A. -

"Arme d'hast à longue hampe et à fer pointu " : Faites nous tres grant pourveances D'escus, de pavais et de lances, Et de toute autre artillerie, Qu'il convient à nostre maisnie, Pour assaillir et pour deffendre, Pour murs brisier et citez prendre. (MACH., P. Alex., p.1369, 53). Et einsi com chascuns descent, Dix se combatent contre cent. Mais onques mais si druement Ne vist homs gresler vraiement, Com lances, sajettes et dars Volent en l'air de toutes pars, Pour nos Crestiens damagier. Mais bien se savoient targier, Car autrement il fussent mort Et occis de piteuse mort. (MACH., P. Alex., p.1369, 69). Il dist au roy : "Viens-tu conquerre Nostre païs et nostre terre ? Je te moustreray ta folie, Ton outrage et ta cornardie." Lors donna au roy tel colée, D'une fort lance bien ferrée, Qu'il le fist reculer IIJ. pas. Li roy li dist : "Tu ne scez pas Encor comment m'espée taille, Mais briefment le saras, sans faille." (MACH., P. Alex., p.1369, 71). Courtoisement leur ottria [le roi aux ambassadeurs égyptiens], Et puis moult bien les festia, Et fist jouster en leur presence Ses chevaliers maint cop de lance. Li Sarrazin se mervilloient Coment il ne s'entretuoient ; Car il sont dou gieu desapris, Pour ce qu'il ne l'ont pas apris. (MACH., P. Alex., p.1369, 126). Prenons chascuns lance ou espié, Et leur courons sus vitement, Tous ensamble et serréement. (MACH., P. Alex., p.1369, 215). Item que lui estant ou païs de Barbarie, après ce que un sien arbalestre qu'il avoit ot esté cassée d'un cop de lance, il de fait print de l'un de ses compaignons un arbalestre sanz son sceu ou congié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 454). A lances, a dars et aux mains S'entrecuerent sus (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 72). ...et lors on lui baille en sa destre main sa lance ou son espee de giet pour offendre et soy deffendre au mieulz qu'il puet. (LA SALE, J.S., 1456, 33). Faictes et soyez diligens De charger bombardes, canons Serpentines a grant puissance (...) Jaques et auberjons a maille, Lances, voulges a grant foison, Broches de fer, crochet, tenaille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 208). ...pour sa challeur voulut incontinent encores courir sur eulx pour ce qu'ilz s'estoient ralliez, mais ung chevalier thebien, courant parmy le champ, l'abatit de sa lance et la lui passa par le corps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°). Pour ce il convient que, par mer et par terre, Qu'on face tant que, la bas, on l'enterre Et, pour ce faire, empoignez tous voz lances ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 227).

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[À propos de la passion du Christ] : Adonc la tendre humanité s'avance, Moustrant a Dieu la plaie de la lance Que sa char ot quant fu crucifiie. (Mir. chan., c.1361, 184). Las, bon Jhesus, j'ay trabuché, Car je t'ay frappé de ma lance. Pardonne moy ce grant peché ! (Pass. Auv., 1477, 231).

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[Utilisée pour exposer la tête d'un condamné] : ...et que, à trompes cornans, il soit menez tant ès hales de Paris comme aillieurs, aus notables portes de la ville de Paris, et esqueles hales icellui Merigot feust decapité, et la teste mise au bout d'une lance sur l'eschaffaut (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208). ...[ledit Montagu] fu devant infinité de peuple decapité, et sa teste fichée en une lance en l'eschafaut (BAYE, I, 1400-1410, 292). Adonc met la teste au bout d'une lance sur l'eschauffault (Myst. st Laur. S.W., 1499, 242).

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[Comme arme de jet] : LE TIERS ARMÉ. Vez la ma lance (...). LE MARESCHAL. Vela la mienne tout androit Que j'en gecte. (Pac. Job M., c.1448-1478, 306). Et, quant à vous qui voullez combatre à pié, je vous conseille estre armé le plus legier que vous pourrez, mais que vous soiez couvert. Vous n'avez à craindre que le giet de la lance ; vous avez vostre pavoix ; mais encore y a ung autre remedde : jettez vostre lance le premier, se vous povez, et la suivez de prez et, se vous trouvez vostre homme entibardé de sa lance et de son pavoix, ainsi vous eschevez le gect de sa lance (BUEIL, II, 1461-1466, 103). ...que chescun devroit faire ung get de lance (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 139). ...gectoient contre lui pluseurs lances, lesquelles il recevoit de son escu (MAMEROT, Romuleon, Gloss. D., 1466, 2 VI 48c).

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Lance à pousser. "Lance dont on use comme d'une javeline" : Le sires de Loissellench, par les sires d' Endach et de Morg, envoya au roy deux lances a pousser pareilles, ferrees et armees chascune de sa rondelle pour couvrir la main devant, et paintes en vermoil, et aussi deux haiches (LA SALE, J.S., 1456, 163).

Rem. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 64, 78. C. Gaier, Moy. Âge, 92, 1986, 12.

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Lance d'armes. "Lance qui peut être utilisée en cas de guerre (p. oppos. aux lances de joute)" : ...cellui qui le deliverra et lui seront tenus de courre a cheval l'un contre l'autre X coursses de lances d'armes de la mesure que le prince ordonneroit, et ce en harnois et selles de guerre (LA SALE, J.S., 1456, 144).

Rem. Sur la lance de joute et la lance de guerre, cf. J. P. Jourdan, Pas d'armes, joutes et tourn. ... au XVe s., 121 et suiv.

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Lance bourdon. "Lance à grosse poignée" : À Crestien de Besançon, marchant, la somme de cent frans qui deuz lui estoient, pour quatre cens demi de lances, comptee une lance bourdon pour deux lances (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 475).

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Lance courtoise / lance gracieuse / lance de mesure. "Lance au fer émoussé et rabattu (et non d'un fer de guerre émoulu) ou terminée par une pièce de métal à trois pointes (dite rochet), peu dangereuse, destinée à la joute" : ...pour jouster à la toille, de lances de mesure et de courtois rochetz à l'encontre de tous ceulx qui venir y vouldroient (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 342).

Rem. C. Buridant, M. fr. 39-41, 1996-1997, 128-129 (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., c.1462-1468, LIII, 179). Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 434. C. Gaier, Moy. Âge, 91, 1985, 148, n.33 (doc. 1463, lance de mesure).

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Demie lance. "Lance de moitié plus courte que la lance ordinaire, c'est-à-dire de 1,5 m à 2 m de long" : ...au soir, ainsi qu'il venoit des champs esbatre, et qu'il vouloit entrer en sa maison pour soy coucher, vit et aperçut Jehan Eustace l'aisné qui estoit au devant de son huys, armé et vestu d'un jaques, garny d'une espée et d'une demie-lance (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 407). ...ycellui de Poictiers donna au dit suppliant en traïson et de fait advisié de la dicte demie lance par derriere par le dos et lui fist grant plaie et mehaing, et comme près d'avoir esté tué (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 200). ...alèrent à lui et tirèrent leurs espées et une demie lance, et le frappèrent en la teste et en plusieurs lieux de son corps, dont mort s'en ensuy (Ch. VI, D., t.2, 1407, 52). Lequel avoit souvent quarante ou cinquante paysans, une foiz plus une autre foiz moins, armez et habillez de vielz haubergons, jacques vielles, haches et demi-lances où il avoit massues au bout, et autres habillemens de povre estat (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 283). ...messire Jehan de Rebremettes envoya a messire Henry deux demies lances et deux hachez a daggue et a pointe desoulz pour choisir laquele il vouldroit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 163).

Rem. Fr. arch. Compiègne B.H., 1492, 218. GAY II, 68a. Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 302, n. 147.

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Fer de (la / sa / ceste) lance. V. fer : Homs de Dieu maudit et hais, De ton sanc sera taint le fer De ceste lance (Mir. emp. Julien, 1351, 196). ...les unz a moi trahoient Paroles envenimees Qui saetes barbelees M'estoient au cuer tres poingnans Et plus asprement trespercans Que le fer de lance ne fu Dont u costé je fu feru (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 325). [Le pape] Moustra, à bon entendement, Comment on doit son Dieu amer Et son proisme sans point d'amer ; Et comment sa mort pardonna Au faus Juif, qui li donna Eu costel dou fer de sa lance, Et aus autres qui, par sentence, Sans cause, à mort le condampnerent Et en crois le crucifierent. (MACH., P. Alex., p.1369, 241). ...et de les querir au fer de la lance. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 303).

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Fust de lance

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[P. iron.] "Soudard" : Puis voicy Bricquet et Marquet Deux tresnotables fuz de lance (Bataille st Pens. A., a.1485, 5).

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Estre fait à l'éperon et à la lance. "Avoir reçu une excellente formation (à l'origine guerrière)" : ...et elle, duicte et faicte a l'esperon et a la lance (...) et en son amour tant fort le boutoit qu'il eust pour elle ung Ogier combatu. [D'une séductrice. Ici cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 455).

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La lance au poing. "Prêt au combat" : Et quant il estoit bien armez, Bien montez et bien acesmés, La lance eu pong, l'escut au col, Il n'i avoit sage ne fol Qui ne deïst à grant murmure : "Cils roys fu nez en l'armeüre ;" Tant estoit gens, joins, lons et drois, Hardis, puissans en tous endrois. (MACH., P. Alex., p.1369, 27). Cogneut aussi que lesdiz escoliers, venuz du retour d'Avignon en ladite ville de Troyes, vindrent à lui qui parle leurs lances ès poings, aspoyerent icelles contre sa poitrine pour le vouloir tuer (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141). Je me tenray a ce costé Ma lance au poing prest pour combattre ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 234).

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Assoir la lance. "Pointer la lance" : ...si coururent sus l'un à l'autre et assirent leurs lances. Messire Bruns assist la sienne assez hault et la rompit tresgentement. Messire Cleriadus assiet la sienne ung peu plus bas, mais ce fut de tel randonnee et force que il leva messire Bruns l'Amoreux de sa selle tout en l'air (Cleriadus Z., c.1440-1444, 222).

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Baisser, coucher la lance. "S'élancer, la lance en arrêt" : ...aux lances baisser ["aussitôt que la guerre éclate"]. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 193). Et quant le roy de Thebés eut donné a Herculés l'ordre de chevalerie, lors chauldement uns et autres coucherent les lances et se prindrent a jouster par tel party que pluseurs en y eut de portez par terre, par especial tous ceulz que Herculés encontra. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 127).

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[Cont. métaph.] : Envie tost couche la lance Sur ceulx qui veulent hault monter (GARIN, Compl., 1460, 85).

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Courir la lance. "S'élancer, la lance en arrêt ; faire un assaut à la lance" : ...il avoit promis de courre une lance (...) il couroit a sa premiere jouste les deux lances a une fois [avec deux lances] (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 223). ... Et que chacun de point en point De soy armer se dispose ; Que, en non Dieu, comme je pance, Au plus matin nous partiron(t)[z] Et tous yrons courir la lance, Vois ci Anglois nous trouverons. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 585).

Rem. Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 287.

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Delivrer n lances. "Au tournoi, consentir à rompre, à faire voler en éclats n lances contre un adversaire" : ...pour delivrer toutes manieres de chevalliers de trois lances (Ponthus Sidoine C., c.1400, 76).

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Mettre la lance en arrest : Et quant cellui l'entent, si met la lance en arrest, et Gieffroy d'autre part, et se viennent encontrer par telle vertu qu'il y ot si bonne lance qui ne volast en troncons jusques en leurs poings. (ARRAS, c.1392-1393, 300). ...quant nous mettons la lance en arrest (BUEIL, II, 1461-1466, 201).

Rem. CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 146, 357...

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Rompre ses lances / n lances. "Au tournoi, briser, casser, faire voler en éclats plusieurs lances (possédées par le sujet), le nombre de lances fixé, en portant atteinte à son adversaire, dans des conditions plus ou moins difficiles donnant plus ou moins de points" : Quant les douze chevaliers virent la vaillance de Cleriadus, tous ensemble coururent sur lui et le fierent et maillent de leurs espees, aprés que ilz eurent rompues leurs lances (Cleriadus Z., c.1440-1444, 620). ...[Adolf de Cleves] estoit houssé de veloux cramoisy broddé d'or tresrichement, laquelle houssure donna aux heraulx aprés avoir ses lances rompues, dont a chescun il en convenoit rompre six (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 129).

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Sans lance. "Sans défense" : ...li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. Et volentiers iroie en France, Car moult desir que je vous voie. (MACH., Compl., 1340-1377, 262).

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[Dans un cont. métaph.] : Et s'Yre ou Despit te lance De sa lance, Recevoir Dois en bonne pacience (MACH., Lays, 1377, 420).

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[À propos d'une arme spirituelle] : Tu as souffert mout grant traval, Tu as bien le diable vaincu A la lance et a l'escu De pacïence et de victoire. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 118). Hé ! Jhesu, plain de grant vaillance, Lance moy en bonne balance L'ame [l.lance ?] me donne fort et bonne Pour resister a deesperance (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 135). [Lecture proposée par E. Langlois ds Bibl. Ec. Chartes 66, 1905, 316 (c.r. de l'éd. E. Roy), en considération du fait que ce passage fait partie d'un groupe de sizains à rime enchaînée (les deux premières syllabes d'un vers reprennent les deux dernières du vers précédent)]

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[Lang. de l'amour] : Bonne, belle et bien parée, De tres gentil renommée, Mort ou aligence De vo face coulourée, Qui "tout passe" est appelée, Aten ; car sans lance M'a fait douce blesseüre Vo simple regardeüre (MACH., Ch. bal., 1377, 605). Helas ! dame, vostre tres dous regart Navra mon cuer de l'amoureuse lance, Quant premiers vi vo gent corps que Diex gart ; Si que j'avoie en vous droite fiance D'avoir aucun bon confort. (MACH., L. dames, 1377, 219). ...de la belle ay la veüe Qui me point d'amoureuse lance. (MACH., Lays, 1377, 333). Si me merveil, quant doloir Et complaindre main et soir Voy maint amant et manoir En desesperence. L'un muert d'amoureuse lance Et l'autre ha toute grevance ; L'autre languist en doubtance De pis recevoir. (MACH., Lays, 1377, 452).

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Lance sur / sous fautre. V. fautre

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Au fig. "Avec impétuosité, rapidement, sans hésiter" : Devant moy et devant tout aultre Doit elle [Raison] aller, lanche sur faultre (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 20). Garde toy ; car lance seur [var. sous f.] fautre, Se [Fortune] vient encontre toy combatre, Pour toy de toute honneur abatre, Sans menasse et sans deffier ; Si que tu ne t'i dois fier, Ne qu'en baston d'un champion. (MACH., R. Fort., c.1341, 88). ...il estoit toudis errans, Puis ci, puis là, dessus les rans, Il s'en venoit lance sous fautre, S'abatoit l'un ci et là l'autre ; Encontre li riens ne duroit ; De son bien chascuns murmuroit, Et se seingnoit de la merveille. (MACH., P. Alex., p.1369, 27). Et dist qu'il s'en voloit combatre A IJ. ou à IIJ. ou à quatre, En IIIJ. jours l'un apres l'autre, Teste armée et lance seur fautre. Et seur cela bailla son gage Au roy, devant tout le barnage, Qu'autre prueve n'i trouveroit, N'autrement ne le prouveroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 251).

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 35 ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 332 (v.24720)...

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De croc ou de lance. V. croc "Par tous les moyens"

B. -

P. méton.

1.

"Hampe, manche d'une lance ; hampe, manche" : Et doivent avoir chascun en sa main une foene, qui doit estre enhantee en une lance [var. en une hanste] comme la hante d'un glaive (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 95).

Rem. Peut-être même sens ds l'ex. suiv. : D'un baston, d'une dimy lance, Fraperons pour rompre leur os. (Pass. Auv., 1477, 229).

2.

"Mesure de longueur équivalant à celle d'une lance" : Pluxtost avoit saillit une lance d'esteit ["en hauteur", T-L III, 1368, esté²] Que ung oisialz n'aroit ung seulz piet vollér. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 839). Les habitans de Gavray ont en la forest du lieu le bois vert pour paier l'amende acoustumee ; la branche et le couppel des demourans que l'en prent pour ouvrages ; les briseures sans receppe de la longueur d'une lance de mesure (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 105). Prenons que vous aves trouve que entre vous et a la tour y a la longueur de 3 lances et la haulteur de la tour 4 lances, mettes donc le quarre de 4 qui est 16 et le quarre de 3 qui est 9, adiontes 9 et 16 sont 25 du quel queres la racine qui est 5 car autant de lances y a entre vostre pie et la haulteur de la tour. (FUSORIS, Gnomo, éd. G. Arrighi, c.1407-1412. In : Physis 21, 1979, 346). ...il s'en retournast en sadicte maison, où il n'a que la longueur de quatre lances dudit presbitere (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 82). Il a estanchié rivière courant impetueusement de .V. à .VIc. piez de large et de lance et demye de parfont. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 60).

3.

"Soldat armé d'une lance ; petit groupe de combattants à cheval, réunis autour de l'homme d'armes pourvu de la lance" : ...sicomme par un exemple se puet moustrer, c'est [assavoir] la bonne ville d'Amiens ou de Troyes, les aides de son destroit et non pas de son baillage justement revenans, peuent monter a la somme de laquelle IIc lances aux gaiges acostumes continuelment serviront. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 394). Et dit que le plus grant nombre de gens d'armes qu'il veist oncques saillir dudit lieu de Salucet, pour aler sur les François et le pays de patis estant illec environ, estoient IIJc lances, jà soit ce que dedens icellui fort de Salucet soient le nombre de Vc hommes d'armes, sans les gros varlez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 123). ...et vindrent a ung point de jour a tout IIIIc lances (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 48). ...et avoit en sa compaignie IIIIm lances et VIIIm archiers et autres VIIIm combastans, tant arbalestriers que coustilleux. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 252). ...lesquelz estandart, guictons et pannons, ledit Pierre Galon a faiz par ordonnance dudit seigneur, pour estre bailléz au seigneur du Bellay, aiant la charge de cent lances et les archiers nouvellement mis ou pays d'Anjou pour aller en Guienne. (Comptes roi René A., t.1, 1453, 269). En oultre ce, tant le voult honorer que pour le service de Dieu et de sa sainte religion et foy crestienne, a ce tressaint passaige de Prusse qui hastivement contre les Sarrazins se faisoit, le voult faire chief de Vc lances, tous nobles hommes, chascune lance lui et deux hommes armez et IIJm hommes de trait (LA SALE, J.S., 1456, 188). Oudit temps, le roy, estant à Creil, fist ung edict touchant les gens d'armes de son royaume, par lequel il declaira que chascune lance n'auroit ne tendroit que six chevaulx, c'est assavoir la lance trois chevaulx pour lui, son page et le coustiller, et les deux archers deux chevaulx et ung cheval pour leur varlet (BUEIL, I, 1461-1466, 306). ...et il n'y aura pour chacune lance que six hommes et six chevaux (Ordonn. rois Fr. P., t.17, 1467, 82). Et fut advisé qu il mectroit sus quinze cens lances choisiz et esleuz et les diviseroit à certains cappitaines pour les conduyre et gouverner, et que chascune lance auroit deux archiers et un costiller armé (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 61). ...et que assembler se devoient à Quinxton, .X. lieues près Londres et que icellui Madelain chevaucheroit ou millieu d'eux, ou lieu du roy Richard et avoient bien VIIIm archiers et IIIIc lances et la fleur de toute Angleterre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°). En ce dict temps, monsieur le mareschal de Gyé, acompaigné de six cens lances et quinze cens Suysses avecques leurs capitaynes, (...) passa (...) a l'avantgarde au devant de noz ennemys (LA VIGNE, V.N., p.1495, 279).

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 243 ; CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 191 ; 214 ; t.4, 53... Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 226, 278 (lance fournie ou lance garnie - six hommes et six chevaux), 281, 284 (lance ordinaire, lance extraordinaire, lance à la mode d'Italie...), 288, 289, 291, 486.

-

Estre sous la lance de qqn. "Être sous le commandement de qqn" : ...il nous a servi comme archier soubz la lance de nostre amé et feal Jehan de Lezay, chevalier, seigneur des Maroys (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 260).

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 466.

4.

"Assaut à la lance, joute ; combat, attaque" : ...que moy veille otroier Ceste premiere lance (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 72). ...il fut porté a terre de la premiere lance [var. de la premiere jouste]. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 331).

Rem. GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1 et 2, c.1347-1353, ds GD IV, 708c.

-

Lance aux dames. "Phase du combat chevaleresque, qui se déroule à pied, après que toutes les lances ont été rompues lors des séquences équestres" : ...messire Enguerrant, qui ja bien voit et sceit que les V lances de Saintré sont rompues et que il en a l'onneur, requiert a Saintré la lance aux dames (LA SALE, J.S., 1456, 119).

C. -

P. anal.

1.

Lance de feu. "Torche (allongée) servant à allumer un canon" : Au point du jour que tout soit prest : Eschelles, cordes et crochez, Lances de feu et bien ardant, Coulevrynes pour despescher (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 444).

-

"Traînée lumineuse (dans le ciel)" : En ce tamps furent veues ou ciel lances de feu, qui fu le signe de la destruction des Lombars. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant, R., t.1, c.1447, 86).

2.

"Pièce de bois allongée, perche" : À Jehan Leroux, pour une nois a faire la pompe et pour une lanche de XX piés (Comptes Archev. Rouen J., 1440-1441, 230).

Rem. Doc. 1417 (2 lanches ; deux doubles lanches). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 719.

3.

[Contexte métaphor. de la "bataille amoureuse"] "Membre viril" : Pour dancer, chanter a plaisance, Pour donner de grans coups de lance Abille suis (Gaud. sot, c.1450, 8). ...je suis mal fourny de grosse lance (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...el est contente qu'il entre vers elle, mais qu'elle sente et sache premier de quelles lances il vouldra jouster encontre son escu. (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...[il] monte sur le lit, et se joinct au plus près de sa dame, la lance au poing, et luy presente la bataille. (C.N.N., c.1456-1467, 497). Est elle ainsi faicte a la lance ? (Pipée R., c.1470-1480, 175). Je le tien une doulce lance Pour prendre d'assault sa maison. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 181). ...quant on a bien moulle lanche (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 99). ...elle estoit fort honteuse, et si craignoit fort à attendre le coup de la lance, pource qu'elle estoit encore entière et ne sçavoit encore que c'estoit. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 238).

Rem. Six dessins dialogués à double sens, éd. K. Baldinger, c.1470. In : Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 20, 21.

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Courir une lance. "Faire l'amour" : Il n'eurent gueres esté couchez, et plus couru d'une lance, quand veezcy bon chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 211).

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Fournir une lance : ...au deable de l'omme s'il peut oncques trouver maniere de fournir une pouvre lance a celle qui ne demandoit aultre chose (C.N.N., c.1456-1467, 195).

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Rompre une lance : Quand il fut maistre de la place, il rompit seulement une lance, et lors cessa l'assault et ploya l'oeuvre. (C.N.N., c.1456-1467, 197). L'ung avoit rompu trois lances, l'aultre quatre, l'aultre six. (C.N.N., c.1456-1467, 203).
 

"Plateau (d'une balance)" : ...les choses pesees dedenz les lances sont les paroles des juges. Lances sont les II bacins ou en met les pois et les choses pesees (Expos. songes B., 1396, 69).