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BONHEUR, subst. masc. |
[GDC : boneur ; AND : beneur ; FEW XXV, 894b : augurium ; TLF : IV, 668a : bonheur] |
"Fatalité heureuse, chance, bonheur" : Si que je te moustre en appert Que Fortune n'a riens seür, Felicité ne boneür. ([MACH., R. Fort., c.1341, 90]). D'autre part semble, par honneur, Qu'on peut pourchasser son boneur Par moiens fondez en raison, Et n'y a point de deshonneur A inciter le bon donneur A donner, quant il est saison. ([Narcissus, p.1426, 287]). Car chalenger le boneur sans pourchas et sans explect est plus presumption que esperance ([CHART., L. Esp., c.1429-1430, 103]). Maleureux est celuy qui maleur quiert, Et bien heureux celuy qui bonheur serche, Et qui fortune pour sa partie acquiert ([LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 135]). On y queult bien tous les ans mille muitz, Voire encore plus quant le bonheur revient ([LA VIGNE, V.N., p.1495, 249]). |
| - | Faire entrer qqn en bonheur. "Mettre qqn sur le chemin de la chance" : Se Dieu m'eust donné rencontrer Ung autre piteux Alixandre Qui m'eust fait en bon eur entrer, Et lors qui m'eust veu condescendre A mal, estre ars et mis en cendre Jugié me feusse de ma voys. Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. ([VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33]). |
| - | Loc. Ne pas laisser passer le bonheur devant sa porte. "Ne pas négliger ses chances" : Car on doit chassier sa bonne fortune, quant elle vient, et ne doit-on pas laisser passer le bonheur par devant sa porte sans le recueillir ; et, quant on le laisse aler, il n'y retourne jamaiz voullentiers. ([BUEIL, II, 1461-1466, 140]). |
| Rem. Cf. DI STEF., 373a, fortune. |
| - | [Dans un cont. métaph.] : On la doit croire où elle se parjure, Car de mentir est sa plus grant honnour. C'est .J. monstre envolepé De boneür, plein de maleürté ; Car nuls n'a pris, tant ait de bien en li, Se Fortune ne le tient à amy. ([MACH., L. dames, 1377, 171]). |
V. aussi heur |
DMF 2020 - Synthèse |
Robert Martin |
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