A. -

"Nuage, nuée" : Dont elle tenra closement Son secret, sans point reveler, Fors d'un point, qu'on ne puet celer, En la partie de maniere : Car il apparra en sa chiere Un po de maniere avivée ; Aussi comme un po de nuée Par dessus le soleil trespasse, Porra il paroir en sa face. (MACH., D. Aler., a.1349, 303). ...li temps s'apaisa, la nuee passa, li airs chei, li ciels esclarci, li solaus conmença a luire sus l' eure de basses vespres, biaus et clers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 728). Veez vous le feug ? Il est estaint. Ces fagos ne bruleront point ; Vous veez que du ciel la pluye A tout estaint de ceste nuye, Et sy ne pleut point aultre part. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 162). Cestui prenostica l'obscurté et prolongacion de la nuyt, qui contint la pluspart du jour et l'orrible habondance des perres naturelles, qui tumberent des nuées avecques la grosse gresle, qui batirent toute la terre en grande pitié et partie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°). ...et le VIIe des ydues du mois de juing sequent, vint à Mont Robert une nuée de pluye si vehemente que toute la cité en fut oppressée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 r°). ...Dens ung parquet ou gracïeux parvis Fut demonstré par une belle histoire Le triumphe de celeste victoire Que jadis eult le noble roy Clovis ; Aussi comment des lors entre les vifz Furent ses armes divinement muees De troys crapaulx en troys grans fleurs de lis Par ung ange descendant des nuees. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 166).

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Passer comme une nuee : Pour ce dit Orace en ses Epystles que yre est une fureur briefve qui passe comme une nuee, mais, se tu vois qu'elle se arreste et que elle veulle tourbler ton entendement, ne seuffre ton entendement y consentir. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 245).

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RELIG. "Manifestation de la présence de Dieu au milieu de son peuple"

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Colonne de nuee/figure de nuee. "Dieu invisible qui guide le peuple d'Israël à sa sortie d'Égypte" : Item le Saint Esperit s'apparut encores en trois manieres. Premierement en figure de nuee du temps de Moyse pour le conduire par la columpne en figure de nuee, comme il est escript ou livre de Ysaie le prophete au LXIIJe. chapitle. (Somme abr., c.1477-1481, 120).

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P. métaph. : Pour che de la concupiscence desordonnee de la char se partoient nuees d'ordure embroullies par la sourse de jennesse, et advugloient mon cuer tellement qu'il ne scavoit discerner entre la clarté de dilection et le broullas de charnele delectation. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 270). Se Dieu plaist, briefment la nuee De ma tristesse passera (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 67). ...les citoyens sont despourveux d'esperance, et descongnoissans de seigneurie par l'oscurté de ceste trouble nuee (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 19). Or fut l'air obscurcy de rechief, et la nuee defoullee de descongnoissance mist obstacle entre Dieu et homme par sedition de Mahommet (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 117). Pareillement, ne peut la clareté de l'entendement humain luyre ne resplendir es consaulz ne es aultres oeuvres quant les tenebres des nuees de yre le tourble et obfusque. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 244).

B. -

P. anal.

1.

ASTR. [trad. le lat. cum nube] "Nébuleuse" : Les estoilles qui ont nuees, il sont 2 estoilles qui ont moiienne nuee... (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 61).

2.

"Traînée aux contours incertains" : Zebel selonc Avicenne est ung pannicule venant en l'ueil de inflaction de voynez apparentes en la superfice de la conjoinctiva et de la cornea et entre la texure d' icelles apparence comme petite nuee plaine de fumee et est avec prurit et lermes et ulceres, avec grosseur de palpebres et scabiosités et offension et nuysement de lumiere. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VI, doct.2, chap.2).

C. -

Au fig. "Production déraisonnable de l'imagination" : Icy convient l'ame entrer forment dedans sa memoire sans evagacion par dehors, et esclarsir son entendement par debouter et oster ; non mie oster car ne se puet faire, mais mettre au bas et en oubly toutes les nuees et obscurtez des ymaginacions et fant[asies] des choses sensibles, ce qui est tres fort. (GERS., Trin., 1402, 172).