C.N.R.S.
 
Famille de suspirare 
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     SOUPIR     
FEW XII 474b suspirare
SOUPIR, subst. masc.
[T-L : sospir ; GDC : souspir ; DÉCT : sospir ; FEW XII, 474b : suspirare ; TLF : XV, 769b : soupir]

A. -

"Souffle, inspiration ou expiration plus ou mons forte et prolongée qui rétablit l'équilibre respiratoire" : En maladies agues avec fievre, soupirs en maniere d'enffant qui pleure, est malvaiz signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95). Or parle LE PREMIER CHEVALIER. (...) Je croy que le corps [de Jésus] est perdus. Une voix j'a ouÿ ici, Qui disoit : "Lyéve toy d'ici." (...) Et puis j'ay veu sy grant clerter venir Que il n'est homme que s'en peut souvenir. Quar parlé je n'a peut, ne randre mon soppit Jusque j'a veuz la clerter departir. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 140).

 

-

Le dernier soupir (d'un mourant) : Tresbenoyte vierge Marie, Au dernier souspir de ma vie Par vous me soit secours donné. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 289).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 252.

B. -

En partic. "Souffle qu'on laisse échapper sous le coup d'une émotion (souvent expression douloureuse de l'amour)" : ...Ne je n'ay pas encor aperceü, Pour nul meschief que j'aie receü, Que tout adès Elle ne m'ait com amie esté près Et qu'el ne m'ait servi de tous mes mès, De plours devant et de souspirs après. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 86). S'en est mes vis descoulourez Et mes cuers de plours saoulez, De griés souspirs entremeslez, Et tout par toy. (MACH., R. Fort., c.1341, 46). Si est bien droiz que mon cuer fonde En pleurs, en soupirs et en plains. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 278). Mais souvent pleurent mi oueil, Quant je remir Vo gent corps par souvenir, Dont mon vis mueil. Lors de mon cuer meint souspir Passent le sueil. (MACH., Ch. bal., 1377, 600). Si ne vueil autre mercy, Car vous m'avés assevi, Si que mi plour Et mi souspir sont tary, Dame, dont je vous mercy Et bonne Amour Qui fait cesser ma dolour (MACH., Ch. bal., 1377, 629). Et si ne puis par devers vous aler Pour Fortune qui le vuet et deffent, Dont maint souspir me convient estrangler, Quant à vous pense et je sui entre gent Et quant je sui par moy secretement ; Adonc me fait tous meschiés recevoir Le grant desir que j'ay de vous veoir [la forme "vuet" fait difficulté. G. Roques attire l'attention sur la leçon "viee" [de véer] dans MACH., Voir, 1364, 182, v. 1634 (même ballade ; point-virgule après "deffent")]. (MACH., L. dames, 1377, 209). Helas ! dame, je vous ay tant chiery, En desirant de merci la douçour, Que je n'ay mais sens ne pooir en my : Tant m'ont mué mi souspir et mi plour. (MACH., L. dames, 1377, 218). La seront mi grief compleint Et mi pleint, Mi grief souspir et mi plour. (MACH., Les lays, 1377, 374). Et lors fist [Mélusine] un moult doulereux plaint et un moult grief souspir, puis sault en l'air, et laisse la fenestre, et trespasse le vergier. Et lors se mue en une serpente grant et grosse et longue de la longueur de XV. piez. (ARRAS, c.1392-1393, 260). ... le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement. Et après les durs et aigres souspirs, disoit : Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine, et especialment de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises... (ARRAS, c.1392-1393, 19). Item aussi devant le dict corps y avoit grant nombre a merveilles de gentilz hommes, officiers, maistres d'ostelz, varletz de chambre, escuiers, eschançons, paiges, servans et tous autres du train de sa maison qui en cris piteux, lamentables pleurs, griefz souspirs et ameres exclamacions, habillez en dueil, se comportoient si douloureusement pour la mort de leur bon feu maistre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311).

 

-

Jeter un soupir/des soupirs : Adont getta Berinus un grant soupir et commença tendrement a plourer (Bérinus, I, c.1350-1370, 70). ...ains muoit longuement couleur et getoit uns lons souspirs et uns grans plains (Bérinus, I, c.1350-1370, 164). En meditant et en pensant Tex choses, et en recordant Les faiz de devant et les dis Tant de la mere com du filz, Je ne me peu plus contenir Que ne getasse un grant souspir (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 119). Et quant Paris oyt ramentevoir le nom de sa dame, celle qui le tient en destresse, il gecta ung grant souspir de cuer parfont. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 257). Atant passa oultre, car la pucelle prist a muer sa couleur et rougir en gettant ung petit soupir estraint de desir (Comte Artois S., c.1453-1467, 63). Et quant ils estoient au preau assemblé, dont pour le tres brief partement estoient mains durs soupirs et maintes larmes gectees. (LA SALE, J.S., 1456, 95). MARIE. (...) Las, quant je viz le sang decoulez De son chiefz d'espine coronez, Las, quant je vyt qu'on ly puntoit Le boyre que point ne desiroit, Las, je gectisz sy grant sopit Qu'a peinne que le cueur ne m'an partit. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 121).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 2/10 
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     SOUPIRABLE     
FEW XII suspirare
SOUPIRABLE, adj.
[FEW XII, 475a : suspirare]

"Digne de soupir" : ...Qu'en regardant ton lieu insupérable Dont la vue est bien doulce et souspirable, Il n'y a point de voye après tirable, Tant est excelse en splendeur et foraine (CHASTELL., Louange Vierge K., c.1450, 286).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/10 
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     SOUPIRAIL     
FEW XII suspirare
SOUPIRAIL, subst. masc.
[T-L : sospirail ; GDC : souspirail ; FEW XII, 475a : suspirare ; TLF : XV, 770a : soupirail]

A. -

Au propre. "Ouverture d'aération" : Spiraculum (...) : souspirail (Aalma R., c.1380, 391). Et ilh fuyt en sa bome et, par tant que ly dis messires Ernus n'ozat bouteir le feu, ilh fist remplir et stopeir de terre les entréez et les sospiraz, sy qu'il fut ens stins et mors. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 26).

 

-

[P. compar.] : L'air donne a toute personne et a toute beste vivant vertu de respirer car c'est le souspirail de toutes bestes et la propre habitacion de tous oyseaulx (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°).

B. -

P. ext. "Prise d'air, tuyau"

 

Rem. Doc.1389 (par la [l. le]sospiral de la cheminee) ds GDC X, 704b.

C. -

[Cont. métaph.]

 

-

"Ouverture par laquelle peut passer l'air du corps" : Et pour ce' en lieu de souspirail Un cornet ai especial Par le quel le vent qu'ai u cors Je gete et evapeure hors. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 242).

 

-

"Ouverture par laquelle la vie est insufflée au corps" : Et selon ce regart, l'ame si est un soupirail de vie qui vient de Dieu. De quoy il appert que l'ame si a de sa proprieté que elle ne vient pas de semence, ne par generation, maiz est creé de Dieu pour donner vie au corps. (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 386).

 

-

[À propos du cou d'une statue] : Par ce col [de la statue, dont la tête représente le roi et les membres, ses sujets] a son souspirail Le chief de quanque vient d'aval, C'est a dire, se nouvelles A li roys non mie belles D'aucuns des subges dessous li De quoi soit desplaisance a li, Par son col se doit respirer Et par son conseil conforter. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 251).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 4/10 
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     SOUPIRAMMENT     
FEW XII suspirare
SOUPIRAMMENT, adv.
[GD : souspiramment ; FEW XII, 474b : suspirare]

"En soupirant" : Et au partir soupiranment Pris a plourer si fondanment Qu'en plours et en larmes fondoit Mes cuers qui tous s'en confondoit. (MACH., R. Fort., c.1341, 28). Comme jà longuement aye esté plongé au lac d'annoyeuse matière, et que souspiramment il m'a convenu fondre de ma plume mots ruyneux... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 5).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/10 
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     SOUPIRANT     
FEW XII suspirare
SOUPIRANT, adj.
[GDC : souspirant ; FEW XII, 474b : suspirare ; TLF : XV, 770b : soupirant]

"Qui fait entendre des soupirs (en partic. pour exprimer une peine amoureuse)" : Einsi laissai ma dame chiere, Et m'en parti a simple chiere, Tristes, pensis et souspirans, Merancolieus, desirans De venir en aucun destour Ou finer peüsse mon plour, Tant qu'a moy fusse revenus. (MACH., R. Fort., c.1341, 29).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF, s.v. soupirer. Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 113, 2967 (souspirante), ds GDC X, 704b.

 

-

[P. méton., du coeur] : Detri d'ottri que moult compere, Bel Acueil qui de moy se vange Amour marrastre et nompas mere, Espoir qui de joie m'estrange, Povre secours, desir ardant, Triste penser, cuer souspirant, Durté, desdaing, dangier et refus qu'ay M'ont ad ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539). De souspirant cuer dolent Me pleing, et bien le doy faire, Car, quant j'ay pris hardement De ma grant doleur retraire, Lors m'estuet il tout coy taire. (MACH., Motés, 1377, 486).

V. aussi soupirer
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 6/10 
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     SOUPIREMENT     
FEW XII suspirare
SOUPIREMENT, subst. masc.
[T-L : sospirement ; GD : souspirement ; FEW XII, 474a : suspirare]

"Soupir" : ...et n'y avoit celuy à qui les larmes ne mouillassent les yeux, et qui par pitié et par compassion du cas si amer ne partist et vuidast, faisant leurs complaintes et souspiremens l'un à l'autre, par mémoire du temps passé (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 201). Puis que Dieu veult sur vous ouvrer [une femme qui vient de perdre son enfant] Et vous persecuter en dueil, Rien n'y vault de larmoyer d'oueil Ne le soupirement de cueur. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 92).

 

-

"Difficulté de respiration" : Il [galbanum] oste et guerist la toux et suspirement (Jardin santé, c.1500, f° 109c [BnF/Gallica]).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 7/10 
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     SOUPIRER     
FEW XII suspirare
SOUPIRER, verbe
[T-L : sospirer ; GDC : souspirer ; DÉCT : sospirer ; FEW XII, 474a : suspirare ; TLF : XV, 770b : soupirer]

Empl. intrans.

A. -

"Faire entendre un souffle, une inspiration ou une expiration plus ou mons forte et prolongée qui rétablit l'équilibre respiratoire" : Pluseurs fois l'oÿ souppirer, Rougir le vit et tressallir, Trembler et suer et fremir Si qu'il n'osoit lever les yeux (Dit prunier B., c.1330-1350, 60). La quarte espece de difficulté de respirer c'est anhelit double ainsi que philocaptus et en enfans qui pleurent que on appelle souspirer (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 8). BOURREAU. (Il le gecte bas.) Velle la ! Par ma conscïence, Besoing n'a plus de souspirer ; Il se pourra bien essorer Devant que soit le moys passé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 317).

B. -

"Pousser des soupirs sous le coup d'une émotion (souvent de peine amoureuse), soupirer" : Et la dame parfondement souspire Et dist : "Pour Dieu, laissiez m'en pais, biau sire ; Car mestier n'ay que me faciez plus d'ire Ne de contraire Que j'en reçoy". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 60). Fortune m'est dure, amere et diverse, Qui ma cherrette einsi trebuche et verse. Pour ce m'en vois demourer en l'Empire, A cuer dolent qui tendrement souspire, Qu'en ce païs trop me gaste et essil. (MACH., Compl., 1340-1377, 252). Lors, comme homs qui souvent souspir, Gettay un plaint et un souspir De parfont cuer, acompaingniés De plours et en larmes baingniés, Et tournai vers li a grant peinne Ma chiere teinte, pale (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Lors prist a soupirer de cuer tresfondaument. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 729). ...il souppiere et lermoye (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 125). Et quant je pers le soulas et la joie De ce tres dous regart qu'avoir soloie, Se je me plein et souspir et larmoie, Je n'en puis mais, Car s'en ce monde un seul souhait avoie, Riens plus fors li je ne souhaideroie. (MACH., F. am., c.1361, 152). Si en ploura parfondement Et souspira moult durement Le tres gentil et noble roy, Et en fu en moult grant effroy, Quant tout ce estoit empeschié, Qu'à grant peinne avoit pourchacié. (MACH., P. Alex., p.1369, 23). Loing de vous souvent souspir, Douce dame debonnaire, Pour ce que trop fort desir À veoir vo dous viaire. (MACH., L. dames, 1377, 44). Helas ! dolens, souvent souspir et plour, Bien le savez, pour vous qu'aime sans blame, Mais vos durs cuers n'a pité de mon plour (MACH., L. dames, 1377, 193). Des yeux pleure, du cuer souspire, Car laidement m'est mescheu. (Mir. march. juif, c.1377, 202). L'ystoire dit que, quant Elinas ot perdue Presine et ses trois filles, il fu si esbahiz qu'il ne scot que faire ne que penser. Mais fu depuis, l'espace de VIII. ans, qu'il ne faisoit que plaindre, gemir et souspirer, et faire griefz lamentacions pour l'amour de Presine, qu'il amoit de loyal amour. (ARRAS, c.1392-1393, 10). Et Remond commence a souspirer comme cil qui grant douleur sentoit, et celle l'embrace et lui demande : Monseigneur, que vous fault il ? Estes vous malade ? (ARRAS, c.1392-1393, 244). LA MARQUISE [à ses enfants retrouvés]. Ha ! mes doulz enfans, ne puis rire, Mais de joye pleure et souspir, Car tant ay joye que souffrir Ne me puis de vous faire feste. (Gris., 1395, 95). Car souvent souspire et se deult Pour la grant paour qu'il requeult De perdre par aucune voie Ses richeces ou il s'appoie. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 200). Quant j'oy ung amant qui souspire... (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 346). Madame, qui de ce nouvel feu d'amours avoit son cuer enflamé, toute nuyt ne cessa de soy plaindre, gemir et souspirer, tant desirant estoit de reveoir damp Abbés (LA SALE, J.S., 1456, 255). La pouvre fille, de ce grand mal toute affolée, ne scet sa contenance que de plourer et souspirer. (C.N.N., c.1456-1467, 32). De tristesse le cuer me casse, Car de vous suis tant amoreuse Que, quant vostre cher precïeuse Voy souffrir ung si grant martire, La passion m'est si trespeneuse Que d'eure en heure, las, j'espire. Tout jour, mon amy, je suspire En pleurs et larmes sans cesser. (Pass. Auv., 1477, 220). ...car tel ne le congnoissoit ne ne l'avoit jamais veu qui, seulement pour voir doulouser et plorer ceulx qui le congnoissoient et a si grant multitude, estoient contraincts d'estre meuz a pitié et compassion, tant qu'ilz ne se fussent peu tenir de plorer, souspirer, ou du moins regretter ceste piteuse et trop douloreuse amere mort. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310).

 

-

[En partic. au gérondif] : Quant je vi que c'estoit mes sires, Qui des maus amoureus est mires, Onques de lui ne m'esloingnay, Mais devant lui m'ageloingnay, Et li requis en souspirant, A mains jointes et en plourant, Qu'il me vosist reconforter Dou mal que j'avoie a porter, Et que donner meilleur espoir, Me vosist (MACH., D. verg., a.1340, 26). "Trés douce dame, avez vous en despit Le mien salut ?" Et quant elle le vit, Se respondi En souspirant, que plus n'i attendi : "Certes, sire, pas ne vous entendi Pour mon penser qui le me deffendi ; Mais se j'ay fait Riens ou il ait villenie ou meffait, Vueilliez le moy pardonner, s'il vous plait." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 60). Adont desirs d'estre de li amez En mon cuer fu si trés fort enflamez Que puis m'en suis cent fois chetis clamez En souspirant ; Car tel doleur sentoie en desirant Que ma vigour en aloit empirant Et meint penser avoie, en remirant Son dous viaire (MACH., J. R. Beh., c.1340, 74). Et quant il ne le trouva mie, si ot telle angoisse qu'il voulsist bien mourir, et si grant dueil demenoit, en souspirant et en criant, que Aigre entendi la voix et bien perçut que Galopin estoit revenuz (Bérinus, I, c.1350-1370, 274). Lesquelles parolles proferoit il en soupirant par oppression de tristresse (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 179).

 

-

[Avec un obj. interne (soupir)] : S'en souspir Maint souspir Et m'aïr D'un aïr Trop dur à endurer, Quant souffrir N'obeir Ne querir Son plaisir Ne m'i font que grever. (MACH., Les lays, 1377, 375). Et quant mentir Voy mon souvenir, Amenrir Et fenir Convient mon espoir ; Dont je souspir Maint parfont souspir Par desir Qui fremir Me fait et doloir. (MACH., Les lays, 1377, 444).

C. -

P. méton.

 

1.

Empl. intrans.

 

a)

"Éprouver une émotion susceptible de s'exprimer par un soupir, éprouver de la peine" : LE PERE. Par ce moyen vous m'avez contenté, Mon chier enffant. Pour ce, au departement, Quoy que nature m'aict si tresfort tempté Que mon couraige souspire tendrement, Dire vous veulx vostre gouvernement, A celle fin que vous contregardez (LA VIGNE, S.M., 1496, 190).

 

-

[Du coeur] : Un cuer qui loing d'espoir souspire, N'est il pas en piteuse voye ? (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 380). Alors mon cueur, pour dire voir, De joye souvent soupiroit (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 57). Mon cueur se plaint et souspire Tant est plain de dueil et d'yre (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 45). Et a ces parolles Madame lui donna congié, et par ainsin, les cuers souppirans, les yeulz l'un de l'autre larmoians, s'en departist. (LA SALE, J.S., 1456, 85). Mon povre cueur forment souspire Quant je ne puis trouver sejour Pour alleger ma grief douleur Que jour et nuyt si ne me fine, Je suis bien mis a discipline. (C. Riffl., c.1480-1520, 59). Pour vostre amour mon cueur souspire (Myst. st Laur. S.W., 1499, 257).

 

.

Le coeur me soupire : Neantmoins sens je le cueur qui me souspire (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 80). De ce faire j'ay grant desir, Et me sopire tout le cueur ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 72).

 

b)

"Exprimer son émotion" : De paour souspira des beaulx ieulx de son vis (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 118).

 

2.

Empl. trans.

 

a)

"Se lamenter sur" : ...soupirant les mauls que mauvaisement j'ay fais (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 92). ...[il] luy dist (...) le bon vouloir qu'il avoit de luy faire service, plaignant et souspirant pour l'amour d'elle sa maudicte fortune, d'estre allyée au plus jaloux que la terre soustiene (C.N.N., c.1456-1467, 256). Et, au partir dudit lieu des Cordeliers, y avoit grant quantité de populaire de Paris, crians et soupirans moult fort son departement (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 72). Et mesmement le Bastard de Buillon quy estoit en son tref apuyé a une chaere dosiere, la main a son menton, soupirant la mort du bon roy Baudoyn et de ses onclez, ne se povoit appaisier (Saladin C., c.1465-1468, 49).

 

b)

"Désirer ardemment" : ...fault que, ravy en la contemplacion de vostre glorieuse value, vostre humble amy soye, desirant vostre grace, souspirant vostre allyance et requerant les dieux et Fortune que de vous et de moy facent une maison et un lit ou les plaisirs souverains de ce siecle puisse embraissier et trouver amoureuse fellicité (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 150).

 

3.

Soupirer + prép.

 

-

Soupirer à. "Attacher ses désirs à" : Bonnes gens, je vous pry, vuillés moy remirer ; Vuillés mon doux espoux Jhesu Crist adorer ; Priéz sa vierge mere quil nous vuille tirer A son tresdoux enffant ou devéz soppirer. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 78).

 

-

Soupirer pour + inf. "Désirer ardemment" : SAINCT MARTIN. (Il s'en va.) Ains que jamais soit deux jours ne demy, Je parviendray ou que mon cueur desire ; L'amour de Dieu me fent le cueur parmy, Dont pour l'avoir incessamment souspire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 359).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 8/10 
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     SOUPIREUSEMENT     
*FEW XII suspirare
SOUPIREUSEMENT, adv.
[*FEW XII, 475a : suspirare]

"En soupirant" : Suspiriose (...) : soupireusement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 489).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 9/10 
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     SOUPIREUX     
FEW XII 475a suspirare
SOUPIREUX, adj.
[T-L (renvoi) : sospiros ; GD : souspiros ; FEW XII, 475a : suspirare]
 

-

[D'une façon de respirer, d'un cri] "Haletant" : ...et pour ce qu'en telle aguë il a fievre, il appert bien que halenement suspireux est double, et n'est pas causé pour froidure ne pour spasme de replexion (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 211). La nuit vient et sachez que la mere a bien introduite la fille et enseignee qu'elle lui donne de grans estorses [à celui qui doit devenir son mari] et qu'elle guische en maintes manieres ainxin que une pucelle doit faire, et lui a bien aprins la dame que, quant elle sentira faulser la piece, qu'elle giete ung cry d'alaine suppireux auxi come une personne qui se met a cop tout nu en l'eaue froide jusques aux mamelles et ne l'a pas acoustumé. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 89).

 

-

[D'une pers.] "Qui respire fort, avec difficulté, en haletant" : Suspiriosus (...) : souspireux (Aalma R., c.1380, 406). Et quant elle [la mélisse] est prinse comme electuaire avecques sel elle prouffite a ceulx qui ont empeschement d'alaine et aux souspireux et a ceulx qui ne pevent reposer. (Jardin santé, c.1500, f° 141c [BnF/Gallica]).

 

-

[D'une pers.] "Qui soupire, qui ne cesse de soupirer" : Si les amoureux cueurs des tresloyaulx, povres et disiteux de liesse, et de tout plaisir souffreteux, qui continuellement languissent en leurs regreteuses pensees, s'ocupans en labeur qui vient d'un infiny travail, souspireux, plain de tout desespoir (...) sceussent nullement ou eussent si vrayement le pouoir (...), diroient leur cas en criz piteux et lamentables voix (Livre de Thezeo B., c.1457-1461, 411).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 10/10 
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     SOUPIROELLE     
FEW XII suspirare
SOUPIROELLE, subst. fém.
[GD : souspiroelle/soupireuille ; FEW XII, 475b : suspirare]

"Soupirail"

REM. Doc. Tournai, 1411-1412 (avoir nettoyé et tiré hors de la dicte necessaire toutes les groises et ordures, qui estoient en le cauchie d'icelle, et nettyé le souspiroelle) ds GD VII, 554b et 1447 (pour avoir nettoyé le soupiroelle de l'aisemence qui est en le thour de l'uicquet de le Tieullerie) ds GD VII, 515b, s.v. soupireuille.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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