"Défaire (une pile)" : Les detailleurs feront leurs pilles despiler (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 217).
 

Empl. trans. "Mettre en tas, empiler (des choses)" : Mais a l'ostel proffiteront Trois toiles par elles filées Ou par leurs euvres empilées Plus que tous les emolumens Fais a chevaulx ou a jumens De terre ou il a cent arpens. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 25). ...Et de draps y avoit mainte pile empilée, Et de lange et de linge mainte huche comblée. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 243).

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"Entasser (parmi les morts)" : Tant que Cloto porte quelongne Et Lathesis ait que filer, Ne me lairrai je empiler Par Antropos la male gloute. Je ne weil pas qu'elle me boute Avec ceulz de Saint-Innocent. Quatre vins dix et noef ou cent En met tout ensamble sans faille (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 114).

Rem. Cf. FEW VIII, 479, n. 11 : «Gdf und TL verstehen "attraper, saisir"»
 

A. -

"Objet sphérique, boule" : ...une prime dit estay, fourni de pelotes. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1359, 148). Il ne fait pas ici mencion des figures qui sont en superfice sperique ou courve, si comme en la superfice d'une pomme ou d'une pelote, mais seulement de celles qui sont en superfice plainne, si comme est la superfice d'une table ou du pavement d'une sale. (ORESME, C.M., c.1377, 378). ...autre corps sperique est qui est tout masseiz, si comme seroit une pelote d'or perfaitement ronde. (ORESME, C.M., c.1377, 490). Le cinge ne veult ressembler Le renart a tout sa grant queue, Ne le heriçon, qui se neue Et se fait ront comme pelote, Ne veult pas changier a la cotte Du chevrel ses poingnans espines (DESCH., M.M., c.1385-1403, 139). ...il me sembloit, je vous plevi, Que quant contre val regardoie, Que toute la terre veoie Comme une petite pelote, Aussi ronde qu'une balote (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 74). Pilules, c'est à dire petites pelotes. Pilules se sont de médicines laxatives de dure substance desqueles y a pluseurs manières trouvées. (LA HAYE, P. peste, 1426, 222). Et ainsi comme aulcun de serviteurs du conte l'adouboient en la cuisine, ilz trouverent au ventre de celluy poisson ung sendal rouge en façon d'une petite pellote (Belle Maguel. C., 1453, 42). Ha ! maistre Jehan, plus dur que pierre J'ay chié deux petites crotes, Noires, rondes comme pelotes (Path. D., c.1456-1469, 108).

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Comme pelote. "Comme pelotonné" : Ainsi le bon temps regretons, Entre nous [la belle Heaumière et les autres], povres vielles soctes, Assises bas, a crouppetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost alumees, tost estainctes... Et jadiz fusmes si mignotes ! Ainsi en prent a maint et maintes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57).

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Pelotte de fils. V. peloton

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Se mettre à la pelote. "Se mettre à la besogne" : Nous verrons tantost qu'il y a ; Chascun se mecte a la pellote ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 964). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 31682.]

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"Instrument de supplice (cordes ferrées qui garrotent le supplicié et qui pénètrent dans les chairs)" : C'on leur froisse [aux traitres chiens matins, Thibault d'Aucigny et ses acolytes] les quinze costes De groz mailletz, fors et massiz, De plombees et telz peloctes ! Je crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 149).

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Question de la pelote. "Question consistant à garroter le suspect avec de telles cordes" : Si fu (...) mené choffer en la maniere acoustumée, et, assez tost après, ramené sur lesdiz quarreaux, et mis de rechief à la question de la pelote (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 212). Et pour ce qu'il ne voult autre chose cognoistre que dit est dessus, fu de rechief ramené et mis à question de la pelote, en laquelle il ne voult autre chose confesser. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 212). ...ledit Josne fu de rechief mandé en jugement sur les carreaulx, lequel, pour ce que aucune chose ne voult confesser, fu mis à la question de la pelote, en laquelle il ne confessa aucune chose en son prejudice (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 54).

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Aiguisé comme une pelote : Or est vray qu'aprés plains et pleurs Et angoisseux gemissemens, Aprés tritresses et douleurs, Labeurs et griefz cheminemens, Travail mes lubres sentemens, Esguisez comme une pelocte, M'ouvrist plus que tous les commens D'Averroÿs sur Arristote. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 29).

B. -

"Balle (de jeu)" : ...et pour ce sont de telle figure les pierres d'engin et les pelotes ou esteufs dont les enfans se esbatent. (ORESME, C.M., c.1377, 492).

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Jeu de pelote : ...c'est assavoir que tu ne faces pas justice precipitant sans estre bien ventilee ; car ce n'est pas le jeu d'une pelote, quant la personne est morte on vient trop tart au repentir. Dont saint Gregoire dit que vraye justice a en lui compassion, et faulce justice a desdaing, ire et orgueil (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 193). "...Ce n'est pas jeu de pelote," dist la royne, "d'esliever les personnes non dignes par faveur desordonnee aux prelacions et dignitez de l'eglise, qui ont les cures des ames..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 310).

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Jouer à la/d'une pelote : Se il jouast à la pelote [var. à la paume]... (Ponthus Sidoine C., c.1400, 15). Et, se l'air n'est bel, par raison Doit un chascun en sa maison Labourer et s'exerciter, Pour greigneur péril éviter, Dont s'ensuit que c'est chose sote Que jouer lors à la pelote, Courre, lutier, jeter la pierre (LA HAYE, P. peste, 1426, 85). Fist aussi une semblance de truye d'arain qui humoit toutes les noises qui se faisoient à Romme, et deux grans ymages de cuyvre, qui jouoyent d'une pomme ou pelote par dessus Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 r°).

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Jouer de qqc. ainsi que de pelote. "Jouer comme à la balle avec qqc." : Semblablement je n'en feray pas mains A ces bigotz et ses faulces bigotes ; Aux corps feray des tourmens inhumains Et, au surplus, des testes, soirs et mains, J'en joueré ainsi que de pelotes (LA VIGNE, S.M., 1496, 221).

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Se jouer de qqn à la pelote. "Jouer comme à la balle avec qqn, se moquer de qqn" : Ne se joua elle [Fortune] bien de toy a la pellotte, quant elle te mist si hault que tu surmontas, vainquis et subjugas la grant force des Rommains, et que tu ne redoubtoies tout le monde (Bouciquaut L., 1406-1409, 100). L'EMPEREUR. Veult on macter ma prerogacion ? Veult on jouer de moy a la pellote ? Veult on guerpir ma dominacion ? Veult on avoir mon ceptre et ma calote ? Ha, ha, voire ! Suis je une marïote Ou une beste ? Ai ge les piedz fendus ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 240).

Rem. Cf. DI STEF., 664c.

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[Du ventre] Jouer à la pelote. "Faire un mouvement de va-et-vient (comme à la pelote), se gonfler et se dégonfler"

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 278.
 

A. -

"Lancer la pelote, la boule, le dé"

Rem. Doc. XIVe s. ds TLF.

B. -

"Ballotter, malmener" : Je suis peloté et tourmenté (Cuv. T., c.1475-1500, 41). Par ces deux [Raison et Sensualité] l'homme est peloté Ça et la, et ne scet qu'en faire (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 380). QUART [LARRON]. Puis apprés, pour m'aller esbatre, Dieu scet commant je les pelote : L'argent qu'ilz portent je leur oste, Robe, pourpoinct, chaulce, bagaige, Et quant j'ay tout, je cours, je saulte, Je vois, je viens, baa ! je fois rage. (LA VIGNE, S.M., 1496, 282).
 

"Celui qui fabrique ou vend des balles de jeu"

REM. Doc. 1313 ds FEW et doc. 1465 ds GD VI, 72b.
 

"Dévidoir"

REM. Doc. 1469 (Tournai) ds GD VI, 72b.
 

A. -

"Boule"

1.

"Boule qu'on forme en roulant des fils sur eux-mêmes" : À Girardin, mercier, pour une pièce de ruban de cotonnine, ung peloton de fil noir et un lasset (Comptes roi René A., t.2, 1480, 146). ...ung petit coffre de boys (...) ouquel a esté trouvé ung mestier de boys en lysse, garny de petiz bastonnez et de petiz pellotons de soye (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 355).

2.

"Amas en forme de boule" : ...et sceut bien que Poncet de Rivière et Gilbert de Graçay menoyent les trafiques desdiz seellez d'entre nostredit cousin et ledit duc de Bretaigne, et que pour ce faire ilz escripvoient des lettres l'un à l'autre, bien souvent en petitz pelotons de cire gros comme une noix. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 131).

3.

"Boule portée à la ceinture et servant à y ficher aiguilles et épingles" : Or ça, si dist la marchande, je vueil que vous ostez ce viel sac et vous vueil vestir. Et lors lui baille une chemise neufve et une cotte simple, une bource et ung peloton et si lui donne ung chapperon, chausses et solliers. Ainsi fut vestue Meliadice (Cleriadus Z., c.1440-1444, 311). ...bources et pellotons pendans à leurs saintures (Cleriadus Z., c.1440-1444, 594).

B. -

"Petite balle (de jeu)" : ...deux plotons à enfans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 219).
 

I. -

[Pilier ou empilement]

A. -

"Pilier" : Et lors se prenoit li veillars a embracher son enfant et monstroit au peuple les despeulles des Curaces qui pendoient ilecques sur une pile qui encores est appelee la pile oraciene (BERS., I, 1, c.1354-1359, 26.10, 44). À Laurens de la Fons et Colin du Molin, paveurs, la somme de 61 l. 9 s. p., qui due leur etoit, pour avoir fait une pille de chaussée sur le chemin de Saint Denis en France (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 58).

-

"Pilori" : Dieu, que fu batus en la pile, Maudit il a en l'euvangile Ung home que veul vivre seul. (Fol Mari A., a.1470, 514).

B. -

"Empilement, entassement d'objets de même nature" : Tout (est) a vostre commandement, Quanque il en y a en la pille [la pile de draps], Et n'eussiez vous ne croix ne pille (Path. D., c.1456-1469, 68).

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En partic. Pile de poids de balance. "Poids s'emboîtant les uns dans les autres" : Item, trois pilles de pois de balances, l'un de vint marcs, l'autre de quatre, tout de cuyvre et ung autre de 8 marcs, qui est de plomb, 35 s. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 271).

Rem. Cf. GD VI, 158a, et FEW VIII, 476b.

II. -

MONN.

A. -

"Coin servant à frapper le revers d'une monnaie" : ...pour avoir remis à point et retaillé la pille dont on fait les getonets pour eulx servir oudit hostel qui estoit resoulée, 22 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1443-1444, 383). Et lors ledit receveur bailla audit Laisné ung noble à la rose ; lequel Laisné incontinant se mist à faire lesdiz fers, pille et coings, et les tailla tous prestz, et firent lui et ledit receveur certaine quantité de nobles d'argent fin que ledit Laisné bailla audit receveur et sembloit que lesdiz nobles feussent d'or, mais ilz n'estoient que dorez par dessus seullement. (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 554). ...le dechiet, ouvraige et monnoiaige d'iceulx gectons, et pour les trousseaulx et pilles dont ilz ont esté emprains aux armes de ladicte ville (Comptes Paris M., t.2, 1488-1489, 514).

B. -

"Envers d'une monnaie (p. oppos. à la face, ou croix)" : En l'an dessus dit MCCCLIIII, ou mois de janvier, fist faire le Roy florins de fin or appellez florins à l'aignel, pour ce que en la pille avoit un aignel, et estoient de LII ou marc. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 49). Et dist que avant ce que iceulx coings feussent du tout eschevez de faire et graver, ilz y ouvrerent l'espace d'un mois, à divers jours et heures, et que la croix d'iceulx blans il qui parle grava en la teste d'un gros martel à orfevre, et la pile en une anglusme appartenant audit Robinet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 489). Maistre prenez vous crois ou pille ? (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 153). ...on fist monnoye à deux blancs, en laquelle avoit par devers la pille les deux escuz de France et d'Angleterre (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 29).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 194 ; t.7, 257 ; 264 ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 766, 826.

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N'avoir croix ne pile. V. croix "Être sans le sou" : ...il ne font nul mal a homme qui soit nés, Fors de tollir vitaille quant il n'en ont assez, Car il n'ont croix ne pille ne deniers monnoyés (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 236). LE PREMIER SOIEUR. (...) Nous n'avons touz deux croix ne pille ; Ne partons pas de ceste ville Sanz gaignier ent. (Mir. femme, 1368, 185). ...plus n'avois croix ne pille (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 167). LE DRAPPIER. Or bien Il couvient adviser combien Vous en voulez, premierement ; Tout (est) a vostre commandement, Quanque il en y a en la pille, Et n'eussiez vous ne croix ne pille. (Path. D., c.1456-1469, 68). Et si n'avoient ne croix ne pille ny ne sçavoient à grant peine où ilz alloient (COMM., I, 1489-1491, 202). Hellas, je n'ay pille ne crois (LA VIGNE, S.M., 1496, 545). Mon bon pere, tous les tresors Dont tu m'avois baillé la charge Ay despendus, je t'en descharge ; Je n'en ay plus ne croix ne pille (Myst. st Laur. S.W., 1499, 207).

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Ne prendre ne croix ne pile. "Ne pas accepter un sou" : Les sergens de ceste ville Ne prennent plus ne croix ne pille (Rapp., c.1480, 64).

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"Ne pas exiger d'argent" : Par saint Guillain, Il ha prés de cy un villain Qui demeure au bout de la ville : Il ne penroit ne crois ne pile Et s'a une belle chambrette A .II. lis, qui est assés nette, Ou bien serés et a couvert, Et s'i ara de l'erbe vert. (MACH., Voir, 1364, 336).

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Sans croix ne pile. "Sans un sou, sans rien" : Laissez le aller sans croix ne pille, Le Deable l'ait ou trou Sebille ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 517). Combien, au plus fort de mes maulx, En cheminant sans croix ne pille (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 29).

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Croix ne pile. "Rien" : Je ne soubstiens pille ne crois, Mais au jour d'uy, s'il chiet en coche, Il surviendra quelque espinoche Qui relievera nostre dance (LA VIGNE, S.M., 1496, 265).

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Estre ne croix ne pile. "Être sans rien" : LE SAVETIER. De Dieu puist il estre mauldis, Dame, qui le vous y fera. LA LETIERE. Amen, et qui plus en donra Que je soie (,) ne croix [ne] pille (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 31).

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JEUX Jouer à croix et à pile. V. croix "Jouer à pile ou face" : Le Roy, pour jouer à croiz et à pille, 2 frans, bailliez à lui par Pierre Le Borgne, escuier de messire Johan de Harcourt (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 208). Après lequel souper, par les oppressions, ennortements, prieres, requestes et temptacions dudit prisonnier, qui parloit et intreduisoit eulx qui parlent de jouer aus croix et aus piles, et aussi au jeu de dez, disant qu'ils jouassent hardiment, et s'ilz perdoient, qu'il en paieroit la moitié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 138). Et lors vit que ledit Pelerin, qui estoit moult eschauffé de jouer aus dez ou aus croix et aus piles, requist lui qui parle et lesdiz compaignons qui estoient à ladite table qu'ilz jouassent ausdiz jeux (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141).
 

"Petite tige de métal servant de soutien (?)" : ...à Gillet Byot, serrurier, demourant à Paris, pour avoir par luy fait et livré 6 barreaulx de fer et 30 pillectes servans ausdits barreaulx, avec ung grand chassis de fer neuf à mettre voirrieres, garny de verges et voirriere mises neufves audit auditoire (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 363).

REM. À rattacher peut-être à FEW VIII, 476a : pila.
 

"Pilier, poteau" : Or parle PILAS. Segnieurs, entendé moy. Tout ung pillon festes Et puis des corges pour le batre Tant qu'il n'y aye ny pel [ny] os Que tout n'en seroit ensagleinté, Et puis sauront la verité. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 191). ...pause avoir payé à maistre Glaude Cordurier, et fustier de Gardane, et pour le travaille que lui fait tant en faisent le guibet que en le redressent, et y mectent et posent les fustes que y appartiennent, ambe ung pillon de boys, avecques le travers de dessus et aussi quatre pièces de boys, et tant par le plat en loqual ledit Delat aydut son poin, et tant pour une eschalle qu'il a mis au guibet, et aussi par ung cabrion duqual n'a fait ung pillori en local a esté mis la main dudit Delat (Comptes roi René A., t.2, 1474, 454).

REM. Faut-il rattacher à ce mot l'entrée pilon² ("bonde d'étang", doc. 1451) de GD VI, 161b ?
 

A. -

"Poteau portant une roue sur laquelle on attache le condamné à l'exposition publique (à Paris, petit bâtiment en forme de tour ajourée dans laquelle un carcan tourne sur son centre et présente, par les ouvertures de la tour, la tête et les mains du condamné passées dans les trous)" : Si que toute la compagnie Par accord soupasmes ensemble En un vergier, qui bien ressemble De douceur le biau paradis Que Eve et Adam eurent jadis, Car tant estoit vert et flory Que qui seroit ou pilori Dou vëoir se resjoieroit Et sa honte en oublieroit. (MACH., Voir, 1364, 344). Par tous lesquieulx conseilliers fu dit et deliberé, veu ce que il est publiquement et nottoirement crié, sur la peine du pilory, que nul ne aporte verjus vendre à Paris sans avoir cedule et enseignement des justices des lieux où eulx auroient prins iceulx (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 251). LE VILLAIN. Ma seur, vous povey bien sçavoir Que je suis jeune reflory. LA FEMME. Vous estes vostre pilory Ou vous serés pilorisez ["Vous êtes votre propre pilori où..." ?] (ARCEL., Vieill. C., c.1480-1520, 608).

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ("anneau ou chaîne de fer pour enfermer le cou ou les pieds").

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Mener qqn au pilori : Ouquel jour, par le commandement dudit mons. le prevost, icellui Estienne Josson fu fait mener ou pillory ès hales, et illec tourné en la maniere acoustumée, et d'illec mené à la justice (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 494).

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Mettre qqn en pilori : ...la cause pour laquelle elle estoit mise en icellui pillory. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 201). Et defend en oultre ladicte Court que, doresenavant, aucun boulengier ne soit musnier ou fermier, ne compagnon de fermier de molin, à peine de cent livres parisis amende et d'estre mis ou pilory. (FAUQ., I, 1417-1420, 378). ...et s'il est pauvre, qu'il n'ait de quoy, et qu'il soit malvais garnement, mal renommé et de malvais gouvernement, on le porra mettre ou pilory et, moiennant cette pugnicion, le laissier aller. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1469,,, 254).

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Tourner qqn au pilori. "Faire pivoter un condamné en imprimant un mouvement de rotation au pivot central du pilori, de manière à ce que ce condamné, dont la tête et les bras sont placés dans un cercle de métal, porté par ce pivot, soit en toutes directions exposé à la vue de la foule" : ...fu justiciez au gibet de Paris et avant, tournez ou pilori et traynez Jehannins li Champenois (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1345, 161). Pour quoy icelle Huguecte a esté condempnée à mectre et tourner au pilori (Ch. VI, D., t.2, 1382, 233). Oyes lesquelles oppinions, et veu ledit procès, ycelle Katherine fu par ledit lieutenant condempnée à estre tournée ou pillory et brulée comme maquerelle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 47). ...il n'y avoit pas cause pour quoy elle deust souffrir mort, mais conseillerent que elle feust tournée ou pillory (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 201). ...dit fu et deliberé que, pour le delit commis par icellui prisonnier en jurant icellui villain serement, il soit condempné, mis et tourné ou pilory, ès hales, puis heure de prime jusques à heure de nonne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 357). ...moindre paine, comme de fustigacion et d'estre tournez ou pillory. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 506).

B. -

P. anal. [P. anal. de forme, désigne un ornement de cou pour les femmes]

Rem. Doc.1428 ds GD VI, 161c.
 

Empl. trans. "Mettre au pilori" (synon. piloriser) : ...sont condempné à (...) estre pilorié et flaistri (...), pour ce qu'il ont esté trové par enqueste estre coupables des assemblées, conspirations (...) et de subornations de faux tesmoinz (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1350, 182). ...l'en ne les povoit espargnier que elles ne feussent excecutées comme sorcieres, c'est assavoir d'estre arses, et, pour solempnité et exemple à tous, elles feussent mittrées et menées ès hales de Paris, et illec piloriées (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 338). ...icellui mons. le prevost (...) par leur conseil, condempna icellui prisonnier, en son absence, à estre pillorié et pendu, comme dit est dessus. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 494). ...et après ce a esté condempné comme parjure, et pour ladicte cause a fait amende et après ce a esté condempné a estre pillorié. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 43). Souviengne vous du samedi, Pour Dieu, qu'on vous pillorïa : Vous sçavez que chascun cria Sur vous pour vostre tromperie. (Path. D., c.1456-1469, 90). Auquel lieu et pour ledit cas fut pilorié et mitré et puis flastré ou front, le poing coppé et banny du royaume de France et ses biens et heritages declairez acquis et confisquez au roy. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 52). Et dudit delinquant je n'escrips point le nom, pour ce que beaucop qui le sçaivent le virent pillorier publiquement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 366).
 

"Par la peine du pilori"

REM. Doc. 1404 ds GD VI, 161c.
 

"Mettre au pilori" : Item, aulcuns ouvriers dudit mestier ne pourront estre reçeus et passez maistres oudit mestier se ils estoient et sont de malversation, c'est assavoir reprins d'infamie, ruffiens, gens de mauvais gouvernement, ou qui eussent ou aient esté pilorifiez (Mét. corp. Paris L., t.2, 1407, 401). [Seul ex. ; l. pilorisiez ?]
 

Empl. trans. "Mettre au pilori" (synon. pilorier) : ...icellui Pierre a esté condempnez entre les autres choses à estre pilorisé ès villes de la Rochelle, d'Esnande et de Fontenay le Conte (Doc. Poitou G., t.6, 1397, 264). Ce jour, Jehan Bard, sergent et boulengier (...) a esté condempné en sa presence, luy oy et interrogué sur ce, à paier dix livres parisis d'amende à appliquer à l'Ostel Dieu de Paris, sur comminacione gravioris pene, pour les faultes qu'il fera ou temps avenir, d'estre pillorisié pour la seconde faulte et banny pour la tierce. (FAUQ., I, 1417-1420, 285). ...la dicte Guillemette a esté jugée avoir fait tort et déclairée infame en nostre justice et estre pilorizée par le boureau (Cartul. Laval B., t.3, 1480, 287). LE VILLAIN. Ma seur, vous povey bien sçavoir Que je suis jeune reflory. LA FEMME. Vous estes vostre pilory Ou vous serés pilorisez (ARCEL., Vieill. C., c.1480-1520, 608).

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Faire piloriser : ...il semble puisque le moyen justicier peut faire mourir, que par plus forte raison il peut faire escheller et pyloriser. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 150).
 

A. -

"Poteau, pieu de pilotis" : ...charpenter ung pont de bois passant le fossé par derriere la maison de ladicte mote vers le prayel dudit hostel tout de nouvel tant de pillos ou fons des fossez, seulles tenans lieu sur iceulx pillos, jocques et testes de bois qui soustiennent ledit pont, et tout ledit pont, gistes, seulles, appoyees et plancquits d'un debout jusques à l'autre, à deux pons levich, à chacun debout un des pons levich (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 612). ...lesquelz bombardes, baudequins et pilloz, ledit marchant a delivré en ladicte Chambre à mesdis seigneurs des comptes, qui les ont retenu pour la garnison de mondit seigneur et pour les mectre en son artillerie (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 476). Avec ce veymes aucunnes dicques estre rompues et les pillotz aller aval l'eauwe (LENGHERAND, Voy. G., 1486-1487, 37).

Rem. TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, v.46.

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"Sur un bateau, poteau, mât" : Toutes les autres choses appartenans a la nef, sicomme les tymons et la pompe et la prosne, les chasteaux, les bannieres, les ancres de fer, les cordes, la boiste de la mer qui enseigne le chemin, les pilotz, la sentine et toutes les autres choses moralisees au propouz sont largement et clerement declairees en leurs propres chappitres. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 112).

B. -

"Tas (de foin)" : ...ung pilot de foing oudit pré (Doc. 1454. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 429). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

REM. Pilot désigne aussi une sorte de jeu (doc.1428 et 1430 ds GD VI, 162a, s.v. pilot³) : sans doute à mettre ici.
 

CONSTR. "Fondation faite au moyen de pilotis" : À Jehan Voort, bourgoiz de l'Escluse, pour avoir livré, miz et getté aux dessusdiz deux pilotages nommez testes de bois environ iceulx, et par dedans grand quantité de pierres nommez balast steenen et jusques le pesant de cent soixante seize tonneaulx de vin de Saint Jehan comme besoing estoit de faire pour la retenue desdiz pilotaiges contre l'eaue de la mer (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 262).
 

"Petit pieu servant à la fixation de la clef d'une palissade" (Éd.)

REM. Doc. 1403. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 805.
 

"Pilotis" : Loramentum (...) : pilotemens, pilotis de bois fichiés en terre sus quoi on fait edefiche (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 281).
 

JEUX "Jouer à croix ou pile (pile ou face)" : Puis jeuiens a un aultre jeu Qu'on dist a le keue leu leu (...) Et aux pieretes au havot, Et au piloter (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 54).
 

A. -

"Garnir de pieux, de pilots ; monter sur pilotis" : A Watier De Condet pour fondement dou mur de l'atte (sic) piloter... (Comptes Mons P., t.1, 1332, 377). Quant on voelt faire une tour, Li pluisour Dient qu'on doit regarder Et viser Ou fonder On le puet pour le millour, Et le couvient sans demour, Ains qu'on le puist maçonner Ne ouvrer, Piloter Pour donner Fondation et vigour. (FROISS., Lays am. M., c.1362-1394, 65). [Autres ex. p.67, 70, 72, 207] Li sires de Biaugeu avoit fait pilloter l'Escaut avant que li Hainnuier venissent la, de bien .XIIc. pillos, afin que on ne peuist amener nulle nefs sus la riviere pour euls assallir, et avoit grandement remparet et fortefiiet le ville de Mortagne (FROISS., Chron. D., p.1400, 424). ... le fondement estoit en largeur d'une mesure de terre, piloté sur arbres de dadiers qui haultes sont illec a merveilles (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 247). Toutesfois, ilz firent à l'aventure une contremine, laquelle ilz pilotoyent rez à rez et au bort de l'eaue (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 82).

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[Ds un cont. métaph.] : Jamés en nostre heritaige, Pilotage Ne fust sy bien pilloté. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 243).

B. -

Au fig. "Affermir, soutenir" : Car possible n'est que sy grand faiz puist estre soubstenu que de voulentés pilloctees et assorties en ung commun et loable desir. (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 92).

REM. Autres ex. ds GD VI, 162a, et ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 805.
 

"Ensemble de pilots enfoncés en terre pour affermir un ouvrage construit dans l'eau ou sur un fond peu solide" : A Colin vallet Pierart Aubri pour I jour pour euwisier les estakes et aidier a ferir sour le pillotich de l'attre... (Comptes Mons P., t.1, 1332, 378). ... et aussi à soustenir la muraille où ladite mer fret, de pierre, pilotis et autres choses nécessaires (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1450, 100). Il devisoit les pillotis, il expedioit les trenchis (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 59). Par incident, le pont Nostre-Dame de Paris, ensemble les maisons qui dessus estoyent esdifiies, churent en Saine par le jour Saint-Luc ; et ce vint par pourreture des pilotis sur quoy il estoit fondé. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 471).

REM. Doc. 1365-1366 (pilotich) et 1499 (pillotis) ds GDC X, 339c.
 

"Pilotis"

REM. Doc. 1450. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 805.