C.N.R.S.
 
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     ACCROÎTRE     
FEW II-2 crescere
ACCROISTRE, verbe
[T-L : acroistre ; GDC : acroistre ; AND : acreistre ; DÉCT : acroistre ; FEW II-2, 1327b : crescere ; TLF : I, 460b : accroître]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

Accroistre qqn

 

1.

[Dans les domaines spirituel, moral, affectif, soc.] "Faire se développer, faire croître" : Et ores nous avons la somme et la souveraine pitié et misericorde de Dieu qui tant nous ayme que, pour offense que nous lui povons faire, il nous acroist et soeuffre pour nous vouloir acquerir (LA SALE, Sale D., 1451, 239). Bien sçay qu'il avoit esté nourry et accreü et mys en grant estat par le duc Charles (COMM., II, 1489-1491, 185).

 

-

[Avec compl. circ. introd. par en ou avec adv. indiquant la nature du développement] : Et je vous jure, par le peril de l'ame de moy, que jamais cellui jour je ne feray ja chose qui vous puist estre atournee fors a toute honneur. Et cellui jour ne feray que penser par quelle voye je pourray mieulx accroistre en haulte valeur vous et vostre estat. (ARRAS, c.1392-1393, 26). NOSTRE DAME. Chier espoux de haulte value, Dieu vous accroisse sainctement ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 60). Mais les povres hommes d'armes, qui ont de la souffraitte et du travail habondamment, sont tousjours prestz à emploier leurs corps pour honneur et renommée acquerir ; car on dit communement que la faim chasse le loup hors du bois. Et à ceulx [là ] favorise fortune en la fin de leur labeur, et les accroist et les exaulce en une gloire parfaicte en ce monde (BUEIL, I, 1461-1466, 27).

 

.

[P. méton. du compl.] : Vostre cuer en joie acroissiez, C'est de raison. (Mir. mère pape, c.1355, 378).

 

.

Au passif. Estre accru en qqc. "Voir s'augmenter (sa possession concrète ou abstraite)" (d'apr. Éd.) : Leur seignourye [des peres conscrits] est multipliee et sont acreux en richesses et puissances et, que plus est, en vertus et bonnes meurs (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 164).

 

2.

[Le compl. d'obj. désigne un ensemble de pers.] "Augmenter le nombre de" : ...le Roy ne povoit bonnement acroistre ne paier plus grant nombre de conseilliers oultre le petit nombre de ceulz qui y sont (FAUQ., III, 1431-1435, 30).

 

-

Au passif. "Devenir nombreux" : Qui oncques ama Jossellin de Port le Leon, mon oncle, ne son filz Olivier, si me suive ! Et lors monta chascuns, et furent acreuz qu'ilz furent bien VIIJc. combatans (ARRAS, c.1392-1393, 71).

B. -

Accroistre qqc. "Augmenter (en nombre, en dimension, en importance, en puissance, en intensité...)"

 

1.

[Domaine concr.] : ...et [il] eslarga et acreut le temple et la meson de Jovis Fereter. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 33.9, 58). Il furent donquez a Rome deus roys qui acreurent et augmenterent la cité, l'un par bataille, ce fu Romulus qui regna trente et sept anz, l'autre par pays, ce fu Numa qui regna quarante et trois. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 21.6, 34). ...se une superfice estoit transmuee de figure en autre sanz la acrestre ou appeticier, elle ne pourroit estre contenue ne comprinse en plus petite ligne que est la circulaire (ORESME, C.M., c.1377, 392). ...le roy, pour tousjours acroistre son artillerie, voult et ordonna estres faictes XII grosses bombardes de fonte et metail de moult grande grosseur et longueur (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 63). ...mais quant on pensera aux autres princes, on trouvera ceulx-cy grans et notables et le nostre très saige, lequel a laissé son royaulme accreü et en paix avecques tous ses ennemys. (COMM., I, 1489-1491, 230).

 

-

Accroistre qqc. de qqc. : Et afin que a chascun ordre, c'est a chascun estat des gens de Rome, fust aucune chose acreue par le peuple d'Albane, pour ce il establit diz turmes de gens de cheval des Albains, et aussi en acreut il et en suploia les veylles legions romaines et en fit de nouveles en celle mesme guise. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 30.3, 51).

 

-

Au passif. "Se développer, augmenter" : ...aussi veoient il bien car Rome estoit acreue a moitié pour cause des Albainz (BERS., I, 1, c.1354-1359, 30.6, 52). Et comme li roys considerast car la cité estoit mout acreue et mout pleine de gens (BERS., I, 1, c.1354-1359, 33.8, 58). ...car il senefie que les ulceres des bouiaux sont sanieuzes et acreues, et pour ce que l'estomac a compassion avec eulx (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 155).

 

2.

En partic. [...les richesses, les gains...] : La seconde distinction est neccessaire pour le prouffit du mesnaige acroistre, acquerir amis, et sauver le sien, pour secourir soy et aidier contre les males fortunes de la viellesse advenir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 3). Yconomique est la seconde, Qui apprent par belle faconde A (...) Accroistre noz biens et noz moibles (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 124). Cellui acreut par sa scïence Plus la cité que le fondeur N'ot fait (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 187). ...enrechir leurs parens, et acroistre leur temporel patrimoine. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 57).

 

-

Accroistre qqc. (à qqn) : Quant aux gens de son hostel, qui sont bien Vm que à pié que à cheval, il ne leur accroist de riens plus leurs gaiges. (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 183). Il donna aucuns advertissemens à ses amyz et successeurs, et, entre autres, dist que on ne doit point revocquer en doubte que l'art de bataille ne soit la meilleure chose de toutes les autres choses, par laquelle liberté est retenue, richesse est acreue, les cités sont gardées et l'empire ou royaulme est augmenté. (BUEIL, II, 1461-1466, 258).

 

3.

[Dans les domaines phys., méd.] : Es constitucions cotidianes borrealles, les corps sont plus fors, bien mouvables, bien coullourez, et les font mieulx oir ; font les ventres secs, mordent les yeux, font douleur en la poitrine, et s'il y avoit avant douleur, tout est acreu (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 68). ...les accidens qui acroissent la maladie et affoiblissent nature (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 223). ...que la medecine n'acroisse trop la challeur de la fievre (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 223). ...mais les choses qui sont amesurees et ont moien senz excés et senz deffaute font, causent et acroissent, gardent et sauvent les vertuz corporeles dessus dictes. (ORESME, E.A., c.1370, 150). Se une maladie est causee ou acreüe pour pluseurs fois boire trop, l'en ne scet pas combien chascune fois boire trop adjouste a la maladie ou combien precisement elle l'acroist. (ORESME, E.A.C., c.1370, 203). Item, c'est chose desresonnable que la vertu qui meut le ciel doie accrestre l'isneleté de son mouvement par temps infini (ORESME, C.M., c.1377, 424). Et pour tant Mars par sa puissance Fist eslever en abondance De la terre, aussi des rivières, Parmy l'air diverses matières, Lesqueles en l'air espandues Si furent par lui corrompues, Et la prouchaine occasion De la dicte corruption Est Jupiter, n'en doubtez mie, En accroissant la villanie. (LA HAYE, P. peste, 1426, 28).

 

4.

[Dans les domaines spirituel, moral, affectif, soc.] : C'est celle qui a descreü Mon mal, et ma joie acreü (MACH., R. Fort., c.1341, 121). Comme lors novele terreur se feust espandue entre les ennemis, et les legions romaines, veue ceste besoigne, pour la paour acroistre eussent eslevé leur cri, la fuite commença par les Samniciens. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 40.13, 74). ...mais le frére espirituel n'amenuise pas l'eritage de son frére espirituel, ainçois l'acroist, et cest heritage c'est vie pardurable (Mir. st Val., c.1367, 122). Las ! or ne fais fors moy pleindre et plourer En acroissant les dolereus travaus (MACH., L. dames, 1377, 110). ...mais affin d'acroistre le mal, et que d'aucune aventure remede n'y soit mis par misericorde, il gette dessus l'ame ung drap fait et tissu d'ypocrisie, de faintise et simulacion pour apparoir belle au monde. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Ce bien accroissoit mon tourment (CHART., L. Dames, 1416, 201). ...vexacion et travail doit l'entendement esclarcir et le sentement accroistre, et, ou le rebours est, c'est signifiance de cuers endurcis et de voulenté obstinee (CHART., Q. inv., 1422, 50). ...pour esprouver leur souffrance, et acroistre la perfection de leur merite. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50). ...non pas pour avoir par louenge chose qui acroisse sa beatitude (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 163). ...mais quant elle sceut puis la nouvelle que a la court d'Arragon il seroit delivré par un chevalier qui en avoit l'octroy du roy, acreut son veu que tous les mercrediz feroit dire messes et aumosnes jusques a la despence de dix escuz ["elle ajouta à ce voeu de nouveaux engagements stipulant que..."] (LA SALE, J.S., 1456, 138). Item [Dieu] donne les sacremens pour acroistre les merites (Somme abr., c.1477-1481, 180). Celuy hault Dieu qui personne ne blesse, Ains qui augmente et accroist toute chose, Vous gart de mal ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 188).

 

-

Prov. Tel cuide venger sa honte qui l'accroist (cf. Prov. H., 137) : Car tels cuide vangier sa honte Qui l'acroist et qui plus s'ahonte. (MACH., J. R. Nav., 1349, 178). Cy povons a un seul coup avoir tout le lignaige, et cellui qui telle honte nous a faicte. Et cilz lui respondent que ja pié n'en eschappera que tout ne soit mort. Mais, si comme le proverbe dit : Tel cuide vengier sa honte qui l'accroist. Ainsi fut il du chastellain et de ses parens. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...tel cuide bien vengier sa blasme qui l'accroit (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 740). Mais Passelion, qui aucunement se cuida vengier, ressambla cellui qui cuide vengier sa honte, mais il l'acroist (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 790).

 

Rem. Cf. aussi : ...tel acroist sa terre qui ne acroist point pour tant son honneur (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 197).

 

-

Accroistre qqc. à qqn/en qqn : Lucumo si fut riches et sez richesses li acreurent corage. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.4, 58). ...et avecquez ce la double victoire que il avoit eu [Horace] li accressoit courage de se bouter en la tierce bataille (BERS., I, 1, c.1354-1359, 25.11, 42). Car li regars que sa dame li fait [à l'amant] Li acroist sa plaisance et son desir (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 19). Chier sire, honneur et grace et sens Acroisse en vous par sa bonté Mahon (Mir. Clov., c.1381, 239). Mais toy qui tout peulx [Dieu] et qui tousjours aimes le prouffit de l'ame, acroy moy plus grant grace, affin que je puisse ta parole remplir et parfaire mon salut [Ou est-ce accroire ?]. (Internele consol. P., 1447, 139).

 

-

Au passif Estre accru à qqn : Par tel maniere fu doublee la cité de Rome, et pour ce a la fin que aus Sabins fust aucune chose donee et acreue, les Romains s'acorderent qu'il fussent appelés Quiritez (BERS., I, 1, c.1354-1359, 13.5, 21). Et afin que a chascun ordre, c'est a chascun estat des gens de Rome, fust aucune chose acreue par le peuple d'Albane, pour ce il establit diz turmes de gens de cheval des Albains (BERS., I, 1, c.1354-1359, 30.3, 51).

 

5.

[...l'honneur, la renommée...] : Biaus trés dous amis, Ce pelle, a vostre piet le mis, Mais ce fu pour vous recongnoistre Et pour l'onneur de vous acroistre. (MACH., D. Aler., a.1349, 397). Mahon l'ait envoiéir pour acroistre son nom (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 85). Sire Basins, dit il, plain estes de vallour, Et Dieu me lait tant vivre per la soie doulsour Que je en puisse ancore acroistre voustre honnour ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 692). Vous devez chascun regarder A m'onneur accroistre et garder. (Mir. emp. Julien, 1351, 173). Il convient que vous alez prier le conte et sa mere et tous voz amis, qu'ilz viengnent a voz nopces, cy, en ceste praierie, lundi prouchain venant, par quoy ilz voient la noblesce que je y pense a faire pour vostre honneur accroistre, par quoy ilz ne soient pas en souspecon que vous soiez mariez petitement selon vous. (ARRAS, c.1392-1393, 35). Afin que (...) li biau fait d'armes (...) soient notablement registré (...) je, Jehans Froissars (...) me voel ensonniier de metre en prose (...) selonch la vraie information que je ay eu des vaillans honmes (...) qui les dittes armes ont aidiet a acroistre (FROISS., Chron. D., p.1400, 35). Ma dame, dist le Chevalier du Papegaux, je ne suis pas cy venus pour sejourner, ains y suis venu pour accroistre mon los et mon pris. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 62). Fault il (...) se j'ay ung prince si beste Que les bons il ne recognoisse, Qu'a sa folie je m'areste Tant que mon honneur je n'acroisse ? (CHART., D. Her., p.1415, 425). ...en l'estat ou se royaulme est faire paix est vaillance et accroistre vostre [du roi] bonne renommee (JUV. URS., T. crest., c.1446, 169). Si ay proposé à l'aide de Dieu escripre et compiller ung petit traictié narratif, pour donner cueur et voullenté à tous hommes, especiallement à ceulx qui sieuvent les adventures merveilleuses de la guerre, de tousjours bien faire et acroistre leur honneur et hardement de mieulx en mieulx. (BUEIL, I, 1461-1466, 15).

 

-

[Dans une formule optative] : Noble roy raemply de saigesse, Vostre honneur acroisse celuy Qui a toute puissance en luy, Et vous doint tresor a largesse ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 84).

 

-

Accroistre qqc. à qqn : Tres puissent roy, le dieu des dieux Regent les habitans des cieulx Vous acroisse trïonfle et gloire, Lequel par son povoir glorieux Vueille acroistre de bien en mieulx Des Troians la noble victoire (MILET, Destruct. Troye, c.1450-1453. In : Chrestom. R., 131). Toutesfoiz, beaul parler en personne de bonne vie lui accroist son bon los et le demonstre ung mondain dieu ou ung ange charnel. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 81).

 

-

Accroistre qqc. en + subst. indiquant la nature de l'accroissement : Or vous prie, pour Dieu le Roy de maiesteit, Acordés vous a moy, ne soiez arestés ; Se serons moy et vous boin compaingnon privéz. Je vous acroisterait voustre honnour en bonteit (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 729).

 

6.

[Dans les domaines pol., milit.] : ...se portoient pour accroistre la seigneurie rommaine (CHART., Q. inv., 1422, 17). ...la division d'entre nous (...) qui accroist la force de l'adversaire (CHART., Q. inv., 1422, 36).

 

7.

[...une religion, une coutume] "Répandre, diffuser" : Dieu, dit li roy de Cipre, qui tout ait a salver, Si voir que je m'ait fait baptisier et laver Pour voustre loy acroistre, essaucier et lever, Et pour l'arme de moy lassus es cielz saulver, Si nous vuelliez, vrai Dieu, nous signour ramener (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 599). Didier acroist chrestïenté Par prescher et par introduyre (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.3061).

 

-

Estre accru. "Progresser, se développer" : Ceste perverse coustume, (...) est auques par tout le dit pays tant enracinee et accreue que toutes villes et generaument la terre en est empoisonnee et corrompue (Bouciquaut L., 1406-1409, 177). Et pour ce que je voy que la chose qu'ilz procurent ne advient pas, maiz que je voy continuelment vostre religion estre accreue et devenir plus luysant et plus clere, a bon droit m'est advis que je doy balancer et congnoistre que le saint esperit soit fondement et soustenement de vostre religion comme vraye et saincte. (PREMIERFAIT, Décaméron, 1414. In : Chrestom. R., 69).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Qqn s'accroist

 

1.

"Augmenter ses richesses" : ...garde que tu Ne faces point de larrecin Në aux chouses de ton voisin Ne touche, se dit le septieme... (...) Par chouse que tu les descroisses Ne que de riens tu t'y acroisses, Car en l'autruy n'as tu neant. (Liber Fort. G., 1346, 173).

 

2.

"Augmenter son influence, préserver ses intérêts" : Naturellement la pluspart des gens ont l'oeil ou à s'acroistre ou à se saulver, qui ayséement les fait tyrer aux plus fors. (COMM., I, 1489-1491, 66).

B. -

Qqc. s'accroist

 

1.

[D'une chose concr.]

 

a)

"Devenir puissant" : Mais depuis s'est si fort acreue Celle place que nul recreue Ne l'a par guerre, ne par force (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 19). Ces deux royaulmes (...) qui poy paravant estoient si enflamméz l'ung contre l'autre et tant empeschéz à se tormenter et à penser à se accroistre et n'estoient en riens saoulz de ce qu'ilz avoient. (COMM., III, 1495-1498, 301).

 

b)

"S'agrandir, gagner en surface" : ...et de tant les cités jadis plus se acroissoient, de tant aussi tes menieres de termez se croissoient, comme dessus est dit, et se estendoient entour les murs de celles. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 44.3, 75).

 

c)

"Augmenter en quantité" : [Les superfluités] se accroissent pou a pou jusques que le membre soit replect et estendu jusques que l'apposteme soit faicte (PANIS, Guidon, 1478, tr.II, doct.1, chap.1).

 

d)

"Se multiplier, devenir plus fréquents" : Mon amy, saches, et je le t'afferme, en foy de chevallier, que ces chappelles, banquès et festoiemens qui se sont menez et maintenus de longue main et de plus en plus montez et acriez [l. acruz], n'a esté, sy non par la ferme entreprise et secrette desirance que monseigneur le duc avoit de parvenir à faire le sien en tel manière que l'avez veu (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 224).

 

2.

[D'une chose abstr.] "Grandir, s'épanouir" : ...mon bien et mon honneur croist, Dont en mon cuer joie s'acroist (Mir. Clov., c.1381, 228). Se tu relainquis aucunne fois à probation affin que la vertu se perfache et que la merite s'acroise (Psaut. Ludolphe le Chartreux D., c.1495, 23). Et ainsi saigesse le suit (...) Augmente, et tous les jours s'acroist (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 324).

III. -

Empl. intrans.

A. -

Qqn accroist

 

1.

Accroistre en + subst. "Croître en, acquérir davantage de" : ...touz jours mettoit diligence De nous faire en vertuz accroistre (Mir. st Ign., 1366, 77).

 

-

[Dans une formule optative] : Et vous gart [Dieu] ce que vous amez Et vous doint ce que vous voulez, Tousdiz acroissant en plaisir Au souhait de vostre desir. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 254). EVE. C'est pour ton bien qu'il t'endoctrine, Mon enfant, tu le pues congnoistre. Dieu te doint en vertuz accroistre Si voirement que le desire. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 27). Le roy et sa noble lignie Puisse en honneur mondain acroistre Et en biens ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 99).

 

2.

Accroistre sur qqn. "Surpasser, dominer, prévaloir sur" : Mais depuis le temps que l'envye leur est venue d'accroistre les ungs sur les autres, encores qu'il n'y eust nul peril de personnes, ce qui est presque impossible, si accroist leur malveillance et leur envye. (COMM., I, 1489-1491, 135).

B. -

Qqc. accroist

 

1.

[D'une chose concr.]

 

a)

Accroistre en + subst. "Gagner en" : Ainsi de vo tresor avient Qu'il accroist toudis en richesse Quant on fait plus grant largesse (MACH., Voir, 1364, 2678).

 

b)

Accroistre à qqn. "Venir en complément au profit de, s'ajouter à la part de" : Item, je ordonne, que se les curez, l'un d'eulx, le chappellain ou le clerc ne sont present à l'office, qu'ilz n'aient riens, en tant qu'il feront faulte, et que la porcion acroisse aux presens maistre de l'escole et ses enfans sans fraude et sans mal engin, et non aux autres curez ou chappellains. (Test. Parlem. Paris T., 1402, 307). Si entre lesdictes deux rivières le frère aisné avoit plusieurs seurs, et il baillast à toutes ensemble à part et à devis leurdicte quarte partie à icelles appartenant, et l'une desdictes seurs aille de vie à trespassement sans hoirs de sa chair, la partie et porcion d'elle sera et accroistra aux aultres seurs et n'y aura aucune chose ledit frère aisné. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 210).

 

Rem. Cf. LITTRÉ : "En termes de droit, revenir au profit de quelqu'un. La part des absents accroît aux présents".

 

c)

[D'un phénomène ou d'une caractéristique physique] : Apres ce, Aristote reprouve le secont membre de la division qui est tel : que l'isneleté du mouvement du ciel fust venue et procedast encore touzjours en acressant perpetuelement sanz commencement et sans fin, ou perpetuelment en appetisant. (ORESME, C.M., c.1377, 424).

 

-

Accroistre en + subst. indiquant la nature de l'accroissement : ...les os des jambes et des genolz doivent estre cours ; ungles grosses et longues. La forme, dés le fondement de l'austour jusque à la poitrine, doit estre comme en rondeur accroiscent. (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 27).

 

2.

[D'une chose plus abstr.] "Croître, augmenter"

 

a)

[Dans les domaines spirituel, moral, affectif, soc.] : J'aray recour à vostre grant noblesse Et en vo bien, qui d'acroistre ne cesse (MACH., Compl., 1340-1377, 259). Tout einsi mes cuers qui pleure Parfondement a toute heure Acroistre mon souvenir Fait jour et nuit. (MACH., L. plour, 1349, 284). Beneuré est l'eritage qui pour habondance de hoirs n'apetice point, mais acroist (Mir. st Val., c.1367, 122). Et par teles operacions acroissent les habiz (ORESME, E.A., c.1370, 203). JOB. Dieu qui m'avoit donnéz les biens Les a prins ; pour ce apparoist Qu'ilz estoient siens, non pas a moy. (...) Tres humblement l'en remercye, Car je sçay bien, sans doubter mye, Que de luy tout bien si acroist. (Pac. Job M., c.1448-1478, 283). Et ceste amour s'appelle amour unique, a chascun commune singulierement et singuliers a tous ensamble, non point acroissans par participacion ne defaillans par usaige (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 271). SATHAN. Rouges rages intollerables Acroiscent dedens noz abysmes Quant ses vieulx prisonniers des limbes Font telle jubilacion ! (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 105). Mais depuis le temps que l'envye leur est venue d'accroistre les ungs sur les autres, encores qu'il n'y eust nul peril de personnes, ce qui est presque impossible, si accroist leur malveillance et leur envye. (COMM., I, 1489-1491, 135). En paradis joye y acroist, En paradis tout bien est mys. (LA VIGNE, S.M., 1496, 423).

 

-

Accroistre en qqn : Regarde mon cuer et mon veil Et l'amour fine Qui en moi d'accroistre ne fine (MACH., Voir, 1364, 5977). ...l'enfant et le desactrempé ensuivent leurs delectacions et accroist la concupiscence en l'un comme en l'autre (ORESME, E.A.C., c.1370, 228).

 

-

Accroistre à qqn

 

.

"Tourner à l'avantage de" : Mais ore lour accreust le fait Car le roi françois venoit, Qui si grant poair amesnoit Qe merveilles fuist a veoir (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 83).

 

.

"Se faire plus vif en (qqn)" : Mon cuer se combat a mon eueil, Jamais ne les treuve d'acort ; Le cuer dit que l'oeil fait rapport Que touzjours lui acroist son dueil. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 464).

 

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En accroissant. "De plus en plus, progressivement" : Cellui qui vuelt parvenir à bonne fin, ne doit pas au commencement trop entreprendre, mais doit proceder par mesure et perseverer en accroissant, ainsi que fist le jeune gentilhomme, dont nous avons parlé. (BUEIL, I, 1461-1466, 24).

 

b)

[De la renommée, de la gloire, ...] : ...vous mettrez peine a vous geter hors de cest blasme a vostre honneur et a l'esjoyssement de celles qui plus volentiers verroient voz loz acroistre que voz blasmes augmenter. (CHART., B. Dame, 1424, 34). ...et en ce faisant vostre [du roi] renommee acroistra et en sera fort exaussee et louee. (JUV. URS., Loquar, 1440, 376). Et ainsi demourerent en la ville par une espace de temps et acreut leur renommée par tout le pays. Si n'estoit nouvelles que d'eulx et de leurs beaux fais d'armes. Parquoy ilz estoient amez et cheris de leurs amys, crains et redoubtés de leurs ennemis. (BUEIL, I, 1461-1466, 111). Au contraire, celuy qui gaigne devient en reputation et estime de ses gens plus grande que devant ; son obeyssance accroist entre tous ses subjectz (COMM., I, 1489-1491, 109).

 

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Accroistre à qqn : ...car non de fortune, comme il pourroit sembler, et successivement luy est accrue sa gloire, mais de divin aspirement luy a esté multiplié son heur (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 234).

 

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[Dans une formule optative] : HERODES. Honneur vous accroisse a largesse, Nobles royx remplis de sagesse ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 283).

 

c)

[Dans le domaine milit.] : Ainssy Scipïo (...) A pluseurs chasteaulx mist le siege (...) Et par ce moult acroist sa force. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 223). ...la guerre et division ne cesseroit point, mais acroistroit et seroit plus perilleuse à la ville de Paris et à tout ce royaume que de present. (FAUQ., I, 1417-1420, 255).

 

d)

[D'une religion] "Se répandre, se développer" : LUCIFER. Car bien vois que formant acroit La loy de ce Crist par ce monde, Qui a grant perte nous redonde (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 3).

REM. Forme acresser : ...ledit empereur laissa et donna en espérance de cresser, moultiplier et augmenter l'estat de la foy crestienne. Et quel chose est accresser et amoultiplyer la foy crestienne ? La raison et l'entencion dudut empereur si fust... (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 163).Acresser est à accroistre ce que cresser est à croistre (sur cressant, cressoit...).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Jean-Loup Ringenbach

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