I. -

Adj. "Profond"

A. -

Au propre

1.

"Dont le fond est très éloigné de la surface" : Car il estoit si forsenez, Si dolereus, si mal menez, Li las, qu'il se desesperoit Et parmi le pourpris queroit Yaue, feu ou fosse parfonde, Pour finer sa vie en ce monde. (MACH., D. Lyon, 1342, 180). ...Alixandre est une ville Qui tient de tour plus de X. mille, Car elle est grant et plate et lée, De tours et de haus murs fermée ; Et si a à chascune porte Bonnes tours, dont elle est plus forte ; Environnée est de fossez Grans, larges et parfons assez. (MACH., P. Alex., p.1369, 61). ...Fleur de qui le fruit tant valut Qu'il fu souffisant pour le monde Jetter de la prison parfonde (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 61). Et pour ce, tel corps n'est pas mireur representant figure combien que il represente couleur ou lumiere. Item, autres corps sont dyaphanes ou transparenz ou clers, si comme sont verre et cristal et eaue, et en telz corps se profonde la lumiere et perce et passe tout oultre, se il ne sont parfonz et espés. (ORESME, C.M., c.1377, 456). ...elle [Mélusine] fist tout essarter et desraciner les grans arbres, et fist faire toute la roche nette par dessuz les parfons trencheiz qu'elle avoit par devant faiz (ARRAS, c.1392-1393, 45). ...le bourc, qui estoit cloz de haulx murs et de grosses tours et drues, et les fossez parfons et tous fais de pierre de taille, et voit la tour haulte et grosse entre le bourc et le fort (ARRAS, c.1392-1393, 77). Laquele [influence des astres] est une qualité D'une puissante activité Et de soy mesmes insensible, Maiz en ses effectz perceptible, Font engendrer en ce bas Monde Les métaulx en terre parfonde (LA HAYE, P. peste, 1426, 6). Des grans bouillons, fumiers et corps, Pourriz en terre et par dehors, Des lacz, palus et vieulx estangz, Et d'autres eaues arrestans De grans vallées et de fosses, Parfondes et ordes et grosses (LA HAYE, P. peste, 1426, 46). Et, s'aucun prenoit appétit À mengier poisson un petit, Il le doit prendre et recevoir En tant qu'il peut, à dire voir, De bonnes eaues et mondes Et mesmement des plus parfondes Et courantes en bonnes terres, Par suz beau sablon ou sur pierres. (LA HAYE, P. peste, 1426, 93). Et a l'encontre de ceste montaigne ou cellui puis est, a une aultre plus haulte montaigne, une parfonde vallee entre deux (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 143). ...a tresbles murs environnés de parfondz fosséz (Cligès C.T., 1455, 82).

-

[Des eaues, de la mer...] : C'est une roche en mi une valée Qui tout entour est d'iaue environnée, Grande, bruiant, parfonde, roide et lée ; Et li vergier Sont tout entour si bel qu'a droit jugier, On ne porroit nuls plus biaus souhaidier. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 110). Et quant je vins seur le rivage, N'i vi pont, planche ne passage Par ou je peüsse passer. Si pris durement a penser Comment et par ou passeroie En vergier, et rapasseroie, Car l'eaue estoit parfonde et large, Si n'i choisi batel ne barge, Dont moult forment me desplaisoit (MACH., D. Lyon, 1342, 163). De moult parfaite amour s'amoient ; Mais a grant peinne se vëoient, Qu'entre Hero et Leandus Fu uns bras de mer espandus Qui estoit larges et parfons, Si qu'on n'i preïst jamais fons ; Et ce leur faisoit trop d'anuis. (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). ...il ne pooient passer pour les marescages et la parfonde aige, la ou nuls ne puet aler ne cevauchier se ils ne se voelt perdre ; et les convint retourner au pont. (FROISS., Chron. D., p.1400, 441). ...il ne pooient parvenir a la forterece, se il ne passoient la riviere, qui est large, longe et parfonde, et lor convenoit faire un pont pour le passer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 659).

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[Épithète de nature] Mer parfonde. "Mer ; haute mer" : Ne qu'on porroit tarir la mer parfonde Et ses grans flos retenir et leur onde, Ne puet dire homs le bien qu'en vous habunde (MACH., Compl., 1340-1377, 261). Lors s'esquippent en mer parfonde, Et tant nagierent et voguerent, Qu'en Rodes briefment arriverent. (MACH., P. Alex., p.1369, 56). Li roys li dist en tel maniere : "Parceval, j'ay fiance entiere En toy, plus qu'en homme dou monde. Passer me faut la mer parfonde ; Et si ne say où je doy traire. Maintes fois as estet au Quaire, En Alixandre et en Surie, Et en Egypte. Se te prie Que tu me vueilles consillier..." (MACH., P. Alex., p.1369, 60). Je croy qu'oy avez assez Qu'il n'a Crestien en tout le monde, Puis qu'il passe la mer parfonde, Pour faire le très saint voiage Qu'au soudan ne paie trevage : Car de V. florins de Florence Rachete son chief sans dobtance. (MACH., P. Alex., p.1369, 173). ...j'ayme mieux Que noyons en la mer parfonde (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 59). Ains que je fonde En mer parfonde, Sur vous se fonde Mon pencement Treshumblement, Divinement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 365).

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[Dans une tournure exprimant la totalité] : Car je seray montez en si haut bruit Que n'en vorroie avoir a sauf conduit Les couronnes de France, d'or recuit, Et d'Engleterre, Nom pas, par Dieu, tout le bien qui habunde En ciel, en terre et en la mer parfonde, Jemmes, honneurs, nes la vie seconde, L'argent et l'or Des minieres qu'il couvient que l'en fonde, Tout ce ne pris la pierre d'une fonde Contre l'amour de la bele et la blonde Qui a chief sor. (MACH., F. am., c.1361, 176). Se vous estiés or sur la roche Du jaiant [Polyphème] qui les nez arroche Des grans pierres et des grans cros ! Tant est fors, orguilleus et gros Que les nés perist et affonde Dedens la haute mer parfonde (MACH., Voir, 1364, 620). Quant Theseus, Herculès et Jason Cercherent tout, et terre et mer parfonde, Pour acroistre leur pris et leur renom Et pour veoir bien tout l'estat dou monde, Moult furent dignes d'onnour. (MACH., Bal., 1377, 561).

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[Des yeux] "Profond, enfoncé" : [En parlant du géant Polyphème] Un seul oeil ha emmi le front, Grant et gros, orrible et parfont ; Com(me) feu rouge e[s]t soubz la paupiere ; Ha plus dou tour d'une paviere. (MACH., Voir, 1364, 620).

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[Cont. métaph.] : Beau tres doulx Dieu, je vous rens graces quant vous m'avez amené a vous congnoistre estre tel, tout puissant, tout juste et tout bon, et que dedans les parfondes tenebres de mon cuer vous avez fait resplandir vostre merveilleuse lumiere. (GERS., Trin., 1402, 164). Mais biauté ot oultre mesure Le lieu, la place et tout l'espace Si grant que toutes autres passe Les fontaines qui sont ou monde - Tant est nette, clere et parfonde - En saveur, en toute bonté (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 35).

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De parfond coeur. V. coeur "De la profondeur du coeur" : Lors, comme homs qui souvent souspir, Gettay un plaint et un souspir De parfont cuer, acompaingniés De plours et en larmes baingniés, Et tournai vers li a grant peinne Ma chiere teinte, pale et pleinne De maniere desconfortée, Triste, dolente et esplourée. (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Il te vient bien de cuer parfont Et d'une bonté merveilheuse De pardonner a ceulx qui t'ont Donné poine si angoysseuse ! (Pass. Auv., 1477, 216).

2.

En partic. "Qui a une dimension verticale" : Premierement fin se prend pour terme, et par tele maniere quantité continuele, comme ce qui est long, lee et parfond, est infinie, car elle est divisible infiniement, pour ce que en chose qui a quantité continuele n'a point de terme en division, comme ne en nombre n'a point de terme en adjoustant. (Somme abr., c.1477-1481, 132).

3.

P. anal. [Dans l'espace]

a)

[D'un lieu] "Reculé" : Si [le Tricoplier] se parti de Famagouste Et les mil esclaves o li, Qui s'en vont à cuer moult joly, Car tuit cuidoient estre mort, Sans respos, de honteuse mort. Les amiraus les conduisoient Et vers le soudan les menoient. Or ramaint Dieux le Tricoplier ! Car il vorroit estre templier Où plus parfont lieu d'Alemaigne Ou de Prusse, einsois qu'il revengne. (MACH., P. Alex., p.1369, 177).

b)

"Loin du rivage, en haute mer" : Accop, Pierre, et tu, Andrieu, Entrés plus parfond dans la mer. Les fillés il vous fault gecter A la pesche tout maintenant. [Réf. à Luc 5, 4 (Vulgate : "duc in altum")] (Pass. Auv., 1477, 125). Je suis infame Plus que autre femme - devant le monde ; Chascun me clame Et me reclame - putain immunde, Tant suis parfunde En toute onte, - que riens ne vaulx. (Pass. Auv., 1477, 151).

B. -

Au fig.

1.

"Très intense" : Quant il ot finé s'orison, En parfaite devotion Des plours de son cuer arousee Et de parfons soupirs sevree, En recongnoissant son delit Et son droit Dieu, tant abelit A Dieu qu'il oy sa priere Et la reçut en tel maniere Que de prison le deslia (MACH., C. ami, 1357, 55). Dont je souspir Maint parfont souspir Par desir Qui fremir Me fait et doloir. (MACH., Les lays, 1377, 444). Ne pense ailleurs mettre m'estude Qu'en mener vie en solitude (...) et après En entrer en parfons regrez Pour celi qui ainsi me laisse. (Mir. st Alexis, 1382, 315).

2.

"Enraciné" : A la parfin je regarde que la charnalité mondaine d'aucuns est si parfonde et rude, et la foy tant estainte, que il[z] osent blasmer saint Pierre et saint Pol a cause de la mort laquelle ilz receurent honteusement a leur advis (GERS., P. Paul, a.1394, 490). Car ses vouloirs et ses décrèz Sont plus parfons et plus secrèz Que n'est abisme en nul endroit, Maiz le Seigneur, toudiz benoit, Telz grans effectz monstre et révèle Par la carte célestiele (LA HAYE, P. peste, 1426, 61). SAINCT MARTIN. O Trinité trespure et munde Ou rien n'y a qui soit immunde, Je vous remercie humblement, De volunté vraye et parfonde Puisque vostre amour tant se fonde De me faire amÿablement Annoncer mon trespassement Et mon dernyer deffinement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 556).

3.

"Qui va au fond des choses" : Et ce faisoit mon cuer defrire Que ne savoie le quel dire, De verité ou de mansonge. Et pour ç'aussi, com se fust songe, Ravis en parfonde pensée, De devant ma dame honnourée, Sans respondre et sans plus atendre, Me departi, sans congié prendre, En tel point que je ne savoie Qu'il me failloit, ne ou j'estoie. (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Dont respondirent les aultres qui estoient de haulte ymagination et de parfont sens : "Or soient toutes ces doubtes mises avant. Nous disons ainsy pour le meilleur que c'est bon que nous essaions le roy de Castille..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 102). Le duc de Jullers s'excusa foiblement, car, ad ce qu'il monstroit, il amoit autant la guere comme la paix, et tant que le conseil du duc de Brabant qui de parfont sens estoit ne s'en contenta pas bien (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 162). ...comme il estoit en ce parfond estude, il disoit... (C.N.N., c.1456-1467, 90). ...pour bien parfonder cestui fait il convient bien avoir l'entendement ouvert et le regard parfont. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 275).

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[D'une pers.] "Qui pénètre fort avant dans la connaissance des choses" : LE QUART ESCOLIER. (...) il est jonne et sage, Et parfont clerc (Mir. st Val., c.1367, 130). Cestui fut erudicq en arismetique, geometrie et très parfont astrologien, et disputa grandement d'icelle contre Hercules Arginus, comme sera dit cy après. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°). Haly Abenragel, excellant docteur, subtil et parfond en la science de astrologie, fut environ ce temps, lequel, comme appert en la somme qu'il a faicte de astrologie, estoit l'un des grans qui fust ou monde en son temps (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

II. -

Empl. adv. "Profondément (au propre ou au fig.)"

A. -

Au propre : LA DAMOISELLE. Or ça ! il fault que je m'atire A ces enfans executer, Et puis les en terre bouter ; En ce bois suis assez parfont. Egar ! ces enfans ci me font Feste (...). Et conment les mettray j'a mort, Quant me rient si doulcement ? (Mir. roy Thierry, c.1374, 263). Et bien le dist li rois Robers de Cecille, de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore ficeroit encores ses dens moult parfont ens es portes de Paris ; et chils Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les prophesies de Merlin selonch le livre de Bructus. (FROISS., Chron. D., p.1400, 410). ...et lui trencha (...) la char tant parfont que le sang en sailli. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 374). Certes, il [l'enfant] est parffunt en l'eau. A l'avoir il nous donra poine. (Pass. Auv., 1477, 158). Nous retournerons cy d'un accort ; En terre les mectrons parfon [les morts]. (Pass. Auv., 1477, 233). ESTONNÉ. Il est mis labbas [en prison], Enferré de fers bien pesans. MALCUIDENT. Trop mieulx prins est qu'aux las courans, Car il est bien parfont en terre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 798). J'ay souffert mes membres detraire De grans clox et parfons fichéz, Percer mes deux mains et mes piéz, Mon chef d'espines couronner, Mon corps tout de sang randonner, Mes nerfz tendre de la pesance Et mon corps percer de la lance (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078). ...et fut rapporté avoir veu piece de glace de XXX couldes de hault et en plusieurs lieux la mer estre glacée, moult parfont. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 106 r°).

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[Dans un cont. métaph.] : ...ne furent les amourettes rompues, car elles estoient si parfond enracinées es cueurs des ambedeux parties (...) que impossible estoit les desrompre (C.N.N., c.1456-1467, 440). Il ne fault qu'entrer plus parfont Du cuer Herodes pour tempter. (Pass. Auv., 1477, 93).

B. -

Au fig. : ...n'ay pas savoir Tel que bien peüsse a droit dire Les biens, ne la biauté descrire Qui sont en sa douce figure, M'en tairay ; qu'il n'est creature, Ne fu, ne jamais ne sera, Ja tant n'i estudiera, Qui bien la sceüst deviser, Tant parfont y sceüst viser ; Et pour ce m'en tais et tairai. (MACH., D. Lyon, 1342, 175). Car einsi com la fueille en tramble Contre le vent fremist et tramble, Leur trambloit li corps et les james En la presence de leurs dames, Voire, dès le piet jusqu'en chief, Tant avoient il de meschief ; Et si trés parfont soupiroient Qu'un seul mot dire ne pooient (MACH., D. Lyon, 1342, 196). Après, les herbes odorans Qui tient cuers en pais demourans, Ce sont les trés douces pensées Selonc l'art d'Amours apensées ; Li aubre qui le lieu parfont, Qui bien y vuet penser parfont, Ce sont toutes bonnes vertus Dont ses cuers doit estre vestus. (MACH., D. Aler., a.1349, 399). Ne m'en vueilliez plus enchaucier ; Car tous li cuers de dueil me font Si aigrement et si parfont, Toutes fois que j'en oy parole. (MACH., J. R. Nav., 1349, 205). Pour ce az de Dieu plus perfont parolé (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 278). Et ceste parolle, de prime face, sembloit a aucuns estre caulte et malicieuse et avenue a simplesse, de laquelle, devant toutes choses, familliarité se esjoïst ; mais qui bien parfont y vuelt pensser, elle sera trouvee moult prouffitable. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 31).

III. -

Subst. masc.

A. -

"Profondeur" : ...le rampin advisa les bannieres et les pennons du roy Uriien qui fort escarmouchoit le navire des Sarrasins, qui riens ne savoient que Gieffroy feust arrivez sur terre, car ilz avoient prins le large et le parfont du port. (ARRAS, c.1392-1393, 221). Tous telz corps se mesurent ainsi que les cubicz en multipliant le long par le large et encores par le parfont. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 153).

-

En parfond. "En profondeur, profondément" : ...il li couvient recoper Ses paroles et sincoper Par souspirs puisiez en parfont Qui mut et taisant le parfont (MACH., R. Fort., c.1341, 63). Tel feu celéement s'avive Et est pleins de chalour si vive Que li cuers qui enmi demeure Bruïs et esteins sans demeure Seroit, s'il n'estoit aaisiez De souspirs, en parfont puisiez, Et rafreschis et ventousez De plours dont il est arrousez. (MACH., D. Lyon, 1342, 194). Sa queuë est ja près drecie, Darrier li de gent adressie Qui en parlent si en parfont Que la queue dou tout parfont L'air de toute honneur acolant. (MACH., D. Aler., a.1349, 351). Apres je di que les elemens moiens, scilicet aer et eaue, ne ont en leurs lieus naturelz pesanteur ne legiereté. Et ce dient Ptholomee et les autres aucteurs qui ont tractié des poies [sic] des choses, et le prouvent par ce que se un honme est bien en parfont en eaue, il ne la sent en rien peser sus soy aussi comme non fait celui qui est pres de la superfice de l'eaue. (ORESME, C.M., c.1377, 706). Et la cuisse en parfont tranchiee Lui a (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 105).

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Quantité mesurable + de parfond : Quar pousé que .a. soit un corps infini de totes pars et que .b. soit un autre corps d'un pié de lé et d'un pié de parfont et infiny en long seullement d'une part et soit vers destre (ORESME, C.M., c.1377, 234). ...premierement a esté marchandé en tasche audit Jehan Rose de mectre et asseoir ou grant pont de la Lijs estant derriere l'ostel de Gilles Pipe 14 sommiers et vint huit pillos (...) et les nouveaux pillos fichier et frapper ens, chacun 12 piez de parfont, et les lier aussi chacun de quatre bons liens en maniere de braquons (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 637). Fist ung fossé de dix piez de perfont et XVm pas de circuit, en la durée de trois lieux et cent et XX tours de deffence de merveilleuse haulteur (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

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"Profondeur (au fig.)" : ...le parfont de sa grant veritey. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 235).

B. -

"Ce qui est au fond, fond" : Mais ne fait pas bon au plus bas De la tour, ne tout au parfond (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 135). Amy, du parfond du celier Fut hier tiré le chevalier. (Vig. Trib., c.1480, 231).

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Le parfond du puits. "Le fond du puits (de l'enfer)" : LUCIFER. Ou suis je mis condempné, diable, Privé du haultain paradis ? De tous suis le plus miserable, Car je suis au parfond du puis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 23). LEVIATAN. Par mes fins tours innumerables, Feray tellement, se je puis, Que par cautelles miserables Forniray le parfond du puys. ["je remplirai (de damnés) le fond de l'enfer"] (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 88).

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[Trad. le lat. gurges] "Abîme" : Le parfont de l'eaue est en latin appelle gurges (...) car la se voit l'eaue courant et puis en yst aussi comme en bouillant et pour sa perfondeur l'eaue se muet en tournoyant (CORBECHON, Propriétés, 1372, XIII, 16, 210 r°).

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Au (plus) parfond (de) : Monseigneur, Dieu et la riviere sont aujourd'huy pour vous, car elle est si basse ou plus parfont que nos chevaulx n'en ont pas eubt jusques à la panche (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 69). ...au parfont de la forest (Ponthus Sidoine C., c.1400, 51). ...comme il estoit au plus parfond de son somme, celuy a qui ce jour la chandelle avoit fait offrir par vision a luy s'apparut (C.N.N., c.1456-1467, 86). ...a cause que es regions et temps fort frois le sanc est ou perfon du corps reclous, et celui qui est aux extremités est condensé et congellé inepte a fluir. (Rég. santé corps C., 1480, 152). DIEU. (...) Lucifer, pas ne monteras Ou tu tends par presumpcion, Mais au plus perfond descendras En tartaricque infection (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 18). [Lucïabel] Par son orgueil mal son cas advisant, Ja se vouloit a Dieu atribuer Et son siege du tout contribuer Par quelque inde(h)ue et maulvaise querrelle, Dont luy premier et toute sa sequelle Si tresbucherent au fin parfons d'enfer. Et, depuis lors, fut nommé Luciffer, Entre les mains du quel vous en yrez Et tourmentez a jamais vous serez (LA VIGNE, S.M., 1496, 340).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

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Prendre le parfond. "Prendre la pleine mer" : Quant ilz veirent qu'il faisoit bon sus la mer et qu'ilz orent vent à point et bon pour eulx, le duc et la duchesse et leur fille et touttes leurs gens entrerent en leurs vaisseaux, et puis desancrerent et prindrent le parfont, et furent en jour et demy en Bayonne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 134).

C. -

"Les êtres d'en bas (?)" : De l'amour aussy qu'il avoit, 3 "je suis certain, disoit il, que ne mort, ne vie, ne angelz, ne principats, ne vertuz, ne choses presentes et fetures, ne force ne haulteur, ne parfond, ne autre creature me pourra diviser de la charité de Dieu qui est en Jhesu Crist nostre Seigneur". (GERS., P. Paul, a.1394, 493).

Rem. Cf. La Ste Bible (de Jérusalem), Éd. du Cerf, 1961, Romains VIII, 39, note j : «"hauteur", "profondeur" désignent sans doute les forces mystérieuses du cosmos, plus ou moins hostiles à l'homme selon la conception des anciens».

V. aussi profond