A. -

"Garnir de tentures" : Tant va Eliénor, avoec le baronnie, Qu'en Nymaie le grant, qui tant est resfortie, Entra li castellainz, à noble compaignie. Hé ! Diex, que la chitez estoit d'onneur garnie ! N'i avoit nulle rue, pour voir le vous affie, Que de dras d'or ne fust, à cascune partie, Si bien acourtinée que c'estoit mélodie. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 57). Et incontinent il alla commander que on abatist toute la tapesserie du palais ; et qu'on le fornist tout de [d]rap noirs ; et qu'on fist acourtiner l'ostel tout de draps de douleur. Et tout ceus de la terre firent grant dueil. (Belle Maguel. C., 1453, 43).

B. -

"Recouvrir d'un drap mortuaire"

Rem. Cf. : Aux estrangiers pouons la feste Faire de la vaillant Cristine, Dont la vertu est manifeste En lettre et en langue latine, Et ne debvons pas soubs courtine Mettre ses oeuvres et ses dis Affin que, se mort accourtine [éd. Deschaux, t.4, 178 : encourtine] Le corps, son nom dure toudis. (MARTIN LE FRANC, Champion dames, éd. G. Paris, 1440-1442. In : Romania 16, 1887, 415).
 

A. -

"Rideau, tenture (pour dissimuler, pour orner, pour séparer plusieurs parties d'une pièce...)" : Et Maccaires estoit par se grant trecherie Derriere le ghourdine tous seuls sans compaignie (Flor. Rome W., c.1330-1400, 246-247). IIIJ pièces de zetonnin azuré (...) pour faire le ciel dudit paveillon (...) Pour IIIJ aunes et demie de fin veluyau rayé, cremasin, pour couvrir les bastons dudit paveillon (...) Et Madame bailla audit Jehan du Figuier les tafetas, pour faire les courtines dudit paveillon, que elle avoit par devers li en garnison. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 28). ...la grant coutepointe pour le lit, cheveciel et ciel, tout garni de 3 courtines ; une petite coutepointe pour les piez ; un demi ciel pour laver le Roy, garni comme un ciel, sans courtines (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 109). En la sale ont tendut mainte riche gourdine. (Chev. cygne P., c.1356, 92). Nous la ferons traire D'arriére ces courtines, dame (Mir. Berthe, c.1373, 168). Item, une autre chambre, brodée de France et de Navarre, garnye de ciel, de dossier, de coulte pointe, de troys courtines de tartare vermeil changeant et royé d'or, et huit carreaux de mesmes. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 362). Courtines. Premièrement : Une grant courtines de cendal vermeil, tenant vingt lez. Item, une grant courtine de cendal vermeil, tenant XVII lez. Item, une grant courtine de cendal, tenant XVI lez... (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 391). ...unes courtines royées d'or et de soye de plusieurs couleurs. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 237). N'en ce monde n'a riche chose (...) Chambres tendues a courtines D'or ou de soye les plus fines (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 130). ...à Jehan de Troyes, pour avoir fait, garni, cousu et tendu icelle chambre, c'est assavoir la sarge de 8 aulnes et de 8 lez, le dossier de 7 lez et de 5 aulnes de hault, trois pieces de courtines, 3 draps courans, les 2 de 8 lez et l'autre de sept lez et 6 aulnes, 3 draps de muraille de dix lez de la sarge et de 6 aulnes de hault, le dossier et le derrain ciel du retrait de 5 lez et 7 aulnes de hault, la couche de 5 aulnes et de 5 lez, deux bancquiers de 7 aulnes chacun et de deux lez (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 431). À Jehannin de Pames, ledit jour, cent IIIIxxXIIII l. six solz et huit deniers pour achat de IIIIcXXIIII aulnes de sarges et de bonneval (...), pour faire chambres pour tendre la chambre de la royne, dont Dieu ait l'âme ; la chambre dudit seigneur, son retrait, la grant chambre de parement et y faire cielz et dossielz et courtines (Comptes roi René A., t.1, 1453, 10). Et quant il fut a l'entree des lisses, le roy sans nulles serimonies le fist entrer et aler soubz l'ombre d'un bien grant ciel de tappisserie, couvert d'une grant courtine d'un bout a l'autre a annellez courans (LA SALE, J.S., 1456, 153). Elle fist (...) desploier riches couvertes, tappiz et courtines, et se para (C.N.N., c.1456-1467, 571). Au boult de la salle, sur la porte, avoit [ung] grant hourt, sur lequel fut joué l'istore de Jazon, comme vous orez. Devant lequel hourt, avoit une courdine de soye verde, qui gardoit que on ne veist ce que on y faisoit, jusques qu'il estoit temps. (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 144). ...ung autre vielz cotidian de satin blanc doublé de sandal vermeil, amits, toilles et phanons, une bourre de corporeau et pluiseurs vielles choses loyez en ung fardeau avec des gourdines. (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 28). ...Je feray tendre leurs gourdines Aux gargattes de ces moutiers. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 724). La grande chambre où coucha monseigneur fut tendue de drap d'or, gourdines de damas blanc et coussins de drap d'or. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 502). ...on tirera les courtines d'environ l'aultel (LA VIGNE, S.M., 1496, 552).

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P. métaph. "Rideau formé par le feuillage" : Amours trouva premier haulx instrumens, Chançons, dances, festes, esbatemens, Chappeaulx de fleurs, jolis habillemens, Joustes, essais, bouhours, tournoiemens, Prëaulx et treilles, Et tonnelles a courtine de fueilles ; Et fist faire les gales et les veilles, Les jeux, les ris et les autres merveilles Dont joye sourt. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 178). Tout au plus pres, sur le pendant De la montaigne en descendant, Fut assiz un joieux boscage Qui au ruissel s'aloit rendant Et vertes courtines tendant De ses branches sur le rivage. (CHART., L. Dames, 1416, 201).

B. -

En partic. "Rideau de lit" : Et si te respon sans demande Qu'il n'avoit tapis ne courtine N'autre chose qui encourtine Son lit, eins prenoit a l'ostel Ce qu'il trouvoit. (MACH., C. ami, 1357, 105). ...quant vint à le nuit et c'on ot bien soupés, Es gourdinez s'ala ly bons rois reposer (Hugues Capet L., c.1358, 235). Car je y vins si songneusement Que la belle encor se gisoit. Et l'esveillai, ce me disoit, A l'ouvrir d'une fenestrelle Qu'a senestre estoit delés elle. Si tirai un po la courtine De cendal a couleur sanguine. (MACH., Voir, 1364, 352). Et lors vint ly evesques qui les avoit espousez, qui beney le lit. Et lors prist chascun congié, et furent les courtines tirees. (ARRAS, c.1392-1393, 41). [Griseldis] Avant, mes amis ! Labourez A ce que tout soit nettement Ordonné et que noblement Recevons l'espeuse nouvelle. Dames, pour Dieu, qu'il n'y ait celle Qui ne mette a euvre les mains. Les tables metteray au moins, Puis yray les chambres parer Et les courtines ordonner De la bonneureuse espousee. (Gris., 1395, 91). Halbadu le nain est muchéz entrez les gordinez du lit l'empereur et l'emperesse (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 118). Si ne pourent Deffiance et Desesperance plus endurer celle delicieuse flaireur, qui est a leur nature contraire comme tyriacle a venin, et se tirerent ariere en l'ombre de la courtine du lit comme en tapinage. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 89). Cleriadus entra dedens les courtines et se couche. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 649). Vous, dames et les damoyselle, Qu'elles soient parées et belle, Les chambre, et courtine tendue. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 62). ...Portés le doeul, venés en nos gourdines (...) Plourés celuy qui tant vous honnoroit. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 41). [Indication scénique :] ...et doit on tendre une gourdine, en laquelle sera ung lit paré. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 4). ...avoit prenostiqué des fouldres et tempestes, qui advindrent, par especial, audit Vincennes et tumba la fouldre sur le lit de la royne et furent les courtines brullées et plusieurs personnes suffoquées et plusieurs arbres dedans le bois subversés et arrachés. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 134 r°).

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Jouer dessous la courtine. "Faire l'amour" : ...elles prindrent a parler de leurs marys et dire royallement comment ilz estoyent bons ouvriers de jouer dessoubz la courtine (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 154).

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P. méton. "Alcôve" : Adonc en sa courtine entra Et pour entrer y m'apella (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 428). Encor estoit en sa courtine La roÿne qui s'atournoit ; Et li mes celle part tournoit Et fist tant qu'il vint devant elle ; Et puis il conta la nouvelle... (MACH., Voir, 1364, 438).

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P. ext. "Couverture de lit" : Ses crins tiroit et batoit sa poitrine Et pour s'amour seur lit ne soubs courtine Ne pot dormir. (MACH., F. am., c.1361, 162). Devant son lit sont arresté De mal faire tuit apresté. Li sires d'Absur la courtine, Qui de soie estoit riche et fine, Tira, pour le roy mieux veoir, Et pour son cop mieux asseoir. (MACH., P. Alex., p.1369, 268). Item, aux Freres mendïans, Aux Devotes et aux Beguines, Tant de Paris que d'Orleans, Tant Turlupins que Turlupines, De graces souppes jacoppines Et flans leur faiz oblacïon, Et puis aprés, soubz ces courtines, Parler de contemplacïon. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 97).

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P. anal. "Moustiquaire (autour du lit)" : Connopeum : grondine (Abavus IV, R., c.1350, 292).
 

"Orner de tapisserie, d'un rideau"

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Part. passé en empl. adj. : ...ces draps d'or tendus, pavillons et cielx sus ces haulz dois et chaieres cortinés (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 86). Lors tout a cheval entra dessoubz son grant ciel ainsin courtiné, paré et garny comme l'autre estoit (LA SALE, J.S., 1456, 155).

Rem. Doc. XIV^e s. (ms. de Saint-Victor, ...que l'an cortine et l'an aorne) ds GD II, 320b.
 

Dimin. de courtine. "Petit rideau" : ...Et vis que dedens les ruelles Et en l'ombre des courtinettes, Trestout aloit par escuelles, Ainsy qu'on jouoit aux clugnettes. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 55). Toudis serés mignonnette, En chambre et en gourdinette, Se le vie on ne vous tolt, Fort gente, propre et prousette, Tant que vous serés grosette ; Dieu doint que ce soit bientos. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 811). ... Vous arés bon quart d'ypocras, Vin et espices davaintage Et mouton qui est ung peu cras : Soubz courdinette et plaisans dras. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 15).

Rem. Doc. 1389 (Champagne, ... .II. petites courtinettes) ds GD II, 320b.
 

"Fabricant de courtines" : ...à Jehan de Troyes, courtinier, pour sa paine et sallaire d'avoir fait, garni, cousu et tendu icelle chambre, c'est assavoir trois tapis contenant chacun 10 lez de cincq aulnes de hault, ung marcepié de huit lez de 6 aulnes de hault (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 430).
 

Part. passé en empl. adj. au fig. "Dévoilé, mis en lumière" : L'ancïen [Testament] la feulle donne, L'autre [le Nouveau] fleurist et boutonne ; Celuy verdoie et bourjonne, Cestuy vendenge et entonne, Escorche et fueille abandonne, Et cueult lez fruitz assignez, Ja pieça predestinés, Par prophetes designez, Soubz figure encourtinez, Maintenant determinés, Ouvers et enluminez, Desclos et descourtinez (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 112).
 

"Garni de tentures" : ...quand il vit la table chargée de vins et grandes viandes (...) et le bourgois en tres beau lit encourtiné... (C.N.N., c.1456-1467, 26).
 

A. -

"Tenture, courtine" : Mes je voudray qu'encourtiné Il soit de vermeil et bordé [le fils du roi] En signe qu'au commencement A vermeil encourtinement. (GUILL. DIGULL., Le Dit de la fleur de lys D., 1338, 241).

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Au plur. : Pour V pièces de tartarin ardant, large, pour faire les encourtinemens d'entour ledit paveillon, et pour housser le ciel par dessus (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 29). Des draps vermeux achatez pour les encourtinemens fais en la Noble-Maison, à la feste de l'Estoille, pour 7 aunes et demie de drap vermeil, délivrées en ce terme, pour faire un couvertoueir à lit pour ledit fol. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 150). ...173 aunes de vielz veluyaus vermeillez et violez, dont il en y a aucuns despéciez, et ont esté par plusieurs foiz en encourtinemenz (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 324).

B. -

P. métaph.

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[À propos du firmament] "Séparation qui empêche de voir qqc. (ici le paradis)" : L'ANGE AU PÈLERIN. ...il te convient Entendre que le firmament N'estoit quë encourtinement Qui te destournoit a vëoir Ce que vois maintenant de voir Et que plus clerement verras Quant plus amont monte seras. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 291).

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Estre un encourtinement de + inf. "Servir, comme une courtine, de protection pour..." : MARIE. "...connoissance de moi n'a Homme, n'a mon vouloir ara." "Bien le sai, a il respondu [Gabriel], Et pour ceste cause fus tu, N'a pas granment, espousee A Joseph et (a) li donnee, Qui est .I. grant tapissement Et honneste encourtinement De ta virginite garder Pour tout soupecon hors geter..." (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 39).
 

A. -

Encourtiner qqc. "Garnir qqc. de courtines, de tentures, de tapisseries" : Et lors le roy commande a encourtiner toute la grant rue, de la porte par ou les freres devoient entrer jusques au palays, et fait appareillier le plus richement qu'il puet contre leur venue (ARRAS, c.1392-1393, 115). Et se mettent au chemin ensemble, deux et deux, tousjours les plus ainsnez devant, OEudes et Anthoine vont devant, et puis le roy Regnault et Gieffroy, et après vont Remond et Thierry, et tout leur ost après, banniere desploiee. Et s'en vont vers Lussembourc, qui ja estoit toute encourtinee, et les bourgoiz parez moult richement et noblement, et les bourgoises pareillement, qui estoient a leurs fenestres, et les dames ou chastel parees moult noblement. (ARRAS, c.1392-1393, 282). ...quand il vit la table chargée de vins et grandes viandes (...) et le bourgois en tres beau lit encourtiné... (C.N.N., c.1456-1467, 26). ...les rues estoient encourtinees en son passage (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 66). Icy doibt avoir ung beau lit tendu de tappisserie, ung ciel dessus et encourtiné tout autour gorgiasement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 207).

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[Dans un contexte métaph.] : Vierge, tu fus le cambre roïaus engourdinée, Qui du Saint-Esperit fu toute enluminée. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 127).

-

[De la courtine] : Et si te respon sans demande Qu'il n'avoit tapis ne courtine N'autre chose qui encourtine Son lit, eins prenoit a l'ostel Ce qu'il trouvoit. (MACH., C. ami, 1357, 105).

B. -

Encourtiner qqc. de qqc.

1.

Au propre "Garnir qqc. (de courtines, de tentures, de tapisseries...)" : ...et fut toute la cité encourtinee et tendue de coustes pointes, de draps d'or et de plusieurs autres paremens. (Bérinus, II, c.1350-1370, 162). ... en moult noble estat entrerent les deux freres en la ville de Lucembourc, et par devant eulx avoit grant foison trompettes, heraulx et menestriers. Les bourgois avoient fait toutes les rues encourtiner de riches draps tout jusques au chastel. Et ces riches bourgoises estoient a leurs fenestres richement parees et vestues noblement. (ARRAS, c.1392-1393, 165). Et fu la halle de la ville ou on vendoit et vent encores pain et char, encourtinee de biaus draps et de tapisserie conme la cambre le roi. Et la fu li rois d'Engleterre assis (FROISS., Chron. D., p.1400, 293). Et estoient toutes les cambres dou chastiel de Calais, la salle et les alees encourtinees et parees de draps de haute lice si ricement conme as estas dou roi et de la roine apertenoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 852). Et en signe de grant noblece Fu de tapis avironnee Et tout autour encourtinee De draps a armoiries riches, Ou ot pourtrait cerfs, dains et biches. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 101). ...et estoient les moustiers encourtinez de noyres sarges. (Journal bourgeois Paris T., 1419, 133). Si estoient les rues, par où il passoit, encortinées et parées d'aournements riches et beaulx (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 217). Si fut ycelle feste moult riche et sollempnelle, et estoient les rues de la ville encourtinées en plusieurs lieux de tapis et plusieurs draps de haultelice. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 371).

2.

P. ext. Encourtiner qqc. de qqc. (d'un tissu, d'une couleur...). "Envelopper qqc. de qqc." : Mes je voudray qu'encourtiné Il soit de vermeil et bordé [le fils du roi] En signe qu'au commencement A vermeil encourtinement. (GUILL. DIGULL., Le Dit de la fleur de lys D., 1338, 307).

-

[Ds un cont. métaph.] : ...me mena nostre bon hoste, Peu d'Avis, jusques au lict, lequel estoit encourtiné de Vaine Gloire (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 81).

C. -

Au fig. "Cacher qqc. (comme derrière une courtine)" : Lors me sembloit que voloie Et que le ciel haut vëoie Qui estoit desclos et ouvert, Et que je v[ë]oie en appert Ce qui me fu encourtine Par devant (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 283). Celuy verdoie et bourjonne, Cestuy vendenge et entonne, Escorche et fueille abandonne, Et cueult lez fruitz assignez, Ja pieça predestinés, Par prophetes designez, Soubz figure encourtinez, Maintenant determinés, Ouvers et enluminez, Desclos et descourtinez (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 112).
 

"Ensemble de tentures" : Item, la chambre toute couverte par dessus le ciel du lit et toutes les paroiz de toute la chambre seront couvertes de tartare ou de cendal tout d'une colour, semé d'aucune chose par my toute l'encortineure. (Arch. Nord, 1330, B 3231, n° 11702, IGLF).
 

[Forme (pic.) de encourtiner] : Cascuns ara maisons et lis engourdinés. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 64).

Rem. Aussi Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 9783.

V. aussi encourtiner