I. -

(Synon. de devis)

A. -

"Division, séparation" : Et s'estoit environ poursains Li lieus, dont il estoit plus sains, Plus biaus, plus gens, plus gracieus, Odorans et melodieus, De haies de belles devises Enracinées et reprises, Pommiers de paradis, rosiers, Franche aube espine et esglentiers (MACH., D. Aler., a.1349, 392).

-

"Séparation (de deux propriétés)" : ...et s'en va celle divise jusques au chemin qui vient de Ré à Ansigny, et tranche celui chemin et s'en vet entre le fief des vignes de la Chauviere (Doc. Poitou G., t.2, 1341, 196). ...en la dite devise a quatre vins dis perques ou environ et que chascune perque doit couster trois francs, ainsi seroit pour ladite ouvrage de fosseemens faire, ainsi que dessus est dit, a devisé deux cens sexante dix frans. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1364, 153). Frarescheurs qui ont departi la suctession à eulx advenuee n'y pevent mectre ne assoir bournes ne divises ; mais bien y pourroint mectre paux ou ensaignemens en actendant que par justice bournes y soient mises. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 185). ...une porcion de terre en prey contenante douze perques ou viron, joint et bute ausdiz priour et frères, et d'autre costé au chemin tendant de l'ostel es Turquetiz à l'ostel Guillemin Binet, et d'autre but ausdiz mariez, par les mers et devises mises entre eulx. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1449, 263). ...la moictié dudit tènement, en tant qu'il y en a, entre l'hostel qui fut à feu Nicollas de la Croix et l'hostel de Guillaume Le Grant, par les mers et devises qui mis y sont (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1482, 333).

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"Borne à fleur de terre marquant les limites de deux propriétés contiguës" (Éd.) : Et auxi, quant les dessus diz chanoines et leur dictes gens (...) emportent ou emmainent boiz d'icelle forest quel qu'il soit, hors deffens, et ilz le prennent à jour coustumier et ilz le pevent mettre dedens leurdit fieu et terre, oultre certaines bournez et devises qui font la limitacion de leur dit fieu et terre et de ladicte forest (...) ledit boiz est leur acquis (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 256).

Rem. FEW : sens A : «norm. devise "borne à fleur de terre entre 2 propriétés"».

B. -

"Disposition établie ; plan, projet ; disposition que l'on prend, intention, souhait"

1.

"Disposition établie"

a)

"Disposition prise, ce qui a été détaillé, décidé" : ...pour entretenir les devises et convenances devant dictes, je m'y assentiray au mariaige. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 150). Et fu la aresté et ordonné avoecques toutes ces devises que casquns sires selonch sa poissance, venroient et seroient (...) avoecques le roi d'Engleterre devant Tournai (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). Toutes les paroles, devises, ordenances et convenances qui a ce parlement a Villevort furent dites, proposees et acordees, sceut li rois Phelippes (FROISS., Chron. D., p.1400, 416). Si furent chil signeur, les trois jours durans la grignour partie dou jour en conclave ensamble, et missent pluisseurs devises et pareçons avant, desquelles nulles ne vinrent a effec. (FROISS., Chron. D., p.1400, 833).

-

Ainsi que devise se porte. "Selon ce qui a été convenu" : Mesires Jofrois de Carni (...) remist, sus un ajournement qui fu le nuit de l'an .MCCCXLVIII., toutes ces gens d'armes ensamble et aproça Calais (...) ensi que devise se portoit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 866).

b)

"Texte portant mention des dernières volontés de qqn, testament" : Jugement (...) que dit que, se ung homme prant d'aulcuns segneurs maison a cens pour lui et pour cez hoirs, et que muelt des fiedz dondit segneur, il n'en puelt au lit de la mort panre sur ledit fiedz point d'argent pour almonneir par devise. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1330], 77). Jugement (...) que dit coment ung home ait fondeit par sa devise ung autel et vuelt que ces maimbour en faicet le dons a ung prebtre, se vuelt l'un dez maimbours qu'ilz faicet ordonner a lour vicquant que ledit autel donrait aprez leur decepts, pour tant que li mort n'en a rien ordonneit ; et li autre maimbour n'en vuelt rien faire, pour ceu qu'il dit que aprez lour deceptz aille ou aller doit, car pués que le mort n'en ait rien fait, il n'ont cause don faire, et non vuelt autrement faire nez qu'il est en ladite devise contenus. Il fut dit pour droict que le dairien maimbour en fait asseis. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1336], 134). Jugement de Simonat, le fil Burtrand l'eschevin, de Roillon, son serorge, pour Contasse, sa feme, la suer ledit Simonat, que sont hoirs de dame Mahoult, la femme Jehan Aixiet, que fuit, d'une pairt, et des maistres et freres de l'opitault Sainct-Nicolai on Nuefbourg d'autre pairt. Ledit Simonat et ledit Roillon dixoient que lesdit maistres et freres lour avoient le paiement a ffaire de sertainne censives qu'ilz disoient estre en lours main venues par vertus d'un don de devise ; et lesdits maistrez et frerez disoient qu'ilz avoient bien celle devise a veoir ou il n'avoient a la clamour dudit Simonat de rien a respondre, pour tant que c'estoit une devise de femme et fuer d'airche. Li maistre-eschevin dit c'on avoit bien celle devise a veoir. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1343], 227). Ly segneur Michiel le Gronnais, chevalier, ly maistre eschevin de Metz, ait dit pour droyt par luy et par ses pers que parmei les enquestes que dictes et rapourtee en sont, et parmey ce que ledit Peltre, maire de Haralcourt, n'ait mie dehuement monstré, par chose pourtant fois, que ledit heritaige dont debet est fut point waigere, et aucy que le don que ledit Lowiat en ait heu faict audit Maire Peltre et a sondit frere ait esteis fait de bouche, et non point par devise ne testalment, et aprez ce qu'il avoit ressus la saincte oille, ait bien pour tant ycelluy dont a estre nul et de nulle valleur, et ait bien ledit Maire Peltre a oster sa main dudit heritaige et en laixier joyr ledit Burthemin tout ainsi comme ledit Burthemin le requiert. (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494 [1474], 219).

c)

"Dispositions, conventions (réglant des joutes)" : A l'entrée de cest an mil CCCC quarante six, furent faictes armes en la ville d'Arras, present le duc de Bourgoingne, juge en ceste partie ; c'est assavoir du seigneur de Ternant, qui estoit appelant et promoteur d'icelles armes, à l'encontre d'ung escuier natif des marches de Piémont, nommé Galiot de Baltazin. Sy estoient les devises telles : que ung chascun d'eulx devoit assir l'ung sur l'autre cinq coups de poux de lanche tout à piet ; et icelle accomplie, devoient combattre et asseoir comme dessus, jusques à unze coups d'espée, d'estoc ; et apprez ce, de rechief devoient combattre de haches, et en ferir chascun XV coups de la teste et martel, sans rien touchier de la poincte ne d'estoc ; et tout à piet, comme dit est dessus. Et apprez, devoient faire armes à cheval d'abondant, de lanches et d'espées l'ung contre l'autre, c'est à assavoir chascun d'une seule lance, fust assize ou non, et ce fait, ferir jusques à XXXI coups d'espée l'un sur l'autre, d'estoc ou de taille, comme bon leur sembleroit. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 91-92).

d)

P. ext. "Aspect ; disposition, façon, manière"

-

"Aspect" : De l'autre part devers midi Une autre chaire ot, je vous di, Qui tant fu d'estrange devise Que m'en merveil, quant m'en avise. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 102).

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"Aspect, plan (d'un bâtiment)" : ...vous me ferés En cest endroit sy une esglize. Vous savés assés la devise, La haulteur, le large et le lonc. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 398).

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À/en (la) devise de. "À la façon de, sur le modèle de" : ...pour avoir fait et forgé les garnisons d'argent doré fin vermeil de deux autres cousteaulx et d'une dague, faictes en ladicte devise de plumes entrelacées (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 191). ...ung autre chapperon pour chappe de broderie, à devise de sapulture et de ressucitement ausdictes armes de feu nostredit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 80). ...une chambre faicte à devise de chasse d'ours (Comptes Lille L., t.1, 1434-1435, 345).

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Par telle devise. "De telle ou telle manière" : La vi comment le souvrain pere A ordené du ciel l'espere, Qui obliquement ades tourne Au tour de son aixiau a ourne, Entre les deux poles assise, Et comment et par quel devise De son mouvement gravissant Vait les estoilles ravissant, Qui sont toutes en lui fichiees Et par ces voies despechiees. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 81). Car il veult par belle devise Ediffier notable esglize. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 385). [aussi v.4583]

2.

"Projet, plan" : Si fist on le devise pourveir et appareillier de tout ce qu'il falloit, si honnourablement que à tèle damoiselle, qui devoit estre royne d'Engleterre, affreoit. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 76). Li sires d'Escornai fist une embusque belle et grosse de quatre cens compaignons (...) et s'en vint bouter ou bos de Lare (...) Or vous recorderai la manière de la devise et comment chil d'Audenarde furent deceu. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 180). Maiz Dieu a sa merche mise Es cieulx, et en leur pourprise Et assise, Par merveilleuse devise Et maistrise, La terre a desoubz comprise Pour donner signifiance Comme elle est a lui soubzmise, Et veult que ce nous suffise. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 37). L'ADVOCAT. Sainct Nicolas ycy demonstre [par la mort du chrétien] Une merveilleuse devise. Pour chant vecy piteuse contre, Faulx homme plain de couvoitise. LE PREVOST. Helas, or est il mort parjure ! Vecy l'or en ce baston creux. Sainct Nicolas, quel adventure ! Le cas est fort miraculeux. (...) LE .I. SERGENT. Sainct Nicolas est dangereux ; Point ne se fault en luy fier. Il demonstre icy de ses jeux Pour son sainct nom glorifier. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 142).

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"Plan, dessein" : Si fist une ordre pour attraire Les chevaliers de bon affaire, Qui avoient devotion En terre de promission, Et aussi pour toutes gens d'armes Qui voloient sauver leurs ames. Et ves ci l'ordre et la devise, Einsi com je la te devise. (MACH., P. Alex., p.1369, 12). Irbouga, dont je vous devise, Avoit ordené la devise De ceste tres grant fausseté. (MACH., P. Alex., p.1369, 186).

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Deviser la devise : Or vueil deviser la devise Comment li bons roys ordonna, Qui là moult de son or donna. (MACH., P. Alex., p.1369, 138). Or vueil deviser la devise De Triple, comme elle est assise. (MACH., P. Alex., p.1369, 210).

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Faire des devises. "Faire un projet" : Et avec ce me raconta que entre luy et Gerart, son amy, avoyent fait certainez devises, que, se chose estoit que aulcun, son prochain cousin ou estrange, se pooit vanter d'avoir veu les enseignes, que certainement creroit ses amours estre fausees et de s'amye avoir sa volenté faitte (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 21).

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"Plan, procédé" : Lait parler et trop mesdire Sont une vile devise Sur homme ou chascun se mire Et ou tout le monde vise. (CHART., B. Nobles, c.1424, 405). Aprèz suit la forme planière Et la devise et la manière à composer la pomme d'ambre Pour flairer hors et en la chambre (LA HAYE, P. peste, 1426, 146).

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"Dessin, projet, plan, conception d'un objet" : ...à Me Girart de Grantchamp, sur le salaire de lui et de son clerc de la devise de 46 feuilles de papier d'escriptures par luy faictes et devisées contre ledit Jehan Daniel (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 231). À Me Jacques Rebours, procureur de ladicte ville, la somme de 62 s. p. que mesdits seigneurs les Prevost des marchans et eschevins de ladicte ville luy ont ordonné et tauxée pour raison de plusieurs escriptures, memoires, devises de lettres closes, requestes et autres memoires faits pour les besongnes et affaires de ladite ville (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1451-1453, 816).

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"Plan, description" : Apres la divise du mouvement veil dire de la sonnerie. (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 277).

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À devise. "Selon le plan, selon la prescription, exactement" : Et ajoustez un peu de cire, Qui blanche soit, et d'ambre grise Une juste dragme à devise, Et de pur musc, sans faillir mie (LA HAYE, P. peste, 1426, 149).

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"Objet dont on a reproduit l'image" : Aussi furent parduz plusieurs paintures de diverses façons et devises que l'un de mes paintres avoit tirées et portraictes où il y avoit aucunes villes et chasteaulx (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 321).

3.

"Disposition que prend qqn, intention, projet, souhait" : Telle est de cocquars la devise. (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 70).

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À devise. "À souhait" : Les troys dames distrent : "Bien nous souvient que jadis en ce royaume nous forgeasmes a devise, mais a present nous ne pouons plus en ce royaume demourer. Quant il plaira au souverain prince de nostre science, une autre foys ilz nous recoyvront, et de noz besans saintement useront." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 222). Et sachiez que ly moinsnez n'est pas si grans, mais il est moult beaulx de tous membres, et beau viaire a devise, excepté qu'il a ung oeil plus haut que l'autre un pou, et ne lui messiet pas trop. (ARRAS, c.1392-1393, 97). En beaulx sercuelz fais a devises Ont leurs amis mors enterrez (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 82).

-

À la devise de qqn. "Selon le souhait de qqn, au gré de qqn" : Si en poez faire à vostre devise, Car dessus vous riens ne vueil ne devise. (MACH., Compl., 1340-1377, 260). J'eus l'alerion de bonté, Si comme j'ay devant conté, A mon gré et a ma devise Par sa grace et par sa franchise. (MACH., D. Aler., a.1349, 401). Dame, tout a vostre devise Ouverray (Mir. mère pape, c.1355, 349). Mére (...) Au Dieu de toute creature, Qui tout a fait a sa divise... (Mir. parr., 1356, 52). [Janicola à Griseldis] Quant ta belle et bonne jouvent As usee ou noble servise Du marquis, qui a sa devise Prent autre pour toy delaissier. (Gris., 1395, 86). Et furent fait chil enghien, nonmés kas, sus quatre grosses nefs, a la devise et ordenance des deus mestres enghienneours qui menoient les ouvriers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 669). Et ne sui pas consilliés dou tout faire a sa devise ne a se aise, ne de eslongier ce que je pense a avoir conquis, et que je ai tant desiret et comparet. (FROISS., Chron. D., p.1400, 831). ...avant que de moy partez vous amenderez a mon vouloir et tout a ma devise les peines et travaulx que j'ay souffers (C.N.N., c.1456-1467, 156). En nom de Dieu qui tout soubstient Et qui tout fit a sa devise (LA VIGNE, S.M., 1496, 384).

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 40/31.

C. -

"Propos, discours ; conversation" : Et nous savons une devise Que li bons philosophes dist ; Il afferme, et je croy son dit, Que les maladies quelconques - Et qu'autrement il n'avint onques - Sont curées par leur contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 203). Car, tant qu'a moi, pas n'en sui sages, Et se n'est pas uns biaus usages Que chils meïsmes qui devise Soit jugieres de sa devise. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 224). De toutes leurs devises et leurs parolles estoient informet li dus de Braibant et la duchesse. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 239). Messires Henris de Mauni et messires Jehans de Malatrait (...) avoient estet à ces devises (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 11). ...vous me contés trop de devises : che sera trop tart (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 28). Lors de baisier et de rebaisier, de jouer et de deviser aux jeux et devises que le dieu d'amours leur avoit commandé. (LA SALE, J.S., 1456, 232). La belle merciere (...) entre aultres devises et pluseurs excusations servans a son propos, bailla journée a l'Escossois (C.N.N., c.1456-1467, 49). ...tres joyeux et plaisant homme estoit, tant en sa maniere d'estre comme en ses devises, ou qu'il les adressast, ou aux hommes ou aux femmes. (C.N.N., c.1456-1467, 115). ...après pluseurs parolles et devises d'entre elle et luy, elle luy dist ung mot tranché (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...comme ilz fussent en joyeuses devises et plaisans propos... (C.N.N., c.1456-1467, 127). ...ne fault doubter qu'il n'y eust pluseurs devises qui longues seroient a racompter (C.N.N., c.1456-1467, 377). Et alors le duc, la tirant a part emprés un banquet [ou] il alla seoir, l'assist emprés ly, et la, entre aultres devises joieuses et de pluseurs manieres, lui va dire par son nom... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 239). ...Jehan d'Escanaye, escuier de nostre cousin le conte de Romont, a fait rapport à ceulx de nostre sang et de nostre grant conseil, (...), des bonnes et amples devises qu'il a eues avec vous (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1483, 362).

Rem. Cligès C.T., 1455, gloss.

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Par maniere de devise. "Pour ainsi dire" : Droit par maniere de devise, De vostre fait je vous advise : Quant vous venrés aux grans argus, S'ilz vous contraignent de Jhesus Afin de le vous faire rendre, Offrir leur pouez senz mesprendre (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 876).

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Quelles sont vos devises ? "De quoi parlez-vous ?" : La survint une jadis compaigne a dame Transeline qui dist : "Or ça, queles sont voz devises ? - Sachiez, dist une vielle, que nous parlons des luittons, de la quauquemare, et des travaux qu'ilz nous donnent souvent..." (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 142).

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Avoir devises avec qqn. "S'entretenir avec lui" : ...ne sceut tout ce jour ne oncques puis trouver maniere ne fasson d'avoir devises avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 181). ...les aultres demourerent a l'ostel ; et fait a supposer que depuis en eurent maintes devises ensemble. [Après le départ d'invités qui ont assisté à une scène plaisante] (C.N.N., c.1456-1467, 371).

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Entrer en devises. "Entrer en conversation (avec qqn)" : ...comme l'on entre en devises, je commençay a compter comment on disoit... (C.N.N., c.1456-1467, 408). La belle Mirro le salua ossy. Puis entrerent en devises et dist Jason : "Ma dame, je ne vous eusse ceans a piece quise, n'eussent esté vos deux chevaulx que j'ay a ce matin trouvez avec le mien..." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 162).

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Estre en devises (avec qqn). "Être en conversation avec qqn, deviser, discuter, s'entretenir avec qqn" : Car, ainsi comme ilz estoient en devises... (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 379). ...une fois moy estant en devises avecques une dame de moult haulte fachon nommee Marguerite de Valois (...), si me conta... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 311).

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Faire la devise de qqc. "Faire mention de qqc., en parler" : ...chils qui en fist le devise Disoit ensi, quant je m'avise (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 150).

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Faire ses devises de qqc. "Deviser, discuter de qqc." : Et mesmes messire Pierre de Goux et autres ses compaignons, a chascune fois que venoient devant ly [le roi], en firent leurs devises entre eulx a part, disans qu'il ne leur sembloit point que certainement il la peust jamés faire longue, car sembloit estre tout estrange a ly mesmes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 308).

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Sans faire plus de devise. "Sans plus parler" : Sanz vous faire plus de devise, Alez, priez ent souvent Dieu, Et je m'en vois en autre lieu... (Mir. st Lor., 1380, 165).

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Mettre qqc. en devise. "Exposer, formuler qqc." : Or vous en allez (...) ; aultrement son marché seroit nul, que vous l'entendez. Car je l'ay mis en devise, s'il vous en soubvient. (C.N.N., c.1456-1467, 291).

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Se mettre en devises. "Engager la discussion" : ...la bonne nuyt donnée et a madame et a ses femmes, les deux bons chevaliers se mettent en devises de pluseurs et diverses materes. (C.N.N., c.1456-1467, 75).

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Tenir devises avec qqn. "Deviser, discuter, s'entretenir avec qqn" : Tint toutevoies longues et amples devises aveuc ledit evesque (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 233).

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Tenir ses devises. "Converser" : Et y fu assez parlé des prouesses d'Herculés et de Jason ; et en especial de Jason, pour ce qu'il estoit estrangier, les dames tindrent leurs devises et disoient qu'onques si beau filz n'avoient veu. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 128).

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En partic.

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"Formule, sentence" : LE VILLAIN. (...) Tant va le pot a l'eaue qu'il brise. LE MESSAGER. Par Dieu ! vecy bonne devise Et bien raportee au propos. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 166). Se femme convoitte que son mary prende en hayne qui que soit qu'elle n'ayme pas, assez se treuve occoisons, maiz qu'elle se y voeulle emploier. Si ne fault que dire a chascune foiz qu'ilz rencontrent l'un l'autre : "In camo" et "Tibi soli", et cetera, sans autre licite salutation ou devises. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 136).

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"Propos, contenu (d'une lettre)" : Maistre Bon, a savoir demant Que ceste lettre cy divise. Lisez la moy, que la divise En puise entendre. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 52).

II. -

[Sens partic. au mot devise, à la différence de devis]

A. -

"Emblème, figure emblématique ; en partic. emblème choisi par un seigneur et porté par les gens de sa suite" : Cil doi chevalier, qui estoient jone et amoureus (...) portoient cescuns une meisme devise de une blewe dame, ouvrée de broudure ou ray d'un soleil, sus le senestre brach. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 28). ...il encarga en sa devise le cerf vollant à porter. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 258). Coustepointes et couvertures à lit. Premièrement : Une grant couverture à lit, d'un grand veluiau, tout d'une pièce, de plusieurs devises, en façon d'un tappiz velu. Item, une grant coutepointe de tiercelin vermeil, fourré de cendal vert... (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 391-392). ...laquele vaisselle d'argent estoit signée ou fons aus armes ou devise de mess. Jehan de Roussay, chevalier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 131). ...il avoit en garde toute la plus grant partie de la chevance dudit sire de Roussay, pour faire la despence de son hostel. Et dit que icelle vaissele est à sondit maistre, et signée de sa devise, c'est assavoir à une corne de rangier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 134). À lui [Gauvain des Bois, orfèvre], pour l'or de 2 jaretières que Madame a envoiez à madame de Bourgongne le jour de l'an, pesans Vo XVI esterlins, moitié or fin et moitié or à XXII caraz valent 46 fr. 18 s. 9 d. t., pour la façon, taillier et esmaillier les brebis et chardons de la devise de ma dite dame de Bourgongne de ladite jaretière, où il a XXXVIII pièces, que chardons, que brebis, 20 fr. ; et pour 2 tissus de soye et les doubler de satin, 1 fr. 15 s. t. valent : 68 fr. 13 s. 9 d. t. (...) Ces parties de Gauvain des Bois sont toutes comprises en une quittance. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 72). Si prist devise et mot propice a l'entente et propos de s'amour que il porta en tous ses abillemens (Bouciquaut L., 1406-1409, 32). Plaisance fait maint tour faire, Puis deffaire, Puis refaire, Puis l'un l'autre contrefaire, En suivant porter devises. (CHART., L. Plais., c.1412, 149). Or prent devise ou brouderie neuve De quelque mot, fueille ou lettre qu'il treuve, Et la porte, sans que nul l'en desmeuve, Faitte de point Ou sur sa robe ou dessus son pourpoint, Ou en aneaulx s'il ne se broude point, Ou quelque part, s'elle y siet bien a point, Sur lui ailleurs. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 172). Item, ordonne que ilz ne portent habiz oultrageux ne autres que leur appartiennent sans prendre ceulx des gentilz hommes, broderies ne devises, comme tel orgueil puist estre prejudiciable et ait peut estre esté. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 137). Gaires aux autres n'assembloit ; Le noir portoit et sans devise, Et trop bien home ressembloit Qui n'a pas son cuer en franchise. (CHART., B. Dame, 1424, 335). ...et icelles fleurs, qui sont armes seulles en tout le monde, envoiees par euvre divine, soubzmectre et soubjuguer aux liepars, qui n'est que une devise, venue encores d'um des menbres de moy France, c'est assavoir de Normandie (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 191). Toutes les aultres [armoiries], et les tiennes, et les aultrez que tu appelles armes, ne sont que devises. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 191). ...pour cinq quartiers de blanc pour mypartir ledit harnois à la devise dudit seigneur XVII s. (Comptes roi René A., t.2, 1451, 177). Et pour ce que ledit baron de Coulonces portoit des floquars à sa devise, ledit seignour de Scalles les porta tousjours depuis en signe de vaillance, et lessa les seraines qu'il portoit en précédent [Note de l'éd. : "Il s'agit ici d'une espèce de lambrequin ou ornement d'étoffe flottante que le baron de Coulonces portoit, apparemment, suivant la mode d'alors, au cimier de son casque de bataille"]. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., c.1460-1470, 200-201). ...chevaliers et barrons et aultres gentilz hommes (...) trespompeusement housséz de riches draps de soye differens en couleur et en devises (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 130). ...desoubz fut trouvé le mieulx armé chevalier, le plus bel des aultres, houssé richement d'une couverte de veloux vert broddé dessus de papillons d'argent en semure a tout uns orfrois de piet et demy de large de sa devise, de barbaquannes d'or moult ricement faites en ouvraige eslevé (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 131). [Messire Jehan de Croy, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] Se ses armes, son nom ou sa devise sont mises ou pointes par vostre royamme, tantost elles sont parcees, esgratinees ou villainement soullees. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 186). D'autres portoyent une devise ornee Selon leur cas et leur plaisir aussi (LA VIGNE, V.N., p.1495, 144). Autour du col bagues, joyaulx, carcans, Et pour son chief de richesse estoffer, Bordures d'or, devises et brocans (LA VIGNE, V.N., p.1495, 176). Quant ung prince donne quelque devise à plusieurs nobles hommes sans nombre et sans chapitres, cela ne se doit point nommer ordre, mais devises seullement. Exemple : les Rois d'Engleterre ont leur ordre de la Jarretiere où ils sont nombre de chevalliers et chapitres notables, et en celle ordre a et a eu moult de notables et vaillans chevalliers. Mais oultre celle ordre ilz ont une devise qui donnent à plusieurs chevalliers, dames et damoiselles et escuiers. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 161). Le Roy Regnier de Cecille esleva une confrairie de chevalliers et d'escuyers qui portoient le croissant soubz l'esselle, les chevalliers d'or et les escuiers d'argent, et y avoit escript : Croissant en loz ; et combien que les enseignes furent belles et portées à gens de bien, touttesfois ce n'estoit point ordre, car il n'y avoit ne nombre ne chapitres, et n'en fut jamais la feste tenue ne celebrée ; pourquoy je dis et concluz en ceste partie que ce ne fust point ordre, mais la nommerons confrairie ou devise, qui certes fut belle et de grand monstre. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 162). Charles, duc d'Orleans, porta en devise le quamail où il pendoit ung porc epic, et fut porté par beaucoup de gens de bien, chevalliers et escuyers (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 162). Et partant fist mettre le duc de Bourgoigne en sa devise ces motz : "De par Dieu soit." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 340).

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La devise de qqn. "Livrée, couleurs (comme signe distinctif d'un grand personnage)" : Après eulx alloyent les sergens et officiers particuliers de Monsr le Prévost de Paris, tous habillez de livrées et à sa devise, assavoir est de hoquetons chargez d'orfaveries en or et en argent, lesquelz hocquetons devant et derrière avoit deux moutons en contenance de heurter l'un l'aultre richement faict (LA VIGNE, Sacre Anne Bret. S., 1505, 286).

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[P. plaisant.] : LE DEUSIESME. Je ne m'en scauroye plus taire, Je sens icy du vent de bise. Comment vecy bonne divise, Metz tu meintenant ung beguin ? Tu as ton visaige sanguin, L'orine en devroit estre belle. (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

B. -

En partic. "Motif d'ornementation propre à une dame, que son ami fait reproduire sur ses propres chausses, voire sur la livrée de ses gens" : ...puis [Saintré] se mist en point d'un pourpoint de cramoisy brochié de fin or, de chausses d'escallacte brodees de tres grosses et fines pelles, aux couleurs et devise de Madame (...) acompaignié de deux chevaliers, XIJ escuiers de son hostel, tresbien en point et tous de semblables robes a la devise de Madame, la vint veoir en son hostel. (LA SALE, J.S., 1456, 271).

C. -

"Ce que l'on se propose dans la vie, règle de conduite" : Et semblablement j'ay escript mon mot et ma devise, mais a tresgrant payne, tant est le rochier dur. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 111). CROQUEPIE. Je veuil bricoler Par tout bavoler, Rire est ma devise, Foler est ma guise, Jusqu'a la chemise Recepte ne mise N'en sera ja faicte. (Vig. Trib., c.1480, 226). LE PREMIER. Tu es ung bon marchant de peautre, Je l'entens bien a ta devise, Voyrement quant je me ravise, Jouons a aucun jeu, nous deux. (Tr. Men., c.1480-1500, 289).