Région. (Flandres) NUMISM. "Sorte de monnaie dont l'effigie représente un lion assis" : Magne (...) avoit (...) atribuet (...) jusques a XL acroupis appartenans a une femme de Valenchiennes (Arch. Nord, B 10354, 1400, fol. 21). ... estoit deshaitiés, pour cause de le mutation des monnoies car ens ou ban n'estoient li acrouppit mis a quelques pris. (Arch. Nord, B 10360, 1406, fol. 45). Maintenant repose [ceste puissance flandrine] a son aise, maintenant fait son rice amas, non point de grans doubles, de placques, de malvaix doffins ne d'acroupis, mais fait tresors de bons amis du temps passé, des desirés, des fins bretons, des aidans de Liege et des lyons de Flandres et certes s'elle pooit avoir des nobles d'Angleterre avec cheulx de Gand, elle en seroit plus riche et mieulx paree [Éd. : "sorte de monnaie : lion de deux gros, type assis et heaumé" (d'apr. Blanchet (A.), Dieudonné (A.) IV, 188)] (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 156).

REM. Doc. 1398 (la somme de XXXVJ solz d' acroupis, monnoie de Flandres) et 1402 (acroupi) ds DU CANGE I, 62a, s.v. acroupi ; Fonds Barbier : doc. de 1412-1413.
 

CHASSE "Position accroupie"

-

À l'accroupie. "À l'affût, en position accroupie" : DEMANDE. Se vous estiez veneur d'une abbaye Ou il eust grans connins a chacier, Qu'ameriez mieulx, ou estre au rachacier, Ou vous tenir par nuit a l'acropie ? RESPONSE. J'ameroie mieulx faire le rachas Que de cropir la nuit trop longuement : On y a froit et angoisse et tourment ; Au rachacier n'est pas uns homs si las. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 121). Quant du bon temps passé il me souvient, Que nous allions chasser a l'acropie, Et ou printemps, que chascun en aviens [l. chascun an avient ?] Que nous allions querir les nidz de pie, Et maintenant j'ay au nez la roupie (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 223).

REM. V. croupie. Dans plusieurs cas, éditeurs et lexicographes ont hésité entre deux lectures : à la cropie ou à l'acropie ; ainsi, l'ex. de Deschamps figure ds GD, s.v. cropie et inversement, GD range s.v. acropie un ex. lu cropie ds LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 409. G. Tilander, Glanures lexicogr., 61, opte pour la lecture à la croupie.
 

I. -

Empl. pronom.

A. -

Au propre. [D'un animal] "S'asseoir sur la croupe (?)" : Par un petit pertuis ou pas De son huis Issangrins s'acrout : Vit Renart qui sus Hersan crout. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 311).

Rem. GDC cite un ex. de Percef. où il est question d'un cheval qui s'affaisse sur son arrière-train.

B. -

P. anal. [D'une pers.] "Se ramasser sur soi-même en ployant les genoux (dans une attitude dénotant la passivité, la soumission)" : ...pour resister a tous les autres enuis se a chief en veult venir, que elle prengne cuer d'omme, c'est assavoir constant, fort et sage, pour avisier et pour poursuivre ce qui lui est bon a faire, non mie comme simple femme s'acroupir en pleurs et larmes sans autre deffense, comme un povre chien qui s'aculle en un coignet et tous les autres lui cuerent sus. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 192).

C. -

Au fig. "Se montrer humble, s'humilier, adopter une attitude de soumission"

-

Prov. Qui s'accrout, on l'abaisse. "Une attitude soumise appelle le mépris" : La teste li trencheray a l'espee d'achier : Car li homs qui s'acrout on le fait abaissier ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 740). Qui s'acrout, en [var. Dieu] l'abesse, se dit on mainte fye (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 50). Qui hante lez chetifs povreté va quirant, Qui s'acrout on le va tout adez abaissant Et ly homs qui se va honnestement pourtant On le prise et honneure et mocqu'on le meschant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 106).

-

En partic. : Messages est de Dieu, si com j'ay en pensé, Estrait de haute gent et de haut parenté, Le branc tient en sa main, si a juré Jhesu Que jamais joye n'ara, si lui ara rendu, Car ung proverbë est monlt souvent ramentu : Qui s'acro[i]t, Dieu l'abaisse, dont il est confundu. [L'éd. a corrigé "acrout" en "acroit"] (Enfances Doon de Mayence P., c.1450-1500, 506).

Rem. Par confusion ou par jeu de mot, accrout a été compris comme une forme du verbe accroistre, donnant au prov. un sens différent : "Dieu abaisse celui qui s'élève et élève celui qui s'abaisse" (cf. Luc XIV, 11 : "Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé"). V. aussi II.

II. -

Empl. trans. au fig.

-

Accroupir qqn. "Faire s'accroupir qqn, l'humilier" : Pour ce a chascun son art souffise Et son estat sanz faire emprise De trop ne po querir hault bout ; Car qui s'abaisse Dieux l'acrout, Et qui se hauce plus qu'a point, Cheoir le fault en petit point. [Éd. : «le courbe», mais dans le gloss. : «Élever»] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 300). Par trop luy taire ou estre solitaire, Et sans notaire, on pert bien bruit et brout : Qui trop s'abaisse, on dit que Dieu l'acrout. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 218).

III. -

Part. passé

A. -

Au propre. "Accroupi"

1.

[D'un être humain] : Socrates sçavoit il foison ? Fut il bien fier et bien constant Quant il but l'amere poison Ainsy qu'on le va racontant ? Toutesfois de sagesse tant N'eut que sa femme deshonneste, Ou accroupye ou en estant, Ne lui pissast dessus la teste. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 200). ...ilz sont montés sur chevaulx maigres qui sont moult vistes, et ne menguent que ung peu de paille et de grain, pour ce que le païs est si chault, qu'i n'y croist point d'erbe et sont accroupis sur leurs selles et chevauchent à cours estriers, et sont vestus longs, leurs robes toutes pointées de toille et de coton, et pour resister contre le trait (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 77).

2.

[D'un animal] "Les pattes repliées, le ventre à terre" : Si tenoit sur son poing un faucon joli, Si vit en un vivier .I. malart acroupi (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 95). ...quant le sanglier (...) en chemin est acroupis... (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 51).

B. -

Au fig.

1.

"Prostré, recroquevillé (dans une attitude dénotant l'inertie, la paresse)" : Dessus celle chaire seoit Une dame, a qui bien seoit Sa maniere pesant et sage. (...) Si n'estoit elle pas crespie, Laide, envieillie, n'acropie, Aincois estoit fresche et nouvelle, Blanche com lis, plaisant et belle. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 99). Non mie a toy apertient estre ou nombre de ceulx qui en my chemin sont trouvéz recreans. (...) Or sus ! sus ! baille ça ta main ! Drece toy ! Plus ne soies accropie en la pouldriere de recreandise. Entens noz sermons et tu feras bonne oeuvre. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 8).

-

Part. passé en empl. subst. "Personne passive, soumise" : Se je n'avois pas bien tout pris, Et jeunes, vieulx et decrepitz, Incensez, folz et accropitz, Pucelles, filles et les meres, Tous enfans bastars et leurs peres, (...) Et n'a ung seul de tout degré, Qui ne se haste de son gré Venir, et fust-il des scandales, Ou commun navire et sodales. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 795).

2.

"Accablé, incapable de réagir" : Et s'est si grans mortalités En bours, en ville, en cités Et tout par tout le plat pays Que chascuns en est esbahis, N'ame n'oy qui ne prophetise Pis pour le peuple et pour l'Eglise, Si que trop serons acroupis (MACH., Voir, 1364, 5455). Chascuns par le bois se merveille, Et meïsmement qui le croient, Et ja voellent et s'y ottroient Que le beau guichet bien serré Soit tost ouvert et desserré ; Et sy fust il, com dit l'en a, Quant aventure y amena Ung bergier qui le fait rompy, Dont Lupalois sont acroupy. (Pastor. B., c.1422-1425, 139). ASTAROTH. Il est hors de nostre pouoir : Riens ne vous vault le conspirer. Qu'est il de faire ? SATHAN. De virer Aux infernaulx de belle pousse, Et leur raconter la secousse Comment nous sommes acrouppis. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1035).
 

A. -

[Anatomie]

1.

[À propos d'un animal]

-

"Croupe (du cheval)" : ...au passer qu'il fist l'autre le fiert d'un grant baston qu'il tenoit sur le crapon de son cheval si grant coup qu'il mist li et son cheval tout en un mont. (Cardenois C., c.1380-1400, 99). ...Et les chevaulx cheïrent toulx deulx sus le crepon (Galien D.B., c.1400-1500, 113). ...car le cheval levoit la teste en la hochant souvent et la queue debout dressee sur le courpon comme ung cheval eschappé (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 221).

-

"Croupion" : L'en li apporte un gras chapon, Tantost le prist par le crepon Et le remenant tout menga Que onques a nul riens n'en donna. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 160).

2.

[À propos d'une pers.] "Reins, échine, derrière" : ...Tant de choz vous donroie a doulx main d'un baston Que je vous romperoie le doz et le crepon ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 617). "...Encor lui brasseray une telle cuison Qu'il en sera senglant, le viz et le crepon !" (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 38). Sire, dist Helyas, donne me ung grant baston Dont je li romperai le dos et le crepon (Chev. cygne P., c.1356, 54). ...Droit la vous despechoit le dos et le crepon (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 317).

B. -

P. anal. "Croupe d'un comble, d'un toit" : Si s'avisa d'une grant subtiveté, car celle nuit il monta sur sa maison et assist un heaume sur le crepon devant, puis descendi aval et taignist l'une partie de son huys de vermeil et l'autre partie de blanc (Bérinus, I, c.1350-1370, 412). ...pour deuves de tonneauls mises et employes a aisseler le crepon du dit moulin (Doc. 1380. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 597). ...un comble de bois à reny et à creppon assis sur les murs d'icelle cuisine (Trés. Reth. S.L., t.2, 1409-1410, 609).

Rem. Doc. 1421 (Corbie, d'apr. LA CURNE, couvrir et parfaire le grange de Waigny, aveuc le crepon de ledite grange) ds GD II, 366b, s.v. crepon² ; même ex. ds DU CANGE II, 615c, s.v. crepida¹. Cf. GD VIII, 355a (Errata), qui abandonne la déf. "crépi d'un mur" et renvoie l'ex. sous crepon¹. BARB. Misc. 17, 1936-1938, 307.

-

"Croupe du chevet d'une église" : ...audit maistre Jacques pour la pointure de 5 racines de lymandes qui sont au crepon d'icelle esglise, lesquelles racines se departent desd. lymandes (...) et pour pluseurs pointures qu'il a faictes oudit crepon entre le lambrouix et les chevrons (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.2, 1388, 627).
 

"Demi-croupe des combles, partie supérieure de la croupe, lorsqu'il s'agit d'une croupe brisée" (Éd.) : ...rencoutelet l'abre (...) et deffaire et refaire le creponcel deseure le dit arbre (Doc. 1411. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 598).
 

"Coups sur l'échine, le crepon" : Si tu me fais les dens froncquier, Je te donray tel creponnade, Que je t'envoiray reconcquier En une noire carbonnade. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 132).
 

"Nabot, avorton"

REM. Doc. 1473 (vous lairiez vous battre a cestui cropet ?) ds GD II, 384b ; même ex. ds DU CANGE II, 625c, s.v. cropa.
 

A. -

"Partie arrière et charnue des êtres animés, croupe"

1.

[Des bêtes de somme, du cheval...] : Et cropes [var. croupe, creupe, crupes] et froins et poitriers... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 90). ...sus Agrevain fu telle priesse tournee Qu'il ont mort son cheval a le cruppe tieullee (Flor. Rome W., c.1330-1400, 160). ...adont, Un centor (...) Lui dist que "bien la passeroit Et de cel erre penseroit, Mais que sus sa crouppe troussast La dame..." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 21). Et, quant ilz seront aux champs, comme je vous dy, vostre embuche sauldra là où il y aura trois cens hommes, qui auront derrière eulx sur la crouppe de leurs chevaulx autres trois cens hommes, que ceux de la place ne verront point. (BUEIL, I, 1461-1466, 116). Et, quant les chevaulx sentirent la poincture du traict, ilz commencerent à tourner les testes où ilz avoient les crouppes, les lances se commencerent à colloigner l'une parmy l'autre et se entremesler (BUEIL, II, 1461-1466, 202). ...sur le crupe de son cheval avoit une crois de Saint-Andrieu de velours cramoisy (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 129). A l'encontre de lui vint monseigneur le bastart houssié de drap de velours bleu sur crupe et cringne, ayant ung rabot et toute la houssure semée de rabotures d'argent. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1468, 126-127).

2.

(Fourrure de) croupes de gris. "Fourrure faite de morceaux provenant de la partie dorsale postérieure de peaux d'écureuils" : À Jaquot de Mareul, peletier, qui délivra pour Madame et ses enfans, dès le mois de juing, pour envoier à Courcelles, pour 1 millier de menu vair, 32 fr. ; pour Vc d'escureux noirs à 4 fr. et demi le cent, 22 fr. et demi ; pour un millier de ventres d'escureux, 13 fr. ; pour une fourreure de cropes de gris, 6 f. ; pour 1 pourfil de lettices et 1douzaine de lettices, 8 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 69). Robe appartenant a son corps : Primes, une houppelande longue de verd fourrée de cruppes de gris et le chapperon doublé du mesme (Invent. test. beauv. L., 1397, 46).

Rem. Cf. R. Delort, Le Comm. des fourrures en Occident à la fin du Moy. Âge, t. 1, 1978, 723.

3.

[Appliqué à l'homme]

-

Battre les croupes. "Faire l'amour" : La plaie rescoust et restraint Par bandeaulx, par oeufs et estoupes ; Jamais [l'homme châtré] ne batera les croupes. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 171).

B. -

P. anal.

1.

"Sommet arrondi d'une montagne" : ...il virent les genz d'armes qui estoient contre eulz en garnison en la croupe de la montaingne (BERS., I, 9, c.1354-1359, 2.9, 3). Et si avoient li Escoçois lors deus premieres batailles establi sus deus crupes de montagne, la ou nuls ne pooit bonnement monter (FROISS., Chron. D., p.1400, 142). En la croupe de celle montaingne le roy Nauplus pere de Palamedes fist grans brandons et falotz par nuyt (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 192). Sampson qui par sa force et puissance avoit porté aux croupes des montaignes les portes arrachees de leurs gons (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 204). Et s'ay tres bon vin d'Angleterre Qui a crut en roche de terre Tout hault en cruppe de montaigne (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 266). ...sus la cruppe d'un mont (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 33). ...en croppe de montaigne (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 309).

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

2.

"Partie d'un comble" : ...pour avoir fait et ediffié de charpenterie en la crouppe de l'une des halles dudit cloz, lez la porte d'icellui, un plancher et un degrez (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1375, 246).

3.

"Poupe d'un navire" : Avecques elle fut la grant nef Loÿse (...), La Marguerite, legiere de la courpe (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).
 

A. -

"Soupente"

Rem. Doc. XV^e s. (Valenciennes, nourrir en ung croppel une couvee de faisans qui sont guelines sauvages) ds GD II, 385a. Attestation suspecte ; correspond à MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 22, cité sous géline, qui porte la leçon troppel.

B. -

"?" : Vous lessastes tous les royaulx, Et leur tournastes Les dos et vous en retournastes, Que tant soit pou n'y sejournastes, Car alors les abandonnastes Tous mescreüz De traÿson et recreüz, Dont le nombre fut descreüz Et les cuers des Anglois creüz, Car par troppeaulx, Non obstans les cris et rappeaulx Des bons, couvristes les cruppeaulx [var. cruvoictes (?), coppeaulx] Des hëaumes. (CHART., L. Dames, 1416, 225).

Rem. L'éd. suggère de comprendre "sommet (des heaumes)" qu'on couvrirait pour cacher les cimiers ou autres signes de reconnaissance ; la var. coppeaulx a le même sens (v. coupel).
 

"Volée de coups sur l'échine" : Quant luy cuida Bethune estre happee, A la pipee, ou desroy se frappa, Il tint pied ferme, attendant la crupee ; Gent fort huppee y fut prinse et happee, Puis decopee et maint aultre eschappa (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 396). Je laisse au bourreau, s'il est prest, Ung cent de cauches bigarees (...), Et aux hardeaux portans espees, Comme terribles applicquans, De nuit trois ou quatre crupees, S'on les trouve par les clicquans. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 723).

REM. Doc. 1460 (le suppliant dist à icellui Perceval...que s'il aloit à lui, il lui donroit une Cruppée d'un baston moyte que il tenoit) ds DU CANGE II, 630c, s.v. crupa¹.
 

Empl. intrans.

A. -

"Être accroupi, se tenir accroupi"

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1367 (croupant) ds GD II, 384a-b.

B. -

"Rester (oisivement) qq. part" : Et en ce faisant crupoit volentiers et se faisoit amy de ceulx qui prenoient praye subtillement entour les princes, affin que se praye lui failloit que par eulx il en peust auoir (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 478). ...mes putains habandonnees, Croupans au bordeau pour l'argent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 384).
 

Empl. trans. "Gravir" : C'est grant peine de crupeter Montaigne de si grosse masse [le mont Thabor]. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 177).
 

"Dans une position accroupie" : Esgar ! Mahon les puist confondre ! Or resgardez ; ils vueulent pondre. Veez comme ilz sont a croupetons. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 139). ...Ainsi le bon temps regretons, Entre nous, povres vielles soctes, Assises bas, a croupetons, Tout en ung tas, comme peloctes, A petit feu de chenevoctes, Tost allumees, tost estainctes (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 57).
 

A. -

CHASSE

-

À la croupie. "En se tenant à l'affût à croupetons" : Et aussi les prennent il bien [les lièvres] A la croupie avec leur chien Et quant viennent par ces coulees Es courtieux mengier leur porees. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 409). Aussi les puet il prendre a la croupie, et c'est encore bonne chose, quar celuy qui aura ses levriers, s'il scet un buisson ou une forest, entre nonne et vespres s'en ira. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 288). En tout temps assez me deporte A prendre a la main la roupie Ou la fauvette a la croupie. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 69).

Rem. Doc. 1328 (le seigneur de Montgoubert affermoit qu'il avoit droit de chacer au lievre et au goupill et de tendre a la croupie et a la revenue) ds GD II, 384b ; même ex. ds DU CANGE II, 630c, s.v. cruppa. V. accroupie pour l'hésitation des éd. entre à la croupie et à l'accroupie.

B. -

"Croupion (d'un oiseau)" : Et pour ce ledit queux ne doibt point escorchier ledit paon, mais que leve les aillerons pour revestir l'oye et lever le cuer ou la courpie du paon ou les plumes se tiennent tout ensemble (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 147).
 

(Synon. de croupion) : Toutesfoys, truffant et brullant, Le sot en eut sur son croupier Tel cop à l'uys d'ung drappier Que tout le corps luy en trembla. (Pipée R., c.1470-1480, 147).
 

A. -

"Partie du harnachement du cheval que l'on passe sous la croupe du cheval" : ...6 pièces de camoquas blans, à faire 2 hernois de cheval : c'est assavoir, collière, crupière, bannière, pannoncel, et tunicle (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 144). ...pour toille de quoy on fist crouppieres, souz-ventrieres et petraulx, et pour facon de V chapperons pour V chevauls qui furent achatez pour mener lesdictes besoignes en Navarre devers Monseigneur, pour ce que autrement on ne les eust peu gouverner ne conduire pour les mouches (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 470). ...pour une croppière pour le cheval du vénitien VII s. VI d., pour bander une selle qui estoit rompue V s., pour ung panneau neuf pour une autre selle X s., pour appareil des bahuz de la garde-robe dudit seigneur, en II escuz, LV s. (Comptes roi René A., t.2, 1451, 172). ...deux faulces croppières de cuir X s., à lui pour deux selles pour deux petilz chevaulx de l'escuierie dudit seigneur LV s. (Comptes roi René A., t.2, 1452, 178).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

-

[Cont. grivois] : S'elle [la gouge] refuse homme qui la requiere De luy sangler ou poitrail ou cropiere... (PH. BOUTON, Les Gouges, éd. A. Piaget, c.1454. In : Romania 47, 1921, 171).

B. -

"Croupe"

-

P. métaph. Jouer de la croupiere/monter sur la croupiere. "Faire l'amour" : ...elle estoit dessoubz son amy qui faisoit merveille de jouer de la croupiere (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 159). ...la mignonne (...) n'estoit pas encore saoule (...) et fut contrainct son mary (...) luy aller de rechief monter sur la cropiere. (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 221).

C. -

"Croupe des combles, versant réunissant les longs-pans de la toiture"

Rem. Doc.1399 ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 604.
 

"Croupe, arrière-train" : JOUAN. Trut avant ! Assez belle estez par devant, Mais le derriere gaste tout. LE SOT. Taste s'il pleut Saincte sang bieu ! quel cropion. (P. Jouh. D.R., a.1488, 19).

-

Avoir le croupion chaud. "Avoir des ardeurs amoureuses" : Car elle [mon amour] en a, sans moy, assés [de targes et d'écus]. Mais de cela il ne m'en chault, Mes plus grans dueilz en sont passés, Plus n'en ay le croppïon chault. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 81).
 

Empl. intrans. ou pronom.

A. -

[D'une pers., d'un animal]

1.

"S'accroupir" : Et, quant il [le lièvre] s'en ira a son giste, il prendra aucune voye, ou petite ou grant, la quele il ira batant une grant piece, et puis se croupira et lavera et limera ses piez, son visaige et ses oreilles, puis ira oultre ou revenra sus soy, et fera ses malices et soubtilitez. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 222).

-

Part. passé "Être accroupi" : On me deveroit bien tenir à quetiveil Se toute jour aloie croupis en ce maisiel (Hugues Capet L., c.1358, 6).

2.

P. ext. Croupir qq. part. "Rester immobile, inerte, attendre interminablement qq. part" : ...cure n'avoit Du sejour ne croupir en vile : Il se partoit et n'ust que mile Hommes d'armes avecques li (DESCH., M.M., c.1385-1403, 366). ...nuls ne voloit a euls entendre, ne il ne pooient avoir point d'audiense. Mais les faisoit on la croupir et seoir au palais ou ailleurs, tant que il estoient tout lasset et tout hodet (FROISS., Chron. D., p.1400, 622). Et se Plaisance n'estoit, Le pouoir d'Amours faudroit. Qui seroit Cellui qui plus dicteroit Balades nouvelles ? Nul homme ne danseroit, Ains aux cendres crouppiroit. (CHART., L. Plais., c.1412, 152). Yver fait champs et arbres vieulx, Leurs barbes de neige blanchir, Et est si froit, ort et pluieux, Qu'emprés le feu couvient croupir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130). SATHAN. Comment donc l'entendez ? J'ay mes chevaulx, mes hacquenees, De ses putains habendonnees, Estans au bourdeau pour l'argent. LUCIFER. Faiz tu chevaulx de telle gent ? Tu ne dois pas crouppir en peaultre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 823). De demourer et cropir icy tant Ennuy, soucy mon esprit entretaille. (LA VIGNE, S.M., 1496, 192).

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. Cf. aussi Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (crout pour croupt, croup[i]t ?) : Le mastin resamblez qui crout sur son fumier (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 436).

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Au fig. : De croupir en mortex pechies Obstinés et desesperes... (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 85).

B. -

[De vin laissé en tonneau] "Reposer" : ...si advient aucune fois par accident de froidure ou gelée ycellui vin nouvel cueilli estre vert cru et mal proffitable, comme cellui qui n'est mie en boiçon ; mais, lui laissié en tonneaulx croupir au long d'iver, à la gellée, avient souvent que celle verdeur se tourne en bon vin et en meureté couvenable (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 30).
 

MAR. "Cordage attaché à une ancre" : ...2 groupiaux. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1359, 148). Item une meulle de neufve corde pour faire un groupiail contenant lx braches (Clos galées Rouen B., 1384, 45). Premierement, a Harefleu, une gume plaine, une gume tortice, une espercine, une vette, une muelle de corde pour faire couloirs, deux ostes, une autre espercine, un grouipiail, un autre groupiail, une parlemare, une pouge, tout le dit cordail pesant 2.723 livres de fil ouvré (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1390, 200).

REM. JAL², s.v. groupis ; cf. aussi FENNIS, Gal., II, 1057-1058 et DEAF G, 1501, qui mettent en doute le lien avec la famille germ. de*kruppa et considèrent que le terme est prob. d'origine génoise.
 

"Abaisser, rabaisser" : Mais quant lui os mon cas fait assavoir Or valu pis, Car response si pleine de despis Me fist et fus d'elle si racroupis Que bien cuiday mortellement ou pis Tout devant elle M'aler ferir, car la response d'elle Me poigny trop (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 214).

REM. Doc. 1409 ds GD VI, 542c-543a.