C.N.R.S.
 
Famille de mercatus 
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     ENTREMARCHANDER     
FEW VI-2 mercatus
ENTREMARCHANDER, verbe
[GD : entremarchander ; AND : entremerchander ; FEW VI-2, 12b : mercatus]

Empl. intrans. "Exercer le commerce"

REM. Doc. 1370 (converser marchandaument, et entremarchander l'un avec l'autre) ds GD III, 290a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 2/22 
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     MARCHAND     
FEW VI-2 mercatus
MARCHAND, subst. masc. et adj.
[T-L : marchëant ; GD : marcheant ; GDC : marcheant ; AND : marchant ; DÉCT : marchëant ; FEW VI-2, 6a-8b : mercatus ; TLF : XI, 366a : marchand]

I. -

Subst.

A. -

Au propre "Celui dont la profession est d'acheter et de vendre" : Come sont ceuls qui mectent leur cure en aquerir pecunes, - marcheans et telz gens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 494). Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 76). ...lesqueles sommes d'argent ainsi par lui receues, il païa à plusieurs marchans d'icelle ville de Paris ce qu'il leur povoit devoir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). Et trouva on leans plus de cent prisonniers, que des bonnes gens du pays, que de marchans estranges, qui avoient esté desrobez, et les vouloit encores raenconner. (ARRAS, c.1392-1393, 205). Item, ledit priour prent en dit Boiz, par livrée dudit verdier, gaulle pour fere les estaux aux marcens de la foire aux Mors séant à Pacy lendemain de la Toussains (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 219). Grandes murmurations (...) conmenchierent a monter en Engleterre a l'encontre dou roi (...) tant des nobles conme des prelas et marceans (FROISS., Chron. D., p.1400, 54). Les fraudes, les baras couvers, Qu'en marchans vi clos et ouvers, Tous seroient trop lonc a dire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 73). ...les nobles entenderont à la deffence de la couronne et la chose publique si que c'est leur mestier, le clergié aux lois et sciences, les bourgois à ce que leur appartient, marchans à leur marchandisse, les ouvriers à leurs mestiers, et laboureurs à leurs labours, et ainsi chascune chose en son droit renc sans entreprendre les uns sur les autres plus que raison ne donne. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 90). ...en gardant d'oppressions et violences les marchans qui s'entremettent ou entremetteront d'avitaillier et garnir ladicte Ville de busche et autres necessités (FAUQ., I, 1417-1420, 184). ...ilz avoient offert et offroient à faire conduire jusques à Laigny les marchans de Paris qui vouldroient amener vivres à Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 281). Les marchans gaignoient, Nobles voiageoient, Clercs estudïoient, Les prestres chantoient (CHART., L. Paix, a.1426, 415). Mais quant les seigneurs font avoir aux marchandises cours pour aller hors et venir sceurement, les marchans et gens de mestier gaignent et vivent lyement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14). Prestres, prelatz et seigneurs auctentiques Sortirent hors a tout riches reliques Et revestuz d'ornemens assez chers. Semblablement les bourgois et marchans De fin drap d'or richement habillez Et leurs chevaulx de veloux fretaillez, Furent de hait le roy querir aux champs. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 198).

 

-

[Parfois marqué d'une réputation de voleur] : Et ainsi sont faulx marchans qui mectent le plus bel et le meilleur dessus et le pire dessoubz, et jurent que tout est bon et loial (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 34). Mais de tieulx marchans vi foison, Et dessus mer, et dessus terre, Marchandises alans hors querre, Par couvoitise rappineurs, Les uns plus grans, autres meneurs Tracer et par mons, et par vaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). Et d'autres marchans, vous plevi, Faulx et mauvais assez y vi, Par couvoitise si menez Que l'avarice, ou sont donnez, Peut estre les fera ancors Perdre, se Dieu n'en a recors, Tant sont fort ahers a mal gaing (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 72). ...la maniere des marchans est enclinee a grant gaigne ou a faire quelque chose deshonneste (JUV. URS., T. rever., 1433, 78).

 

-

Bon marchand. "Commerçant dont les affaires sont prospères" : La orent li François grant conquest, car la ville estoit durement riches, et pris des bons marceans pour euls rançonner. (FROISS., Chron. D., p.1400, 537). ...douse bourgois notables, rices honmes et bons marceans (FROISS., Chron. D., p.1400, 853). Jamais ne sont bons marchans esbayz, Tousjours gaignent a l'alee ou venue. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 361). Je ne sçay se il sont bon marchans, Mes lever fault nostre peage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 44). En ce païs a grant noblesse et de grans seigneurs et barons et y a grant foison de bons marchans, par mer et par terre, et sont les populaires de grant peine, et fors laboureux, hommes et femmes. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 48). En après, le conte de Foix, qui nouvellement estoit venu à Paris, ou mois de decembre ensuivant devint merveilleusement amoureux d'une moult belle et honneste bourgoise de Paris, nommé Estiennette de Besançon, femme d'un notable marchant de ladicte ville nommé Henry de Paris, qui estoit bon marchant et puissant homme. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 222).

 

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Grand marchand. "Négociant" : "Gentilz sires et gentilz rois, ves nous chi six, qui avons esté d'ancisserie bourgois de Calais et grans marceans..." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 61).

 

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Gros marchand : Les principaulx bourgois des citéz et villes de la seigneurie de son seigneur, et aussi aucuns des gros marchans, et meismement aucuns des plus honnestes des gens des mestiers, vouldra que ilz viennent de fois a autre vers elle (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 69). En la bonne, puissant et bien peuplée cité de Jannes, puis certain temps en ça, demouroit ung gros marchant plain et comblé de biens et de richesses, duquel l'industrie et maniere de vivre estoit mener et conduire grosses marchandises par la mer es estranges païs, et specialement en Alixandrie. (C.N.N., c.1456-1467, 554). Toutesfois les gros marchans de Londres (dont plusieurs y en avoit à Callaix) l'en destournèrent pour ce que c'est l'estappe de leurs laynes (COMM., I, 1489-1491, 209).

 

-

Pauvre marchand : ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers ["éventaires"] (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...il issirent hors par nuit (...) et se vestirent de povres cotes deschirées et de povres capiaus, à guise de povres marcheans (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 51). Il se départi de Brisco en abit d'ung povre marchant et montez sus une basse haguenée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 52).

 

-

Marchand de telle chose

 

.

Marchand chasseur de maree. "Celui qui transporte et revend du poisson de mer" : ...et entre deux bois trouva pluseurs marchans chasseurs de marée (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 208).

 

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Marchand d'argent : ...une escuelle d'argent aus armes dudit mons. de Bourbon par lui lors vendue en ycelle ville de Gennes à un marchant d'argent la somme de VIIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 453).

 

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Marchand de betail : Lorens Caignol et Pierre Le Valoys, marchans de bestail, ont baillié ceans leur requeste par escript (FAUQ., II, 1421-1430, 53). ...Jehan Rossignol, marchand de bestail (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 655).

 

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Marchand de blé : Le marchand de blé faindit retourner de son voyage avecques [son] chariot de blé (C.N.N., c.1456-1467, 442). ...vous avez guidé les Bourgoignons en ceste marche, et avez encusé les bons bourgois et marchans de ceste ville (C.N.N., c.1456-1467, 450).

 

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Marchand de bois/de mairrien. "Celui qui fait commerce du bois de construction, de bois de chauffage" : Cedit jour, le graphier a delivré XX libvres parisis à Michiel Salmon, marchant de merrien, pour les aysemens de Parlement refaire, et par l'ordonnance de la Court, selon le registre de venredi derrain passé. (BAYE, I, 1400-1410, 93). ...commandement seroit fait à tous marchans de bois ou de busche, marchandans en la ville et cité de Paris, que de cy en avant ilz vendent et delivrent leurs bois et busche à pris moderé (FAUQ., I, 1417-1420, 217). À Jehan de Meeren, marchant de bois (...), pour avoir livré dix neuf pieces de bois de chesne, employez pour les nouveaux chievrons fais pour le toix et couverture d'un estable (...), tenant au muret de la maison de la forge en la basse court dudit hostel, duquel estable les viez chievrons et l'autre ouvraige de bois estoient alé à ruyne, tellement que la couverture s'etoit desolee et par piece effonsé et du tout cheu à terre (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 585).

 

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Marchand de chevaux : Mais de tieulx marchans vi foison, Et dessus mer, et dessus terre, Marchandises alans hors querre, Par couvoitise rappineurs, Les uns plus grans, autres meneurs Tracer et par mons, et par vaulx, Excepté marchans de chevaulx, Mais ceulx la vi je en cellui estre, Par antifrasim, loyaulx estre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). Cedit jour, les presidens et conseillers estans en la Chambre ont arresté prisonnier en la ville de Paris messire Phelippe Maalart, chevalier, et lui ont defendu le partir à peinne de mil libvres, jusques à ce qu'il ait contenté et paié Richart de Coloigne et J. Vaast, marchans de chevaulx, de certains chevaulx que ly ont vendu la somme de Vc escus (BAYE, I, 1400-1410, 174). À Richart de Couloingne, marchant de chevaulx, la somme de quinze frans à lui paiee et bailliee par ledit Jehan de Noident en rabat et deducion de la somme de 90 escuz deue audit Richart pour une aiguenee liarde (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 131).

 

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Marchand de drap : Et, avec ce, congneut à une autre foiz avoir mal prins et emblé de jour ès hales de Rouen à un marchant de drap environ XIJ aulnes de drap violet, du pris chascune aulne de XXIIIJ sols ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 474).

 

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Marchand de grain : JEHANNIN Le Camus, marchant de grain, demourant à Auton en Beausse, et nez de la ville d'Orliens, prisonnier, accusé par ledit Cointereau cy-dessus nommé, examiné sur les confessions faites par icellui Cointereau, dit et afferme par serement, et congnoist que il et ledit Cointereau ont espousées deux suers, et que aucune fois ilz ont marchandé, alé et venu emsamble. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 510).

 

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Marchand de monnaie. "Agent de change" : Dist avecques ce, que icellui Bertram est aussy semblablement marchant de monnoye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 493).

 

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Marchand de peaux de mouton : ...lequel est de la congnoissance du seigneur des Bouteilles, dudit lieu, marchant de peaulx de mouton à fere parchemin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63).

 

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Marchand de sel : Et donnez alaine a vostre peuple, et trouvez moyen d'avoir argent aultre part, et reprenez de ceulx auxquelz vous en avez trop baillé, comme en estas, dons et gaiges de ses officiers, et finance, lesquelz par apparence en ont trop de ses usuriers, qui ont presté a vous mesmes a usure, des marchans de sel, qui ont trop excessivement gaigné, et est grant nouvelle. (JUV. URS., Verba, 1452, 405).

 

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P. plaisant. Marchand de science : L'en treuve en aucunes croniques que, un pou devant le dit temps, .II. moynes escos vindrent d'Irllande, lesquelz ne finoient de crier par les villes : "Comme nous soyons marchans de science, qui vouldra acheter sapience viengne à nous, car cy sommes venus pour la vendre." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 48).

 

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Marchand + subst. en appos.

 

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Marchand changeur : ...illec la vendi [l'écuelle] à un marchant changeur qu'il ne congnoist la somme de XJ frans qu'il en ot et receut (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 450).

 

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Marchand drapier : La Court a prorogué le delay donné aux marchans drapiers de Brouxelles de la Trinité prouchaine au landemain de la Magdaleine, et interim pourront vendre leurs draps au Landit prouchain pareillement, comme firent l'année passée. (BAYE, I, 1400-1410, 196).

 

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Marchand orfevre : ...et laquele [l'écuelle] il qui parle dès lors vendi en ycelle ville de Gennes à un marchant orfevre, la somme de VIIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 453).

 

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Marchand poulailler. "Celui qui élève et vend de la poulaille" : ...à Jehan, marchant poulailler. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 35).

 

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Marchand + adj.

 

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Marchand grossier. "Celui qui fait du commerce en gros" : ...lesdits marchans grossiers de ce royaulme ne tachent fors que a diminuer le nombre des foyres establies en ce royaulme (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1471,,, 434).

 

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Marchand forain. "Marchand étranger (à une seigneurie, à une ville, à un royaume, etc.)" : A esté ordené (...) maistres Jehan de Fontenay et Aubert de la Porte, examinateurs ou Chastelet de Paris, facent la visitation du pain en la ville de Paris, tant de celui qui est et sera amené par marchans forains, comme de celui qui est et sera labouré par les boulengiers de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 336). ...pour la vente de certain droit appellé hellebic, que ledit feu evesque prenoit sur les poissons de mer et harens amenez par les marchans forains es hales de Paris (BAYE, II, 1411-1417, 206).

 

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Marchand lombard. "Usurier" : Lesquelz biens ainsi par eulx prins ilz mirent partie en gaignes sur aucuns marchans lombars demourans en ladite ville d'Avignon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). ...Thomas d'Ansserme et ses compaingnons, marchans lombars tenans la table a Maisieres. (Trés. Reth. L., t.3, 1433, 121).

 

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Marchand public. "Commerçant ambulant proposant ses marchandises dans les foires, les marchés, aux armées qu'ils peuvent suivre" : A la supplicacion de Jehan Becon, marchant publique frequantant foires et marchiez en plusieurs lieux de nostre royaume, estant par ce en nostre protection et especial garde et lequel d'abondant avecques ses femme, famille, droiz, choses, possessions et biens quelzconques nous y avons prins et mis et par ces presentes prenons et mettons, a la conservacion de son droit tant seulement, nous vous mandons et a chascun de vous, si comme a lui appartendra, que ledit suppliant vous maintenez et gardez en toutes ses justes possessions, droiz, usaiges etc. (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 144). ...Jehanne, femme de Jehan Morant, marchant publique (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 717). Et vous gardez bien qu'il ne soit fait injure ne villenie aux marchans publicques suyvans et frequentans la contrée où vous serez, ne ailleurs où vous pourrez (BUEIL, II, 1461-1466, 26).

 

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Marchand voiturier : ...Geronnet, luy XIIe. de compaignons (...) se mistrent en chemin vers Montferant, aroutez de leurs chevaulx comme marcheans voituriers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207).

 

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Prevost des marchands. "Représentant de la bourgeoisie commerçante à la municipalité de Paris, qui a sous son autorité tout ce qui concerne le commerce (ainsi que les ponts, ports, marchés, poids et mesures) et l'administration de la ville qu'il partage avec les échevins" : ...le prevost des marchands assembla grand nombre des brigans de Parys qui estoient de sa secte et de son acord (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 251). L'endemain, le prevost des marchans et les eschevins, à l'eure que l'Empereur disnoit, entrerent en sa chambre, et de par la ville lui presenterent une nef pesant .IXxx. et .X. mars d'argent, dorée et tres richement ouvrée, et .II. grans flascons d'argent esmaillez et dorez, du poiz de .LXX. mars (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 106). Et, avec ce, la Court encharga au prevost des marchans de aidier et conforter en ce les gens et officiers du prevost de Paris, se besoing en estoit (FAUQ., I, 1417-1420, 193). En laquelle assemblée estoient l'evesque de Paris, nommé Chartier, l'Université, la court de Parlement, le prevost de Paris, la Chambre des Comptes et tous officiers, le prevost des marchans et eschevins, tous vestus de robes de drap de damas fourrées de belles martres. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 24).

B. -

En partic. "Celui qui fait commerce au loin, avec d'autres pays" : Leur requeste [des Vénitiens au sultan] ne contenoit Fors les Crestiens qu'on tenoit Peüssent avoir delivrance, Et avec ce, que l'ordenance Dou soudan et d'eaus acordée Entre marcheans fust gardée. C'estoit la fin où il tendoient, Autre chose ne demandoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 116). Amour d'argent commendera a ung marchant laissier sa femme et ses enfans, et aler par mer, par terre, par chaut, par froit, par tous perilz de larrons et de mort (GERS., Concept., 1401, 411). Et y a aucuns marchans des parties d'occident qui vont à Damas pour acheter les pierres précieuses, pour ce que c'est le lieu où est le meilleur marché de drap de damas et de soie, et de pierrerie. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 76). Outre la mer est le païs de Grèce dont la maistresse cité est Constantinoble, laquelle fist faire le noble empereur Constentin et pour son nom est ainsi appellée, et est assise sur la mer, et viennent marchans de tous païs chargier et deschargier. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 93). En ce son premier voyage vaca le bon marchant l'espace de cinq ans (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...ilz sont venuz au port d'Alixandrie, ou le bon marchant tresbien se deffist de la pluspart de ses marchandises. (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...au moien de laquelle predicion tous les marchans voyagerent à dilligence et par mer et par terre et firent si grandes provisions, que le païs supporta plus aisement l'infortune et sterillité de la terre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 37 r°). ...fist aussi ung traictié sur les dirrections et predist la sterillité de la terre trois ans devant, au moyen de quoy les marchans firent grande dilligence et la distraicte de biens des autres parties et fut, ou premier consille tenu en France, moult estimé des prelatz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 v°).

 

-

Mot de marchand. "Prix fixé par un vendeur, et sur lequel il n'y a pas à attendre de rabais" : JUDAS. (...) Vous en pairez XXX deniers Lesquelz j'aray tous sez comptans. OTHIARIUS. Vous avez dit mos de marchans, Puisqu'einsi est, nous marchandons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 121).

 

-

Ne demander que marchand

 

.

[D'une pers.] "Chercher à vendre qqc." : ...[ils] trouverent ung bon homme des champs qui avoit deux bonnes perdriz et ne demandoit que marchant. (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

.

[D'une chose] "Attendre d'être vendu" : ...il ne trouva ame, fors seullement ces chemises, couvrechefs, et petiz draps, qui ne demandoient que marchant. [Empl. iron. : il s'agit d'un vol] (C.N.N., c.1456-1467, 397).

 

-

Au fig. Se tenir à bon marchand. "Estimer qu'on s'en est tiré à bon compte" : [Après une bataille indécise] Qui eut de quoy fit collation ; mais bien peu en avoient, si ce n'estoit quelque loppin de pain pris au saing d'un varlet. Je veiz le Roy en sa chambre, ou il y avoit des gens bleciéz, comme le seneschal de Lyon et autres qu'i faisoit habiller, et faisoit bonne chere ; et se tenoit chascun a bon marchant, et n'estions point tant en gloire comme peu avant la bataille, et veyons les ennemis prés de nous. (COMM., Mém. B., t.1, 1489-1491, 649).

C. -

P. anal.

 

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"Client qui marchande ; drôle de client" : SAUDRET. ...Je dy fy de vostre maistrie Se je ne suy paié au mains Du labour qui vient de mezs mains ! Et croyez que je le seray Ou ja ne vous y meneray : Je ne seray ja si meschant ! CECUS. Enten, Saudret... SAUDRET. Hau ! Quel marchant ! Vous ne croyez ne Dieu ne homme ! (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 290). GUILLEMETTE [à propos de Pathelin qui entend tromper le Drapier]. Hé Dieu ! quel marchant ! Rem. (Path. D., c.1456-1469, 56).

 

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[Dans un contexte qui joue par ailleurs sur une certaine polysémie du mot] "Celui qui fait commerce de ses charmes ; proxénète" : Item à Perrenet Marchant - Qu'on dit le Bastard de la Barre - Pour ce qu'il est ung bon marchant, Luy laisse troys gluyons de feurre Pour estendre dessus la terre A faire l'amoureux mestier, Où il luy fauldra sa vie querre, Car il ne scet autre mestier. (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 75).

 

-

"Partenaire en galanterie" : Tantost qu'il [un chevalier] eut mis pié a terre, comme il est de coustume aus dictes marches, son hostesse luy vint au devant, et tresgracieusement, comme elle estoit coustumiere de ce faire, le receut et bienviengna ; et luy, des courtois le plus honorable, la baisa doulcement, car elle estoit belle et gente et en bon point, et mise sur le bon bout, appellant sans mot dire trop bien son marchant a ce baiser et accolement (C.N.N., c.1456-1467, 431).

 

-

"Vaurien" (HUG V, 139a) : [Le Vilain à son fils qui veut garder les porcs et ne pas aller à l'école] Marchant, puiz que estes prins, Vous y serés porter an sac Toust a ceste heure. (...) On verra qui plus fort sera, Or sa, marchant, entrés dedans. (Vil. Jac. T.C., c.1450, 166).

II. -

Adj.

A. -

[D'une chose]

 

1.

"Propre à la vente ; qui a les qualités requises pour être vendu" : Nicolas li Perrex doit a Jehan, (...) X mambres marchaenz rendre en sa perrere (Echevin. Dijon L., 1341, 53). ...la somme de quatre cens et quarante huit livres tournois franc d'or du coing du Roy nostre sire pour XX sols tournois, pour vente, bail et delivrance de fer d'Espaigne bon leal et marchant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 487). ...IIII muis de froument loyaulx et marchands (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 400). Et avec ce [la Court] condempne lesdis de Rappan et Vavasseur à baillier, delivrer et faire mouldre, labourer et cuire deux muis de bon blé fourment, loyal et marchant (FAUQ., I, 1417-1420, 377). Robin Binet (...) vent (...) trois queues de sidre bonnes, loialles et marchandes, pareilles au meilleur du creu et vendengie de la ville (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1421, 26). À Colin du Molin, paveur et marchand de carreaux de grez, la somme de 10 l. 4 s. 6 d. p., qui due luy estoit par ladite ville pour avoir baillé et livré cinq cents et demi quarteron de carreaux de grez, bons, loyaulx et marchans, lesquels ont eté mis et employez ès euvres de la chaussée sur le chemin de la Chapelle Saint Denis (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 55).

 

2.

"Voué au commerce" : En une nef marchande, en Aise S'enfuy, par Chipre, a mesaise. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 26). Dieu voulut tant de bien à ce roy qu'il estoit logé près de la mer, et y ayoit quelque navire qui le suyvoit, menant vivres, et deux hurques de Hollande, navires marchans. (COMM., I, 1489-1491, 202).

 

3.

Treve marchande. "Trève durant laquelle le commerce est permis entre deux États qui sont en guerre" : Premiers, est conclud et accordé entre iceulx seigneurs roy de Castille et mondit seigneur de Gueldres (...) bonne, sceure et leale trève marchande et communicative pour le terme et espace de deux ans (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 556). Laquelle treve seroit marchande, et pourroient aler venir lesdiz Anglois par tout le royaume armez et non armez, pourveu qu'ilz ne seroient en armes en une compaignie plus que de cent hommes. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 344). Et pareillement ledit monseigneur de Bourgongne print et accepta tresves marchandes avecques le roy, pareillement que la tresve des Anglois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 347).

B. -

[D'une ville] "Bien pourvu de commerces, qui favorise le commerce" : Et convient que la cité soit negociative ou mercheande pour elle ou a elle, et non pas pour les autres estranges. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 296). ...le grosse ville de Saint Leu en Constentin (...) pour le temps estoit durement riche et marchande (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 139). ...je vous mettray dedens de Montferrant (...) en laquelle ville gist très grant pillaige, car elle est riche de soy et bien marchande, et y a des riches vilains grant fuison (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 205). Rames est une cité belle et bonne et bien marchande, et est moult fort peuplée et habitée de Sarrazins. (Voy. Jérus., c.1395, 12). Laquelle ville souloit estre bonne et bien marchande (Ch. VI, D., t.1, 1381, 32). Et aussi fit fermer Feurs en Forez, qui estoit une grosse ville marchande sans cloisure (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 163). Au bout de ce royaulme a une cité nommée Lubecque, qui est moult bonne ville, et marchande, et grant port de mer où les hauts Alemans et les bas vont quérir les marchandises. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 105). ...et s'en est le peuple departy tellement que tres pou en est demouré et comme neant au regard du temps passé, qui ne gaignent riens, car ceste ville n'est point marchande, ne sus riviere portant navire (JUV. URS., Loquar, 1440, 317). Et est la dicte ville la plus marchande du pays, car elle est situee entre la hault Frise et la basse. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 87).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 3/22 
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     MARCHANDABLE     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDABLE, adj.
[AND : marchandable ; FEW VI-2, 12b : mercatus]

"Qui est l'objet d'un commerce" : [Ilz] dirent au dit bailli que tous les biens marchandables yssus de la caraque de Gennes perie le jour de Nostre Dame le Chandeleur CCCC et sept sur l'ille de Cadsund au debout du port de Lescluse, le dit bailli delivrast aux marchans auxquelx ilz appartenoient. (Arch. Nord, 1408, B 6109, f° 6, IGLF). Mercabilis (...) : marchandables (...) che qui est a vendre ou a achater (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 299).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 4/22 
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     MARCHANDAMMENT     
FEW VI-2 12b mercatus
MARCHANDAMMENT, adv.
[GD : marchandamment ; FEW VI-2, 12b : mercatus]

"En vue de faire du commerce" : ...desirans actraire touz bons et loyaulx marchans à venir frequenter marchandanment en noz païs et seignouries (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1432, 47). ...aller marchandament en lad. ville (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1433, 69). Que se aucuns desdicts marchands d'icelles nacions (...) qui seroient venuz en nostredict royaume marchandanment (...) iroient de vie à trespassement, nous voulons que leurs heritiers (...) puissent avoir et apprehender les biens qu'ils auroient laissez en nostredict royaume (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 349). ...tous marchans et autres (...) pourront faire et faire faire tout fait de marchandise tant au-dedans dudit pais que dehors, en tous pais et contrée, soit par mer et par terre, et semblablement les marchans estrangiers venir et descendre en pors marchandemment en nostredict pais de Languedoc (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1483, 307).

 

-

"En faisant du commerce" : [Il se] transporta oultre la mer en l'ille de Caindie soubz la seignourie de Venise, en intencion de prouffiter marchandamment, ouquel yle il eust acheté et payé pluseurs diverses et riches marchandises (Arch. Nord, 1448, B 1684, f° 45, IGLF).

 

Rem. Cf. aussi Reg. Poitiers F., t.1, 1437, 236 (..ceulx qui les ameneront marchandeument d'autres païs [les blés] les pourront mener la ou bon leur semblera). Lire marchandaument ? Influence de duement (dûment) ?

 

-

[D'une denrée] Venu marchandamment. "Venu par importation (p. oppos. à une denrée locale)" : ...et s'aquictent pour leest ["sorte de mesure" (GD : lest)] de harenc 6 s. 8 d. venu par mer, et porté hors par mer partant de ce hable ["port"] 3 s. s'il est caqué, et du poisson sallé venu marchandaument par mer qui s'acquitte chacune somme ung denier (Comptab. Dieppe M., 1474-1475, 118).

V. aussi marchandément
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 5/22 
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     MARCHANDANT     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHANDANT, subst. masc.
[*FEW VI-2, 12b : mercatus]

"Celui qui fait du commerce" : ...que le dit chevalier, à la cause dessus dicte, ses successeurs et les ayans d'eulz sur ce cause aient en et sur les dictes foires et sur les marchandans en ycelles et leurs appartenances tele justice, juridicion et congnoissance, ensemble les profis et emolumens acoustumez (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 222).

Rem. FEW : attesté en provençal.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 6/22 
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     MARCHANDE     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDE, subst. fém.
[T-L : marchëande ; GDC : marcheant (marcheande) ; FEW VI-2, 7a : mercatus ; TLF : XI, 366a : marchand (marchande)]

"Celle dont la profession est d'acheter et de revendre ou bien épouse d'un marchand" : Savoir faisons que pardevant nous vint en jugement Marguerite la Chievre, fame de Jehan la Chievre, marchande, comme estant a present hors de la compaignie dudit Jehan la Chievre, son mary, siconme elle disoit... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 153). ...lesquieulx s'estoient entre-amourez au temps qu'ilz estoient demourans ensamble en l'ostel de Marie Lalemande, marchande, demourant à Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 317). Des or venrons a parler des marchandes, c'est assavoir des femmes aux hommes qui se meslent des marchandises, dont a Paris et ailleurs a de moult riches ou desquieulz les femmes portent grant et cousteux estat, et plus en autres contrees et villes que a Paris, si comme a Venise, a Jennes, a Florence, a Luques, en Avignon et autre part (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 183). ...ains ne perdent point le nom de marchandes ou femmes de marchans, voire, tieulx que on les appelleroit en Lombardie non mie marchans, mais revendeurs, puisqu'ilz vendent a detail. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 186). La marchande (...) vendit toutes ses laines et puis achecta d'autres denrees et s'en revint en l'ostel de sa cousine pour disgner (Cleriadus Z., c.1440-1444, 314). ...trois cordeliers (...) furent ordonnez a coucher en une chambre non pas trop loingtaine de la chambre aux marchandes. [Elles accompagnent leurs maris dans un pélerinage et les couples sont séparés pour la nuit] (C.N.N., c.1456-1467, 202). Car je sejournay là assez longuement, en attendant aucuns marchans ou marchandes, qui de fois à autre apportoient de l'avoyne à ceulx de la garnison, quant ilz en avoient l'opportunité. (BUEIL, I, 1461-1466, 22).

 

-

Marchande commune/marchande publique. "Celle qui tient boutique ouverte" : ...se une femme est marchande commune, son mari ne pourra despecier le marchié qu'elle aura fait, ne retarder le paiement aux crediteurs (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 133). ...Jehanne, femme de Thevenin Patrouille, marchande publicque (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 717).

 

-

Marchande de fruits : ...la femme feu Laurent Dubois, marchande de fruit (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 21).

 

-

Marchande de luxure/de pucelles : Il est vray que en ses jones jours, elle fut marchande de luxure a detail et depuis en tinst bouticle en gros a Bruges entre les marchans (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 95). Et des ordes, fines, faulces fumelles, Revenderesses, marchandes de pucelles, En nostre enffer feray chaulfer les fesses (LA VIGNE, S.M., 1496, 222).

 

Rem. Peut-être allusion comparable ds les ex. suiv. : Adieu vous dy, dames et damoiselles, Adieu vous dy, marchandes et bourgeoises, Toutes vous ay trouvez bonnes et belles, Doulces, plaisans, gracieuses, courtoises, Perdre me fault a ceste fois mes aises Car Rudesse mes joyes si detient (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 134). Par saint Jehan, voire, A la foire, gentil marchande... (Path. D., c.1456-1469, 52).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 7/22 
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     MARCHANDEAU     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDEAU, subst. masc.
[GD : marchandel ; FEW VI-2, 8a : mercatus]

"Petit marchand" : Un marchandel robe vermeille Portera d'escarlaste fyne, Sa femme vestue com royne. Un qui n'a maison ne cuisine Portera martres ou faÿne Comme fera le filz d'un duc (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 29). Cestui marchandereau [var. marchandeau] est a Florence venuz du plat pays et de l'estable aux pourceaux et qui estoit vestu de tres gros et rudes draps (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 830).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 8/22 
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     MARCHANDEMENT     
*FEW VI-2 12b mercatus
MARCHANDEMENT, subst. masc.
[*FEW VI-2, 12b : mercatus]

"Commerce" : Negociatio (...) : marchandement, marchandise ou besongne (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 215).

 

-

"Marchandage" : Il ne fault point cy de marchandement (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 274).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 9/22 
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     MARCHANDÉMENT     
FEW VI-2 9b mercatus
MARCHANDEEMENT, adv.
[GD : marchandeement/marchandement ; FEW VI-2, 9b : mercatus]

"Par voie commerciale" : ...et se il est fres [le poisson] .I. d. Pourveu que led. fres poisson viengne marchandement. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 243).

 

-

Aller (et venir) marchandeement. "Aller (et venir) pour faire du commerce, avec la liberté de trafic" : ...et de fait ont arresté pluseurs vaisseaux qui venoient marchandement avec vins, autres denrées et marchandises à la ville de Landerneau et ès environs (Actes Jean V Bret. B., t.2, 1408, 96). ...que l'en povoit aler marchandement et autrement de l'un pais en l'autre sans nulle reprehension (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1426, 243). ...nous n'entendons point qu'ilz puissent aller, marchandement ou autrement, esditz pays desditz mescréans, sans avoir premierement de nous ou du visroy ou gouverneur (...) congié et licence de ce faire. (Ordonn. rois Fr. P., t.16, 1463, 52). ...que nulz ne arrestast ou empechast les subgetz et marchans d'Engleterre ne leurs biens, denrees ou marchandises, ains les seuffrent et laissent aller, venir, estre, seiourner et demourer marchandement en sesdiz pays selon la fourme et teneur de l'entrecours de laditte marchandise (Comptes argent. Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 270). ...durant lesdictes tresves, seur estat et abstinance de guerre, les subgetz, officiers et serviteurs d'une part et d'aultre (...) pourront aler, venir, sejourner, converser, marchandement ou aultrement, en tel habillement que bon leur semblera (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 218). ...les marchans du royaume d'Angleterre venans marchandement ou royaume de France (Louis XI Anglet. C.P., 1477, 381). ...plusieurs marchans allans et venans marchandement par le pays. (Cartul. Laval B., t.3, 1486, 322).

 

Rem. Doc.1363 ds GD V, 163b.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 10/22 
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     MARCHANDER     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDER, verbe
[T-L : marchëander ; GD : marcheander ; GDC : marcheander ; AND : marchander ; FEW VI-2, 11 : mercatus ; TLF : XI, 368a : marchander]

A. -

"Faire du commerce ; conclure un marché ; discuter le prix d'une marchandise"

 

1.

"Faire du commerce"

 

a)

Marchander : L'ONCLE. Je vueil que tu voises aprendre A marchander par le pais (Mir. march. larr., c.1349, 99). Commerque est une imposition, Et sachiez qu'en la region De toute Surie et d'Egypte N'a cité ne ville petite, S'on y marchande qui ne paie De X. deniers un ; c'est la paie Qu'on paie tout communement Par tout et especiaument A Sur, à Baruth, à Sajette, A Alixandre, à Damiette (MACH., P. Alex., p.1369, 173). L'un venist par devotion Au sepulchre en pelerinage Et fust quittes de tout servage ; L'autre venist pour marchander, Et li autres pour demander Le demi commerque dou roy ; Et encor plus certes, je croy, Qu'en toutes les notables villes Qui sont pour marchandise abilles (MACH., P. Alex., p.1369, 184). Et recite Justin que il est ou estoit en son temps un paÿs ou l'en marchandoit ainsi senz monnoie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 297). "Et contregardés vos gens et vos marcheans de aler ne venir en envoiier ne marcander en Flandres, car, se il i vont, il seront retenu et li leurs pris." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 271). Partout vont Genevois et Venitiens marchander parmi les trieves que ilz paient, jusques en la grande Inde, la terre au prestre Jehan. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 206). ...pour marchander, changier, vendre, acheter, prester, acquerre et faire leur aventage, leur proufit et toutes leurs bonnes negotiations (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 254). ...[il] dit et afferme par serement, et congnoist que il et ledit Cointereau ont espousées deux suers, et que aucune fois ilz ont marchandé, alé et venu emsamble. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 510). ...commandement seroit fait à tous marchans de bois ou de busche, marchandans en la ville et cité de Paris, que de cy en avant ilz vendent et delivrent leurs bois et busche à pris moderé (FAUQ., I, 1417-1420, 217). ...aultre chose ne luy venoit au devant, que le curé estoit son lieutenant tantdiz qu'il alloit marchander [Un marchand vient d'apprendre que sa femme le trompe avec le curé] (C.N.N., c.1456-1467, 443). Car le marchant a bien et loyaulment achetté le saufconduit et payé de ses deniers, esperant de marchander et vivre à seureté soubz le saufconduit, et y aura mis par adventure la pluspart de son vaillant ou le tout, cuydant, soubz la seureté ou l'honneur du Roy ou de ses commis ou ses deputés, gaigner sa vie. (BUEIL, II, 1461-1466, 29). LE CHRESTIEN. (...) J'ay veu qu'en marchandise alloye, Marchandoye Et estoye en bruit terrien. Des biens de Fortune avoye, Gaudissoye, Et maintenant je n'ay plus rien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 74). LE CRESTIEN. [Avec ces cent écus] Il nous fault nostre estat refaire Et marchander comme devant. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 96).

 

b)

Marchander qqc. "Faire commerce de qqc." : ...les hommes subtilz trouvèrent ung usaige plus legier, c'est assavoir, de faire monnoie, laquelle fust instrument de preuver et marchander les ungs aux autres leurs naturelles richesses (ORESME, Monnoies W., c.1365, IX). Item, en la ville de Saint-Denis en France, IIIJ ans [ a ] ou environ, ainsi comme heure de marché, il se aproucha près d'um homme qui marchandoit certaines denrées desquelles il n'est record, en la tasse duquel homme il mal print deux frans en or qu'il y trouva. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 282).

 

2.

"Conclure un marché"

 

a)

Marchander : Vous avez dit mos de marchans, Puisqu'einsi est, nous marchandons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 121).

 

b)

Marchander à qqn. "Conclure un marché avec quelqu'un" : LE IIe CRESTIEN. Patrons de seans, nous retraire Venons vers vous, pour demander Se vouldriez a nous merchander De mettre dans vostre galée Cinq corps d'ommes, qui ont finée Leur vie au jour d'uy par martire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 163).

 

c)

[D'un artisan] Marchander de qqc. "Faire de qqc. l'objet d'un marché" : À Robert de Gouy, graveur de seaulx, la somme de quatre vins escuz d'or qui deubz lui estoient par mondit seigneur, c'est assavoir les 70 escus pour avoir taillié et gravé le grant seel et contreseel de mondit seigneur et les dix aultres escuz pour ses despens d'estre venu du Quesnoy le Conte devers mondit seigneur en sa ville de Lille pour marchander dudit ouvrage (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 485).

 

3.

"Discuter le prix (d'une marchandise, d'un travail...)"

 

a)

Marchander. "Débattre un prix, chercher à s'entendre sur un prix, chercher à obtenir un meilleur prix" : SECOND SERGENT. Monseigneur, c'est un tel bourgois Qu'il marchande a po de parler. Ne l'en laissiez de vous aler Sanz marchander. PREMIER CARDINAL. Il en peut bien trop demander, A mon advis. (Mir. pape, 1346, 391). L'aler lui doiz bien commander : Elle aprandra a marchander, Des denrrées verra le pris, Et quant elle ara bien apris Des ventes l'us et la manniere, Son valet ou sa chamberiere Y pourra envoier après Et au retour les tenir près, Et enquerir de leur couvine : Neis jusqu'a une poitevine Pourra sçavoir s'ilz lui forcomptent. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 114). ...l'en lui peust opposer, que durant le temps de sadicte recepte, il ait marchandé ou contrauz faiz à son prouffit et contre le serement que il nous avoit fait (Ch. VI, D., t.2, 1390, 253). Si dictes a maistre Jehan qui ne les embesongne point, ne seuffre embesongner, sans marchander avant. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126). Chere seur, je vous conseille et prye que vous ayez tousjours en memoire de dire a voz gens qu'ilz aient a besongner a gens paisibles, et marchandent tousjours avant le fait, et comptent et paient souvent sans actendre longue creance sur taille ne sur papier (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 127). Car le duc Jehan crut trop legierement celluy qui rapporta que le duc d'Orleans avoit marchandé pour le faire tuer, et sur ce rapport fist executer le contraire sur la personne de son prochain parent. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 86). L'APPOTIQUAIRE. Si vous plait, ne marchandons pas, Car bien serons tout jour d'accord. (Pass. Auv., 1477, 235).

 

b)

Marchander qqc./qqn

 

-

Marchander qqc. "Demander et discuter le prix de qqc., essayer d'obtenir qqc. à meilleur prix" : Ainsi alames par la foire, Ou moult de choses marchandames, Mais onques riens n'i achetames, Car certainement nos pensees Estoient ailleurs ordenees (MACH., Voir, 1364, 334). ...ainsi comme heure de marché, il se aproucha près d'um homme qui marchandoit certaines denrées desquelles il n'est record, en la tasse duquel homme il mal print deux frans en or qu'il y trouva. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 282). ...samedi derrenierement passé, ainsy comme heure de XIJ heures ou environ, elle estant ès halles de Paris, et marchandant des chastaignes et grosses nois, et que desdittes denrées elle ot acheté pour deux tournois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 7). ...[ils] s'en alerent en une rue aboutissant à la rue Saint-Denis, près de la rue aus Lombars, en l'ostel d'une boursiere, ouquel hostel ilz marchanderent et barguignerent des bourses sanz riens achater (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 50).

 

.

"Obtenir qqc. par marchandage" : Pluseurs toutevoies marchandoient secretement aucun petit de fourment se il estoient riches, ou de orges se il estoient povres (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 140).

 

-

Marchander qqc. à qqn. "Discuter le prix d'une chose, d'un travail auprès de qqn" : ...à la femme duquel Lalement ledit suppliant marchanda un chapperon neuf (Ch. VI, D., t.2, 1418, 264). Ce que ledit suppliant leur accorda, et marchanda a eulx. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1433, 244). Il congnut de son bon gré, sans force, que ung nommé Prudence, qui est lieutenant dudit Galyot, avoit marchandé à luy à une somme d'argent qu'il lui devoit donner pour mettre le feu en ceste ville, et le devoit advertir du jour qu'il le pourroit faire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 373).

 

.

Marchander qqc. à Dieu. "Demander qqc. à Dieu" : Et fault remantevoir à ce propoz du bon Moyse qui conduisoit les enfans d'Israel, peuple de Dieu, qui tant eut de dangiers et de paines à conduire leurs diverses meurs, et en pluseurs lieux se trouva en bataille, que, quant il combatoit, il perdoit, et quant il prioit et faisoit ses oroisons, il avoit la victoire. Combien que je ne die pas qu'il faille tempter Dieu et demourer les bras croisiez, et laissier honneur et avoir à l'adventure, sans deffense ; mais il s'entend que l'en doit, par humble et devot courage, marchander à Dieu la victoire et y mettre coer et fiance, pour avoir de luy confort et ayde. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 66).

 

-

Marchander qqn. "Proposer un arrangement à propos du sort de qqn" : Si advint, par bonne adventure, que les advanceurs dudit bastard rencontrerent les Gantois, qui de rien ne s'en doubtoient et retournoient en leur ville, à tout butin et proye qu'ilz avoient pillé et robé celle nuict par le pays. Le rapport faict, le bastard de Bourgoingne donna dedans sans les marchander ; et moult en occit et print, et tousjours perdoient les Gantois et tousjours leur croissoit le cueur et la haine qu'ilz avoyent contre leur seigneur. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 296).

 

-

Marchander qqn en tasche de + inf. "Engager qqn, à prix débattu, pour faire un travail à la tâche" : ...Jehan de Louvain, filz Guillaume, couvreur de tieulles, auquel par ledit Berthelemi Le Vooght, receveur de Flandres, fu marchandé en tasche de recouvrer et restouper bien et souffisaument l'ostel de monseigneur appellé le Walle audit Gand, tant sur la mote comme en la basse court, partout où il est couvert de tieulles, et de oster toutes les tieulles qui sont rompues et en ce lieu remettre neuves, et pareillement toutes les lattes qui sont rompues et pourries oster et y remettre nouvelles (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 600).

 

c)

Marchander à qqn.

 

-

"Proposer à qqn des conditions intéressantes (pour qu'il fasse qqc.)" : Si se avisa mesires Joffrois de Carni que il feroit asaiier au dit chapitainne, qui se nonmoit mesires Ainmeris de Pavie, se pour argent pronmettre et donner, il poroit marceander a lui par quoi il peuist avoir Calais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 861).

 

-

Marchander à qqn pour qqc. "Trouver un arrangement financier avec qqn pour qqc."

 

.

Au passif : Item , fut marchandé a luy pour vint escuelles pour le jour des nopces au disner, et .VI. escuelles pour les serviteurs, qu'il avra .VI. deniers pour escuelle (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185).

 

-

Marchander à qqn de qqc. "Discuter avec qqn le montant de qqc. (un salaire, un travail)" : Encores devoient ces malles gens de l'Escluse rompre les diques de la mer, pour noiier toute l'ost, et de che avoient il marcandé à ceux de Gand. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 240). Et pour marchander auxdictes personnes de leurs gages aura un homme de par ledit monseigneur d'Orleans et un autre de par ledit monseigneur de Nevers, et se pranront lesdiz gages sur les revenues communes de la terre de Coucy. (BAYE, I, 1400-1410, 280).

 

-

Marchander à qqn de + inf.. "Discuter avec qqn du prix d'un travail" : Et pour luy destruire marchanderent-ilz à son frere Jaques de le occire et murdrir (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 208). ...je faindray avoir mal au coillon et marchanderay a lui de me l'oster (C.N.N., c.1456-1467, 403). ...led. frere Jehan Maulpoint, prieur de ladite esglise, marchanda à Denis Carrisy, masson, de demolir et abatre certaines chambres ruineuses (MAUPOINT, Journ. paris. F., App., 1461, 18). Au fort ce qu'on imposoit a la demoiselle fu mis en termes et la matiere discutee par le conseil du roy. Et fu maintenu que la demoiselle - ne sçay par quelle mocion - avoit puis certain temps marchandé a certainez gens d'empoisonner le roy en son hostel a Paris. (Saladin C., c.1465-1468, 85).

 

d)

Marchander de qqc. "Conclure un marché à propos de qqc. (un travail)" : Pour despens du dit Roget (...) pour visiter le dit estang et marchander des ouvrages dessus diz... (Comté Champ. Brie L., t.3, 1347-1347, 450). PREMIER SOIEUR. (...) S'avez gangnages a abatre, Voulentiers en merchanderons Et si les vous abaterons Bien et tost, dame. (Mir. femme, 1368, 186).

 

-

Prov. Il ne faut pas marchander de la peau de l'ours avant que la beste ne soit morte : Quant ilz furent joinctz, celuy qui avoit esté sur l'arbre demanda à son compaignon par serment ce que l'ours luy avoit dit en conseil, qui si long temps luy avoit tenu le museau contre l'oreille ; à laquelle demande luy respondi : "Il m'a dit que jamais je ne marchandasse de la peau de l'ours jusques ad ce que la beste fust morte." (COMM., II, 1489-1491, 21).

B. -

Au fig.

 

-

"Discuter, hésiter" : Toutesfois, avec ce petit de gens qu'il [le duc de Bourgogne] peüt amasser, il tira à Dorlens, avecques quatre ou cinq cens chevaulx seullement, en intention de garder Amyens de tourner ; et là fut cinq ou six jours que ceulx d'Amyens marchandoient, car l'armée du roy estoit auprès, qui se presenta devant la ville. Et ung coup la reffusèrent, car une partie de la ville tenoit pour ledict duc, lequel y envoya son mareschal du logis, et s'il eust eu gens pour y oser entrer en personne, il ne l'eust jamais perdue (COMM., I, 1489-1491, 177). Jà estoient venuz devers le roy le seigneur de Curton, Patrix Foucard et plusieurs autres et avoient laissé ledict duc de Guyenne et estoit l'armée du roy ès environs de la Rochelle et avoit grant intelligence dedans, et marchandoient fort ceulx de la ville, tant pour ce bruyt de paix que pour la maladie que avoit ce duc. (COMM., I, 1489-1491, 230).

 

-

"Réfléchir" : Lies fu moult et joyans, en se coer marcanda Et àses gens privés tout errant commanda, A tous ses cardinauls que venissent manda Et sour se vision conseil leur demanda. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 302).

 

-

Marchander de + inf. "Discuter de, envisager de, projeter de" : ...li François folient et abusent trop grandement, qui, en bonnes trieuves jurees et donnees, marceandent de vous trahir (FROISS., Chron. D., p.1400, 863). «...Or vous dirai comment on en esploitera. Vous ferés une enbusque, que quant esbatre yra, De dix ou douse varlès où on marchandera De lui mettre à se fin ; on les enbusquera...» (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 282). Lors les plus foibles et les couars marchandent de fuir, et maintteffoiz prendent party tout au meilleur de la besongne ; et desirent aucuns la chose ronte, affin qu'ilz ne puissent assembler, pour avoir cause de fuir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 240).

 

.

P. iron. "Tout faire pour" : Li rois Phelippes n'en fist que rire et dist que son cousin estoit uns fols et que il avoit marceandé d'ardoir et essillier son pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 356).

 

-

Sans marchander. "Sans discuter, sans délibérer, sans hésiter" : Messire Adolf de Cleves et messire Cornille, bastard de Bourgoingne, monterent promptement sur ledit boulovart sans attendre et sans marchander, et poursuyvirent les ennemis moult longuement à pied (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 252). ...et passèrent la rivière de Saine au pont de Saint-Cloud, pour plus promptement trouver iceulx Angloiz, lesquelz ilz rencontrèrent, et sans marchander férirent dedens, et tellement que ledits Angloiz furent desconfitz, et en y ot plussieurs mors et prins, et rescouyrent plussieurs personnes et grant nombre de bestail. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 15).

 

.

[À propos d'un animal] "Sans hésiter" : Bon alant doit aler tost et estre hardi a prendre toute beste sanz marchander et tenir fort sanz laisser et bien acondicioné et bien a commandement de son maistre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 126). Et bon levrier doit aler si tost que, s'il est bien geté, il doit ataindre toute beste, et, la ou il l'ateindra, la doit prendre par ou plus tost pourra sanz abaier et sanz marchander. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 129).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 11/22 
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     MARCHANDEREAU     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDEREAU, subst. masc.
[FEW VI-2, 8a : mercatus]

"Petit marchand" (synon. marchandeau) : Cestui marchandereau [var. marchandeau] est a Florence venuz du plat pays et de l'estable aux pourceaux et qui estoit vestu de tres gros et rudes draps (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 830). Vous donques avez veu commant vostre bon serourge, lequel est ung marchandereau de iiij deniers, gouverne vostre suer (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 831).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 12/22 
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     MARCHANDIE     
FEW VI-2 mercatus
MARCHANDIE, subst. fém.
[T-L : marchëandie ; GD : marcheandie ; AND : marchandie ; FEW VI-2, 10b : mercatus]

A. -

"Négoce, commerce" : ...et aussi toutes les maisons qui estoient dessus, qui estoient pluseurs et belles, et lesquelles habitoient moult de mainnagiers de pluseurs estas, marchandies et mestiers, comme tainturiers, escripvains, barbiers, couturiers, esperonniers, fourbisseurs, couturiers, frepiers, chasubliers, tapissiers, faiseurs de harpes, libraires, chaussetiers et autres. (BAYE, I, 1400-1410, 216). ...Gautier de Blandecque, huissier ceans et commiz à recevoir XL mil frans octroiez au Roy par les marchans frequentans la marchandie de sel es parties de Languedoil sur icelle marchandie (BAYE, I, 1400-1410, 251). Ce jour, a commiz la Court maistre R. Rabay (...) à executer ou faire executer certain arrest obtenu ceans pour la marchandie de poisson de mer à Paris (BAYE, II, 1411-1417, 160). ...j'ay eu advis et délibéracion avec Granier et Briçonnet, et aussi avec Guillaume Lalemant et Pierre Jobert, marchans de ceste ville de Bourges, qui congnoissoient le fait et la manière de besongner desdiz Cuer, Varie et Noir, en fait de marchandie (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 531).

 

-

Faire sa marchandie. "Faire ses achats" : ...et aprés s'en alla achapter sesdits souliers. Et quant il eut fait sa marchandie... (Lettres rémission René II P.D.H., 1489, 177).

 

-

[Cont. métaph.] : "Je cuide, et par espicial en la crestiente et es cours des papes, des empereurs et des roys, esquelles cours j'ay autresfoiz fait non pas petit residence, la vraye arquemie et juste marchandie du fin besant, en lamentant comme il se puet dire, est perie..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 190).

B. -

P. méton. "Produit du commerce ; marchandise"

 

1.

"Produit du commerce" : Et le bon homme le mary se contient le plus sagement qu'il peut sans faire grans despens et acompte ce qu'il peut avoir de revenue, de pencion ou de marchandie, selon l'estat dont il est, et sa despence (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 60).

 

2.

"Marchandise" : En la noble cite de Venisë, dist la chambriere Hardiesse, il y a un change qui s'appelle le banc au commun. Cellui qui le gouverne recoit, despent et depart, en mil miliers de parties, chacun an troys ou quatre milions de florins qui s'appeloient ducaz, en or, en argent, en pierres precieuses, en vaiselle, en joyaulx, et en soutille marchandie (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 460). ...Gautier de Blandecque, huissier ceans et commiz à recevoir XL mil frans octroiez au Roy par les marchans frequentans la marchandie de sel es parties de Languedoil sur icelle marchandie (BAYE, I, 1400-1410, 251). Costé les murs passe la grant riviere Qui vient beaucoup de plus loing que Florence Portant basteaulx, tant devant que derriere A grans chasteaulx pour marchandie chere Aux Florentins porter en assurance. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 13/22 
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     MARCHANDIN     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHANDIN, subst. masc.
[AND : marchandin ; *FEW VI-2, 9b : mercatus]

"Marchand"

Rem. Cf.  ; AND : marchandin.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 14/22 
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     MARCHANDISE     
FEW VI-2 9b, 10a mercatus
MARCHANDISE, subst. fém.
[T-L : marchëandise ; GD : marcheandise ; GDC : marcheandise ; AND : marchandise ; DÉCT : marchëandise ; FEW VI-2, 9b, 10a : mercatus ; TLF : XI, 369a : marchandise]

A. -

"Exercice d'une activité commerciale et, par ext., d'une activité professionnelle quelconque"

 

1.

"Commerce" : La avoit il Venitiens Et pluseurs autres Crestiens Qui furent pris et enserré, Feru, batu et aterré Des Sarrazins villeinement, Et traitié moult honteusement, Non contrestant la marchandise Qui avoit là moult grant franchise. (MACH., P. Alex., p.1369, 116). Et encor plus certes, je croy, Qu'en toutes les notables villes Qui sont pour marchandise abilles Li roys y heüst de ses gens, Chevaliers, bourgeois ou sergens, Pour lever et pour recevoir La rente qu'il y doit avoir (MACH., P. Alex., p.1369, 184). ...car se aucuns ont contribué pecunes pour mectre en marchandise, quant vient au distribuer l'en distribue a chascun selon la proporcion des pecunes qui furent contribuees. (ORESME, E.A., c.1370, 288). ...moult gens (...) disoient que or et argent estoit si chier à avoir et au conquerir que marchandise en estoit toutte morte et perdue (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). ...il estoient gens qui vivoient de labour et de marceandise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 613). Car marchandise et tous ars sont au bien et prouffit des seigneurs et au bien de la chose publicque, que chascun, commun et peuple, desire fort. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14). ...[il] alloit souvent es affaires de sa marchandise (C.N.N., c.1456-1467, 289). ...ce bon marchant avoit prins grand plaisir en sa marchandise, pendant le temps qu'il la menoit (C.N.N., c.1456-1467, 558). Comment se porte marchandise ? S'en peult on ne soigner ne paistre ? (Path. D., c.1456-1469, 58). ...et de là en avant fut monseigneur d'Austriche et ses gens paisibles et bien venuz en sa ville de Brucelles ; et y fit regner justice et la marchandise, dont il fut beaucoup mieulx aymé et bien voulu. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 278). De Rogier Bonté, mercier, pour le louaige de 3 arches dedans ladicte porte Saint Denis, pour y faire et exercer le fait de sa marchandise (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 303). LE CRESTIEN. (...) nous seroit grant reconfort Se nous trouvons personne aulcune Qui nous prestast quelque pecune Pour marchandise relever. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 83). ...en fist deux [nativités] merveilleuses à deux jeunes hommes, freres germains, l'un nommé Anileus et l'autre Asinius, Juifz et trouva que l'un et l'autre se mesleroit de naviguer, qui touttefois estoit contre l'estat et la loy des Juifz, quant pour merchandise, et que après ilz parviendroient à grande proesse et soubzmetroient plusieurs peuples à leur subjection (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°).

 

-

Marchandise de l'eau. "Commerce qui utilise la navigation fluviale (à Paris, les "marchands de l'eau" transportent leur marchandise sur la Seine)" : ...et nous a requis que de ce faire nous lui veullions donner congié et que, se mestier estoit, nous feissions veoir et visiter le lieu et la place par les maistres du pont de Paris et aussi par voituriers et mariniers et gens en ce congnoissans a ce que yceulx pieux ne peussent ne ne puissent aucunement, ores ne ou temps a venir, porter prejudice a la marchandise de l'eaue, au cours et chemin d'icelle (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 654).

 

-

Marchandise court/a cours (qq. part). "Le commerce s'exerce (qq. part)" : Et je la feray publier [le projet de traité] En mon païs, sans detrier, Moult volentiers, par quoy les nostres Puissent aler avec les vostres, Et les vostres paisiblement Veingnent dessa seürement ; Par quoy marcheandise queure ; Qu'avis m'est, se Dieux me sequeure, Que c'est deffaus en toute court Quant marcheandise ne court. (MACH., P. Alex., p.1369, 175). Sicom li Hollandois et li Zellandois disoient, la guerre de Flandres ne les regardoient en riens, ne il ne pooient ne devoient deffendre à courir marcandise. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 187). "Item, sur ce qu'il nous ont supliiet dou fait de la marcandise, avons volut et consentit que le marcandise ait cours francement et licitement par nostre païs de Flandres, en païant les deniers acoustumés." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 300). Helas, toutes les portes de France sont destruites, la plus grant partie des pors tant de mer que des rivieres sont destruis car marchandise n'y court plus, les prestres et vierges sont en pleurs, lermes et desolacion, et est opprimee de toute amaritude. (JUV. URS., Loquar, 1440, 361). Lors il est qu'il fault veillier jour et nuit par la ville, sur les murs, marchandise ne puelt courir, nul n'ose de sa porte saillir fors a grant peril (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 10). ...par laquelle [trève marchande] toute marchandise doit avoir cours par tout le royaume de France, et, ce temps durant, chascun peut retourner en ses possessions immeubles. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 348).

 

-

[Associé à gain] : Il entent de ceulz qui de lointain paÿs vont et communiquent ou conversent ensemble pour marcheandise et pour gaaing. (ORESME, E.A.C., c.1370, 418).

 

-

Marchandise de telle chose. "Commerce de telle chose" : ...li Austrolin, pour le doubte de ce, pas n'osoient venir en Flandres, mais faisoient lor estaple de lors marceandises a Dourdresc. De quoi la marceandise de la draperie fu toute refroidie et perdue en Flandres un grant temps, et ne trouvoient les bonnes gens a quoi gaegnier, car nulles lainnes ne lor venoit d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 271). Ce jour, en la tournelle criminelle, fut appoinctié (...) sur le fait de la marchandise des poissons de mer qui sont venduz à Paris (BAYE, II, 1411-1417, 192). ...pour avoir advis et deliberacion et pourveoir sur le fait de la marchandise de busche et autrement, pour le bien de la chose publique et de la bonne police de la ville de Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 216). Il sera dit que tous les peletiers qui s'entremettent de fait de marchandise de peleterie à Paris, et qui par ledit arrest sont tenus d'aler exposer en vente esdictes basses merceries leurs denrées au jour de samedi, getteront au lotz de nouvel, bien et deument et sans fraude, pour le paiement du terme de saint Jehan derrain passé et aussi pour le terme de Noël prochain venant, et de lors en avant deux fois l'an, selon la teneur dudit arrest. (FAUQ., III, 1431-1435, 64).

 

-

"Métier de marchand, de commerçant" : ...[il] confessa que il avoit esté et fu né en la ville du Mans, où sa mere demeure, et que oncques il ne aprint mestier ne marchandise, mais a tousjours esté varlet servant et homme vacabond (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 184).

 

.

Estat de marchandise : LE CRESTIEN. J'entends bien qu'il fault besongner Qui veult vivre, mais le moyen Pour parvenir d'avoir du bien ? N'est que l'estat de marchandise Et nous n'avons rien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 83).

 

-

Au plur. "Affaire (de commerce)" : ...si comme qui diroit que ilz font ensemble communicacions et marcheandises et que ilz prennent choses en depost et baillent et les rendent et quelzconques teles autres choses. (ORESME, E.A., c.1370, 526). De ceulx vi je de maintes guises, Qui vivoient de marchandises (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71).

 

-

Aller en (sa) marchandise. "Se déplacer pour aller faire du commerce" : ...tant com tu es jouvenciaux En marchandise aler deusses Par quoy monteplier peusses Et acquerre avoir et amis. (Mir. march. larr., c.1349, 95). ...le dit Martin fist pluseurs aguez sur le dit suppliant pour le tuer et mettre à mort, et finablement tant l'espia et aguetta que, un jour (...) ainsi que le dit suppliant cuidoit aler en sa marchandise, ycellui Martin, (...) comme provocant et aggresseur, envay le dit suppliant (Doc. Poitou G., t.5, 1380, 129). Et ainsy comme il ot servy sondit maistre environ XV jours, et que icellui son maistre fu alé en sa marchandise, et qu'il qui parle, environ heure de midi, fu alez en la chambre de sondit maistre pour faire son lit (...) trouva un coffre ouvert en icelle chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 496). ...ung bon marchant maryé a une vaillant femme (...) tressouvent alloit en marchandise (C.N.N., c.1456-1467, 378). LE CHRESTIEN. (...) J'ay veu qu'en marchandise alloye, Marchandoye Et estoye en bruit terrien ["j'ai connu le temps où je me livrais au commerce" (Éd., 161)]. Des biens de Fortune avoye, Gaudissoye, Et maintenant je n'ay plus rien. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 74).

 

-

Mener (à) marchandise. "Faire son métier de marchand" : ...chascun vous vient presser Et ne povez marchandise mener, Car vous n'avez seur passage ne voye, Et maint peril vous couvient il passer : Priez pour paix, le vray tresor de joye ! (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 124). ...icy m'a il laissée et abandonnée pour mener a marchandise [l. sa marchandise (?)] es parties d'Alixandrie, ainsi qu'il a de long temps accoustumé. [C'est une femme qui parle] (C.N.N., c.1456-1467, 573).

 

-

Se mettre en la marchandise. "Entreprendre une activité de commerce" : Si me mis en le marcandise, Ou je sui ossi bien de taille Que d'entrer ens une bataille Ou je me trouveroie envis ! (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 50).

 

-

Venir qq. part en marchandise. "Venir commercer qq. part" : ...jamais on n'eust cuidé que ce eussent esté pillars ne robeours, mais marchans qui venissent là au marchiet, pour cueillier et acchatter draps ou toilles ; et disoient qu'ilz estoient devers Montpellier et oultre, et venoient là en marchandise (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207).

 

-

Vivre de marchandise. "Vivre de commerce" : ...ledit suppliant, qui par long temps a demouré en nostre obeissance, vivant de marchandise et de labour (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 116).

 

-

Vivre de marchandise avec qqn. "Vivre du commerce qu'on fait avec qqn" : ...lesquelz ayent acoustumé de vivre de marchandise avecques les estrangiés, ausquelz ilz marchissent, comme avecques ceulx des marches et pays de Liege, d'Alemangne (Trés. Reth. S.L., t.2, 1405, 515).

 

2.

En partic. "Commerce de l'argent (pratiqué par les banquiers, à la fois changeurs et prêteurs à intérêt)" : ...et usera damoiselle Marie du Cavech et Girardin du Cavech, son frere, de change et marchandise en la maniere que les autres changeurs de ladicte ville en usent. (BAYE, I, 1400-1410, 133).

 

3.

P. ext. "Exercice d'une activité professionnelle quelconque" : ...tu ne veulz entendre Aucune marchandise apprendre. (Mir. march. larr., c.1349, 95). ...le musnier retourna de sa marchandise et fist grand chere (C.N.N., c.1456-1467, 41). Ung orfevre de Paris, nagueres, pour despescher pluseurs besoignes de sa marchandise a l'encontre d'une feste de Lendit et d'Envers, fist large et grand provision de charbon de saulx. (C.N.N., c.1456-1467, 65).

 

-

Conduire sa marchandise. "Gérer ses affaires" : ...jasoit qu'il fust lourd, tres pou sachant, et encores aussi mal plaisant, si avoit il une industrie de bien garder le sien et conduire sa marchandise. (C.N.N., c.1456-1467, 131).

B. -

"Tractation, négociation de vente" : En celle propre sepmaine, jeta son avis li dus de Bourgongne à faire traitier devers son cousin messire Guillaume de Namur, pour avoir l'Escluse en hiretage et ajouster avoecques la conté de Flandres, et li rendre terre ailleurs en France ou en Artois, par manière d'escange (...) Quant messires Guillaumes de Namur fu premierement aparlés de ceste marcandise, si li vint à grant contraire et desplaissance. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 241). Et quidoit bien li contes de Hainnau ces deus terre avoir açatees ; et estoient li denier tout prest pour le paiier. Qant li rois Phelippes fu enfourmés de ceste marceandise, Jehans ses fils, qui estoit dus de Normendie et daufins de Viane, se traist avant et referi sus ce marchié par le conmandement dou roi son pere, et açata en l'Empire ces terres desus dittes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 255).

 

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"Affaire" : Decevez les [les femmes] en ostant leur franchise, Et quant aurez vostre volunté d'elles, Dictes partout que vostre marchandise Se porte bien, vecy bonnes nouvelles. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 57). Car tousjours s'entretenoit la marchandise encommencée contre luy, comme vous avez ouy, laquelle tint à peu à l'assemblée qui fut faicte à Bouvynes pour ladicte matière. (COMM., II, 1489-1491, 23). Tost se commença-l'on à doubter de ceste marchandise, et les plus gens de bien que ledict connestable eust le commencèrent à laisser, comme monsr de Genly et plusieurs autres. (COMM., II, 1489-1491, 83).

 

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Connoistre la droite marchandise. "Savoir ce qu'il en est" : Mains li Danois, quant ilh l'entendit le olifant, tantoist connoist la droite marchandise (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.3, a.1400, 143).

 

-

Faire sa marchandise/ses marchandises. "Faire des opérations de commerce, commercer" : ...et aussi qu'il est plus habille à faire et conduire les grandes marchandises (ORESME, Monnoies W., c.1365, XIV). Pour ce temps triewes estoient. Si pooient bien cil de Saint Omer aler à Calais, et cil de Calais à Saint Omer ; et y aloient les gens de l'un à l'autre faire leurs marchandises. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 71). ...li Espagnol orent fait lor emploite et lor marceandise, et il orent cargiet lors vassiaus de draps et de toilles et de tout ce que bon et pourfitable lor sambloit (FROISS., Chron. D., p.1400, 882). ...par tout est si bien cheans Qu'il ne fait nulle marchandise Ou il ne gangne a sa divise (Mir. march. juif, c.1377, 200). ...mais c'est trop sote chose de n'avoir pas honte de vendre ses denrees et faire sa marchandise et avoir honte de porter l'abit (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 186). Des Lombars demourans et tenans table à Courtray, qui ont privilege de monseigneur de ylec faire leur marchandise et prester argent pour argent (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 432). Apprez laquelle publicacion et ladicte pais ainsi pronuncée et manifestée par toutte ladicte comté et les autres pays dudit duc, chascun se esjoyssoit et faisoit grant chière, car il sambloit aux marchans, que doresenavant communicqueroient et feroient leur marchandise, les ungz aveuc les autres, ainsi qu'ilz avoient acoustumé (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 27). ...que les marchans, leurs facteurs et serviteurs, voisent faire leurs marchandises ; les enffans aux estudez, Universités et escolles, les laboureurs à leurs heritages, maisons et labourages (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 423).

 

-

Faire une marchandise. "Faire une bonne affaire" : JUDAS. (...) Mere, vous estes honnoree, Gardéz ne faictes plux la chiche ; Certes, je vous ay faicte riche, Et je vous diray par quel guise : J'ay faicte une marchandise, Veéz vous cy l'argent que j'aporte. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 173).

C. -

"Objet de commerce, denrée, tout produit susceptible d'être vendu"

 

1.

Au plur. : ...Bertau de Malignes (...) est au jour d'uy renommez le plus riche homme d'or et d'argent qu'on sache par les grans frais et marchandises qu'il maine par mer et par terre, car jusques en Damas, ou Kaire et en Alixandre ses galées et marchandises vont (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 145). Si est le remede de querir souvant bon conseil et de le croire. Aucuns soubz esperance de faire grandes aumosnes, ou de funder chappelles, ou d'avencier leur[s] enfans, font rappines et fausses marchandises. (GERS., Pent., p.1389, 82). ...[il] a aprins et suy le mestier de chartier, et mené chars et charretes chargiez de vins et de marchandises, tant à Bourges en Berry, en Flandres, en Picardie et en Alemaigne. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 394). ...il escripsi et au roi d'Engleterre et son consel que point ne se hastassent de envoiier en Flandres ne a l'Escluse les marceandises d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 280). Et de toutes coses on i pooit recouvrer (...) Et lor venoient de Flandres les marceandises toutes prestes de Hollandes, de Zellandes et d'Alemagne, et tout par mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 746). ...pour avoir advis et deliberacion sur ce qu'estoit à faire pour mettre à pris raisonnable les vivres et marchandises neccessaires pour la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 207). Ensemble furent publiées les ordonnances et advis fais pour mettre pris raisonnable aux denrées et marchandises, et sur les salaires des ouvriers (FAUQ., II, 1421-1430, 28). ...se partit (...) bien fourny d'argent content et de tres grande abundance de marchandises dont le païs d'Angleterre peut les autres servir, comme d'estains, de riz, et foison d'aultres choses (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...[ils] s'arresterent longue espace de temps, tant pour delivrer leurs marchandises que pour en charger de nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 567).

 

2.

Au sing. [Collectif] : N'en la ville n'a drap ne panne, Marchandise n'espisserie, Ne chose qu'on meinne en navie, Avoir de pois, ne saffren d'ort, Que, s'on le vuet mener au port, Qui n'isse hors par ceste porte. (MACH., P. Alex., p.1369, 85). Seigneurs, entendez à mon dit. Li soudans tient mon heritage ; De tous Crestiens prent treuage ; N'est homs qui en son païs voise Qu'il ne vive en peinne et en noise. Toute marchandise est perdue ; A Crestien n'i ha foy tenue. Il a pris les Veniciens Et tous les autres Crestiens Qui estoient en son païs, Dont forment sommes esbahis. (MACH., P. Alex., p.1369, 124). On m'a redit qu'une grant somme De deniers a pris de Moussé Et que par mer s'en va troussé De marchandise. (Mir. march. juif, c.1377, 198). ...une garnison de gens d'armes (...) garderoient la mer a la fin que nuls ne venist d'Engleterre en Anwiers, en Hollandes ne en Zellandes, menans marceandise (FROISS., Chron. D., p.1400, 271). ...hastivement monte a cheval chargé de sa marchandise, et picque en son village [Un curé vient d'acheter des rameaux de buis] (C.N.N., c.1456-1467, 513). LE JUIF. D'iceulx avons beaucoup de biens, Supposé qu'ilz soyent noz contraires Et que nous soyons tributaires. A payer nostre marchandise, Or, argent, en mainte autre guise Grandement nous gaignons a eulx ["lorsqu'ils paient ce que nous leur vendons, en or, en argent, et de nombreuses autres façons, nous gagnons beaucoup sur eux" (Éd., 164). G. Roques, R. Ling. rom. 47, 1983, 358 propose une interprétation différente. Marchandise aurait le sens de "commerce, négoce" : même si nous sommes soumis à un tribut pour payer notre négoce, nous gagnons largement avec eux de l'or et de l'argent de bien d'autres façons.]. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 81). LA FEMME [au juif]. En vostre parler rien n'entent. Bien sçay qu'il n'a denier ne maille Ne marchandise qui le vaille [cent écus]. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 109). Predist aussi les tribullacions qui furent en France, à l'occasion de la debillitacion desdites monnoyes, car les XXX solz n'en valoient que dix de forte monnoye, et le peuple ne povoit païer ses debtes et la merchandise ne valoit riens. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 r°). Et en ces jours il alla voir les douannes, tant de marchandise que es autres douannes ou l'en faisoit les galees et galiennes, nefz et navires, et ou on forgoit choses appartenantes aus dictes navires. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

-

"Butin, acquis" : SATHAN. (...) Venez, dyables, m'aÿder A mon entreprinse Pour remedier. En telle maniere mise, Nostre marchandise [les âmes convoitées du juif et du chrétien] Se pourra bien perdre. Saillez, venez en ceste place, Que le feu d'Enfer vous puist ardre ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 107).

 

-

Marchandise de regratterie. "Objets d'occasion" : ...ilz se acointerent li uns de l'autre en la ville de Saint-Quentin en Vermendois, fiancerent l'un l'autre, et depuis tousjours ont continuelment esté ensamble, usé de fait et marchandise de regraterie et acheté menus mesnages, robes, chapperons et autres linges (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 159).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Au port de Bonne Destinee Descharger tost, sans demoree, La marchandise d'Esperance (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 482).

D. -

P. méton. "Compagnie des marchands" : Donné souz le seel de la marchandise [la prévôté des marchands de Paris] (Doc.1359. In : Brunel-Tardy, Paris, l'Église et le roi, 2016, 285). ...par vertu de certain arrest et executoire d'icellui donné au prouffit de Pierre Marquier contre les prevost et procureur de la marchandise de Paris. (BAYE, I, 1400-1410, 130). ...les aians cause de Robert Louvet (...) lors clerc de la marchandise de Paris (FAUQ., III, 1431-1435, 61). Sur Phelippe Bruyant, estuier, demourant à la Ville d'Avray, qui fut hancé de la marchandise le 9e jour de juillet 1467, lequel a esté envoyé gaiger et adjourner par Jehan le Maire, sergent de ceans, pour estre payé de ladicte hance, lequel vint devers Mes Seigneurs qui leur dist que oncques ne fut hancé (Comptes Paris M., t.2, 1470-1471, 276).

 

-

Marchandise (de l'eau). "Corps des marchands qui utilisent la Seine (à Paris)" : De Richart Harent, pour une amende tauxée à 60 s., dont Tuchon, sergent de la marchandise de l'eaue de la ville de Paris, a eu le quint (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 24).

 

-

Marchandise des harengs et poissons : La Court, à la relation de certains commissaires ordenez sur le fait de la Marchandise des harens et poissons de mer à Paris, a permis et octroyé que la somme de IIIJxx X escus d'or, IIJ nobles, IJ demy nobles, IJ mantelez, V frans, un mouton, un pietre et une maille d'or, d'une part, et la somme de VIJc XLVIJ escus d'or, IIJ nobles et un blanc de VIIJ deniers parisis, d'autre part, lesquelles sommes appartenoient à ladicte Marchandise et estoient en garde en l'ostel de maistre Jehan Bailli, procureur en Parlement et d'icelle Marchandise, soient baillées par ledit Bailli aux executeurs du testament de feu messire Phelippe de Molins (BAYE, II, 1411-1417, 205).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 15/22 
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     MARCHANDISEMENT     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHANDISEMENT, adv.
[AND : marchandisement ; *FEW VI-2, 10a-b : mercatus]

"À la manière d'un commerçant" : Mercabiliter (...) : marchandisement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 299).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 16/22 
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     MARCHANDISER     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHANDISER, verbe
[AND : marchandiser ; *FEW VI-2, 12a : mercatus]

"Commercer"

Rem. Cf.  ; AND : marchandiser.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 17/22 
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     MARCHÉ1     
FEW VI-2 mercatus
MARCHÉ, subst. masc.
[T-L : marchié ; GDC : marchié ; AND : marché1 ; FEW VI-2, 1b, 2b, 4a, 5a : mercatus ; TLF : XI, 373a : marché]

I. -

[Lieu d'échanges marchands]

A. -

"Lieu public réservé certains jours aux marchands qui exposent et vendent leurs marchandises" : ...la foraine gent leurs bestes, Quant il sont venuz au marchié, Sitost qu'il les ont decharchié, Y mettent, sire. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210). Il n'atendi nullui ; ains s'en vint ou marchiet de Valenciènes, et fist sonner les cloches ou berfroi à volée. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 195). ...ton serf seray de ma teste Et me pourras conme une beste Vendre au marchié. (Mir. march. juif, c.1377, 191). J'ay oy dire en plain marchié Qu'est revenuz en son hostel Celui a qui de mon chatel Prestay, il a deux ans, grant somme. (Mir. march. juif, c.1377, 212). ...en un jour de vendredi ou samedi, que le marchié estoit en la ville de la Saussoye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 284). Appoincté que les buefs seront prisiez et estimez par gens expers et congnoissans, et seront bailliez et delivrez ausdis marchans à bonne caucion bourgeoise, et seront vendus par vendeurs jurez ou marchié de Paris et non ailleurs. (FAUQ., II, 1421-1430, 54). ...il perceut que les prestres faisoient provision de palmes et aultres verdures, et veoit que au marché on les vendoit pour servir a la procession pour lendemain. (C.N.N., c.1456-1467, 513). ...[il] s'en alloit sur le marché, pour trouver encores ung ou deux bons compaignons et les amener disner avecques luy (C.N.N., c.1456-1467, 528). Gens d'eglise, desdaignans leur preface, Hantent foires, assemblées et marchés Et la guerre suyvent de place en place Sans regime mettre en leurs eveschez. (Cene dieux, c.1492, 110). La tierce [emprise] fut à Lardicie où estoient plus de IIIc mille hommes armés et touteffois l'on avoit un mouton pour un denier et ung beuf pour XII deniers en plain merché, tant estoit laide chascun d'iceulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 r°). L'ostel de ville est bel et sumptüeux Sur le marché gay en toute saison, Puis le chasteau fort et impetüeux, Ou le roy mist Gavache en garnison. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 227).

 

-

En plein marché. "En pleine affluence du marché" : ...[il] print son chemin en venant tout droit en la ville de Chartres, et illec vendi ledit cheval en plain marchié, n'est record à qui (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 41). En laquele ville d'Estampes il, jeudi derrenierement passé, environ heure de prime, acheta en plain marchié, en ladite ville, le blanchet et chemises dont il a esté trouvé saisi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 275).

 

-

[Comme lieu d'autres manifestations de la vie sociale, politique] : Là fu il amenés au marchiet des halles, et là devant lui tout premiers furent decollé chil qui en sa compaignie estoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 81). Après ce noble et haut disner fait, grant fuisson de signeurs et de chevaliers furent armet et aparilliet pour le joute, et joustèrent sus le marchiet. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 195). Pool le Haestigghe, foullon, convaincu de hérésie pardevant les inquisiteurs commis de le sainte Eglise et par eaulx rendu oultre au seigneur et jugés, fu ars sour le marquiet d'Yppre. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1377, 790). Touteffois ledit de Dombourc se rendit à la voulenté du prince, et fut son procès faict, et finablement il eut la teste tranchée sur le marché dudit Middelbourg (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 80). Et nonobstant ladicte appellation, incontinent qu'ilz les eurent condamnéz, ne leur donnèrent que troys heures de temps pour se confesser et penser à leurs affaires, et, le terme passé, les menèrent en leur marché, et là furent mys sur ung escharfault. (COMM., II, 1489-1491, 202).

 

-

[La place du marché peut comporter un/des emplacement(s) couvert(s) et fermé(s) (halle), le marché peut être un ensemble de halles] : Li contes de Fois et li captaus et leurs routes, qui estoient tout armet, se rengièrent sus le marchiet et vinrent à le porte dou marchié et le fisent ouvrir toute arrière. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 105). Lors se departi messires Jehans de Viane des barrieres et vint sus le marchié et fist sonner la cloce pour assambler toutes manieres de gens en la halle. (FROISS., Chron. D., p.1400, 842).

 

.

Marché des halles : Là fu il amenés au marchiet des halles, et là devant lui tout premiers furent decollé chil qui en sa compaignie estoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 81).

 

-

[Dans une compar.]

 

.

[L'âme qui s'ouvre aux sirènes du monde est comparée à un marché] : Mais se le monde heurte par pompes et vanitez, tantost noz li ouvrons et f[ais]ons de nostre ame comme une hale ou un marchié. (GERS., Pent., p.1389, 81).

 

.

[À propos d'une réunion houleuse] Comme un marché de hire-hare. "(Comme) un marché plein de cris et de vacarme" : La conclusion de la serie du vendredy Pour ceste derraine glose sourdy grande tumulte entre les femmes illec assembleez, tant de rire comme de parler toutes ensemble, et ne sembloit autre chose fors que ce fust un marchié de hire hare sans ordre et sans voloir entendre l'une l'autre, ne atendre la fin de leurs raisons. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111).

 

-

[Marchés spécialisés]

 

.

Marché aux bestes : Et, ces choses ainsi faites, il qui parle ala ou marchié au Bestes, oultre la porte Saint-Honnoré, ainsy comme il avoit acoustumé d'aler, ouquel lieu il vit et apperceut icelli Bechopois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 563).

 

.

Marché au blé : [Le voleur se retira]... en l'ostel d'un cordouennier demourant au-dessus de la grant porte des hales de Paris, par où l'en va au marchié au Blé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 12).

 

.

Marché aux brebis : En après, ledit cardinal Balue et commissaires devant nommez procederent à faire les monstres des bannieres desdiz mestiers pardevant iceulx commissaires en plusieurs et divers lieux de ladicte ville, tant dessus les murs d'icelle d'entre les portes du Temple et Saint-Martin, en la cousture du Temple, sur les murs d'entre la tour de Bois et la porte Saint-Honoré, devant le Louvre, au Marché aux Brebis, et sur les murs jusques à ladicte porte Saint-Honoré. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 194).

 

-

Marché des chevaux : ...ung nommé Guillaume Boichot, dit de Pollans, soubz umbre de certaine admodiation qu'il dit à lui estre faite par les gens et officiers dudit seigneur de Saint Georges de la vente du marchié des chevaulx, qui se vendent audit Seurre chacun mardy et autres jours, si a voulu maintenir tous acheteurs et vendeurs de chevaulx mesmement de trait audict lieu de Seurre, à iceulx mettre en trait ou en limon, estre tenu de essaier en ses charrettes et à ses bourreaulx et harnois seulement, comme en tel cas est acoustumé faire, pour veoir et savoir s'ilz sont bons de trait ou non, et pour ce avoir droit de lever et percevoir par chacun cheval, ainsi essaié et esprouvé, certaine somme d'argent (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1435-1436, 248).

 

.

Marché aux porees. "Marché aux légumes" : ...l'ostel (...) ou pend l'enseigne du Lyon Rouge, assis autour des halles ou marchié aux porées (Paris domin. angl. L., 1420-1435, 253).

 

.

[Utilisé comme lieu de supplice] Marché aux pourceaux : ...et oultre, que elles feussent menés ou marché aus pourceaux, hors de la ville de Paris, et illec, pour leurs demerites et cas dessus diz, par elles cogneues et confessés, arses (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 360). Le mardi ensuivant, IIIJe jour dudit mois d'ottobre, l'an dessus dit, fu ledit Jehan Jouye, prisonnier, mené ou marchié aus Pourciaux à son derrenier tourment (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 492). ...et ancores les mors l'en menoit tout nuz à charretées, sans braies ne sans autre couverture, ou Marchié aux pourceaulx lez la porte Saint Honoré, et à peinne metoit l'en un po de terre sur eulx. (BAYE, II, 1411-1417, 85). ...ou marchié aux pourceaulx lez la porte S. Honoré (Ch. VI, D., t.1, 1412, 355).

 

.

Marché au fillé. "Lieu où l'on vend du fil (ou halle de la lingerie)" : Item, pour ce que scet sa Bille Madamoiselle de Bruyeres, Donne prescher hors l'Euvangille A elle et a ses bachelieres, Pour retraire ces villotieres Qui ont le bec si affilé, Mais que ce soit hors cymetieres, Trop bien au Merchié au fillé. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 119).

 

.

Marché au poisson : Et toutesfois marcha le duc sur le marchiet au poisson et jusques au devant de l'ostel de la ville, car les sieurs de la ville estoient bons pour luy. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 173).

 

.

P. plaisant. Marché aux horions. "Bataille" : Les .L. paysans, jones gens qui gardoyent la porte du chasteau et jamais n'avoyent esté au marchiét aux horions, furent tellement espoantéz qu'il habandonnèrent leur garde (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 184). LE FOL [qui assiste à un combat]. Qu'esse là ? Benedicite ! C'est ung marché aux horions. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier C., 1482, 242).

 

-

[Assimilé au lat. forum "place publique, marché", avec une étymol. fantaisiste] : Cestui Phoroneus establit premier juges et auditeurs et n'y avoit lors nulz merchés, mais chacun y venoit pour aver justice et là comancerent à vendre et achappter l'un de l'autre choses neccesseres et pour ce les nomma de son nom "Phoro". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°).

 

-

[Dans un cont. fig.] "Lieu ouvert (ici à tous les vices)" : Mais se le monde heurte par pompes et vanitez, tantost noz li ouvrons et f[ais]ons de nostre ame comme une hale ou un marchié. Se la chier hurte par mauvaise charnalité, tentost nous li ouvrons et en faisons comme ung ort logis de pourciaux. (GERS., Pent., p.1389, 81).

 

-

Aller/s'en aller au/sur le marché : Et aussi moins est femme en serre Et moins est du mari guettée, Et tant sera meilleur trouvée Que celle a laquele on deffent D'aler au marché ou l'en vent Ce qu'il fault de neccessité Pour le bien, pour l'utilité Du gouvernement de maison. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 289). Et orent pourveu cotes et abis de fenmes, lesquelles il prissent en .I. village sus lor cemin, et grans cretins plas, la ou ces fenmes qui vont au marchiet mettent bures, oefs et fronmages. (FROISS., Chron. D., p.1400, 303). Et combien qu'elle supposast que, pource qu'il estoit accompaigné du dit voisin, il s'en allast sur le bancq, toutesfoiz si n'en avoit il nulle volunté, mais s'en alloit sur le marché, pour trouver encores ung ou deux bons compaignons et les amener disner avecques luy au commencement qu'il avoit davantage, c'est assavoir ce poussin et la piece de mouton. (C.N.N., c.1456-1467, 528).

B. -

P. méton.

 

1.

"Rassemblement de marchands et de clients, dans le lieu public qui y est réservé, foire" : ...comme nostre amé et feal le prieur de Coustures d'Argençon, du diocese de Poitou, sire de la dite ville, nous eust supplié que de grace especial nous li vousissions octroier un marchié, chascune semaine, en la dite ville de Coustures, au jour du merquedi (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 112). Foires ordonna et marchiez, Ou l'en peust acheter et vendre, Et toutes denrees y prendre, Et, de son nom, les clama foires Et, en latin, dist on encores Forum, c'est a dire marchié. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 278). Lendemain, Xe jour d'aoust, jour de saint Lorens, cessa le marchié et foire, acoustumés chascun an ledit jour estre tenus ou forsbourc de Saint-Lorens leiz Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 312).

 

-

Jour de marché : Bien trouvoient sus le chemin du matin hommes et femmes qui aloient à la ville, car en ce jour il estoit jour de marchiet (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 193). ...il a esté par eulx condempné à estre mis ou pilory à Paris, par deux sabmedis, et à Fontenay le Conte une fois à un jour de marchié (Doc. Poitou G., t.6, 1401, 400). ...tous furent d'oppinion que je devoye faire crier et publier, le samedi ensuivant, qui seroit jour de marché en ceste ville de Bourges, à son de trompe et par les carrefours que lesdiz biens estoient exposez et mis en vente, et que à huitaine ensuivant seroient délivrez aux plus offrans et derreniers enchérisseurs. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 125).

 

-

Tenir marché : Et avoit en ceste noeve ville dou roy toutes coses necessaires apertenans à une host et plus encores, et place ordonnée pour tenir marchiet le merkedi et le samedi. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 2).

 

2.

"Cité commerçante, ville marchande" : Mal en advint a ceuls de Meaulx, De Paris, de Silly et ciaulx Qui vouldrent prandre la duchesse De Normandie en la fortresse Du marché de Meaulx, et faillirent: Foie et Hangest dehors saillirent, Et bien .XXV. homme armé Contre .VIm., qui larmé En ont puis, car ilz furent prins, Les pluseurs mors et desconfis (DESCH., M.M., c.1385-1403, 374). Ce jour, le duc de Bourgongne, le chancelier de France, les evesques de Therouenne, de Beauvais et autres pluiseurs partirent de Paris pour aler devers le roy d'Angleterre, estant en siege devant la cité et marchié de Meaulz. (FAUQ., II, 1421-1430, 36). ...pour remercier Dieu du traictié de la redicion et delivrance du Marchié de Meaux au Roy nostre Sire (FAUQ., II, 1421-1430, 44). Ce jour, furent amenez prisonniers ou chastel du Louvre à Paris pluiseurs des gens d'armes qui avoient esté en la garnison de la Cité et Marchié de Meaulx (FAUQ., II, 1421-1430, 45).

II. -

"Convention, accord entre deux parties (accord commercial et, p. ext., accord quelconque)"

A. -

"Accord marchand, transaction commerciale"

 

1.

"Accord établi entre un vendeur et un acheteur pour la vente et l'achat de qqc." : ...se aucuns avoirs est vendus en le halle, prendre doivent li couletier qui aront le markiet fait, de le moustre a l'accort dou vendeur et de l'accateur, et mettre d'unne part en le halle pour savoir se li remanans s'ensuit. (Drap. Valenc. E., 1344, 269). Car se le vendëeur donne sa chose a l'achetëeur pour certain pris volontairement et aprés il se repute deceü, les loys ne contraignent pas l'achetëeur a plus poier ou a retracter le marchié se il n'y avoit erreur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454). Or avient que le vendeur et acheteur sont à accord que le marchié se deffait et reprend le vendeur son fief ; assavoir se le seigneur de qui est le fief tenuz y aura point de quint denier ? (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 222). Puis vint a François de Nentes, brodeur du roy, et lui monstra la boursse pour broder, ainsin que Madame avoit devisé, dont le marchié fut a deux escus. (LA SALE, J.S., 1456, 52). "...j'aray mes XII rasieres de blé aux termes dessusdictz. Veez la nostre marchié, n'est pas ? - Oy, vrayement, dit sa femme..." (C.N.N., c.1456-1467, 291).

 

-

Cours du marché/prix du marché "Cours journalier (des marchandises)" : Et sanz penser ne hault ne bas Ainsi comme on bat le cabas A ceuls qui ne scevent le pris Du marchié, tant qu'ilz ont apris (DESCH., M.M., c.1385-1403, 115). ...et s'il est deliberé de iceulx blez ou farines vendre, il mettra le tesmoing ou marchié, et iceulx affeurera et mectra à pris selon le cours dudit marchié pour la journée. (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 259).

 

-

"Vente ou achat réalisé par un marchand" : Mains biaux marchiez sont puis passez Parmy voz mains. (Mir. march. juif, c.1377, 204).

 

-

[Construction abs.] Marché nul. "En considérant la transaction, l'accord comme annulé" : J'ay trop pechié en le vous vendre [le basme] ; Et marchié nul, me vueilliez rendre La lettre que fait vous en ay, Et je tout ce vous en donray Qu'avoir vouldrez. (Mir. pape, 1346, 388). Marché nul autrement Avecques vous, Beauté, Se de vous Loyaulté N'a le gouvernement ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 330).

 

-

Par marché ferme. "Par un accord définitif" : ...sembleroit expedient, baillier et delivrer par marchié ferme à marchans solvables, chascun arpent pour le pris et somme de huyt livres tournois (FAUQ., I, 1417-1420, 204).

 

-

Le marché est fait à telle somme. "L'affaire est conclue à tant" : A deux gros est fait le marchié. C'est la coustume de ceans. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 39).

 

-

Faire marché. "Conclure une transaction, vendre" : LE FRIPPIER. (...) Vendu n'ay pour denyer ne maille, J'ay robe de façon commune. Sa, sa, marchans, que l'on m'assaille ! Marché feray vaille que vaille, Car il me fault argent pour boire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 550).

 

.

Faire marché de qqc. "Procéder à une transaction à propos de qqc." : ...ains est pour la croce Et la mittre de l'eveschié, Dont l'en fera huy tel marchié C'on les donrra a ce preudomme, (...) L'arcediacre. (Mir. ev. arced., c.1341, 127).

 

.

Faire marché que. "Conclure un accord stipulant que" : Et quant eust son pourpoint payé, lors s'en va a Jehan de Busse, qui de chausses servoit le roy, et fist marchié que deux paires de chausses lui cousteroient, l'une parmi l'autre, deux escus (LA SALE, J.S., 1456, 52).

 

-

Desrompre le marché. "Annuler l'accord" : "Ha ! gentilz sires, pour Dieu merci, il est bien voirs ce que vous dittes. Mès encore se poet bien li marchiés tous desrompre, car je n'en receu onques denier." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 72).

 

-

Retracter le marché. "Annuler l'accord" : Car se le vendëeur donne sa chose a l'achetëeur pour certain pris volontairement et aprés il se repute deceü, les loys ne contraignent pas l'achetëeur a plus poier ou a retracter le marchié se il n'y avoit erreur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454).

 

.

Tenir un marché. "Respecter un accord" : Li dus n'en volt de riens aler au contraire, mès en rescrisi au connestable que ou nom de Dieu il le acceptast ou cas que cil de Derval, pour tenir ce marchiet, liveroient bons plèges. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 135).

 

-

Prov. De tel marché, telle vente. "À telle cause, telle conséquence ; on a ce qu'on mérite" : Et Regnart demoura a terre Qui ne scet mais ou santé querre. Humblement et mat se gramente, Et dit : "De tel marchié, tel vente ; Toudis ay mal fait et mal fais. Je en dois bien porter le fais..." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 88).

 

.

C'est un mauvais marché quand personne n'est satisfait : Paiens les laisserent, car plus de .III. mil Turs Perdirent la journee, s'en estoyent esperdus ; Romains pareillement perdirent de leurs druz. Ce fu maulvais marchié quant ne s'en loe nulz. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 277).

 

2.

Bon/grand/mauvais marché

 

a)

Subst. Bon/meilleur marché. "Transaction (plus) avantageuse" : ...et qui meilleur marché en pourra avoir, si le preigne. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 12). LE PREMIER NAVETIER. Je ne desire que gaignier ; C'est mon fait : je suis voiturier. Me donrez vous IIc deniers, Et je prandray celle avanture, Combien qu'elle me soit bien dure ? Se donner vous les me voullés, En ma nefz les appourterez [les corps des martyrs] ; Sy non, vuillez querir ailleurs Meilleur merchier avantureux (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 163). LE IIIe CRESTIEN. (...) Abrigés vous, et sans demeure Alons monter sur la naville. Elle est preste et est ja en l'isle Ou nous devons prandre a nater. J'ay ja du passaige accorder : Cent solz en avra le pastron. NATHALIE. C'est bon merchier ; or tost alons, Car demourer je ne vueil plus. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 177).

 

-

Bon/grant marché de qqc. "Prix avantageux de qqc. (pour l'acheteur)" : L'ABBÉ. Bien veigniez, frére Theodore. (...) Avons nous d'uille bon marchié ? (Mir. Theod., 1357, 101). Et en ce temps (...) avoit si grant marché de choulx à Paris que (...) on en avoit assès pour IIII ou pour VI personnes pour ung noiret qui ne valloit que une poitevine ou environ (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 192).

 

.

Prov. De paroles est grand marché. "Les paroles ne coûtent pas cher ; un engagement verbal est vite pris et on n'en mesure pas toujours les conséquences" : Et se en jugement l'acteur donne premierement sa demande, ce n'est que de parole ou par ung peu d'escript. Et si disons entre nous Provenceaulx que de paroles est grant marchié. Mais advisons au fait, car ung libelle n'est pas si perilleux s'il va au premier comme seroit d'ung coup de hache ou de pointe de lance. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 233).

 

-

Faire beau marché. "Tirer un bon prix (d'une marchandise que l'on vend), faire une transaction avantageuse" : ...jamais jour je ne feray Si biau marchié. (Mir. pape, 1346, 391). Plusieurs pais ay puis marchié Et fait aussi maint biau marchié Ou j'ay gangné, loé soit Diex ! (Mir. march. juif, c.1377, 205). J'ay cy de toele a foison Pour vendre ; si venoit marchant, Bon marché farey, c'est raison, Pour ce que j'ay besoign d'argent. (Pass. Auv., 1477, 237).

 

b)

Loc. adv.

 

-

Bon marché. "À bas prix, à prix avantageux" : Et Coveitise est ausi bien oue le vendour come le chateour, car l'un ad coveitise de vendre chier, et l'autre ausi grande coveitise de achater bon marchee. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 118-119). Et si a bon marchie de tous viures. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 345). L'OSTELLIER. (...) Or ça, combien en paieray ? (...) LE TABELLION. Je n'en puis mains d'un franc avoir : C'est bon marchié. (Mir. roy Thierry, c.1374, 323). ...ledit lieu de Basle est bien convenable pour tenir ledit concil, et y a bon aer et sain, habondance de vivres et bon marchié, beaux et bons logis et souffisans (FAUQ., III, 1431-1435, 35). Trestout a vostre volenté. Payés vous, et moult grant merchy. Nous avons esté bien servi, Et bon marchié, selon le lieu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 50).

 

-

À bon/au meilleur marché. "À bon prix, au meilleur prix ; à des conditions avantageuses" : ...les vivres sont communement à meilleur marchié es autres lieux de Monseigneur que à Évreux (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 270). Et quant est du drap trouvé en sa possession, dit que verité est que oujourd'uy matin qu'il se fu parti et alé de la ville de Paris, pour aler au Lendit veoir s'il pourroit recouvrer aucun petit drap à bon marchié pour soy vestir (...) encontra d'aventure, sur la chaucée, un compaignon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 111). Et estoient (...) bien pourveu et avitailliet de tous vivres et a bon marchiet, car il lor venoient de Flandres, de Hainnau et de Braibant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 419). ...pria et requist iceluy suppliant, qu'il voulsist trouver et traicter moien pour luy d'auoir et acquerir dudit Pelet sesdiz dommaines et heritages au meilleur marché qu'il se pourroit avoir (Doc. Poitou G., t.12, 1478, 229). Aucun païs y a où ne croist point de vins, comme en une partie de Normandie, de Picardie, de Bretaigne, de Flandres, mais assez en croist ès païs voisins, par quoy ils en ont assés et à bon marché. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 31).

 

-

(À) grand marché. "À bas prix, à des conditions avantageuses" : Il n'est homs vivans qui poroit croire ne penser le grant avoir qui là fu gaagniés et robés, et le grant fuison de bons draps qu'il y trouvèrent. Il en euissent donnet grant marciet, s'il les seuissent à qui vendre. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 140). ...les milleurs cervoisses dou monde, et les plus nourissans chars et pissons et toutes volilles a grant marchiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 123). SAUDRET. ...les gens Ne donnent plus chose qui vaille. CECUS. Si font aumoins de la mengealle, Qui assez est a grant marchié, Et n'est que par ta mauvaistié Se nous n'avons bien a mengier. (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 766). Et ne passa gaires avant Que vous eustes maistre et servant : Ce maistre en la croix se rendit, Le faulx disciple ce pendit ; Si vous fut vostre argent rendu. Et, pour ce, tout bien entendu, Se par vostre enorme peché Eustes la mort a grant marché, Sa vie vous sera vendue De tant plus cher a la value, Puis que vous la voulez estaindre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 899).

 

-

Faite meilleur marché. "Vendre à meilleur prix" : Et après ce que le dit exposant gracieusement lui eust respondu que le dit exposant estoit mieulx acoursez, c'est assavoir mieulx achalandez que n'estoit le dit Croissons, et que les gens plus volentiers aloient acheter ses potz, pour ce que ycellui exposant, en faisoit meilleur marchié (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 214).

 

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[Dans un contexte métaph.] : Pourquoy m'as tu vendu, Jennesse, A grant marchié, comme pour rien, Es mains de ma Dame Viellesse Qui ne me fait gueres de bien ? (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 183).

 

-

Au fig.

 

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À bon marché. "Sans dépenser beaucoup d'efforts, facilement" : On en peut avoir par milliers, A bon marchié, grant habondance. Je ne prise point telz baisiers Qui sont donnez par contenance. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 226). Amoureux ont parolles paintes Et langage frois et joly ; Plaisance dont ilz sont accointes Parle pour eulx ; en ce party J'ay esté, or n'est plus ainsi ; Alors de beau parler trouvoye A bon marchié tant que vouloye ; Si ay despendu mon savoir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 119).

 

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Avoir bon marché. "S'en tirer à bon compte" : ...je n'ay fait chose de messire Olivier de Clichon, dont j'en m'en repente, fors tant qu'il a eu si bon marchié que il s'en est partis en vie ; et ce que je luy sauvay sa vie, ce fut pour l'onneur de son office, non mie pour sa personne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 16).

 

.

Avoir bon marché de qqc. "Venir facilement à bout d'une situation, remporter facilement la victoire" : Sire soudant, se vous aviez veu le roy Uriien et le roy Guion, et leur fiere contenance, et le maintieng de leurs gens, et la grant, horrible et resoingneuse fierté de cellui au grant dent, son frere, il ne vous tendroit ja cure de les envahir comme vous dictes. Et sachiez bien, ains que la besoingne soit departie, vous n'en aurez pas si bon marchié comme vous en faictes maintenant. Et si ay tousjours ouy dire que tel menace a la foiz qui a grant paour et qui puis est batus. (ARRAS, c.1392-1393, 226). Voelt il dont faire sa gerre a par lui ? Jamais n'en avera si bon marchié que il euist eu avoecques vous (FROISS., Chron. D., p.1400, 627).

 

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Avoir beau/bon/grand marché de qqn. "Faire bon marché de qqn, le vaincre facilement" : Atant se part Gieffroy et vint sur une petite montaigne, entre le point du jour et soleil levant, et voit l'ost tout quoy, et n'y oït on rien, ne que s'il n'y eust nullui. Lors fut moult doulent quant il ne scot plus tost leur couvine, car, se ses freres et leurs gens feussent la, ilz eussent eu grant marchié de Sarrasins. Mais il jure Dieu, puis qu'il est si près d'eulx, qu'il leur fera sentir sa venue. (ARRAS, c.1392-1393, 228). "Monseigneur, dit le viel cappitaine de Crathor, ilz sont fortifiez en leur champ. Je ne conseille pas que les y assalliez. Entrez dedans la ville ; et passerez dela la rivière et logerez, vous et vostre puissance, en ung gros bourg, qui s'appelle le Bourg-Neuf, et sont les faubourgs de la ville. Vous serez entr'eux et leur païz ; ilz n'auront jamaiz nulz vivres ; et fauldra en despit d'eulx qu'ilz se lièvent et qu'ilz desemparent leur fortification. Et, au despartir, vous en aurez beau marché." (BUEIL, I, 1461-1466, 192). ...o la grace de Dieu j'ay esperance que vous en aurez bon marché ; car noz asles combatront bien les leurs et les garderont bien, se Dieu plaist, qu'ilz ne nous donneront point d'empeschement sur les costez. (BUEIL, II, 1461-1466, 200). Or s'en venoient les Angloys fierement et impetueusement, par grands trouppes, ignorans et non sçachans que les gens de nostre ost fusent advertis de leur venue ; et pensoient bien en avoir grand marché et ne trouver pas en eux grande deffense ne resistance (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 89). Et par ainsi penserent les Cathelans qu'ils auroyent beau marchié desdits Françoys, qui n'estoient que une poignée au regard d'eulx (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.2, 1477-1478, 165). Et si avoit les ennemys logéz devant luy en beau champ, au moins à demye lieue près, qui en eussent eu bon marché, s'ilz eussent assailly, et puys de nous après. (COMM., III, 1495-1498, 161).

 

.

Avoir/faire grand marché de qqc. "Accorder peu de prix à qqc., faire peu de cas de qqc." : [Réaction de la dame à qui Brun de la Montagne a fait dire qu'il attendait d'elle une réponse favorable à sa demade amoureuse] "Il a son temps gasté, Car il n'a c'un petit encore ci esté, Et si veut ja avoir une amie aquesté. Grant marchiet a d'amour ou il a conversé, Qui veult ja estre amés si tost qu'il a pensé !" (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 132). Or ont vers eulx nostre chatel, et maintenant ilz crient contre nous et nous blasment que nous ne combatons a toutes heures, comme ceulx qui peu doubtent mectre en aventure, sans raison et ordre, la noblesce et le royaume, et qui feroient assez grant marchié du sang des nobles hommes dont, s'ilz estoient perduz, le royaume ploureroit la mort puis aprés. (CHART., Q. inv., 1422, 34). Mes bonnes compaignes et voisines, il n'est aucune de vous qui ne sace que je pris mon mari Josselin plus pour sa beauté que pour sa richesse, car povre compaignon estoit, et vela je ne le vey ne hier ne au jour d'huy, dont j'ay grant doleur au cuer. Et certes il a grant marchié des biens que mes maris, ses predecesseurs, ont par cy devant a grande paine et doleur assemblez : je croy que ce sera ma mort. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 82). ...et n'y avoit homme ausdit assault qui de plus près combatit, qui plus s'y avanturast ny qui y fit plus grand marchié de sa peau qu'il faisoit (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 11).

 

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Eschapper à qqc. à bon marché. "S'en tirer à bon compte" : Et veul bien que vous entendés que, se je eusse esté avec le roy lors que commençastes le Mal publique que vous dittes le Bien publicque, vous n'en fussiés pas eschappé à si bon marché que vous avés fait, et mesmement à la rencontre de Montleheri par vous indeument entreprinse. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 261).

 

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Prendre un mauvais marché. "Faire un mauvais calcul" : Je te respons pour mes amys Que mieulx aymons souffrir la mort Avec nostre bon maistre a tort, Et que ce soit presentement, Que de vivre injustement Longuement après son trespas. Telle chose ne voulons pas, Car celuy qui commet peché En espoir d'avoir longue vie, Il prant ung trop maulvais marché, Et pourtant ne le feron mye. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 263).

B. -

P. ext. "Accord, contrat, transaction (comportant ou non un aspect pécuniaire)"

 

1.

"Contrat, accord établi entre deux parties pour l'exécution d'un travail, d'une tâche" : Marché avec le fevre de Livillier pour ferrer nos chevaux, querir fer à charue, renouer fentes de roues à charues, faire toutes choses de son mestier pour 32 s. p. par an. (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1345, 178). ...après ce que par la Court (...) fust avisié que les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient vielx, derompus, et moult malhonestes (...) et pour ce eust esté fait marchié à Guillaume Cyrace (...) bourgoiz et hucher à Paris, pour le priz de IJc escus qu'il en doit avoir, parmi ce qu'il rendra tout prest et assiz à ses despens hors ferreures dedans la Toussaint prouchain venant (BAYE, I, 1400-1410, 155). ...a Maistre Alexandre de Berneval et maistre Jacques de Soteville, maistres des oeuvres de maçonnerie et carpenterie, pour leurs paines et travaulx d'avoir fait les criées, les marchiés dessusd., visité, solicité et tesé lesd. planchiers et hachis, paié pour ce commandement de Monseigneur de Meaulx (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 169).

 

-

Faire marché avec qqn : ...bien avoit eu la charge, de par le dit Cuer, de faire les marchiés avec les maçons, charpentiers et autres ouvriers et se prandre garde de leur ouvrage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 166). ...l'édiffice de la quelle loge fu lors devisé et fut fait marchié de la maçonnerie, par ledit Cuer avec il qui parle et maistre André Bonicy, maistre maçon, présens maistre Estienne Petit, Jehan Nicolas et autres, lequel deviz et marchié fut rédigé et mis par escript et signé (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 219). ...despence, à cause de Barthomieu Le Lombart, fustier de ladite cité de Marceille, à cause d'enfuster le bas et le hault soullier dudit retrait, marché fait avecques luy à dix gros (Comptes roi René A., t.1, 1457, 57).

 

.

Marché d'ouvrages. "Convention qui se fait pour l'exécution de constructions" : ...voulons que tous marchiéz d'ouvrages, qui se feront d'ores en avant pour nostre dite ville, soit de machonnerie, carpenterie ou autres, se fassent à cry et à rabatz (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 110).

 

-

"Pacte, arrangement par lequel une personne se met au service d'une autre pour exécuter une action malhonnête, moyennant rétribution" : ...les compaingnons qui batirent ledit Guiart, devoient avoir dudit monseigneur Jehan, par marchié faisant, IIII ou VI fleurins (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1332, 66).

 

2.

"Contrat fait entre deux parties pour la jouissance d'un bien" : ...ceste presente année la cense dudit lieu, qui est rebailliée a ferme par nouvel marchié pour nuef ans (Trés. Reth. L., t.3, 1476, 540).

 

3.

"Transaction, accord en vue d'un mariage" : Il qui estoit riches sans nombre de V. ou VI. millions de flourins, et qui desiroit l'avancement de sa fille, car pour ce temps il ne le povoit plus hault marier que au conte de Guerles, s'avisa que il retenroit che marchiet (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). ...le vaillant et bon preudomme En deniers m'a baillié la somme De vint livres (...) Dont ma fille marieray. Le marchié confermer yray Sanz plus detrier maintenant (Mir. march. juif, c.1377, 185). Et nous cuidions, se vous eussiez eu voulenté de femme prendre, que nous feussions le premier a qui vous en eussiez prins conseil. Monseigneur, dist Remondin, ne vous en vueille desplaire, car amours a tant de puissance que il fait faire les choses ainsi qu'il lui plaist, et je suis si avant alé en ce marchié que je n'en puis reculer ; et, se je povoie, bien pour certain ne le feroye je pas. Lors dist ly contes : Au moins, beau sire, nous dictes qui elle est ne de quelle lignie. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ..."Madame, sachés que j'ay ouy dire que monseigneur vostre pere vous veult marier, et en est ja fait le marchié d'un cousté et d'autre, et ne fault fors seulement que vous soyés d'acort." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 161). ...le marché et traictié luy fut par son pere descouvert [à la demoiselle] et assigné le jour qu'elle [le] devoit espouser (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

-

Marier sa fille à bon marché. "Donner sa fille en mariage sans avoir à donner une dot trop importante" : ...et dit aux ambassadurs du conte qu'il avoit marié sa fille à meilleur marché que de luy donner les cotez de Brie et de Champaigne (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 35).

 

4.

[Domaine politique et militaire]

 

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"Tractation, accord, engagement, traité avec l'ennemi" : Messires Perducas leur dist que il estoient encores fort assés pour iaus tenir et bien pourveu de vivres et d'artillerie, par coi il ne fesissent nul mauvais marchié. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 11). Si valoit trop mieulz que il se rendesissent salves leurs vies et le leur (...) que il feissent pieur marchié. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 247).

 

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Marché de + inf. "Tractations en vue de (ici préparer un traité de paix)" : Pour quoy, comme j'ay dict, quant on vient à telz marchéz que de traicter paix, il se doibt faire par les plus feables serviteurs que les princes ont et gens d'aage moyen (COMM., I, 1489-1491, 66). Et, pour myeulx asseürer le roy de son vouloir, entra en quelque marché de reduyre monsr de Bourgongne en façon qu'il ayderoit à destrousser le roy d'Angleterre et toute sa bende, s'il vouloit. (COMM., II, 1489-1491, 73).

 

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Livrer le marché. "Proposer un accord (ici de reddition)" : [Il s'agit de la reddition de Calais aux Français par un gouverneur corrompu]... droit sus le point dou darrain jour, de quoi a l'endemain li marchiés devoit estre livrés a l'entente des François, li rois d'Engleterre en prope personne vint a Calais (FROISS., Chron. D., p.1400, 864).

 

-

"Alliance politique (où chacun trouve son compte)" : ...se vous alés en Engleterre et relevés la ducee de Bretagne en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et en devenés son honme, par condition telle que contre tout honme, soit roi de France ou aultre, il le vous aidera a desfendre et a tenir. Et ce marchiet il fera trop volentiers, car d'Engleterre, il avera trop belle entree de venir en Bretagne et de Bretagne en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 478).

 

5.

"Accord quelconque"

 

-

Accorder un marché. "Accepter les termes d'un accord" : ...et eulx, qui ne desiroient que sa compaignie, accorderent legierement et de bon cueur ce marché. [L'homme a mis des conditions pour entrer dans leur compagnie] (C.N.N., c.1456-1467, 396).

 

-

Boire du marché. "Boire pour célébrer un accord" : "...N'a pas, mon compaignon ? - Oy, monseigneur, oy, dit il, tout a butin. Et je le veil. Si nous fault boire du marché." (C.N.N., c.1456-1467, 214).

 

-

Faire un marché. "Conclure un accord" : Ja Dieu ne veille que en marché que je face on me trouve trompeur ne mensongier. (C.N.N., c.1456-1467, 291). "Si vous me voulez garir et delivrer de ce mal sans la perte de mon oeil, je vous donneray bon vin", dit le chevalier. Le marché fut fait (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

.

Faire marché que. "Se mettre d'accord sur le fait que" : ...marché fut fait qu'il viendroit coucher avec elle environ la mynuyt tout secretement. (C.N.N., c.1456-1467, 410).

 

-

Marché se porte que. "L'accord se fait sur le point que" : Marché se porta entre eulx deux (...) que le bergier monteroit sur la bergiere pour veoir plus loing (C.N.N., c.1456-1467, 482).

 

-

Comme le marché le porte. "Selon les termes de l'accord" : ...d'une nonnain que ung moyne cuidoit tromper, lequel en sa compaignie amena son compaignon, qui devoit bailler a taster a elle son instrument, comme le marchié le portoit (C.N.N., c.1456-1467, 4).

 

-

"Ce qui est présenté comme un accord, et qui n'est en fait que l'engagement ou la décision d'une personne" : "Or tost, ce dit Bertran, ceste maison voidiez, Mettez en la main Charles, tenir en doit les fiez. Je le vous di pour vrai, tout asseur en soiez : Vous en serez dolaans se vous n'obeissiez. Se par force vous pren et g'i soie logiez, Vous en serez pendus : fais en est li marchiez." (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, 1380-1385, 111).

 

-

Prov. Tel jure de son marché qui puis en laisse. "Tel jure de faire ce qu'il promet qui par la suite doit y renoncer" : Dont pluseurs y ot qui juroient Que le passage essaieroient, Car bien cuidoient estre tel Qu'il feroient tout autretel. S'il y passerent, plus n'en say. Mais tels se porroit a l'essay Mettre, qui s'en repentiroit Et qui jamais n'i passeroit. Car tels jure de son marchié Qui puis en laisse la moitié ; Et tels cuide amer sans mesprendre Ou il a assez a reprendre. (MACH., D. Lyon, 1342, 235). Quant Selodus le scot, si fu moult courrouciez et jura ses dieux que tous seroient ars en pouldre. Mais en pou d'eure Dieux labeure. Et aussi tel jure aucunesfoiz de son marchié qui puis en laisse. (ARRAS, c.1392-1393, 182). ...prestement il [Charles le Chauve] jura que jamais ne fineroit, si auroit il mis jus monsgr Gérad, ou il mourroit en la painne. Mais tel jure de son marchié qui depuis en laisse, aussi fit le roy (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 254).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer / Hiltrud Gerner

 Article 18/22 
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     MARCHËIS     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHËIS, subst. masc.
[*FEW VI-2, 5a : mercatus]

"Place du marché" : ...combien que anciennement les maisons estantes ou marcheiz près nostre ville de Vennes (...) soint édiffiées sanz avoir au davant d'icelles nulz ne aucuns porches... (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1439, 206).

Rem. La Régionalité lexicale, ELiPhi, 2016, 152 (J.-P. Chauveau).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 19/22 
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     MARCHIÈRE     
*FEW VI-2 mercatus
MARCHIERE, subst. fém.
[AND : marchiere ; *FEW VI-2, 5a : mercatus]

"Marché"

Rem. Cf.  ; AND : marchiere.
 

DMF 2020 - DMF/AND 2015 Robert Martin

 Article 20/22 
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     MERCADIL     
*FEW VI-2 mercatus
MERCADIL, subst. masc.
[GD : mercadil ; *FEW VI-2, 13a : mercatus]

"Marché" : ...in loco communi nominato ["dans un lieu public appelé", à Cahors] le Mercadil (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1356, 156).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 21/22 
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     MERCADIN     
FEW VI-2 mercatus
MERCADIN, subst. masc.
[GD : mercadin2 ; FEW VI-2, 13a : mercatus]

"Marché"

REM. Doc. 1480 (comme le suppliant estoit ou mercadin de la ville de Nogaro en Gascoigne) ds GD V, 251a ; même ex. ds DU CANGE V, 348b, s.v. mercadale.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 22/22 
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     REMARCHANDER     
FEW VI-2 mercatus
REMARCHANDER, verbe
[GD : remarchander ; FEW VI-2, 12a-b : mercatus]

"Remettre en question le prix de qqc."

REM. Doc. (Tournai) 1404, 1433, 1450 ds GD VI, 774a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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