C.N.R.S.
 
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     NOIX     
FEW VII 254b nux
NOIX, subst. fém.
[T-L : noiz ; GD : noce1 ; GDC : nois ; DÉCT : noiz ; FEW VII, 254b : nux ; TLF : XII, 186b : noix]

A. -

Au propre

 

1.

"Fruit du noyer, noix" : Pére, se prune ne beloce, Poires, pommes, frèses ne nois Truis en alant aval ce boys, J'en mengeray. (Mir. roy Thierry, c.1374, 308). ...samedi derrenierement passé, ainsy comme heure de XIJ heures ou environ, elle estant ès halles de Paris, et marchandant des chastaignes et grosses nois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 7). Il sera dit que l'ordonnance faicte par le bailly de Saint Deniz, en tant qui touche les teinctures d'escailles de nois, de racines et d'escorces, tendra et vaudra (BAYE, I, 1400-1410, 281). Et à pluseurs Sages il semble Que les figues et noix ensemble Par leur vertu et leur puissance Font à venim grant résistence, Et valent mieulx quant les noyaulx Des noix sont netoiez des peaulx. (LA HAYE, P. peste, 1426, 96). Les noèz grosses prises avecques figues et rue proffitent moult contre venim. (LA HAYE, P. peste, 1426, 215). LE CONTE DE CARUELLES. (...) Au grenyer, aux noix sont noz lances Et perches font noz javelines ; Noz grans sallades d'excellences Servent a pondre les gelines [Supprimer la virgule après grenyer ?]. (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

 

Rem. Forme nuexe, GD V, 505b.

 

-

Gros comme une noix : Et que icellui jeudi, ledit hermite lui bailla un noëz en un drappel tout noir, aussy gros comme une noiz, et dist audit Pierre : Compains, va appertement et revien. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 472). Laquele [pierre], ainsy departie et despecée, elle qui parle fist trois noëz de drappeau chascun aussy gros comme une petite noyz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 477).

 

-

Grosse noix : La seconde est la grosse noix, de laquelle dit Avicenne au second canon au chapitre de la noix, que la noix avec la figue et rue est medecine contre tous venins, et de la noix avec sel et oygnons est fait amplastre contre morsure de chien enraigé (Rég. santé corps C., 1480, 42). Le second enseignement est : aprés que on a mengié poisson on doit mengier des grosses noix en lieu de froumaige, car la grosse noix par sa secheresse deffend le poisson d'engendrer multitude de fleume a laquelle est enclin par complection naturelle, et ce est la cause pour quoy en karesme au dernier du repas on mengeue des noix. (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

-

Noix seche/noix recente. "Noix sèche/noix fraîche" : Et environ est yci a noter que les noix seches sont pires que les recentes et humides, car les seiches sont plus unctueuses (...). Et ceulx qui ont l'estomac colerique doivent totalement eviter noix seches, et tant plus sont anciennes tant plus sont mauvaises, les recentes sont moins mauvaises car il ne sont pas si unctueuses (Rég. santé corps C., 1480, 42).

 

-

Noix confite. V. confit

 

-

Pain de noix. "Pain noir (?)" : ...et le plus de pouvres gens ne mangeoient que pain de noix. (Journal bourgeois Paris T., 1420, 136).

 

-

Jouer aux noix. "Pratiquer un jeu (très populaire parmi les enfants de la Rome antique) nécessitant des noix" : Auguste, comme escript Suetoine ou second livre des .xii. Cesares, pour la recreation de son corage peschoit aulcunesfois a la ligne aux poyssons et aultresfois jouoit aux nois avec les petis enfans ["jouoit aux nois" trad. lat. ludere nucibus] (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 307).

 

-

[Avec valeur minimale] : Qui croit en telz paumiers de sens il n'a .II. nois (Hugues Capet Lab., c.1358, 181). Tant ont pené et travillié, Qu'il ont chergié et abillié Et mis à point tout leur harnois. Le soudant ne prisent IJ. nois, Ne tout le remanant dou monde. Lors s'esquippent en mer parfonde, Et tant nagierent et voguerent, Qu'en Rodes briefment arriverent. (MACH., P. Alex., p.1369, 56). Li princes eu palais monta, Et de chief en chief li conta De l'esquermuche, et leur emprise ; Comment la montaingne fu prise, Et comment leurs engins gaingnierent Et dedens Courc les amenerent, Leurs pavillons et leurs harnois, Ne la vaillance d'une nois, N'aporterent qu'il ne perdissent Trestout, et qu'il ne s'enfuissent. (MACH., P. Alex., p.1369, 172). ...je ne craing maishuit homme Qui nous face assault une pomme, Non une noix. (Mir. Oton, c.1370, 328). Je ne te crain pas une nois. (Mir. fille roy, c.1379, 76). Si est des parties de France Le bon, vaillant, plain de souffrance, De la terre de Bourbonnois, Qui n'aconte a tresor deux nois, Fors au tresor de gentillece, Ou il a mis sa soubtillece. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 192). ...onques au roy Richart ne fourfist une nois. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 176). Ma trompe ne vault pas deux noix, Par trop tromper je suis trompé. (Sots triumph., c.1475, 48). Tout son fait ne vault pas deux noix ! (Pass. Auv., 1477, 211). Il ne prise pas une nois Tout le tourmant c'om ly a fait (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 91).

 

Rem. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 172.

 

.

Il ne couste une noix à qqn. "Cela ne lui coûte rien" : Item, donne a maistre Lomer, Comme extraict que je suis de fee, Qu'il soit bien amé - mais d'amer Fille en chief ou femme coeffee, Ja n'en ayt la teste eschauffee ! - Et qu'il ne ly couste une noix Faire ung soir cent foiz la faffee, En despit d'Auger le Danois. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 137).

 

-

Noix + compl. déterminatif. "Quantité de matière équivalant à la grosseur d'une noix"

 

.

Le gros d'une noix de : Item por touz mas d'iex, mais que le maladie ne soit trop anchienne, R. XVIII grains de poivre et XVIII grains de frument et le gros d'une nois de sel et II denrees de miel cru (Méd. nam. H., c.1400-1500, 201).

 

-

Loc. fig. Casser comme noix. "Exploiter, pressurer" : Borbonoys, Poictevins ont practique (...) Casser les bestes [ici, p. iron., les Auvergnats] comme noys Et emportent tous les noyaulx. (Pass. Auv., 1477, 142).

 

2.

P. ext. [Autres fruits]

 

a)

"Fruit du noisetier"

 

-

Noix aveline. V. aveline

 

-

Noix commune. (Synon. de avelaine) : Mais la seconde noix, c'est assavoir l'aveleine ou la noix commune, nuyt, car elle est inflative et engendre ventiosités au ventre et fait douleur de teste et est difficile a digerer (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

-

Noix de coudre : ...car qui aroit une escarboche ruby qui fust aussy grans com une nois de core, et le metist en un lieu espés ou il venist nulle clarté du monde, il reluyroit aussy cler com feroyt une grande chandeille (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 173).

 

b)

"Graine du fruit du muscadier"

 

-

Noix (de) muscade : Maiz toute char en eaue cuite En ce temps doit estre confite D'espices aromatizans À ce propoz et suffisans, Comme canèle ou cynamome, Noix muscades et cardamome, Et fault tousjours y ajouster Du vinaigre sans redoubter (LA HAYE, P. peste, 1426, 91). Et de macis de bonne sorte O noys que la muscate porte, De cloz de girofle sans blame, De tous les troiz demie dragme (LA HAYE, P. peste, 1426, 148). En oultre pren, et si te hastes De pures noiz de muscades (LA HAYE, P. peste, 1426, 154). Muscate ou muscade est abre qui croist en Inde ; la fleur selon aucuns, ou l'escorce selon autres, est nommé macis (...) et [cet arbre] porte noix que l'en nomme muscades, qui sont un pou chauldes et sèches plus et proffitent aux membres pectoraulx et restraignent le ventre. (LA HAYE, P. peste, 1426, 212). En aprés dit le texte au dernier ver que une seulle noix, c'est assavoir la noix muscade, est proufitable au corps humain, car elle conforte la veue, l'estomac, le foye et la ratelle, et donne bonne odeur a la bouche, comme dit Avicenne au second canon au chapitre de la noix muscade. (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

-

Noix muguette. "Noix muscade" : ...Et s'en ala isnellement Faire un moult joli chappellet Qui me sembla trop doucellet, Car il estoit de noix muguettes De roses et de violettes ; Et quant elle l'ot trait a chief, Mettre le vint dessus mon chief (MACH., Voir, 1364, 244). J'ay icy telle espicerie Pour revenir de mort a vie. J'ay poivre, canelle et guiginbre, Et saffrent odorent comme embre, Anys confit et pignollet, Et puis du sucre vïollet, Noix muguettes, pommes grenates, Giroffles, cintoual et dates (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 136). ...ung gobelet fait de l'escaille d'une nois muguecte, esmaillié de trois costés de lyon, garny d'argent doré, le pié goderonné, et le couvercle taillé de pluseurs feulles, et sur le fritelet a une fleur de ne m'oubliés mis bleue (Comptes Lille L., t.2, a.1467, 96).

 

c)

Noix metel. "Datura metel" ( (FEW)) ; "métel" ( (Littré)) : Ou on peult entendre par la tierce noix la noix de metal, lequel selon Avicenne est medecine venimeuse au second canon au chapitre de la noix methel. (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

Rem. FEW XIX, 123b : matil ; v. aussi métel.

 

d)

"Fruit de l'amandier (?)"

 

-

Noix longue. "Amande" : Item a lentilheuse fache medicine esprovee : oindeis le fache d'oile de noif longez, si buveis plantin, si osterat lez lentilhez delle fache et touz maus. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 195).

 

Rem. Ce syntagme ne semble pas att. ailleurs en fr. ; l'Encyclop., t. 1, 1751, 315a, s.v. amande cite : «L'huile d'amandes ameres employée extérieurement est bonne (...) pour effacer les taches de la peau» ; le qualificatif long et l'usage identique en méd. plaident pour le sens "amande". Cf. aussi J. André, Les Noms des plantes dans la Rome antique, 1985, 173 : nux longa "amande".

 

e)

"Fruit du pin pignon (?)"

 

-

Noix romaine : ...nous devons savoir que l'ambre dont nous parlons, selon ce que dit Avicennes, combien qu'il samble a aucuns que ce soit aussi come une maniere de pierre precieuse, selon la verité, c'est la gomme d'un arbre qu'il appelle la nois romaine (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 618).

 

f)

Noix d'Inde. "Fruit du cocotier" : ...la entour croissent arbres qui portent claux de girofles et noys moscardes, canelle et autres espices, et des arbres qui portent grosses nois de Ynde. (Vers. liég. Livr. Mandeville T.R., c.1375-1390, 144). ...à Guillaume Marteau, escuyer, de soiron, 10 frans, pour avoir presenté à madicte dame de par frere Hugues d'Arcy, commendeur de Chalon et de Belle Croix, une paire de moutons du Sorie, ung porc et ung espy et deux grosses noix dindes (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 797).

 

g)

Noix de saint Gratien. "Coing"

 

Rem. GD V, 516c.

B. -

P. anal. [Anal. de forme]

 

1.

ARM. "Partie mobile et munie d'un cran située sur l'arbrier d'une arbalète, munie d'une encoche supérieure où l'on fixe la corde bandée et d'une encoche inférieure recevant un ressort, dont la détente débloque la roue et libère le trait" : A Jehan Le Menu, pour douze livres de fil de chanvre a faire les cordes, lieures, tranchefils et nois filees d'icelles [arbalètes ?], trois s. 6 d. la livre, valent quarante deus s. t. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1367, 97). Et sy ay de beaux ars turcoix, D'arbalestres a grosse noix, De coustilles, de bracquemars, De toutes manieres de dars, De quoy je feray grant marchiet (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 131). La tierce noix, c'est assavoir noix de l'arbaleistre, est mortelle, car l'abeleistre ocist le corps humain. (Rég. santé corps C., 1480, 86).

 

Rem. Cf. TLF, s.v. noix B 1 a ; cf. aussi GAY II, 164, s.v. noix.

 

2.

"Sommet du pommeau d'une pique qui se termine par une pointe" : ...ledit suppliant, non voulant les blesser ne meurtrir, donna dudit espiot sur les espaules dudit Jehan Bernard, (...) et de fortune arriva la noix de l'espiot qui estoit pointue sur le darrière de la teste (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 111).

 

3.

"Partie centrale d'une pompe (destinée à aspirer l'eau)" : A Jehan Capelier (...) pour cervoise et pain que on leur a donnés, paié XVIIJ d. (...) pour avoir refait et mis a point la ponpe de la fosse des prisons de l'Eglise, de quoy l'en trait les eaues hors d'icelle, pour un grant fust d'une lanche et pour avoir remis la noys d'icelle ponpe a point et pour le trainel a curer les fiens de l'estable (Comptes Archev. Rouen J., 1445-1446, 245).

C. -

P. métaph. "Coup" : Je te baillerey tieulx deulx noys Que tu vouldrés estre a l'oustel. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 49). Or tien, Jhesus, prent ces deux noix Et ceste figue mal rostie ! (Pass. Auv., 1477, 189).

 

Rem. Cf. battre comme une noix, v. battre. V. aussi figue, oeuf, poire...

 

-

Battre noix. "Faire l'amour à une femme"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 79.

 

-

Croissir ses noix. "Faire l'amour à une femme" : Soies appert, car se une fois Tu lui as croissues ses nois, Jamais ne le refusera Et de tout son cuer t'aimera. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 233).

 

Rem. Loc. attestée uniquement chez Jean Le Fèvre.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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