"Enclore" : ...et avec sadicte armée [le Blanc (Jean Corvin Huniade)] amena de sept à VIIIc charios, lyés de chaines de fer l'un à l'autre, ens èsquelx charios, touttes les nuis, ledit Blanc et son ost estoit logyé et achainté, et s'appellent lesdis charios vaghembours, et sur lesdis charios a grant foison veuglaires et coulouvrines. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 342). [Seul ex. ; lettre sur la bataille de Kossova]

REM. FEW mentionne sous cingere un ex. de aceinter "ceindre" dans un texte de c.1240 (La deuxième collection anglo-normande des Miracles de la Sainte Vierge, éd. H. Kjellman, 163). Il semble préférable de rattacher aceinter à FEW XXIV, 74b : accingere, comme aceint et aceinte.
 

A. -

Au propre

1.

Ceindre qqc. "Mettre qqc. autour d'une partie du corps (gén. de la taille)"

-

Ceindre une ceinture, une corde... : Elle junoit, point ne vestoit De linge, mais ceingnoit la corde (Mir. roy Thierry, c.1374, 287). Dessus leur pis dez poing[s] tabeurent, (Et) eurent, pleurent, veillent, labeurent, cengnent cordes, vestent la haire (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 146). ...puiz fit deschaucer l'un de ses esperons dorez et ly fit chaucer par l'un de ses gens, et ly ceindre une ceincture où estoit pendu un cousteau long pour espée. (BAYE, II, 1411-1417, 245). De ceulx qui saingnent cordelieres, Qui portent cordons et lisieres... (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 63).

.

[En cont. métaph.] : Et la sainture qu'elle a sainte N'est pas en amours chose fainte, C'est propre loial Couvenance, Cloée de ferme Fiance. (MACH., J. R. Nav., 1349, 278). De chainture piour ne se puit homme chaindre Que justiche subtraire. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 659).

-

Ceindre une arme "Serrer autour de soi le ceinturon d'une arme" : SECOND CHEVALIER. Sanz noz espées pas n'yrons. Ne savons qui nous trouverons En nostre voie. PREMIER CHEVALIER. Prenez la vostre ; j'ay la moye Que je vueil ceindre. (Mir. st Sev., 1362, 206). Chascuns avoit l'espée ceinte [var. sainte] Et tenoient moult grant enceinte, Tant estoient serré et joint L'un devant l'autre et si à point Qu'estre ressambloient IJ. murs. (MACH., P. Alex., p.1369, 196). Lors quant Remond ouy ces mos, si boute la table ensus de lui, et entre en sa chambre, espris de yre et de jalousie, et prent son espee qui pendoit a son chevez, et la ceint (ARRAS, c.1392-1393, 241). Car, puis que la guerre me hette (...) D'un gentilz fouët seray ceins, Estroit au desseure des rains, Par dessuz la maille de fer. (Gris., 1395, 44). Nul ne souloit estre dit escuier s'il ne s'estoit trouvé en fait de souveraine proesce, nul n'estoit appellé aux gaiges d'omme d'armes s'il n'avoit prins honnestement prisonnier de sa main ; maintenant savoir ceindre l'espee et vestir ung hauberjon suffist a faire ung nouveau capitaine. (CHART., Q. inv., 1422, 56). ...aiant son espée xaincte (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1453, 434). Avant que Florippes parlast guayres, Roland et ses compaignons se vont armer moult hastivement et ceindre leurs espees et leurs escus et vont hors de la tour et montent a cheval. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 113).

.

[Dans un cont. métaph.] : Pour che convient chaindre le adolescent de armes espiritueles, desquelez est dit aux Ephesiens ou .VIe. chapitre : «Vestés vous de l'armeure de Dieu affin que puissiés resister contre les agués du Dyable». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 285).

-

Ceindre un vêtement. "Revêtir et serrer à la taille un vêtement" : LA DAMOYSELLE. Je ne sçay de quoy me souvient De vous veoir venir en pourpoint. Et vostre robe, l'avez vous point, Que ne l'avez chainte ou trou[ss]ée ? LE GENTIL HOMME. Je l'ay en quelque lieu laissée Pour acourir plus vistement. (Gent. Naudet T., c.1500, 297).

.

[des souliers] "Enfiler (des souliers)" : Et lui a fait vestir et cotte et chaperon, Et braies et chemises, pourpoint et hauqueton, Et chausses et soulés çaindre sur sa façon (Tristan Nant. S., c.1350, 215).

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Non ceint. "Sans ceinture, qui n'est pas serré à la taille" : Par son jardin et ceulx de luy prochains, Alla serchant ce que luy fut besoing, Le corps couvert d'un linceul et non chains (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 108).

-

Inf. subst. "Action de tirer sur une ceinture" : [Des plaintes sont portées contre les fabricants de ceintures de Paris pour la mauvaise qualité de leurs produits] ...car une boucle ou uns espinciaus ["agrafe"] ou li autres ouvrages des courroies n'avoit mie force ne vertu de soustenir le fais du chaindre, mes convenoit que il rompist ou que il plaiast (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1331, 115).

-

Ceindre qqc. à qqn. "Mettre qqc. autour de la taille de qqn" : Le roy luy saigny donc ung bon branc acherin, La collee luy donne (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 105). ...puis le chevalier (...) lui chaindy l'espee au costé. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 235). Ceste espee lui chaindera son oncle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 274).

2.

Ceindre qqn (de qqc.). "Mettre qqc. autour de la taille de qqn" : Ou, se une vous trouvés sy hardie Qu'elle vous requist de la saindre Ou lasser sa cotte hardie, Ne vous jouez pas a l'estraindre (Amant cord. M., 1490, 74).

3.

Se ceindre de qqc.

a)

"Mettre qqc. autour de sa taille" : Maiz une nature il avoit que trop lachement se chaingnoit, Siquez ung aultre nom l'attaint : C'est "le varlet qui mal se chaint." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 209). Pour son corps large vestement Faisoit acoustuméement, Et monlt lachement se chaingnoit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 222). Ne vois tu pas comment leurs frons tendent [les fausses femmes], Visaiges et poittrines paindent, Dressent leurs mamelles qui pendent Ou a l'avantage se chaindent ? (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 215). Saint me suys devant derriere Car le mordant me mort derriere. (Serm. pou puce K., p.1475, 496). ...Et qui n'aura argent ne rien Se saindra d'une chaine a puys. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 162).

b)

"S'enlacer de qqc." : ...et oit grande barbe qui pendoit jusques a terre, sy s'en ceindoit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 117).

4.

Part. passé

a)

[De l'objet lié autour du corps] : Et estoit Remondin tousjours au plus prez de lui, sur un coursier, l'espee ceinte et l'espie au col. (ARRAS, c.1392-1393, 18).

b)

[De la pers. qui porte cet objet]

-

Ceint de qqc. : ...uns anciens chevaliers, moult noblement acesmés et ceint d'une ceinture a pierres precieuses et a perles, monté sur un hault palefroy lyart (ARRAS, c.1392-1393, 38). ...cloistriers avec leurs gardïens, Ceinctz et sanglez de grosses rondes cordes (LA VIGNE, V.N., p.1495, 164).

-

Estre ceint sur le cul. "Porter une ceinture accrochée trop bas" : Or s'en vient le gentil gallant qui sera mis en la nasse, car la dame le vieult marier, si elle peut, a la demoiselle [enceinte d'un misérable], car il est tres bien herité et est simple et bejaune ; si en sera Martin de Cambray, car il en sera saint sur le baudroy. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 85). Le meschant villain challemastre En est saint sur le cul. (Path. D., c.1456-1469, 82).

Rem. Évoque une mise démodée, d'où l'idée de ridicule, de dupe et de sot. Cf. la mise au point de J. Monfrin, Romania 87, 1966, 275-278 ; cf. aussi la longue note de l'éd. de Path., p.127

B. -

P. anal.

1.

[D'une pers.] "Entourer qqc. (un site) de qqc." : Li roys Tarquinius avoit en pensee et apresté pour ceindre la cité de Rome de mur de pierre, quant la bataille des Sabins a l'emprise empeeschee. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 36.1, 62).

-

"Cerner qqn" : ...je congnoi (...) Que chils assaus li est assés prochains Et qu'il en est avironnés et chains (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 217).

-

[D'un animal] "Entourer, couvrir (un autre animal)" : Ainsis qu'om voit geline par nature Soy doulouser et garder ses poucins Tant de huas comme de la froidure, Soubz ses eles les a enclos et sins... (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 24).

2.

[D'une chose] "Entourer qqc." : Que on ait une charrete et un home dedanz sus ses piez, et la charrete soit toute environnee de fueilles, et luy meïsmes vestu de vert et ceint par les costez et sus la teste de fueilles ["les côtés et la tête entourés de feuilles"]. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 275). Siche, ou depuis regna Sinope, Seoit vers la fin d'Eüroppe, Selon la grant mer qui enceint Le monde, qui est d'elle ceint (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 6). Cestui chassa Egistus de la Grant Bretaigne, auquel Cortigenes avoit donné de sa terre autant que povoit saindre le cuir d'un beuf. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 94 r°).

-

"Border qqc. tout autour" : ...la banniere qu'il porte n'est point scinte [l. seinte ?] [var. painte] de fleurs de lys (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 72).

-

[Dans un cont. métaph.] : ...Car espoir, desir et jonece, Honneurs, hardemens et proece Les amoneste et les enflame, Et atise l'ardant flame, Dont pluiseur coer ont esté chaint, sans les leurs, espris et attaint. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 89).

C. -

P. métaph. au fig.

1.

[Idée de défense contre qqc., à partir de ceindre (une arme)]

-

Ceindre bouclier. "Se préparer à se défendre (ici des risques liés au métier de souteneur)" : Se j'ayme et sers la belle [la Grosse Margot] de bon het, M'en devez vous tenir ne vil ne sot ? Elle a en soy des biens affin soubzhet ; Pour son amour seins boucler et passot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 124). [Villon "s'arme tel un chevalier pour sa dame qu'il aime et qu'il sert, mais ici, en réalité, en prévision des risques inhérents au métier de souteneur" (Éd.)]

-

Ceindre l'étole. "Revêtir l'étole, l'arme du prêtre, contre le diable"

-

Se ceindre contre qqc. "Se prévenir de qqc." : Chaing toy comme homme viste contre les temptacions dyaboliques. (Internele consol. P., 1447, 320).

2.

[Idée de disposition dans laquelle on est]

a)

Ceindre qqc./se ceindre de qqc./estre ceint de qqc.

-

[de favorable] "S'abandonner à qqc., s'entourer de qqc." : Et se teindre Et desteindre Me fait, pour amer et creindre, Souvent et de divers taint, D'espoir greindre Me doy ceindre, Puis qu'elle scet que sans feindre Mes cuers tous en li remaint. (MACH., Les lays, 1377, 439). ...les prophetes, peres sains, De foy et d'esperance sains... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 33). JHESUS. Sur mon corps acomply sera Tout ce que les prophetes sains, De foy et de loyaulté sains, Ont adnoncé de ma venue (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 178).

-

[de défavorable]

.

"S'adonner à qqc." : ...car tu sces que pechié encombre, Tousjours portant mortel encontre Pour celuy qui de luy se saint. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 168).

.

"Être accablé de qqc." : Maint souspir et mainte complainte Fist Phebus, qui vie en ot chainte Tres dolereuse (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 95).

.

[Dans une formule d'imprécation] : Qu'en lieu de salu, Soiez saints de malles estraines. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 235).

b)

Estre ceint de + inf. "Être disposé à" : Il dist ainsy : que femme est chose fainte, trop decepvant, et chose moult maulditte, Qui de vanter et de tromper est chainte, Impetueuse a decepvoir sans crainte. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 51).

c)

(Estre) ceint de telle cordelle. "(Être) en telle disposition" : ...ains que l'an renouvelle Sera l'enfez Jourdain, qui haut honneur apielle, Amis au roy Ricart, qui par fausse querielle L'ot fait mettre en se cartre obscure et desloielle Our le faux senscal chaint de pute cordelle Qu'i jeta mort en salle. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 208).

-

Estre ceint de telle corde que. "Être en telle disposition que" : Li roys respondi : "Je le vueil, Car je sui seins de tel corde Que quan qu'il vous plaist je l'acorde..." (MACH., P. Alex., p.1369, 221).

3.

Estre ceint de qqn. "Être coiffé de qqn, être sous la dépendance de qqn" : ...de quelque folle es tu chains. J'entens trop bien la maladie. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 161).
 

I. -

Ceint. "Ce qui entoure le corps ; une partie du corps"

A. -

"Ceinture, ceinturon" : Tant fort couroie et asprement Mes pans a mon chaint rebrechiés, Moult fuioie legierement. (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 70). ...une grant ceinture d'or pour dame, garnie d'esmeraudes, de rubis d'Alixandre et de troches quarrées ; parmi le çaint a une longue boucle et lonc mordent de rubiz balais et de saphirs (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 169). ...car de soye et d'or fin feray bourses et chains. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 40). Adonc s'avisa li dis chevaliers d'un coutiel de plates qu'il portoit à son chaint : si le trait et feri tant ce dit Martin ou dos (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 38). ...Cent fois le chaint a sa bouche a Mis et baisiet par amourettes (Pastor. B., c.1422-1425, 58). ...les Turcz cuidèrent avoir prins la ville, car ne fut nulz de ceulx qui furent trouvéz sur la muraille qui ne portast sur lui cordelles et chaingz pour soy mettre au dessus des cristiiens. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 345).

-

L'espee au ceint : Et lors que son coursier fu atourné et paré de ses armes, il, le heaulme afullé, ou il avoit dessus ung esprivier d'or enmaillié de riche plumage, monta dessus habillement ; la lance ou poing l'espee au caint, accompaignié de trois pages, il picqua vers la plaine. (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 59).

-

[Pour y attacher la bourse] : LA FEMME (luy tire la bourse du sain) (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 130). Sans cause prieroye les sainctz, se ce n'est que pas ung tattin Je n'ay en bource n'en mes sains (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 132). [C'est l'interprétation de l'Éd. Il n'est pas impossible cependant qu'il s'agisse du mot sein, l'usage populaire étant d'utiliser comme une poche le volume entre la poitrine et le vêtement qui la couvre.]

-

[Dans un cont. métaph.] : L'armeure dont saint Pol fait mention est le chaint de chasteté, le haubert de justice, la chaucheure de bon exemple, l'escu de foy, le heaume d'esperance et l'espee d'oroison spirituele qui est la parole de Dieu. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 286).

B. -

"Cordon, sangle" : ...il commença a rire en levant ses bras aprés son oncle et a soy estendre tant fort que a pou qu'il ne rompoit le chainct de soie dont il estoit lié au bers. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 253).

C. -

"Langes" ( (Éd.)) : ANATHOT (berger). Helas ! enfant de pris, Recçoy mon don : pour tant c'est pou de chose. LUDIN. Sera ce tout ? ANATHOT. Ouy. LUDIN. Et je m'y oppose : Ta grant chainture ? ANATHOT.! c'est vray ; sur mon ame C'est bien raison qu'el luy soit donnee. Dame, Bien large el est, elle servira bien En lieu de chaint (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 373).

II. -

Demi-ceint. "Ceinture étroite et lâche, terminée aux deux bouts par des mordants reliés par une chaînette, pendante et pouvant s'achever en une pomme de métal ou un bijou" : À Denise la tallanderresse, pour III autres demis ceins de soie ferrez dargent dorez (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 194). Item, cogneut avoir prins en l'ostel de la Sele, en la rue Saint-Martin, un demi-saint de letton, lequel elle a usé et porté par lont temps sur soy, et encores est par devers elle qui parle. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 200). À lui (...) pour avoir desassis la ferreure d'or d'un demy ceint qui est à ladicte dame, et ycelle ferreure d'or avoir rassise sur un tissu de soie nuef, où il a mis un esterlin, obole d'or. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 184). Item, un demi saint sur un tissu de soie noire où il y a quatorze balais, treize saphirs (...) et a la chaine quatre petis balais... (Doc. 1405. In : L. Mirot, Bibl. Éc. Chartes 101,1940, 156). Mais adoncques, il y a grant deshet, Quant sans argent s'en vient coucher Mergot ; Voir ne la puis, mon cueur a mort la het. Sa robe prens, demy seint et seurcot, Sy lui jure qu'il tendra pour l'escot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 125). ...troys ducaz et demy, pour acheter ung demy-seinct doré, pesant une once et demye d'argent, y compris la doreure et façon (Comptes roi René A., t.1, 1477, 332). Un demy chaint qui soit noir comme meure Avra madame pour son noble corps chaindre, ferré tout d'or, du milleur qui se treuve (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 25).

Rem. Cf. GAY I, 543a-544a : demi-ceint.
 

"Ceinture" : Item quatre cordes de pater nostres de cassidoine et de cristal et quatre cintes de soye blanche et de fil d'or que sont les mesures du saint Sepulcre Nostre Seigneur et de Nostre Dame. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 80).
 

"Ceindre" : ...disant en ceste maniere que je prenoie celle espee en honneur et reverence de Dieu (...), et en cell point je la mys en la gueyne que j'avoie cintee. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 36).
 

"Ceinture" : Ung ymage d'or d'ung Saint Andry sur ung entablement d'argent doré garny d'un saintuair, et ledit Saint Andry ung saffir en la poitrine, en la dyademe treize perles, ou saintuair quatorze grosses perles et huit balaiz et ung balay hors euvre en ung chaton. (Invent. Orléans II, G., 1408, 117).
 

"Ceindre" : Hors cest habit de porteur vitement ! Deceignés vous de cordes promptement (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 70).

REM. Ex. du XVe s. ds GD II, 439a. Distinct de desceindre.
 

"Ce qui ceint, qui encercle (au fig.), qui enferme" : Je suis en l'amoureuse ençainte, De tous les costez si ençaint Que je ne puis estre desçaint De ma douloureuse desçainte ! (GARENC., Poésies N., 1407, 95).
 

"Ceinture de moindre largeur à laquelle sont suspendues des pièces accessoires" : ...à lui (...) pour avoir desassis la ferreure d'or d'un demy ceint qui est à ladicte dame, et ycelle ferreure d'or avoir rassise sur un tissu de soie nuef, où il a mis un esterlin, obole d'or. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342-1387, 184). Item, cogneut avoir prins en l'ostel de la Sele, en la rue Saint-Martin, un demi-saint de letton, lequel elle a usé et porté par lont temps sur soy, et encores est par devers elle qui parle. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 200). Jehan Bouret avoit pris larchineusement en le maison Gobiert Maton a Maubuege I demy-chint d'argent et VI louches, et ycheux meubles portés as Lombars d'Avesnes enwagier (Arch. Nord, 1400, B 10354, f° 21, IGLF). ...unes patenostres de cornaline, une pierre d'yrondelle, quatre petitz demy ceincts, une plume d'austrusse, sept peignes d'ivoire, troys cordes de patenostres de cornalines (Comptes roi René A., t.2, 1417-1480, 352). Item, a Perrette femme Michiel Le Febvre, la moictié d'une maison seant emprés la maison qui fut Pierre de Gamaches d'un costé et d'aultre a Chofflart, et une cotte hardie fourrée de gris, son mantel et ung demy chaint d'argent le mellieur. (Invent. test. beauv. L., 1431, 66). Item, elle laissa de aultre bonne chaincture d'argent la moictié a Agnesot Darras et l'aultre moictié a Jehannon de la dehors, pour faire a chascune un demy chaint. (Invent. test. beauv. L., 1431, 68). ...troys ducaz et demy, pour acheter ung demy-seinct doré, pesant une once et demye d'argent, y compris la doreure et façon (Comptes roi René A., t.1, 1451-1480, 332). ...a esté vendu audit Raoulet, ung demy saint de perles assez bonnes, garny d'or, prisé par ledit Maquereau, trente escuz (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 636). Mais adoncques, il y a grant deshet, Quant sans argent s'en vient coucher Mergot ; Voir ne la puis, mon cueur a mort la het. Sa robe prens, demy seint et seurcot, Sy lui jure qu'il tendra pour l'escot. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 125). ...Quant elles sont garnies assez D'agneaulx [anneaux], chesnes, et demyssains, Elles s'en vont à joinctes mains, Comme j'en ay veu plus de cent (MAXIMIEN, Avocat dames Paris M.R., c.1485-1490, 29). ...et s'approucherent pres d'elle, lui prians qu'elle voulsist monstrer son demi saint, ce qu'elle ne voult faire (Lettres rémission René II P.D.H., 1490, 197).

REM. Doc. 1360 demi-ceint, 1372 demy ceint, 1380 demy seinct, etc. ds GAY I, 543-544a ; doc. 1447 (demy saint) ds GDC IX, 300b.
 

I. -

Empl. trans. "Desserrer, ôter (une ceinture)" : Et tant l'en pressa que il qui parle desseingny sondit gueulle et le mist sur la table, pour y mettre l'argent que ledit prisonnier tenoit en sa main, et y fu mis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 557).

-

Desceindre qqn. "Enlever sa ceinture à qqn" : Lors se fist desarmer et quant il fut tout desabillié te [l. et] vist Madame deschevelee et son atour reversé ly dist : "Adieu, dame la plus faulse qui onques fust," et, ce disant, la vist ceinte d'un tissu bleu ferré d'or, lors la desceingny disant : "Et comment, ma dame, avez vous cuer de porter ceinture bleue ? Couleur bleue signiffie loyaulté, et vraiement vous estes la plus desloialle que je cognoisse ; plus ne le porterez." (LA SALE, J.S., 1456, 298).

-

Se desceindre de sa ceinture. "Ôter sa ceinture (comme geste symbolique de l'acte de renonciation à un héritage)" : Toutesvoies elle se doubte que, pour ce que la sollennité acoustumée de garder en tel cas es pays coustumiers de France, Bourbonnois et d'Auvergne n'a pas esté gardée en faisant ladite renonciation, et mesmement car icelle nostre cousine ne s'est pas transportée au prouchain moustier de sondit logeiz pour faire dire la messe des mors, et n'a pas faicte ladite renonciation sur la figure du tombeaul dudit feu nostre cousin ne sur le drap noir représentant ladicte figure dudit feu son mary dedans l'église, et qu'elle ne s'est pas dessainte de sa sainture et icelle gectée sur ladicte figure dudit tombeau en disant les paroles appartenans à ladicte renonciation, que lesdiz enfans ou aucun d'eulx vueillent arguer ladicte renonciation de nullité et la faire contraindre à paier les debtes de sondit feu mary (Titres Bourbon L., t.2, 1434, 254).

-

P. ext. "Détacher" : Et lors deschaint le fourreau ou les pieces estoient et les livra au serviteur (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 245).

II. -

Part. passé en empl. adj. Desceint

A. -

"Sans ceinture" : ...pour amende notoire faire à l'esglise, vendront en cotes, nuz piés, et deschains, sans chaperons (Trés. Reth. S.L., t.2, 1337, 40). Lesquelx [les habitants de Bruges] le voiant venir [le duc de Bourgogne] et approuchier d'eulx au costé dudit duc d'Orliens, se mirent trestous en ordonnance, à nuds piés et sans chapperons et tous desçains, et en luy approuchant se mirent tous à genous, les mains jointes (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 446). Sera tenu faire admende honorable au roy, en la personne de son procureur, sans chapron et dessaint, une torche de dix livres pesant en ses mains (Doc. 1453. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 43). Et estoit le roy ce jour le plus honnestement habillé qu'on l'avoit point veu devant, car il estoit vestu d'une robe de pourpre desceinte et toute fourrée d'ermines, qui lui seoit beaucop mieulx que ne faisoient les cours habis qu'il avoit portez par avant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 133).

Rem. La ceinture est la marque du chevalier, de l'homme libre. On l'enlève en signe de soumission.

B. -

[D'un sac] "Ouvert" : ...il print la farrine du saiche des sains [l. dessains] environ demy ymal. (Lettres rémission René II P.D.H., 1496, 279). [Est-ce bien ce mot ?]
 

"Toile" : ...une piece de toille de palenche, 1 petit fardel de parchaintes (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1356, 145). ...pour la vendue et livree de 315 bracez de parchaintes emploiées es 4 trefs dessusdis. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1379, 263).

Rem. Cf. FENNIS, Gal., III, 1347.
 

Empl. trans. "Couvrir entièrement de toile" : ...64 aunes de toille de canevas pour parchainter les couvertes de la grant galee, du lin et de la galiote (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1389, 191). ...pour la vendue de 36 aunes de toille de lui achetees audit moiz d'avril derrain passé pour parchainter la couverte de la galie Nostre Dame de la Bruiere (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1389, 195).

Rem. Cf. FENNIS, Gal., III, 1347.
 

A. -

"Ceinture à long ardillon" (Éd.) : ...VII porchiens d'Espaigne à long fer. (Comptes roi René A., t.2, 1417, 241).

B. -

"Enceinte, en partic. territoire d'une ville allant jusqu'aux haies qui la bornent à ses extrémités" (synon. porceinte) : ...par lesquelles et esquelles chartres il est convenu qu'il leur est octroié par les Roys de France que les echevins de Bapaulmes jugent les ... que ..., qui echerront ou auront dedans le pourchaint de la ville de Bapaulmes et qu'ils le firent au temps de Philippe, comte de Flandres, excepté les querelles que recevront de nostre bailly les dicts hommes de nostre maison, les dicts francs hommes (...) le pourchain de la dicte ville s'entendoit et devoit estre entendu à estre compris tant que la dicte ville avoit de long, du commencement des hayes jusqu'au bout des hayes d'icelles et à venir de ceste maniere en circuit tout autour et non seulement dedans les fossés et closture d'icelle (Hist. dr. munic. E., t.2, 1344, 30).
 

I. -

"Enceinte, en partic. territoire d'une ville allant jusqu'aux haies qui la bornent à ses extrémités" (synon. porceint) : ...disans encore ycils contes, maire et jurés, ycils mayeurs et iurés par point de chartre ou dependance de point de chartre, estre en saisine d'avoir le congnoissance et jugement de toutes les causes dedens la pourchainte de Bappaumes (Hist. dr. munic. E., t.2, 1340, 28). ...doresenavant on tenra toutes ordennances, bans, cris et deffenses, qui se feront par nos eschevins de nostre dite ville de Lille pour le pourfit et gouvernement d'icelle, tant sur les pairies et habitans sur ycelles dedens nostre ville de Lille et pourchainte, qui sont ou seront acquises et applicquées à nostre demaine (Hist. Lille T., t.2, 1377, 407). [Autre ex. p.432] ...en nostredicte ville et pourchainté [l. pourchainte] d'icelle (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1388, 263). ...dedens nostredicte ville, taille et pourchainté [l. pourchainte] d'icelle. (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1388, 263).

-

"Enceinte (d'une église, d'un manoir...)" : ...en le pourchainte dou manoir (Doc. 1339. In : Ch. Doutrepont, Z. frz. Spr. Lit. 22, 1900, 111).

Rem. Doc.1343 ds GD VI, 283b.

II. -

"Cercle familial, parenté"

Rem. Boece en rime A., c.1350-1375 (J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 483 ; poursainte, pourchainte).
 

"Entourer complètement" : Je sentoie trés douce odour, Je vëoie cointe verdour Et parmi planté de flourettes, Vermeilles, blanches et yndettes. Et s'estoit environ poursains Li lieus, dont il estoit plus sains, Plus biaus, plus gens, plus gracieus, Odorans et melodieus (MACH., D. Aler., a.1349, 392).
 

A. -

"Entourer de nouvelles garnitures" : L'evesque ont suppliiet que son cuer vuilhe extendre A faire à leur engliese le sain fietre rechaindre U sain Domitian gisoit (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 701). [Note :" ils ont supplié l'évêque qu'il veuille appliquer Godefroid à entourer de nouvelles garnitures la châsse de St-Domitien"]

B. -

Au fig. "Enserrer, prendre" : Car vergongne et perilhs de corps se [= si] le rechient Qu'en trestoute vertus errament soy dechint [Scheler : "se déceint, se dépouille, s'affaiblit"] (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.1, a.1400, 566). Dame par qui j'ay douleur mainte, Souffrez que mon mal soit estaint ! Ou autrement je sui reçaint Et tien ma vie pour estainte. (GARENC., Poésies N., 1407, 95). [Ou faut-il lire rataint (Éd.) ?]
 

Empl. trans. "Retrousser les vêtements (?)" : Succingo (...) : sous chaindre sicomme pour servir (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 483). Succingo (...) : soubz chaindre, comme pour servir (succiguntur ministraturi) (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 379).

REM. Cf. FEW, 680a, n.2 : verbe formé sur le subst. sous-ceinte "ceinture".

V. aussi sur-ceindre
 

"Ceinture" : Subligar (...) : soubzceinte (Aalma R., c.1380, 400). ...en l'honneur de la benoiste et glorieuse Vierge Marie qui a porté nostre Sauveur Dieu Jesus Christ, et Mere d'iceluy, de laquelle la soubzsainte est en icelle Eglise [Notre Dame de Loches] (Ordonn. rois Fr. B., t.14, 1451, 194).
 

A. -

Empl. trans. "Ceindre, attacher, retenir par une ceinture (une pièce de vêtement)" : ...et estoient surçains sur leurs cottes blanches, soubz leurs capilaires, de saintures blanches de fil (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430).

Rem. Expos. de la reigle M.S. Ben. (éd. 1486, le petite robe qu'ilz portoient dessoubz les povoit couvrir honestement quant pour cheminer, servir ou labourer il estoit convenable de lever et surchaindre celle de dessus) ds GD VII, 521c.

-

Part. passé en empl. adj. [D'une pers.] "Ceint d'une ceinture (d'apparat) et au fig. ceint, rehaussé (par une qualité)" : Quant les enfans d'Israel mengeoient leur aignel de Pasques, ilz estoient sourchaintz et tous drois et tenoient chacun ung baston en sa main. Pareillement les acommunians doivent estre sourchainz par chasteté de corps et de pensee, et doivent tenir chacun un baston en sa main par fermete [l. fermeté] de foy droituriere. (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 135).

B. -

P. métaph. Surceint en verité : Soyés doncques escourchiez et sourchains [= part. passé, trad. le lat. succincti lumbos vestros in veritate] voz rains en verité et vestez le haubergon de justice et chauciez vous en preparation de l'euvangile de paix (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 39).

V. aussi sous-ceindre
 

"Ceinture" : Item, quiconques fera tassetes ou tasses ["bourses"] et sursains non ferrés, en la Ville et banlieue de Paris, il sera tenuz à faire poins suffisans selon ce que l'euvre le dessira. (Mét. corp. Paris L., t.3, 1344, 406). Il [l'oiseleur] doit avoir a son sourchaint une verge, ou il ara un lachet u bout de soye de cheval, et doit aprocher le videcoc si belement et si a lesir comme il pourra (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 294).

V. aussi surceinte
 

"Ceinture d'apparat qui se place au-dessus de la robe" : ...IIJ onces de perles, baillées à ladicte Marguerite pour mectre en la broudeure d'un poleçon et d'un pantouer à clefz, et d'une seurceinte à Cordelier, et pour faire VIIJ boutons (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 33). Succinctorium (...) : surceinte (Aalma R., c.1380, 401). ...Et une belle cordeliere Qu'elle lui donna pour surceinte (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 59). ...iceluy amant luy avoit promis d'envoier la soye et de l'or de Chippre pour se esbatre a faire des bources et des soursaintes et des cordelieres (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 32). [aussi p.51] ...Sursainctes pers ne violettes, Lacetz a fleurs de violettes [var. de ce v.1476 : soursaintes, surceintes, seursaintes] (Amant cord. M., 1490, 64).

Rem. GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 9779 (surçainte ; T-L I, 869 ; cf. Lexique de B. Stumpf). Doc.1328, 1364, 1397, 1455, 1459 ds GAY II, 361b.