"Qu'il convient de tempérer, de modérer"

REM. Chron. et hist. saintes et profanes (ms. du XVe s.) ds GD I, 488c.
 

A. -

[Idée de mélange ou de trempe]

1.

"Mixture normale des humeurs" (Éd.) : ...aussi comme vous avez veu que distemprence en ces qualitez, ou en chaleur ou en froideur, est cause de sterilité, et pour ce atrempance es dictes qualitez est cause de generacion. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 143). ...l'atrempance et bonne disposicion et qualité des humeurs (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 234).

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"Équilibre de la complexion, du tempérament" : Non inanicion, ne nulle des autres choses, s'elles excedent l'atrempance de nature, n'est bonne. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 58).

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Attemprance de complexion : ...et saiches que point ne me faindray, ne mes chamberieres, a tout baillier et planter en ceste dame, toute beauté corporelle - car sur l'ame n'ay que veoir -, toute plaisance, toute suavité, toute armonye et attrempence de complexion (GERS., Concept., 1401, 392).

2.

"Trempe"

Rem. Sens enregistré par Scheler : Sur le col vinve [vint] li brans d'atempranche, Le tieste li at colpeit si cheit sovine panche. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 584).

B. -

"Modération, mesure, équilibre"

1.

[Dans les choses]

a)

[Concr.]

-

[À propos du climat, de l'air...] "Douceur" : L'ylle d'Irlande (...) est plus estroitte par l'espace de terre, mais elle est plus prouffitable par l'attemprance du soleil et est habitee de gens de Escoce. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 63). ...a celle heure estoit le noble roy Perceforest aux fenestres de son Franc Palais rendant graces au Dieu Souverain pour l'attemprance des cieux et de l'aer qu'il veoit si ordonné et disposé qu'il sambloit que le createur de toutes choses l'eust pourveu par especial pour exaulcier sa feste adfin que personne ne se peust plaindre de sa challeur (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 2). Aprés venoit ung troppeau de brebis conduit de pluiseurs pastoureaux qui en leurs instrumens festioient l'atemprance du serain (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1063).

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"Conditions tempérées, propices à la végétation" : ...car chose de legier venue legierement chiet, et les arbres plus hastiz portent fruits de mendre garde et de plus courte duree que ceulx qui a longue atrempance et droit cultivement rechoivent leur meureté en la chaleur du soleil. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47).

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[À propos de couleurs] "Douceur dans l'intensité" : Car tout ainsy que blanc et noir, qui font les deux extremitez contraires de couleurs, offendent la veue, le blanc pour sa luminosité et le noir pour sa grant obscurté au contraire, et c'est pour ce qu'ilz sont trop eslongniez et trop distans du moien des couleurs ou equalité gist et attrempance, maiz les couleurs moiennes qui plus amesureement approchent le moien dessus dit plaisent a la veue et lui sont agreables, et par especial la couleur verte excede en ce les autres (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 57). GRIS. Je qui suis gris signiffie esperance, Coulleur moyenne de blanc et noir meslée ; Et soye seulle ou à autre assemblée, Le moyen tiens en commune actrempence. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 139).

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[À propos de sons] "Harmonie" : Et puis, aprés Dyogenés, Me ramentoit Hermogenés, Qui parla des ravissemens Des cieulz, et des garnissemens : Comment par doulces attrempancez Fourment melos en concordancez, et passent par doulz son mistique Tous lez instrumens de musique. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 13).

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[À propos des traits du visage] "Harmonie, régularité" : Mais je dy en oultre que ceste beauté et phizonomie fut de telle attrempence et armonie naturelle, et tellement compassee que point ne esmeuvoit les regardans a mauvaise ou dissolue plaisance, ains a chasteté et a devocion (GERS., Concept., 1401, 424).

b)

[Abstr.] "Adoucissement, atténuation" : Si ne doil nul, pour nulle ardure De temptation qu'il endure, En desperacion choier, Quar Dieu scet a ceulx envoier En lors angoisses attrempance Qui ont en li lor esperance (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 60). Dont la premiere chose est que vous doyez fermement maintenir justice avec attemprance de misericorde. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 21).

2.

[Dans les personnes, leur caractère, leurs sentiments...]

a)

"Modération, retenue, pondération" : Mais mon cuer si bien atournay Qu'il remaint en douce plaisance, Fourmée de douce attemprance (MACH., D. Aler., a.1349, 265). Veritez fu li ancre d'atrempance (Mir. prev., 1352, 277). C'est assavoir par vraie humilité, Atrempance, prudence et equité (Mir. Berthe, c.1373, 252). Mes il n'est nuls qui soustenist, S'il n'avoit trop grant atemprance, Non, qui portast tele souffrance Que j'ai porté (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 203). Et Alain en son livre dit Que, ainsi comme jour et nuyt, Les rivieres, aussi les flues, Par les rives sont tenues, Aussi attrempance si tient L'ire des gens quant elle vient. (CH. D'ORLÉANS, L. péché C., 1404, 548). ...l'attrempance du mareschal (...) en fait d'armes fait a louer, et non mie fole hardiece et non deue hastiveté (Bouciquaut L., 1409, 407). Et doit estre reputé a plus grant honneur et louenge au chief de bataille savoir saigement retraire et sauver son ost et le tenir entier quant il est besoing que par trop aventureuse hardiesce exposer a perte et laisser atrempance et mesure pour cuider acquerir le nom de vaillance. (CHART., Q. inv., 1422, 34). Et qui est cause de telz commencemens ne doit pas estre descoulpez, desquelles doncques, se tu me blasmes que en si dure adversité je ne puis pacience garder et en tes haultes prosperitez tu n'as peu retenir atrempance ne moderacion, ton inconstance doit estre dicte mendre que la mienne et ton excusation mains recevable de tant comme ton sens et ton autorité est greigneure. (CHART., Q. inv., 1422, 38). ...Vengance plusieurs a deffais ; Pour ce vise bien en tous fais Que soit en toy bonne attrampance, C'est la vertus d'hommes parfais (GARIN, Compl., 1460, 80). Car ilz ensievent de legier les mouvemens de yre ou de tristresse, de douleur et desplaisir ou de joye et liesse, de amour ou de hayne et de semblables passions, sans user de discretion et de moderee attemprance quant telz mouvemens leur surviennent, en delaissant par ces moyens le droit chemin de equité, de verité, de justice et de raison. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 195). En toutes oeuvres, il convient avoir maniere et attrempance, car tout ce qui est fait par maniere et par attemprance est salutaire et, par contraire, toutes choses faites ou trop ou trop pou est vicieux et reproçable. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 226). Affin que plus je ne despence Mon temps ne ma saison ainsi, Mon filz, par moult bonne actrempence, Conseillez moy dessus cecy (LA VIGNE, S.M., 1496, 297).

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[Dans une action, un comportement] : Mais, pour ce que ces choses furent faites en l'absence des ducs, il n'ot point de maniere ne d'attemprance en l'occision ; si fu destruite la gent des Ausoniens ainz que le crime de leur deffection fust bien certain, tout aussi comme se elle se feust combatue en bataille mortelle. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 25.9, 46). ...dont ly pluseurs d'eaz furent dolans, car messires Ernus estoit de grandes parolles et chauz en tous sen fais, et de petite atemprance. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 19). Desloyal Mahommet, tu promettoies moderer lez trop estroiz mandemens des loys de justice et de grace, maiz ta moderation est tournee en abuz, et en lieu d'atrempance tu as prins l'extremité dissolue. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 122).

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Qqn d'attemprance : Adont ont pris la crois gens de trestoute branche Tant nobles que nient nobles de toute circonstanche Archevesques et evesques et princes d'atempranche (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 515).

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[Dans un contexte métaph.] : Lors nous sambla que Congnisance, Plaine d'onneur et d'atemprance Son bel pavellon nous moustra... (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 21).

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Par attemprance/avec attemprance. "Avec modération" : Veult dire Valeire cy dessus allegué qu'il n'est chose tant perfectement belle, grande et magnifique comme celle qui est menée par atrempance et moderacion. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 165). ...et de toutes cestes espices mectés en par actrempance (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 138). Nous en sçarion quelque nouvelle, Mais parler fault par attrempance. (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 125). ...les diuretiques competent en declinacion avec attemprance (GORDON, Prat., c.1450-1500, VI, 9).

b)

En partic. "Vertu de tempérance (une des quatre vertus cardinales, avec la force, la justice, la prudence)" : Et en ceste maniere est il es vertuz de l'ame, comme sont actrempance, fortitude et les autres vertuz (ORESME, E.A., c.1370, 150). Car dou gouster et dou sentir Peu de gens en voi repentir, S'il ne sont d'atemprance dure. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 160). ...Et qu'a tous deust souvenir Qu'a telle honneur pourra venir Chascun homme, s'i a prudence, Force, justice et attrampence. (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 88). Attrempence est de rien avoir desir Par quoi ly homme se puisse repentir Mais convoitise subjuguer par raison (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 1565). Et par tant, comme le constructeur munist volentiers son edifice alencontre du feu, pareillement ce roy cy, aprés la glorieuse construction de son throne tout novel, l'a volu munir aussi par sens (...), lui a assis quattre posteaux immobiles pour fondement, et a fait de prudence son premier, le second de justice, le tiers de force et le quart d'attemprance. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 321). Et philosophie morale, combien que elle enseigne de acquerir vertus coustumieres comme fortitude, prudence, justice, attemprance, liberalité et pareilles, qui se acquierent par operation et excercites humaines et continuees par long temps, toutevoies point n'enseigne comment on doibt et puet acquerir charité pour amer Dieu comme creature raisonnable le doibt amer. (Somme abr., c.1477-1481, 98). Douze vertus morales sont (...) C'est prudence, justice, force. Attemprance, affabilité, Mansuetude, verité. Largesse, magnanimité, Magnificence et amisté D'honneur avec eutrapelie. Sans que plus on en multiplie, Des douze, quatre originales Sont, qui se nomment cardinales : C'est prudence, force, justice Et attrempance en aulcun vice. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 43). Las, la vertus de sapience Fault en moy, aussi justice ; Si fait force et atrempance. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 35).

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[P. oppos. à la luxure] : Pourquoy ne pouoit le regart nostre Dame esmouvoir que a chasteté et attrempence ? La tierce consideracion est : es oeuvres de nature nous veons que le baselique par son regart seulement occit ung homme. Pourquoy ne pourroit nostre Dame par son regart estaindre mauvais et charnel mouvement et esmouvoir a chasteté...? (GERS., Concept., 1401, 425).

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[P. oppos. à la gloutonnerie] : La diete est attrempance, Jeüne et affliccion Empris par grant affeccion. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 112).

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[À propos d'animaux personnifiés] : Considere doncques nostre attrempance [du lévrier] et regarde ta desordonnee gloutonnie [du faucon] (ROB. HERL., Déb. fauc. lévr. H., c.1470-1500, 36).

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Attemprance de vie : L'Evangile s'acorde aux justes loys morales, aux doctrines des peres et des saiges, a honneste conversation et atrempance de vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 127).

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P. personnif. : Qui sont la gent qui dames gardent Et qui le vray amant resgardent En trés tous ses amoureus fais, Et li merissent ses biens fais ? C'est amours (...) Et Raison (...) Grace, Pais, Honneur et Franchise, Mesure, Foy et Verité, Attemprance et Humilité (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Et s'Attemprance a la fois le retarde, Par la vertu de Paour qui le garde, Ce n'est que pour esquiewer Male Bouche, Qui dou bon temps d'autrui se plaint et grouce. (FROISS., Orl., 1368, 90). ...et par la maniere que on y tint fust Justice, Verité, Preudommie, Loyaulté, Foy, Actrenpance, Force, Charité, Prudence et Discreccion coromppues, blessees, villenees et injuriés avec tout droit divim, civil et canonicque, et erant inimici iudices. (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 190). Et fault en ce que ayez trois vertus, c'est assavoir Force, Attrempance et Pacience, et en faisant tousjours vostre devoir envers le roy, et en gardant et deffendant ses drois. (JUV. URS., Nescio, 1445, 473).

C. -

P. ext. [Idée d'ordre, de disposition]

1.

"Ordre, organisation" : ...En cest ciel ne se congnoist nulz, Se d'Astronomie ne scet l'us, Mais qui d'Astronomie sçaroit La scïence tost en aroit. Cest ciel est de tel atrempance Qu'il ne poeut avoir violence. Ce ciel enclot le firmament. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 144).

-

"Bon ordre"

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Faire attemprance à qqc. : ...tu ne soies jamais rempli de vin, afin que tu ne puisses estre confondu, car tu seras reputé a villain se tu ne faiz atrempence de toy au vin et du vin a toy. (LA SALE, J.S., 1456, 26). Jamais ne soyez rempli de vin, afin que ne puissez estre confondu, car vous seriez reputé à vilain, si vous ne faites attemprance de vous au vin, et du vin à vous. (Faits Lalaing K., c.1470, 21).

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Mettre attemprance en qqc., qq. part : ...Qui ne met en ses fais attrempence et raison Il n'en peut bien venir en la conclusïon (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 145). Et i ot, tele fois fu, au passer, si très grant presse de voloir passer l'un devant l'autre que, se li mareschaux de France n'i euist esté, qui i metoit ordonnance et atemprance à passer à trait, il en i eust des peris (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 12). "...Si vous pri que vous me donnés ceste besongne, et retournés et ne venés plus avant ; car je meterai partout telle atemprance et par si bonne ordenance que vous et li vostre vous en contenterés." Ces douces paroles, que li rois dist, apaisa grandement messire Jehan de Hainnau et les Hainnuiers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 120).

2.

"Disposition morale" : Car d'amour naist une doulce atrempance Qui nous aprent a croire en verité Que l'umble vierge en humaine semblance Gouverna cil dont tout est gouverné (Mir. chan., c.1361, 185). ...Car chi m'en abstenray, par teile convenanche Que je voray chanteir, par milheur attempranche, De ma mateire avant, dont j'aie fait proveanche, Plaine de veriteit, sens nulle reprovanche Ne de vilains argus. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 732).

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Prendre attemprance en qqc. "Se disposer à qqc." : Quant vous ne sarez attrempance Prendre en bien amer nostre sire De touz vos pouoirs (Mir. st Ign., 1366, 91).

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"Instigation" : Adont avint à Tongre trop mal oultrequidanche : Ly peuple s'eslevat, par le dyable atempranche, Encontre leur evesque qui fut de teil vilhanche (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 50).
 

A. -

"Modération, mesure (qui est dans les choses)" : ...nostre santé naturelle est en l'attrempement (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 234). Il [le Saint Esprit] est repoz en labeur, en chaleur attemprement ou refroidure, en pleurs et tristesse soulas. (Somme abr., c.1477-1481, 123).

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[À propos du climat] "Douceur, caractère tempéré" : ...c'est adire que la justice d'un roy c'est la paix des peuples, la garde d'un pais, l'immunité du peuple, l'aide des gens, la cure et garison des languissans, la joye des hommes, l'atemprement de l'air, la securité de la mer, fecundité de la terre, le solas des povres, l'eritaige des enffans, et quant ung roy la fait il doit esperer la beatitude advenir. (JUV. URS., Verba, 1452, 294).

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[Du regard] "Douceur" : En ton maintien, en ton gouvernement, En ton parler, en ton contenement, En ton regart garni d'atemprement Penroie nuit et jour esbatement. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 134).

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"Équilibre" : Et la cause si est car toute chose qui yst de son attrempement naturel chet en maladie (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 136).

B. -

"Modération, douceur (qui est dans une pers.)" : Pria a Dieu devotement Qu'il lui donnast atemprement. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 178). Beau Sire Dieu tout puissant et Pere pardurable, qui m'as donné pervenir au commancement de ceste journee, par ta sainte vertu garde moy d'encourir aucun peril ; si que je ne puisse decliner aucun mortel pechié et que par ton doux atrempement ma pensee soit adrecee a ta sainte justice et voulenté faire. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 7).

C. -

"Modération, mesure (que l'on met dans les choses)" : Se ceste morte par vous m'est devisee, Metre y pores [l. porés] par vous atemprement (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 236). Se Bonne Amour a cui je me sui tres, Ne met en mon desir atemprement, Par quoi il soit de ceste ardeur retrés, Et q'un petit aie d'aliegement, D'avis et de hardement De remonstrer com griés est li travaus Que je rechoi, je ne voi aultrement De ce peril [je puisse escaper saus]. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 21). Ensi, sire, pour la manace Serés delivrés temprement : On y met grant atemprement. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 146). ...vous metterés temprement En ma dolour atemprement. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 205). G'i cuide tel attemprement Mettre et si tres bonne ordenance, Que... (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 76).

D. -

"Disposition à qqc." : Fors estoit de corps et ireux, De sa nature peu piteux, Malvaiz et de grant hardement Et de tout mal atrempement. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 214).

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"Usage" : ...car ses vestemens de parement estoiient hamoteis sor les espalles de bons yermiens. Ilh estoit foreis de costables pennes, et de samis et de cendal, selont l'atemprement do temps, et avoit estat de chevaz et de mayniiez alle avenant. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 226).
 

A. -

"Avec modération, avec mesure, sobrement"

1.

[À propos d'un mélange] "Sobrement, modérément" : Et les autres choses dessus dictes, dont ledit boyau cuilier et autres dont l'en fait andoulles doivent estre rempliz, seront premierement plungez et pouldrez de la pouldre de poivre, demye once, et du fanoul (..I.. sixain de fanoul) broyez avec ung petit de sel broyé et atrempeement mis tout broyé menu avec les espices. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 193). ...et se y mecte du vin aygre rouge sy actrempement que il n'en y ait pas tropt affin que s'il estoit necessaire que il en y peust encore mectre (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 139).

2.

Faire telle chose attempreement : Mais on la doit celéement Donner [la joie] et attempréement, Quant li lieus et li temps eschiet (MACH., D. verg., a.1340, 46). Et sachiez que je parle d'Alixandre ou regart de celui estat que il avoit tout avant que il se feust plungiez et embatus es choses prosperes, lesquelles nuls homs ne modera onques mainz atrempeement (BERS., I, 9, c.1354-1359, 18.1, 33). Donne moy de telz fomens user attempreement, et que je n'en soie envelopé par trop grant desir. (Internele consol. P., 1447, 149). Il tint et fist le devoir du supplice et si rendy equité admirable attrempement et ainsi il s'est demonstré pere misericordieux et vray legislateur. [Le père au lieu de priver son fils des deux yeux, en vertu d'une loi que celui-ci a enfreinte, le prive d'un oeil et pour que la justice ait son compte se prive lui-même d'un oeil] (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 222).

-

En partic.

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[Manger, boire...] : Estendement des bras, alices, ostitacions, rigour, sont garis par boire du vin atrempeement. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 102). ...boit et mengiue tres attrempeement et sobrement (Bouciquaut L., 1409, 415). C'est a dire, mon ami : mangüe tousjours en telle maniere que quant tu te leveras de la table ton appetit ne soit pas saoul, et aussi ton boire soit prins atrempeement. (LA SALE, J.S., 1456, 26).

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[Vivre] : Nous vivons atempréement Et tousjours ordonnéement (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 149). ...car il disoit que la multitude des possessions doit estre si grande et telement mesuree que l'on puisse vivre attrempeement, mes se il eust dit que l'en puisse bien vivre, il eust miex dit et plus profitablement. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 88). Item, dissimuler et lessier vivre chescun si comme il veut est une chose qui est mont aidante a ceste policie. Car plus delectable chose est a mont de gens vivre desordeneement que vivre actrempeement. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 265). ...viure humblement, viure actrempement et chastement (CIB., p.1451, 179).

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[Parler] : Adont se leva Attemprance Qui tenoit par la main souffrance. Si parla attempréement En disant... (MACH., J. R. Nav., 1349, 198). Et la trouva le nouvel chevalier qui apportoit le mandement de Gieffroy, et le bienviengna moult, et cil lui fist grant reverence, qui moult savoit de bien et d'onneur. (...) Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist... (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...uns clers d'Engleterre licensiiés en drois et en lois (...) parla atempreement et remonstra tout en hault et en englois (...) tous les poins et les articles desquels messires Robers d'Artois les avoit (...) enfourmés (FROISS., Chron. D., p.1400, 232).

3.

"Calmement, posément" : Car il [le diable] ne tent a autre chose que par teles vilaines, ordes et mauvaises pensees de Dieu et des sains sacremens, ou [de] desconfort ou de annuy ou de desesperance, il puist la personne mettre par courroux desordonné en desesperance dont il est mestier que on y ait desplaisance attrempeement et pacience (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 277). Et ce est contre ceulz qui veullent que paciemment, attrempement et froidement on oye les injures de Dieu, comme en nonchaillant (GERS., Concept., 1401, 424). Quant donques le duc attempreement avoit oÿ le recort de ses chevaliers et leur avoit donné espace de vuider leur estommac, en toutes choses se contint transquille et amoderé (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 153). Et quant au seigneur de Ternant, il se tenoit atemprement en son pas, sans lui aucunement desroyer ; mais son adversaire faisoit le contraire, et venoit contre lui en saillant et bondissant sy grans pas, qu'il ne tenoit point de mesure (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1461-14, 92).

-

"Sans manifestation excessive" : Et lors il receut lesdits prinsonniers et en disposa a son plaisir, et de ce s'esjouyt atrempeement et recongnut la prouesse de sondit mareschal et le service qu'il avoit fait a lui et a la chose publicque, car il le esleva entre les plus grans de son royaume (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 433).

B. -

"Convenablement" : ...se devisa une espace a la royne a qui son langage n'é paz anoieux, car moult luy abelissoient sez doulcez et bellez devisez et, en apprez quant il orent ensamble parlé de pluiseurs chosez, dont l'istorien ne scet nulle mencion, le noble conte, subtil et introduit entre damez et damoisellez, s'acointa d'ellez si attempreement que toutez de luy furent contemptez. (Comte Artois, c.1453-1467, 63).

-

"Selon un ordre déterminé" : Si y vi comment le bel ordre Des planetes qui ne puet tordre De son cours, atrempeement En leurs cercles si bellement Se muet qu'il empesche la course Du firmament du ciel (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 81).
 

"Dispositif pour le réglage d'un mécanisme (ici de la charrue)"

REM. Doc. 1389 (attempurres, l. attempoeres ?) ds GD I, 491b. Doc. 1395 (atrampoere) ds GD I, 469b-c.
 

I. -

[Domaine concret : idée de mélange, surtout de liquides ; idée de trempe]

A. -

[Idée de mélange]

1.

Attemprer qqc. (de qqc.). "Mêler, mélanger (pour tempérer, pour modérer)"

-

Attemprer le vin (d'eau) : Et, s'il [le vin] est fort, est chose seure Qu'il soit attrempé d'eaue pure Pour mieulx blandir nature à droit, Maiz plus en esté qu'en temps froit. (LA HAYE, P. peste, 1426, 99). Paris ne mengoit gueires, quar il penssoit aultre part que a menger, puys se faisoit donner au frere du vin molt bien atrempé d'eaue, qu'il avoit mys a part pour soy. Si en bevoit molt souvant pour fayre boyre les aultres (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 272).

-

Attremper qqc. de qqc./avec qqc. : Et pour le commun prennent les cuisses de beuf et sy en prennent tant grant foyson qu'il en hayent pour servir tout homme, et si soient les maistres patissiers si saiges et bien advisiés qu'ilz actemprent leur sel avecques leurs espices affin qu'il ne soit tropt salé. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 140). Et se soit tresbien advisé le maistre qui fera ledit pasté qui hait ses bonnes espices, gingibre blanc, granne de paradis et ung pou de poyvre, de saffran pour donner couleur, et si l'atremper du sel par puncer tout le grein dudit pasté dessusdit. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 174).

-

Au fig. S'attemprer à qqc. "Se tempérer de qqc." : Et sachiez que la cruaulté Qui s'atrempe a la loyaulté Vault trop mieulx que ne vault simplesse ; Car cruaulté les drois adresse Et les torfais souvent remue La ou simplesse est toute mue. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 57).

2.

P. ext.

a)

"Irriguer (des cultures, un jardin, des arbres...)" : En cedit jardin a une belle fonteine de quoy ledit jardin et arbres sont arrousés et attrempez (Voy. Jérus., c.1395, 49).

-

"Préparer, couler (un bain) (?)" (Éd. "Réchauffer, tempérer") : O com de coeur entier un baing li attrempasse ! O comme volentiers l'yaue a mon col portasse, Et a sa doulce mere de coeur administrasse, Et du petit enfant les drappellés lavasse ! (Livre Rossignol. N., c.1400-1420, 61).

b)

"Diluer (une humeur)" : ...un honme songe que il tramble lez fievres, lequel, toutevoies, ne lez tramble pas aprés, pour aucune cause survenant, laquelle amenuise et atrampe celle matiere colerique, ou l'en y ajouste aucune medicine qui l'enpeche. (Songe verg. S., t.1, 1378, 383).

3.

Attempré (de)

-

"Mêlé de qqc." : En ce frefel et en celle rihote Fai maint souspir, maint plaint et mainte note Qui ne sont pas de sons melodïeus, Mes attemprés de chans maladïeus. (FROISS., Orl., 1368, 103).

-

"Mêlé de, assaisonné de qqc." : ...et faictes tout boulir ensemble, et soit plus sur le jaune que sur le brun, agu de vinaigre et actrempé d'espices (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 220).

-

"Imprégné, rempli" : Atempré sont [mes yeux] d'un tel convoi ["regard"] Que pour Polixena jadis Fu Achillés. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 112).

B. -

[Idée de trempe]

-

Attemprer du fer. "Durcir (le fer) en lui donnant une certaine trempe" : ...pour avoir arondi et atempré le grant fer de ce dit molin (Doc. 1451. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 484).

-

Part. passé "Trempé, qui a reçu la trempe" (cf. GD I, 469a)

.

[Dans un contexte métaph.] : Aux Italies jadiz fist mains beaulx faitz De son fier bras et de sa dure espée ; En rencontre mortel portoit les faitz Par sa force de vertuz attrempée. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 396).

II. -

[Idée de modération]

A. -

Attemprer qqc./qqn

1.

[L'objet désigne une chose]

a)

[D'une pers. ou d'une chose personnif.] "Adoucir, modérer qqc." : Et d'un vent dous et couvenable A tout corps humain, delitable, Plein de plaisence et de tout aise, Atempra [var. atrempa] l'angle la fournaise (MACH., C. ami, 1357, 23). L'ire des vens et leur tempeste Dont le serain air se destrempe, Et la mer qui fort se tempeste Et mine le rivage et trempe, Amours amodere et atrempe, Et, par sa grant doulceur, acoye. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 99). Console mon exil, attempre ma doleur (Internele consol. P., 1447, 211). Et se les payens doncques attrempoient et moderoient ainsi leurs vaines et mondaines leesses, certes, par plus fortes raisons, nous, cristiens, devons icelles reprimer et moderer. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 179).

-

"Rafraîchir, maintenir frais (une habitation)" : A che s'acordent les medechins comme Rasy : «Garder santé, dist il, est observer mesure en mouvement et en repos, en mengier et en boire et en expulsion ou reboutement de superfluitéz, actemprer les maisons et autres lieux ou l'en demeure, obvier ou resister aux mauvais accidens ains que ilz prendent croissanche, rebouter pensees bestiales et garder bonnes acoustumanches». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 346).

-

Attemprer sa langue : Amesure ton cuer en bonne voluntey Et Atrempre ta lengue par saigement parler. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 234). ...amorte ire et chalour charnel, attrempe et refrene ma langue de vain parler. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 31). O aveuglez, vous vous rïez Quant aulcun homme avez trompé ; Mais une fois vous vourrïez N'avoir mangé que pain trempé En bel eaue , et qu'atrempé Eussez vos langues ailtrement. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

-

[Une querelle] : ...Dieu priez devotement Que (...) Tellement leur querelle affine Et attrempe conme vray juge, Que chascune partie y juge Prouffit avoir. (Mir. ste Bauth., c.1376, 136).

-

[Un règlement, une contrainte...] "Modérer, rendre moins rigoureux" : ...celuy doit, selon lez loys, juger de chose juste et injuste et cognoistre, lequel puet lez loys faire, avoir, interpreter et exposer, faire garder, aggrever et atemprer, selon lez circunstances dez persones, du temps et dez lieus. (Songe verg. S., t.1, 1378, 28). Et se le Roy prent indignacion contre aucune persone de l'Eglyse, par la priere dez evesques, le mautalent et l'indignacion si est remisé et rapaisié. Par le moïen d'eulx, la riguer de justice est attrampee, le clameur dez povres si est essaucé (Songe verg. S., t.1, 1378, 238). ...neantmoins pour aucunes bonnes raisons ad ce nous esmouvans, lesdictes ordonnances attemperons et consentons que nous, ou leur juge, puissons avancier ou tarder de jours ou de heures, selon les disposicions du temps (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 214).

-

[Dans un contexte métaph.] : ...Espoir qui doit attemprer celle ardure [d'ardent désir] (MACH., Motés, 1377, 501).

b)

[D'une chose]

-

"Calmer, rafraîchir qqc." : Nous supposons aussi que le Soleil fut crëés en son ange, c'est la partie du cercle du Soleil plus loingz et plus eslevé de la terre, et ce fu convenable chose pour atremper la chaleur de Soleil (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 229). Et donqes si le prent homme [l'eau de roses] et moille les temples pur attempler les sens de la teste ; et l'odour si conforte moelt. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 150). ...ilz voient une nue eslever qui cuevre et atrempe la chaleur du soleil (Mir. st Ign., 1366, 72). ...combien que la lune soit froide et moiste de sa nature, toutevoies recoipt elle la chaleur du souleil qui attrempe sa froidure et seche sa moisteur (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 352). ...et languissoient de soif en telle maniere que ilz gettoient la langue traicte en demandant une seule goutte d'eaue pour attremper leur chaleur (Horloge de sapience S., c.1389, 103). Le tamps estoit pour ce jour si doulx et tant attempré par l'empeschement des nuees qui evitoient la challeur du soleil qu[e]... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 2).

-

[Dans un contexte métaph.] : L'homme, toutes fois qu'il est en fureur et en yre, est hors de son corps, c'est a dire hors du sens. et pour ce, par ses amis doit estre attrempez et refroidiez par le doulz vent de bon conseil jusques a ce qu'il soit osté de sa fureur (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 98).

2.

[L'objet désigne une pers., son caractère, ses sentiments, son comportement, son activité...] "Modérer, apaiser, tempérer" : ...Fabien le Grant avoit esté maistre conseilleur de soy et de son aiel et de son besayel et de toute son ancessorie, et toutevoies fist il tout son pouoir que son filz n'eüst pas celle office aprés lui, non pas qu'il se deffiast de son filz, car il estoit noble preudome et sage, mais pour ce que .I. lignage ne tenist touz jours ceste office. Qui puet estre plus atrempé que cestui qui atrempa s'amour naturele qu'il avoit en son enfant en tele guise. (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 213). Mes pour ce que i [veoyt] que cestes choses ne se pueent faire en corages acoustumés a guerres et efferonchez par chevaleri, il se pensa car il couvendroit que la fierté des corages fust avant toute euvre atrempee et amolie par desacoustumances d'armes. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.2, 30). Mes pour ce que il cremoit que les corages du peuple par pays et par ociouseté se habandonnassent a superfluités et a luxures, lesquelz le paour des anemis et la discipline de chevalerie et le labour des armez avoient jadis contenu et atrempé, il li sembla car en celle multitude, ignorant et rude, la creinte des dieux seroit souvereine (BERS., I, 1, c.1354-1359, 19.4, 31). [continere] Dont est Paours a l'amant neccessaire, Car elle fait attemprer son afaire, Et le nourist en cremeur d'entreprendre Chose dont nuls ne le peuïst reprendre. (FROISS., Orl., 1368, 89). Sire, atrempez vostre courage. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 237). Elle [la Tempérance] attrempe et adoulcist tout (JUV. URS., Nescio, 1445, 475). Dont, tant que en luy fust, il adoulcy et atrempe de sa propre tranquilité l'amertume et angoisse de la publicque confusion (LA SALE, Sale D., 1451, 211). Pour ce voulloit Dieu icellui Jouvencel estre prisonnyer et faillir à son entreprinse pour aucunement moderer et actemprer le couraige, corrigier et reffraindre les challeurs de jeunesse. (BUEIL, I, 1461-1466, 74).

-

S'attemprer. "Se modérer" : Amors et pitié font son corage attremper (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 12). Lors getta [les dés], de courroux tressue, .IX. poins, et .XV. a demandez. Le coup gaingne, s'est atrempez ["il s'est modéré, calmé"] (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 255).

3.

Attemprer à qqc. "Obtempérer à qqc." : Ausquelles Coriolanus, pour obeÿr se mere et pour l'amour de sa femme, atempera a leur humble et doulce priere (LA SALE, Sale D., 1451, 217).

B. -

Attempré

1.

[D'une chose] "Doux, modéré"

a)

[Concr.]

-

[Du temps qu'il fait, du climat, du vent, de la lumière...] : ...Quant par atempree caleur A tant Nature labouré Que le domage a restouré Qu'en yver avoit receü... (ACART, Prise am. H., 1332, 4). Et li jours fu attemprez [var. attrempre] par mesure, Biaus, clers, luisans, nès et purs, sans froidure. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 58). ...atemprez et seris Est li airs (MACH., D. Lyon, 1342, 195). Se l'air est pur et attrempée en ces qualitez il est moult prouffitable a la conservation de la vie (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°). ...le royaulme de France est (...) raempli de gros villaiges, de biaux pays, de doulces rivieres, de bons estans, de bonne prayeries, de courtois vins substancieux pour gens d'armes eux nourrir et raffresquir, de soleil et d'air à point atempré, et nous avons cy tout le contraire. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86). Et pour ce, elle [une partie de la terre] est attrempee et habitable et l'autre non, si comme il sera plus a plain declaré vers la fin de cest livre. (ORESME, C.M., c.1377, 352). ...fortune se leva en la mer, et uns orages et tempeste si horrible que Sarrasins furent moult esbahiz. (...) Et le landemain, environ heure de prime, le air fu pur et le vent fu attrempez et luisy le soleil beau et cler. (ARRAS, c.1392-1393, 128). ...ce propre jour, sur le soir, elle estoit issue de son chastel pour ce que l'aer estoit moult bien atempré. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 228). ...tant estoit le lieu d'attempree clarté (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 552). ...les flourettes par l'humeur de la terre eschauffée et reprenant la vigeur de generation procedant des influences du solleil, qui lors sont moderées et attrempées, pour ce que le cercle equinecial est en egalle portion vers orient et vers occident, decorent et embellissent les prez pour adoulcir les pasturages aux bestes mues (BUEIL, I, 1461-1466, 19). Et se te dis que l'annee qui vient sera plus atrempee et la plus fertile que tu vis jamais. (MACHO, Esope R., c.1480, 159). Je te dis que tu [l'air] diz mal et a tort te complains du vent, car, combien qu'il te bate et refroide, toutes fois, par ce, il te rend cler et attempré. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 99).

-

[D'une épice] : De celui naporte [l. n'aporte] on point en ce pays, car ilz le retiennent pour euls, pour ce que cest le meilleur et de plus atrempee nature que le noir ne soit, et si nen [l. n'en] y a mie si grande habundance de blanc que de noir. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 325).

-

[Du vin] "Tempéré" : ...Il [le vin] reconforte les malades ; Mais quant il n'est bien atrempé Homme n'est qui n'en soit trompé. (Serm. quatre vents K., c.1500, 516).

-

[Du visage] "Doux" (Éd. "modeste") : Et avoit le visage si atrempé, Sosia, si bel et si gracieux que je n'en vis oncques nul plus cler. (RIPPE, Andrienne, a.1466. In. Chrestom. R., 208).

b)

[Abstr.]

-

[D'une rémunération, d'une imposition] "Qu garde la mesure, modéré" : ...nous ordonnons que ces sergens praignent salaire atrempé : c'est assavoir ceulx à cheval III solz, ceulx à pié XVIII deniers de la monnoie courant ; et plus n'en pourront prendre par jour pour leur salaire, combien qu'ilz facent pluseurs execucions ou autres procés de leurs offices par pluseurs personnes (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 81). Et si ordonna que si sondit patrimoine n'y pouvoit suffire, son peuple en icellui cas pour la necessité publicque y contribueroit par atrempée cueillecte, sans exaction excessive (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 390).

-

[D'une punition] : Mais quant doulce misericorde entremeslee avecques droicturiere justice donne sur les princes et sur le peuple le decret de plus attrempee punicion, l'orgueil de trop oultrecuidié povoir qui se descognoist est rabaissié par puissance ennemie, la superfluité des biens mondains, qui est nourrice de sedicions et de murmure, est chastiee par sa mesmes nourreture et l'ingratitude des dons de Dieu est punie sur les hommes par sustracion de sa grace que aprés bon amendement et loiale correction a renvoyé et redrecié les seigneuries et les peuples en parfaitte paix et restitucion de leur disposicion premiere. (CHART., Q. inv., 1422, 1).

-

Attempré à qqn. "Doux, agréable à qqn" : Cil qui songe qu'il ait espendue semence de forment en la region qu'il cognoist et que la semence ait germé ou temps qu'il appartient a germer, et cil qui ce songe soit du nombre de loyaux et debonnaires crestiens et religieus, signifie que ses operacions seront attrempres a Dieu. (Expos. songes B., 1396, 231).

2.

[D'une pers.]

-

"Modéré, mesuré, pondéré" : Il fust au conmencement bien atrempé, mais après il fut monlt desrivez en tous maulx. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 240). Aigres, qui estoit sages homs et moult bien atrempez, ne respondi adonc nul mot ne oncques ne mua contenance ne maniere, ains regardoit le roy afin qu'il eüst responce de lui. (Bérinus, I, c.1350-1370, 301). Cesti Servius Tullius regna quarante et deus ans par tele meniere que se il eust horez en successeur roy bon et atrempé, si fust il assés grief de l'avoir resemblé. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 82). Et sachiez que ja ce fust que il fust deboinaires et tant atrempez, si avoit on autre fois le volu deposer, si comme aucun dient, pour ce que mal leur sembloit que si grant empire fust en pooir d'un homme, et eust esté fait pour cause du paÿs delivrer de la servitute des roys, se ne fust le fourfait, l'outrage privé dessus dit qui li sourvint. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 82). ...en folour te voels aherdre. Or te cuidoi je plus seür, Mieuls atempré et plus meür ! (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 79). Ha ! messires Loeis de Sansoirre, je vous quidois plus atrempé et mieux amesuré que vous ne soiés (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 17). La premiere devant assise Fait la personne estre rassise, Sage, attrempee et bien parlans (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 26). Qu'atrempé et pacient estre Doie le prince et le grant maistre, Seneque dit ou premier livre De Clemence, et sagement vivre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 254). Et pour ce, est tresneccessaire chose aux principes qu'ilz eslisent bien et advisent a qui ilz donrront la charge de leurs guerres. Car il fault, premier et avant toutes choses, qu'il soit vray crestien et bien avecques Dieu, et apprès saige, dilligent en armes et attemperé et es battailles experimenté (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 241). ...mais il ne fault que viriliter agere et sustinere dominum et estre froit et attrempé (JUV. URS., Nescio, 1445, 447). Soiez donc saiges et prudens ! Soiez atrampez et constans ! (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 555).

.

Attempré en qqc. : Sur quoy, belle seur, sachiez que toute personne qui s'eschauffe en sa parole n'est mye bien atrempé en son sens. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105). Vindicatif n'est ne soubdain, Mais si atrempé en tous fais Que homs ne puet estre plus parfais. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 148). Eutrope dit que nul ne fut plus envieux en bataille, ne plus actrempé en paix. (BUEIL, II, 1461-1466, 226).

.

"Maître de soi, calme" : Car il fuioit plus delectacions que en faisoient pluseurs autres que estoient vertueus et actrempéz. (ORESME, E.A.C., c.1370, 498). Vecy noz ennemis qui sont frais et nouveaulx, qui sont frois et atemprez, et nous sommes pou de gens, fort travailliez et eschauffés de combatre. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 626).

.

Empl. subst. "Celui qui est maître de soi" : Car le continent a puissance de non faire contre raison pour delectacions corporeles, et tele puissance a l'actrempé. (ORESME, E.A., c.1370, 397).

-

[Du comportement, des sentiments, de l'activité... de qqn] : Contenance bien attrempee Est de bonté bien esprouvee. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 204). Bon conseil avez et seür, Bien attempré et bien meür. (MACH., J. R. Nav., 1349, 253). Certes, di jou, ma dame chiere, Tant prise vous et vo maniere Et vostre atempree doctrine Dont vostre grans sens me doctrine, Qu'a tous jours mes j'en vaudrai mieulz. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 59). Et ainsi devenons nous justes et sommes fais justes en faisant operacions justes et actrempés en faisant operacions actrempees et fors en faisant operacions fortes. (ORESME, E.A., c.1370, 147). La est sobre et attrempee leesse, sanz legiereté ou ventance (GERS., Mendicité G., 1400-1401, 274). ...en tels coses on en puet mieuls sçavoir la verité par les victorieus que par les desconfis, car il ont plus grant loisir et l'avis plus atempré (FROISS., Chron. D., p.1400, 735). C'est le chemin pour venir a proesce Qui fait les bons a hault estat tirer Et met en eulx atrempee lÿesce, Courtois parler et loyale promesse, Sans varïer, chanceller ne virer. (CHART., B. Nobles, c.1424, 398). Mais vous devez oultre avoir Attrempance ou Esperance, et est moult neccessaire, car supposé que on se voye aucunement irrité par aultruy la maniere attrempee de respondre adoulcist la personne et le fait contenter et dominer les ymaginacions vicieuses (JUV. URS., Nescio, 1445, 474). SALOMON. Par meur atrempé jugement, Devant ung chacun je declere que... (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 328). Ardent desir de veoir pays, (...) si fort eschaufa l'atrempé cueur et vertueux courage d'un bon et riche marchant de Londres (...) qu'il abandonna sa belle et bonne femme (C.N.N., c.1456-1467, 126). Il prenoit deux repas le jour seulement. Il parloit et buvoit peu. Il avoit gravité honeste, familiarité atrempée et diligence efficacieuse. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 129).

.

[Du désir] "Adouci" : Mervilleusement dona grant foy li peuples a cesti homme denunchant ceste chose, et des lors le desir qu'il avoient a Romulus leur roy, oÿe et faite foy de sa immortalité, fut assés atrempez et assoagiez. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 16.8, 26).

III. -

P. ext. [Idée d'arrangement, d'ordre, d'harmonie]

A. -

Attemprer qqc.

1.

"Régler, arranger, ordonner qqc."

-

[Une chose concr.] : ...Car li yviers maladieus, Qui diversement le desrobe, Li avoit tollue sa robe [à la terre] ; Or le recoevre belle et noeve, N'a plus le froit vent ne le ploeve, Le gresil, le nege et le glace, Ançois se deduit et solace A rechevoir, soit tart ou tempre, Le rousee, qui li atempre Ses rieules et ses instrumens A ouvrer de ses elemens Foelles, flours (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 114). ...si en leva un [engin, machine de guerre] ou chastiel, qui n'estoit mies trop grans et l'attempra bien et a point et ne le fist jeter que trois fois (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 65). Maintes ames sont dont appellez et entrent en l'Esglise, en laquelle mains sacremens il reçoivent comment bonnes et sainctez onctions pour attramper les ornemens des amez. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281).

-

[Une chose abstr.] : Gardez la rouhe de fortune Parmy le compas de mesure. Atremprez vostre sapience. Cilz qu'est maistre des aventure Vous gardera vostre fortune, Se vous y mettez diligence. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 217).

-

Attemprer que. "Ordonner que" : ...par nosdiz chappiltres et ordonnances de present, attemperons, voullons et ordonnons que lesdiz combatteurs puissent partir aux heures par nous ordonnees (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 212).

2.

Attemprer des choses. "Accorder des choses ensemble" : Il [Amour] ala es cieulx accorder Leurs dessemblables mouvemens, Qui ne se poeuent descorder Pour le bon accord qu'il mit ens. Les hauls, les bas et les moyens Ensemble attrempa de tel point Que, par dessus tous instrumens, Font melodieux contrepoint. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 96).

-

En partic. "Accorder (un instrument de musique)" : Chils qui trop bien harper savoit, Se harpe atempra douchement (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 158). "Il vauldroit trop mieulx assez, Beau Filz", dist la royne, "au commaincement atremper la vielle d'une atrempeure doulce et moyenne que l'atremper si hault que en la fin de la chantiere elle perde son chant..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 342). Alors Gerart, que moult estoit descongneus par ung erbe dont il s'estoit frotté le visage et les mains, sailly avant et attempra sa vyole (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 33). ...et y ouy ung homme ou une femme qui attemproit une harpe et commença a jouer le lay qu'il avoit songié (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 916).

-

Attemprer sa voix. "Rafraîchir sa voix" : Mais je vous conseille en la fin, Pour mieulx attemprer vostre voix Faictes obeissance au vin. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 103).

B. -

Attempré

1.

"Bien réglé, accompli" : ...et ne pensez a riens fors a demain bien matin oyr vostre messe et aprez ce rendre compte a vostre confesseur de tous voz pechiez par bonne, meure et actrempee confession (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 12). Le bien que puis avecques elle [la vieillesse] avoir N'est que d'un peu d'atrempee sagesse ; En lieu de ce, me fauldra recevoir Ennuy, Soussy, Desplaisir, et Destresse (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 168). Puis Justice au champion baille L'espee quelle avoit gardé Long temps, et si lui dit sans faille : "Adfin que soyez regardé Comme homme bien recommendé Pour sa hardiesse attrempee, Et pour ce vous a l'en mandé, Vous avrez ceste belle espee." (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 33).

-

"Équilibré" : ...les fames qui ont les marrices atrempees es unes et es autres qualitez sont generatives. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 87). Se l'air est pur et attrempée en ces qualitez il est moult prouffitable a la conservation de la vie (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°). Et toutes telles choses sont apellees des medicins anodines c'est a dire atrampees et mitigatives de doleur (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 24).

2.

[De sons, d'une musique] "Harmonieux" : Mes de une ou de .II. policies qui sunt bien instituees l'en peut dire que elles sunt comme une armonie ou comme une musique bien attrempee. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 169). ...tout ainsy donc les sons qui sont trop eslongniez ou trop prochains aussy du moien dessus dit appertenant aux sons ou regard de l'oÿe l'offendent et lui nuisent. Et ceulx qui sont en ce bien attrempez et de bonne mesure, au contraire, lui plaisent et lui font grant confort. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 57).

3.

Attempré en qqc. "Gouverné par qqc." : Je croi donques que cesti home, c'est a dire Numa Pompilius, ne fu pas Pictagores ne n'aprinst point avecquez Pictagore, enchois croi car de son propre engin il ot le corage atrempé en vertu et entroduit en sciencez extrangez (BERS., I, 1, c.1354-1359, 18.4, 29).

-

Attempré par qqc. "Gouverné de manière équilibrée par..." : A celi temps estoit la cité de Rome puissant et atrempee par les ars et par les sciencez de bataille et de pays. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 21.6, 34).

4.

Attempré de + inf. "Disposé à" : Se Ligois chu ne font, et soient actempreit De restreindre la forche qu'il ont acostumeit, Je me dobte en la fin ( pourquoy seroit celleit ?) Ne se truewent dechuys si com ilh ont esteit Maintes fois chi-devant, par Dieu qui fut peneit ! (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 696).

5.

"Qui convient, qui est justifié" : Ne quelle chose nous peüst estre plus attrempee que ceste vengance (LA SALE, Sale D., 1451, 257).
 

"Celui qui tempère, apaise ; modérateur" : ...et toutes fois estoit fortune au point de tourner sa roe contre toi quant Nostre Sire Jhesu Crist, qui est atrempeeur et gouverneeur du monde, osta celui Phelippe de cest monde et te donna derechief une nouvelle election que pape Innocent conferma, car autrement ton estat et ta seingneurie estoit au point de decheoir et de defaillir. (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 107v°a). Dont le vray prophete de l'adevinement ad venir en rendi graces et loenges a Dieu : "Voy doncques et regarde comment le souverain attempreur de toutes choses a ordonné ce cy par dispensation si afferante que a chascun quartier de pain il a par samblable nombre asorti chascune nef." (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 20).
 

"Accord, harmonie" : "Il vauldroit trop mieulx assez, Beau Filz," dist la royne, "au commaincement atremper la vielle d'une atrempeure doulce et moyenne que l'atremper si hault que en la fin de la chantiere elle perde son chant..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 342).
 

"Sans retenue, immodérément" (synon. désattemprément) : Distemperanter (...) : desatrempamment (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 128).
 

[À propos d'une pers. ou d'une chose] "Manque de mesure, démesure, excès" : Et est a savoir que il [Aristote] prent yci incontinence pour le vice de desactrempance. (ORESME, E.A.C., c.1370, 200). Et est pour la malice de leur complexion, qui vient de la desactrempance du païs en chaut ou en froit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 364). Et pour ce, elles vivent selon leurs concupiscences en trop grans delectacions et delicieusement a toute desactrempance. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 100). Mes presque tous tendent naturelment a incontinence ou a desattrempance et excés en delectations corporeles. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 243). Et pour ce dit Aristote ou XIIIe. chapitre du VIIe. d'Ethiques que le pechié de incontinence ne est pas simplement malice et est curable, mes le vice de desattrempance est simplement malice et est incurable. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 254). Or ont tant bien retenu l'emprainte de legiere vanité que ilz ont voulu vivre comme gallans en prodigalité oyseuse, et soy vestir comme jugleurs en habit desroyé ; ne la desatrempance de leur courage ne s'est peu celer soubz la desguiseure de leur habit, et le desroy de leur maintien a mis en mespris l'obstination de leur sens. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66).

Rem. Nombreux autres ex. chez ORESME. Ex. d'a.fr., GUILL. ORESME, Quadrip., c.1360, Jardin de santé, c.1500, ds GD II, 538b.

-

MÉD. "Dyscrasie"

Rem. MONDEVILLE ds T-L II, 1469-1470.
 

A. -

[D'une chose] "Détrempé, humide"

Rem. Ex. d'a.fr. et Jardin de santé, c.1500 (la laictue est jugee de tous les amateurs des herbes estre tres desattrempee), ds GD II, 538c.

B. -

[D'une pers. ou d'une chose] "Qui manque de mesure, qui est excessif" : ...en toutes ces manieres et en semblables peut estre un homme desactrempé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 224). Car se il est desattrempé ou se il est paoureuz, il ne fera ja bien chose qu'il doie faire. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 72). Autre cause est car celle partie de terre ou celle plage qui regarde le pole antartique en tele distance comme la nostre resgarde le pole artique est desatrempee, car quant nous avons yver, yleuques est esté et e converso, et yleuques est yver plus loing [var. lonc] et excessif en froit pour ce que adonques est le soleil ou point appellé aux solis et est loing de terre. (ORESME, C.M., c.1377, 352).

Rem. Nombreux autres ex.chez ORESME.

-

Desattempré en qqc. : Nous dison que le porc est desactrempé en rudesce et ordure plus que le brebis, et le moineau en luxure plus que la tuertre, et le louf en devourer plus que le buef, etc. (ORESME, E.A.C., c.1370, 386).

-

Empl. subst. : Et les delectations que le desactrempé a en touchement ne sont pas par tout le corps, mais tant seulement en certaines parties ou en aucuns membres. (ORESME, E.A., c.1370, 222). Si comme il appert du convoiteus et du fol large et du desatrempé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 361).

-

MÉD. "Qui a perdu son équilibre naturel" : S'aucun a soudenement la langue desatrempee, c'est signe d'apoplexie ou de mellencolie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 100). ...se il est corrompu et desatrempé, il blesce et corrompt la vie et tout le corps (CORBECHON, Propriétés, 1372, XI, 1, 183 r°).

V. aussi désattemprer
 

"Sans retenue, immodérément" (synon. désattempramment) : Item, qui feroit que les substances fussent equales il convendroit aucunes foies que chascun eust tres grans richeces, et adonques il vouldroient vivre delicativement et desatrempeement. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 92).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (desatrempeement). VIGNAY, Chron. et hist. saintes et profanes, 1430, Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s.) ds GD II, 538b.
 

"Satisfaire à l'excès"

Rem. ORESME éd. 1488 ds GD II, 538c.

V. aussi désattempré
 

"Mélange" : Les .IIII. choses diverses dont elle [la Nature] fait sa destrampe se peuent apliquier aux .IIII. elemens dont toutes choses sont composees. Les outilz ou elle met ladicte destrampe sont les corps d'estranges fourmes ou elle oeuvre en generacion, comme de gens, de bestes, et aussi mesmement les arbres et plantes. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 4). Mais comme le voulsist ainsi celle qui la destrempe avoit faicte, a laquel cause se tient et non au mole, j'aportay sexe femmenin. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 14). Dame, prenés de la destrampe... (Bien avisé Mal avisé B., c.1487-1490 [1396], 83).

V. aussi détremper
 

"Action de mélanger (du venin)" : Atant destemprement Ont fait de fort venin. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 678). ...Et de destruire pense adés Les jones Florentinidés Par perilleux destempremens De venins, d'empoisonnemens En pommes et en doulz buvrages. (Pastor. B., c.1422-1425, 94).
 

A. -

"Mouiller, détremper" : Yci destrempe l'erbe. (Mir. emper. Romme, 1369, 294).

-

P. anal. Destremper le ventre. "Amollir le ventre" : Et ainsi que lesdictes pillules, qui estoyent aucunement laxatives, luy eurent destrempé le ventre, contrainct de aler au retrait, il entre en ung petit lieu secret... (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 170).

.

Empl. pronom. [Du ventre] Se destremper : Par mon serment, il me sembloit Que mes boiaulx deussent saillir. Mais que fiz je ? - J'alay cuillir D'une herbe dedans mon jardin. Quant j'en eu mengé ung lopin, Ma pance bien se destrempa, Qu'amours depuis ne s'i frappa [ou est-ce au contraire "se durcir", infra C 2 ?]. (Narcissus, p.1426, 284).

B. -

"Préparer par mélange, en délayant (un breuvage, le mortier...)" : A leur propres apaulles portoient l'aigue en l'ovre Pour Dieu et pour les autres a l'amor Dieu amovre, De quoy l'on destrampoit le mortier, le cyment (Gir. Ross. H., c.1334, 269). Et ceulx dirent au messaige : Pour Remond ne pour homme de par lui, ne feroient ilz rien, et qu'il n'y retournast plus, car il feroit que folz. Par foy, dist le message, je vous promet que je m'en garderay bien, si non que je vous amaine le medicin qui vous destrempera un tel electuaire que vous en serez tous penduz par la gorge. (ARRAS, c.1392-1393, 198). Quant ce Robert d'Aumarle ot le fait advisé, Ung venin merveilleux ot le glout destrempé, N'est homs s'il en avale qui n'ait le coeur crevé (Cip. Vignevaux W., p.1400, 82). Ma dame meismes destrempa Le boire, qui les attrappa Et tout de gré la arriver Les fist (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 42). Et ainsi vesqui glorieusement un grant temps et tousjours eust fait se Fortune ne luy eust neu ; mais comme elle soit souvent envieuse de ceulx qui sont en prosperité, luy destampa a la parfin trop dur buvraige (CHR. PIZ., Cité dames C., c.1404-1407, 775). ...sanz prendre repos elle destrempoit mortier qu'elle coaguloit ensemble. En laquelle mixtion mettoit fiel, miel, plomb, et plume ; d'ycelle matiere emplissoit buires de divers façons, lesquelles aprés versoit en petite quantité es diz moules que bien estouppoit et seeloit. (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 74). J'ay fait destramper ung bruvaige De murre pour ly abruver (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 237). Neron, Dyoclecien, Domicien et Maximien, qui tindrent la monarche du monde, s'efforcerent d'estraindre par force ou par occision le nom crestien, et par simplesse et humilité de foy il fut essaucé. Car leurs glaives espandirent le sang innocent des martirs, ouquel fut destrempé le mortier du hault edifice de sainte Eglise. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 32). ...plus noir que sieuie destempree (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 8). Plus noire est que pevree quant destempree on l'a (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 268). ATTROPOS. Vomissés en cent mille livres, Emplisés en tost ces escaudes Et je mesleray fievres chauldes Parmy et corrumpues humeurs, Enfleures, boces et douleurs De costë, avec vert venim, Infection, fiel collubrin, Pellés ensemble et destrempés Et bouillés avec suis et poix Pour toutes regions infere. (Cene dieux, c.1492, 127).

-

Inf. subst. "Action de mélanger" : Parle a moy ung peu, hé ! ça viens, Fay aporter fiel et aysil Et sois au destemprer soubtil, Et si empli une bouteille, Et avec ce je te conseille Que tu emplisses ung flascon Ou deux de bon vin de façon. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 183).

C. -

"Tremper dans"

1.

Destremper qqc. en (un liquide) : Contre ce venin ne faut medicine que vne seule, et cest que on prent de son propre fiens et le destrempe on en eaue et puis tantost boire, ou on mourroit en leure ; car triacle ne autre medicine ny vault riens, fors ceste. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 337). ...gruyau d'avoine, destrempé en lait gruyau d'avoine, destrempé en lait (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 247). ...puis couler par une estamine ou sas, ou destremper le levain en eaue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 264). Item por amendeir forte aleine, mangies polieul seche ou cerfuelh, ou vos transglotiseis aisil quant vous ireis doirmir, mangies sovent fueilhes de fou, et laveis vostre bouche d'asil, et mangies polieul destrenpreit en vin sovent apres mangier, si en jetera toute la puoure et vous ferat avoir bone aleine (Méd. nam. H., c.1400-1500, 203).

-

Destremper qqc. d' (un liquide). "Délayer qqc. dans un liquide" : Item, flaons ont saveur de frommage quant l'en les fait de laitances de lus, de carpes, amandes ou amidon broyez, et du saffran destrampé de vin, et de succre foison dessus (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 250). ...il jettent celle plate piere ou feu et destemprent un petit de leur farine de iaue. Et qant leur piere est escaufee, il jettent de celle clere paste sus celle caude piere et en font un petit tourtiel (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). ...et apres chu destrenpreis poivre de blanc vin chaut, se le teneis en vostre bouche et ensi ostereis toute la puour de vostre bouche. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 203). Et, quant on broyera lez espices, que on les destrampe de vin aigre et de vin. (Recueil Riom L., c.1466, 76). Destramper le pain de verjust, et de la pouldre de gingebre blanc (Recueil Riom L., c.1466, 82).

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Destremper à : Ou prenez cinq grains de catepusse, autrement apelee espurge, et les pillez et destrempez a let de chievres ou a brouet, et en donnez au chien par la gorge a la quantité d'un voirre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 122).

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Destremper avec : ...que celui qui a prins celui venin prende fiente de homme et la destrampe avec eaue et boive celle eaue, il en guerira (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 30). ...donc tu prendras ung de ces trocz ou plusieurs et le destremperas avec suc de fumoterre (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 22). ...donc destrempés estront de loup avec bon vin et le meslés avec miel et luy faites boire (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 18).

.

Destrempé de : ...De corps humains (...) Tous destrempéz de mortelle conserve (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 184).

-

Destremper (une couleur) de. "Délayer (une couleur), la détremper dans un liquide" : Le vermeillon est nettoyé et separé de la terre et puis moulu et broyé entre pierres et destrempé du cler d'un oef, et puis on le met en painture et en escripture, et par especial es grans lettres et en l'encommencement et en la fin des livres. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 378).

-

Au fig. : Brassoys mon mal destrempé de rigueur (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 118).

2.

En partic. "Donner sa trempe (à l'acier), en chauffant au rouge et en trempant dans l'eau"

Rem. Acier destrempé "acier trempé", FEW XIII-1, 172b (JLemaire), si toutefois l'interprétation est bonne (v. aussi destremper²).
 

A. -

"Faire perdre sa trempe (à l'acier, à une arme...), en chauffant au rouge et en laissant refroidir peu à peu"

Rem. TLF détremper², sens inverse de tremper. CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 347 (espée destrempée "qui n'a pas de trempe, qui a perdu sa trempe") - à côté de acier destrempé "acier trempé", destremper¹, FEW XIII-1, 172b (JLemaire), si toutefois l'interprétation de ces ex. est bonne.

B. -

Au fig. "Dérégler, troubler" : ...ceste parole ne s'estent pas a toutes cours mais que proprement a celle qui est destrempee et desordenee par la volenté du malsage seigneur (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 371).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss.

-

Part. passé en empl. adj. "Immodéré, excessif" : ...q'il vous plese si attemprer et refroider les mals chalours et destemprez qe sont et ount estee longement en moy (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 201-202).

Rem. AND, s.v. destempré : «disordered, unhealthy». GD II, 670c, destrempé, et T-L II, 1797, destremper² (a.fr.).
 

"Mélange" : D'azur sy est toute la destemprure, Qui par léans mur et posteau couleure ; Miracle y oeuvre et le ciel y faveure. (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 140).
 

A. -

MÉD. "Déséquilibre, excès" : ...aussi comme vous avez veu que distemprence en ces qualitez, ou en chaleur ou en froideur, est cause de sterilité, et pour ce atrempance es dictes qualitez est cause de generacion. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 143). ...en telle maniere que cause de maladie est en distemperance des humeurs et la maladie est en distemperance de coequacion des membres (GORDON, Prat., c.1450-1500, II, 10). Et semblablement a cause de sa complexion on doit mengier en esté viandes froides humides pour obvier et oster la distemperance de la chaleur et sceicheresse du corps engendree par la complection de l'esté. Et doit l'omme ce abstenir de habiter a cause qu'il est exsiccatif, et aussi abstenir de bagnier pour une mesme cause, et eviter le saignier tant qu'il est possible (Rég. santé corps C., 1480, 172).

B. -

"Intempérie"

Rem. Orose éd. 1491 ds GD II, 727b.
 

"Dérègler, troubler"

REM. GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 21 (éd. 1495) ds GD II, 727c (le sperme est corrompus et distemperé en sustance et en complexion).
 

A. -

"Mélanger" (synon. détremper1)

Rem. Vivendier S., c.1450, 61 (estrampés).

B. -

"Modérer, adoucir"

Rem. GD III, 641c.

-

Estremper justice. "Faire droit"

Rem. Doc. XIVe s. ds FEW.
 

"Manque de mesure" : C'est chose certaine que tout congié et toute licence a vertu par la mesure d'actrempance et que l'usage de ferme vertu est enlaidy et desplaisant par inactrempance. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 112).

REM. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), ds GD IV, 560c.
 

A. -

[D'une boisson] "Mal mélangé"

Rem. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), ds GD IV, 560c.

B. -

[Du comportement d'une pers.] "Immodéré" : ...sy come, quant aucun voit une bele femme ou qu'il l'oyt doulcement chanter, s'il le desire lors et convoite en son cuer a avoir en l'usage pour ly de fait deliter avec elle, lors pourroit on raisonablement dire que celly seroit inattrempés, non pas pour le veir ne pour l'oyr aussi, maiz pour le fol desir qui de ce s'enssuiroit qu'il aroit lors de gesir avec elle (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 745).
 

I. -

Empl. trans. "Donner une seconde trempe (à une pièce métallique)"

Rem. Doc. 1360. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 844.

II. -

Empl. pronom. "Se modérer de nouveau" : Si sagement me ratempre et atourne, Que sus moi n' a mouvement qui ne tourne Et que cascuns ne face son devoir. (FROISS., Orl., 1368, 107).
 

"Donner une seconde trempe à (une pièce métallique)"

Rem. Doc. 1435 (Tournai, retempré) ds GD VII, 138c. Doc. 1401 et 1490 (retemprer) ; doc. 1442 (retremper). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 867.

-

Retremper d'acier (du fer). "Redonner (au fer) la dureté de l'acier"

Rem. Doc. 1424 (retemprer d'achier). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 867.
 

A. -

"Adoucissement (de l'air, de la température, de la saison...)" : Il n'est region si lointaine Qui ait ville ne cité sayne, Onc on ne vit mort si cruelle. On quiert pour neant avoir tutelle De chault, froit ne de aer temperance (Cene dieux, c.1492, 132).

B. -

Au fig. "Modération, tempérance" : Excercitation et temperance peut aussi en viellesse auchune chose conserver de la forche du temps passé (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 345). Semblablement il fu dit que intemperance est plus contraire a temperance que elle n'est contraire a insensibilité. (ORESME, E.A.C., c.1370, 172). Quartement, c'est contre bones meurs, car telle abstinence si empeche lez euvres et l'effect de bone prudence, et non mie seulement pour ce que c'est chose contraire a temperance, laquelle est vertu, mez pour ce que, generalment, lez menbres organiques dez vertus sensitives si aministrent mal a l'entendement... (Songe verg. S., t.2, 1378, 223). Il fault noter premièrement Du vin aigre soigneusement, Duquel user par tempérance Vault moult en temps de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 124). ...non vouloir abuser de sa puissance, et garder sobrieté et temperance en toutes choses, sans personne opprimer ou defouler par puissance. (JUV. URS., Verba, 1452, 210). Lors que verras les lunettes parfaictes Et congnoistras ce dequoy elz sont faictes, Savoir Force, Prudence avec Justice, Temperance dont elz seront refaictes (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 29). Temperance, dame bien mesuree, Qui n'est sotte ne lourde, mais euree, Sobre, paisible, constante et asseuree Gouvernera (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 78).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.
 

"Équilibre, juste mesure" : ...que la temperacion et nature de l'orine soit gardée (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 345). Temperacio (...) : temperacion (Aalma R., c.1380, 410).

REM. GARBIN 1487 ds FEW. Aussi Paraboles Maistre Alain H., 1493, commentaire, 135 (535, temperation). Le seul ex. (Griseldis) que cite T-L (X, 165 ; également ds GD VII, 663c) est lu comparacïon ds Gris., 1395, 81 : entre ta magnificence, Ta valeur, et ta grant puissance, Et ma povreté ne povoit Ja point avoir, ne ne devoit, Aucune comparacïon, Ne quelconques proporcïon.
 

I. -

Empl. trans. "Apaiser, modérer"

Rem. Mer des hist. (éd.1488) ds GD VII, s.v. seder.

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[De l'air, de la température, de la saison...] "Doux" : Bien temperees se trouvoyent les saisons. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 27).

B. -

Au fig.

1.

"Doux" : ...Ayant regard (...) Si temperé et à doulceur enclin (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 368). ...Ris avenant, modeste et temperé (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 153). [cité ds GD s.v. modeste]

2.

"Mesuré, modéré" : Chis fut .I. temporeis [var. tempereis] hons et de grant discretion (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.5, a.1400, 466). ..filz aisneit, qui estoit bons, temporeiz, saige et subtilz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 2). ...cestui Lisania estoit de complexion doulce et temperée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19, r°).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

-

[Dans le domaine des régimes politiques] : ...car par icelles il [le royaume] se prépare en toutes manières à diminution, translation ou perdition, mesmement en region temperée (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXXVII).

-

Mal temperé. "Faible, influençable" : Car, quant vint au principal point Que vous [Pilate] le pouez delivrer [Jésus] Ou a vye ou a mort livrer, Comme ung homme mal temperé, Avez a eulx obtemperé (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 993).
 

"Trempe" : Huwe guinchist arire qui fortement s'avanche, Guillem at faseit, et Huwe grant soffranche Li faisoit del espée à mult dure tempranche, Assennant si Guillem, j'en fai notifianche, Que ses armes desront et toute la sustanche (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 591).

V. aussi tempérance
 

"Propre à tempérer" : Et semble estre icellui oignement composé de troys manieres de drogues, c'est assavoir de contriction, de devocion et de pitié. Selon icelles a troys proprietés moult precieuses. Car à cause de sa premiere drogue il est pongitif et douleur faisant. A cause de sa seconde il est tempratif et l'angoisse adoulcissant. Mais à cause de sa tierce drogue il est sanatif et la maladie hors chassant. (Ovide mor. B., 1466-1467, 394).
 

"Modérer, tempérer, régler" : Teste senz mesure trempree [var. trempee, attrempee] Ou sapience n'est fondee Ne doit pourter coronne d'or. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 75). En mesure trempee doit par tous temps durer. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 35). Au molin acoururent ou [le meunier] se meule tempra (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 545).

Rem. Consol. Boèce C., c.1350, gloss. (tremper).

V. aussi temperer, tremper
 

"Trempe" : Il a trait[e] l'espée de noble temprison, En l'estour est entreis à guise de griffon, Ligois le sivent pres, là ot grant chaplisson. Comenchiet de II pars. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 641).
 

"Récipient destiné à mélanger, en partic. l'eau et le vin" : Item un pot temproir d'or a un safir deseure, pesans III mars et 1/2 once. (Rég. jur. Belg. B., 1361,,, 346). ...et portoient chil esquier, deus et deus casquns, une grande corbille a deus aniaus, toutes plainnes de vaselle d'argent, de pos, de plas, de dragioirs, de coupes, de hanas, d'esquelles, de temproirs et de toute vasselle. (FROISS., Chron. D., p.1400, 98).

REM. Doc. 1361 (temproir), 1390 (trempoirs), 1400 (temproirs), 1409 (temprois), 1419 (temproix) et 1451 (temprouoir) ds GD VII, 669a. En apposition : doc. 1338 (.II. poçons temproyrs), 1361 (.I. pot temproir) et 1377 (.I. pochon temproir).

V. aussi trempoir
 

I. -

"Modération"

Rem. G. LE MUISIT, c.1347-1353, ds T-L X, 179-180.

II. -

"Trempe"

A. -

"Action de tremper, de nettoyer dans l'eau"

Rem. Doc. 1433 (Tournai, temprures) ds GD VII, 668c.

B. -

"Trempe, métal trempé"

-

Par temprure. "De bonne trempe" : Parmy le gros du cuer li mist se lance dure ; Puis rocis .I. bourgois au fier par tenpreüre (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 112). [Fer par temprure "fer trempé" ? Ou par tenpreüre se rapporte-t-il à rocis (l'action étant figurément de bonne trempe) ? Éd. : "modération" (ce qui ne semble pas convenir)]

-

[Dans un contexte métaph.] : Sur luy n'avoit pièce nesune Qui ne fust soudé de temprure (...) Dont d'Amour mesme la main pure Jadis avoit esté forgeur Pour en armer son serviteur. (CHASTELL., Outré am. K., 1449, 75). [Cf. R. rom. 12, 1976, 312 (J. Lemaire)] Nature, tu desnatures Quant tu fais tes creatures Trop plus dures A croire le vray que le faulx. Que ne fais tu les trempures De leurs reluisans armures Toutes pures ? (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 72).

C. -

Au fig. "Trempe, qualité" : L'AMOUREUX. Mon oeul est de tenre temprure Et mon corps envys se traveille (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 617).

III. -

"Dans un moulin, ensemble des leviers permettant de régler l'écartement des meules, trempure"

Rem. Doc. 1392, 1411, 1463 (temprure, temprures). In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 907.
 

"Trempe" : ...et Huwe grant soffranche Li faisoit del espée à mult dure tempranche (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.5, a.1400, 591).

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 291.

REM. Sens de "Modération" ds Secret des secrets L., c.1400-1500, 185 (..le glorieux Dieu a ordonné le monde et donné pluseurs remedes a la trempance des humeurs et a la garde de la santé) ? Mans doute faut-il lire l'atrempance.
 

I. -

"Vin mouillé d'eau, piquette" : Item, de vin à X pastres, a chascun VII millerolles de vin pur sans trempe (Comptes roi René A., t.1, 1466, 114).

II. -

"Fermeté d'âme" : ...concurent que nécessité estoit que eux-mesmes se missent en trempe et en semblant rassis (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 43). ...que tout le cas advenu leur estoit préparé ainsi de fortune pour leur donner trempe et mixtion bonne en leur nouvelle félicité (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 380).
 

A. -

"Trempé" : Car la deesse honneree, Qui fait l'assamblee D'amours d'amie et d'ami, Coppa le chief de s'espee, Qui est bien tempree, A Dangier, mon anemi. (MACH., Voir, 1364, 360).

B. -

Acier trempé : Trop sont et trop scevent de guile, S'il sont entre nous et la ville, À ce que nostre gent entendent À courir la ville, et il tendent. Se nous estiens d'acier trempé, Si seriens nous tui décopé, Et s'il entrent en la cité, Nos gens seront desbareté, Car sà et là les ociront, Pour ce qu'ensamble pas ne sont (MACH., P. Alex., p.1369, 92).
 

A. -

Empl. trans. "Modérer (les effets d'un liquide) par mélange"

1.

"Tempérer (l'eau du bain, par mélange), l'amener au degré de chaleur voulu" : DEUXIESME SERGENT. (...) vezci Tout prest : lavez. LE ROY. Tempré ceste yaue bien avez. Versse, verse. Diex ! qu'elle est bonne ! (Mir. roy Thierry, c.1374, 336).

2.

"Mettre de l'eau (dans le vin, pour en modérer l'effet)" : ...ilz trouvoient petit de bonnes eaues ne de fresches pour temprer leurs vins ne eulx raffresquir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 85). ...vin cler et sain sanz grant fumée buvoit bien trempé et non foison (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 45).

3.

"Mélanger (un liquide avec un autre)" : ...si eust apareilhé de bonnes viandes et d'espices et de bon vin, si leur fist manger des espices et leur fist mettre du vin blanc es ayguyeres pour tremper le vin rouge au lieu de eaue (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 222).

-

Tremper un liquide d'un autre

.

[Cont. métaph.] : D'elle [de l'eau d'Espoir] trempe mon ancre d'estudie, Quant j'en escrips, mais pour mon cueur irer, Fortune vient mon pappier dessirer, Et tout gecte par sa grant felonnie Ou puis parfont de ma merencolie. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 478).

B. -

"Immerger ou imbiber ; être immergé ou imbibé"

1.

Empl. trans.

a)

"Plonger qqc. (en partic. un aliment) dans un liquide (pour l'imbiber, pour le faire macérer...)" : Nota, la fraze c'est la caillecte, la pance et les boyaulx, lesquelz les tripiers vendent tous nectoyez, lavez et appareilliez, trempans en belle eaue necte. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 194). Prenez du chaudeau de la char et ayez pain trempé ou maigre de l'eaue de la char, puis broyez, et .VI. oeufz (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 204). Et ou second cas l'en leur donne mouron ou lasseron, chardons de champs, trempans en eaue souvent renouvellee et tousjours fresche (rafreschie troiz foiz le jour) et en vaisseaulx de plonc qui est fraiz. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 273). Or apourte donc en ta main, Le trainchet pour trainchier nous souppez. Nous y mectro[n]s de grosses louppes, Car tantost trampee seront. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 73). ...qui vouldroit apertement Prendre et couper menuement De bon oignon, ou de cybole, Et mettre tremper, sans frivole (.) En lait aigre par une nuit, Qui soit tout cru ou un pou cuit (LA HAYE, P. peste, 1426, 129). Mais une fois vous vourrïez N'avoir mangé que pain trempé En bel eaue (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64). Il fault tramper le pain en vin et vin aigre, et du percilh. (Recueil Riom L., c.1466, 82).

-

Tremper qqc. de qqc. "Imprégner, imbiber qqc. de qqc. (d'un liquide)" : ...une escaille tendre qui soit trempée ou mouillée d'aucune chose tendra l'odeur de la matiere longuement. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 175).

b)

PEAUSS. "Immerger les peaux dans un bain pour les parer" : Pour foler 2 seurcoz et 1 chaperon et 2 paire de manches, 3 s. Pour oint, 12 d. Pour croie pour tramper lesdictes forreures, 6 d. Pour bran, 6 d. Pour fil pour lesdictes besoignes, 16 d. Pour cervoise pour lesdiz ouvriers, 3 s. 3 d. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 263).

c)

"Durcir (un métal, un objet en métal) par la trempe" : U monde n'a pointe d'acier Tant (soit) trempee ne moulue, (Tant) apointïe ne ague Qui cuer de homme pëust percier Ne ens entrer sans rebouquier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 238). Lors prent l'estrié qui pendoit a l'arcon de la selle, liquelz avoit trois pointes bien acerees, chascune de sept poux de long, et au retourner que Olivier cuida faire, il le fery sur le bacinet, qui fu durs et bien trempez, et l'une des pointtes coula aval et entra entre la coupe du bacinet et la vosiere. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Et benoist Olivier celluy qui celle espee avoit forgié et trempee (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 59). Bien sçay ouvrer de mon mestier, Le fert bien tramper et forgier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 103).

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (temprer)..

-

Acier/fer trempé : À maistre Laurens Volvic, canonnier dudit seigneur - pour ungs grans fers trampez, à double fereure, et une grant chesne à sonnecte au bout (...) pour enferrer messire Lancelot de Berne (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 360). ...ledit sel se augmente et croist et devient si très dur que nul acier trempé à peine le peut rompre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 85 r°).

-

[Du heaume] Bien trempé. "Dur, résistant" : Le cop chey sur son heaume, mais il estoit sy bien tempré qu'il ne l'empira en riens. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 372). Et sachiez que se le heaume ne fust sy bien tempré, il l'eust fendu jusques aux dens (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 373).

-

Tremper qqc. (un objet en métal) d'un liquide : ...et disoit on que ledit de Bonniface avoit trempé son harnois d'une eaue qui le tenoit si bon, que fert ne povoit prendre sus (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 159).

-

[Cont. métaph.] : Et sachiez que Gieffroy ne leur puet eschapper, et feust de fin acier trempez, qu'il ne soit mort ou affollez. (ARRAS, c.1392-1393, 203). Et l'espee a faire ses armes Estoit en tristesse tempree. (TAILLEV., Deb. cuer ueil D., c.1444, 212). Tantost aprés Desir lui seint ung branc d'acier trenchant et aceré, fait et forgé tout a coups de treshumbles requestes et prieres et (...) fort trempé en larmes de pitié. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 28).

2.

Empl. intrans. "Être plongé, être immergé" : Et ce appert par .II. signes : un est car quant tel fust a longuement trempé en l'eaue, tant que le aer qui estoit en ces pores est hors et que il sont plains de eaue, lors le fust descent en l'eaue ; un autre signe est car aucun fust est de tele nature que il descent en eaue, et en a de tel assez pres de Paris. (ORESME, C.M., c.1377, 690). ...tout de chardons des champs dont le pié trempe en eaue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 273). ...et mectre tremper du pain, sans asler (Recueil Riom L., c.1466, 72). Et prandre du boullon de beuf ou vin blanc et verjust, et mecte tramper du pain sans asler, et le coler. (Recueil Riom L., c.1466, 78). Fut lui qui trouva en Egipte le figuier duquel le bois va au fons de l'eaue ; touteffoiz s'il trempe longtemps en l'eau, il vient au dessus. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 v°).