C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/servir 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 2 articles
 
 Article 1/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SERVIR     
FEW XI 536a servire
SERVIR, verbe
[T-L : servir ; GD : servant1/servant2 ; GDC : servir ; DÉCT : servir ; FEW XI, 536a : servire ; TLF : XV, 416b : servir]

I. -

[Idée de soumission et de dépendance (lat. servus)] Servir à / de qqc.

A. -

[D'une pers.] "Être le serf, l'esclave de qqc., être dépendant de qqc." : De l'amour de Ludie estoit si bien servis Que par jour et par nuit aloit pensant toutdis Comment porroit avoir le pucelle gentis. (Bât. Bouillon C., c.1350, 165). Car nous veon que le plus des gens sont trop enclins a delectacion et servent as delectacions. (ORESME, E.A., c.1370, 497). ...Mercure (...) reprit ses elles argentees affin d'increper la tardité et lente progression de sez compaignons servis ["assujettis"] ou zodiaque (Lyon cor. U., 1467, 27).

 

-

"Se soumettre à, se conformer aux exigences de qqc." : ...sy ne fust il [César] oncques si espouvris qu'il ne lui souvenist de honnesteté et qu'il ne servist a vergongne (LA SALE, Sale D., 1451, 198). Plus n'accomplirey vostre veul, Palharde cher pugnaise et orde, Puis que Dieu m'a pris en sa corde. Je veulx servir a l'esperit, Lequel, mon Dieu, estoit perit, Si ne m'eussiés ad vous tiree. Las, mon Dieu, j'estoye dampnee, Si ne fust vostre bonne grace. (Pass. Auv., 1477, 150).

B. -

[D'une chose] "Dépendre de qqc." : Et met encore Averroïz une autre similitude de pluseurs artifices qui sont souz un principal auquel il servent. (ORESME, C.M., c.1377, 464). Et est dit serventoys pour ce qu'il doibt estre servant devant et derriere a une amoureuse [Éd. : "le premier vers de chacun de ses couplets est le même que le premier vers de chacun des couplets correspondants de l'amoureuse" ; ces vers sont dans la dépendance de ceux de l'amoureuse] (BAUDET HER., Doctr. sec. rhétor. L., 1432, 170). Les serventois servent pareillement aux puis royaulx, ausquelz il y a certaines regles que les princes desdis puis y mettent (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 244).

 

-

"Être subordonné à qqc." : Et selon ceste maniere sont les arts et doctrines et offices ordenees les unes pour servir as autres. (ORESME, E.A., c.1370, 104).

II. -

[Idée d'obligation dont on s'acquitte (par soumission, par dépendance...)]

A. -

Servir qqn (plus rarement à qqn). "S'acquitter de certaines obligations, de certains devoirs envers qqn"

 

1.

[Envers Dieu]

 

a)

"Se mettre au service de Dieu, en vivant, en agissant selon la loi divine" : LE SEIGNEUR. (...) Servons Dieu et n'en parlons plus. S'il lui plaist, cest veu bien tenrons. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). Mais toutesvoies, celui qui les sert [les dieux et noz parens] et honeure selon sa puissance, il est vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 451). Premierement amez et doubtez et servez Dieu vostre Createur, continuelment. Tenez les commandemens de nostre mere Saincte Eglise et tous les degrez et commandemens de nostre foy catholique. (ARRAS, c.1392-1393, 152). ...qui peche ne le sert pas [Dieu] (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 167). ...puis que madame est accoustumée de servir Dieu, qu'elle parface. [La femme est en oraison] (C.N.N., c.1456-1467, 271). ...fors ce Qu'en Dieu servant tu auras amassé. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 27). Pour toy servir et honnorer, Abandonner Tout ce que j'ay, Jhesus, vouldroye. Je ne me sçaroye souler, Toy adourer, Ne gracïer si que devoye. (Pass. Auv., 1477, 131). Mon seigneur, je suis son ancelle Et sa servante [de Jésus] a le servir (Pass. Auv., 1477, 237).

 

-

"Se consacrer au service de l'Église" : ...il disoit a sa dame qu'il vouloit doresenavant servir Dieu et vivre de ses benefices et soy du tout rendre a l'eglise. (C.N.N., c.1456-1467, 416).

 

b)

"Rendre à Dieu le culte, les honneurs qui lui sont dus" : ...et sur ce ont baillé requeste, et ancor requierent, attendu le temps d'aoust et vendenges, que puissent revenir en leur couvent servir Dieu. (BAYE, I, 1400-1410, 200). ...nous nous emploierons à bouter la guerre hors d'icellui royaume et le mettre en paix et transquillité, afin que Dieu y soit servy et honnoré (FAUQ., II, 1421-1430, 96).

 

-

Servir la Vierge / un saint : NOSTRE DAME. Chiére amie, a ma voulenté M'as lonc temps amée et servie (Mir. enf. diable, c.1339, 3). SAINT PRIST. (...) Dame, jadis soloie avoir Un sergent qui moult m'honnora, Moult me servy et moult m'ama (Mir. prev., 1352, 254). Encores veul et vous commande que aprés Dieu vous amez et servez la benoite Vierge Marie (LA SALE, J.S., 1456, 36).

 

.

[Suivi d'un compl. introd. par de] : Pierre, malement ouvré a Le pape (...), Car je voy que par avarice Il a perdu com fol et nice Le basme dont l'en te servoit Et qui en ta chappelle ardoit (Mir. pape, 1346, 364). ...conment elle garanti de mort un marchant, qui lonc temps l'avoit servie de chapiaux (Mir. march. larr., c.1349, 94). Et pour ce me vueil octrier, Dame, a vous servir de chapiaux, Chascun samedi, touz nouviaux (Mir. march. larr., c.1349, 94).

 

.

Empl. abs. : Si vueil que n'i ait plus tardé C'on ne me voit le bourgois querre, Qui du basme servoit. (Mir. pape, 1346, 387).

 

c)

Servir à Dieu / à un dieu. "S'acquitter de ses devoirs (envers Dieu, un dieu ou une idole)" : ...saint Paulin de Nole (...) ne fut par adversité De servir a Dieu empeschié (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 107). A ce devroient penser voire Les folz qui aux ydoles servent, Qui rien fors enfer ne desservent. Folz sont il voir et plain de rage, Qui aourent leur propre ouvrage (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 268). Se tu desires pour le miex Qu'aux ydoles ne serve point, Ottroies moy donques ce point Que prendre me vueilles a femme. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 291). Et pour ç'a li [à ton Dieu] servir m'ottroy : Si fera mon seigneur le roy (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 297). Sire, les biens que desservir Poons de servir a noz diex Sont moult grans (Mir. st Panth., 1364, 315). L'EMPEREUR. Vas me querre, vas sanz demour Les prestres a noz dieux servans. (Mir. st Panth., 1364, 345). Sept hermittes, sire, ay tué, Que trouvay en un hermittage, Servans a Dieu de bon courage. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39). ...il a le monde servy Seulement, sanz servir a Dieu (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). Lesquelles si engendrent et produisent maintez filz au reaulme, non point en servitude mais en libertez, lesquelx a Dieu servent non point par timour mais par charitey et en libertés de enfentement de bonnes evre. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281). O mes amis, Anges polis - a Dieu servans, Quant Guabriel vis, Et concepvis, - joyeux, risans Estions en seans. Tout ce revire ! (Pass. Auv., 1477, 246).

 

d)

Part. prés. en empl. subst. "Fidèle, dévot" : Princes, servons de cuer et de pensée L'arche en qui fu la sainte char fourmée De Jhesu Crist, car bien li ramentoit Son vray servant, afin que sauvé soit. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 245). Femme loée u ciel dont saint Jehans Jadis vous vit pour voz servans deffendre Ainsi qu'une sainte cité descendre (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Dame, donnez moy desservir L'amour vostre filz vous servant Si qu'il me vueille pour servant Recongnoistre (Mir. parr., 1356, 51). DIEU. (...) En cel angle la voy assis Un nostre servant, Alexis (Mir. st Alexis, 1382, 337).

 

2.

[Du vassal envers le seigneur] : ...et demanday a Gaufroit de cuy il tenoit sa terre. Il me respondit qu'il la tenoit de Dieu et de nulz autrez. Je luy dis qu'il la devoit tenir de vous et vous servir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 22).

 

-

DR. FÉOD. Servir qqn de son devoir. "S'acquitter du service féodal envers qqn" : Mais le seigneur pourra bien prendre les choses dessusdictes sans le faire assavoir à son homme selon aucun cas, comme si le seigneur prenoit et saisissoit lesdictes choses sur son homme pour ce qu'il cuidast qu'il ne l'eust pas poié ne servy de son devoir, combien qu'il eust esté poié et servy de son devoir, ainsi le pourroit faire le seigneur pour quoy il jurast qu'il cuidast que l'omme ne l'eust pas suffisaument servy ne poié. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 539).

 

3.

[D'une pers. envers une autre qui l'emploie, à laquelle elle est soumise, en partic. du domestique envers le maître] "Assurer telle ou telle fonction auprès de qqn, être à ses ordres" : MAISTRE MORIN. (...) Sire, voulentiers le prendray [vostre filz] Et le mestier li apprendray (...) Mais je vous di bien qu'i convient Qu'il me serve set ans entiers (Mir. st Panth., 1364, 313). Je servoie conme meschine, On me servira con royne. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 87). En Saine une nef prenderons Ou il [vos filz] seront touz deux mis ens ; Et avec eulx ara dedanz Un vallet qui les servira. (Mir. ste Bauth., c.1376, 157). ...[il] ne vouloit plus servir son maistre, pour cause des injures qui avoient esté dites par entre eulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). Auquel lieu de Salucet il servi icellui capitaine, par la maniere que dit est, trois mois ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124). Item, cogneust que, un an a ou environ, elle lors servante une sienne maistresse chasubliere nommée Gilete La Lingiere (...) mal print et embla en icellui hostel deux aulnes de toille, desquelles elle qui parle fist faire des chemises pour elle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 198). ...il estoit allez en la ville de Cosne sur Loire, pour trouver maistre à servir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 228). Mais ilz ne vouldrent partir, et se rendy le chappellain hermite ou lieu de son maistre et le clerc le demoura servant comme devant. (ARRAS, c.1392-1393, 293). Et sachiez qu'il amoit tant Remondin que plus ne povoit, et l'enfant luy, et se penoit moult de servir le conte, son oncle, et de lui faire plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ...attendu ledit temps que j'avoie servi ledit Seigneur et sa Court en la dicte Grant Chambre, moins mal le deveroie servir en icelle Chambre que en ladicte Chambre des Enquestes. (BAYE, II, 1411-1417, 273). Et semblablement monseigneur de Bourgongne fist serement pareil de servir loyaument le Roy et obeir à lui (FAUQ., I, 1417-1420, 157). ...ung jeune compaignon picard (...) servit tresbien et loyaument son maistre assez longue espace. (C.N.N., c.1456-1467, 68). ...je vous requier que vous soyez mon moyen vers ce cardinal que je le serve (C.N.N., c.1456-1467, 284). Quant deviendrez vielle, fleterye [à l'âge canonique], Plus ne servirez q'un viel prestre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58). ...mais, depuis le temps que je veins en son service, jusques à l'heure de son trespas, où j'estoye present, ay faict plus continuelle residence avec luy que nul autre, de l'estat à quoy je le servoye, qui, pour le moins, a tousjours esté de chambellan, ou occuppé en ses grans affaires (COMM., I, 1489-1491, 1). EMPEREUR. (...) Aussi gardez des estatus enfraindre Qui appartiennent a ce noble degré Et vostre cueur poinct ne veillez reffraindre De m'obeÿr et servir [et de me servir] a mon gré. (LA VIGNE, S.M., 1496, 175). Pour Dieu, sire, ayez pitié de moy et de mes povres enfans et estandés vostre misericorde, et à tousjours mais ne cesserons de vous servir et de prier Dieu pour vous (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

 

-

Servir qqn de qqc. "Être au service de qqn pour ce qui est de" : LE SENATEUR. M'amie, je vous retenray Voulentiers, se (...) vous pensez a servir. (...) LA FILLE. Grant merciz. De quoy, sire doulx, Vous serviray je ? LE SENATEUR. (...) Vous arez office ligiére ; Vous serez, sanz plus, claceliére De ceens (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). ...Jehan de Busse, qui de chausses servoit le roy... (LA SALE, J.S., 1456, 52). ...messire Michel de Changy, un de ses maistres d'hostel qui le servit du couteau ["qui faisait office d'écuyer tranchant"] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 157).

 

-

Servir qqn de telle fonction. "Faire office auprès de qqn dans telle ou telle fonction" : Pour lors, estoie encores avec ledict duc, le servoye de chambellain et couchoye en sa chambre, quant je vouloye, car telle estoit l' usance de ceste maison (COMM., I, 1489-1491, 132).

 

-

Servir (qqn) de + inf. : Sire, celi (...) Qui ceens d'escurer servoit Les vaissiaux et les draps lavoit S'en va du tout. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 292). ...lequel prisonnier, pour ce, si comme il disoit, qu'il estoit du païs de Caux, sondit seigneur et mary avoit bien en voulenté et plaisir qu'il conversast environ eulx, les servisist de fourrer leurs garnemens, et y gaignast sa vie comme un autre varlet fourreur feroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). Providence de trencher la servoit, Discrection pourtoit meix acceptables, Docilité en vasseaux delectables Servit de vin es fois qu'elle bevoit. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 19).

 

.

P. iron. : CERBERUS. (...) Lucifer, je le vous confesse, Je n'ay servy que d'abillier Ces dampnez qui sont en destresse ! [Cerberus vient de tourmenter les damnés ; "mon seul office a été de les arranger à ma façon"] (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.8713).

 

-

Servir à qqn. "Être, se mettre au service de qqn" : Le monde c'est la cause toute Pour quoy l'omme sert au dyable ; C'est service mal agreable. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 96). ...l'ostel si est a vostre commandement pour l'amour d'un chevalier qui sert au gentil prince. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 359). ...quatre damoiselles qui servoient a la rouyne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1044). ...je suis tellement née soubz telle estoille pour estre preste et servant aux hommes ! (C.N.N., c.1456-1467, 519). ...je servis A celle qui est sans nul vice. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 42).

 

-

Servir un office. "Assurer une fonction" : Et a juré maistre Clement de Fauquanbergue dessusdit, qui par avant visitoit les lettres à la Chancellerie, qu'il servira et desservira ceans son office continuelment, car autrement n'eust esté esleu (BAYE, I, 1400-1410, 349).

 

-

Empl. abs. "Assurer une fonction auprès de qqn, assurer telle ou telle fonction" : Car je soloie estre servie, Et il me fault devenir serve, Se je vueil vivre, et que je serve, Ce qu'apris n'ay. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). Je servoie conme meschine (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 87). L'OSTELLIER. (...) Ariez vous point le cuer engrant De servir, dame ? OSANNE. S'il vous plaist, sire, oil, par m'ame, Voulentiers (...) Serviray pour gaingnier ma vie (Mir. roy Thierry, c.1374, 291). Cedit jour (...) l'en a trouvé que de VJ huissiers de ceans qui à leur tour estoient de servir pour ce moiz (...) n'en avoit presens que IJ qui servissent (BAYE, II, 1411-1417, 20). ...combien que ledit Gencien eust premierement perceu en ladicte Chambre des Enquestes gages de lay et servi comme lay, toutevoie estoit-il plus ancien conseiller en icelle Chambre, car il avoit primo servi comme clerc et après comme lay. (BAYE, II, 1411-1417, 25). ...comme par la grace de Dieu, du Roy et de sa Court, eusse servi ceans et exercé l'office de graphier par l'espace de seze ans (BAYE, II, 1411-1417, 273). ...combien que je me sentoie ancores sain et entier, et n'estoie ne rompu ne froissié, mais seulement ploié, si povoie ancores bien servir oudit office (BAYE, II, 1411-1417, 273). ...à trois enffans de ladicte chappelle, c'est assavoir Jehannin Poussart, Michelet des Peaulx et Hanotin Le Fevre, pour semblablement avoir servy par lesdiz 3 mois 10 jours entiers, aux gaiges chascun de 5 solz et 4 deniers parisis par jour (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 161). ...ses voisins (...) comme a court pluseurs servent par temps et termes, eurent leur audience. (C.N.N., c.1456-1467, 461). ...Monsieur de Bresse, monsieur de Montpensier, Monsieur de Foys, monsieur de Lucembourg Qui bien servirent tant en ville qu'en bourg, Helas, helas ! et monsieur de Vendosme, En qui estoit toute parfection d'omme. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 151).

 

.

Servir à la voiture. "Faire office de voiturier" : ...il aloit aucunesfoiz servir à la voicture avecques son pere, qui estoit voicturier par terre (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452-1453, 328).

 

.

Servir de son metier. "Remplir son office, faire son métier" : Mais la deese de discorde N'y fu semonce, et pour ce y vint Sanz mander, et bien son lieu tint ; Car y servi de son mestier, Tout n'y eust elle ja mestier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 261).

 

.

"Être serviteur, domestique" : ...elle estoit en la ville de Nogent-le-Retrou pour querir sa vie pour Dieu, en laquelle avoit esté par plusieurs fois paravant le temps dessus dit, et y avoit servi comme chamberiere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 476). ...par environ un an et demi a, il a servi en l'ostel dudit mons. le connestable comme varlet et serviteur d'un nommé Jehannin Guespin, familier d'icellui mons. le connestable (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 516).

 

-

[Du chien] : Chien a moult de painne pour sevir son mestre[pour la forme,cf. Introd. p.XXI] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 61).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui est au service de qqn, qui assure une certaine fonction" : ...oncques il ne aprint mestier ne marchandise, mais a tousjours esté varlet servant et homme vacabond (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...Jaquet du Chastenay, povre jeune homme servant, clerc non marié du pays de Poictou, (...) estant sur son partement pour venir en nostre ville de Paris pour les besongnes d'un appellé Jehan Brichou, seigneur de Puissec, son maistre, demanda à Françoise Gauvaigne, damoiselle, sa parente de bas, se elle vouloit riens mander à Paris (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 156). ...Perrin Paumier, varlet cordouennier, demourant en l'ostel d'un autre cordouennier d'icelle ville de Caen come varlet gangnant loier ou servant. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1435, 307). Laquelle nouvelle oÿe, incontinent les fadrins, qui sont les paiges servans de la nave, saillirent au palescarme (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 154). ...avoit ung gentil chevalier logé en ung bel et bon hostel ou il y avoit une tresbelle jeune chambriere servant de laquelle tresamoureux estoit (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui est au service de qqn, qui assure une certaine fonction" : ...oncques il ne aprint mestier ne marchandise, mais a tousjours esté varlet servant et homme vacabond (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...Jaquet du Chastenay, povre jeune homme servant, clerc non marié du pays de Poictou, (...) estant sur son partement pour venir en nostre ville de Paris pour les besongnes d'un appellé Jehan Brichou, seigneur de Puissec, son maistre, demanda à Françoise Gauvaigne, damoiselle, sa parente de bas, se elle vouloit riens mander à Paris (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 156). ...Perrin Paumier, varlet cordouennier, demourant en l'ostel d'un autre cordouennier d'icelle ville de Caen come varlet gangnant loier ou servant. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1435, 307). Laquelle nouvelle oÿe, incontinent les fadrins, qui sont les paiges servans de la nave, saillirent au palescarme (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 154). ...avoit ung gentil chevalier logé en ung bel et bon hostel ou il y avoit une tresbelle jeune chambriere servant de laquelle tresamoureux estoit (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

-

Part. prés. en empl. subst. V. servant "Serviteur" : Rois, donc hors d'entour ton filz mett Touz ses servans ; (...) Et pour li servir ne li bailles Mais que femmes bien acesmées Et pucelles gentes parées (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 288). Tu, seigneur, dois vivre justement (...) pour ce que tu puisses desprisier et ne craindre les langues de tes servans ; car la langue est la plus mauvaise partie du malvais servant. (LA SALE, Sale D., 1451, 192).

 

-

Prov. : Mais cils qui sert plus loiaument, Cils a le milleur paiement. (MACH., D. verg., a.1340, 29). Donne si tu vieulx estre riches Et sers si tu vieulx estre sires ; Car pour donner et pour servir Peut ung home monter et venir Asséz toust en auctorité, S'il est garni d'umilité. (Liber Fort. G., 1346, 76). Il n'est servir que roy souvrain. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195). On ne puet servr a deux maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). Nul ne peut servir a deux seigneurs contraires l'ung a l'autre. (MACHO, Esope R., c.1480, 1130). Nul ne peut servir Dieu ne [l. et] le dyable (MACHO, Esope R., c.1480, 1136).

 

.

Qui bien sert bon loyer attend : Qui bien sert, bon loyer atent (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 15). ...par droit dessert Loyer et honneur qui bien sert (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 10). Car qui bien sert bon loyer en attend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 176).

 

Rem. Prov. H., 229 [S80].

 

.

Qui sert et ne parsert, il perd son loyer. "Celui qui sert, mais qui ne va pas jusqu'au bout, il ne doit rien tirer de son service" : Aussi dit-on que cils qui sert, S' il ne parsert, son louier pert. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Qui sert et ne parsert il ne doit prouffiter. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 200). Cellui qui sert et ne parsert son loyer pert (LA SALE, J.S., 1456, 256). ...considerant le commun proverbe qui se dit que qui sert et ne parsert, son loyer pert... (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111).

 

Rem. Prov. H., 229 [S82].

 

4.

[Du chevalier, du soldat envers son chef] : ...s'en ala devers son maistre, et luy compta la venue d'un jeune gentilhomme de Brabant, qui le vouldroit bien servir. (C.N.N., c.1456-1467, 173). ...monseigneur fut mandé pour servir son prince en la guerre (C.N.N., c.1456-1467, 279). Et en son lieu le roy donna ledit office de prevost de Paris à Jaques d'Estouteville, filz dudit deffunct prevost, en faveur de ce qu'il disoit que ledit deffunct l'avoit bien et loyaulment servy à la rencontre de Montlehery et aultres divers lieux. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 87).

 

-

Servir qqn contre ses ennemis : Et aprez, les faictes jurer, se vous les eussiez mandez au siege, se ilz vous feussent venuz servir contre voz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

-

Empl. abs. "Assurer un service militaire, être soldat" : ...gens d'armes et de pié qui servirent à Maisières sur Meuse (Comté Champ. Brie L., t.1, c.1350, 449). ...lesquielx hommes darmes et servans avoient servi par divers temps ou fait des Bretons estanz à Champeaulx et à Genez pour resister à yceulz, et prenoit chascun homme darmes et chascun archier XV fr. par mois (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 276).

 

.

Servir qq. part. "Être militairement au service d'un territoire, d'une entité politique" : ...il [le dauphin] a aveuc ly le bastard d'Ermignac, qui a esté premierement anglois, depuis a servy en Armignac [Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 401 parle du bâtard d'Armagnac en 1445 comme d'un élément indocile qui préfère dévaster le Languedoc plutôt que de repasser la Loire. D'apr. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 190-196, le comté d'Armagnac est une seigneurie très indépendante à l'égard du roi de France ou des grands feudataires et le comte d'Armagnac ne prête pas toujours hommage au même suzerain] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 57).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Valet d'armée" : Pour vous faire aide et secours Vien j'a vostre mant (...) Et s'amaine, ce vous puis dire, Quinze cens de bons bacheliers Et trois mille tresbons archiers Et mil servans. (Mir. Oton, c.1370, 369).

 

-

Inf. subst. : ...un Engleiz nommé Le Biernois, capitaine dudit fort, lui fist promettre et jurer qu'il le serviroit bien et loyaument contre toutes personnes. Auquel servir, pour eschaper qu'il ne païast aucune rençon, pource qu'il estoit povres homs, il se accorda. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 123).

 

5.

[De l'homme envers la dame aimée]

 

-

Servir (une femme) : Dont j'en cognois aucuns qui, pour estre vrays amoreux et de bien loialment servir leurs dames, sont venus en si hault honneur que a tousjours en sera nouvelles (LA SALE, J.S., 1456, 9). ...difficile luy estoit de servir sa dame sans estre sceu ou a tout le mains suspicionné (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

.

Aimer et servir qqn : ...ne luy suffisit pas de l'amer et servir en cueur seullement, mais d'oroison, comme il a fait cy devant, la veult arriere reservir. (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

.

"Être le cavalier d'une dame (pour une danse)" : Doulcete, je vous servirey. Sus, menestriers ; accop touchés ! (Pass. Auv., 1477, 91).

 

-

Servir à (une femme) : Vous devez savoir que l'accoinctance et alliance que le clerc eut a sa maistresse a laquelle diligemment servoit et complaisoit, qu'il n'estoit pas mains diligent de servir et complaire a son maistre (C.N.N., c.1456-1467, 92).

 

-

Empl. abs. : ...durant le temps que Gerard servoit et estoit present [les autres], ne se monstroient, n'apparoient, saichant de vray qu'il alloit devant eulx a l'offerende. (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui se déclare prêt à obéir en tout à une femme" : Madame, qui de avancer son treshumble servant jour et nuyt ne cessoit... (LA SALE, J.S., 1456, 66).

 

-

Servir Amour : Ce bon compaignon, jasoit ce qu'il eust bonne et preude femme, neantmains toutesfoiz il s'employoit de jour et de nuyt de servir Amour partout ou il povoit (C.N.N., c.1456-1467, 365).

 

.

Part. prés. en empl. subst. : Amours bannist souvent de ses servans et sens et raison. (C.N.N., c.1456-1467, 176). ...Amour, qui veult tousjours secourir a ses vraiz servans, inspira tellement l'entendement du bon et loyal servant qu'il trouva moien d'accomplir son jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 365).

B. -

En partic.

 

1.

[À table] "Apporter et présenter les plats" : PILLE AVAINE. (...) Avant, seigneurs, entrez touz ens, S'alez a table. PREMIER SERGENT. Pour estre au roy plus agreable Voulray servir. DEUXIESME SERGENT. Aussi feray j'et desservir, Quant temps sera. (Mir. roy Thierry, c.1374, 332). ... et fu le disner grant et noble. Le roy et la royne d'Arragon regardoient moult Bernardon, le nepveu Gieffroy et Thierry et moult leur plot, car il servoit si gracieusement que merveille (ARRAS, c.1392-1393, 292). ...ainsi qu'il eut beu a sa mere, la chambriere, qui servoit, survint a la table. (C.N.N., c.1456-1467, 370). ...le varlet et la chambriere se misrent a servir, et de prinsault apporterent la belle porée (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

-

Servir devant qqn : La messe fu dicte, et s'assistrent au disner, et sist l'espousee a une table emprès le lit de son pere, et Uriien d'encoste elle, et Guyon servoit devant Hermine moult liement ; et furent moult richement serviz partout. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

Servir qqn (de qqc.) : LE ROY. (...) si mengerons, Car bon appetit en avons. Cis varlez ci nous servira (Mir. femme roy Port., c.1342, 159). L'ESCUIER. Or tost a table alez, ma dame, Et vous, mon seigneur : temps en est. Je vous serviray ; tout est prest (Mir. nonne, 1345, 338). L'ESCUIER A L'EMPERIÉRE. (...) Or vous seez un petit ci : Je vous serviray (...) De bonne viande et assez (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 51). Et aussy hier, quant je estoie à Noyon, et portoye un plat de viande après ceulx qui servoient au disner le roy à sa table, messire Regnaut de Trye estoit derriere le roy, près de son espaule (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). ...comme l'en estoit assiz à table, mal print de la vaisselle d'argent dont ilz avoient esté serviz à table et en les desservant une cuillier d'argent, laquele il emporta avec soy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 454). Le disner fu prest ; ilz laverent et puis s'assistrent et furent bien serviz. (ARRAS, c.1392-1393, 187). ...Fabricius, qui n'ot point de honte d'estre veu des embassadeurs notables de ses ennemis mengier à table seant sus une petite fourme, servi en escuelles de bois (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 102). ...les maistres d'ostel (...) le firent servir comme paravant de pastez d'anguilles. (C.N.N., c.1456-1467, 82). ...en lieu qu'on le souloit servir de pain blanc, il fist mectre du pain bis. (C.N.N., c.1456-1467, 331). Bons vins [les grands maîtres] ont, souvent embrochez, Saulces, brouestz et groz poissons, Tartes, flans, oefz fritz et pochetz, Perduz et en toutes façons. Pas ne ressemblent les maçons Que servir fault a si grant peine : Ilz ne veullent nulz eschançons, De soy verser chacun se paine (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 39). On m'a servy de pain trop bis. (Sots, c.1480-1500, 277). On embrochoit gras moutons, francs veaux Parmy les rues, affin qu'on eust du rost, Poulles, chappons et foisons de chevreaux Pour soulager les gendarmes de l'ost. (Comment les dames servoyent les gendarmes.) Les belles dames en leur acoustremens Fort sumptüeux, noz gendarmes servoient ; Seigneurs vestuz de riches vestemens Parmy Souysses, Toudesques, Alemens A tout vïandes et fors vins se trouvoient. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203). ...selon le temps, ilz seront serviz de fruit chacun à part soy (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 182).

 

.

P. métaph. : Ha ! frere, frere, vostre dame vous a elle commandé que vous servez de tieulz viandes les compaignons ? (LA SALE, J.S., 1456, 133).

 

-

Servir qqc. / de qqc. (un mets, une boisson...) : Diligence de vin servoit Si qu'a chascun plaisir faisoit. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 211). CONNESTABLE. (...) Avant : a la table ! elle est bien. Or vas viande et puis pain querre (...) ROUSSELET. Trop bien de pain et de cuisine Saray servir, n'en doubtes pas. (Mir. st Alexis, 1382, 283). Et la fu la feste grant, et y ot de moult nobles mès servis cellui jour... (ARRAS, c.1392-1393, 32). Après ce que ilz orent disné et que les tables furent levees et graces dictes et que ot servi d'espices, pluseurs s'en alerent armer et monter. (ARRAS, c.1392-1393, 40). Et a servir celles dictes pieces de beuf et de moustons soient mises en ung grant plat d'or sans mectre autre chose. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 136). ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Trop bien voyons nous servir en sale et ailleurs d'aultres viandes (C.N.N., c.1456-1467, 82). Si demanda [ledit mignon] a ses gens si on ne servoit leans que de pastez. (C.N.N., c.1456-1467, 82). Au moings, dy nous premierement De quoy tu serviras en court. (Pass. Auv., 1477, 146). Y sert on de si gros morceaulx ? (B. veoir, p.1480, 16). ...les officiers domesticques serviront selon le temps de prince ordonné, assavoir au mois de may de bure fretz, se c'est en juing, de frezes ou de serizes, en juillet de prunes ou de franches meures, en août ou en septembre de raisins (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 182).

 

2.

P. ext. Servir qqn (de qqc.)

 

a)

"Présenter, offrir, procurer qqc. à qqn" : Au dieu Mars, qu'il de fiere offrande Servoyent, rendent mercy grande (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 247). ...se partit de son royaulme assez et bien fourny d'argent content et de tres grande abundance de marchandises dont le païs d'Angleterre peut les autres servir, comme d'estains, de riz, et foison d'aultres choses (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...devant ces devises elle n'oblya pas de le servir de laudes (C.N.N., c.1456-1467, 150). ...pour honesteté et pitié de ce cas, il servit la mere et l'enfant de ce qu'il savoit faire. (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

-

Servir qqn d'une nouvelle : La nouvelle de ce cas ne fut pas mains tost sceue que celle precedente ; et entre aultres l'ermite en fut des premiers servy et adverty (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

P. métaph. : Mes mon ami par samblant n'en fait cure, Car il me siert de rire et de parler Voiant les gens (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 27). Ma dame ensi, mentir n'en quier, Me paie de mos gratieus Et me sert de regars joieus. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 41). Vous me soliés servir de regars douls (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 87). Et les gens dessus dis que les princes font leurs amis ne sont pas vertueus. Et pour ce, ilz aiment un pour une chose et autre pour autre. Et ainsi voion nous communelment que ceuls qui les servent de delectacions ne scevent trouver les proffis, ne ceuls qui scevent trouver les proffis ne sont pas esbatans. (ORESME, E.A.C., c.1370, 425). ...il les servoit de mos innocens ["il leur disait"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 284).

 

.

Servir d'autres mets. "Tenir (à qqn) un autre discours, faire autre chose" : Le dit du Saige trop lui feiz [au mauvais enfant que j'étais, ou à ma jeunesse folle] Favourable, bien en puis mais ! Qui dist : "Esjoïs toy, mon filz, En ton adolessence", mes Ailleurs sert bien d'un autre mes, Car "Jeunesse et adolessance - C'est son parler, ne moins ne mes - Ne sont qu'abuz et ygnorance". (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 36). Ces gens passez en si pompeux arroy Incontinent sans servir d'autres metz, Vindrent les cent gentilz hommes du roy Les mieulx en point que l'on les vit jamais, Ayans habitz de divers entremetz Tant de drap d'or comme de cramoisy, Le plus exquis qui fut oncques choisy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 214).

 

Rem. Cf. DI STEF., 541c.

 

b)

P. iron. : Les autres, par sainte Marie, Le serviront de flaterie (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 56). ...a l'entrée qu'il fist, Dieu scet s'il fut servy d'une chere bien rechignée, et d'un agu et bien enflambé visage. (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

Servir des coups à qqn. "Donner, administrer des coups à qqn" : DEUXIESME SERGENT. Faites ci voie, ou, sanz doubter, Je vous serviray sur les dos De ceste mace ci grans cops. (Mir. roy Thierry, c.1374, 297).

 

-

Servir qqn d'un entremets. "Jouer un vilain tour à qqn" : Homme vivant ne nul courrous Ne nous serviront d'entremais (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 23).

 

-

Servir qqn de plaisants lardons. "Se moquer de qqn par des paroles trompeuses, lui raconter des fariboles" : BERITH [l'un des diables]. (...) Quant une foys les ay mys [les rois, les ducs, les empereurs] hors des gons, Je les endors si bien dessoubz mes chants Qu'en nostre enffer, trop mieulx que chiens couchans, Je les festoye de lisars et dragons. LUCIFFER. Vous me servez de moult plaisans lardons ; Que vault il tant babiller ne debatre Quant vous voyez que Martin nous perdons ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

Rem. Cf. DI STEF., 475a-b : bailler un lardon, donner des lardons, ruer ses lardons à qqn.

 

-

"Maltraiter, malmener qqn" : ...tant a fait de grans pechiez Qu'il n'est riens qu'il ait desservi Qu'estre du feu d'enfer servi Sanz finement. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 244). ... et fu moult defroissiez de coupz orbes, et puis fu tirez moult vilainement hors de la forteresse, et traynez tout hors de la barriere, et la fu laissiez. Et sachiez qu'il ne pot oncques veoir pié de ceulx qui ainsi le servoient. (ARRAS, c.1392-1393, 306). Vous en aurés Plus de cent coups (...). Il faut que je vous serve à bon. (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 52).

 

3.

"Apporter (ponctuellement) aide ou assistance à qqn" : ...servir chascun a vostre pouoir sans desservir et sans nul service reprouchier (LA SALE, J.S., 1456, 46). ...si la chose fust venue jusques aux horions, celuy du grenier et l'aultre de la ruelle l'eussent servy et secouru. (C.N.N., c.1456-1467, 244). La bonne dame (...) appella ceste damoiselle et luy dist : "M'amye, c'est force ennuyt que tu me serves, et que tu m'aydes a achever une des choses au monde qui plus au cueur me touche..." (C.N.N., c.1456-1467, 248).

 

-

Servir qqn de qqc. "Rendre service à qqn par qqc." : ...donques le laboureur le servira [le medicin] de son mestier ou li baillera de son blé ou de son vin tant que il souffira selon raison et justice. (ORESME, E.A.C., c.1370, 294). Seez vous toutes, et la plus courtoise le servira de la queue de sa robe. (LA SALE, J.S., 1456, 140).

 

-

Servir qqn à / en qqc. : ...laquelle chose [être généreuse] je feray bien voluntiers, quand a moy sera, si vous me voulez servir en une mienne queste que j'ay emprise (C.N.N., c.1456-1467, 172). ...nostre ville n'est pas encores si desgarnye de gens qu'on n'y trouvast ung gentil compaignon pour vous servir a ce besoing. (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...s'adviserent de faire ung piege tresbeau, a l'aide d'aucuns paisans qui les servirent a ce besoing. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

-

Servir qqn à gré. "Rendre service à qqn, lui être agréable" : ...si l'en vouloit de tant plus servir a gré. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 780). ...je te prie que de cy me vueilles jecter et me monstrer le chemin de la Grant Bretaigne, si me serviras a grey. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 930). [Autres ex. p.979 et 996 ; aussi Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 285]

 

-

Servir une bête. "S'occuper d'une bête" : ...Garder les brebis, les moutons (...), Servir les beufz et les chevaulx (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 31). De telz ordures [les escrocs, les voleurs, les histrions] te reculles, Labourre, faulches champs et prez, Sers et penses chevaulx et mulles, S'aucunement tu n'es lectrez, Assez araz, se prens en grez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131).

C. -

Servir qqc.

 

1.

"Assurer le service, le fonctionnement de qqc., desservir qqc."

 

-

[À propos de l'alimentation de lampes] : ...un pape qui, par sa convoitise, vendi le basme dont on servoit deux lampes en la chappelle de saint Pierre (Mir. pape, 1346, 355). Et servez, si com vous souliez, Les deux lampes de l'oratoire Saint Pierre (Mir. pape, 1346, 388).

 

-

Servir un fief. "Accomplir les devoirs afférents à un fief" : ...et y entrera comme de fief servi et baillera son fief par escript sans paier aulcun devoir. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 220). [Autres occurrences même page]

 

2.

[D'une chose] "Desservir qqc." : ...il [l'estomac] sert tout le corps (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 338). ...car moult estoit forte la ville de Compiègne et mauvaise à assiéger, pour cause des deux rivières dont elle estoit servie (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 52).

III. -

[Idée d'utilité]

A. -

Empl. trans. indir. [D'une pers. ou d'une chose] Servir à qqn / servir à / de qqc. "Être utile à qqn ou à qqc."

 

1.

Servir à qqc. "Être utile à qqc." : ...ilz [les reins] servent a tout le corps (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 338). Mais telz sens sont donnéz a homme pour celle cause meïsme et avecques ce pour ministrer et servir a la cognoissance de l'ame intellective, a laquelle cognoissance tous les .V. sens dessus diz sont neccessaires. (ORESME, E.A.C., c.1370, 221). Ceste Prudence sert tant aux biens espirituelz comme aux corporelz (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). Or ne vous fault il pas celer ce qui sert a l'ystoire. (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...je fourniray une petite nouvelle, sans y descroistre ne adjouster aultre chose que servant au propos. (C.N.N., c.1456-1467, 454). ...au marché on les vendoit [les palmes et les verdures] pour servir a la procession pour lendemain. (C.N.N., c.1456-1467, 513).

 

-

"Être destiné à, être utilisé pour qqc." : Item, six pieces pour servir à chappes, dont en y a deux d'or à perles et les quatre d'argent doré. Item, deux pieces d'or pour servir à l'une desdictes mittres, en l'une desquelles a deux petites perles et en l'autre a certaines autres petites pierres. (FAUQ., II, 1421-1430, 118). Item, XXIIJ petites pieces d'argent doré servans aux mittres et autres joyaulx dessus declairez. (FAUQ., II, 1421-1430, 118). Et, après leur propos fait servant à leur excusacion, fut le roy très content d'eulx et leur fist bonne et gracieuse response (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 10).

 

.

"Être utilisé à" : ...la preposition (...) sert a deux cas, c'est assavoir a l'acusatif et a l'ablatif. (DonatS, a.1436. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 126).

 

.

"Être utilisé dans un certain domaine" : Aussy a leur partement il leur fist grans dons, semblablement a leurs tabourins, trompettes et clerons et autres joueurs d'instrumens servans au mestier de la guerre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

 

.

Servir au vent. "Agir inutilement, être engagé dans une entreprise vaine" : Doncques je pers mon temps et sers au vent, tousjours en doloreuse peine. (Livre de Thezeo B., c.1457-1461, 518).

 

-

Servir de qqc. "Être utile à qqc." : Premierement nous dison que, posé que sapience et prudence ne aucune d'elles ne feïssent ou servissent d'autre chose, neent moins il est de neccessité que toutes deux selon elles soient eslisibles (ORESME, E.A., c.1370, 355). De ceste Discrecion, de quoy elle sert ou puet servir, dist l'Ecclesiaste que c'est une vertu par laquelle se puet congnoistre ce que est bon et ce que est mauvais (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). ...son office sert de partir esgalment toutes choses (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). Et quant Lyonnel vey le cor, il sceut tres bien dequoy il servoit (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 188). ...[il] demanda de quoy servoit ce bahu en la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 184). LUCIFFER. Ha, orde lisse, pugnais poiltron fendu, Se coste toy j'estoye dessendu, Tu congnoistroie ta follie parfaicte ! De quoy sers tu, orde ribaulde infecte ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 351). SAINCT MARTIN. De quoy sert si grant pavillon A une chose de nyant ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 434).

 

.

Ne servir de rien : ...au monde ne puis je de rien servir. (C.N.N., c.1456-1467, 95).

 

-

Servir à / de + inf. "Être utilisé pour" : Item, six lyons d'argent doré qui servoient à soubstenir le tableau du chief saint Denis. (FAUQ., II, 1421-1430, 117). ...sus ses espaullez il avoit deux testes grandes a merveilles, dont l'une estoit naturele et l'autre contre nature, car elle ne servoit ["elle avait pour seul effet"] que d'empeschier le corps formé a maniere d'homme. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 113). Au grenyer, aux noix sont noz lances Et perches font noz javelines ; Noz grans sallades d'excellences Servent a pondre les gelines. (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

 

.

Servir et estre à fin de + inf. : Mais celle terre qui est vers le centre sert et est a fin de sostenir l'autre [terre] (ORESME, C.M., c.1377, 258).

 

.

Servir à / de + inf. "S'employer à + inf. [litt. "s'utiliser soi-même à"]" : Et pour che je desire que la parole soit pascianment escoutee, affin que nul ne reprende l'autre et que la parole du trop tost parlant ne soit entrerompue par le contredisant. Ne servons dont pas de reprendre, mais che qui est mains que plainement dit soit repeté, affin que par tres juste examination appere la congnoissanche de verité. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 142). ...de ly mesmes il [le duc de Clèves] estoit fier et puissant et de nature bobansier et pompeux, et estoit personne belle et elegante, dont entre mille aultres on n'eust trouvé pareil qui moult servoit bien a faire le grant. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 235).

 

2.

Servir à qqn. "Être utile à qqn" : Car, se Giges et la royne eussent eu ceur honeste, de pou leur eust servi le annel pour ce que, par estre invisible, ja pour tant n'eust commis Giges le crime de adultere en sa maistresse ne sa maistresse ne l'eust souffert (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 211). S'elle ne scet de quoy luy sers, Mon fait ne vault pas ung festu. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 31). ...et parloit de toutes choses qui povoyent servir au roy son filz. (COMM., II, 1489-1491, 316).

 

-

Servir de qqc. à qqn. "Être utile en qqc. à qqn" : Et encore appert autrement, quar selonc les philosophes et meisme selonc Aristote ou secont livre de Phisique, totes choses corporelez qui sont en l'espere des elemens sont pour honme, et les generacions et corrupcions qui seroient faites vers le centre de la terre, l'en ne pourroit dire de quoy elles serviroient ne a honme ne as bestes ne [a] autre chose. (ORESME, C.M., c.1377, 258). ...de quoy doncques te serfs je ? (Internele consol. P., 1447, 97). Cuer d'Acier, beau sire, mettez jus celle harpe et sy me dittes de quoy vous servez a mon filz (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 362). Quant il voit que ceste maniere Ne luy peult plus de riens servir, Il fit une ruze en arriere. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 37).

 

3.

Empl. abs. "Être utile" : Tout ainsi l'avoir que l'en restraint de superflu estat pour donner aux povres et bien faire est le tresor qui est mis a part en saincte huche, qui sert aprés la mort et garde de l'exil d'enfer. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 40).

 

-

[Suivi d'une prop. introd. par que] : ROBERT. (...) Dy me voir ; qu'a il en ce coffre ? (...) L'ABBÉ. Il sert que nous y mettons, sire, Les choses estranges, sanz faille, Qu'a garder souvent on nous baille (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 12).

 

-

"Être utilisé" : [Cette couronne] ne pouoit servir sus chief sy non sus celui que... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 87). ...cest anel (...) pourra servir au maistre doy de vostre destre main (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 200). ...[les robes] les mieulx fourrées et empanées, qui ne servoient qu'en yver, vindrent servir au lieu des sangles et tendres qu'elle portoit (C.N.N., c.1456-1467, 577). Et si trouva l'en ceste nuit aucuns canons, près dudit lieu, dont les chambres estoient enclouées, à ce qu'ilz ne peussent servir quant mestier en seroit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 115).

B. -

Empl. pronom. Se servir de qqc.

 

1.

"Utiliser qqc." : ...[elle était] courroucée d'oyr la perte du meilleur membre de son corps, et dont elle se servoit le mieulx (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...si d'adventure le mary se servoit aucunesfoiz des aultres membres, ce n'estoit que par maniere d'emprunt, car ilz estoient a son amy (C.N.N., c.1456-1467, 318). Dieu a voulu tout pour l'homme former Et soubz ses piez toutes choses commettre Et n'est de droit le seigneur a blasmer Qui bien use de ce dont il est maistre, S'il se sert donc du feu, aer, terre et mer, On n'en doit [l'homme] point sur luy le [blasme] mettre (Cene dieux, c.1492, 111). Lors toute chose de quoy l'on se servoit Comme sont coffres, gros bahuz et pacquetz, Beaulx litz de camp, ustencille, aparquetz (...), Pallefrenyers et autres perruquetz Dedens Florence entrerent a la foulle. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 219).

 

2.

"S'emparer de qqc., le prendre" : VALET. D'argent n'y a ne peu ne poinct, Mais bien nous servirons du gaige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 323).

IV. -

[Par formation régressive à partir de desservir "mériter"] : Helas ! j'ay de maulx plus que tous Envers vous durement servy (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 163). [Add. ms. G] Et posé que par mon pechié J'aye servy a grant payne estre Veu... (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 102).

 

-

Servir qqc. à qqn. "Mériter d'obtenir qqc. de qqn" : ...mais je ne l'ay pas a Dieu servy [le diamant], et ce qui en est me vient de lui par voz bonnes prieres. (LA SALE, J.S. E., 1456, 254).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 2/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SOUS-SERVIR     
FEW XI servire
SOUS-SERVIR, verbe
[T-L (renvoi) : sosservir ; GD : sousservir ; FEW XI, 542a : servire]

"Aider, être au service de" : Suppedito (...) : aider, subministrer, souservir (Aalma R., c.1380, 404).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre