"Action de creuser, d'approfondir, approfondissement"

Rem. Doc.1340 (reparation des forteresches et apparfondemens des rivieres) ds GD I, 321a.

V. aussi aparfonder
 

Empl. trans. "Creuser plus avant, rendre plus profond" : ...sour le fait du fouage de le reviere de Saint Omer, ch'est asavoir une debite que on queille pour aparfonder et netoier la dicte riviere (Hist. dr. munic. E., t.3, 1333, 376).

REM. T-L I, 426, GD I, 321a-b et FEW IX, 433a, s.v. profundus ne donnent que la forme aparfondir.
 

I. -

Empl. trans.

A. -

Apparfondir (une rivière, un fossé...). "Creuser, rendre plus profond" : Manouvriers pour vuydier et aparfondir le cours de la riviere devant les molins a blé et pour abatre bos (Arch. Nord, 1367, B 15274, f° 21, IGLF). ...aparffondir et croistre les fossez et douves, emparer et fortiffier la muraille et portaux (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1429, 144). Aultre remede y a pour resister à ceulx qui viennent combatre par mine qui se fait soubz terre. Premièrement on doibt tellement aparfondir les fossez que nulle mine ne puisse passer par dessoubz... (BUEIL, II, 1461-1466, 52). Les quartiers furent delivrés, l'arteilerie assise, aucunes eglises abbatues à l'environ de la ville, logeis furent fais, tentes et pavillons dressiéz, gros et larges trenchis aparfondis (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 372).

Rem. Ex. plus anc. ds T-L I, 426. Doc. 1340 (Corbie, et plusieurs rivieres estans en ladite ville apparfondir ; même ex. ds DU CANGE I, 332c, s.v. approfundare), et 1442 (la riviere d'Eure peut aisement par creuser et aparfondir en aucuns lieux, estre mise en estat de porter navire) ds GD I, 321a-b.

B. -

Au fig. Apparfondir qqn qq. part / en qqc. "Enfoncer qqn qq. part / en qqc." : Mais, mon Dieu, il n'est point en moy de me tirer hors de la mer perilleuse de mauvaise accoustumance de pechié, car je y suis ja aparfondi (CHR. PIZ., Psaumes allég. R.R., 1409, 3). Tant est grande l'abondance de mes pechez, voirement que la charge d'yceulx, par mes dessertes, m'aparfondist ou lieu de tenebres (CHR. PIZ., Psaumes allég. R.R., 1409, 16). O povre meschant, que te diray je plus ? je suis a cause de gravité d'ans deputé de tres saintz preudomes de nostre foy catholique pour toy remoustrer ta miserable vie. Non pas pour toi apparfondir en desespoir ne pour querir gloire ou joye sus ton infortune (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 146).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. [De l'oeil] "Se creuser" : Item l'oeul s'aparfondit pour malice de fievre et pour trop veiller et pour angoisse et tristesse (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 6). Tu dois entendre que oeul qui est eminent voit moins que celluy qui aparfondit, car les esperis sont espars et par telle raison oeul qui est grant voit pis que oeul petit (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 6).

-

[De la nuit] "Devenir profond"

Rem. PREMIERFAIT, Décaméron (ms., quant la nuyt fut aparfondie) ds GD I, 321b ; PREMIERFAIT, Décaméron, éd. D : p. 209, var. 378.

-

"S'enfoncer (dans un chemin, une voie)"

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 4354 (...par le chemin ... en aparfondissant).

V. aussi approfonder, approfondir
 

Empl. trans. "Approfondir, creuser"

REM. Doc. 1429 (apparfondre et creuser les fossez et douves) ds GD I, 321b.
 

I. -

Empl. trans. "Creuser, rendre plus profond" : ...sour le fait du fouage de le reviere de Saint Omer, ch'est asavoir une debite que on queille pour aparfonder et netoier la dicte riviere (Hist. dr. munic. E., t.3, 1333, 376).

II. -

Empl. intrans. [D'un sentiment] "Devenir plus profond, plus intense" : L'exessive angoisse ou je suis Faict en mon cueur ung parfond puys Ou larmes, regrés ou soupirs Si fort habondent Que piteuses pencees inundent Et latentes doleurs effondent Tant que durs regrés aparfondent De plus en plus. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 255). [peut être aussi une forme de approfondir, perçu comme un verbe morphologiquement non inchoatif]

REM. Approfonder, aparfonder est à parfonder ce que approfondir, aparfondir est à parfondir (cf. FEW).
 

"Creuser, rendre plus profond" : Car avis li estoit, si com l'istoire crie, C'une fosse véoit, grande et aprofondie, Obscure, ténébreuse, machonnée, effortie, Et s'avoit ens ou fons .J. lit de mainte ortie (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 153).

V. aussi apparfondir
 

"Action de creuser, de rendre plus profond qqc." : ...facent èsdiz fossez plusieurs réparacions, curaiges, apparfondissemens et autres emparemens pour retenir les eaues (Ordonn. rois Fr. V.B., t.13, 1430, 158). ...nous avons sceu (...) la bonne diligence que avez faicte de faire besoingner à l'aparfondissement des fossez, des boulvars, des portez de l'Ostel-Dieu (Lettres Louis XI, V., t.6, 1476, 53).

REM. Doc. 1340 (Corbie, le residu d'icelle imposicion sera convertie [sic] en le reparacion des fortereches et apparfondissemens des rivieres) et 1419 (faire aparfondissement de fosses) ds GD I, 321b.
 

"Rendre plus profond, creuser"

REM. Doc. 1429 (Loiret, approfondre et croistre les fousses [l. foussés]) ds GD I, 362a.
 

A. -

"Premières paroles du psaume 129, le psaume lui-même, récité comme prière pour les morts" : ...lors est bon que on se tourne a prier pour les mors, soit en son lit soit ailleurs, en disant Pater noster ou De profundis (GERS., Déf., 1400, 234). ...Dictes tous de ung vray cueur leal Ung pater ou de profundis (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 67). : Bricet disons en oraison (...) Et pour tous mors deprofundis Pour luy et pour tous noz amys (Myst. st Martin K., a.1500, 340).

Rem. Doc. 1417. In : L. Mirot, Bibl. Éc. Chartes 14, 1910, 318 ; VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 85...

B. -

Fam. "Postérieur, fesses" : Diras tu rien de Calfurnie Qui son cul au juge monstra (...) Ne sçay s'elle avoit plaisans dis, Mais si mal sa robe accoustra Que monstra son de profundis. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 169). La femme, pour avoir ses delitz, aprés le gallant departy, Joua [tant] du de profundis Qu'elle fist cocu son mary. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 376).
 

Empl. trans. "Approfondir" : ...la peine et le salaire de eulx et de leurs aides d'avoir emparfondi et alongué ung fossé du chastel de Rouen (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1419-1449, 159). ...Les autres vont jouant sur le champ reverdy, Aucuns sur les fossez qui furent emparfondy (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 224). Lequel Escaillet dit et rapporta par son serment qu'il n'avoit dit nulle injure, ne fait quelque desrision desdits maire et eschevins (...), mais bien povoit estre qu'il avoit dit que pour une choppine de vin, il renoncheroit à la mairie et aux drois d'icelle, laquelle chose il offroit amender, et n'y avoit plus avant de son fait, dont il se rapportoit en toutte informacion de ce faitte ou à faire, pour laquelle informacion enparfondir et parfaire et aussy pour attaindre plus applain la vérité du cas (Ville Eu D., Pièces justif., 1354-1480, 295).
 

"Entrer profondément" : Chancre est mesellerie particuliere car melencollie y est adhuste et quant icelle melencollie est enprofondee en une particule fait chancre ou varices et quant est espandue par tout le corps, est fait mesellerie. (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.1, chap.5).
 

Empl. trans. "Creuser, approfondir"

REM. Doc. 1418 (Corbie, et aveuc ce doibt Emprofondir tous noeufs graviers, qui lui seroient prejudiciables) ds DU CANGE I, 332c, s.v. approfundare ; ex. cité ds GD III, 76a.
 

"D'une immense profondeur" : Ha, vaillant champïon et ferme ! Ha, fier et courageux enfant ! Ha, qui m'avez fait plus enferme D'amours que nul qui soit vivant ! Ha, une clarté eslevant ! Ha, dignité imparfondée, Sur qui mon ame, Dieu devant, Se repose et y est fondee ! (Chev. dames M., c.1462-1477, 77).

REM. Cf. GD V, 764c : parfonder "approfondir". Le préfixe en-/in- a ici une valeur intensive.
 

-

Part. passé en empl. adj. "Rempli à fond, plein" : Honneur est en raison fondée, Et est l'une à l'autre amiable. Chascune est de sens abondée Et de vertu improfondée ; Ce qu'est raison, est honorable. Sy croy et tiens à véritable Qu'honneur de raison avertie Vous jugera de ma partie. (CHASTELL., Outré am. K., 1449, 125).
 

"Profondeur" : Grandeur qui n'est comprehensible, Haultesse qui n'est actingible, Inprofondite [var. parfondité] imperscrutable, Longueur qui n'est point mesurable, Largeur qui est inestimable, Cler mirouer en soy estable, Imperialle [l. Imperïalle] auctorité Et eternelle Deïté (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 882).

REM. Improfondité rendrait le vers faux. Peut-être profondité comme dans la var.
 

I. -

Adj. "Profond"

A. -

Au propre

1.

"Dont le fond est très éloigné de la surface" : Car il estoit si forsenez, Si dolereus, si mal menez, Li las, qu'il se desesperoit Et parmi le pourpris queroit Yaue, feu ou fosse parfonde, Pour finer sa vie en ce monde. (MACH., D. Lyon, 1342, 180). ...Alixandre est une ville Qui tient de tour plus de X. mille, Car elle est grant et plate et lée, De tours et de haus murs fermée ; Et si a à chascune porte Bonnes tours, dont elle est plus forte ; Environnée est de fossez Grans, larges et parfons assez. (MACH., P. Alex., p.1369, 61). ...Fleur de qui le fruit tant valut Qu'il fu souffisant pour le monde Jetter de la prison parfonde (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 61). Et pour ce, tel corps n'est pas mireur representant figure combien que il represente couleur ou lumiere. Item, autres corps sont dyaphanes ou transparenz ou clers, si comme sont verre et cristal et eaue, et en telz corps se profonde la lumiere et perce et passe tout oultre, se il ne sont parfonz et espés. (ORESME, C.M., c.1377, 456). ...elle [Mélusine] fist tout essarter et desraciner les grans arbres, et fist faire toute la roche nette par dessuz les parfons trencheiz qu'elle avoit par devant faiz (ARRAS, c.1392-1393, 45). ...le bourc, qui estoit cloz de haulx murs et de grosses tours et drues, et les fossez parfons et tous fais de pierre de taille, et voit la tour haulte et grosse entre le bourc et le fort (ARRAS, c.1392-1393, 77). Laquele [influence des astres] est une qualité D'une puissante activité Et de soy mesmes insensible, Maiz en ses effectz perceptible, Font engendrer en ce bas Monde Les métaulx en terre parfonde (LA HAYE, P. peste, 1426, 6). Des grans bouillons, fumiers et corps, Pourriz en terre et par dehors, Des lacz, palus et vieulx estangz, Et d'autres eaues arrestans De grans vallées et de fosses, Parfondes et ordes et grosses (LA HAYE, P. peste, 1426, 46). Et, s'aucun prenoit appétit À mengier poisson un petit, Il le doit prendre et recevoir En tant qu'il peut, à dire voir, De bonnes eaues et mondes Et mesmement des plus parfondes Et courantes en bonnes terres, Par suz beau sablon ou sur pierres. (LA HAYE, P. peste, 1426, 93). Et a l'encontre de ceste montaigne ou cellui puis est, a une aultre plus haulte montaigne, une parfonde vallee entre deux (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 143). ...a tresbles murs environnés de parfondz fosséz (Cligès C.T., 1455, 82).

-

[Des eaues, de la mer...] : C'est une roche en mi une valée Qui tout entour est d'iaue environnée, Grande, bruiant, parfonde, roide et lée ; Et li vergier Sont tout entour si bel qu'a droit jugier, On ne porroit nuls plus biaus souhaidier. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 110). Et quant je vins seur le rivage, N'i vi pont, planche ne passage Par ou je peüsse passer. Si pris durement a penser Comment et par ou passeroie En vergier, et rapasseroie, Car l'eaue estoit parfonde et large, Si n'i choisi batel ne barge, Dont moult forment me desplaisoit (MACH., D. Lyon, 1342, 163). De moult parfaite amour s'amoient ; Mais a grant peinne se vëoient, Qu'entre Hero et Leandus Fu uns bras de mer espandus Qui estoit larges et parfons, Si qu'on n'i preïst jamais fons ; Et ce leur faisoit trop d'anuis. (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). ...il ne pooient passer pour les marescages et la parfonde aige, la ou nuls ne puet aler ne cevauchier se ils ne se voelt perdre ; et les convint retourner au pont. (FROISS., Chron. D., p.1400, 441). ...il ne pooient parvenir a la forterece, se il ne passoient la riviere, qui est large, longe et parfonde, et lor convenoit faire un pont pour le passer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 659).

-

[Épithète de nature] Mer parfonde. "Mer ; haute mer" : Ne qu'on porroit tarir la mer parfonde Et ses grans flos retenir et leur onde, Ne puet dire homs le bien qu'en vous habunde (MACH., Compl., 1340-1377, 261). Lors s'esquippent en mer parfonde, Et tant nagierent et voguerent, Qu'en Rodes briefment arriverent. (MACH., P. Alex., p.1369, 56). Li roys li dist en tel maniere : "Parceval, j'ay fiance entiere En toy, plus qu'en homme dou monde. Passer me faut la mer parfonde ; Et si ne say où je doy traire. Maintes fois as estet au Quaire, En Alixandre et en Surie, Et en Egypte. Se te prie Que tu me vueilles consillier..." (MACH., P. Alex., p.1369, 60). Je croy qu'oy avez assez Qu'il n'a Crestien en tout le monde, Puis qu'il passe la mer parfonde, Pour faire le très saint voiage Qu'au soudan ne paie trevage : Car de V. florins de Florence Rachete son chief sans dobtance. (MACH., P. Alex., p.1369, 173). ...j'ayme mieux Que noyons en la mer parfonde (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 59). Ains que je fonde En mer parfonde, Sur vous se fonde Mon pencement Treshumblement, Divinement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 365).

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[Dans une tournure exprimant la totalité] : Car je seray montez en si haut bruit Que n'en vorroie avoir a sauf conduit Les couronnes de France, d'or recuit, Et d'Engleterre, Nom pas, par Dieu, tout le bien qui habunde En ciel, en terre et en la mer parfonde, Jemmes, honneurs, nes la vie seconde, L'argent et l'or Des minieres qu'il couvient que l'en fonde, Tout ce ne pris la pierre d'une fonde Contre l'amour de la bele et la blonde Qui a chief sor. (MACH., F. am., c.1361, 176). Se vous estiés or sur la roche Du jaiant [Polyphème] qui les nez arroche Des grans pierres et des grans cros ! Tant est fors, orguilleus et gros Que les nés perist et affonde Dedens la haute mer parfonde (MACH., Voir, 1364, 620). Quant Theseus, Herculès et Jason Cercherent tout, et terre et mer parfonde, Pour acroistre leur pris et leur renom Et pour veoir bien tout l'estat dou monde, Moult furent dignes d'onnour. (MACH., Bal., 1377, 561).

-

[Des yeux] "Profond, enfoncé" : [En parlant du géant Polyphème] Un seul oeil ha emmi le front, Grant et gros, orrible et parfont ; Com(me) feu rouge e[s]t soubz la paupiere ; Ha plus dou tour d'une paviere. (MACH., Voir, 1364, 620).

-

[Cont. métaph.] : Beau tres doulx Dieu, je vous rens graces quant vous m'avez amené a vous congnoistre estre tel, tout puissant, tout juste et tout bon, et que dedans les parfondes tenebres de mon cuer vous avez fait resplandir vostre merveilleuse lumiere. (GERS., Trin., 1402, 164). Mais biauté ot oultre mesure Le lieu, la place et tout l'espace Si grant que toutes autres passe Les fontaines qui sont ou monde - Tant est nette, clere et parfonde - En saveur, en toute bonté (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 35).

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De parfond coeur. V. coeur "De la profondeur du coeur" : Lors, comme homs qui souvent souspir, Gettay un plaint et un souspir De parfont cuer, acompaingniés De plours et en larmes baingniés, Et tournai vers li a grant peinne Ma chiere teinte, pale et pleinne De maniere desconfortée, Triste, dolente et esplourée. (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Il te vient bien de cuer parfont Et d'une bonté merveilheuse De pardonner a ceulx qui t'ont Donné poine si angoysseuse ! (Pass. Auv., 1477, 216).

2.

En partic. "Qui a une dimension verticale" : Premierement fin se prend pour terme, et par tele maniere quantité continuele, comme ce qui est long, lee et parfond, est infinie, car elle est divisible infiniement, pour ce que en chose qui a quantité continuele n'a point de terme en division, comme ne en nombre n'a point de terme en adjoustant. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

3.

P. anal. [Dans l'espace]

a)

[D'un lieu] "Reculé" : Si [le Tricoplier] se parti de Famagouste Et les mil esclaves o li, Qui s'en vont à cuer moult joly, Car tuit cuidoient estre mort, Sans respos, de honteuse mort. Les amiraus les conduisoient Et vers le soudan les menoient. Or ramaint Dieux le Tricoplier ! Car il vorroit estre templier Où plus parfont lieu d'Alemaigne Ou de Prusse, einsois qu'il revengne. (MACH., P. Alex., p.1369, 177).

b)

"Loin du rivage, en haute mer" : Accop, Pierre, et tu, Andrieu, Entrés plus parfond dans la mer. Les fillés il vous fault gecter A la pesche tout maintenant. [Réf. à Luc 5, 4 (Vulgate : "duc in altum")] (Pass. Auv., 1477, 125). Je suis infame Plus que autre femme - devant le monde ; Chascun me clame Et me reclame - putain immunde, Tant suis parfunde En toute onte, - que riens ne vaulx. (Pass. Auv., 1477, 151).

B. -

Au fig.

1.

"Très intense" : Quant il ot finé s'orison, En parfaite devotion Des plours de son cuer arousee Et de parfons soupirs sevree, En recongnoissant son delit Et son droit Dieu, tant abelit A Dieu qu'il oy sa priere Et la reçut en tel maniere Que de prison le deslia (MACH., C. ami, 1357, 55). Dont je souspir Maint parfont souspir Par desir Qui fremir Me fait et doloir. (MACH., Les lays, 1377, 444). Ne pense ailleurs mettre m'estude Qu'en mener vie en solitude (...) et après En entrer en parfons regrez Pour celi qui ainsi me laisse. (Mir. st Alexis, 1382, 315).

2.

"Enraciné" : A la parfin je regarde que la charnalité mondaine d'aucuns est si parfonde et rude, et la foy tant estainte, que il[z] osent blasmer saint Pierre et saint Pol a cause de la mort laquelle ilz receurent honteusement a leur advis (GERS., P. Paul, a.1394, 490). Car ses vouloirs et ses décrèz Sont plus parfons et plus secrèz Que n'est abisme en nul endroit, Maiz le Seigneur, toudiz benoit, Telz grans effectz monstre et révèle Par la carte célestiele (LA HAYE, P. peste, 1426, 61). SAINCT MARTIN. O Trinité trespure et munde Ou rien n'y a qui soit immunde, Je vous remercie humblement, De volunté vraye et parfonde Puisque vostre amour tant se fonde De me faire amÿablement Annoncer mon trespassement Et mon dernyer deffinement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 556).

3.

"Qui va au fond des choses" : Et ce faisoit mon cuer defrire Que ne savoie le quel dire, De verité ou de mansonge. Et pour ç'aussi, com se fust songe, Ravis en parfonde pensée, De devant ma dame honnourée, Sans respondre et sans plus atendre, Me departi, sans congié prendre, En tel point que je ne savoie Qu'il me failloit, ne ou j'estoie. (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Dont respondirent les aultres qui estoient de haulte ymagination et de parfont sens : "Or soient toutes ces doubtes mises avant. Nous disons ainsy pour le meilleur que c'est bon que nous essaions le roy de Castille..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 102). Le duc de Jullers s'excusa foiblement, car, ad ce qu'il monstroit, il amoit autant la guere comme la paix, et tant que le conseil du duc de Brabant qui de parfont sens estoit ne s'en contenta pas bien (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 162). ...comme il estoit en ce parfond estude, il disoit... (C.N.N., c.1456-1467, 90). ...pour bien parfonder cestui fait il convient bien avoir l'entendement ouvert et le regard parfont. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 275).

-

[D'une pers.] "Qui pénètre fort avant dans la connaissance des choses" : LE QUART ESCOLIER. (...) il est jonne et sage, Et parfont clerc (Mir. st Val., c.1367, 130). Cestui fut erudicq en arismetique, geometrie et très parfont astrologien, et disputa grandement d'icelle contre Hercules Arginus, comme sera dit cy après. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°). Haly Abenragel, excellant docteur, subtil et parfond en la science de astrologie, fut environ ce temps, lequel, comme appert en la somme qu'il a faicte de astrologie, estoit l'un des grans qui fust ou monde en son temps (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

II. -

Empl. adv. "Profondément (au propre ou au fig.)"

A. -

Au propre : LA DAMOISELLE. Or ça ! il fault que je m'atire A ces enfans executer, Et puis les en terre bouter ; En ce bois suis assez parfont. Egar ! ces enfans ci me font Feste (...). Et conment les mettray j'a mort, Quant me rient si doulcement ? (Mir. roy Thierry, c.1374, 263). Et bien le dist li rois Robers de Cecille, de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore ficeroit encores ses dens moult parfont ens es portes de Paris ; et chils Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les prophesies de Merlin selonch le livre de Bructus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 410). ...et lui trencha (...) la char tant parfont que le sang en sailli. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 374). Certes, il [l'enfant] est parffunt en l'eau. A l'avoir il nous donra poine. (Pass. Auv., 1477, 158). Nous retournerons cy d'un accort ; En terre les mectrons parfon [les morts]. (Pass. Auv., 1477, 233). ESTONNÉ. Il est mis labbas [en prison], Enferré de fers bien pesans. MALCUIDENT. Trop mieulx prins est qu'aux las courans, Car il est bien parfont en terre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 798). J'ay souffert mes membres detraire De grans clox et parfons fichéz, Percer mes deux mains et mes piéz, Mon chef d'espines couronner, Mon corps tout de sang randonner, Mes nerfz tendre de la pesance Et mon corps percer de la lance (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078). ...et fut rapporté avoir veu piece de glace de XXX couldes de hault et en plusieurs lieux la mer estre glacée, moult parfont. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 106 r°).

-

[Dans un cont. métaph.] : ...ne furent les amourettes rompues, car elles estoient si parfond enracinées es cueurs des ambedeux parties (...) que impossible estoit les desrompre (C.N.N., c.1456-1467, 440). Il ne fault qu'entrer plus parfont Du cuer Herodes pour tempter. (Pass. Auv., 1477, 93).

B. -

Au fig. : ...n'ay pas savoir Tel que bien peüsse a droit dire Les biens, ne la biauté descrire Qui sont en sa douce figure, M'en tairay ; qu'il n'est creature, Ne fu, ne jamais ne sera, Ja tant n'i estudiera, Qui bien la sceüst deviser, Tant parfont y sceüst viser ; Et pour ce m'en tais et tairai. (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Car einsi com la fueille en tramble Contre le vent fremist et tramble, Leur trambloit li corps et les james En la presence de leurs dames, Voire, dès le piet jusqu'en chief, Tant avoient il de meschief ; Et si trés parfont soupiroient Qu'un seul mot dire ne pooient (MACH., D. Lyon, 1342, 196). Après, les herbes odorans Qui tient cuers en pais demourans, Ce sont les trés douces pensées Selonc l'art d'Amours apensées ; Li aubre qui le lieu parfont, Qui bien y vuet penser parfont, Ce sont toutes bonnes vertus Dont ses cuers doit estre vestus. (MACH., D. Aler., a.1349, 399). Ne m'en vueilliez plus enchaucier ; Car tous li cuers de dueil me font Si aigrement et si parfont, Toutes fois que j'en oy parole. (MACH., J. R. Nav., 1349, 205). Pour ce az de Dieu plus perfont parolé (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 278). Et ceste parolle, de prime face, sembloit a aucuns estre caulte et malicieuse et avenue a simplesse, de laquelle, devant toutes choses, familliarité se esjoïst ; mais qui bien parfont y vuelt pensser, elle sera trouvee moult prouffitable. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).

III. -

Subst. masc.

A. -

"Profondeur" : ...le rampin advisa les bannieres et les pennons du roy Uriien qui fort escarmouchoit le navire des Sarrasins, qui riens ne savoient que Gieffroy feust arrivez sur terre, car ilz avoient prins le large et le parfont du port. (ARRAS, c.1392-1393, 221). Tous telz corps se mesurent ainsi que les cubicz en multipliant le long par le large et encores par le parfont. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 153).

-

En parfond. "En profondeur, profondément" : ...il li couvient recoper Ses paroles et sincoper Par souspirs puisiez en parfont Qui mut et taisant le parfont (MACH., R. Fort., c.1341, 63). Tel feu celéement s'avive Et est pleins de chalour si vive Que li cuers qui enmi demeure Bruïs et esteins sans demeure Seroit, s'il n'estoit aaisiez De souspirs, en parfont puisiez, Et rafreschis et ventousez De plours dont il est arrousez. (MACH., D. Lyon, 1342, 194). Sa queuë est ja près drecie, Darrier li de gent adressie Qui en parlent si en parfont Que la queue dou tout parfont L'air de toute honneur acolant. (MACH., D. Aler., a.1349, 351). Apres je di que les elemens moiens, scilicet aer et eaue, ne ont en leurs lieus naturelz pesanteur ne legiereté. Et ce dient Ptholomee et les autres aucteurs qui ont tractié des poies [sic] des choses, et le prouvent par ce que se un honme est bien en parfont en eaue, il ne la sent en rien peser sus soy aussi comme non fait celui qui est pres de la superfice de l'eaue. (ORESME, C.M., c.1377, 706). Et la cuisse en parfont tranchiee Lui a (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 105).

-

Quantité mesurable + de parfond : Quar pousé que .a. soit un corps infini de totes pars et que .b. soit un autre corps d'un pié de lé et d'un pié de parfont et infiny en long seullement d'une part et soit vers destre (ORESME, C.M., c.1377, 234). ...premierement a esté marchandé en tasche audit Jehan Rose de mectre et asseoir ou grant pont de la Lijs estant derriere l'ostel de Gilles Pipe 14 sommiers et vint huit pillos (...) et les nouveaux pillos fichier et frapper ens, chacun 12 piez de parfont, et les lier aussi chacun de quatre bons liens en maniere de braquons (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 637). Fist ung fossé de dix piez de perfont et XVm pas de circuit, en la durée de trois lieux et cent et XX tours de deffence de merveilleuse haulteur (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

-

"Profondeur (au fig.)" : ...le parfont de sa grant veritey. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 235).

B. -

"Ce qui est au fond, fond" : Mais ne fait pas bon au plus bas De la tour, ne tout au parfond (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 135). Amy, du parfond du celier Fut hier tiré le chevalier. (Vig. Trib., c.1480, 231).

-

Le parfond du puits. "Le fond du puits (de l'enfer)" : LUCIFER. Ou suis je mis condempné, diable, Privé du haultain paradis ? De tous suis le plus miserable, Car je suis au parfond du puis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 23). LEVIATAN. Par mes fins tours innumerables, Feray tellement, se je puis, Que par cautelles miserables Forniray le parfond du puys. ["je remplirai (de damnés) le fond de l'enfer"] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 88).

-

[Trad. le lat. gurges] "Abîme" : Le parfont de l'eaue est en latin appelle gurges (...) car la se voit l'eaue courant et puis en yst aussi comme en bouillant et pour sa perfondeur l'eaue se muet en tournoyant (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIII, 16, 210 r°).

-

Au (plus) parfond (de) : Monseigneur, Dieu et la riviere sont aujourd'huy pour vous, car elle est si basse ou plus parfont que nos chevaulx n'en ont pas eubt jusques à la panche (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 69). ...au parfont de la forest (Ponthus Sidoine C., c.1400, 51). ...comme il estoit au plus parfond de son somme, celuy a qui ce jour la chandelle avoit fait offrir par vision a luy s'apparut (C.N.N., c.1456-1467, 86). ...a cause que es regions et temps fort frois le sanc est ou perfon du corps reclous, et celui qui est aux extremités est condensé et congellé inepte a fluir. (Rég. santé corps C., 1480, 152). DIEU. (...) Lucifer, pas ne monteras Ou tu tends par presumpcion, Mais au plus perfond descendras En tartaricque infection (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 18). [Lucïabel] Par son orgueil mal son cas advisant, Ja se vouloit a Dieu atribuer Et son siege du tout contribuer Par quelque inde(h)ue et maulvaise querrelle, Dont luy premier et toute sa sequelle Si tresbucherent au fin parfons d'enfer. Et, depuis lors, fut nommé Luciffer, Entre les mains du quel vous en yrez Et tourmentez a jamais vous serez (LA VIGNE, S.M., 1496, 340).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

-

Prendre le parfond. "Prendre la pleine mer" : Quant ilz veirent qu'il faisoit bon sus la mer et qu'ilz orent vent à point et bon pour eulx, le duc et la duchesse et leur fille et touttes leurs gens entrerent en leurs vaisseaux, et puis desancrerent et prindrent le parfont, et furent en jour et demy en Bayonne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 134).

C. -

"Les êtres d'en bas (?)" : De l'amour aussy qu'il avoit, 3 "je suis certain, disoit il, que ne mort, ne vie, ne angelz, ne principats, ne vertuz, ne choses presentes et fetures, ne force ne haulteur, ne parfond, ne autre creature me pourra diviser de la charité de Dieu qui est en Jhesu Crist nostre Seigneur". (GERS., P. Paul, a.1394, 493).

Rem. Cf. La Ste Bible (de Jérusalem), Éd. du Cerf, 1961, Romains VIII, 39, note j : «"hauteur", "profondeur" désignent sans doute les forces mystérieuses du cosmos, plus ou moins hostiles à l'homme selon la conception des anciens».

V. aussi profond
 

"Recherche approfondie sur qqc." : ...si mes spéculations et parfondances de vérité peuvent avoir lieu et prévaloir sur mauvaises interprétations (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 414).
 

A. -

Au propre "Profondément, en profondeur" : ...De son chief qui navré estoit De toutes pars parfundement Des espines à grant tourment. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 278). Les mineurs qui minoient la tour de Meullent minerent si fort et si parfondement que la tour print à enfondrer (Chron. Valois L., c.1377-1397, 142).

-

S'encliner parfondement. "S'incliner très bas" : A ceste oroison en aucunes eglises le prestre s'encline parfondement (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 479).

B. -

P. anal. "Profondément, intensément" : Mais quant repos en moy nature Voloit prendre, une creature Oy qui trop fort se plaignoit, Et bien vi que pas ne faingnoit, Car son plaint si parfondement Prenoit, et son gemissement, Que j'en os horreur et frëour, Doubtance, frisson et paour. (MACH., F. am., c.1361, 145). ...maiz son cuer en sera si parfondement navré que jamaiz n'en garira, mais toutes foiz qu'il en souviendra naistra nouvelle douleur. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 98).

-

Gemir/pleurer/soupirer... parfondement. "D'une manière qui vient du fond de l'être" : ...la dame qui avoit longuement Perdu vigour, scens et entendement Ouvri les yeus et prist parfondement A souspirer, En regretant celui qui desirer Li fait la mort par loiaument amer. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 66). Si que, dame, se je pleure et gemi Parfondement et di souvent : "Aimy !", N'est pas merveille, Quant sa fine biauté qui n'a pareille Et sa colour vive, fresche et vermeille, Et son trés dous regart qui me traveille, M'ont eslongié (MACH., J. R. Beh., c.1340, 84). Tout einsi mes cuers qui pleure Parfondement a toute heure Acroistre mon souvenir Fait jour et nuit. (MACH., L. plour, 1349, 284). N'onques puis chanson ne chanta, Bois ne rivieres n'enchanta, Einsois le poette divin Fu la mors et gettez souvin. Les nimphes dou bois le plourerent Parfondement, car moult l'amerent, Et de tous les arbres les genres, Les grans, les moiens et les menres, Et les rivieres ensement Le plourerent parfondement (MACH., C. ami, 1357, 92). Quant je voy vostre grant douçour, En mon cuer vient, par desirer, Une ardeur qui le fait en plour Moult parfondement souspirer, Car je ne vous ose monstrer La doleur qu'humblement vueil traire, Tant com je vivray, sans meffaire. (MACH., Bal., 1377, 554). Qu'en desir qui me court seure Truis trop mortel anemy, Dont souvent souspire et pleure Parfondement et gemy Pour mon doulz loyal amy. (MACH., L. dames, 1377, 165). Et lors fait semblant qu'elle enrraige, Et crie si horriblement, Et ploure si parfondement Qu'il samble qu'elle soit dervée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 131). Et entretant que Remondin mettoit paine a alumer le feu pour faire a son seigneur plaisir, le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement. (ARRAS, c.1392-1393, 19). Adont, gemi Jason, par faintise, en semblant Que, par fort amer, voit tremblant Et moult parfondement soupire... (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 40). Et quant je entreoÿ la fin de ces [c]es paroles, lors parfondement je souspiray et tramblay ; par grant admiracion je, tout espouenté et presques ravy hors de moy mesmes, criay avec l'apostre saint Pol : "O altitudo diviciarum sapiencie, etc..." (GERS., Trin., 1402, 164). ...anchois yssoyent de son cuer souspirs a telle habondance que la dame en avoit grant pité et fist grant doubte qu'ilz ne le menassent a mort, sy se reprist a plourer parfondement et dire a basse voix : ... (Comte Artois S., c.1453-1467, 116). Medee plouroit a ces motz si parfondement qu'il sambloit de ses yeulx que ce fussent deux ruisseaulx (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 227).

C. -

Au fig. "Profondément, de manière approfondie" : ...quant nous parfondement considerons la grant multitude dez cités, de chastiaux et de fors, qui estoient tant fors, tant inexpugnables... (Songe verg. S., t.1, 1378, 7). Et, pour tant, disoit un tres excellent aucteur, lequel est appellé Stacius et palle en mettre, hautement et parfondement de ceste matiere (Songe verg. S., t.1, 1378, 409). Maiz qui vouldroit cy bien parfondement considerer, il apperceveroit que... (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 23). ...l'autre il se creva les yeulx en ung sien jardin pour plus parfondement contempler les faiz de nature qu'il avoit veuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 47 r°).

-

Penser parfondement : Pour ce pensoit Parfondement, ne onques ne cessoit, Et en pensant le plouroit et plaingnoit, Si que son vis en larmes se baingnoit. Pour ce maintient Que la dolour est plus griés qui li vient Pour son ami que celle qui me tient. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 116). Einsi pensoie et repensoie Comment ma dame serviroie. Si pensai si parfondement Qu'ailleurs n'avoie entendement, Et si forment y entendi Qu'en vergier ma sente perdi. (MACH., D. Lyon, 1342, 169). Si prist à penser durement, Et souvent et parfondement, À la chose qui li fu dite Et qui en son cuer fu escripte, Comment il se porroit chevir À si tres grant ouevre assevir. (MACH., P. Alex., p.1369, 10). Celle nuit reposay petit, Mais a ce qui estoit escript Et que j' escripvi ensement Leuz et pensay parfondement, Toute la nuit mieulx que je pos Sanz avoir aise ne repos, Jusques bien près d'eure de prime. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 341). Quant l'ame devote par l'inspiracion divine pensant a la mort parfondement considere et de lui meismes la vie brieve, sa propre fragilité, maladies sans nombre et tribulacions soudaines... (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 301).

V. aussi profondément
 

A. -

Au propre "Creuser profondément" : Et pour ce que lesdiz deux puis sont trop loing l'un de l'autre, a esté encommencié entre lesdiz deux puis ung autre puis appellé le puis de Cosne, lequel fauldra parfonder de vint toises comme les autres pour tirer par ledit puis la mine et terre de parfont de la dicte montaigne de Cosne. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 273).

-

"Creuser profondément les fondations de" : Aussi sur sablon ne doit pas Sage homme sa maison fonder, Car tant ne la peult parfonder En terre vaine et sablonneuse Qu'elle n'ait petite duree. (Böece Conf. reman. C., c.1400-1500, 61).

-

[D'une chose] Se parfonder en qqc. "Pénétrer dans qqc." : Item, aucuns corps sont non-diafanes et non-transparenz ou sont obscurs, si comme fer ou poiz noire ou telles choses, et les raiz ou lumiere du soleil ne autre ne passent tout oultre parmi telz corps se il ne sont tenves, car en telz corps la lumiere se parfonde pou ou nient, mais elle retourne par reflexion ou par refraction. (ORESME, C.M., c.1377, 456).

B. -

"Couler à fond"

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, gloss.

C. -

Au fig. Parfonder qqc. "Approfondir intellectuellement qqc., traiter qqc. à fond qqc." : ...pour bien parfonder cestui fait il convient bien avoir l'entendement ouvert et le regard parfont. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 275).
 

A. -

Au propre "Dimension verticale d'un corps, mesurée de haut en bas, profondeur" : Le lac de Indee est appelee la mer pour sa grandeur et sa perfondesce (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIII, 11, 209 r°). Troys dimensions ou mesures sont longitude et latitude et spissitude ou parfondesce, et selonc ce, un corps est lonc et lé et espés. (ORESME, C.M., c.1377, 46). On congnoit la parfondesse de la fistule a l'espreuve : et que plus est parfonde, tant vault pis (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 21).

-

P. métaph. RELIG. : Marie, qui est ce qui peut raconter ta longuesce, ta largesce, ta haultesce et ta parfondesce ? (Mir. st J. Cris., c.1344, 254).

B. -

P. méton. "Creux" : ...il dient que les parfondeurs ou parfondeces de terre sont infinies, et que aussi l'air en haut est infini. (ORESME, C.M., c.1377, 542). ...et se c'estoit delocacion on le congnoit par ce qu'il y a eleveure ou parfondesse ou qu'il ne se peut mouvoir ou qu'il n'est pas tel comme est l'autre (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 25).

C. -

Au fig. "Profondeur, solidité, fiabilité" : ...quant a parfondesce de conseil, quant a opinion de science et quant a auctorité de nom (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 394). [Var.] ...la parfondesce de sagesce. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 786). [Var. ds VIGNAY, ms. BNF fr. 241, a.1348]
 

"Profondeur"

A. -

Au propre. [Dans l'espace] "Dimension verticale d'un corps, mesurée de haut en bas" : ...et latitude va de destre a senestre ; et parfondeur de devant a derriere. (ORESME, C.M., c.1377, 306). ...la largeur des eaues et des rivieres, la parfondeur des puis et des concaves de la terre (DESCH., Art dictier R., 1392, 268). Avec ces choses lui affiert estre tres bonne mainagiere, se cognoistre en labour, en quel temps et en quel saison on doit donner aux terres les façons, de quel maniere est le meilleur que les sillons aillent selon l'assiete du garait, s'il est en païs sec ou moiste, et de la parfondeur, que ilz soient droiz et onniement faiz, seméz a point de tel grain comme la terre le desire (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 153). Et sans vent fait il grant hideur a veoir la vallee de tous costez, et souverainement a la main droitte ; car elle est sy hideuse de roydeur et de parfondeur que c'est forte chose a croire. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 76). Il nous fault adviser de trois choses, c'est assavoir, s'il y a eaue ou fossé et quelle parfondeur il y a, ou bourbe qui nuyse à passer. (BUEIL, I, 1461-1466, 88). Il est dont a tenir certainement que en Dieu proprement a parler, n'est ne longueur, ne layeur, ne haulteur, ne parfondeur, mais sont en Dieu ces quantités a parler par maniere de methafore, c'est a dire en attribuant a Dieu par transport des mots ce que proprement apartient aux creatures et choses corporeles et temporeles. (Somme abr., c.1477-1481, 131). Et pour tant est a scavoir que de dire aucune chose estre en lieu par circonscription determinee et par diffinition naturele, comme est ung corps, il se entent que a cause de sa longueur, leeur et parfondeur elle est en lieu par circonscription et selon sa nature finie et en lieu diffinitivement. (Somme abr., c.1477-1481, 137).

B. -

P. méton. "Creux" : ...il dient que les parfondeurs ou parfondeces de terre sont infinies, et que aussi l'air en haut est infini. (ORESME, C.M., c.1377, 542). Le pechié dez orguylleux est de si grant pesanteur et griefté que, de la hautesce du ciel, il a penetré la parfondeur et le centre de la terre. (Songe verg. S., t.1, 1378, 17).

C. -

P. anal. La parfondeur de la nuit : Quant vint a la parfondeur de la nuit, elle [la reine Ysiphile] se coucha tres pensive et fort entreprinse (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 174).

D. -

Au fig. [À propos de Dieu] Parfondeur de qqc. "Qualité de ce qui est extrême" : Est encores en lui haulteur de sapience, par laquelle il surmonte tous sens et entendemens. Comme dist l'Apostle : "Toutes choses lui sont nues, descouvertes et ouvertes." Encores est en Dieu parfondeur de justice, par laquelle il dampne les pecheurs. (Somme abr., c.1477-1481, 131).
 

A. -

"Approfondir, creuser [un fossé]" : La cité fist garnir du tout a son conmant, Et la fist renforcier et derriere et devant, Les fossez parfondir, les murs vont rehaussant. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 179). ...Pour rehauchier les murs, parfondir les fossez. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 704).

Rem. Doc. 1414 (Nevers) ds GD V, 765a.

B. -

Au fig. "Approfondir" : Je parfondis volentiers et emplie beaucoup ceste matiere touchant l'homme de qui elle traite, pour tant plus donner aux lisans d'entendre soigneusement à la nature du cas (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 181).
 

"Approfondissement" : ...lesdits supplians se sont continuellement occupez à la reparation et fortification de ladite ville, tant en murailles et couvertures, eslargissement et parfondissement des fossez, comme en artillerie (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1486, 642).
 

A. -

Au propre "Profondeur" : ...pour ce est elle appellee abisme qui est a dire sans veue car on ne puet veoir sa perfondeté (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIII, 19, 210 v°).

B. -

Au fig. Parfondité de qqc. "Importance de qqc." : ...plus alloit le temps avant, plus [le dauphin] s'engluoit ou pays (...). Ne declina mie toutevoyez lesdis ambassaeurs daulphinois (...) ; mes eulx oÿs, les delivra et les envoya aveuques belles parolles, sans aulcun fruit toutevoyez en leur peticion, comme se peut traire assez de la parfundité de la matere tant et tant amplement cy devant deduite. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 89).
 

"Creuser [un fossé]"

REM. GD V, 765b, cite BUEIL ; aparfondir ds BUEIL, II, 1461-1466, 52.
 

"Profond, loin (?)" : ...et quant le nef fu al large de le mer, le vent la pris et l'en pourta si priont que, quant vint a lendemain, null de le nef n'eut puissance de veoir terre (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 72).
 

I. -

Adj.

A. -

Au propre. [Dans l'espace] "Dont le fond est très éloigné de la surface" : ...mais ilz ne pouvoient monter si à cop lesdits fossez pour venir hastivement, tant estoient profonds, pource qu'ils n'avoient nulles eschelles (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 316). ...un casier, c'est ung garde menger a la façon d'une huche, long et estroict par raison et assez profund. (C.N.N., c.1456-1467, 443). ...la furent mis avecques troys aultres compaignons en une estroite fosse, bien profonde de la haulteur d'une lance ou environ (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 43). Cestui emprint selon les corps celestes de mesurer la mer et les profons gouffres, et trouva le plus parfont estre de XV stades en la haulte mer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 r°).

-

[De la mer] : Mais Dieu qui fait toutes les choses a son plaisir fist lever ung grant vent froit et fort devers la terre qui transporta Pierre oultre sa voulenté, et sa barque fust dedens la mer, et sus sa barque ne valoit riens, car la mer estoit haulte et profunde et ne povoit advenir a la terre, et le vent le transportoit, voulsist ou non (Belle Maguel. C., 1453, 32). Et ne veoyt riens du monde sinon les boys au port qui estoit bien ramé et bien espés, et d'aultre part veoyt la mer longue et profonde (Belle Maguel. C., 1453, 37).

B. -

Au fig.

1.

"Vrai, plein, intense" : ...Dont tout mon corps en lermes font Et j'en souspir de cuer profont (CHART., L. Dames, 1416, 242). ...la profonde misericorde du Createur (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 89). ...les femmes (...) les avoient trouvés sainctes gens de grand charité et de profunde devotion [les Cordeliers]. (C.N.N., c.1456-1467, 216).

2.

[D'une pers. ou de l'activité de l'esprit] "Qui pénètre fort avant dans la connaissance des choses" : Lequel est appelle Maistre Jehan de Dons, de la cite de Pade. Et pour sa profunde science d'astronomie son seurnom est perdu et est appelle Maistre Jehan des Orologes. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 605). ...mais ce n'est rien a comparer envers ung soussy que ung homme raisonnable prent de pencees profondes pour aucune grant chose qu'il a affaire. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 57). Belle doctrine et profonde instruction se peult recuillir de ces parolles. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 48). ...par argumens profons s'aidera d'entendibles exemples (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 134). PREMIER MARTIR. Hé, Jhesucrist, roy debonnaire, Faicteur et salvateur du monde, Je te pry d'entente profonde Que tu me vueille conforter. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 81). Comme elle estoit en ce profond penser, Fortune luy fut (...) tresamye (C.N.N., c.1456-1467, 183). ...et les profondes raisons de la fertillité dudict arbre et les grandes experiences, qui de jour en jour se pevent monstrer à l'ueil (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 r°). ...affin aussi que puissiez congnoistre de quoy astrologie vous peut servir, combien, Sire, que je n'entreprans pas de rendre ou assigner sur toutes choses raisons si proffondes, comme bien seroit requis à vostre très sacrée Majesté, ou comme pourroient faire aucuns grans philosophes et astrologiens (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°). Le très reverend cardinal et très devost evesque de Cambray, dominus Petrus de Alayaco, excellant docteur en theologie à Paris, subtil et profond astrologien, comme appert par ses euvres, florit en ce temps (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 152 r°). Johannes de Monte Regio, Alemand, excellant astrologien, le plus proffond en la theorique des planectes qui se soit monstré puis cent ans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 162 v°).

II. -

Empl. adv. "Profondément" : Il ha ung des yeulx si profond En la teste bien d'ung trec d'arc, Et a tué ung gro leopart D'une picaude sceulemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 46). Et quant ilz furent bien profund dedens le boys, Pierre descendit Maguelonne de dessus son cheval a terre (Belle Maguel. C., 1453, 29).

III. -

Empl. subst. "Fond"

-

Au fig. "La partie la plus intime de l'être" : C'est chouse qui vient de profont Je le cognois bien a leur signe Car il font chanter au plus digne La messe qu'il veullent ouyr (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 63).

.

Au plus profond de : Le bon filz mercya son pere de son bon advertissement, et luy promect d'escripre ses enseignemens au plus profond de son entendement (C.N.N., c.1456-1467, 330).

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De profond. "De façon approfondie, en allant au fond des choses" : Certes je vous fais a ssavoir Que se tous les dyables qui sont Vueillent entendre de profont Maisque il ne soint sots ne chiches Que nous serons tantoust bien riches (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76).

-

Du profond de son coeur : ...oncques mot ne sceut dire, tant empescherent sa doulce langue les larmes [sourdantes] du profond de son cueur. (C.N.N., c.1456-1467, 145).

V. aussi parfond
 

"Qualité de ce qui est profond" : ...ledit sompne est innaturel et grave et parfond et telle parfondacion de dormir est appelee subeth selon Avicenne. (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 15). ...et aulcunefoys la mamelle seuffre trop grande augmentacion et aulcunefoys trop grande profondacion du poupe, c'est que le boult d'elles est trop parfont, desquelles choses l'en a souvent recours au cirurgien. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.6).
 

"D'une manière profonde, intense" : Et dont me perchoit chelui doleur si legierement et tant profondement, se non pour che que j'avoie fondé mon cuer en la gravelle, en aimant che qui devoit morir comme s'il ne se deust pas morir. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 272). Et je li doy Dire qu'en foy L'aim, en tel ploy Me mes que parler n'os à soy. Dont moult durement m'aïr Et profondement souspir, Quant longuement à loisir La tres grant biauté remir De sa face coulourée Et je ne li os jehir Nullement ne descouvrir Comment il m'estuet languir Et en languissant morir Pour li qu'ai tant desirée. (MACH., Les lays, 1377, 298). Qui est celui catholique crestien qui a la poitrine ferree et le cuer dur comme pierre, qui ne soit esmeus a pitie et profundement larmoier oiant la dolour et affliction de noz freres crestiens et le vitupere de la foy catholique... (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 55). Avicenne, qui profundement attaingny lez secrés de nature... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 73). ...le très devost roy Loys, vostre feu pere, qui n'y estoit pas ignorant, ains très bien entendu, et ne venoit nul si habille astrologien à lui que incontinent ne sentist et entendist bien en ayant parolle avecque lui, s'il y estoit profondement erudict ou non (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 3 r°). Cestui jugea moult profondement et precizement d'icelles nativités, lesquelles j'ay encores et ne descordent en riens ad ce qu'ilz ont procuré, ne fait en leurs vies. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 143 v°).

V. aussi parfondement
 

I. -

Empl. trans.

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"Pénétrer qqc." : Et quant les médecines corrodent et profondent la ulcere, adonc convient froicer leur abster[s]ion (PANIS, Guidon, 1478, tr.IV, doct.1, chap.1).

-

"Creuser, sonder qqc." : Mais le fondement fut profondé si bas que le dict pourtail sera molt difficile a parfaire pour son extreme grandeur. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 55). Par cautelle tu [Venise] t'es volu fonder Ou l'on ne peult tes mectes profunder Ne submerger par nulle incision (LA VIGNE, Libelle cinq villes B., 1509, 179).

Rem. Doc.1412 ds GD VI, 426b.

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"Ébranler" : ...l'eglise de Saint Pierre (...) est tant souvent profondee Et tousjours de neuf refondee (CHAST., Temps rec. D., 1451, 77).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "Pénétrer dans qqc., s'enfoncer dans qqc." : Item, autres corps sont dyaphanes ou transparenz ou clers, si comme sont verre et cristal et eaue, et en telz corps se profonde la lumiere et perce et passe tout oultre, se il ne sont parfonz et espés. (ORESME, C.M., c.1377, 456). ...il [air] n'est mie aussi aiable a recevoir l'humidite de l'yaue pour ce qu'il est legiers ou regart de elle et pour ce ne se profunde il point en elle mais est tous dis au dessus joins a li superficielment (EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380, XXV, 10, 193 v°). Doubtant en la mer profonder... (CHAST., Temps rec. D., 1451, 98). Et se elle [les ulcères] s'estant ça et la par la cher et ne se profondent pas moult, elles sont dictes ambulatives (PANIS, Guidon, 1478, tr.IV, doct.1, chap.2).
 

A. -

"Profondeur" : Lesquelles parolles proferoit il en soupirant par oppression de tristresse, quy son cuer luy avoit plungié jusques en l'extremité et profondesse de l'abisme de pleurs. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 179).

B. -

Au fig. Profondesse de qqc. "Profondeur, intensité" : Adjoustons aux louanges saint Pierre la profundesse de sa sapience par laquelle il congneut et confessa les secrez de paradis et de la Divinité. (GERS., P. Paul, a.1394, 488).

-

"Fond" : Je vous diray toutesfoiz ung mot qui viendra de la profondesse de mon cueur (C.N.N., c.1456-1467, 565).
 

A. -

"Dimension verticale d'un corps mesurée de haut en bas" : De la mer scet certainement La profondeur (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 274). Exemple. Soit le puis .a.b.c.d., .a.b. le dyametre de la bouche et .c.d. la profundeur que vous voles mesurer (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412, 346). Dessoubz ce pont a tresgrant et hideux abisme de profondeur (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 85). De celles [quantitez] qui se mesurent par deux dimensions, c'est assavoir qui ont longueur et largeur sans profundeur, comme sont toutes superficies, ilz en sont de infinies manieres : aulcunes sont circulaires, aulcunes triangulaires, aulcunes quadrangulaires, aulcunes penthagones, aulcunes exagones, et ainsi des aultres. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 101).

-

"Partie profonde, située très bas, fond" : La profundeur de la fontaine Est de pechiez perceverance Et de charnele copulance Delectacion de pensée Longuement conue et usée. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 205). Mais quant li vens cesse et la boe, Et la profundeur et la roe De la fontaine dessus ditte Est du ray rayent et remplitte, De vraie contemplacion Reçoit lors quietacion La pensée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 205). Et pour ce dient les maistres que, ainssy comme ledit paradiz terrestre est le chief de la terre pour sa treshaulte haulteur, sont les enffers en la plus basse profondeur du corps de la terre (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 139).

B. -

Au fig. "Intensité"

Rem. Ex. début XIVe s. ds TLF (et GDC X, 428b).
 

"Creuser profondément" : ...iceulx consulz, manans et habitans seront tenuz de profondir lesdicts fossez jusques à huit piés de profont plus qu'ils ne sont de present (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1474, 77).
 

A. -

Au propre. "Dimension verticale d'un corps mesurée de haut en bas, profondeur" : ...et chascune latitude ou profundité selonc verité, fors que tant que celle qui premiere est nommee ou ymaginee est dicte longitude, et la seconde latitude, et la tierce profondité ou spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 48). ...superfice est une quantité ymaginee longue et laee sanz quelcunque profundité ou espesseur, mais est indivisible selon profundité et divisible selon lonc et selon lé. (ORESME, C.M., c.1377, 588). Mais quant absoulte est la pensée De cuer et par confession, La coulpe est en remission Et redecourt l'eaue et desrive De la saincte fontaine et vive, Laquele de nouvel curée Est par trois choses obscurée De rechief : par profundité, Par limon, par vent exité (DESCH., M.M., c.1385-1403, 204). [Pour mesurer la profondeur d'un puits] Prenons que l'allidate chiesse sur 2 poins vous saves que 2 son contenus en 12 6 fois et pour ce aussy le dyametre .a.b. est contenu 6 fois en la profundite .b.c. ; et ainsi vous aves la profundite .b.c. (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412, 346). Le tiers chapitre qui est de la profundité des choses. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 178). Fist le livre de Cent parolles et le Cosmographe ouquel toute la mer et la terre est descripte, c'est assavoir toutes regions, villes el citez, pors, destrois, havres et passages, isles, fleuves, montagnes, lacs, desers, forestz, chacune chose selon sa longitude, altitude et latitude et profondité, et de ce extraict en rondeur la meppemonde et la quarte de naviguer (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 r°).

-

[Dans un cont. allég.] "Dimension spirituelle d'une chose" : ...afin, aussi, que par grace, disant la verite, tu puisses unefois comprendre, avecques le benoist appostre saint Paul, la latitude et la longitude, la profundite et la haulteur des fins besans de nostre suer ainsnee, Charite (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 462).

B. -

P. ext. [Sans limitation à la direction verticale] "Ce qui suggère un vaste espace" : Ceste coulour aussi nous est moustree en l'air aucunesfoiz quant on regarde en hault devers le ciel, maiz que l'air en soy soit pur et nect et cler, sanz pruine et sans nues, car l'air lors qui pour sa grant profundité noz veues arreste se moustre a nous, ce samble, de ceste couleur ynde. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 626).

-

[À propos du ciel] : Gabriel archange, message du hault secré, est envoié de la haulte profundité a la vierge saluer et honnourer. (Mir. fille roy, c.1379, 6).

C. -

Au fig. "Profondeur, intensité" : Toute vaine gloriacion est absorbee sur moy en la profondité de tes jugemens. (Internele consol. P., 1447, 110). ...croire debvons premierement de nostre foy crestienne la profondité (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 166). Cestui Josyas eut tousjours avecque lui les plus expers astrologiens qu'il peut sçavoir ne trouver et fut à merveilles ententif à enquerir la proffondité des influences. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 42 r°). ...et depuis ala en maintes terres pour enquerir la profondité des secrectz de medicine et de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°). Cestui, pour la profondité de sa science, fut mandé du roy et, avecque l'evesque de Tournay, fut envoyay en Flandres et appaisa les differans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 140 v°).

-

"Profondeur du savoir, science" : ...par ses belles meurs, sagesse et profundité et science (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 101).
 

"Profondeur"

REM. GUILL. DIGULL. (impr. XVIe s.) ds GD VI, 427b.
 

"Approfondir, creuser (une rivière)"

REM. Doc. 1476 (Tournai) ds GD VI, 596c. Cf. doc. 1403 (raparfondir), in : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 673 (R. Ling. rom. 64, 2000, 281, T. Matsumura).
 

Empl. trans. "Creuser qqc. plus profond" : ...pour avoir reffait et redrechié les deux escluses qui sont aux 2 bous devers Saine et icelles reformees et gasonnees de pieux et d'ais tout entour bien et adroit, lesquelles estoient derrompues et debrisees par forche des grosses eaues (...) et aussi pour avoir rapprofondi et redrechié un fossé (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1372, 233).