, Tost la terre se remplira Et couvrira d'umaine essence. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 78). ...par envie (...) vous aguettent en l'attente de vostre ruyne, et seroit vostre décadence aux uns grant joye et solas, comme à vos bienveillans vostre duration et parmanence. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 282). O humble Hester, lamente la prudence, Voy ton maintien et grace en decadence Par le fier de son mortel passaige (LA VIGNE, Epit. Royne M.R., 1514, 123).

 

-

Aller/tourner en decadence : Pendant le susdit appoinctement faict entre les gens du roy et les Angloys, le roy solenniza la feste de la Toussaincts oudit lieu de Saincte-Katherine, en grant joye et liesse de ce qu'il voyoit ainsis es ennemis succumber et aller en décadence, en remerciant tousjours Dieu de la bonne fortune et des continuelles prospéritez qu'il luy envoyoit de jour en jour. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 160-161). ...car luy, devenu riche outre mesure en Hollande (...), tendoit et béoit aussi à mener sa maison et sa fame à estat que fortune ne donnoit point, est à entendre à tranquillité et à estable seurté avecques ses oncles, lesquels [il] ne pouvoit penser que jamais pouvoient tourner à décadene, ne luy aussi. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 179).

 

-

Faire decadence de qqc. "Ruiner, renverser qqc." : Avec vous iray pour y faire Des ydolastres decadence (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 55).
 

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 Article 17/50 
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     DÉCHAÏR     
FEW II-1 cadere
DECHAÏR, verbe
[T-L : dechëoir ; GD : dechair ; FEW II-1, 28b : cadere]

(Synon. de déchoir)

 

-

Sans dechaïr. "Sans faiblesse" : Ains ait sans decaïr ferme parseverance. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 95).
 

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 Article 18/50 
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     DÈCHE     
FEW II-1 cadere
DECHE, subst. fém.
[FEW II-1, 29a : cadere]

"Délabrement, ruine" : ...les murs et barbacannes de la cloison de la ville Saint Jehan Dangeli sont si derompus et degastés et tournés a grant ruine et deche (Doc. 1353. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 414). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 19/50 
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     DÉCHÉABLE     
FEW II-1 cadere
DECHEABLE, adj.
[T-L : dechëable ; GD : decheable ; AND : decheable ; FEW II-1, 28a : cadere]

"Susceptible d'être déchu, d'être entraîné à la décheance" : Et a restraindre te compere ["compare-toi"] A ceuls qui furent espargnable ["économes"] ; Pour ce que, s'une chose amere Te venoit, com oisel sanz mere Tu ne fusses pas decheable (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 165). Ensi d'Envie la sufflure, Honour, bonté, sen et mesure De ses voisins fait descheable. (GOWER, Miroir homme M., c.1376-1379, 46). Exciduus (...) : decheables (Aalma R., c.1380, 126). ...decheablez (...) qui chiet (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 39).

REM. Ex. d'a. fr. et ex. du XVe s. (SIMON DE HESDIN, éd. 1485, et GARBIN 1487) ds GD II, 442c-443a.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 20/50 
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     DÉCHÉANCE     
FEW II-1 cadere
DECHEANCE, subst. fém.
[T-L : dechëance ; GD : decheance ; GDC : decheance ; FEW II-1, 28a : cadere ; TLF : VI, 820a : déchéance]

A. -

"Fait de déchoir, déchéance" : Ainsi sommes nous menez a grant deceance (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 85).

 

-

"Chute (des anges)" : ...par la deceance des mauvailz angelz (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 188). [Autres ex. p.189, 191, 193]

 

-

"Chute (de l'homme)" : ...tout ainsi comme Adam et son lignage fussent en stabilité sans substantacion de aultre creature mais par eulx meisme, se il n'eussent pechié, ainsi convient que, comme ilz sont cheulz par leur instabilité, que ilz se relevoient - et tout leur lignage - par eulx meismes aprés la deceance (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 215).

B. -

"Ce qui est déchu" : Et, pour ce que par sa ruÿne [de Lucifer] Nostre court n'est pas enterine, Ung homme en terre nous fault fere A nostre forme et exemplaire Pour amplir la desceance De paradix de sa semence. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 12).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/50 
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     DÉCHÉMENT     
FEW II-1 28b cadere
DECHEEMENT, subst. masc.
[T-L : decheement ; GD : dechaement ; AND : dechaiement ; FEW II-1, 28b : cadere]

A. -

"Chute" : Aux mauvais sont deulx choses preparees, asscavoir la coignee et le feu, ou decheement du royalme de Paradis et embrasement en Enfer. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 352).

B. -

"Ruine, déchéance, décadence" : ...en tresgrant dechaiement Par .vii. ans de sterilité (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 1186). Savoir faisons que comme amour charitable nous contraingne a desirer le bien et accroissement de l'onneur et prosperité de l'université des femmes et a vouloir le decheement et destruction de toutes les choses qui y pourroyent empeschier, sommes meues a vous declairier et dire paroles de doctrine. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 10). [Autres ex. p.111 et 225] ...estoit aussi neccessaire, pour reparer la ruine et decheement du lieu, de soy aidier de force et de poissance (Bouciquaut L., 1406-1409, 190). Maiz vice, qui naist de basse fragilité et de passion humaine et variable jucquez au mesprix de Dieu, fait ses oeuvres non durables, et les retrait au decheement de la foible impotence dont ellez naissent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 46).

 

Rem. Autres ex. ds GD II, 442a-b (BERS., GUILL. ORESME, Quadrip., c.1360...)

C. -

ASTR. [À propos d'une planète] "Déclin, chute de l'influence" (synon. cas) : ...je lui demanderoi volentiers quel fruit ou utillité peut venir à l'omme de sçavoir seullement le cours du ciel et des corps celestes (...), s'ilz sont en leurs domicilles ou en etranges, s'ilz sont en leur exaltacion ou decheement, retrogrades ou stacionnaires, quel aspect ou application il y a entre elles et tous les autres mouvemens, sans autre chose en fere. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 v°).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 22/50 
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     DÉCHET     
FEW II-1 cadere
DECHET, subst. masc.
[T-L : dechié ; GD : dechiet ; GDC : dechiet ; FEW II-1, 28a, 29a : cadere ; TLF : VI, 820b : déchet]

A. -

"Ce qui tombe d'une matière qu'on travaille ; reste, chute" : ...pour faire et forger tout de nuef la vis d'un grant dragouer qui fu apporté d'Avignon, baillé et rendu à Thoumassin, sommelier des espices, le Xe jour de février, pour croissance d'argent, 1 marc 4 esterllins ; et pour dorer, un esterllin d'or fin ; pour déchè et façon : 32s. p. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 125). À lui [Gauvain des Bois, orfèvre], pour la façon de deux chaynes d'argent, (...) dont l'argent lui avoit esté envoié d'autres chaines vielles : 6 fr. Item, que ledit Gauvain recupt oudit mois de juing pour Madame, (...) 3 onces, 6 esterlins, 1 ferlin d'or ; duquel or il a fait cinquante grains rons de patenostres, tailliez et esmailliez de roge cler, qui poisent 16 esterlins, 1 fellin ; (...) demeure de reste 2 onces et demi esterlin, lequel a esté envoyé à Madame par Jehan du Croq, si comme par ses lettres closes elle l'a mandé. À lui, pour la façon taillier et esmaillier lesdiz grains rons de patenostres et dechiet d'or, à 2 s. 6 d. t. pièce valent : 6 fr. 5 s. t. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 64). Cy apres s'ensuit le nombre de la vaisselle rompue apportée de Courcelles par ledit Regnault (...), et bailliée (...) à refaire à Gauvain des Bois, orfèvre. (...) Item, 1 dragouer qui a esté rappareillié, pesant 2m 2o 3e. (...) Item, pour le dechiet et empirance de 6 des tasses vielles devant dites qui estoient du viez saing, 1 once et demie. (...) Item, pour signer aux longes de Monseigneur toute la vaisselle dessusdite : 31 s. 3 d. t. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 67). ...audit Massoye, 92 frans 16 solz 3 deniers, pour le dechiet d'une escharpe pesant 4 marcs 3 onces 15 estellins, laquelle mondit seigneur fit achater de lui IIIe de novembre MCCCCIX au pris de 80 escus le marc, valent 401 frans 12 solz 6 deniers tournois, laquelle escharpe par l'ordonnance de mondit seigneur pour l'argent convertir en ses affaires au pris de 69 frans 15 solz le marc (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 173). ...pour le dechie qui a esté sur IIIIxxXm de cendrée (Comptes Lille L., t.1, 1424-1425, 204). ...pour la façon et pour le déchiet de trois petitz fillez d'or, esmaillez et taillez dedens et dehors, en chacun assis une larme de diamant (Comptes roi René A., t.1, 1452, 291).

 

Rem. Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 26483 (T-L II, 1250).

B. -

P. ext.

 

1.

"Perte, diminution d'une chose" : ...certain dechiet extraordinaire que disoit ledit Marié estre advenu es dis grains, tant par charencons comme par le deffaut des garniés (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 409). ...et icelles [rentes] fourniront et feront valoir bonnes, solvables et bien paiables, a tousjours, senz dechiet, tant en et sur les dis lieux ascensez comme en et sur une maison et ses appartenances et sur les heritages que yceulz preneurs ont achetee nouvellement de Guillemin et Robin dis les Bliois, villains de Montfort (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1389, 598). Lesquelx m'ont dit qu'il y a eu et a grant déchet oudit sel pour ce qu'il a pleu ou grenier où il est (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 576). ...en moy remonstrant par ledit Raoulet que oudit sel y a eu grant deschect et que les louages des greniers ont beaucop costé, et aussi que le tour de la vente dudit sel n'est pas encores escheu et mesmement ne escherra la vente dudit sel de Montrichart jusques à deux ans et plus. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 638).

 

-

En partic. "Altération en volume subie pendant la fabrication, la manipulation et la mise en vente du vin" : Item, ledit lundi, après disner, Jehan du Bourg la Royne, demourant à Paris en la place Maubert, à l'enseigne de la Lanterne, a affermé par son serement que, es vendenges derrainement passées, il a fait vendenger les vignes de Vanves et de Meudon appartenans audit deffunct [Nicolas de Baye], esquelles a creu environ XXX pieces de vin, que queues que poinçons, lesquelles ledit deffunct et luy ensemble avaluerent, desduis le dechet et le remplage, à XX queues de vin, et lesquelles XX queues ledit deffunct lui vendi au pris de VIIJ frans la queue. (Invent. N. Baye T., 1419, CX).

 

2.

"Quantité manquante, déficit" : ...sera alumé à trays meisses vint cierges dou luminayre ; é si les amys au deffunt le veulent plus avair ils payront le dechié (Cartul. Laval B., t.2, 1348, 225).

C. -

Au fig. "Déclin, décadence" : C'est ly esbas Dont sourt discors, rïotes et debas, Dechié de corps et de chatel rabas, Et qui a mis mainte cité au bas Sans retourner (CHART., D. Fort., 1412-1413, 190). En l'advenir que penser ne sçavons Fors que petit d'esperance y avons, Quant nous voyons France sy decheoir, Et a nous tous du dechiet mescheoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 2). Or prent son deduit a faire d'un chetif mescongneu ung puissant orguilleux, qui tout descongnoist, et d'un hault satrappe eslevé en vaine gloire et en pompe ung meschant foullé et deffait, qui depuis vit en vergoigne du dechiet de son estat et en deffiance de sa vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). Car toutes choses retournent a leur principe, et qui ne commence son oeuvre sur affection vertueuse, et ne la conduit au ligneau et soubz la mesure de rayson, semble a celui qui edifie sur faulx fondemens, et conduit son ouvrage en tache pour apparoir, non pas pour durer. Maiz, quelque beaulté apparente que demonstre l'ediffice, neantmoinz il s'encline et tent de son premier estre a dechiet et a ruine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). Et, par ce, nul ne aloit parmy ce roiaume affin de demander et recueillir les deniers à Dieu etc. et drois desdiz gens d'armes, pour quoy ilz aloient à tres grand dechet et durant led. temps jusques à present revenoient à trespou. (MAUPOINT, Journ. paris. F., App., 1461, 19).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 23/50 
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     DÉCHEUTE     
FEW II-1 cadere
DECHEUTE, subst. fém.
[T-L : dechëoite ; GD : decheute ; FEW II-1, 28a : cadere]

"Chute, déchéance, ruine" : ...car il sambloit que par singuliere ordonnance Fammis eust de plain gré delaissié la cité de Troyes dont il estoit souverain gardien ou Quirinus eust habandonné la pro(c)tection de Romme, alors que leurs descheutes commencerent... (Lyon cor. U., 1467, 28).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/50 
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     DÉCHOIR     
FEW II-1 cadere
DECHOIR, verbe
[T-L : dechëoir ; GD : decheoir ; GDC : decheeir ; AND : dechair ; DÉCT : dechëoir ; FEW II-1, 28 : cadere ; TLF : VI, 826a : déchoir]

A. -

Au propre

 

1.

"Tomber" : Et einsi comme il s'en vola, Tous li biaus arbrissiaus crosla, Si qu'adont la froide rousée Est seur mon visage avalée, Que li dieus y fist dechëoir Par la force de son mouvoir. (MACH., D. verg., a.1340, 53).

 

2.

"Tomber en ruine" : La soit ce que plus il desire La compagnie des gens fuire Et en .I. desert demourer Pour Dieu plus em pez aourer, Si veut il estre en son couvent, Quer il avient bien trop souvent, Quant le fondement d'une chose Desfaut, que a la parclose, S'en vet decheant l'edefice. (Vie st Evroul S., c.1350, 78). En celluy mesme palays a une autre chapelle que l'on dizoit solloit estre aussi belle mes l'ont lessee toute dechoir (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 64).

 

-

Dechoir en ruine : ...par quoy pluiseurs eglises de ce royaume sont decheues du tout en ruine, et y cesse le divin service (FAUQ., II, 1421-1430, 144).

 

-

[Rare] Se dechoir : Il vit ung bel manoir qui fort se decheoit. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 94).

 

3.

P. anal. [D'une pers.] "Dépérir" : "Certes", dist l'ostesse, "sire, j'ay un filz qui est bien joane, qui desaiche [var. deschiet tout et se deseche] tous les jours. Et ne savon que il a, et semble mieux mort que vif..." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 58).

 

4.

[P. ext.] "Diminuer, se réduire" : Mectez les troiz pars d'eaue et la .IIIIe. de miel, faictes boulir et escumer, tant qu'il dechee du .Xe., et puis gectez en ung vaissel. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 264).

B. -

Au fig.

 

1.

"Tomber dans un état inférieur à celui où l'on était"

 

a)

[D'une pers.] : Li bons par Fortune dechiet, Et souvent au mauvais eschiet Li biens qui dou bon est cheüs (MACH., D. Aler., a.1349, 318). Et par lesquelz villains fais que il a fais et consentis à faire, il s'en trueve ore decheus et boutés hors de son royaume. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 201). Et sachiez de certain que, se vous le tenez [cette promesse] desormais ainsi, que vous serez ly plus puissans et ly plus honnourez qui oncques feust en vostre lignaige. Et se vous faictes le contraire, vous et voz hoirs decherront petit a petit, et la terre que vous tendrez alors que vous ferez la faulte, se il est ainsi que vous le faciez, ce que Dieu ne veulle ja consentir, ne sera jamais tenue par nul de voz hoirs ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Cil roy, dont je vous dy, n'ot oncques puis joye au cuer, et regna grant temps, mais de jour en jour fondoit et decheoit en pluseurs manieres et en fin il mouru. (ARRAS, c.1392-1393, 306). ...maiz en servage Chiet grant fortune, ce me semble, Et le plus fortuné plus tramble Et est le plus tost decheü. (Gris., 1395, 80). Et pour dire la verité, telles assemblées et communications sont bien dangereuses en telles façons, et par especial pour celuy qui est en plus grant apparence de decheoir. (COMM., I, 1489-1491, 66).

 

-

Prov. Fol qui se croit De son cuidier souvent dechoit : Croi les sages. Fol qui se croit De son cuidier ["de ce qu'il croit être"] souvent dechiet (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 131).

 

-

Dechoir de qqc.

 

.

Dechoir d' une dignité, d'un état social élevé : Sachiez que après vous jamais homs ne tendra ensemble le pays que vous tenez, et auront moult voz hoirs aprez vous a faire. Et sachiez que aucuns par leur folie decherront moult d'onneur et de heritaige. (ARRAS, c.1392-1393, 258). Or me fut advis en sommeillant que je veisse en ung païs en fresche une dame dont le hault port et seigneury maintien signifioit sa tresexcellente extraction, mais tant fut dolente et esplouree que bien sembloit dame decheue de plus hault honneur que pour lors son estat ne demonstroit. (CHART., Q. inv., 1422, 7). ...jamais, ou au moins de longtemps, n'est memoire que aucuns ayent monté en hault estat et grant gouvernement par le moyen de la court, qu'ilz ne soyent deceuz en pou de temps, eulx ou leurs hoirs. Si n'est point parfait ne durable l'advancement qu'on y a et qu'on acquiert par frequenter la court. (BUEIL, I, 1461-1466, 47).

 

.

Dechoir de son estat : ...quant au fait De Autheon, que ses chiens mengerent (...) ce n'est mie A Deduit de Chiens villennie, S'entre .XX. ou .XXX. millier De ceulx qui l'aiment et l'ont chier Il en y a un mescheant Et de son estat descheant. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 485). A ceulz elle commettra que ilz sachent et enquierent avau la ville et par tout ou elle sara ou sont povres honteux, povres gentilz hommes ou povres gentilz femmes malades ou decheus de leur estat, povres veuves, mainagiers souffraicteux, povres pucelles a marier, acouschees, escolliers, prestres ou religieux en povreté. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 37).

 

-

Dechoir en qqc. : Celles menguent char qui servent a la char, desquelles la ferveur dechiet en luxure. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 433). Celluy qui une fois dechiet en aulcun vilain fayct, il vivra tousjours en deshonneur et en suspection du peuple (MACHO, Esope R., c.1480, 107).

 

-

Empl. factitif. [Le compl. désigne l'homme] "Faire tomber dans un état inférieur" : ...et disoit ce, pour ce qu'il trouvoit des estoilles fixes, qui ont nature de eslever les hommes à grande sublimité et en bref temps et souldaiment descheoir et venir à villaine mort ou mendicité, et ainsi fut, car après l'un fut empoisonné par sa femme et l'autre fut tué pouvrement par ses ennemis. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°).

 

b)

[D'une chose abstr.] : Quar plus ont au cuer le dommage Des biens temporelx qu'il poursuient Que se vertuz en eulx dechient (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 121). Sire, qu'avez vous qu'il conveigne Que les lermes des yeux vous chéent ? Ne voz honneurs point ne dechéent, Ne mal n'avez. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 79). La condicion de faulcete [l. faulceté] est tele que, mesmes ou elle n'a nulz contredisans, si dechet elle en soy mesmes ; mais, au contraire, la condicion de verite [l. verité] est si estable que tant a plus d'adversaires contredisans, tant croist elle et se eslieve plus. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 173). ...le fait de la chevalerie en son royaume commençoit aucunement à decheoir, ne par tel vigour n'estoit maintenu comme souloit, ains venu ainsi comme en une negligence affetardie (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S. I, 1404, 184). Cil qui du tout a Oyseuse s'assert, Son nom dechiet et sa vertu sommeille (CHART., B. Nobles, c.1424, 404). Se mucera [l. muchera] Et en buissons de jour s'embuchera - Visage et nez et mains enronchera - Ou en fossez de nuit trebuchera. Ou escherra Que d'uns carneaulx ou d'un hault mur cherra Et au chëoir du corps lui mescherra, Dont le renom de tous deux decherra Et descroistra. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 189). Mais parlons de Romme, qui fut derreniere en souveraine magesté et excellente en vertu, et notons bien la parolle de Lucan qui dit que d'elle mesmes, par sa pesanteur, elle decheut, car les trop pesants fais font les griefves choistes. (CHART., Q. inv., 1422, 4). Qui n'a Honneur, tost dechiet sa haultesce, Bon los perit, renommee le lesse, Et mespris fait son pouoir descirer. (CHART., B. Nobles, c.1424, 398). En l'advenir que penser ne sçavons Fors que petit d'esperance y avons, Quant nous voyons France sy decheoir, Et a nous tous du dechiet mescheoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 2). ...les citoyens sont despourveux d'esperance, et descongnoissans de seigneurie par l'oscurté de ceste trouble nuee ; l'ordre est tournee en confusion, et loy en desmesuree violence ; juste seigneurie et honneur dechiet ; obeissance ennuye ; pacience fault ; tout tumbe et font en l'abisme de ruine et desolation. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 20). Pour Dieu, garde que celle noble maison de France ne dechee (JUV. URS., T. rever., 1433, 63). Cassidoires dist ou livre des loanges saint Pol que la condicion de mauvaitié est telle que d'elle mesmes ou elle n'a nulz contredisans si dechiet elle et se publie a l'apparant de tous, mais au contraire est la condicion de verité, car elle est si tres estable et si ferme que tant plus a de contredisans se eslieve elle plus et croist. (LA SALE, J.S., 1456, 45). ...si ceste vertu de courage s'esvanouyt de leurs pensées, leur empire decherra par leur paresse et viendra a declin. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 476).

 

-

Qqc. dechoit à qqn : Combien qu'on n'ardë ou ne pende Cellui qui en tel crime enchiet, Je suis certain, quoy qu'il actende, Qu'en la fin il lui en meschiet, Et qu'onneur et bien lui dechiet, Car Faulceté est si maudite Que jamais hault honneur ne chiet Dessus cellui ou elle habite. (CHART., B. Dame, 1424, 352).

 

Rem. S'agit-il d'un emploi factitif dans les ex. suivants (V. supra B1a) ? : Or est escheu Qu'il m'est au commencer mescheu, Dont Amours qui si m'a decheu Plus ne tendra mon cuer rencheu Pour l'empirer Et le faire ainsi souspirer, Se jamaiz l'en puis retirer. (CHART., L. Dames, 1416, 289). Ceulx mettent en leurs cueurs attentes vaines et esperances faintes et adulterines, en retenant mon umbre, et laissent ma lumiere. Ainsi cerchent leur confort a faulces enseignez, et treuvent leur desconfort a la verité. Et quant ilz sont cheuz de leur folle entreprinse par erreur, dient que espoir lez a dechuz par confiance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101).- On y reconnaîtra plutôt le verbe decevoir : il arrive en effet, pour la facilité de la rime, que A. Chartier ait recours à des formes picardes ; l'évolution de k + e/i est commune au picard et au normand, et l'on sait que Chartier est d'origine normande. Dans l'ex. suivant estre descheues tout a plat signifie sans doute "être abandonnées, délaissées" et paraît relever d'un empl. factitif. : Femmes qui sont belles et gentes, Doivent elles estre laissees ? Nenny, non, mais estre priees Avoir leur plaisir et esbat, Souvent a souhait maniees Sans estre descheues tout a plat. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 142).

 

2.

[D'une pers.] Dechoir de qqc.

 

a)

"Perdre qqc. (une chose appréciable)" : Si la voit d'onneur dechëoir Et en grant deshonneur chëoir (MACH., D. Aler., a.1349, 380). Et tant qu'ilz [les maris] leur tenoient [à leur femme] leurs convenances, ilz estoient regnans en grant audicion et prosperité. Et si tost qu'ilz defailloient, ilz les perdoient et decheoient de tout leur bon eur petit a petit. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Fol roy, par ta musardie te mescherra. Toy et les tiens decherront de terre, d'avoir, d'onnour et de heritaige, jusques a la IXe lignie ; et perdra par ta fole emprise le IXe de ta lignie le royaume que tu tiens. (ARRAS, c.1392-1393, 305). ...meismement la royne en decey de joye et fist trop mate chiere (Comte Artois S., c.1453-1467, 150).

 

-

Estre dechu de qqc. "Être dépourvu, privé de qqc." : Il sera chaus et esmeüs, Et de son goust si decheüs, Qu'il ne porra mengier ne boire (MACH., Voir, 1364, 108). ...vous estes si fort meüs Et de vo sens si decheüs Que vous perdés vo bon memoire, Et tout par legierement croire. (MACH., Voir, 1364, 758). De mon avoir sui decheuz Par le donner trop largement (Mir. march. juif, c.1377, 190).

 

-

Dechoir du sien. "Perdre ses richesses, ses biens" : ...il avient bien aucunefois que ung homme dechiet du sien soudainement et qu'il vient en grant povreté des biens temporelz (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 242).

 

b)

"Échouer en qqc." : Sire, je tien, pour ce que faillent, Qu'il [noz ennemis] decherront de leur affaire. Donner nous pourront bien affaire ; Mais vous verrez que tant feront Qu'en la fin desconfiz seront. (Mir. Clov., c.1381, 263). Ceulx qui espereront en moy ne decherront de leur desir. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 28). Ainsi appert, messeigneurs, que ceux qui commencent la guerre par avarice, par envye ou par orgueil, dechéent, en la parfin, de leur intencion. (BUEIL, I, 1461-1466, 129).

 

-

Dechoir de + inf. : ...par viellesce, Par fragilité, par foiblesce, Sui d'avoir respit decheü. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16).

 

-

Dechoir : Par ma foy, beaulx seigneurs, vous estes trop oultrageux d'avoir une telle besoingne emprinse qui est au deshonneur de toutes les dames et damoiselles. (...) Sy requiers au Dieu Souverain que vous puissiés decheir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 347).

 

c)

DR. "Être débouté de qqc." : Et que celluy qui a faict faux clain ou claims et en dechiet, est tenu de paier dix s. d'amande (Hist. dr. munic. E., t.1, 1402,,, 207). ...l'appelant devoit estre decheu de sa cause d'appel et l'amender (FAUQ., II, 1421-1430, 256). ...la partie appelant estoit decheue de defense et auroit à prouver l'appellacion (FAUQ., II, 1421-1430, 256). ...par especial en causes d'appel contre plusieurs [appellans] qui descheoyent de leurs causes d'appel et estoyent "renvoyez" en la court du duc de Guyenne. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 115). ...Pierre et Jehan de Jarrocier, qui sont hainneux dudit suppliant parce que long temps ilz ont playdoyé ensemble et du procès sont decheuz par sentence envers ledit suppliant. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 369).

 

-

Dechoir. "Être débouté" : Se nous alons par abandon Pour litiscontestation Faire, il couvenra poursivir Et - en doute - de dekeir. (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 65). Et se aucun se plaint aux juges lais de la jurisdiction spirituelle, ilz bailleront mandement comme a la requeste du procureur du roy, lequel procureur du roy le fait a la simple requeste de partie sans informacion precedent, et se ilz descheent n'y aura aucuns despens (JUV. URS., Verba, 1452, 384).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Moult d'hommes sont au jour d'uy qui contre raison et justice convoitent plaidoier et sans aucune legitime cause mouvoir procès a leur voisins, dont en fin ilz decheent a leur honte et confusion. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 96).

 

3.

[D'une chose] "Se déprécier, perdre de sa valeur" : ...s'ilz [ces escharboucles] dechéent Par moy la value d'un dé, A double vous yert amandé. (Mir. pape, 1346, 390). BRUYT. Toute danrée monte, Mais la tienne dechait tousjours. CUIDER. Beau Dieu ! Je l'ay veu en tel cours ! Comment chait elle ainsi doncques ? (Pipée R., c.1470-1480, 162). Jugement (...) que dit que, quant on fait [l. lait] a son pere une maison a cens parmei sertain cens qu'il en doibt chasc'an paier, parmei ce qu'il ne lait puelt empiriés, et il advient qu'il la laisse deschoire et devenir maixiere, il convient que sondit pere la remest en estait par le rewaird d'un amis on cais que on monstroicet qu'elle refut laiee en bon estait, ne ne s'em puelt deffendre comme pour dire : qu'il vuelt desraignier qu'il ne l'ait point empirier, et aussi qu'il ne l'ait mie cranteit de remetre en bon estat. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1397], 582-583).

 

-

Qqc. dechoit de tant : Pour faire et forger un grant bacin à barbier, qui fu fait de deux autres viex, de l'argent d'Avignon, qui décheirent à l'affiner de 1 marc 5 onces, et fu rendu ledit bacin pesant 10 mars, et baillé à Poupart, son barbier, pour croissance d'argent 5 onces, et pour façon, c'est assavoir d'affiner et de forger : 6l. 8s. p. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 125). Et au regard du déchet dudit sel, m'a dit ledit Briçonnet qu'il n'en saroit rapporter la vérité pour ce qu'il n'a point esté remesuré. Maiz par commune estimacion, ainsi que j'ay sceu par marchans en ce congnoissans, ledit sel pourra bien descheoir de la XVe partie. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 639).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     ENCHOIR     
FEW II-1 cadere
ENCHOIR, verbe
[T-L : enchëoir ; GD : encheoir ; AND : enchaïr ; FEW II-1, 26b : cadere]

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

Au propre

 

1.

Enchoir de qq. part. "Tomber, descendre de quelque part" : Ma dame, que dites vous ! Je croy qu'il n'est creature humaine qui contre vous peüst venir car je croy que les sains que son[t] en paradis encherroyent du ciel pour vous aider. (Cardenois C., c.1380-1400, 86).

 

2.

Enchoir en/entre qqc.

 

-

"Tomber dans qqc. (un piège)" : Je [un brochet de fable, à ses petits] vous conseille que, se vous desirez vostre salut, que vous eschevez les roix en tant comme vous pouez ou, autrement, sachiez que, se vous encheez dedens, que vous vous en repentirez. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 147).

 

-

[À la fois au propre et au fig.] "Tomber dans (un piège)" : Pour ce donques, cellui qui neglige et despite le conseil proffitable, il lui convient prendre le dommaigeable et cellui qui trop asseuré se cuide, par droit il enchiet en la roix [comme les hirondelles de la fable qui, n'ayant pas voulu écouter les avertissements de l'hirondelle sage, sont tombés dans les pièges.] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 268).

 

.

Enchoir en les mains de qqn : Et comme dist saint Pol aux Hebrieux ou .Xe. chapitre : "Bien fait a resongnier encheïr es mains de Dieu vivant". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 343). Quoyque dire me pourroies que tes douleurs te ramentois de ce dont ton cuer est en tristece, ne avoir ne puet joye, à cause de ton espoux et de ton ainsné filz, le conte de Eu par dure fortune, si que dit est devant, en bien faisant, en exposant leurs corps chevalereusement pour leur souverain seigneur et non par leur faulte encheus es mains de noz ennemis. Dieux par sa grace tost les te remaint à joye, et tous les autres nobles françois qui là sont ! (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 38). Ha, Sire ! defen moy de telz manieres de fables et d'hommes incaultz afin que je n'enchiee en leurs mains et que je ne commette jamais telz choses. (Internele consol. P., 1447, 200).

 

3.

S'enchoir encontre qqc. "Se prosterner devant qqc." : Item cil qui se enchiera encontre aucune ydole de buche, signifie qu'il ara mestier d'aucun grant seigneur, et si ne empetrera point ce qu'il demandera. (Expos. songes B., 1396, 65).

B. -

Au fig. Enchoir à/en/de qqc.

 

1.

[Le compl. désigne quelque chose de négatif]

 

-

[Dans une situation défavorable, fâcheuse] "Tomber dans qqc., être victime de qqc." : S'en povreté iés enchëu Ou par l'anemi decëu, Marie tel gent reconforte. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 40). Dedens la chambre Alchioine est venus, Descoulourez, pales et esperdus, Et le peril ou il est encheüs Tout li revelle. (MACH., F. am., c.1361, 167). Et puisque il est ainsi, il s'ensuit que le mescheant ne sera onques fait beneuré ne celui qui est beneuré ne encherra pas en telles fortunes comme en chaït [l. enchaït] le roy Priant. (ORESME, E.A., c.1370, 136). ...de quoy Avis, meüs et enfourmés d'Atemprance, vous avisa, et monstra tous les perils ou vous poiés encheïr, et vous voloit estre bons moiiens en toutes vostres besongnes et pour pourveïr de remede contre les assaus perilleus de jalousie. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 151). ...aucun sage baron de France (...) veoient la pestilence et misère ou li royaumes estoit encheus. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 162). ...par une queste que j'ay emprinse et que je n'ay point encores menee a fin a cause de la povreté en quoy je suis encheu, il m'a convenu servir premierement comme valet... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 258). ...doncq, a dextre et senestre, Suis encheu en douleur amere (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 92).

 

.

Loc. Enchoir en la fosse qu'on a apareillée pour autrui : [Un tyran condamne un inventeur à essayer lui-même un engin de torture qu'il a inventé] Mais le tyrant ot le fait et l'oeuvre en horreur et lui dist qu'il y entreroit le premier affin qu'il experimentast en lui mesmes la chose qu'il devoit congnoistre en autrui. Et ainsi encheut en la fosse qu'il avoit apparelliee pour autrui. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 239).

 

.

Prov. Mieux vaut vivre en pauvreté que d'enchoir en mendicité : ...en brief temps, il [un animal de fable qui s'est fait apothicaire sans rien connaître au commerce] discipa et gasta tous ses biens et, devenu en mendicité, dist : "Mieulx vault vivre en povreté que d'encheoir en mendicité" (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 240).

 

.

Souvent l'homme enchiet au mal et au dangier qu'il appareille a autrui : ...par cest exemple appert qu'on ne doit pas injurier ne suppediter moindre de lui affin que secretement ilz ne nuysent, car souvent l'omme enchiet ou mal et ou dangier qu'il appareille a autrui. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 187).

 

.

A grande confusion enchoit qui des sages conseil ne croit : Pour quoy l'onocentaure, ainsi par son oultrecuidance deceu et de ses richesses privé et appovriz, dist : "A grant confusion enchoit qui des saiges conseil ne croit." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 228).

 

.

Enchu en qqc. : ...ledit d'Alençon estoit ung prince de roial sang encheu en povre fortune confuse (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 281).

 

-

[Dans un sentiment douloureux] "Sombrer dans" : S'en sont pluseurs que je voy encheüz En desespoir, en dolour, en tristece Sens reveler... (MACH., App., 1377, 651).

 

-

[Dans le sentiment violent d'autrui] "Subir, supporter, essuyer qqc." : Cilz rois dans Piètres (...) ne daigna obeir, mès villena encores grandement les messages dou Saint Père, dont il enchei grandement en l'indignation de l'Eglise et dou chief de l'Eglise. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 187). Mais ne cuidiez que mon ardent desir J'osasse dire Ne raconter comment pour lui martire, Car trop doubtoye encheoir en son yre Mais bien pouoit cognoistre mon martire A mon semblant. (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 211). Nous mandons et expressement commandons que diligemment rendez plaine obeissance sur la paine de enchoir en nostre imperiale indignation. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 20). "Sire de Saintré, nous voulons et vous commandons que sur peine d'encheoir en nostre indignacion, incontinant tous deux vous desarmez..." (LA SALE, J.S., 1456, 295).

 

-

[Dans une action moralement répréhensible, dans un défaut] "Tomber dans, se laisser aller à" : Amis, ne fai pas tel outrage Com de brisier ton mariage, Car vraiement, qui y enchiet, Dieus s'en couresse et l'en meschiet. (MACH., C. ami, 1357, 128). Les vesves et les orphenins, Tant masculins com femenins, Et les eglises dois deffendre, Et si ne dois riens dou leur prendre ; Car qui en ce vice encherra, Certeins sui qu'il li mescherra, Soit a la mort, soit a la vie, Car Dieus scet tout et riens n'oublie. (MACH., C. ami, 1357, 140). ...que aucunesfoys par mauvais conseil ne encheés en aucunes espesses de tirannies. (JUV. URS., Verba, 1452, 299).

 

.

[Dans les critiques que suscite une action répréhensible] : ...de soy trop haster n'est pas bon, on se doit bien garder d'encheoir en blasme. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 112).

 

2.

En partic.

 

a)

[Dans le langage religieux]

 

-

Enchoir en péché : Dame (...) Vueillez moy garder de ses laz, Si que je n'enchiée ou solaz De luxure (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Oultre plus nous lisons en la Scripture comment ambicion et voulenté de seigneurir a esté jadis cause de moult de maulx, et a tant fait que pluseurs se sont mescongneux et encheuz en tres griefs et mauvais pechiéz. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 308). Et se sa loy enjoint abstinence, elle y adjouxte mesure, ad ce que par abondance le corps n'enchee en pechié, ou par faulte de nourrissement il ne se treuve en foiblesse. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 129). Encore veul et vous commande que bien vous gardez de ancheoir ne tumber, pour chose qui vous puist advenir, en nul des sept pechiés contre le saint Esperit, c'est assavoir de desesperacion, de presumpcion, de impugnier verité, de endurcir en pechié, de envie fraternelle, de lesion de charité, de desesperacion finale de penitence. (LA SALE, J.S., 1456, 40). La seconde maniere est quant aucun est racheté de pechié veniel, et si n'est mie enchoit en pechié mortel. La tierce maniere, quant aucun est racheté aprés ce que il est enchoit en pechié originel, conme sont lez enffans qui sont rachetés du pechié originel par le baptesme (Songe verg. S., t.2, 1378, 252). Tu scez que entre six manieres de racheter la plus parfaicte est preserver une personne tellement que point ne trabuche en la subjection de pechié quelconque, originel ou actuel, qui autrement, sans ta preservacion telle, y encherroit, comme on fait plus grant grace a ung homme le garder de cheoir en la boe que le relever depuis qu'il y est embatus. (GERS., Concept., 1401, 401).

 

-

Enchoir en une tentation. "Succomber à" : ...Que des agaiz a l'ennemy (...), vierge, me gart, Que n'y enchiée. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 96). Sathan m'a (...) Fait de moult fors temptacions (...). Mais Dieu m'a touz jours pourveu Que je n'y sui point encheu. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 133).

 

b)

[Dans le langage juridique]

 

-

"S'exposer à (l'accusation de), encourir (une peine)" : Et, ou cas que il avoient che fait et voloient perseverer en che meffait, il estoient enceu et ataint de foi mentie. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 268). ...après qu'il fust dit et declaré ycelui de Montfort estre encheu en crime de lese majesté et avoir commis felonnie envers le Roy (Chron. Jean II Ch. V, D., t.2, c.1378, 353). Ses conseilleurs et amis l'enhorterent qu'il deust fere mourir un de ses subgiez, qui avoit mal dit de lui, et estoit encheu ou terme de lese mageste. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 151). ...et semble qu'il eust esté avisé de fait, afin (...) qu'il encheust en ycelle peinne, s'il venoit à faire plaider sa cause et avoir audience (BAYE, I, 1400-1410, 24). Disoit en oultre que Charles, soy nagaires disant dauphin, n'avoit aucun droit de succeder oudit royaume de France, et que s'aucun droit avoit eu, il l'auroit perdu et s'en seroit rendu indigne, et seroient touz absolz de sa segnorie et de sa feaulté, et seroit encheu es paines temporeles et espiritueles pour occasion de l'orrible et detestable crime, commis et perpetré en sa presence, de son commandement, consentement et adveu, contre les seurtés jurées et par pluiseurs fois reiterées et passées avec le feu duc de Bourgongne, dont il apparoit et appert plus à plain par ses lettres. (FAUQ., II, 1421-1430, 73). ...et par l'autre arrest, pour non avoir obey audit arrest et aux commandemens à eulz fais sur peines, ont esté declarez encheuz es paines de IJc mars d'argent (FAUQ., II, 1421-1430, 230). ...les peines tant corporelles que civiles, en quoy nostre dit très chier et très amé cousin (...) pouvoit estre encheu (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 119). ...ledit Jacques Cuer est encheu ès crimes de concussion et exaccions de noz finances et de noz païs et subgiez, de faulx, de transport de grant quantité d'argent aux Sarrazins, ennemis de la foy chrestienne et de nous, de transport de billon d'or et d'argent en grant nombre hors de nostre royaume, transgression des ordonnances royaulx, crime de lèse-maiesté (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 13).

 

-

Enchoir en procès : Cestui maistre Jehan en enchéy en procès devant les seigneurs du parlement, ses compagnons (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 101).

 

-

[D'un texte à valeur juridique] Enchoir en ruine/debat. "Être contesté ou annullé" : Mais je vueil tout premierement que les convenances et ordonnances soient si fermement prises, escriptes, grossées, tabellionnées et scellées, que jamais en ruine ne en debat de touttes parties elles ne puissent enccoir [sic] ne venir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149).

 

-

Enchoir de qqc. "Être débouté de qqc." : . : ...se l'obligé enchiet de son opposicion, il amendera de autant conme la cantité requise et desdommaigera partie de ses despens (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 53).

 

-

Empl. abs. "Tomber ; perdre un procès" : N'aies ja plait a nulle gent, Se tu n'as droit evidamment, Quart cilz qu'enchiet doit avoir honte, Son nom pert et le sien despent. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 115).

 

c)

[Dans le langage médical] Enchoir en tel mal "Connaître, subir tel mal" : ...et quant telles tumeurs s'en vont soudainement, se telles vulneres sont en la partie derriere, la pacient enchiet en spasme et en thethane (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 88). Se paour et pusillanimité perseverent moult en aucun corps, c'est signe qu'il encherra en melencolie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 92).

 

3.

[Le compl. désigne une chose positive ou neutre]

 

a)

Enchoir en la plaisance de qqn. "Tomber sous le charme de qqn" : Chiers amis, il me samble, et voirs est, que j'ai ceste maladie concheüte par penser sougneusement a ma dame, ossi par regarder liement et volentiers sa douce phizonomie et la belle et plaisans maniere de li, dont tout le prisent. Or sui je en dur parti, car je regarde que pluiseur ossi propisce et digne d'encheïr en la plaisance de li, com je sui, y tirent ; de quoi la doubte de li perdre me met en grant esmai (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 57).

 

-

Enchoir en la grace de qqn. "Trouver un accueil favorable chez qqn"

 

Rem. Ex. de FROISS., Chron., Prol., Buchon (Qu'il veuille creer et mettre en moi sens et entendement si vertueux que ce livre que j'ai commencé je le puisse continer et perseverer en telle maniere que tous ceux et celles qui le liront, verront et orront, y puissent prendre esbatement et plaisance, et je encheoir en leur grace) ds GD III, 101a.

 

-

Estre enchu en qqc. "Être engagé dans qqc." : Vostre fille est encheue en l'art de musicque, mais elle n'en a rien aprins (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 90).

 

-

Empl. factitif Enchoir des personnes en parole. "Permettre que des personnes (ici de jeunes amoureux) puissent se parler" : ...un anelet d'or il [un valet] portoit, Ou alefois ["parfois"] se deportoit ; Mes cheli il laissa cheïr Pour nous en parole encheïr [en offrant aux deux amoureux l'occasion de s'adresser la parole pendant qu'ils cherchent l'anneau] (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 148).

 

b)

Ne pas savoir en quoi telle chose enchiet. "Ne pas savoir de quoi il retourne" : Atant est venus ou pallais li clergiez, Maix ne se donnent garde de la grant malvistiet Et il ne cudoient mie que li frere aligniét Se fuissent de teille chose jamaix ensoingnieir, Car il ne scevent mie en quoy la chose enquiét, Et pour ytant se sont de ceu fait quoysiét. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 859).

 

c)

Enchoir à + inf. "Se résoudre à" (éd.) : Non pour quant li sans me fremi, Quant la plaisance me sourvint De ce qu'enceïr [var. encheir] me couvint A nommer le nom de la belle. Je m'en tins un grant tamps rebelle, Mes quant j'eus bien examiné Mon avis et determiné, Je m'excusai par une voie. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 171).

 

d)

Empl. impers. Bien enchoir à qqn que. "Être une chance pour qqn que" : Et firent chargier, tourser et ensommeler tout leur harnois (...) et furent de ce faire grandement conseilliez, et bien leur enchey que ilz l'eussent. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 302).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 26/50 
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     ENCHOITE     
FEW II-1 cadere
ENCHOITE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : enchëoite ; GD : encheoite ; FEW II-1, 26b : cadere]

A. -

DR.

 

1.

"Échéance"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1360 (encheoite, encheoitte) ds GD III, 101b-c.

 

2.

"Adjudication"

 

Rem. Doc.1385 (enchoite) ds GD III, 101c.

B. -

Au fig. "Effet, conséquence" : O ! paresse, fait il, marrastre de vertu, ceulx qui par blandisses s'atraient à toy cheent continuellement de pis en pis, si que noctes l'enchoite de ceste parece estre l'ameurissement de toute gloire (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 178).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 27/50 
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     ENTRECHEOIR     
FEW II-1 cadere
ENTRECHEOIR, verbe
[GD : entrecheoir ; FEW II-1, 26b : cadere]

Empl. intrans. "Survenir (à l'intérieur d'une période donnée)" : Intercido (...) : entrecheoir (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 248). Lesquelles choses demorèrent pendant et traynant par longs détours de temps, que plusieurs tribulations, misères et pestilences y entrechurent, tant par les Anglois que par les Armignacs (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 20).

 

-

"Tomber" : Et ainsi il monstre de la disposicion des estoilles la necessité des choses qui adviennent, afin que il moque noblement de sel et sapience asséz courtoise ceulz qui occupent leur vie a regarder les choses qui fuyent le regart des gens tant comme elles peuent, et entreappellent ceuls qui ont desdaing de parler. Et quant ilz retournent et remuent en bouche les poins indivisibles, on doit doubter que, se par aucune aventure ce point indivisible entrechiet en la generacion, l'en ne trebuche et faille a prendre et recevoir la sentence des corps celestians. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 184).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 28/50 
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     MÉCHAMMENT     
FEW II-1 cadere
MESCHAMMENT, adv.
[GD : mescheamment ; GDC : meschamment ; FEW II-1, 28a : cadere ; TLF : XI, 546b : méchamment]

A. -

"Du fait de la malchance, par malheur, malheureusement ; misérablement, mal"

 

1.

"Du fait de la malchance, par malheur, malheureusement" : Ce fut trés grand dommage que ung tel prince (...) fust ainsy meschantement tué (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1360, 310). Et nul ne diroit que celui fust beneuré qui avroit en sa vie eü et usé de tant bonnes fortunes et fineroit sa vie ainsi mescheantment et miserablement. (ORESME, E.A., c.1370, 131). Se il se fuissent retourné et deffendu de bonne volenté, il euissent bien mis hors les Englès qui entret estoient dedens. Et pour ce que riens n'en fu fait perdirent il meschamment leur ville. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 16). Brandebourch respondi et dist que leurs amies ne vorroient mies que il se fesissent tuer si meschamment que de une seule jouste, car c'est une aventure de fortune trop tost passée. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 111). Se li avoit Jaques d'Artevelle fait pluisseurs biens et l'avoit mis en l'office dou doiainné des telliers, et si estoit son compere. Nequedent toutes ces coses et afinités furent oubliies et misses arriere. Et fu la ochis Jaques d'Artevelle mesçanment, qui tant avoit eu d'estat, d'onnour et de prosperités en Flandres (FROISS., Chron. D., p.1400, 639). Car si de faim ycy mouron, Meschantement nous cheviron (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 500). ...et depuis il destruisist le temple delphique, et ne laissa de luy mescheoir, et tant qu'il fut meschemment murtry et occis (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 246). ...lequel chastel se rendit meschanment, car il estoit ung des fors chastiaulx de Normandie (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 80). ...madame se donnoit bien mauvais temps, pource qu'il [son diamant] estoit meschantement perdu et en sa chambre. (C.N.N., c.1456-1467, 44). ...la pouvre chambriere estoit tant soupprinse que s'elle fut a la mort condemnée, tant pour le deshonneur et desplaisir de sa maistresse que pour le sien mesmes qu'elle avoit meschamment perdu. [Elle a aidé sa maîtresse à duper son mari, mais la supercherie a été découverte] (C.N.N., c.1456-1467, 251). ...oncques si bonne lavendiere ne fut, et avoyent bien grand regret que si meschantement l'avoient perdu. (C.N.N., c.1456-1467, 304).

 

2.

"Misérablement, mal" : ...et ainsi perdent meschamment leurs vies (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 26). ...et je ou milieu des fenmes sui la plus despitee et la plus meschanment paree ! (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 320). Car les Anglois m'ont tout tolu (...). A brief, alée est ma besoingne Trop meschanment. (Mir. chan., c.1361, 164). NOSTRE DAME. Si a trop meschamment vesqui, Dont ne doit pas estre esjouy. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 247). La dame marie ses filles a sa guise et aucuneffoiz les marie meschantement et elles ne leurs mariz ne prisent rien le bon home, qui devient gouteux et ne se peut aider pour les maulx qu'il a souffry (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 93). Et toustefois toutes ces gens qui ainsi rengnèrent ce jour n'estoient que gens de petit estat, bien méchantement armés et habilliés (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 263). ...oncques on ne vit en escriptures si deshonnestement ne meschanment proceder en fait d'armes (JUV. URS., Nescio, 1445, 549). Vostre temp meschammant perdés. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 180). Se part en a [des dames], c'est meschanment, Et vient de lieux mal renommez (LA SALE, J.S., 1456, 16). Le message se parti lors et vint devant le soudan, qui mie n'estoit meschamment acompaignié, ains avoit dez plus haulz et noblez princez sarrasins qui fussent au monde, et leur segnifia bataille a l'endemain matin de par le Bastard de Buillon. (Saladin C., c.1465-1468, 43). Vous estes blasmé des premiers, Car voz trois meschans chevailliers, Meschans et de meschant arroy, Lesquelx trois, soubz umbre de moy, Vous avez aux Juïfz prestéz, S'i sont tres meschamment portéz Et mal a leur honneur venu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 990). LE DUC. Je m'esbahis terriblement Comme cueur avez si volaige D'avoir gasté si meschamment Ce manteau ; n'esse grant dommaige ? LE CONTE. Bien monstrez que pas n'estes saige. SAINCT MARTIN. Mes amys, cessez ce langaige, Car avoir perdu ne le pence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 199).

 

-

[À propos d'un vêtement] Aller meschamment. "Aller mal" : La chose va trop meschamment. (P. Jouh. D.R., a.1488, 18).

B. -

"De manière méchante (?)" : Certes, s'y veul, il ne fauldra mye De nous mectre en sa ballie, Pour quoy mieulx vaulx que nous en fuons, Tant de mestier que nous pouvons, Quar se comprandre il nous pouvant, Morir nous ferons tres mechamment [ou sens A1 ?] (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 140).

 

Rem. Fin XVe s., cf. TLF (qui reprend l'attestation de GDC X, 144c, ainsi glosée, mais dont le cont. est très insuffisant).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 29/50 
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     MÉCHANCE     
FEW II-1 cadere
MESCHEANCE, subst. fém.
[T-L : meschëance ; GD : mescheance ; AND : mescheance ; DÉCT : meschëance ; FEW II-1, 27a : cadere]

A. -

"Ce qui advient par malheur, malheur, infortune" : Si ne pris riens telle puissance Ou pais, seürté, souffissance N'a, fors doleur et meschëance, Pleur et destresse. (MACH., R. Fort., c.1341, 38). Sa force est qu'en chëant est forte ; En desconfort se reconforte ; En riant meschëance aporte, Pleur et hachie ; En confortant se desconforte ; En foulant les siens entreporte ; En tous maus faire se deporte, Quoy que nuls die. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). ...qui ont Cil esté (...) Qui m'ont de ci endroit tolu Du saint martir les armes dignes ? Haro ! Diex ! (...) vezci grant meschance. Las ! dolens ! las ! (Mir. emp. Julien, 1351, 201). LA DAME. (...) Si m'endormi, Et en dormant mes braz ouvri, Et mon enfant si m'eschapa ; Ainsi en l'yaue se noya, Par ma meschance. (Mir. enf. ress., 1353, 37). Cescuns li ala remoustrer et complaindre ses damages et ses mescheances, au mieulz qu'il peut, et toute la destruction que li rois Edowars et li Englès avoient fais en son pays. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 120). "Monsigneur, par la foi que je doi à vous et au roi, je n'entenderai jamais à autre cose si serés resjoïs de vos mescances, ou nous parperderons tout le demorant." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 251). ZOILE. Se ton Dieu te gart de meschance, Est il tel com tu le m'enortes ? (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 269). Je te doi bien maudire, mort, (...) Car recouvrer ne puis la perte Jamais que m'as a ce cop fait ; (...) en toy n'en ton fait N'a que douleur et mescheance (Mir. fille roy, c.1379, 26). ...les perilz et mechances (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 58). [Le coeur de Villon :] - J'en ay le dueil, toy le mal et douleur. Se feusses ung povre ydiot et folet, Encore eusses de t'excuser couleur ; Si n'as tu soing, tout t'est ung, bel ou lait. Ou la teste as plus dure q'un jalet, Ou mieulx te plaist qu'onneur ceste meschance : Que respondras a ceste consequence ? - J'en seray hors quant je trespasseray. - Dieux ! Quel confort ! Quelle sage eloquence ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 71). Helas ! le povre chrestïen A assés de male meschance : Unze sepmaines sans laschance A esté illec, le povre homme ! (Path. D., c.1456-1469, 112). Fortune par oultrance Me tient icy en trance Sans nulle recouvrance, Mais malheur a grant tas. Quant je voy ceste dance Qu'i convient que je dance En angoisse et meschance, Je peulx bien dire helas. Helas, je me suis veu puissant, Jouissant D'or, d'argent et de monnoye ! Par Povreté suis impuissant (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 73). Mauldit soit mon orde naissance ! Mauldit soit qui m'a enffanté ! Mauldit soit ma villayne enffance ! Mauldit soit qui m'a mys en chance ! Mauldit soit mon corps s'il s'amende ! Mauldit soit ma malle meschance ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 386).

 

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss.

 

-

Par mescheance. "Par malheur, accidentellement" : Li blanc cappron dissoient que li castiaulx estoit ars par mescheance et non autrement. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 184).

 

-

Feu de mescheance. "Incendie malheureux, accidentel" : "Sire, vous ne savés ? Vostre belle maison de Ondreghien (...) est arsse" - "Arsse !" dist li contes (...) "Mes Dieux, sire, voire." - "Et comment ?" - De feu de mescheance, sicom on dist. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 185).

 

-

À la male mescheance de qqn. "Pour le malheur de qqn" : "Se nous avons perdu Ippre ceste fois, une autre fois nous le recouverons à leur malle mescheance ; car j'en ferai encores à tant trenchier les testes et là et ailleurs, que li autre s'en esbahiront." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 194).

 

-

Querir sa male mescheance. "Chercher son malheur" : ...et incontinent ycellui Jehan de La Ramée lui dist : Où vas-tu ? Et ycelui defunt lui respondi : Que en veulz-tu ? Gardes-tu les gens qui passent le chemin ? Et ledit de La Ramée lui dist : Tu quiers ta male meschance. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 413). ...ledit Denisart, qui estoit moult frié et esmeu de ce que dit est, non contens de ce et quérant sa mâle meschance, assez tost après, en réveillant le chat qui dormoit (...) lui dist qu'il n'avoit mais si bel regner qu'il avoit eu ou temps passé, et que ses posteaulx, c'est à dire les meilleurs de ses amis, estoient mors. (Ch. VI, D., t.2, 1400, 9).

 

-

[Formule de malédiction] : N'en parlons plus, car l'air empire De parler de si vil matire, Car il valent, tant vous en di, Pis que Judas qui se pandi. Grant meschëance leur avengne ! (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Quant eu chastel furent retrait Tout belement et tout atrait ; Et li Sarrazin ensement S'estoient tout premierement Mis de la plainne en la montaingne ; Honte et mescheance leur veigne, Car ce sont gent qui trop nous héent, Et qui à nous destruire béent ! (MACH., P. Alex., p.1369, 148). L'EMPERIÉRE. Diex vous envoit male meschance ! Est ce le sens dont l'escolez ? (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 60). "Velà folle gent et outrageus ! La male mescance les cache bien. De toute le compaignie jamais piés n'en retournera. Or arons nous maintenant fin de guerre." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 220).

B. -

"Action coupable, méchanceté" : S'il est ainsy, o ame devote, que tu pues estre hostelaine de ton Dieu - et oÿ, certes, il est ainsy : celui le dit qui ne puet mentir -, quele folie, quele meschance et vilainie seroit ce a toy de refuser ung tel hoste ! (GERS., Pent., p.1389, 72). L'EMPEREUR. Hé, touz noz dieux ! Que veult ce dire ? Et commant ? Nostre mareschaul Veult il nous dieux par tel assault Mettre au bas par mescognoissance ? Cecy est une grant meschance Qu'est il de fere, beaulx seigneurs ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 112).

 

-

Male mescheance. "Mauvais traitement" : Ne me creez jamais s'il [Geoffroy] n'est icy venus pour nous faire quelque male meschance. Sachiez que je me mectray en tel lieu qu'il ne me trouvera pas, se je puis. Non, dist le chappellain, sachiez qu'il ne vous fera ja mal, et serez tous joyeux de sa venue car il a tel ceans qu'il aime sur toutes les personnes du monde. Et ainsi se rasseurerent les moines un petit. (ARRAS, c.1392-1393, 277).

 

-

Avoir mescheance du corps. "Subir de mauvais traitements" : Par saint Prist, se ne vous taisiez, Vous arez meschance du corps. (Mir. prev., 1352, 240).

 

-

Faire mescheance à qqn. "Faire subir de mauvais traitements à qqn" : Le chetif fol ne scet guenchir A meschance que l'en li face (Mir. parr., 1356, 17).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 30/50 
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     MÉCHANCETÉ     
FEW II-1 cadere
MESCHANCETÉ, subst. fém.
[GD : meschanceté ; GDC : meschanceté ; FEW II-1, 28a : cadere ; TLF : XI, 547a : méchanceté]

A. -

"Infortune, malheur" : Beaux filz, or descendez aval, si voirrez ma maleürté et ma meschanceté, maiz, pour Dieu, gardez vous a l'avaler que vous n'entrez ou je suis, car jamaiz n'en pourriez yssir, si comme vous le pourrez savoir au veoir. (Bérinus, I, c.1350-1370, 395). ...quant il fut parvenu a la fontaine, il mist piet a terre et laissa paistre son cheval, et puis s'en vint a la sourse pour rafreschir son viaire et ses mains. Ce fait, il se sey plus pres, pensant a meschanseté [ici, malheur dû à la jalousie]. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 368).

 

-

"Misère, privations" : Tant les gens seront esbays Quant le monde definera Et que tout se declinera En meschanceté et misere. (Moralité trois pers. A., c.1450-1475, 23). Pensez, se dame mincerie Nous empoigne ung peu aux costez, On verra bien par fringuerie Porter maintz habitz chicquetez, Trouez, percez, fringuelotez, Feuilletez par jolliveté ; Se sont grans gorgiasetez, Par faulce [l. faulte ?] de meschanceté. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 154).

B. -

"Malice" : Tout ce mal nous est reverty Par vostre grant meschanceté : Vous l'avez prins et emporté [le corps de Jésus], Qui qui ait le moyen basty. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 389).

 

-

"Mauvaise action" : Et, pour conclure cest article, me semble que l'on ne se doit jamais lasser de bien faire, car ung seul, ou le moindre de tous à qui on ne aura jamais faict bien, fera à l'adventure ung tel service et aura telle recongnoissance, qu'il rescompensera toutes les laschetéz et meschancetéz que auroient fait tous les autres en cest endroit. (COMM., I, 1489-1491, 115).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 31/50 
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     MÉCHANDISE     
*FEW II-1 cadere
MESCHANDISE, subst. fém.
[*FEW II-1, 28a : cadere]

"Infortune (?)" : ...Chelle n'aimme pas la personne, Qui ["à qui"] se vent, mais che, c'on li donne, Quelque samblant qu'elle en puist faire. Et chilz, qui achate au contraire, De legier aussy se repent, Quant il pense a che, qu'il despent, Et du gieu, s'il poet, se depart, Mais ch'est aucune fois trop tart. Briefment ch'est grant meschëandise D'entendre à tel marchëandise, Car tost s'en fait la departie, Et si pert cascune partie. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 196).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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     MÉCHANT     
FEW II-1 cadere
MESCHANT, adj.
[T-L : meschëoir (meschëant) ; GD : mescheant ; GDC : mescheant ; AND : mescheant ; FEW II-1, 27b : cadere ; TLF : XI, 547b : méchant]

I. -

(Synon. de mauvais)

A. -

[Idée de malveillance, de malfaisance, de nocivité]

 

1.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.] "Malveillant, malfaisant, mauvais" : LA FILLE AU ROY. Meschant prestre, je t'essaioie. Cuides tu que tant m'avillasse, Que je mon corps t'abandonnasse... ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 269). C'est une bougre meschant garce Qui a bien desservi estre arse, Tant a meffait. (Mir. roy Thierry, c.1374, 277). ...icelle Marion vint à son huys et appella elle qui parle, qui estoit enmi la court, et lui dist que celui qui demandoit ces choses estoit un meschant, et que lui-mesmes avoit emblées les choses qu'il demandoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 283). Mais, pour pitié que j'ay de mettre a mort un si vaillant chevalier que tu es, je te donne congié, va t en. Et, pour l'amour de toy, je quicte les gens de ton pere jusques a un an le treu qu'ilz me doivent. Quant Gieffroy ouy que cil [le géant] le prisoit si pou, si fu moult doulent. Si lui dist : Meschant creature, tu as paour de moy. De ta courtoisie ne t'ay je cure, car tu le fais par doubte. (ARRAS, c.1392-1393, 246). O meschant fol, plain de rudesse, Bien petit de chose t'encombre ! (Narcissus, p.1426, 310). N'estes vous pas bien putier, recreant, lasche et meschant (C.N.N., c.1456-1467, 76). Paillarde, meschante que vous estes (C.N.N., c.1456-1467, 244). Ha ! meschant courage, comment as tu mis en nonchalloir ce a quoy tu devois donner entente singuliere ? (C.N.N., c.1456-1467, 556). Tu es tres meschante personne, Au surplus, tu n'es que une beste. (Feste roys, c.1475-1500, 304). Mais soubz umbre d'eulx, plusieurs paillars et meschans gens qui conduysoient et menoient les dictz bagaiges, firent la plus grant partie du dict pillage, et rompoient les coffres et bahus de leurs dictz maistres pour prendre ce qui estoit dedens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

-

Empl. subst. : Mais il y en a de si bestes qu'ilz promettent et jurent n'en dire riens, et par ce moyen en portent aulcunes foiz ces angoisses dont je parle et si haient le plus de foiz les meilleurs et les plus loyaulx serviteurs et leurs font des dommaiges à l'appetit et rapport des plus meschans, et de grans torts et de grans griefz à leurs subjectz. (COMM., III, 1495-1498, 260).

 

-

Meschantes gens. "Gens du peuple coupables de violences" : ...li contes de Flandres (...) fist (...) decoller mescheans gens, tels que foullons et tisserans qui avoient mors ses chevaliers et ouvert les portes à l'encontre de chiaulx de Gaind. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 226). Ches meschans gens en es contrées que j'ai nommées se commenchièrent à eslever, pour che que il dissoient que on les tenoit en trop grande servitude. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 95). Et ces mescheans gens assamblés, sans chiés et sans armeures, reuboient et ardoient tout, et occioient tous gentilz hommes que il trouvoient, et efforçoient toutes dames et pucelles, sans pité et sans merci, ensi comme chiens esragiés. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 100). Ensi fina d'Artevelle, qui en son temps fu si grans mestres en Flandres. Povres gens l'amontèrent premierement, et meschans gens le tuèrent en le parfin. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 103). Et, par la mort bieu, vous estes bien meschantes gens, et a vostre fait mal regardans (C.N.N., c.1456-1467, 432). Et de la vint le dict seigneur de Cernon compter au roy l'infamie de ces meschans gens et comment il les avoit pugnis de leur oultraige (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301).

 

.

Empl. subst. : Pour debat de meschans enivrés en foires et en marchiés, et pour pillages de biestail triewes ne se rompoient mies. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 121).

 

2.

[D'une chose]

 

-

[D'un acte, d'une parole...] "Mauvais" : Et encores fit le dit Edouart filz de la dicte Ysabeau ung aultre meschant fait et deshonneste, et grant crisme et malefice, car il fit prendre sa propre mere et mettre en prison, la quelle l'avoit porté et fait nourrir si doulcement que mere peult faire filz, soubz une couleur espoir non veritable, et se elle eust esté veritable, si la deust il pour son honneur avoir teue et couverte (JUV. URS., T. crest., c.1446, 28). Je vous metray, Home, je croy, - Se vous voulés croyre mes dis - Bien vistement en aultre erroy ! (...) Par meschant conseilh gouverné Avés esté, je le voy bien (OLIOU, Mess. Arg. A., c.1470, 475). SAINCT MARTIN. Mieulx que jamais ton erreur est notoire Et par raison je le te veulx prouver. Ou pence tu escriptures trouver Qui veriffient telz meschantes parolles, Telles maulvaises indehues parabolles A qui le feu seulement apartient ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 338).

 

.

"Malveillant" : Et ne le dis pas sans cause, car je croy que aurez des hayneurs, envieulx et baveux qui diront espoir de meschans parolles de vous et a vous mesmes, pour ce que ne pourrez, saulve vostre honneur, faire ce qu'ilz demanderont et vouldroient bien avoir, ou que vous ne leur ferez pas responces aggreables (JUV. URS., Nescio, 1445, 472).

 

-

[D'un sentiment] "Qui fait mal, douloureux" : Et sont telz melancolieux souuent degectez de vne meschante tristesse et ont paour sans cause et sont souuent si tristes que se tu leur demandes pour quoy ilz sont tristes et de quoy ilz se deulent, ou de quoy ilz ont paour, ou de quoy ilz ont desplaisance, ilz ne sceuent que respondre et ne sceuent quilz ont. (CIB., p.1451, 219).

 

-

[De ce qui advient, d'un état] "Mauvais, funeste" : Tu crois que l'en te monstre service et familiarité [en te flattant], et tu es gecté et sousmis a tres ville et mescheant et derreniere servitute (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 217). ...Et pour ce seront malostruc, Car quant leur fauldra telz estas, Feront larrecins ou baraz, Dont vendont a meschante fin (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 29). "Beau sire, vous ne devez mie Vous eslïessier d'oïr dire Q'ung homme de meschante vie Face meschant fin, ou mal muyre." (CHART., D. Her., p.1415, 427). Je croy que vous ne savez riens Du sire de Gres, qui est mort, Qui estoit mis jusques dedans Leur ville par son grant effort, Son estandart mis sur le bort Des foussez, au pres de la porte ; Mes est venu par meschant sort Ung canon qui sa teste emporte. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 404).

 

-

[D'un lieu] "Hostile" : Las ! qui est ce qui de ce val Meschant [le purgatoire], chetif, lait et hideux (...) Me veult oster ? (Mir. prev., 1352, 262).

 

3.

[D'un animal] : Passez, passez, orde caigne que vous estes ; par Dieu, vous n'y entrerez meshuy, meschante beste que vous estes ! (C.N.N., c.1456-1467, 196).

B. -

[Idée de contradiction avec la morale, les commandements de la religion, les lois humaines]

 

1.

[D'une pers.]

 

-

"Qui est enclin à mal agir, malhonnête" : Et son contraire [de connaissance] est ignorance et sa tres mescheant ligniee, qui est vraie ennemie as bons et adversaire (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 209). Et aucunes foiz se acointent [les maris] de meschans et deshonnestes femmes qui les obeissent en toutes choses et honnorent plus qu'ilz ne sont honnorez de leurs preudefemmes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 83). Je voy les meschans et les reprouchables personnes comblés et abondans, lez preudes et honnestes hommes mendians et diseteux (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 48). Mais, à la verité, la chose estoit à ce venue que les gens de bien n'avoient à Gand plus de povoir ne d'authorité en icelle ville, et gouvernoient les meschans et les gens voluntaires (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 222).

 

-

"Qui s'adonne à un vice" : Car quant la meschant personne a bien beu et mengié, et plus qu'elle ne doit, les membres qui sont voisins et prez du ventre sont esmeuz a ce pechié et eschaufez. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 37). O yvroingne, ton corps nourris Tant ayse, dont aprés nous ris Quant le vin au front t'a feru. De plusieurs a Lucifer eu Par telz defaulz et ame et corps. Ceulx sont bien que meschans et que ors Qui n'ont de sobrieté cure, Car santé garde et le mal cure. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 48).

 

-

Prov. A meschantes gens chestive serte. "À personnes malhonnêtes petit salaire" : Les vices leurs maistres accusent : Si les larrons aultres accusent, Neantmoins ilz ont leur deserte : A meschans gens chestive serte. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

 

-

"Déloyal" : Puis que ma douleur Me fait mon honneur, Que j'ay par erreur, Simplesse et foleur Ainsi mis arriere, J'ay fait deshonneur Aux dames quant leur Maistrise et valeur Et excellant eur Je lessé derriere, Car d'ung traÿteur, Meschant serviteur Fis maistre et seigneur De mon doulent cueur Par folle prïere. (Narcissus, p.1426, 302).

 

-

"Présomptueux" : Du premier, asscavoir qu'il doit avoir maistre, saint Jherome escripvant a Paulin l'enorte qu'il congnoisse et entende qu'il ne puet entrer ou chemin des Escriptures se aucun ne va devant pour luy moustrer la voie. Il dist aussi ou livre des Nobles hommes que "cilz qui nul ne sieut se fait alant devant soy, et se moustre tres meschant". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 50).

 

-

[Qualifie une personne désignée par le défaut qu'on lui reproche ; accentue la portée du reproche] : Je sui le meschant maloustru Desloyal qui ay conversé En ce boys, maint jour a passé, En larrecin, en roberie. (Mir. march. larr., c.1349, 115). Vous mourrez en dueil et soussi Pour la cause, meschant poulleux, Que par vostre cueur orgueilleux Vous avez reffusé la dame Qui vault mieux que vous, par mon ame: Ainsi Amours s'en vengera Et de Pitié vous bannira. (Narcissus, p.1426, 314). Que ne viens tu quand on t'appelle Tant de fois, meschant estourdy ? (Roy sotz, c.1450-1500, 213). Si l'en fist a haste saillir, et dist au chareton : "Que faictes vous, meschant coquart ? Vous estes, par ma foy, bien enragé, qui a ma femme vous prenez..." (C.N.N., c.1456-1467, 67). Et qu'avez vous, meschant yvroigne, ce dist elle, fault il que je compare le trop de vin que vostre gorge a entonné ? (C.N.N., c.1456-1467, 244). Pour promesse ou don qu'on te baille Je te prie ne torne a l'esquart, Car tu te damneroys sans faille Et ferois que meschant coquart. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 61). JUDAS. ...Le dyable te tient en ses las. Meschant traistre, larron, helas As tu telle offense pensee ? (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 270).

 

-

Empl. subst.

 

.

"Damné, réprouvé" : ...car il [Jésus] le fist trabuchier [Lucifer] plus bas que nul autre, c'estassavoir ou plus parfont d'enfer, ou il est plus ort et le pire et le plus meschant des meschans. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 76).

 

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Au fém. "Misérable, pécheresse" : Elle en eust tel[le] paour que tantost s'en ala a confesse et se corriga. L'autre en samblabe vice ouy une autre vois en disant : "Fais, meschante, ce que tu fais, tu en auras bien ton paiement". Elle vint a confesse, et de grant paour mouru un peu aprés, et perfina sa penitance en purgatoire moult durement. (GERS., Pent., p.1389, 77).

 

.

"Prostituée" : Une qui sert de beaulx messaiges, Une courtiere qui ne vit D'autre chose que de courtaiges, Encontre, faisant ses messaiges, Une meschante deschiree Qui a couru bourgs et villages Et est a tous habandonnee. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 224).

 

2.

[Dune chose] "Voué au mal"

 

-

"Qui détourne de la recherche du bien, du salut" : ...La cure de terre est premiere, Celle du ciel est la segonde. Des biens de cest meschëant monde Sunt, ce semble, en greignour friçon. Pour ce lor vient la mauldiçon Qui a Adam fut proposee (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 106). Et encores de ce meschant pechié de paresse dit saint Bernart : Vidi stultos se excusantes sub fortuna (LA SALE, J.S., 1456, 24).

 

-

[D'un comportement] "Mauvais, immoral, dissolu" : Pourtant s'aucuns s'en sont joye tollue Par conduite meschante et dissolue, S'ilz se deçoivent Par en user autrement qu'ilz ne doivent Et maulouyer en la fin en reçoivent -- Ilz l'ont brassé, c'est raison qu'ilz le boivent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 192). "Beau sire, vous ne devez mie Vous eslïessier d'oïr dire Q'ung homme de meschante vie Face meschant fin, ou mal muyre." (CHART., D. Her., p.1415, 427). Et en faisoit forteresses et chasteaux, et en soustenoit houriers, couratiers et gens de meschante vie, comme dansseurs, flateurs et gens de nient. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 195). ...je voy bien que vous estes obstinée en vostre meschante vie, et que, a quelque menasse ou punicion que je vous face, vous n'en comptez non plus que si je me taisoie. (C.N.N., c.1456-1467, 519). ...Car j'eusse plus cher qu'on m'eust arse Que de mener meschante vie. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 175).

 

-

Prendre le meschant chemin. "Faire qqc. qui est contraire à la vraie religion" : Bien devoit estre celui despouillé de cel habit royal, qui prenoit le mescheant chemin pour aler servir as ydoles et non pas a Dieu. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 192).

C. -

[Idée d'imperfection, d'insuffisance, de mauvaise qualité]

 

1.

[D'une pers.]

 

-

"Incompétent, incapable, stupide" : ...dist en ceste maniere : "Je fus donné a l'escole pour lettres aprendre esquelez, je meschant, ne scavoie quel prouffit y estoit..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 14). Ce duc d'Irlande fait en Angleterre et du roy ce qu'il vuelt, et n'est le roy conseilliez fors de mesceans gens et de basse venue ens ou regard des princes. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 19). Et se tu as un filz marchant, S'il pert le sien, c'est un meschant (DESCH., M.M., c.1385-1403, 74). Qui est celluy qui s'en tendroit De bouter hors Merancolie, Quant toute chose reverdie, Par les champs, devant ses yeulx, voit ? Ung malade s'en gueriroit, Et ung mort revendroit en vye. Qui est celluy [qui s'en tendroit De bouter hors Merancolie ?] En tous lieux on le nommeroit Meschant, endormy en follie (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 438). Et disoit qu'il estoit bien fol et meschant quant par sa simplesse il avoit perdu la damoyselle, et qu'il ne s'en sçavroit excuser (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 6). ...il lui ala souvenir de la damoiselle messagiere qui la amené l'avoit et qui tant estoit belle qu'il se tint a meschant quant requise ne l'avoit de son amour tandis qu'il cheminoit seul avec elle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1035). Soubz une meschante paincture faicte de mauvaises couleurs et du plus meschant peinctre du monde, par maniere d'yronnie par maistre Jehan Robertet. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 185).

 

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Prov. À un meschant ouvrier fait petite chose encombrier. "Pour le mauvais ouvrier le moindre chose est un obstacle" : Icy ne fault point enquerir S'il est vaincu sans coup ferir : Tousjours a ung meschant ouvrier Fait petite chose encombrier. (Barbes brayes A., a.1450, 257).

 

.

Empl. subst. : Faultes de foys et d'ommages, Meschans mis en haulx estages, Cuers volages, Foulx messages, Faulx langages : Si pensez en voz courages Que trop durent telz esbas. (CHART., L. Paix, a.1426, 414).

 

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"Physiquement faible, débile" : Et est vray qu'ilz furent plus d'un mois prisonniers, ains qu'ilz furent delivrez, en grant disette de boire et de mengier, tellement qu'ilz devindrent maigres et meschans (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 198). Il fault que vous me soulagiés, Car je suis tres foible et meschante. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 322).

 

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MÉD. "De complexion déficiente" : ...et moult de hommes meschans qui n'ont ne poil, ne barbe, ne challeur, et sont tous effeminés, et sont comme une dame Jehanne (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 129).

 

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"Insuffisant, déficient" : ...mais sachez : de quelle condicion qu'elle soit, proude femme ou aultre, il y a une reigle generalle en mariage, que chacune croit et tient que son mary est le plus meschant et le moins puissant au regard de la matere secrete que touz les autres du monde. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 57). Et aucuneffois aucunes se metent a l'aventure de essaier si les aultres sont de auxi petit pouoir come les mariz, et lors celle qui se met a l'aventure le croit mieulx que davant, car par aventure elle prent ung compaignon dont elle ne peut finer sinon a grant paour et a la goulee et est tout affamé et fait merveillez quant il y peut avenir, et si el avoit tenu son mary par avant meschant et de petit pouoir, elle le croit encore mieulx de present, car les plaisances presentes sont tourjours mieulx en souvenance que celles qui sont passees (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 59).

 

-

"Bon à rien"

 

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Empl. subst. : Mais quant un noble homme estudie Au jour d'ui, en moque de li Et dit on qu'il a cuer failli : C'est uns coquars, c'est uns meschans, Il ne scet aler par les champs, C'est uns prestres, c'est uns chetis, Il deust porter un superlis, Il ne vauldra ja un grain d'orge (DESCH., M.M., c.1385-1403, 263). Quant il vint devers Robinette, et elle le vit ainsy mal vestu, en disant qu'il avoit tout perdu aux dez, elle luy ferma l'uys (...) et luy dist (...) qu'il alast devers sa femme, et qu'elle n'avoit cure de luy, et qu'il n'estoit que ung meschant et ung paillart. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 41).

 

-

"Lâche, poltron, pleutre" : Il dist ou deubt avoir dit à chiaus de Roem qu'il seroient bien serf et bien meschant, se il s'acordoient à celle gabelle. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 175). ...de deux cens chevaliers ou plus qui estoient en celle assamblee, il n'en demoura que cincq a cheval, lesquelz estoient tenus pour laschez et recreans et pour chevaliers faintifs et meschans. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 66). Se ilz ont eu vaillant courage, par non usager et eulx destituer de l'excercite de guerre, devendront laches et meschans (JUV. URS., Verba, 1452, 262). Dieu ! dit il, ce vous est grand reprouche qui estiez tant de gens et n'avez sceu rescourre la pouvre femme qui trestant vous amoit; vous estes lasches et meschans, et l'avez bien monstré ! (C.N.N., c.1456-1467, 314). Ce n'est pas mestier que entre nous en soit congneu ung seul desloial, car aulcune fois pour ung meschant quelque valleureux est en dangier. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 107).

 

-

"Grossier" : Et, mon doulz cuer, vos douces lettres m'ont telement resjoÿ, que (...) toutes les fois que je les lis, les larmes me viennent aus yeus de droite fine joie, car c'est un val plain de joie, un flun de douceur (...), et se les ay leues plus de .XX. fois ; et qui onques n'aroit amé, par ma foi, s'il les ooit, il ameroit, s'il n'estoit trop rudes ou trop meschans. (MACH., Voir, 1364, 448).

 

2.

[D'une chose] "De mauvaise qualité, médiocre" : Item, neuf autres pieces de pierrerie de meschantes esmeraudes, jaspes et autres. (FAUQ., II, 1421-1430, 118). ...vestus de meschans pourpoins de viex coustiz de lit, unez poures coyffeites de fer sur leur testez (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 277). ...mais vous faictes tout le contraire, qui m'est chose tres piteuse a reciter, car vous voulez estre mussé et caché en chasteaulx, meschans places et manieres de petites chambretes, sans vous monstrer et ouir les plaintes de vostre peuple ainsi tourmenté que dit est, et sera cy aprés (JUV. URS., Loquar, 1440, 323). Dieu aucunesfoys se courousse de telz ordures et brouillis, c'est assavoir de la forme d'aler des femmes, de la maniere de regarder de leurs paremens, et dit Dieu par la bouche du prophete que il les fera cesser de mittres, qui sont leurs grans cornes, et pour abresger toutes leurs superfluités, et sera qu'elles auront pour odour, punesie, sainture de corde et vestir de meschans draps. (JUV. URS., Verba, 1452, 281). ...et estoit le Roy demy couché, demy levé, et appoyé à l'encontre d'un povre meschant desrompu oreillier de plume. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 194).

 

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"De peu de valeur" : Telz sont samblables a Esaü, qui donna sa dignité qui lui appartenoit comme premier né pour ung peu de meschant viande, comme on list en Genese ou .XXVe. chapitre. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 329). Ung cheval, une asne, ung beuf, ung chien et plusieurs meschans utensiles de mainage, vestemens, ung chaudron, ung hanap, ung pot, premiers on les expreuve et ainssi on les achate. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 405). ...en conclusion s'est condescendu de donner desdiz gros balay et 7 autres balaiz, de deux gros saphirs et des 16 meschans petis saphirs mil et cinq cens escus (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 110). ...ung lit et deux meschantes couchectes avec les couvertures et cinq meschant paires de gros draps et du gros linge de table et une partie de la vesselle de cuisine pour la provision et estorement de celuy qui gardera ladicte place (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 129). Et à ceste cause furent ceulx de Paris contrains de vendenger les autres vignes partout autour de Paris, qui n'estoient pas à demy meures, et aussi le temps leur fut fort contraire. Et fut ladicte année la plus meschante et povre vinée qui longtemps fut sceue en France, et l'appelloit on le vin de l'année des Bourguignons. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 103). Les grans pillent les moyens et plus bas, Les moyens font aux maindres maint cabas Et les petis s'entrevueillent destruyre : Telz, qui n'ont pas vaillant deux meschans bas, Voit on souvent avoir mille debas, Aulcunesfois se navrer et occire. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 4). Puis, quant Martin lievera les bras pour dire : Gloria in Excelsis Deo, les bras tous nudz jusques au coute pour ce que sa robe est si meschante et si courte qu'elle ne luy peult venir plus avant, pour quoy deux anges subtillement et soubdaynement luy apporteront deux pongnetz de drap d'or et pierres precieuses. (LA VIGNE, S.M., 1496, 552). Si les eussiez entretenuz [vos souliers], Ilz ne fussent pas si meschans. (Arq. P., c.1500, 415).

 

-

"Peu important, peu intéressant" : Si nous n'y advisons, nous serons enfermez dehors, et nous fauldra gesir en ung meschant village et tous morir de faim. (C.N.N., c.1456-1467, 475). Toutesfois, voyant qu'il ne la povoit avoir, alla mettre le siège devant ung meschant petit chasteau appellé le Tronquoy et estoit jà commancé l'an LXXV, tout au plus beau et au commencement de la saison. (COMM., II, 1489-1491, 18). Le jour que ledit gouverneur se mist aux champs pour aller devant une petite meschante ville appellée Verdun, qui alloit bien informé de leur estat, eulx y entrèrent, cuydans aller à Beaulne pour se mectre dedans (COMM., II, 1489-1491, 267).

 

-

"Qui ne convient pas, déplacé, incongru" : Et il y vint moult apertement, en tel habit comme il estoit a faire ses pos, si que tous ceulx qui la estoient, le regardoient a merveilles pour le meschant et paillart atour de lui. (Bérinus, II, c.1350-1370, 132).

 

3.

[D'un animal] "De piètre qualité" : Lequel avoit souvent quarante ou cinquante paysans, une foiz plus une autre foiz moins, armez et habillez de vielz haubergons, jacques vielles, haches et demi-lances où il avoit massues au bout, et autres habillemens de povre estat, à tous lesquelz s'en aloient les ungs sur meschans chevaulx ou jumens, et les autres à pié, embuscher ès bois vers où se tenoient les Anglois, et quant ilz en povoient aucuns prendre, ledit Tabari leur copoit les gorges, et pareillement faisoit à ceulx tenans la partie du Daulphin. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 283). Car il fist venir deux chevaulz devant eulz, l'un trespuissant et fort et l'autre foible, mesgre et meschant (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 27). Et quant de celles [femmes] qui ont ses horribles et detestables estas, elles en sont plus gentes et habilles que d'avoir si grans heaulmes ne queues pesantes que il faut porter, trayner ou faire porter, qui chet en ung grant abhominacion de desplaisance au peuple ; et se elles le consideroient elles en seroient aussi plus belles, car tant a une femme plus humble abit, tant plus est plaisante. Il semble de beaucop que ce soient vielles mulles ou meschans chevaulx, enfrenés de grans paremens pour estre mieulx vendables, et puis monstrent leur sain ou tetins : il est grant besoing de donner appetit aux compaignons. (JUV. URS., Verba, 1452, 280).

II. -

(Synon. de malheureux)

A. -

[D'une pers.]

 

-

"Malheureux, infortuné, qui n'a pas de chance" : "Dieu, comme je sui meschant et entrepris, quant je ne truis ou me conseillier" ! (Bérinus, I, c.1350-1370, 60). Cilz meschans soz yci presens Reçoit tant de cops et d'ordure Que je ne scé conment il dure. (Mir. parr., 1356, 17). ...tu trouveroies devant toy ung homme nud et povre et miserable et meschant, ung homme aiant deul qu'il est homme, aiant honte de che qu'il est nud, plourant qu'il est néz, murmurant qu'il est homme néz a labeur non pas a honneur (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 334). Donques, se nous disons que la felicité de celui qui est bien mort est variee ou muee par teles transmutacions, il s'ensuit inconvenient, car il seroit aucune fois beneuré et aprés autre fois maleureus et mescheant. (ORESME, E.A., c.1370, 132). LA MÉRE DU ROY D'ESCOSSE. (...) J'avoie grant dueil qu'aviés pris Une femme de si bas pris (...). Encore si meschant estoit Qu'elle avoit perdu une main (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 72). Quelle difference il y a entre sage et fol, entre riche et povre, entre mescheant et beneuré, se tu es sage, tu le vois ici. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 91). ...or est cilz plus meschans Qui entre avec femme en ce gaige, Car l'en voit bien un mariaige Durer souvent .XXX. ans et plus. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 21). Je suis la plus deshonnoree Femme qui soit au monde nee Et la plus meschant, maleureuse. (Narcissus, p.1426, 300). Ilz [les Juifs] se rejouissent en la lecture et interpretation faulse, et leurs predecesseurs ont ja eue la joie du vray fruit. Par ceste opinative esperance demeurent ilz meschans, serfz et aveuglés puis que Tytus destruisy Jherusalem le .XLe. an aprés la passion de Jhesu Crist (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 109). Las ! homme meschant et infortuné, dont procede et vient que tu es maintenant ainsy mescheu ? (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 150). C'est a dire, mon ami, que par vin, par jeu de dez, et compaignie de femmes foles, se les hantes, seras tousjours pouvres, meschans et mal eureux, et haÿs de toutes bonnes gens. (LA SALE, J.S., 1456, 21). Mais moy, tant plain de desolation, Meschant nasqui soubz constellation D'Infortune, qui ne vault tant soit poc, Et ay vescu du vent de elation, Rempli d'orgueil et cavilation : Suis mieulx pugny que ceulx qu'on mect au croc. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 13). JUDAS. Je suis bien meschant d'ainsi vivre Comme je vis. Vrayment, mon maistre, Quant j'y pense, me fait bien paistre Et me travaille bien en vain. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 245).

 

.

Prov. L'homme est meschant Qui trop se fie en femmes : Si dist une parole : que li hommes est mesquans, Qui trop se fie en femmes : car leurz engiens est grans. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 142).

 

-

"Dans un état misérable" : L'EMPERÉRE. Tu es envers ton Dieu trop fin ; Et scez tu qui t'en avenra ? Le dos on te descirera A ongles d'acier bien tranchans ; Et quant ainsi seras meschans, Tes plaies te seront lavées De vinaigre et de sel salées (Mir. st Ign., 1366, 97).

 

-

"Mal inspiré" : "Denis, tu m'as bien traÿ et ma fille deshonnoree, et moult fuz meschant quant oncques ton conseil creüz". (Bérinus, II, c.1350-1370, 48).

 

-

Estre le plus meschant de la feste. "Être celui à qui arrivent toujours les aventures fâcheuses"  : S'yl n'y avoit que une mesaventure au bout du monde, sy acourroit a toy comme au plus meschant de la feste ! (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 350).

 

-

Empl. subst. : Et aprés ces choses il contraignoient yceuls povres mechans de faire aucuns pains ou tourtiaux de farine. Car les pillars qui ainsi les tourmentoient n'avoient point de fain. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 141). Or est aveuglés ly meschans : Or va sa femme ou elle veult (DESCH., M.M., c.1385-1403, 117). Or prent son deduit a faire d'un chetif mescongneu ung puissant orguilleux, qui tout descongnoist, et d'un hault satrappe eslevé en vaine gloire et en pompe ung meschant foullé et deffait, qui depuis vit en vergoigne du dechiet de son estat et en deffiance de sa vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). Quoy ? Dea, chascun me paist de lobes, Chascun m'enporte mon avoir Et prent ce qu'il en peult avoir. Or suis je le roy des meschans... (Path. D., c.1456-1469, 138). Le front ridé, les cheveux griz, Les sourciz cheux, les yeulx estains, Qui faisoient regars et ris Dont mains meschans furent actains, Nez courbes, de beaulté loingtaings, Orreilles pendentes, moussues, Le visz paly, mort et destains, Menton froncé, levres peaussues - C'est d'umaine beaulté l'yssue... - (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 56).

 

.

Au fém. : Mon nepveu pers que tant amoys ! Or suis je la pouvre meschante, Que n'ay plus chavance ne rente. (Pass. Auv., 1477, 182).

B. -

"Misérable, pauvre"

 

-

"De basse condition, pauvre" : Il n'y a si meschant homme mescanique qui ne veullent porter martres, et leurs femmes gris ou menu ver, voire les fillettes vendans amourettes en gros et en detail (JUV. URS., Nescio, 1445, 547). Et quant place pour vous aroye, Pour tant ne vous y logeroye : Ce n'est pas icy hospital ; C'est logeis pour gens de cheval Et non pas pour gens si meschans. Allez logier avau les champs Et vuidez a coup ma maison. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 64).

 

.

Empl. subst. "Personne de basse condition, pauvre" (synon. vilain) : Et se tu me diz que trop dure Mariages est aux meschans, A ceuls qui n'ont vignes ne champs. Rentes, meubles ne revenue, Ainsis que celle gent menue Qui vont devant autrui ouvrer, Et leurs femmes vont labourer... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 288). Doncques ils s'en vont à l'ostel pour dyner ensamble ; et quant ils seront venuz, ils seront serviz des chous lardé bien gras et bure ensamble, et aussi du lart, et des oefs avec les coques, l'aubuns et moeilles ; et ces deux meschans seront si friandes de leur viande, qu'ils le transgloutent sans maschier, à cause d'estaindre plus tost leur grant fain. (Man. lang. G., 1396, 71). Regarde a qui tu as affaire, Regarde qui sont tes marchans. Tu n'as pas affaire a meschans, Car tu as affaire aux seigneurs, Aux princes et aux gouverneurs De la loy (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 270).

 

.

Riches et meschants. "Riches et pauvres" : Et noz trois, par les boys marchans, Trassant et chassant noz lippees, S'il venoit riches ne meschans, Tout passoit dessoubz noz espees. (LA VIGNE, S.M., 1496, 314).

 

-

[D'un état] Misérable : Et donques, comme soy avoir et estre disposé en ceste maniere senz amiableté a soy meïsmes soit une chose tres mescheante et tres miserable, il s'ensuit et appert que l'en doit bien fuir et eschiver malice et vice a tresgrant effors. (ORESME, E.A., c.1370, 468).

 

-

[De la vie] "Misérable, malheureux" : Si pry Dieu qu'Il me desherite De ma meschant vie maudicte Qui tant me greve Et qui a la mort a prins treve A celle fin qu'el ne l'aggreve (CHART., L. Dames, 1416, 229). ...il pert ses forces, il est maintenant joyeux et tantost triste et plus souvent malade. O condicion miserable ! pour quoy ne te recordes tu comme miserable et meschante est ceste vie mondaine ! (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 275).

 

.

[D'une chose] : Pulces, cyrons et tant d'aultre vermine Nous guerroyent : bref, misere domine Noz meschans corps dont le vivre est trescourt. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 4).

 

-

Prov. Sur le plus meschant chiet la flesche. "Le malheur frappe le plus misérable" : Sur le plus meschant chiet la flesche. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 33/50 
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     MÉCHANTÉ     
*FEW II-1 cadere
MESCHANTÉ, subst. fém.
[*FEW II-1, 28a : cadere]

A. -

"Infortune, malheur" : ...et quant il fu revenu en sa memoire, il fu tant honteux de sa meschanté qu'il ne pooit parler et bien dit que morir veult, se tost ne se venge de celuy qui entre ses gens ainsy l'a abatu vilainement (Comte Artois, c.1453-1467, 95). Vous scavés que par meschanté Quentin, mon enfant, est perdu Et celluy qui l'a enchanté N'est encore prins ne pendu (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 108).

B. -

"Malice" : J'ay congneu la meschante vie En quoy j'ay trop continué. J'ay congneu la grant meschanté De voz ydolles decepvables. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 178).

C. -

"Mauvaise action" : ...et onques ne consenty [le duc], ni ne forgea fraude, ni meschanté, ni nulle quelconque chose de reproche (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 433). Elle (...) se vint tenir en une chambre au dit lieu de Douay avec ung compaignon de guerre, faisant avec lui et pluiseurs autres ses meschantez, comme femme publique. (Arch. Nord, 1489, B 1706, f° 2, IGLF).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 34/50 
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     MÉCHANTEMENT     
FEW II-1 28a cadere
MESCHANTEMENT, adv.
[T-L : meschëoir (meschëandement) ; GD : mescheamment ; FEW II-1, 28a : cadere]

"Mal, d'une façon malfaisante" : DIEU. (...) D'eulx gouverner injustement Tout se maintient meschantement, Sans nulluy de moy tenir compte ; Dont les delesse povrement Cheoir en deshonneur et honte. Puis les plus grant d'auctorité, Les haulz princes, ducz et barons, Rempliz d'orgueil et vanité, Maugreeurs, jureurs et felons, Que de moy nulle memoire n'ont. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 288).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Jean-Loup Ringenbach

 Article 35/50 
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     MÉCHANTETÉ     
*FEW II-1 cadere
MESCHANTETÉ, subst. fém.
[*FEW II-1, 28a : cadere]

Meschanteté de + subst. désignant une qualité. "Médiocrité, faible valeur de qqc." : Il [un homme de petite origine, conquérant d'un pays] respondit qu'il vouloyt declairer qu'i estoyt pour leur monstrer [aux conquis] leur meschanteté de courage ; et que il estoyt filz d'un potier de terre, et pour delitz qu'il avoyt faiz c'estoyt absenté du pays, et qu'ilz devoyent bien avoir grant honte de eulx [estre ainsy] laissiez ainsi conquester, et qu'ilz monstroient qu'i ne valloyent riens. (JUV. URS., T. rever., 1433, 69).

REM. Graphie vérifiée sur le manuscrit.
 

DMF 2020 - Lexique partiel de Juvenal des Ursins Martine Moulin

 Article 36/50 
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     MÉCHOIR     
FEW II-1 cadere
MESCHOIR, verbe
[T-L : meschëoir ; GD : mescheoir ; AND : meschair ; DÉCT : meschëoir ; FEW II-1, 27b : cadere]

I. -

[Idée de chute]

 

-

Inf. subst. "Chute malencontreuse" : ...sur icelle [corde] monta ung Portingalois qui chemina desus tout droit comme dessus terre ferme (...), et fist tant de choses estranges et perileuses que mains yeulz y avoit qui regarder ne l'osoient de peur de son mescheoir. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 246).

II. -

[Idée de malheur]

A. -

Empl. intrans. [Proche de l'idée de chute] "Tomber dans l'infortune, dans le malheur, être ébranlé" : Sire, dirent trestuit si homme, mescheoir puist il qui vous en fauldra (Bérinus, I, c.1350-1370, 124). Si ot Fortune gouverné Par moult lonc temps cellui regné, Qu'elle aprés bien laissa cheoir, Par lui faire tant mescheoir Que du tout perdi seignourie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 273). Si fait grandement a noter Com, quant Fortune un veult oster De tout eur, peu a peu cheoir Le fait, par souvent mescheoir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 242). Par le sanc Nostre Dame, Meschoir puist il de corps et d'ame, Se je soye, qui sauroit a dire Qui a le meilleur ou le pire D'eulx ou de moy : je n'y voy goute. (Path. D., c.1456-1469, 116). JHESUS. (...) Ains Constance ne mecheÿ ["ma constance n'a été ébranlée"], Car fermement j'ay obeÿ A mon pere jusqu'a la mort. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078). Mais pour mescheoir à ung pouvre homme ou à cent, nul ne s'en advise, car on attribue tout à sa pouvreté ou à avoir esté assez mal pensé ou, s'il s'est noyé ou rompu le col, pour ce qu'il estoit seul, à grand peine en veult-on parler (COMM., II, 1489-1491, 223).

 

-

[D'une chose] Meschoir à qqn. "Être une infortune pour qqn" : Ja Diex pooir ne me doint ne loisir Ne tant durer que j'aie ja pensée Ne volenté ne pooir ne desir D'entroublier ma dame desirée ; Car, pour m'ame, mescheoir la journée Ne me porroit qu'il me souvient de li, Pour la bonté dont Diex l'a enrichi. (MACH., L. dames, 1377, 152).

B. -

Empl. impers.

 

1.

"Arriver malheur" : Car ja bonne ouevre ne fera Qui la fin ne resgardera, Et s'aucune fois bien en chiet, Pour une fois, IIIJ. en meschiet. (MACH., P. Alex., p.1369, 11). Si ne li porra mescheoir. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 28).

 

2.

Meschoir à qqn. "Arriver malheur à qqn" : Qui ne se prent pres d'avenant, S'il li meschiet, c'est a bon droit. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 116). Je t'ai dit ce que tu feras Et qu'en verité trouveras ; Se tu le fais, bien t'en venra, Et se non, il te mescherra. Je te lairay, si m'en iray. Mais au partir tant te diray Que, se tu as mestier de my, Amie entiere, sans demy, Me trouveras a toutes heures. (MACH., R. Fort., c.1341, 103). Las ! il nous est bien mescheu, S'il meurt ainsi. (Mir. st Guill., c.1347, 20). Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme ; mais il sortissoient, Et cils seur qui li sors chëoit, Trop mortelment li meschëoit ; Car li rois Minos devourer Le faisoit la, sans demourer, Par un moustre trop mervilleus, Trop felon et trop perilleus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). LE MARI. Certes, biau sire, je n'iray En maison nulle, tant soit belle, Devant ce qu'en celle chappelle Aie esté encore une piece, Mais que jamais ne vous meschiece. Alez vëoir ma povre femme (Mir. enf. ress., 1353, 58). Nul ne se prent a luy qu'il ne luy en meschiesse. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 44). Si qu'il ne t'est pas mescheü, Eins di qu'il t'est tres bien cheü Et que c'est ton bien et t'onnour, Quant tu es pris de tel signour Qui te fera droit et justise Et grace, s'a li est requise. (MACH., C. ami, 1357, 101). Les vesves et les orphenins, Tant masculins com femenins, Et les eglises dois deffendre, Et si ne dois riens dou leur prendre ; Car qui en ce vice encherra, Certeins sui qu'il li mescherra, Soit a la mort, soit a la vie, Car Dieus scet tout et riens n'oublie. (MACH., C. ami, 1357, 140). Et lors qu'il le senti cheü, Si com il l'en fust mescheü, Il fist forment l'ensouniiet Et la a requis et priiet Que on li voelle aidier a querre. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 148). Li quels ne acompli mies che qu'il avoit juret (...) Pour quoi il li meschei de puis en pluiseurs manières. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 114). S'il li meschiet que du sien perde... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 82). Fol roy, par ta musardie te mescherra. Toy et les tiens decherront de terre, d'avoir, d'onnour et de heritaige, jusques a la IXe lignie ; et perdra par ta fole emprise le IXe de ta lignie le royaume que tu tiens. Et portera cellui roy nom de beste mue. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Li dus de Normendie (...) n'avoit doubte de nului, dont il l'en fu priés mesceu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 374). Et ainsi les gens eüreux Desprisent les maleüreux, Ne leur semble que mescheoir Leur puist jamais, ne descheoir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86). Je suy comme la tour minee, Dont la prise n'est pas finee De longue piece, Et de qui on doubte qu'el chiece Ou qu'a ceulx de dedens meschiece (CHART., L. Dames, 1416, 262). Et se les roys et princes ou temps passé ont esté très glorieux et ont prosperé pour leurs bonnes euvres qu'ilz faisoient, par le contraire, il est à croire vraissemblablement qu'il mescherra à ceulx qui feront mauvaises euvres. (FAUQ., III, 1431-1435, 102). ...car vous devez fort craindre que il ne vous mescheust, a vous et a ceulx qui se dient a vous, c'est assavoir aux gens de guerre qui font les maulx dessusdis (JUV. URS., Loquar, 1440, 413). Je doubte, veu ce que dit est, qu'il ne meschie a vous et a vosdis gens (JUV. URS., Loquar, 1440, 421). Nous avons de Saul, que Dieu avoit fait roy et eslevé sur tous les enffans d'Israel, qui en toute humilité en l'encommencement se gouverna, et aprez commença a presumer de soy et en orguillir, et luy meschut (JUV. URS., Verba, 1452, 212). Aussy vroy qu'en flamble paille art, Celluy est meschant et paillart Qui au feu d'ire jamais choit, Dont a luy plus qu'a nul meschoit : Le sens en pert souventesfois. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 47). Dieu scet comme il me fust mescheu. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 43). Aussi lesdictz princes s'en mectent aucunes fois en si grant gloire qu'il leur en meschet par après. (COMM., I, 1489-1491, 108). La char bieu il me faict suer Je prie a Dieu qu'il luy meschie (Myst. st Martin K., a.1500, 373).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (mesqueïr). Forme mescher (rime en -er) ds Flor. Octav. L., t.2, c.1400, v.15116.

 

-

[Dans une formule de souhait] : Seigneurs, se ja ne vous meschiéce, Considerez l'entencion Et regardez l'occasion Que Clovis encontre moy quiert (Mir. Clov., c.1381, 215). Sa donc, que ja ne vous meschiéce, Venez vous ent. (Mir. st Alexis, 1382, 302).

 

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[Dans une formule de serment] : Prestreau, vous estes bien rusé, De vous ne me doubtasse empiece. Je pry a Dieu qu'il me meschesse, Se vous m'eschappés en ce point. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 207).

 

-

Prov. : ...à cellui à qui il meschiet, chascuns lui mesoffre. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 238).

 

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Meschoir à qqn du corps : "...encores il li mescherra du corps, avant qu'il meure, et (...) ce n'est riens de ce qu'il fait envers ce qu'il ly avenra." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 92). Je pri à Dieu qu'il te peut mescheoir du corps, car tu m'as fait icy longtemps muser (Man. lang. G., 1396, 55).

 

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Meschoir à qqn de + inf. "Arriver par malheur à qqn de" : ...en la ville d'Arras, avoit ung bon marchant auquel il mescheut d'avoir femme espousée qu'il n'estoit point de meilleur au monde. (C.N.N., c.1456-1467, 319).

 

-

Meschoir à qqn que. "Arriver par malheur à qqn de/que" : Je ne donray l'eure de garde Que me verray si desceu Et me sera cy mescheu Que j'aray perdu, doulce dame, Vostre amour et mon corps et m'ame. (Mir. chan., c.1361, 174). Se il meschiet à fame qu'elle tue son enfant, elle ne sera pas arse du premier, ainz la doit l'en rendre à Sainte Eglise (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 221). Quant .XXII. ans ja passez Ot regné, si lui meschey Que la fouldre sur lui chay (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 188).

C. -

Part. prés. en empl. adj. "Victime du malheur" : LA DAME. Ha ! Lasse ! Meschant, que feray ge ? Lasse ! Lasse ! Maleüreuse ! (Mir. enf. ress., 1353, 32). PREMIER BERGIER [au secont bergier]. (...) Ne luiteray je aux pastoureaux Quant vouldray en lieu de tournoy ? Je pense estre de tel conroy Que g'y conquerray belle amie. Meschant, ne souffira il mie ? Fol est qui plus demander ose (Gris., 1395, 47).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 37/50 
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     MESCHAILLE     
*FEW II-1 cadere
MESCHAILLE, subst. fém.
[GD : meschaille ; *FEW II-1, 27b : cadere]

"Malheur" : ...Si fut Arnuls Malhars, fils Joan, qui le malhe ["maillet"] Portant dedens estour dont faisoit grant mescalhe (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 489).

 

-

Jouer de meschaille à qqn. "Faire un mauvais parti à qqn" : ...ains que le jour defalhe Se sont rendut à luy, et ly roy tant amalhe ["aimaient"] Que Giles fut troveis cuy jowat de mescalhe (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 569).

 

-

De meschaille. "Avec malchance, sans succès" : Sus l'evesque s'en vint, si lanche de mescalhe (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 647).

 

-

Sans mechaille. "Sans faute" : ...A Paris est venus, et li roy sens mescalhe Si le fist chevalier à Noiel quant bin galhe ["gèle"] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 612).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 38/50 
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     PARCHIER     
FEW II-1 cadere
PARCHIER, verbe
[GD : parchier2 ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Tomber entièrement" : Maintenant se part le gerfaut Et si s'en vint volant molt haut Trestout droit au Beau Chevalier, Sur son heaume se va parchier. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 322). [v. 6817 ; autre occurrence au v. 6821]

 

-

Au parchier. "Au moment où l'on tombe"

 

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD V, 746b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/50 
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     PARCHOIR     
FEW II-1 cadere
PARCHOIR, verbe
[GD : parcheoir ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Tomber entièrement"

 

-

Au parchoir. "Au moment où l'on tombe"

 

Rem. Ex. de Lancelot du Lac (éd. 1488) ds GD V, 745b (au parcheoir brise sa lance)..

V. aussi parchier
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 40/50 
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     QUAYER     
*FEW II-1 cadere
QUAYER, verbe
[*FEW II-1, 24a : cadere (?)]

"Faire choir, faire tomber qq. part (?)" : Car Dieu nous a mesme envoyé En ce bas monde et quayé (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 760).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 41/50 
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     RECHEABLE     
FEW II-1 cadere
RECHEABLE, adj.
[T-L : rechëable ; GD : recheable ; FEW II-1, 26a : cadere]

"De nouveau susceptible de tomber, de périr"

REM. Ex. d'a. fr. et GARBIN 1487 ds GD VI, 662a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/50 
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     RECHOIEMENT     
*FEW II-1 cadere
RECHOIEMENT, subst. masc.
[*FEW II-1, 26a : cadere]

"Rechute"

REM. Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495. In : P. Demarolle, 4e Colloque, Amsterdam, 1985, 6 (resquaiement).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 43/50 
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     RECHOIR     
FEW II-1 cadere
RECHOIR, verbe
[T-L : rechëoir ; GD : recheoir ; DÉCT : rechëoir ; FEW II-1, 26a : cadere]

Empl. intrans.

A. -

"Retomber"

 

1.

[D'une pers.] : LE CHEVALIER. Or sus, mon chier seigneur, dressiez Vous en estant. PREMIER ESCUIER. Il ne se peut ne tant ne quant Soustenir, ains est recheu. (Mir. st Guill., c.1347, 20).

 

2.

[D'une chose] : A la tierce experience, qui semble plus forte, de la seëtte ou pierre gectee en haut, et cetera : l'en diroit que la seëtte traite en haut, aveques ce trait est meue vers orient tres isnelement aveques l'aer parmi lequel elle passe, et aveques toute la masse de la basse partie du monde devant designee qui est meue de mouvement journal ; et pour ce, la seëtte rechiet ou lieu de terre dont elle parti. (ORESME, C.M., c.1377, 524). Les herbaiges des aigoux de ladite ville, (...) en l'année de ce present compte ils n'ont point esté affermés, de l'ordonnance de messeigneurs, pour ce qu'ils estoient trop frais curés et que ceux qui eussent cueilly les herbaiges eussent gasté les bors des fossés d'iceulx aigoux et aussy fait recheoir la terre qui estoit freschement giettée, par quoy ils en eussent pis valu (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1444-1445, 396). ...et par l'un des boutz (...) sourdoit la sourse de une fontainne, bien ung grant piet de haulteur, et recéoit dedens le praiel par sy soubtille manière, que l'en ne savoit que l'eaue devenoit (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 133).

B. -

Au fig. [D'une pers.] "Retomber dans qqc." : Semblablement, quant l'en cuide estre hors de cele concupiscence, l'en y rechiet. (ORESME, E.A.C., c.1370, 384). Et n'est ce pas grant doulceur de cest amy qui, non contrestant quelconque fourfait contre luy, tout pardonne se tu as entiere contriction, c'est assavoir du pechié passé desplaisir, propos ferme de non y recheoir et de soy confesser en temps et en lieu ordonné par l'Eglise ? (GERS., Concept., 1401, 413). LUCIFER. (...) [Gardez qu'] Adrien soit tresrudement Battu par doloreux tourmant, Si que par traval et par painne Laisse celle loy crestienne, Et rechiese entre noz las, En lui ramenant les solas Et plaisirs mondains au devant (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 110). Et sont en chemin que ce trouble ne leur fauldra de grant pièce ou au moins la craincte de y recheoir (COMM., II, 1489-1491, 155).

 

-

Se rechoir en qqc. : Ne vus y rechaieis iamais Que soyes auaricieux Ne escarche ne conuoiteuse, Mains soies plaine de largece. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 237).

 

-

Rechoir sur qqn. "Revenir à qqn (dans un récit, dans un texte)" : Maintenant donques, pour satiffaire a la matiere, convient receoir sur les ambassaeurs de ce duc (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 152).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 44/50 
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     RECHUTE     
FEW II-1 cadere
RECHUTE, subst. fém.
[GDC : rechute ; FEW II-1, 26b : cadere ; TLF : XIV, 504b : rechute]

"Fait de retomber dans une maladie" : Dont il se dit en proverbe que la rechiete assez pis vault que la premiere maladie. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 196). Ceste maladie luy prit d'une fièvre très-aspre (...) ...la rechute y survint qui donna la menace de la mort. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 200).

Rem. Prov. H., 213 [R13].
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 45/50 
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     RENCHÉABLE     
FEW II-1 cadere
RENCHEABLE, adj.
[GD : rencheable ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Qui rechute, qui récidive" : ...maladies rencheables et retournables (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 329). Recidiuus (...) rancheables ou renouvellez (Aalma R., c.1380, 348).

REM. Gloss. de Salins etGloss., Paris B.N. lat. 7679, c.1400-1500, ds GD VII, 20a.
 

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 Article 46/50 
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     RENCHÉANCE     
FEW II-1 cadere
RENCHEANCE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : renchëance ; GD : rencheance ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Rechute"

REM. FROISS. (éd. Kervyn) ds GD VII, 20b.
 

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 Article 47/50 
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     RENCHÉEMENT     
FEW II-1 cadere
RENCHEEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : renchëement ; GD : rencheement ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Rechute"

REM. GUILL. DIGULL. (imprimé du XVIe s.) ds GD VII, 20b. Compl. à SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, ds Rom. Philol. 10, 1956-1957, 65 (R. Levy).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/50 
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     RENCHOIR     
FEW II-1 cadere
RENCHOIR, verbe
[T-L : renchëoir ; GD : rencheoir ; DÉCT : renchëoir ; FEW II-1, 26b : cadere]

Empl. intrans. au fig.

A. -

"Retomber (dans qqc., dans une situation dangereuse, défavorable, répréhensible...)" : ...par mes pechiéz je suy pluseurs fois trebuchiéz en leurs mains [des phisiciens praticiens] et si y renchié [renchie ? ay renchié ?] trop souvent (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 204). ...de rechef et de fait, il renchée en celle mesmes sentence d'excommeniement (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 253). Et pour ce sert à propos que, veuz les horribles inconveniens passéz par descors, afin de jamais n'y rencheoir, vivions desormais et à tousjours en union et paix. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 125). Amours qui si m'a decheu Plus ne tendra mon cuer rencheu Pour l'empirer Et le faire ainsi souspirer (CHART., L. Dames, 1416, 289). ...mais, se nous en avons usé aucunement es plus grans besoings et maintenant aprés ung pou de amandement de la premiere infelicité, nous y defaillons, les meschiefz ou nous nous sommes trouvez ont esté tresmauvaiz, mais de rencheoir nous sera mortel. (CHART., Q. inv., 1422, 49). ...et quant il vit que les choses estoient bien affermees en la loy de Jhesu Crist il s'en ala rendre religieux et laissa son royaume a son filz ainsné, lequel entra en ung orgueil et commença a entrer et rencheoir a la secte des payens. (JUV. URS., Verba, 1452, 295).

 

-

"Retomber (dans une faute, une attitude coupable..), récidiver" : Se mal as ouvré, Pour Dieu n'y vueilles rencheoir, Car sentir tu puez et veoir Ce qui en vient. (Mir. pape, 1346, 385). ...Que penitence li chargast Nulle, fors qu'elle se gardast De rencheoir en son pechié (Mir. mère pape, c.1355, 386). J'ai bien veu ce que vous m'avés escript, que jamais vous ne serés en doubte ne ne penserés que je vous oublie ; car par ainsi je vous pardoing ce que vous m'avés meffait. Mais se vous y rencheés plus, je croi que je ne le vous pardonrai pas si ligierement ; que, par ma foi, je ne pense pas a faire chose, a mon pooir, de quoi vous doiés estre en doubte. (MACH., Voir, 1364, 560). ...pour occasion de son dit service de nostre dit cousin, il ait convenu faire ce que dit est et n'aist entencion de renchoir en telx euvres, ainçoiz ait voulenté et affection de nous loyaument servir (Doc. Poitou G., t.4, 1375, 381). Aussi homme en sa penitance Doit avoir vraie repentance, Et soy garder de rencheoir (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 128). Premièrement le Roy veult et ordonne que, se les habitans de ladite ville ou aucuns d'iceulx renchéent jamais ès meffais dessusdiz, que ceste présente grâce ou rémission leur soit de nulle valeur. (Chron. St-Den. P., c.1383-1385, 36). ...et se pense on que pour riens s'en confesseroit on pour tantost rencheoir, et de ce c'est la mort (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 20). Le remede general est penitence et propos de non rencheoir, et recourir a oroison a saincts et a sainctes (GERS., Annonc., a.1400, 237). ...savoir doivent que il n'est point de doubte que femme n'est tant commune ne acointe de pluseurs que se elle veult bien a certes se disposer a retraire de pechié, quoy que avenir leur en doie, crie mercis a Dieu par repentence et se tire par devers lui par ferme propos de jamais n'y rencheoir : il la gardera bien de tous ceulx qui l'en vouldroient destourner. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 213). ...affin que plus n'y renchoye en la faulte des deux advis precedens, ces trois bagues que veez m'en feront doresenavant sage. (C.N.N., c.1456-1467, 336). Pour ceste foiz il vous est pardonné, mais de rencheoir gardez vous en, pour autant qu'il vous touche. (C.N.N., c.1456-1467, 411).

 

.

Inf. subst. : L'ABBEESSE. Je le vous pardoins quant ycy, Mais gardez vous du rencheoir. (Mir. abbeesse, 1340, 64). ...en ce point m'a delaissé en greigneur doubte, dont le rencheoir est dangereux. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 247).

B. -

"Faire une rechute (dans la maladie), rechuter" : Et s'estoie flewes assés Et de maladie lassés, Ne nulz ces meschiés ne savoit, Qu'aveuc moy personne n'avoit A qui je m'osaisse complaindre. Si prins a palir et a taindre Et mes cuers trop fort a fremir, Si que j'en perdi le dormir Et le mangier, car ne manjoie Se petit non ne ne dormoie. Joie n'avoie ne soulas, Ains disoie souvent : "Hé ! las !" Secretement et en mon lit, Sans avoir joie ne delit, N'avoie bon jour ne demi. Mais il ne m'estoit riens de mi, Fors de ma douce dame chiere, S'en avoie mate la chiere. Bonnes gens, ainsi me cheÿ Qu'aveuc ces meschiés rencheÿ ; La cuidai bien faire ma fin ! (MACH., Voir, 1364, 88). Car trop doubteuse est maladie Dont on renchiet. (Mir. emper. Romme, 1369, 262). Sextement sciatique et podagre, quant elles sont curees, elles retournent pour petit de cause pour le siege du membre et pour la largesse des conduis et des membres prochains concomitans, mais es aultres jointures on n'y renchiet pas si tost. (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 19). Car, quant l'omme a esté longuement malade et il pense aux miseres qu'il a souffert par la langeur de sa maladie, il est aprés trop plus solliciteux et diligent de garder sa santé, car il a pauour de renchoir en sa maladie. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 142). Lequel Mathurin fut emporté et mené au lieu de Rechauveteau, auquel lieu il fut par l'espace de XV. jours, et disoit-on qu'il estoit guery, mais depuis, par ce qu'il fut remué de lieu en autre sur une charrete, son sang se esmeut, dont il rencheut, tellement que, par mauvais gouvernement ou autrement, deux ou troys jours après, il ala de vie à trespas. (Doc. Poitou G., t.12, 1477, 169).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 49/50 
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     RENCHUTE     
FEW II-1 cadere
RENCHUTE, subst. fém.
[GD : rencheute ; FEW II-1, 26b : cadere]

"Ce qui provoque la chute, obstacle" : Item, afin que concorde, paix et transquillité entre les royaumes de France et d'Angleterre soient pour le temps avenir perpétuellement observez, et que on obvie aux obstacles et rencheutes par lesquelz entre lesdiz royaumes dissencions et discordes pourroient sourdre ou temps avenir, que Dieu ne vueille, il est accordé que... (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 398).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 50/50 
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     SOUS-CHEOIR     
*FEW II-1 cadere
SOUS-CHEOIR, verbe
[*FEW II-1, 26b : cadere]

Empl. intrans. "Tomber sous ; s'affaisser" : Succido [de cado] (...) : soubz cheoir (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 379).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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