C.N.R.S.
 
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     FEINTIF     
FEW III 554a fingere
FEINTIF, adj.
[T-L : feintiz ; GD : faintif/faintis ; FEW III, 554a : fingere]

A. -

"Qui feint"

 

1.

"Qui feint, qui fait semblant, trompeur, mensonger" : Foy n'est trovee ne courtoisie Ne en parens ne en lignie, Quart li pluseurs sont trop faintis. Ou monde n'a que tricherie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 170). Quant vinrent en la ville en tel lieu furent mis Ou on mettoit larrons et meurdreours faintis. (Tristan Nant. S., c.1350,). O ! miroir joyeux et saintif ! Dame, O ! de quelle joye emplist L'amant qui n'a le cueur faintif, Qui a le servir s'assouplist, De tous biens le nombre accomplist, Regrets, souspirs, souhets, deffault (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 29).

 

-

[D'une chose] "Qui trompe, qui induit en erreur" : O mauvaise inobedïence, Vice voratif et faintifz, Par toy sommes a mort soubzmis Et ployéz en ceste misere. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450,). J'ay nom, sans que rien mesdie, "Le pouvre homme abuzé en court". Pouvre abuzé En promesse faintive, Viel et usé Qu'a pouvreté estrive (Abuzé D., c.1450-1470,).

 

Rem. On peut placer ici l'ex. suivant : Fors qui voelt bien morir bien vive, Seloncq Dieu et sa conscience Et ses commandemens avive. Congnoisse sa vie faintive [var. fainctive] Et prendre tout en patience. (CHASTELL., Miroir mort V.H., c.1436-1450, 74) que l'éd. glose (p. 163) par "fautif". À noter que le FEW III, 389b : fallere a retenu la leçon fautif, en la datant du XVe s., d'apr. A. Delboulle, R. Hist. littér. Fr. 12, 1905, 698, qui cite ce même ex. d'apr. CHASTELL., Chron. K., t.6, 59, où on lit en effet : vie fautive [d'où l'attest. datée de av. 1475 ds TLF VIII, 696b, s.v. fautif] ; s'agit-il là, comme le dénonce l'éd. Van Hemelryck (p. 49-50), d'une de ces variantes, non avouées, empruntées indifféremment aux manuscrits A et C, ou d'un archaïsme forgé de toute pièce par Kervyn de Lettenhove ou encore d'une variante à mettre au compte d'une mauvaise lecture ? [B. Stumpf]

 

-

Empl. subst. "Celui qui fait semblant, hypocrite, faux" : Li aultres l'emble comme lerres Et comme faintis et boulerres [var. voulierrez, l. boulierrez] (Echecs amour. K., c.1370-1380, 204). Le plus manteur et le plus desloial, Le plus faintif en amer sanz amours, Le plus vanteur d'estre bon et loial, Le plus chetif qui tout fait a rebours Est celui qui cuide bien M'amour avoir, mais il n'en sera rien (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 50). Et certes je use le plus volentiers de la parole de Terence quant a eschaufer la fornaise de convoitise s'assemblent flateurs, raporteurs, annunceurs, detraieurs, envieus, convoiteus d'oneurs, orgueilleus, eslevéz, faintis, faux preudomes, pecheurs et trespasseurs de toutes loys et d'offices (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 211). Par quoy Amours, par grant despit, Lui a refusé le respit De grace et amoureux secours. C'est la vengeance et le recours Qu'il donne souvent en ses tours Aux faulx, fainctis et desloyaulx. (Narcissus, p.1426, 306).

 

-

"Fictif" : LE SAINT PERE, octroiant unes bulles faintives. Ne requerez qui n'appartiegne, Car chascun desire son per (...). Congié lui [au marquis] donnons de contraire Nouvel marïage et plus hault [bulles fictives parce que non encore écrites, non encore authentiques, cf. v. 1933]. (Gris., 1395, 73).

 

2.

[Sous la nég.] N'estre pas feintif de faire qqc. "Faire qqc. effectivement, sans hésiter" : SECOND HERMITE. Monstrez combien de vo mestier Estes soubtilz. LE FÉVRE. Sire, ja n'en seray faintis. (Mir. st Guill., c.1347, 29). Quant j'oy ce, je fui dolens ; Mais je ne fui feintis ne lens De li demander humblement Qu'elle me devisast briefment De la dame la verité D'un petit de sa poësté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 269).

B. -

"Qui est lâche, poltron" : ...de deux cens chevalliers ou plus qui estoient en celle assamblee, il n'en demoura que cincq a cheval, lesquelz estoient tenus pour laschez et recreans et pour chevalliers faintifs et meschans. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 0). Bien doit estre Lions joians et esbaudis Quant par son herdement serait a honnour mis. C'est muelx droit qu'il ait bien que li couar faintis, Car couair [ne] doit estre a belle damme amis (Lion Bourges K.P.F., c.1350,). ...Dacien (...) Qui n'a mie conme faintis Les gens de France guerroyé (Mir. st Lor., 1380, 133). Or sus, chevaliers, alés tournoier, il en est tamps. Le derrain sera tenu pour faintif ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1131).

 

-

"Paresseux" : ...en l'estat de jennesse l'omme pourquiert ce qu'il treuve en viellesse, et s'en jennesse est faintif, il se treuve en viellesse de povre renommee, et le riche se treuve advironné d'amis par sa bonne renommee. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1136).

V. aussi feintiz
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin / Pierre Cromer

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