C.N.R.S.
 
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     AGRÉABLE     
FEW IV gratus
AGREABLE, adj.
[T-L : agreable ; GD : agreable ; GDC : agreable ; DEAF, G1295 agreable ; AND : agreable ; FEW IV, 251b : gratus ; TLF : II, 197b : agréable]

A. -

[D'une pers. ou d'une divinité]

 

1.

"Qui a le pouvoir de satisfaire à une demande" : Pour ce requerre Voulsisse aux dames d'Angleterre Que (...) Pour moy de lui [mon amant, prisonnier en Angleterre] vueillent enquerre Et demander Et son estat recommander, Car aucune puet commander A tel le puet bien amender. Par [l. Car ? Pas ?] vray, semblable [l. vraysemblable ?] N'est que noblesce si notable N'ait mainte pensee honnourable En dame crainte et aggrëable (CHART., L. Dames, 1416, 252).

 

-

Agreable de + inf. indiquant la nature de ce pouvoir : Tant y pensai qu'il me souvint Qu'il y avoit ja des nuis vint Que par usage a mon couchier Morpheüs aloie priier, De dormir le dieu agreable Et des songes le raisonnable, Que (...) Endormir me fesist ou point Ou s'endorment li travilliet D'amours et li dur consilliet. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 81).

 

2.

"Qui plaît"

 

a)

"Dont le physique plaît" : Dont d'auchuns forsenéz par charnalité comme sans frain de raison est dit en Naüm le prophete ou .IIIe. chapitre : "Ilz cherront en corps pour la multitude des fornications de la fole fenme belle et agreable". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 292). [Galathee] Belle, qui plus fais a amer, Plus aggreable et plus plaisans Que solaus en yver luisans (MACH., Voir, 1364, 6926).

 

b)

Agreable à qqn. "Qui plaît à qqn ; dont le comportement, les actions plaisent à qqn, lui sont favorables" : Et sachiés que le dit Romulus estoit mout agreables a la multitude du peuple et souvereynement aus chevaliers, trop plus que il n'estoit auz peres, c'est a dire aus senatours ou aus gentis homes. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 15.8, 25). Et prendoit partout [Charles de Blois] la sasine et posession, et i ordonnoit et establissoit honmes favourables et agreables a lui (FROISS., Chron. D., p.1400, 474). ...Donnorix d'Autun, frere de Divitiacus, lequel en ce temps avoit la principaulté et signourie en la cité d'Autun et estoit tres aggreable au peuple (GAGUIN, Comment. César, 1485. In : Chrestom. R., 251). ...[monsieur du Lude] estoit fort aggreable au roy en aucunes choses (...) ; il avoit esté nourry avec le roy en sa jeunesse, il luy sçavoit fort complaire et estoit homme très plaisant (COMM., II, 1489-1491, 174).

 

-

En partic. [D'une pers. ou d'un de ses attributs] Agreable à Dieu. "Qui trouve grâce aux yeux de Dieu" : [L'auteur au roi de Navarre, prisonnier du roi de France] Or puest estre qu'en ta jouvente Tu as mis ton cuer et t'entente En vices et en vanitez, (...) Se tu estoies pardurables Par ton merite et aggreables A li [Dieu] plus qu'onques sains ne fu, N'iès tu que chose de refu (MACH., C. ami, 1357, 72). ...toute creature qui craint Dieu et fait justice est a luy agreable. (JUV. URS., T. rever., 1433, 63). Ainsi ne peult estre que tel ame ne soit a Dieu agreable et en sa grace, qui l'a de sa bonté, amour et volunté, en telle bonté, amour et volunté par bonté, amour et divin vouloir purement muee (Disc. amour divine, 1470, 218). Priant a Dieu qu'il daigne faire ceste oblacion benoicte, ascripte, ferme, raisonnable et aggreable, c'est a dire que par icelle nous soyons benoictz par grace (...), raisonnables sans sens de bestialité et par laquelle nous soyons aggreables a Dieu (MONTFIQUET, S. Sacr., c.1481-1501, 1).

 

c)

Avoir qqn (pour) agreable. "Agréer qqn, l'accueillir favorablement ; se montrer favorable à l'égard de qqn ; l'aimer"

 

-

Avoir qqn agreable : Maiz une chose quier et vueil (...) : C'est que celle que je prendray [pour femme] (...), Vous et chascun de vous avra Agreable, et celle honnourrez, Aimerez et obeïrez Sans ce qu'aprez aucunement En doiez estre mal content N'aucunement en murmurer. (Gris., 1395, 17). Il [Jésus] vous ara bien agreable, Car tous ceulx c'ont afflictïon, De leurs pechiers contrictïon, Il ne les veul point reffusser. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 137). Quans ["combien de"] rois ou empereurs a-t-on vu cheoir et estre vaincus en protection du bien public (...), en la défence de Sainte Église, là où Dieu toutesvoies par juste et divine équité doit avoir agréables ses serviteurs, ses champions (...) ! (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 24). Et, pour ce que j'ay esté adverty que entre vous de ce payz avez bien agreable le Jouvencel, et aussi pour le bon rapport que j'ay eu par vous tous de luy, il a semblé à tous ces seigneurs, cappitaines et chiefz de guerre, qui yci sont, que le Jouvencel, qui est yci present, y peult bien servir le Roy et moy. (BUEIL, II, 1461-1466, 5). Et quant madame Michielle de France, sa femme et seur du daulphin, sceult ces nouvelles [l'assassinat de Jean sans Peur, son beau-père par le dauphin], elle fut moult troublée et en grant annoy, doubtans, entre les aultres choses, que son seigneur et mary ne l'euist, par ce, moins agréable et qu'elle n'en fust eslongie de son amour. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 380). ...vostre ambassadeur pour vos affaires, nous a dit que lui avez escript qu'il nous demandast congié de s'en retourner par deça, dont avons esté fort esmerveillez, et ne savons que pensser qu'il vous meut à ce faire, sinon que on vous ait rapporté que ne l'aions pas agreable ; mais, afin de vous en mettre hors de doubte, nous vous advertissons et faisons savoir que l'avons trés agreable et que n'avons veu en lui chose qu'il ne soit honneste, de quoy doions estre mal contens de lui (Lettres Louis XI, V., t.9, 1482, 149).

 

-

Avoir qqn pour agreable : ...toutes gens quy en Dieu croient et le redoubtent et oeuvrent de justice, Dieu les accepte et les a pour agreables. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 190). ...l'emprise que nous vous voyons porter en vostre bras dextre (...) vous meut de grand courage, par quoy tous princes sont tenus de vous avoir pour agréable et de vous faire tel honneur comme à vous appartient. (Faits Lalaing K., c.1470, 107). ...moy povre, simple et jeune fillette, me rens à toy [le roi] les mains jointes et genoulx flexis, en toy recommandant mon pere, messire Jehan du Soulier, ensemble ma bonne mere et toute leur maison dedens (...) affin qu'il te plaise l'avoir pour agreable en ton bon service. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 299).

 

d)

Recevoir qqn à agreable. "Bien recevoir qqn" : Et lors lesdits ambassadeurs venus devant lui, lui firent la révérence et les recommandations de leur roy, le roy Lancelot, lesquels le roy [de France] reçut à moult agréables et les bienviegna très-humainement. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 371).

 

Rem. Heilemann, Gloss., 101 interprète ce passage : «recevoir à agréable qch.», qch. représentant ici les recommandations et il transforme lesquels en lesquelles.

 

3.

Mal agreable. "Déplaisant" : ...en son parler il est mal aggreable, et ses responces sont dures et mauvaises (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 102). ...tel cuide avoir bonnes nouvelles qui les a sures et mal agreables (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 105).

 

-

Mal agreable à qqn. "Qui déplaît à qqn ; dont le comportement, les actions déplaisent à qqn" : Salezar (...) estoit fort mal aggreable aux Flamengz qui le reputoyent fracteur de paix (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 592).

 

-

Mal agreable en qqc. "Qui n'agrée pas qqc. ; qui se montre ingrat devant qqc." : L'emperiere especiaulment, Qui devant l'amoit leaulment, Fut corrocié de cest affaire. Le peuple fist entour li traire, Et puis li commença a dire (...) : "A !, Johan le Damascïen, Faulx et desloial Syrïen (...), Mal aggreable es benefices Que tu as de moi receü..." (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 20).

B. -

[D'un attribut phys. de la pers., d'un végétal, d'une chose concr. ...]

 

1.

"Favorable"

 

-

Vent agreable. "Vent favorable" : Dont nous supplierent ces mescreans que nous feisissions nos orisons a nostre Dieu pour transquilleté et vent agreable. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 20).

 

2.

"Qui plaît à l'un ou l'autre sens ou à certaines inclinations humaines (goût esthétique en particulier)" : Si m'en alai parmi le brueil Qui estoit si biaus qu'onques mais Ne vi, ne ne verrai jamais Si bel, si gent, si aggreable, Si plaisant, ne si delitable (MACH., R. Fort., c.1341, 30). De la stabilité ou constanche en perseverant dist Sydoine : "Ne delaisse jamais tes anchiens compaignons pour auchuns nouveaux venus. Aultrement il sambleroit que vouldroies user de tes amis comme on fait de fleurs quant elles sont nouvelles et aggreables". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 268). Si a une porte Ou milieu comme la premiere, Mais a passer est plus legiere. Bel est assez et agreable Le portail, mais pou est durable. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 90). Qui peut avoir lieu et espace, Tant que par celle porte passe, Trop y treuve lieu delitable. Il n'est chose tant agreable (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 107). Neantmoins les diz amoureux ne estoient point pour ce sy fort privez ne fourcloz du (du) doulx et agreable regard ne des gracieuses devises de l'un a l'autre qu'ilz ne parlassent et devisassent enssemble, quant ilz povoient avoir lieu, heure et espace, tant en l'abscence du pere comme aultrement. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 4).

 

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Agreable à + subst. désignant un sens : Agreable au tast (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 225).

C. -

[D'une chose abstr., en partic. d'une situation, d'une activité, d'une oeuvre hum., d'un aspect du comportement, d'une qualité]

 

1.

"Qui convient" : Je te salue, Marie etc. Moult bel salut icy a, et moult agreable beneisson, quer par iceluy salut, par tel Ave, fut destruicte la maudisson de l'umain lignage, qui vint par Eve (GERS., Annonc., a.1400, 228). Laquele [la boce] peut estre évitée Maintes foiz et deshéritée Par saignier en temps convenable, Ou purgier en forme agréable Et par autre mainte manière, Comment le procez le desclère Par ordre droit et par chapitres, Comment il appert par les titres. (LA HAYE, P. peste, 1426, 73).

 

-

Agreable à qqn : Fault lors purgier et netoier, Qui ne veult en l'art forvoier, Par les médicines déues Et à cela faire esléues, Quoy fault lessier au jugement De ouvrans particulièrement Et vive raison si le donne, Car il n'est si sage personne Qui scéust proportionner, Composer, faire ne donner, Une médicine agréable à tout homme et proffitable. (LA HAYE, P. peste, 1426, 117).

 

2.

"Qui va dans le sens des souhaits de qqn ; favorable" : Ce duc d'Irlande, quant il vey qu'il avoit l'accord agreable du roy (...), si s'avancha de dire au roy et dist : "Monseigneur..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 51). Plus il est monstree [dans la soumission du Fils à la volonté du Père] obeissance contraintte a la mort que agreable voullenté a soustenir la mort. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 175).

 

-

Loc. adv.

 

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De coeur agreable. "De son plein gré" : MESSIRE LANCELOT DE LISLE [officier anglais]. Quant au regard de vostre emprise [assiéger Orléans], Elle est licite et raisonnable Que vous la devez sans faintise L'acomplir de cueur agreable, Ne vous n'avez riens plus notable. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 99).

 

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De grace agreable. "Gratuitement, spontanément" : [Hugues de Saint-Victor à son âme] Et car de grace agreable il [Dieu] t'a bien amez, pourtant t'a il fait tel affin que par tes merites plus il te amoit. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 274).

 

.

De la volonté agreable de qqn. "De son plein gré" : ...pense tu que icelle impuissance [d'un servant] de non pouoir acomplir le commandement [de son maistre], par ce que de sa voullenté aggreable il se jette en celle fosse, soit a lui bonne excusacion de non acomplir le commandement de son maistre ? (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 202).

 

3.

"Qui plaît" : Car douce en est la blesseüre Et aggreable la pointure. (MACH., R. Fort., c.1341, 104). Aussi sotieté ou compaignie est naturelment joieuse et aggreable, selonc le dit de Seneque : "La possession de quelque bien n'est joieuse sans compaignon". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 256). Et dirai toute m'aventure, Qui ne fu villaine ne sure, Ains fu courtoise et agreable (MACH., Voir, 1364, 39). Vous dites verité, Jehan, respondi li rois (...). Vous m'avés fait service moult agreable (FROISS., Chron. D., p.1400, 790). Je respons que il appartenoit a nostre Dame avoir ceste beauté corporele car Dieu principalment forma le corps, et Dei perfecta sunt opera, et si devoit porter le plus bel des hommes (...) ; et si en estoit sa vertus plus aggreable, comme dit Virgile : Gracior e[s]t pulcro veniens de corpore virtus. (GERS., Concept., 1401, 423). Après son dormir estoit un espace avec ses plus privez en esbatement de choses agreables, visitant joyaulx ou autres richeces (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 46). Plaisance honnorable Est vie agrëable (CHART., L. Plais., c.1412, 153). ...les haulx et puissans hommes (...) ont le plus de souffrete et de despit de ouir dire verité (...). Toutes voies a verité celle proprieté singuliere que, quant plus est foulee, tant plus se ressourt, et sont les commencements poignans a soustenir et durs, mais son yssue est aggreable et fructueuse (CHART., Q. inv., 1422, 43). L'agréable nouvelle de cette victoire de Formigny, cy-dessus déclarée, et ceste gracieuse journée, fut aussi tost respandue par tout le royaume de France. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 200). [L'auteur à son frère nommé chancelier :] ...je croy que aurez des hayneurs (...) pour ce que (...) vous ne leur ferez pas responces aggreables (JUV. URS., Nescio, 1445, 472). O mon bon espoux, tu m'as donné le sens soubstil, l'entendement legier, grant memoire, langue diserte, parolle tres agreable, doctrine suadible (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 286). [Un bourreau à un autre :] Ton service n'est pas agreable ; Je voy bien qu'il [le Christ en croix] ne boeré ["boira"] ja. (Pass. Auv., 1477, 222).

 

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Faire de(s) bons et agreables services à qqn : [Charles V] "considerans les bons et agreables services que nous a faiz par lonc temps (...) et fait encores continuelment nostre amé eschançon Huguenin du Bois..." [Il lui donne 600 francs d'or] (Mand. Ch. V, D., 1364-1380, 555). Cy commencent les noms de ceulx que lesdiz roys et roynes ont fais seigneurs a cause des bons et agreables services que ilz leur ont faiz (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 200). ...lequel fist de bons, grans et aggreables services au roy et à la couronne (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 198). Et ce en recongnoissance des bons et agreables services qu'il avoit faictz au roy Charles VIIe et à luy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 387).

 

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En partic. "Qui peut être agréé" : ...oudit Conseil fust faicte lecture du seurplus des advis fais et ordonnez par les commissaires de la police, lesquelz advis furent agreables, ratiffiez et approuvez oudit Conseil (FAUQ., I, 1417-1420, 242).

 

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Agreable à qqn. "Qui plaît à qqn ; qui est reçu favorablement par qqn ; conforme au désir, à l'attente de qqn" : Celle sentence fu agreable a touz, si que, comme au bien matin li ennemi feussent espandu parmi les champs et li Romain (...) feussent issu a la bataille (...), il s'en alerent le grant pas droit es tentez des ennemis. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 45.14, 85). Si fu celle besoigne tant agreable au commun que il acquist le seurnom de tres grant et en fu apelez Fabius Maximus (BERS., I, 9, c.1354-1359, 46.15, 88). ...il ot response honnourable, Qui li fu bele et aggreable. (MACH., P. Alex., p.1369, 42). Quant Bremons oy la nouvelle, Moult li fu agreable et belle (MACH., P. Alex., p.1369, 112). Moins aggrëable M'est sa mort, combien que honnourable Soit, car present plus delectable Me fust sa vie et prouffitable. (CHART., L. Dames, 1416, 227). ...ses yeulx (...) crient en l'oreille Du cueur qui dort (...), Disans qu'ilz ont souvent hanté ses cours [d'Amour], Ou ilz ont veu plaisance nompareille. Je sçay par cueur ce mestier bien a plain, Et m'a longtemps esté si agreable Qu'il me sembloit qu'il n'estoit bien mondain Fors en Amours, ne riens si honnorable. (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 103). ...s'il vous plaist, vous escouterez debonnairement et sans prendre ennuy ou desplaisance à ce que je vous diray. Car c'est tout sur le fait de la guerre et matière d'armes. Mais, se je pensoye qu'il ennuyast à aucun de vous, je ne vouldroye pas occupper le temps en parolles, especiallement se elles ne vous estoient agreables et aussi prouffitables. Car vous sçavés que cellui pert son temps qui parle et n'est ouy ne entendu. (BUEIL, I, 1461-1466, 119). ...la Parolle de Dieu (...) nous tesmoigne que tout royaulme divisé en soy meismes sera desolé (...). Moult vault doncques ce livre qui moustre joindre et unir les seigneuries par amour et obeissance, par quoy il doit estre moult agreable tant aux seigneurs comme aux subgietz (VASQUE DE LUCÈNE, Cyropédie G.-G., 1470, 186).

 

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Agreable à Dieu. "Qui trouve grâce aux yeux de Dieu" : Or garde donc par quel maniere Ta clarté n'estaingne ne faille, Et que par mariage saille De toy lumiere pardurable, Belle au monde, a Dieu agreable (DESCH., M.M., c.1385-1403, 17). ...obeissance du cueur est plus agreable a Dieu que sacrifices de bestes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 173). ...c'est une chose qui n'est pas aggreable a Dieu et au monde que exultacion en prosperité (JUV. URS., Verba, 1452, 216).

 

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Il est agreable à qqn de + inf. "Il plaît à qqn de" : Mon seigneur, si vous est agreable D'aler disner, nous vous suivrons. (Pass. Auv., 1477, 90).

 

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Avoir qqc. (pour) agreable. "Trouver qqc. bon, valable, plaisant ; agréer, approuver qqc."

 

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Avoir qqc. agreable : A ces paroles respondi li samniciens empereres : "Ne je, dist il, ne reçoy ceste dedicion ne li Samnicien ne l'auront agreable !" (BERS., I, 9, c.1354-1359, 11.1, 19). Si qu'einsi m'escusai sans fable Et elle l'ot si agreable Qu'onques puis nul mot ne m'en dist En fait, en penser ou en dit Par quoy en rien je perceüsse Qu'en sa bonne grace ne fusse (MACH., Voir, 1364, 2465). PANTHALEON [à ses bourreaux]. Amis, par ceste mort delivre Seray de la mort pardurable ; Pour ce l'ay je bien agreable, Et bien me plaist. (Mir. st Panth., 1364, 367). Dezquelles choses il appiert clerement que il [le prince de Galles] soubstenet lez dittes Conpaignes [anglaises], et avoit leur fais [exactions commises au royaume de France] agreables, laquelle chose appiert aussi (...) par plusieurs lettres, lezquellez furent envoïés par le dit Prince aux dittes Conpaignes, ezquellez il lez confortoit et lez avouet, conme lieutenant de son pere. (Songe verg. S., t.1, 1378, 282). ...le Roy et noz diz seigneurs (...) ont bien agréable ce qui en a esté traictié (Ch. VI, D., t.1, 1388, 95). Les recteur et deputés de l'Université de Paris vindrent en la Chambre de Parlement pour faire certaines requestes. (...) et disoient oultre qu'ilz n'avoient mie aggreables les cedules ou minutes des lettres confirmatoires advisées par aucuns du Conseil du Roy (FAUQ., I, 1417-1420, 305). Le comte du Maine différa par aucun temps à venir devers le roy, et n'avoit pas ledit comte, qui oncle estoit du roy et sage prince, beaucoup agréable les manières du faire de son neveu, car lui sembloient estranges et mal prouffitables, tant à luy qu'à autruy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 173). ...et avoye l'occasion de continuer l'office de bon mediateur, car ainsi l'avoie conclud au partir de Venise et aussi le roy l'avoit bien agreable (COMM., III, 1495-1498, 229). Et, combien que nostredit cousin ait fait et executé sadicte charge au mieulx que possible luy a esté, et se soit en icelle bien et deuement gouverné, toutesvoiez, pour ce que par sondit povoir luy avons promis confermer et avoir agreable ce qu'il feroit au moyen et par vertu d'icelluy, il nous a humblement supplié et requis que, pour seureté ou temps advenir desdittes choses par luy sur ce faittez, nostre plaisir soit les confermer et avoir agreables, et sur ce luy octroyer lettres à ce necessaires. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 254).

 

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Avoir qqc. pour agreable : Par foy, sire, on doit bien avoir Ce conseil cy pour agreable (Mir. pape, 1346, 374). ...de ce faire le roy fut fort joyeulx, et eut ladicte paix et union pour bien agreable. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 123).

 

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Verbe + qqc. (à) agreable

 

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Prendre qqc. à agreable. "Considérer qqc. comme plaisant" : Or retournons a la matere dont je parloie presentement dou jone conte Lois de Flandres, que ses gens tenoient en prison courtoise. Nonobstant ce, il ne prendoit point la prison a agreable, mais a grant desplaisance (FROISS., Chron. D., p.1400, 800).

 

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Tenir qqc. (à) agreable. "Considérer qqc. comme bon, valable ; apprécier, approuver qqc." : ...li rois li dist : "(...) pour vostre service que nous tenons a grant et a agreable, nous vous retenons pour nostre corps et de nostre cambre..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 791). Promettans en parolle de roy (...) avoir et tenir ferme et agreable tout ce que par nostredit cousin le conte de Dampmartin sera faict, passé, transigé, pacifié, convenu, composé et accordé (...) et en baillier noz lettres patentes de ratiffication (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 245).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Martine Moulin

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