C.N.R.S.
 
Famille de regnum 
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     INTERRÈGNE     
FEW X regnum
INTERREGNE, subst. masc.
[T-L (renvoi) : interregne ; GDC : interregne ; DEAF, I357 interregne ; FEW X, 216a : regnum ; TLF : X, 456b : interrègne]

"À Rome, temps qui s'écoule entre deux rois (sous la Royauté) ou jusqu'à l'élection de nouveaux magisrats (sous la République)" v. interroi : Par l'espasse d'un an dura ceste besoingne et fu apelé celui intervalle interregne. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 17.6, 27). ...et retourna l'empire de Rome a interregne. Interregne est appelé l'estat du royaume quant il vaque avant qu'il i eyt roy (BERS., I, 1, c.1354-1359, 22.1, 35). Aucune foiz eslisoient il un autre que il appeloient interroy qui avoit entre eulz tous pooir royal mais c'estoit seulement par l'espasse d'un an. Luy donques avoit nom interroy et l'estat de la chose publique estoit appeléz interregne. (BERS., Gloss. D., c.1355, 142). Ilecques comença Tarquins a dire vilenies du roy Servius et commença de sa premere lignee en disant que il estoit sers et filz de serve et que emprés la non digne mort de son pere, sans faire celuy intervalle que l'en appellet interregne, c'est le temps du regent avan[t] le roy novel creé ou couroné,... ["sans... couroné" trad. lat. non interregno] (BERS., I.47, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 181d). Interegne est appellé l'estat de royaume quant il vaque avant ce que il y ait point de roy establi (BERS., c.1354-1359, ms. London, British Libr., Royal 15.D.VI [ms. de la fin du 14e s.], livre I, chap. 23, f° 20c). Et pour l'entendement de ce chapitre il est assavoir que, si comme dit Titus Livius ou commencement de son livre "De origine urbis", aprés la mort de Romule, comme ilz eussent esleu cent personnes a gouverner divisies en disainnes, et de chascune dizainne .i. pour gouverner le pueple que l'en appeloit interregne, c'est a dire le temps que il n'i avoit point de roy (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 1371-1375, ms. Paris, B.N., fr. 22912, III.9, glose, f° 103d).

Rem. BERS. semble utiliser par ailleurs la graphie interrogue, à moins qu'il ne s'agisse d'une déformation due à la tradition manuscrite : les corps qui estoyent grevéz de maladiez comencerent a tourner a sancté ; pour la quele chouse les couragez des perez tournéz a la publique cure et au commun proufit, come ja auquns interroguez [trad. lat. interregnum] heussent esté fayz pour cause de cele pestilente mortalité, uns des perez apelé P. Valerius (...) fist deux consuls (BERS., III.8, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 219d). Et sachez quar la contention et le debat savoir mon si l'en creeroyt consuls ou tribuns de chevaliers tint longuement la chose publique en interrogue [trad. lat. interregnum] (BERS., IV.7, c.1354-1359, ms. Paris, B.N.F., nouv. acq. fr. 27401, f° 251d).
 

DMF 2020 - Synthèse Frédéric Duval

 Article 2/3 
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     RÈGNE     
FEW X 215b regnum
REGNE, subst. masc.
[T-L : regne ; GD : regne ; GDC : regne ; DÉCT : regne ; FEW X, 215b : regnum ; TLF : XIV, 672a : règne]

A. -

"Royaume, pays" : Amis, vous savez, Et bien oï dire l'avez, Qu'Envie si ne puet morir Et que partout vuet signourir, Si qu'en tout le monde n'a regne Qu'elle n'i soit, qu'elle n'i regne, Et qu'elle n'i face la dame (MACH., D. Lyon, 1342, 224). Tous seuls en ma chambre et pensoie Comment par conseil de taverne Li mondes par tout se gouverne ; Comment justice et verité Sont mortes par l'iniquité D'avarice qui en maint regne Com dame souvereinne regne, Com maistresse, comme royne, - Qu'avarice engendre haïne, Et largesse donne et rent gloire, Vraiement, c'est parole voire (MACH., J. R. Nav., 1349, 139). Se la substance de la lettre Me dis, robe de pourpre aras, Et avec ce li tiers seras De mon empire et de mon regne, Dont je suis rois et ou je regne. (MACH., C. ami, 1357, 28). Dieus qui est rois et qui est sires Des rois, des regnes, des empires, Regne, magnificence et gloire, Richesse, puissance et victoire Donna a ton pere jadis. (MACH., C. ami, 1357, 29). ...Qu'il puist tenir le regne en se prosperité [ou regné ?]. (Hugues Capet Lab., c.1358, 116). [aussi v.2140] Je le di pour ces enfans ci (...) Qui tolir vous veulent le regne De France, qui vostre est de droit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 130). GONDEBAUD. Conment ! mon regne et mon avoir Cuide avoir donc ainsi Clovis ? (Mir. Clov., c.1381, 234). Mais, se Dieu plaist, je [moi, le roi] vous pourverray [ma fille] si bien que vous vous tendrez pour bien contente, avant que je parte de ceste mortel vie, et aussi seront tous les barons de mon regne. (ARRAS, c.1392-1393, 120). Herculés vient et en ameine Sa femme en son reyne et demeine. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 22). Puisque pappes, roys, filz de roys Et conceuz en ventre de roynes Sont enseveliz mors et froys - En aultruy mains passent leurs regnes... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 50). Sardana le preux chevallier, Qui conquist le resne de Crestes... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 64). ...prenostica et predist au peuple ce qu'il devoit advenir des quatre principaulx regnes du monde et de leur deffinement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 14 v°).

 

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

 

-

[Dans des séquences signifiant la totalité] : Et de mes eles que tu vois Dire t'en vueil a ceste fois Par quoy tu en soies certeins. Saches qu'il n'est nuls si lonteins Païs, regne ne region Que tuit en ma subjection Ne soient souvereinnement Pour faire mon commandement. (MACH., D. verg., a.1340, 33). Se riens vous depri ou requier, C'est de par li et en son nom Qui est de si noble renom Qu'en monde n'a païs ne regne Qu'elle n'i soit, qu'elle n'i regne, Et que chascuns ne se resjoie, Que de li vuet avoir la joie. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Car les batailles et les guerres Furent si grans par toutes terres, Qu'on ne savoit en tout le monde, Tant comme il tient a la rëonde, Païs, regne, ne region, Qu'il n'i eüst discention (MACH., J. R. Nav., 1349, 144). Aussi ont maint autre preudomme, Qui n'ont pas vaillant une pomme. Se cils qui est princes et sires Des rois, des resnes, des empires, Par sa tres grant misericorde Envers tels gens ne se racorde, De tels en y avra, ce cuit Qui empetreront dou mal cuit. (MACH., F. am., c.1361, 185).

 

-

[À propos du ciel] : ...en ce sommeil (...) Vi une dame de grant pris, Qui royne sembloit bien estre, Descendant du regne celestre (Mir. emp. Julien, 1351, 206).

B. -

"Exercice du pouvoir royal ; période pendant laquelle règne un souverain"

 

1.

"Exercice du pouvoir royal" : Dieus qui est rois et qui est sires Des rois, des regnes, des empires, Regne, magnificence et gloire, Richesse, puissance et victoire Donna a ton pere jadis. (MACH., C. ami, 1357, 29). Après ce roy Daires regna, Qui Daniel en son regne a Moult amé et moult tenu chier. (MACH., C. ami, 1357, 35). ...au temps du regne du roy Charle quint (BAYE, I, 1400-1410, 142). O roys de terre, qui seez en chaire tremblant, et commandés par auctorité decepvable sur peuple pervertible, retenés ceste leçon du roy dez cieulx, qui siet en trone pardurable, dont le royaulme ne se peult changier, ne l'auctorité contredire: vostre regne fault avec vostre vie, et le sien seigneurist sur la vie et sur la mort de tous et de toutes choses (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 41). Jupiter qui en celuy aage estoit roy de Crete, fut par telle follie aprés sa mort appellé dieu, a l'occasion de la magnificence et delicieuse vie dont il avoit usé en son regne. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114). Lequel deffunct roy, en son vivant, à cause d'aucuns personnaiges qui estoient à l'entour de sa personne, comme Olivier le Dyable dit le Dain, son barbier, Jehan de Doyac, et autres pluseurs, lesquelz il creoit plus que gens de son royaulme, fist durant son regne beaucoup de injustices, maulx et violences, et tellement qu'il avoit mis son peuple si au bas que, au jour de son trespas, estoit presque au desespoir, car les biens qu'il prenoit sur sondit peuple donnoit et distribuoit aux eglises, en grans pensions, en ambassades, et gens de bas estat et condicion (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 137). Et est assavoir que pour mon premier commencement, qui fut l'an mil quatre cens soixante et ung, ouquel an deceda ledit bon roy Charles à Mehun sur Yevre, lequel, durant son resgne, chassa et mist hors de son royaulme de France les Anglois, ses anciens ennemys, lesquelz, contre droit et raison, occupoient ledit royaulme de France, et reduisit à la coronne les duchez de Guienne et de Normandie, que tenoient lesdits Angloys (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 140). ...et se pevent peu ou nulz de sesditz serviteurs plaindre de son service. Plusieurs de sesditz serviteurs bastirent et edifierent soubz son regne de bonnes, belles et fortes maisons, places et chasteaulx, et acquirent plusieurs bons et grans heritaiges ; de quoy ilz et les leurs sont obligez, s'ilz ne demeurent ingratz, de prier Dieu pour son ame (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 400).

 

-

Tenir le/son regne. "Régner, gouverner" : Li rois Nabugodonosor Prist les vaissiaus et le tresor Dou temple de Jherusalem, Dont s'ame fu mise en mal an. Balthasar, ses fils, tint son regne Après li, qui fierement regne, Car il estoit poissans et riches, Tous autres ne prisoit deus miches. (MACH., C. ami, 1357, 25). Bellus, filz Assur, tint le royaume, dit Fricons, jaçoit ce que maistre Perre de Troye dit qu'il fut filz Nembroth. Touteffois il tint le resne après le deluge IIIIcXVII ans, et après Belus regna Nynus, qui par force tint le resne et puis espousa Semiramis, royne courageuse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 v°). Nabusgodonozor fut en ce temps appellé Main forte, pour ce qu'il fut incité de Dieu pour abaisser l'orgueil des Juifz en Babillonie, dont il tenoit le resne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°). Jossipus fut environ ce temps en moult hault bruit, pour les predicions qu'il faisoit par la science des estoilles et tant se exalta qu'il fut dispensateur du regne et vesquit très longtemps et parla hardiement contre Cleopatra (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°). ...prenostica la translacion du resne de France de ligne en autre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 128 v°).

 

-

[À propos de Dieu] : Car vivens est et pardurables, En siecles de siecles durables ; Son regne ja ne finera Et sa puissance adès sera. C'est des prisons li delivrerres, C'est des pecheurs li vrais sauverres impossibles (MACH., C. ami, 1357, 46). Apren a desprisier les choses exteriores et te donne aux interiores, et tu verras en toy venir le regne de Dieu. Car le regne de Dieu est paix et joye (Internele consol. P., 1447, 3).

 

2.

"Période pendant laquelle règne un souverain (comme repère chronologique)" : Donné en nostre present capitole le XIIe jour de septembre en l'an de la fondacion de Rome VIIcLII ans, et de nostre regne imperial l'an XLII. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 20). Cedit roy Charles second (...) fust enterré en l'esglise des Prescheurs a Napples, a tresgrant dueil et regret de tout son royaume, en l'an de Nostre Seigneur mil IIIc et IX, et le Ve jour de may, et ou XXVe an de son regne. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 175). ...depuis le premier homme Adam jusques à present, qui est le XVIe an de vostre resne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 9 v°). ...prenostica l'occision de cinq mille Romains à pié et trois cens à cheval d'une part, et de IXc et IIIIxx à l'autre, le VIIIe jour de novembre, l'an XIIe du regne de Neron. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°). ...et fist plusieurs autres prenosticacions, dont il fut moult estimé des princes, mesmement de Henri l'empereur en son XVIIIe an de son regne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°).

C. -

P. ext.

 

1.

"Autorité, pouvoir" : Quant il se vit en si haut point, Orgueil, qui ne scet faire a point, En son cuer se mist et bouta Et telement le debouta Qu'il perdi sa gloire et son regne, N'orgueil n'i tint regle ne regne. De tous hommes fu deboutez Pour l'orgueil ou il fu boutez, Et parmi champs, parmi boscages Fu mis o les bestes sauvages. (MACH., C. ami, 1357, 30). Et pour vray c'estoit lors piteuse chose de veoir le règne desdictes communes et comment ilz se conduisoient dedens Paris (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 346). SAINCT MARTIN. (...) Se sont statures fryvolles Faictes de plomb, cuyvre ou estain, Qui pouoir en leurs prothocolles Ont aultant c'un festu d'estrain. LA MERE. Leur regne n'est il pas certain ? Que dictes vous ? Ho, parlez bas ! Car leur pouoir est souverain A tous jamais. (LA VIGNE, S.M., 1496, 294).

 

-

[À propos d'un homme célèbre] "Durée d'activité, d'autorité" : Pour ce m'a convenu prandre ce que je en ay peu trouver et recuillir par mes livres seullement et quelque peu d'autres et n'entends pas aussi de observer ad unguem la date des temps du resne d'un chacun, pour la differance qui est entre les acteurs, mais suivray au plus près que je pourray la sente de verité, car aucuns hystorigraphes prenent le resne des hommes dès ce qu'ilz sont nez, autres ou millieu de leur aage, autres plus tart, et pour ce reciteray sommerement de ceulx dont il m'a peu plus apparoir par aucuns de leurs faiz, et feray expresse mencion des livres qu'ilz en ont composez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 10 r°).

 

-

Estre en regne. "Dominer, s'imposer" : Car robeurs et larons estoient partout en rengne et en saison, et marchandise du tout et par tout perdue. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 254). Et yceulx capitaines, qui par avant estoient à Orliens, et les princes et grans seigneurs qui nouvellement y estoient venus, tinrent grans consaulx tous ensamble l'un avec l'autre, pour avoir advis se ilz pousuivroient les Anglois. Esquelz consaulx estoit première appellée Jehenne la Pucelle, qui pour ce temps estoit en grand règne. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 324).

 

2.

"Destin qui s'impose à qqn"

 

Rem. Baud. Sebourc B., c.1350, XXI, 637 (T-L VIII, 625).

D. -

P. anal. ASTR. Regne et maison. (Synon. de maison) : [De Mercure ]Illec a il en sa maison [du signe de la Vierge] Son regne et sa droicte maison, Sa haulteur, sa prosperité Et sa droicte triplicité Par tout le signe ; et si est ferme (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 389).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     ROGNE1          ROGNE2          ROGNE3     
*FEW X regnum
ROGNE, subst. fém.
[*FEW X, 215b : regnum]

"(?)" : Ce bel manteau qui est de rogne, Et puis te bailleray couronne D'espine guerpe, dure et bonne. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 52).

Rem. "Étoffe de mauvaise qualité, qui gratte ?" (éd.). V. rogne1. Il faudrait plutôt comprendre rogne comme une forme de regne "royauté" : manteau de regne "manteau royal" ; lors de sa Passion, Jésus-Christ fut revêtu par dérision d'un manteau de pourpre parce qu'il se disait roi. Forme roigne pour reine : HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 89 ; CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 280...
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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