C.N.R.S.
 
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     ACCOINTER     
FEW XXIV accognitus
ACCOINTER, verbe
[T-L : acointier ; GD : acointier ; GDC : acointier ; AND : acuinter ; DÉCT : acointier ; FEW XXIV, 77a : accognitus ; TLF : I, 377a : accointer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Accointer qqn

 

1.

[Dans une relation de simple rencontre ou bien une relation familière, amicale ou amoureuse]

 

a)

[Rencontre, relation familière, amicale] "Faire la connaissance de qqn, entrer en relation avec lui" : Cilz qu'est povre n'a point d'amis. Tout est li riche avant mis, Chascum l'alignaige et acointe. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 169). Tarquins, demenés de forceneries feminines, se prist a avironer et a acointier les peres, et especialment les peres de meneurz gens, et lez amonester car il fussent recors du benefice paternal et que il leur en demandoit a present recompensation. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 47.7, 79). Si se pensa qu'il partiroit De son païs et qu'il iroit En France, pour honneur acquerre. Car aussi y avoit il guerre ; Et pour acointier les signeurs, Les grans, les moiens, les meneurs, Les chevaliers, les escuiers, Les bourgois et les saudiers, Et pluseurs autres qui armer Se vorroient outre la mer. (MACH., P. Alex., p.1369, 16). On li dit [à l'empereur], et c'estoit raison, Que uns roys qui moult se doit amer Venoit à li d'outre la mer, Pour li veoir et acointier (MACH., P. Alex., p.1369, 33). Il les vouldra acointer et hanter (CHART., D. Fort., 1412-1413, 168). En ton hostel jamais n'acointes Gens d'esglise de quelque sorte : Decepcions s'i trouvent maintes ! (GARIN, Compl., 1460, 90).

 

-

En partic.

 

.

[D'un personnage allég.] : Desja je me sens alegé, Car acointié m'a Esperance (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 241).

 

.

[D'un animal] : Item, l'en dit que la personne, les chiens et le cheval qu'il [l'épervier] a acointié et acoustumé a veoir ne lui doivent point estre changiez (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 155).

 

.

[Le compl. d'obj. désigne un animal] "Dresser, apprivoiser" : Le proverbe le nous dit bien, Qui dit que on ne doit avoir chier Nullement amour d'esprevier, Car on la pert trop de legier, Et si est fort a acointier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 302).

 

-

Au passif. Estre accointé de qqn/à qqn : ...bien me le dist car je fuy moult privé et accointié de luy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159). Alain, dist ly rois, je me donne merveille de ce chevalier estrangier a qui vous estes si acointtés, qu'il quiert en ce pays. Sire, dist Alain, je suiz plus esmerveilliez des paroles que il m'a dictes, cent foiz que vous n'estes de sa venue. (ARRAS, c.1392-1393, 55). ...j'ay veu tant d'onneur, de bien et de prouesse en eulx que je desire moult a estre acointé d'eulx (ARRAS, c.1392-1393, 164). Aulcuns des Turcz de qui j'estoye jà acointé sceurent que j'estoye logié à l'ostel d'un Franc (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 79). Comment pourroit il avoir si tost choisie dame ? Car ceulz qui ja en ont esté acointés [d'Amour], doubtans le reffus, y font de pensemens assez. (LA SALE, J.S., 1456, 14). Ce mareschal-cy estoit fort accointé et privé du dauphin (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 398).

 

Rem. Dans plusieurs de ces ex., il convient peut-être de lire accointe, et non accointé.

 

-

Mal accointer qqn. "Avoir fait la connaissance de qqn à ses dépens, pour son malheur" : Helas ! se dist Tristan, con suis maleürés ! Puis qu'i me fault mourir et estre a mort livrés. Mal acointay cestui, il est trop desguisés ; Adés se veult combatre, je croy qu'il est dervés (Tristan Nant. S., c.1350, 268). Et cilz chevauchierent tant qu'ilz encontrerent Remondin et sa route. Mais quant ilz les virent armez et chevauchier en ordonnance, si furent tous esbahiz. Mais en celle premiere route ne estoient que les varlès et environ cent hommes d'armes. Si les escrierent : A la mort ! Mal accointastes oncques cellui qui nous a fait la honte et le dommage de Josselin, nostre cousin. Quant cilz l'entendirent, si se mettent a part, et font sonner la trompette. Et cilz leur courent sus, et firent grant dommage des gens Remondin, aincois que Remondin y peust venir (ARRAS, c.1392-1393, 72). Avant, seigneurs bacheliers, veez la Gieffroy qui se combat tous seulz a la gent Mahommet. Qui ore ne lui aidera, honny soit il de Dieu ! Et ceulx lui respondent : Mal ont Sarrasins acointié sa venue. Lors brochent les chevaulx tous ensemble et viennent a la bataille. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

-

Accointer qqn à/de qqn. "Faire connaître qqn à qqn, mettre qqn en relations avec une (d')autre(s) personne(s)" : Et vous di que monseigneur Vaine Gloire et madame Couvoitise les ont [les prélats] si acointés des rois et des grans prinches que eulz y hantent plus souvent qu'i ne font en leur benefices quathedraus. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 34). Se vous prie qu'au roy m'acointiez justement, Tant que je puisse avoir le saint baptisement (Cip. Vignevaux W., p.1400, 191). Autre juge leur acointay (CHART., L. Dames, 1416, 299). Adont se leva la royne et se mist a chemin devers sa chambre, et Cuer d'Acier le sieuvoit larmoiant de paour et de hideur en pryant au Souverain Dieu qu'a son honneur lui voulsist acointier de celle dame. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 362).

 

-

Part. passé en empl. subst. "Ami intime" : Item, et pour ce que le dit testateur a longuement esté en l'office de contrerolle de l'audience du roy nostre sire, ouquel il peut moins deuement avoir gardé le droit de l'emolument de la dicte audience, tant en donnant lettres en faveur des personnes à officiers du roy et autres de ses parens, amis et acoinctés, comme autrement, en quelque maniere que il pourroit estre chargié en conscience, icellui testateur voult et ordonna que... (Test. Parlem. Paris T., 1404, 367). Sy parlèrent à luy à part aucuns d'eux, qui estoient ses accointés (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 74). ...le seigneur de Roubais, lequel on disoit son privé accointé (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 342).

 

Rem. Peut-être convient-il ici de lire, comme plus haut, accointe(s) et non accointé(s).

 

b)

[Relation amoureuse] "Nouer une relation amoureuse avec qqn" : Si saichiez pour certain qu'a femme vous arai, Car plux belle de vous oncque maix n'acointait. Si me vient a plaisir que vous espozerait Demain au maitinet lors que lou jour vanrait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 84). Ne plaise Dieu que m'apareille Ne consente vous acointier Pour telles choses convoitier ! Sire, trop seroit grant damage Que je brise mon mariage. (Mir. Theod., 1357, 71). Le laist pour un autre accointier (MACH., Voir, 1364, 316). S'en vueil une autre acointier Qui joie pleniere M'otriera de ligier Et à bonne chiere, Sans fin, sans amour legiere, Sans amenuisier (MACH., Lays, 1377, 406). Douce dame, je vous requier merci Que vous m'amés sans nul autre acointier (MACH., L. dames, 1377, 142). Celle pucelle (...) ne daigna homme accointier, Ains fu vierge toute sa vie (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 19). Herculés (...) Au chief d'un temps, la damoiselle Dÿanire accointa moult belle (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 22). Si fist tant [Nabtanabus], par sa grant cautelle, Qu'Olimpïas, la sage et belle Femme au roy Phelipe, s'applique Accointer moult soubtilment (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 30). ...non sans cause maudiz je l'heure qu'oncques vous accointay, car je sçay certainement que c'est ma mort (C.N.N., c.1456-1467, 235). Et disoit le dit demandeur que, du temps qu'ilz acointerent l'un l'autre, il firent ensemble plusieurs promesses et aliances d'amours (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 16). ...le dict galant n'estoit aucunement de la parenté ou affinité d'elle, et neantmoins il se ingeroit tous les jours de l'acointer et parler a elle. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 76). Fille de roy suis et noble, combien Qu'a toy me rens, voire vestue et nue. Homme ne sçay vivant dessoubz la nue Que plus dehaict je voulsisse acointer (LA VIGNE, S.M., 1496, 481).

 

-

Accointer charnellement à une femme : ...la dame estoit (...) si tres jonne que onques carnelement messire Edouart n'accointa à luy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 153). Et le dansel fut jeunes, Nature le surprent Tant qu'il fut a la dame acointé charnelment. Car le tizon brulé, ce dit on bien souvent, Qui le ruë au feu plus de legier se prent. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 401).

 

-

Au passif

 

.

Estre accointé de qqn : ...son mary estant moult malade au lit, fu venu veoir et visiter par un sien ami menestrel, du nom duquel elle ne se recorde, et, après ce qu'ilz orent longuement parlé ensemble, dist icellui menestrel à sondit mary qu'il se avisast et gardast bien de quele femme il estoit accointé, et qu'il estoit ensorcelé et tenu de femmes. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 317). ...un marchant d'Othun, drapier, qui avoit une moult belle femme, de laquelle (...) ledit messire Guillame estoit accointé par amoureuse privauté (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 456).

 

Rem. Peut-être faut-il lire accointe et non accointé.

 

.

[P. méton. du suj.] : Sot euil, raporteur de nouvelles, Ou vas tu (...) En la compaignie dez belles ? Tu es trop tost acointé d'elles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 318).

 

Rem. G. Roques, Z. rom. Philol. 103, 1987, 418 propose de lire accointe "familier, intime".

 

-

En partic. [D'animaux] "S'accoupler avec" : Chiens se doyvent en tous lieux porchacier, La levriere bien garder se devoit ; Mais s'elle volt nouviaux chiens acointier, Et que du sien pas ne li suffisoit Pour la rage du gest où elle estoit, On li deüst le cul avoir bruï (MACH., App., 1377, 649).

 

-

Inf. subst. "Compagnie, fréquentation" : Or vient le neul d'amoureuse rachine Et le lyën qui plus mon ceur a pris ; Soit en acqueul, en parler ou en signe, Son acquointier la monstre et determine D'avoir louenge en honneur et en pris. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 8).

 

2.

[Dans une relation hostile] "Rencontrer [un ennemi au combat], attaquer, combattre"

 

-

Empl. abs. : Là comenchat estours qui fut dur et poisans : Al esquermie sont durement acoitans [l. acointans]. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 620).

 

-

Inf. subst. "Rencontre (de deux adversaires au cours d'un duel)" : ...on ne savoit jugier Lequel ot le meilleur jusques a l'acointier. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 46).

B. -

Accointer qqc. "Avoir connaissance de qqc."

 

1.

"Examiner, approfondir" : .III. questions Furent par grans digestions Ventilees et bien traictees, Longuement par ceulx accointees, Qui philosophes erent sages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 106).

 

2.

"Fréquenter, pratiquer" : Cellui chemin de la moitié Est moins que nul autre acointié (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 115).

 

3.

"Avoir une bonne connaissance de, être familiarisé avec" : Virgille, qui apres moy vint, Long temps de mes vers lui souvint, Car bien les avoit acointiez (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 27).

 

4.

"Connaître, éprouver" : Bien sçay par mon message Que Gaudïon le gloux est plain de grant oultrage Et qu'il est desirans de fere mon dommage, Mais se le puis tenir a planche n'a passage, Ains ses corps n'acointa sy fier felon dommage. (Tristan Nant. S., c.1350, 143).

C. -

Accointer qqn de qqc., accointer qqc. à qqn. "Faire connaître qqc. à qqn"

 

1.

Accointer qqn de qqc. "Informer qqn de qqc., faire savoir qqc. à qqn" : Dont vait li damoisialz le sien perre baisier, Et li dit : "Gentilz sire, dite moy san targier, Comment estez vous, mez perre ? Vuelliez m'en acointier !" (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 816). Et bien croy certainement qu'il ne fust nulz homs, tant fust seürs, se de telle merveille ne fust acointés, qu'il n'en eüst eü grant hide et grant esmay du veïr et de l'oÿr (Bérinus, I, c.1350-1370, 113). Je vous vien pour bien acointier D'une chose dont grant mestier Avez, sanz doubte. (Mir. Oton, c.1370, 352). Mais vos cuers d'un refus m'acointe Pour dur acointe, Ma dame cointe, Qu'Amours pour ma mort li enjoint (MACH., Lays, 1377, 290). Ilz respondirent que l'affaire De l'ost furent venus gaiter, Pour leur seigneur en accointer Le roy Pirrus. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 203). De toutes telles choses les bonnes femmes doivent accointer leurs mariz que ilz s'en gardent (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 220). GRIFON. (...) Ycy frappe du marteau sur le clou. Veez cy le plus rebelle clou Dont onques mes fus acointé. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 399).

 

-

Faire qqn accointé de qqc. : Quant Alain ouy ces paroles, si fu moult esbahiz, et print a regarder Remondin moult asprement. Et quant il l'ot bien regardé, si lui a dit : Comment se pourroit ce faire ? Vous n'avez pas bien l'aage de XXX. ans, et vous me feriez acoincté de la verité de cest fait que nulz ne scot oncques en cest pays (ARRAS, c.1392-1393, 53).

 

2.

Accointer qqc. à qqn. "Informer qqn de qqc., faire savoir qqc. à qqn" : Dire li vueil et acointier Ce que j'en scé. (Mir. ste Bauth., c.1376, 126). Amis, dist la dame, c'est raison, puis que vous fiez du tout en moy, que je vous accoincte la verité. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Et entretant manderent ly enfant les deux chevaliers qui leur eurent accoinctié le voyage, et leur dirent que ilz s'appareillassent de mouvoir bien brief comme ilz leur avoient promis. Et ilz dirent : Seigneurs, nous sommes tous prests, et avons acointié ce fait a pluseurs gentilz hommes qui s'appareillent de venir en vostre compaignie, et sont tuit desirant de vous servir. (ARRAS, c.1392-1393, 84). Al evesque Agilfris fut li fais acointiet (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 662).

 

-

Accointer à qqn que + complét. "Informer qqn que, faire savoir à qqn que" : Et en l'arriere garde furent les deux chevaliers poictevins qui menerent Uriien et Guyon en Chippre et qui premiers leur accointtierent que le soudant de Damas avoit assegié le roy de Chippre. (ARRAS, c.1392-1393, 155). Ons acointoit al roy qu'il le voloit murdrir (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 605). Puis me requistes de sangier, Ce que faisoie de legier, De noz deux fais l'advenement. Mais sy bien ne le sceuz drecier Que je vous peüsse acointier Que je fusse la en present. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 361).

 

.

En partic. [D'une chose] "Apprendre, enseigner à qqn à" : Et son noble atour bel et gent, Qui est, au dit de toute gent, Simple, faitis, apert et cointe, M'acointoit et encor acointe Que me tenisse cointement, Nettement et joliement (MACH., R. Fort., c.1341, 12).

 

-

Accointer à qqn comment/les nouvelles comment : ...le cappitaine erra tant qu'il vint en l'ost, et vint a la tente des deux freres qui le bienviengnerent moult. Et il leur va accointier comment le roy estoit fort blecié, et comment il leur prioit humblement qu'il leur pleust a venir devers lui pour eulx mercier du noble secours qu'ilz lui avoient fait (ARRAS, c.1392-1393, 115). Et le roy fait deslogier l'ost et s'en vint logier a une petite lieue du gallaffre, que les Sarrasins ne savoient nouvelles d'eulx ne de leur venue. Et le maistre vint a Guyon accointier les nouvelles comment le roy s'estoit deslogiez pour aler combatre ses ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 134).

 

3.

Qqc. accointe qqn de qqc. "Remplir qqn de qqc." : Dont j'ay l'ymage belle et cointe Qui de paix et de joie m'acointe (MACH., Voir, 1364, 1606).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'accointer de qqn (plus rarement à qqn)

 

1.

[Dans une relation de simple rencontre ou bien une relation familière, amicale ou amoureuse]

 

a)

[Rencontre ou relation familière, amicale] "Faire la connaissance de qqn, entrer en relation avec lui" : De murtrier ne de robeour De ribaul ne d'enchanteour Ne te acointier nullement. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 205). Mais je te pri trop chierement Que ne croies legierement Et que de garçons ne t'acointes, Car c'est trop perilleus acointes (MACH., C. ami, 1357, 125). Là vorent en allant maint parler desranier Comment il se poront à leur pere acointier. (Hugues Capet L., c.1358, 100). Je m'acointay du chevalier, car je le trouvay courtois (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 4). Le conte d'Estampes (...) s'acquointa très saigement et très doulchement du duch (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 234). ...elle ala ou mont de Dou, et se accointa d'une femme nommée Marion, demourant audit lieu de Dou, laquele lui aprint à dire : Ou nom du Pere, du Filz et du Saint-Esperit, et que elle ne lavast point ses mains au dimenche et ne dist point sa patenostre, ne feist point de croix sur elle, ne deist aucun Benedicite (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 280). Et bien est fol cil qui s'acointe De tieulx gens (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 37). Vous estes jones et a venir. Si vous aquinterés des barons et chevaliers de France, et euls de vous (FROISS., Chron. D., p.1400, 236). Par sen felon malice du mez ["messager"] il s'acointa, Que le mez Ciperis trestout lui devisa, Dont il vint, ne ou va, ne qui l'envoioit la (Cip. Vignevaux W., p.1400, 123). ...on list de l'empereur Trajan es croniques rommaines que, comme aucuns de ses amis le reprenissent de ce que, oultre et par dessus tous les empereurs, il estoit trop famillier et commun en se condescendant et acointant de tous, il respondi qu'il desiroit estre tel envers tous que tous le desiroient trouver. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 184).

 

-

S'accointer de paroles à qqn. "Entrer en relation avec qqn en lui adressant la parole" : [Gautier de Mauni envoyé par Edouard III à des Français faits prisonniers] se aquinta de paroles a ces chevaliers moult sagement et leur dist : "Biau signeur, faites bonne chiere ! Li rois d'Engleterre, nostres sires, vous voelt avoir a nuit au souper" (FROISS., Chron. D., p.1400, 872).

 

-

Au fig. [Le compl. d'obj. désigne un état affectif, une disposition morale]

 

.

"Devenir familier avec" : Homs jolis et cointe, Qui de Plaisance s'acointe Et qui vit en joie (CHART., L. Plais., c.1412, 151).

 

.

"S'accommoder de" : Fortune qui est si fainte Si s'acointe Tousjours du bien ou du mal (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 30).

 

.

"Se laisser aller à" : ...ung peu de jalousie qui vous tourmente (...) de laquelle, si vous estiez bien sage, n'ariez cause de vous accointer. (C.N.N., c.1456-1467, 234). Je te pry d'orgueil ne t'accointe Pour tant, si l'on te tient a cointe, Jeune, sçavant, de bonne meurs, Car lors qu'en toy le mectz, tu meurs (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 40).

 

b)

[Relation amoureuse] "Nouer une relation amoureuse avec qqn" : Et dierainement, en ses viez jours, en temps qu'il avoit environ de LXX ans d'eage, ilh s'acontat d'unne strangne femme, qui estoit delle Boys le Duk ou là entours, de petit estat et de petit honeur, une povre ameresse pour amours, et le mist deleis ly. Et, de cely, at ilh pluseurs jovenes enfans, qui tant ly ont plaisut que, pour l'amour d'eaz, ilh at, en ses anchiens jours, la meire esposéez (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 414). D'une garce s'est acointié Qu'il a en si grant amistié Qu'il ne scet d'elle departir. (Mir. Oton, c.1370, 344). ...il se acointa d'une fille de vie seante au bordeau, en la ville de Senlis, laquelle lors il fiança, et icelle espousa en l'eglese de Saint-Pierre de Senlis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 208). ...elle s'accointa d'un nommé Guïot de Lisle, lequel gouverna elle qui parle, et quist ses neccessitez de boire et de mengier, chauffer et vestir, et aussi de lui livrer maison et mesnaige, par l'espace de IIIJ ans ou plus. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 316). Ne creez ja envieux, ne ne mettez ja en justice aver ne felon. Ne vous accointtiez de femme d'autruy. Departez a voz compaignons loyaument de ce que Dieu vous donrra. (ARRAS, c.1392-1393, 153). Et, quant le connestable eut tout salué hommes et femmes, il revint delez Meliadice et commença à s'acoincter d'elle en lui disant... (Cleriadus Z., c.1440-1444, 430). Sire, dist Orcanus, depuis que fustes fait chevalier, je me suis acointié d'une jenne dame que j'ay prins a femme et avons depuis fait ung manoir ou nous sommes retrais (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1020). Quant Jupiter d'Europe s'accointa, En taur se mit, prés du bord de la mer (BAUDE, Dictz moraulx S., p.1450, 83). Mais endementiers que ces choses estoient, sa dame s'acointa d'un grant, gros et puissant de corps moynne (LA SALE, J.S., 1456, 303). ...laquelle [une jeune fille], pour ce que ledit Chien mettoit trop à l'espouser, s'acointa d'un archer qui avecques lui l'en amena (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 111).

 

2.

[Dans une relation hostile] "Rencontrer [un ennemi, pour le combattre]" : Sire, mandez voz honmez sans point de delaier, .XX. mile seullement, plus mener n'en i quier. A cheus de Barbarie me voudray acointier. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 152). Il est doncques temps de mouvoir, car mon frere et moy avons grant desir de nous accointier de ces Sarrazins, non pas pour leur prouffit, mais pour eulx dommagier, s'il plaist a Dieu que nous le puissions faire. (ARRAS, c.1392-1393, 92).

B. -

S'accointer de + inf. "S'employer avec soin à" : Temperance te sçaura bien parfaite, Si t'acointes de ses oeuvres parfaire (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 90).

C. -

S'accointer + interr. indir. "Apprendre" : Dont vouldroye je bien aprendre, Ce dist elle, et moy acointier Par quel tour je me doy defendre De celle gent acompaignier. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 271).

D. -

Empl. pronom. réciproque. S'accointer. "Se rencontrer, s'affronter" : François et Sarrasins s'en sent entreaprouchés, A ce point sont plus de mile espieulx froissés Et plus de mile vasaulx a terre trebuschés. Quant les espieulx sont froissés, maint branc y ot sachés, Mout se sont de deulx pars fierement acointés, La eut maint escu brisé et maint heaume perciés Et maint baron cheoir qui oncquez puis ne fut relevés (Galien D.B., c.1400-1500, 124).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Jean-Loup Ringenbach

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