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Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) - ATILF - CNRS & Université de Lorraine - http://www.atilf.fr/dmf
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     FOURRER1          FOURRER2     
FEW XV-2 *fodar
FOURRER, verbe
[T-L : forrer1 ; GD : forrer1 ; FEW XV-2, 153b, 154b : *fodar]

A. -

"Faire du fourrage" : Si se loga li rois le nuit en celle court, et li hos contreval les prés. Si trouvèrent assés à fourer, qui leur vint bien à point, herbes, vèches et blés. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 71).

B. -

"Aller dans le pays pour se procurer du fourrage et des vivres (souvent par pillage, par mise à sac) ; piller, faire du butin" : Et voirement ilz y feussent alez, mais ainçoiz qu'ilz feussent levez du disner, le chastel fu tout esmeü et se leva la noise et la crÿee moult effreement, car le conte estoit venu fourrer et avoit ja toute la proie saisie et prinse, et par especial celle qui estoit demouree es foraines rues du chastel. (Bérinus, II, c.1350-1370, 114). Il estoient demoret aucun compagnon françois derrière en le ville des Marlis, pour mieus fourer à leur aise. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 18).

 

-

Empl. trans. "Piller, ravager" : Toute ont fourré l'abaye, n'y laissent que pillier, Voire de le viande qu'i fault pour essayer. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 331). Aprés icelle desconfiture, le conte d'Artois entra en Furnes et la fist forer et essillier (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 5). En ce temps se parti le duc d'Ataines du siege, et emmena o lui Robert Bertran à VIm hommes et alerent forrer le pais et essiller. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 52). Un jour avint que IIm Anglois partirent de Calais pour aler fourrer le pais vers Saint Osmer (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 86). Leur coureur ne trouvoient mès riens que fourer : de quoi il avoient grant defaute en leur host de vivres. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 15). "Alons, alons, nous trouverons en ce villaige assez à fourer, tant que nous serons tous riche." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). ...et envoiierent lors coureurs tout autour sus le pais et trouverent assés a fourer, car li pais estoit raemplis de vivres et les gragnes plainnes de tous biens, de bleds, de fains et d'avainnes, et les celiers plains de bons vins. (FROISS., Chron. D., p.1400, 766). ...en icellui temps, allerent les Bourguignons [devant Corbeil, et] fourerent le païz tout entour (Journal bourgeois Paris T., 1417, 82). Et delà ledit conte s'en ala passer l'eaue de Saine et fourer tout le pays jusques assez près de Sens en Bourgongne. Et après s'en retourna, à tout grand proie, au lieu dont il estoit parti (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 405). Si commencerent les archiers à fourrer et à piller le villaige, et les aultres à assaillir ceulx qui estoient retraïctz au clochier du moustier (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 248). Si commencerent archiers et compaignons à piller et fourrer les maisons, pour butiner et pour gaigner (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 255).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/2 
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     FOURRER1          FOURRER2     
FEW XV-2 *fodr
FOURRER, verbe
[T-L : forrer2 ; GD : forrer2 ; GDC : fourrer ; AND : furrer1 ; DÉCT : forrer2 ; FEW XV-2, 158a : *fodr ; TLF : VIII, 1174a : fourrer]

A. -

Au propre "Doubler qqc. d'une matière (fourrure, drap...) qui garnit, qui protège"

 

1.

Empl. trans. : IJ pièces de cendaulz vermeilz en greine, des larges, pesanz XLVJ onces, pour fourrer peliçons de martre, que le Connestable de France donna au Roy (...) Pour IJ autres pièces de cendal vert, des larges, pesanz XLIJ onces, pour couvrir autres peliçons pour le Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 24). ...pour fourrer une cote hardie à chevaucher, et un mantel fendu à un costé, d'une escarlatte vermeille (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 101). ...pour une pièce de toille ynde à fourrer les draps d'autel dessus diz ; pour toille colez mise dessoubz les diz orfrois et dessoubs les paremens aus aulbes estolles et fanons (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 296). Symon Boissel, pour 3 pièces de sendal pour forrer 3 seurcoz pour le Roy, 24 s. pièce, 72 s. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 262). ...IIJ aulnes de fine toille de Reins (...) pour faire chaussons pour lesdiz seigneurs, des deux aulnes ; et de l'autre aulne, pour fourrer unes bottes de cuir pour madame la Royne. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 152). ...deux ans a ou environ, lui estant sur un pelletier en la ville de Chartres, du temps ne du nom duquel pelletier il n'est record, par le clerc de l'aumosnier de Chartres lui fu baillé pour fourrer une longue houppelande de drap pers, avecques de la panne noire pour fourrer ycelle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 70). ...ledit prisonnier dessus nommé fourra robes en leur hostel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 363). Pour unze pennes demie blanches qui ont esté employes à fourrer toutes les manches closes des robes dessus dictes, au pris de 8 solz parisis la piece, vallent cinq frans 15 solz tournois ; Pour 1600 de gris à 10 tires dont on a fourré une houppellande longue pour mondit seigneur, de noir d'Ippre faicte à girons, à grans manches ouvertes (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 77).

 

2.

Part. passé en empl. adj. "Doublé, garni (de fourrure, de drap...)" : N'y a celui qui n'ait bonne roube fouree (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 282). ...pour un autre estuy de cuir, fourré par dedens et ferré pardehors, livré par devers ledit seingneur, pour mectre et garder sa bonne çainture d'or (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 139). No anemy sont fort et trop grande foyson ; (...). Mais entre vous, bourgois au fourré capperon, Estez devant voz huis trop noble campion, Et cant vient en bataille, n'i vallez I. bouton (Hugues Capet L., c.1358, 48). Si s'en retourna li hiraus (...) bien revestis de bons mantiaus fourés, que li rois de France et li signeur li donnèrent, pour les riches nouvelles qu'il avoit aportées. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 175). ...et aussi vestu de longues houppellandes jusques ès piez, bien fourrées (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 103). ...un seurcot fourré et un pliçon de connins tout neuf (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 220). Ledit evesque estoit lors vestu d'une grant houpelande fourrée (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 102). Les deux freres vindrent montez sur deux beaux destriers ; et estoit Uriiens tous armez, ainsi qu'il party de la bataille, l'espee toute nue ou poing et Guyon estoit vestu d'un riche drap de Damas bien fourré. (ARRAS, c.1392-1393, 117). Et pareillement, lendemain, assemblerent à IX heures devant midy et alerent en chapperons fourrez esdictes messes et service (FAUQ., III, 1431-1435, 80). ...force luy fut de changer habillemens, car les mieulx fourrées et empanées, qui ne servoient qu'en yver, vindrent servir (C.N.N., c.1456-1467, 577). Et ce fait vint ledit bastard en la ville, qui acheta ung cheval pour ledit conte, qui estoit de poil bayart, très bon, mais il alloit dur, et ung autre pour Jehan de Harmes, qui estoit varlet de chambre dudit conte. Et fist faire pour ledit conte des chausses fourrées, une jaquette fourrée et des houzeaulx fourrez, pour ce qu'il avoit ja longtemps qu'il n'avoit monté à cheval. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 170).

 

-

Fourré de : ...la vendue de hun drap de poonace de greyne pour faire une demie-robe pour nous et une cote hardie, et hune couverteur pour Phelippe, notre fil, fourré de aucunz voir (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1340, 297). ...un blanc court de Broixelles, à faire pour le corps dudit seigneur, 2 seurcos fourrés de menuvair, une doubleure à mantel, et autres garnemens pour nos joines seigneurs (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 83). ...2 draps loncs de Bruxelles, l'un acolé et l'autre marbré violet, baillés au tailleur du Roy, par sa relacion, rendue dessus, pour faire corsès d'esté à chevaucher, fourrés de cendal, pour mondit seigneur et ceulz de sa compaignie (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 86). Vestie ot une sourquanie Toute pareille et bien taillie, Fourree d'une blanche hermine, Bonne assés pour une roÿne. (MACH., Voir, 1364, 214). Mès pour ce, ne demora mies que toute la ville ne fust reubée, et pris or et argent et chiers jeuiaulz, car il en trouvèrent si grant fuison, que garçon n'avoient cure de draps fourés de vair. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 134). "Il sont vestu de velours et de camocas fourés de vair et de gris, et nous sommes vesti de povres draps." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 96). ...un sac de cuir fourré de chaz. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). ...il print une coste hardie à usage de femme, ne scet de quel couleur, fourriée de porpres bien usées par dessoubz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 111). ...un seurcot à femme fourré de menuver (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). ...il print et embla à Paris, ne scet en quelle rue ne en quel hostel, deux robes à femme fourrées, l'une de conins, et l'autre d'aigneaux, lesquelles povoient bien valoir X frans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 250). ...icelli Rogier rapporta deux houppelandes fourrées de penne noire, l'une de drap gris, assez courte, et l'autre de drap pers, assez longue. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 13). ...li rois d'Engleterre (...) scist a table en draps vremauls d'escarlate fourés d'ermine (FROISS., Chron. D., p.1400, 700). ...ung mantel de nuit, fourré de gris (FAUQ., II, 1421-1430, 92). ...le seigneur de Loissellench lui presenta son bel destrier, aussi couvert de drap d'or et forré de martres soubelines (LA SALE, J.S., 1456, 172). Et, le jeudi ensuivant [24 octobre], mons. le duc de Bourbon vint parler au roy en la place devant Paris, pardeça le fossé de la Granche de Rully. Et estoit le roy ce jour le plus honnestement habillé qu'on l'avoit point veu devant, car il estoit vestu d'une robe de pourpre desceinte et toute fourrée d'ermines, qui lui seoit beaucop mieulx que ne faisoient les cours habis qu'il avoit portez par avant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 133). ...et sy avoit sur son chief un chappeau de bièvre gris, fouré de satin vermeil, à une houppette dessus, de fil d'or et de soye (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 238). Et si estoyent leurs hocquetons fourrez D'un fin satin cramoisy de Venise. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 165).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : ...Et de ces choses asamblant Fu fais li dras de bon samblant, Tains en une gaie couleur De trés honnourable valeur Qui est appellée Noblesse, Et est fourrez de Gentillesse. Or est Bonneürtez couverte Dou mantel, et est chose aperte Que par dessous tous biens enclot. (MACH., J. R. Nav., 1349, 280).

 

-

P. méton. Chaperon fourré. V. chaperon "Celui qui porte un chaperon fourré (de juge au Parlement de Paris)" : ...une assez bonne adventure advint a ung chaperon fourré de parlement de Paris. (C.N.N., c.1456-1467, 414). PERROCQUET. Vous ne scavez pas, cappitaine ? Je fus l'aultryer de la sepmaine Au palais ou vis en ce lieu Tant de chapperons fourrez, Dieu, Comme le vostre. Esse lectice ? LE CAPPITAINE. Et nenny, non, c'est de malice. (Sots mal., c.1480, 83).

 

3.

Empl. pronom. [D'une pers.] Se fourrer de qqc. "Se faire une fourrure de qqc. (ici de peaux de loups ; d'où se transformer en loup-garou)" : C'est vïande [les hures de loup] ung peu plus pesante Que duvet n'est, plume ne liege ; Elle est bonne a porter en tante Ou pour user en quelque siege. S'ilz estoient prins en ung piege, Que ces matins ne seussent courre, J'ordonne, moy qui suis son miege [de Jehan Riou, marchand pelletier et capitaine des archers de Paris], Que des peaulx sur l'iver se fourre. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 95).

 

-

"S'habiller de (d'une fourrure)" : Et se vestoit de sanguines et d'escarlattes, et se fourroit de menu vairs, ensi que faisoit li dus de Braibant ou li contes de Hainnau. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 243).

 

-

[D'une pers.] Fourré. "Habillé de fourrure" : [C'est la vieille Orgueilleuse qui parle] Et quant a la magnificence de mon estat, de richesses et de beaux joyaux, de grans paremens et d'aneaulx pontificaus, d'escuiers cours vestuz et de collateraux fourrez, les cardinaulx dessusdiz et les autres des leurs mes tresgrans ennemis brisoient manifestement mes commandemens... (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 327). Ilz [les grands aumosniers des seigneurs] sont groz et gras et bien fourrez, et scevent trop bien leurs parens avancier a la court, et pour eulx pourchasser un bon benefice ou, s'ilz ne sont clercs, un gras office. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 579). Jeunes gens qui Amours servez, Pour Dieu, de moy ne vous moquez, Il est ainsi que je vous dy : Entre [les amoureux fourrez,] Non pas [entre les decoppez,] Suis, [car le temps sans refroidy.] (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 240).

 

.

Estre fourré (de). "Porter un vêtement garni d'une doublure, p. ext. être vêtu (de)" : Il estoient honnestement De tres fin drap et richement Vestis, fourrez [var. forrez] et abilliez. Ne sambloient pas essilliez, Car de si grant magnificence N'estoit il nuls rois, sans doubtance, Ne que on deüst tant amer, Car deça mer ne dela mer (MACH., C. ami, 1357, 129). Croy qu'ici vi plusieurs pervers, Tout fussent ilz fourré de vairs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 44). Vous estes femmes de renon ; De nous en avrés bon guerdon : Vestues serés et fourrées Honnorablement et parées Aux nopces, quant nous les ferons. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 174). Je suis fourray de sa toyson... (Sots mal., c.1480, 78). Quant est des femmes de Paris Toutes celles qui ont maris N'en sont point fourés, comme crois, Mais plusieurs le sont de putoys Et aussi ayment les rampans. (Sots mal., c.1480, 84). Je seroye riche marchant, Ha seurement g'iroye marchant Parmy les rues de Paris, Faisant monsieur du gros bis, Fouré de robes de regnars... (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

-

Cul fourré. "Coussinet placé sur les fesses pour leur donner du volume" : DANDO. Elles [les damoiselles] se hourde(me)nt gourdement, Senglees com enfans sont en langes. MAISTRE ALIBORUM. Les façons n'en sont pas estranges C'est pour fort retenir le bas, Leurs culz fourrez cherroient embas S'elles n'estoient ainsi senglees. (Sots Magn., a.1488, 196).

B. -

P. ext. Fourrer qqc.

 

1.

"Remplir qqc." : LE JUGE. (...) Et vous est la bourse fourree. (Mir. enf. ress., 1353, 29). Et afin qu'elle semble droicte, Lui fault faire sa robe estroicte Par les flans et soit bien estraincte, Afin qu'elle semble plus joincte : La ne fault panne fors que toile, Mais au dessoubz faut faire voile, Depuis les reins jusques au piet, Du cul de robe qui leur chiet Contreval, comme uns fons de cuve Bien fourré ou elle s'encuve (DESCH., M.M., c.1385-1403, 50). Tenez, mectez en vostre bourse : Vela de besans belle sourse Pour fourrer vostre canepin. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 406). Item, a Jehan Raguier je donne, Qui est sergent, voire des Douze, Tant qu'il vivra, ainsi l'ordonne, Tous les jours une tallemouze Pour bouter et fourrer sa mouse, Prinse a la table de Bailly ; A Maubué sa gorge arrouse, Car au menger n'a pas failly. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 91).

 

-

Fourrer (une marchandise). "Introduire dans une marchandise en botte ou en masses des éléments de moindre qualité que ceux qui apparaissent à l'extérieur" : Nul Marchant vendant laine, ne soit si hardy doresnavant de fourrer sa laine, que la foureure ne soit aussi bonne comme la toison, et que nul ne face d'une toison, deux. (Ordonn. rois Fr. V., t.9, 1406, 172).

 

-

Fourrer la main/la paume/la patte à qqn. "Corrompre qqn en lui donnant de l'argent, lui graisser la patte" : Gardent se, li huissier de vendre l'entrée du Parlement, et aussi de refuser l'entrée à ceuls qui entrer y doivent ; especialement se gardent de la refuser, pour cause de ce que on ne leur fourre la paume. (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1344, 225). L'advocas de la dame ne savoit mot sonner : Car avierse partie faisoit à redouter Et se li avoit-on la main volu fourer. (Chev. cygne R., c.1356, 103). Ponce Pilate sans cremir La licence leur a donnée, Mais la paulme en a eu fourrée Comme je croy certainement, Ou soit ainsi ou aultrement (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 221). Ung moyen souffisant Pour encores fourrer la pate : Alons a monseigneur Pilate Porter nostre bourde premier, Il est de donner coustumier. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 904). Et si n'auroient ne croix ne pille, El trouvent Martin ou Guillaume Qui souvent leur fourre la paulme, (P. Jouh. D.R., a.1488, 33).

 

-

Se fourrer la teste de qqc. "Se gaver de" : Je croy que vous ["vous vous"] estes ferrés [l. forrés] Les testes du vin de mon sire [Lecture forrés proposée par l'éd. en note, p. 104a] (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 63).

 

-

[Cont. grivois] : ...Et de celle qui en prison Fist bouter Joseph le treschaste, Car ne lui vouloit son plichon Fourrer. Femme tres ardant chate Puis que sa luxure la haste, Ains sera diablesse a tout rompre Que la main ne mette a la paste Cilz qu'elle ayme, ou qu'il ne le compre. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 213). LA FILLE. J'aymeroye mieulx la mointié Avoir amy d'aultre façon, Pour me fourrer mon peliçon, Je demande ung tel amoureulx. (P. moyne, a.1500, 46).

 

-

En partic. [En cuis.] : A l'aubloyer convient ordonner : primo, pour le service de la pucelle, .XIIe. et demie de gauffres fourrees, .III. sols (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). A l'oublayer : douzeine et demye de gauffres fourrees (faictes, c'estassavoir, de fleur de farine pectrye aux oeufz, et des lesches de frommage mises dedens) et .XVIII. autres gauffres pectryes aux oeufz et sans frommage (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 189).

 

-

[D'un repas] Fourré. "Bien rempli, copieux" : Comment Madame fist sa collacion fourrée (LA SALE, J.S., 1456, 252).

 

2.

"Doubler qqc. - généralement de façon peu apparente - avec une autre chose qui peut en falsifier la valeur ou qui est compromettante" : ...marcandise n'est qui ne soit bien fourée, Et entre bonne oevre a souvent maise denrée. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 68).

 

3.

Au fig.

 

-

Se fourrer de : Chascun se fourre de malice. Elle est plus fine que letice... (Sots mal., c.1480, 78).

 

-

Fourré de... : Et Peleus n'en dist mot, ainçois monstra un tresbeau samblant a Jason, qui ne passa point la gorge et tresbien fourré d'ypocrisie et de trahison. Puis passa oultre, disant en son estomacq que Jason le bouteroit hors du royaulme s'il n'y remedioit (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 166). Et, de fait, choisy ung compagnon aventureux, tout foudré de malice (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 569). ...il forga mediateurs de meismes, doublés de malice et fouldréz de cautelles (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 571). SOTTIE DES SOTS FOURRÉS DE MALICE (Sots mal., c.1480, 73). Et ces meseaulx belistriens Taingneux, folz [ ... ] bazochiens De quoy sont ilz fourrez, de quoy ? Esse de vostre chienne ou quoy ? (Sots mal., c.1480, 83). Ha ! vrayement, vous estes grant homme. Pour estre fourray, quoy, comment ? Il est, par saint Pierre de Romme, Fourray de malice vrayement. (Sots mal., c.1480, 84).

 

-

Paix fourree de malice / de trahison / de cautelle. "Paix, accord qui cache des projets de trahison et qui est peu sincère" : ...ce fu une pais de malisse fourée, Car elle ne dura point le demie année. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 356).

 

.

[P. ell.] Paix fourree. "Paix qui cache de mauvais desseins" : Beau Filz, tu doys savoir que ce monde se tient en deux manieres de paix ; l'une qui a nom paix fourree et l'autre qui a nom vraye paix desiree. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 195). Il a fait une paix fourree, Dont traïson fu peletiere (Pastor. B., c.1422-1425, 129). ...et seroit une paix fourree (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 223). Considerons trestous se se n'est pas grant separacion des os ou membres de leur chief, et une manier dont se sont ensuivi la mort et totale destruction du royaulme, omne enim regnum adversus se divisum desolabitur, et combien que on die que il y eut paix ou acord devant Paris, car se seroit une paix fouree et non tenable. (JUV. URS., D. Tours, 1468, 439). Se paix avez, ne la prenez fourree, Car mieulx vauldroit de tous poincts l'escondire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 250).

C. -

Fourrer qqc. qq. part./Se fourrer qq. part

 

1.

Empl. trans.

 

-

[Allus. aux fourrées, pièces de monnaie dans lesquelles on a fourré un flan de faux aloi, enveloppé de feuilles d'or (Éd).] Fourrer de l'or : En dea ! il ne m'a pas vendu A mon mot, ce a esté au sien, Mais il sera payé au myen. Il lui fault or ? On le luy fourre. (Path. D., c.1456-1469, 80).

 

-

Empl. abs. "Faire pénétrer (son épée) dans..." : BEAUCOP. Et le paillart se raille Et tire son espee, aprés Il vous fourroit en ceste paille Comme ce c'estoit beurre fraiz. (B. veoir, p.1480, 20).

 

Rem. Fourrer l'habit à qqn. (?) "Percer le corps de qqn d'un coup d'épée (?)" : ...il [l'abbé] pensa que fussent aucuns parens de Madame qui se fussent advisez de leurs amours et lui voulsissent son abit fourrer, lors vira et talonna sa mule bien tost a costé (...) et tant qu'il peust se tira a l'esquart comme s'il n'osast de Madame approuchier, et de fait l'abandonna. (LA SALE, J.S., 1456, 272).Ou est-ce forer ?

 

2.

Se fourrer qq. part. "Se glisser qq. part, pénétrer qq. part" : Et la viennent les autres chamberieres de la rue, qui sont du flo et du convine, et autres commerces : et Dieux scet comment la se fourrent ! (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209). Par trois dimenches Je m'y fourray a l'estourdy, Je m'en alloye riant aux anges, Quant j'avoye bien esté fourby. (B. veoir, p.1480, 20).

 

-

[Pour s'y dissimuler] : Une fois entre tous Le mary de Bellot me vit, Et je m'en vins fourrez dessoubz Ung grant filz de putain de lict. (B. veoir, p.1480, 20).

 

-

Se fourrer avec qqn. "Se hâter de rejoindre qqn" : ...sans se faire beaucop prier, il se fourre avecques nostre curé et les aultres (C.N.N., c.1456-1467, 402). Quant je vy ce train et ce jeu Je ne fus fol ne negligent, Mais [ courus ] a Sainct Innocent Me fourrer avec les maraulx. (Sots gard., a.1488, 104).

 

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Se fourrer dedans. "Pénétrer qq. part" : ...il ne fut pas si tost sailly de l'ostel, que le gentilhomme (...) vint pour se fourrer dedans. (C.N.N., c.1456-1467, 435). Il n'eut autre loisir que de se aller fourrer dedans. (COMM., I, 1489-1491, 201).

 

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[Cont. grivois] : ...ilz se mettent a l'ouvrage de par Dieu, et bon bergier se fourre dedens (C.N.N., c.1456-1467, 482). DEMANDE. Je vous demande pour quoy jennes gens sont par coustume plus chaulz que les vieulz RESPONSE. Pour tant que les jennes sont fourrez dedens, et les vieulz dehors. (Devin. R., c.1470, 145).

 

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Se fourrer en/dans/parmi/sur... "Se jeter, se précipiter sur qqn/qqc. qq. part" : Desquels il y eut trente, ou environ, des plus vaillans de l'avant-garde, qui se vindrent fourrer et jetter de pleine escousse jusques dedans la basse-court. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 84). Et, apprez pluseurs beaux moz qui ne sont point ycy mis, pour eschiever long conte, luy et lez siens de sy grant volenté poindirent lez destriers dez esperons et se vindrent fourer ez logis dez payens ou il n'y avoit escoute ne guet quelconquez (Comte Artois S., c.1453-1467, 85). L'amiral et sez gens se vindrent fourer ou milieu de sez Crestiens et leur donnerent tant a souffrir que, sans l'ayde de seur confort du conte d'Artois, de leur vie n'estoit rien (Comte Artois S., c.1453-1467, 92). ...les compaignons estoient tous prestz ; et au son d'une trompette saillirent du bois, et se vindrent fourrer sur le bailly (C.N.N., c.1456-1467, 452). Quant ceulx de Damas veirent la grant presse qui estoit en tour luy, ilz se fourrerent entre ceulx qui l'assailloient (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 137). Et puis remonta contre le pré, là où estoit la multitude des chevaulx et des gens, et se fourre parmy et prent à dextre et à senestre (BUEIL, I, 1461-1466, 134). ...et ses hommes d'armes, qui estoient à cheval, se fourrerent dedans les ennemis sans peur et sans crainte (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 297). Et avint que le filz de son medecin, nommé Robert Cottereau, monté sur ung fort cheval, vit son maistre en ce dangier, et se vint fourrer au millieu de ce debat, l'espée au poing (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 12). ...Doncques je dis que a toy seroit folie De toy fourrer plus avant en cest euvre. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 29).

 

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Se fourrer à qqc. "Se mêler de qqc." : Fol d'en escrire et mains sage d'emprendre : Mon nom, mon bruit n'y puet avoir que perte, Car je n'ay pleume ne langue assez experte Pour me fourrer à si hault entreprendre (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 106).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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