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CHALAND, subst. masc. |
[T-L : chaloir (chalant) ; GD : chanlant ; GDC : chalant2 ; AND : chalant2 ; FEW II-1, 83b : calere] |
A. - | "Ami" |
| - | "Personne charitable qui fait des dons en nature ou en espèces" : DEUXIESME POVRE. Je ne fail point, quel jour que soit, Que de ses biens il ne m'envoit Pain ou argent. TROISIESME POVRE. Quant tu as tant de bonne gent A chalans, tu doiz estre riche. ([Mir. Pierre Changeur, c.1378, 233]). |
| - | "Amant" : Car tele paour ou creinte qui est sans verconde et sans reverence est passion et maniere que la fole femme a a son chalant. ([ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 838]). Et aucunes foiz est porté le pasté en la chambre que celle a en la ville, et la vient le gentil chalant, et ainsi se rigolent. ([CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209]). Et, combien qu'aucuns mauparlans Dient que c'est pour veoir leurs chalans Qu'elles [les femmes qui disent à leurs maris qu'elles vont à la foire du Lendit] y vont mectre l'enchere, Et que, pour employer six blans, Elles despendent bien deux frans En bancquet et en grosse chère ([MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 25]). |
| - | "Compagnon, compère (avec parfois une nuance péjorative)" : ...chascun veult appeter Nouveaulx amis, nouveaulx challans ([COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 37]). Sus, sus, gallans, J'aperçoy la noz troys challans Que nous avons charge de prendre [Barrabas et les deux voleurs] ([MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 151]). Ha ! saincte sang bieu, quelz chalans ! ([Copp. lard., a.1488, 169]). Adieu chaslans. ([Copp. lard., a.1488, 177]). Sont ilz appoinctez les chalans, Comment ilz nous ont surmontez ? ([Sots Magn., a.1488, 210]). PREMIER BRIGANT. Chascun de vous pence de faire Bon guet ; entendez vous, challans ? ([LA VIGNE, S.M., 1496, 270]). |
| - | "Bon ami" : Mais chieulx la qui pucelle ottroy volt faire De mieulx amer pour ce qu'ot nom sanllant ["semblable"] A son amy n'est pour ce son canllant. ([Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 522]). |
B. - | "Client, chaland" : Quant tu as tant de bonne gent A chalans, tu doiz estre riche ([Mir. Pierre Changeur, c.1378, 233]). Mais malheur me picque : J'ay perdu mes grans saulx saultans ; J'ay maintenant peu de challans, Ha, brief, seurement il m'entane [l. il m'en tane "cela me chagrine"] ([Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 8]). Item que nul estallier n'achete poisson a autre estallier, se ne n'est pour envoyer a ses chalans, sans prouffit prendre ([Mét. corp. Paris L., t.1, 1495, 418]). |
DMF 2020 - Article revu en 2015 |
Robert Martin |
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