C.N.R.S.
 
Article complet 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DIRE1          DIRE2     
FEW III dicere
DIRE, verbe
[T-L : dire ; GD : dire ; GDC : dire ; AND : dire ; FEW III, 67b : dicere ; TLF : VII, 241a : dire1 ; TLF : VII, 247a : dire2]

I. -

Empl. trans. Dire qqc. (à qqn). "Signifier qqc. (à qqn) par la parole"

A. -

[Ce qui est dit est une assertion]

 

1.

[Introduit le discours direct ou un élément performatif (comme adieu)]

 

a)

[Le discours direct] : Si diran ["dira on"] o le patrenostre Sans iniquité et envie : "Diex soustiegne en tres bonne vie No dame..." (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 123). Si s'en vont moult esmerveillant et dient entre eulx : Je ne scay qu'il advendra du surplus, mais veez la beau commencement et grant apparance de grans noblesces et de grant honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Lors se met avant son oncle Alain et ses deux filz, et bien jusqu'a quarante chevaliers, qui tous dirent d'une voix : Sire, nous le plegons. (ARRAS, c.1392-1393, 61). Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...moult longuement musa Gieffroy sur ce fait. Lors dist en hault : Et comment cuidiez vous, se mon pere a voulu asservir l'eritaige tant comme il le tint, que je le doye tenir serf, puis qu'il est franc ? (ARRAS, c.1392-1393, 296). Or va il dire : "Mon maistre, vous veez mon infortune..." (C.N.N., c.1456-1467, 94). Lors les gens diront, comme voy, Es montaignhes : "Tumbés sur nous !" (Pass. Auv., 1477, 191). Rifflart, compains, je vous diray : Vecy jà la quaresme annee Que m'avés prinse et espousee... (C. Riffl., c.1480-1520, 58).

 

-

En incise : Madame, dist le musnier, je vous promectz par ma foy que de vostre dyamant ne sçay je nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 45). ..."venez, va, ça," Dis je lors, "que chascun s'appaise ! ..." (Fr. arch. B., c.1468-1480, 30).

 

-

Dire + impér. : Or ça, je vous diray m'amye Entrez dedans ceste brunette Affin que mieulx on vous brouecte. (Feste roys, c.1475-1500, 307).

 

-

Comme qui diroit. "Comme si l'on disait (telle ou telle chose)" : ...et y aura En grosse lettre : HEC EST ARA CELI, de quoy le sens est tel Com qui diroit l'autel du ciel. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 447).

 

b)

[Un élément performatif] Dire adieu / amen / fi / helas / merci / oui...

 

-

Dire adieu : Adieu vous dy, je me meurs, ce me semble (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 66). ...et aux miens adieu dire (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 77). Il m'a laissé sans dire adieu. (Sots triumph., c.1475, 49). Dictes present adieu folie, Tous esbas cessent, c'est le train. (Vig. Trib., c.1480, 227).

 

-

Dire amen. V. amen : Mes dictes vous Amen ? (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Dire fi : Il n'est engendrement qu'en boing (...). Ne tel repos que vivre en soing N'oneur porter que dire fy Ne soy vanter que de faulx coing (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 56).

 

-

Dire helas : ...nul ne doit dire hélas ! s'il n'a oy tonner en mars (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 226).

 

-

Dire merci : Il n'y en a pas pour dire grans merciz. (C.N.N., c.1456-1467, 106).

 

-

Dire oui / non : Son conseil n'osa dire non, car il estoit moult crueulx. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 185). Je dy ouy, lors il m'assault (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

.

Dire de / du non. "Refuser" : Papirus n'osa dou non dire (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 128). ...qui est chouse de non, de voire, a dire. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 185).

 

2.

[Introduit le discours indirect]

 

a)

Dire que. "Affirmer, déclarer que" : Je respon au premier et di que un ange ne pourroit mouvoir se meisme ou le ciel selon tout son povoir ou vertu, mes convient par neccessité que il se determine par sa volenté a certainne isnelleté, aussi comme une vertu infinie ne pourroit mouvoir un corps qui avroit resistence finie selon tout son povoir, car ce seroit par isnelleté infinie laquelle est impossible (ORESME, C.M., c.1377, 300). Et dit que quant ledit Grosse-C..lle lui ot baillées lesdites poisons, il lui dist que se aucun lui demandoit qui lui avoit baillées lesdites poisons, ne quelle part il les avoit prinses, que il deist que les jacobins de Orleans les lui eussent baillées, senz aucun nommer par nom ne surnom. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 444). L'en treuve tant de merveilles, selon commune estimacion, et si nouvelles que humain entendement est contraint de dire que les jugemens de Dieu sont abisme sans fons et sans rive (ARRAS, c.1392-1393, 3). Et lui povez aler dire que demain, a l'eure qu'il m'a mandé, moy et mon frere, et le maistre de Rodes, yrons devers lui, noz centiesme de noz plus haulx barons. (ARRAS, c.1392-1393, 115). Car certes je scay bien que je n'ay mie sens pour bien faire si haulte histoire comme ceste est, qu'il n'y ait a dire, mais on dit souvent qu'a l'euvre congnoist on l'ouvrier ; et de petit mercier, petit pennier. (ARRAS, c.1392-1393, 311). ...elle revint a sa maistresse, et luy dist que son amy n'attendoit qu'elle (C.N.N., c.1456-1467, 269). ...on luy dist que la coustume du pays estoit de point coucher la premiere nuyt avec sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 333). Tres doulce compaigne, dictes vous, par vostre foy, que la vraye devocion dont tout ce temps d'yver avez esté esprise vous fait endosser l'abit de saint Françoys... ? (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...ung des gens de ce chevalier dist qu'il vouloit aller veoir se ce deable estoit encores ou son maistre l'avoit laissé (C.N.N., c.1456-1467, 430). On dit qu'estes fort desplaisans Et tristes, contre moy disans Que j'ay mespris et fait abus Au seveliment de Jhesus. (Pass. Auv., 1477, 267).

 

-

Faire dire à qqn que : Et, ce jour, le roy fist dire à cinq des devant nommez, qui avoient esté à Beauté devers lesdiz princes, après la deliberacion ainsi faicte que dit est devant oudit hostel de la ville, qu'ilz s'en alassent et widassent hors de ladicte ville. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 96).

 

-

Dire plus avant que. "Ajouter que" : Mais, voir, je vous dis plus avant Que vous verrez doresnavant Le Filz de l'omme en gloire clere (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 276).

 

-

[Omission de que] : ...me dist l'on depuis, quelque courroux que le seigneur eust de prinsault a sa belle meschine, si l'ayda il (C.N.N., c.1456-1467, 119).

 

-

Dire que oui / que non : Et les aultres disoient que non et que ce seroit pité et dommaige se une telle maison et si belle estoit perdue ne abatue (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 221). ...elle qui parle fu prinse et tirée à part par icelle Macete, femme dudit de Ruilly, et priée et requise très-instanment que elle voulsist dire audit de Ruilly, son mary, s'il lui demandoit se il estoit envoulté, que elle deist que ouyl, et que c'estoit par une nommée Gilete Verriere, demourant à Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 304). Ceulx qui l'avoient perdu disoient que non et qu'ilz ne le devoient point perdre. (BUEIL, II, 1461-1466, 94).

 

-

Il n'est pas dit que. "Il n'est pas certain que" : Mais il n'est pas dit que ung deffendeur ne puisse bien frapper le premier, s'il y voit son avantaige (BUEIL, II, 1461-1466, 109). Il n' est pas dit que tous en ayent usé, mais l'exemple d' ung est assez pour en faire saiges plusieurs et leur donner vouloir de se garder. (COMM., I, 1489-1491, 127).

 

-

[Avec une prop. sous-entendue] : "Va t'en, tu es bien confessé ! - Dictes vous, sire ? respond il. - Oy vrayemement..." (C.N.N., c.1456-1467, 61). ...si la bonne femme eust sceu le fait du chareton, (...) elle l'eust fort plus grevé que son mary ne disoit (C.N.N., c.1456-1467, 67).

 

b)

Dire + (prop.) inf. : Et se ces choses se ont comme dit est, il convendra considerer apres comment nous disons une chose estre possible et comment impossible, quar une chose est dicte tres proprement incorruptible pour ce que elle ne puet estre corrompue ne estre aucune foys et aucune foys non. (ORESME, C.M., c.1377, 190). Et vecy mon champion pour ce que je dys prouver. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 298). ...lequel on disoit avoir intelligence avecques les Anglois (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 200).

 

3.

[Introduit un subst., un pronom ou un adv. à valeur propositionnelle]

 

a)

[Un subst. ou un pronom] : Et ceulz qui assignent teles causes deffaillent pour ce que il ne enquierent pas de la doubte ou question tant comme il est possible, mais leur soufist tant que celui qui demande ne die rien au contraire. (ORESME, C.M., c.1377, 542). ...et ne sera jà sceu ou prouvé contre lui qu'il feist ou deist aucune injure à iceulx escoliers ou à aucun d'eulx. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141). ...et ne sera jà sceu ou prouvé contre lui qu'il feist ou deist aucune injure à iceulx escoliers ou à aucun d'eulx. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 141). Mais, se tu treuves homme qui te veuille prendre a espouse, que il te convenance que jamais le samedy ne te verra, non qu'il te descuevre, ne ne le die a personne, tu vivras cours naturel comme femme naturelle, et mourras naturelment. (ARRAS, c.1392-1393, 13). Et je vous croy bien de ce que vous dictes que ["à savoir que"] vous ne m'avez ouye ne entendue. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Ha ! ne te souvient il a ce propos que il est escript ou livre de Ecclesiaste, au .X. chapitre, si que tu as ouÿ dire a ton beau pere, que Dieux a destruit les sieges des ducs orgueilleux (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 19). Ne le nous fault pas trois fois dire ["Il n'est pas nécessaire de"]. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 190). Quelque chose que ses compaignons luy deissent ne fissent, il ne vouloit partir (C.N.N., c.1456-1467, 64). Je veil savoir que vous avez. Avancez vous et le me dictes (C.N.N., c.1456-1467, 94). Dont je viens ? dit il ; et vous le savez bien, madamoiselle, il ne fault ja qu'on le vous die (C.N.N., c.1456-1467, 187). Ha ! madamoiselle, ce n'est pas bien dit a vous. Car ce n'est pas traïson de faire plaisir a son amy, et luy faire secours et service quand on le peut faire. (C.N.N., c.1456-1467, 210). Qui riens te dira, dy sans plus Que j'ay escript ce qu'est escript. (Pass. Auv., 1477, 214). Seigneur, cecy dions pour tant Qu'il vous y plaise obvïer. (Pass. Auv., 1477, 272).

 

-

Dire du mal. "Médire" : ...vous ay chargée et dit du mal assez, dont il me desplaist ; et m'en repens (C.N.N., c.1456-1467, 466).

 

-

Dire un mot : Biaux seigneurs, or ne vous mouvez Tant que j'aye un tout seul mot dit. (Mir. ev. arced., c.1341, 122). ...vous n'avez garde que j'en deisse oncques ung seul mot a ma mere. (C.N.N., c.1456-1467, 72).

 

.

Ne dire mot : Lors vint a son seigneur. Si le baise tout en plourant et triste de cuer que il ne disist un mot pour tout l'or du monde ; et prent son cor et lui met sur le pitz. (ARRAS, c.1392-1393, 23). Lors retourna le roy en la sale, et fist on commandement, sur la hart, de par le roy, que nulz ne deist mot. (ARRAS, c.1392-1393, 60). Le mary (...) vit tresbien entrer celuy qui venoit tenir son lieu ; mais il ne dit mot (C.N.N., c.1456-1467, 320). Plus ne vous pourroie dire mot, Si n'est "Adieu". (Pass. Auv., 1477, 103). De doleur ne puis dire mot. (Pass. Auv., 1477, 108).

 

.

Ne dire mot de qqc. : Or advint en ce temps qu'il ot un jayant en Gueurrande, en qui avoit si grant orgueil que par sa force il mist tout le pays en patiz jusques a la Rochelle. Et en estoient les gens du pays moult chargiez, mais ilz n'en osoient mot dire. (ARRAS, c.1392-1393, 239).

 

.

Sans (plus) mot dire : ...et alors, quant ilz oyrent dire que il estoit prestre, dirent par le sang Dieu que c'estoit le curé de ladite ville, en ferant, sanz plus mot dire, sur lui d'espées et d'autres bastons, le despouillerent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 223). ...[l'espousée] fut couchée, comme il est de coustume, et tint le coing du lit, sans mot dire (C.N.N., c.1456-1467, 299).

 

-

Dire une parole : Dit avec ce, elle qui parle, que audit chappellain d'icellui sire de Nouvion, elle lui dist que il deist les parolles hardiment audit son maistre que dites lui avoit, aus enseignes qui s'ensuivent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 122). De quoy leurs propos furent, il se peut assez penser. Après toutesfoiz aucunes parolles dictes et d'un costé et d'aultre, le mary... (C.N.N., c.1456-1467, 418).

 

.

Dire un dit : Avez vous point une parole Oye et un dit trop bien dit Que Salomon le sage dit ? (Mir. ste Bauth., c.1376, 98).

 

-

Dire (la) verité / le voir : Chiere dame, vous me dictes verité pure, mais je m'esmerveil comment vous le povez savoir, ne qui le vous a si tost annoncié. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Dictes verité, dist l'Escossois ; vostre mary n'y est il pas ? (C.N.N., c.1456-1467, 50). Gardez que vous diez verité, car, si vous faillez, vous estes mort (C.N.N., c.1456-1467, 160). ...la verité est telle que je vous ay dicte (C.N.N., c.1456-1467, 236).

 

-

Faire et dire qqc. : Sy me soubzmectz, leur serviteur [des Frères mendiants] En tout ce que puis faire et dire, A les honnorer de bon cueur Et obeïr sans contredire. L'omme bien fol est d'en mesdire, Car soit a part ou en prescher Ou ailleurs, il ne fault pas dire, Ces gens sont pour eulx revanchier. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 98).

 

-

Il faut le dire. "Il faut le reconnaître" : ...l'ennemy tenoit Lors mon couraige, il le fault dire (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 30).

 

.

Il ne faut pas dire (qqc.). "Il n'est pas besoin de préciser (qqc.)" : ...soit a part ou en prescher Ou ailleurs, il ne fault pas dire (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 98).

 

-

En partic.

 

-

[Ce qui est dit a valeur d'explication] Je vous [le] dirai : - (...) A qui me fauldroit il parler pour bien faire ceste besoigne ? - Je vous diray m'amye, respondit monseigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 40). Je vous diray, dist le seigneur : nous manderons icy nos femmes, et ung tel maistre Jehan, etc (C.N.N., c.1456-1467, 222).

 

.

[Ce qui est dit a valeur d'objection] "Objecter" : Mais tu me diras que tous ne pueent mye estre clers. (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 348). ...Que vueil estre, quoy que nul dye, Vostre loyaument, sans faulser (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 149). Quelque chose que l'on en dye, Tousjours seray mignon et gay, Aussi gent comme ung papegay, Fringant a la mode qui court. (Gaud. sot, c.1450, 7). Pour donner de grans coups de lance Abille en suis, quoy que l'on die. (Gaud. sot, c.1450, 8). Jamaiz home ne fut mieulx moché Ne torché Que tu seras, quoy que l'on dye. (Pass. Auv., 1477, 100). Sire, ne vous en doubtez mie, Que tout sera prest au matin, Et bien en point, quel que nul die, A mectre Orleans en vostre main (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 220). PILATE. Vous dirés ce que vous vouldrés, Mais en fin il m'en mescherra Et mon estat en decherra Pour brief, il n'en fault point doubter. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 988). Quoy qu'on die, De coppie tiens table ronde, Je coppie ci Dieu et le monde. (Copp. lard., a.1488, 155).

 

.

[Dans un cont. jur., ce qui est dit a valeur de décision] "Déclarer, ordonner" : Nous, par vertu de ladicte submission faicte en nous et en nostredit et ordenance par lesdiz deux seigneurs et chascun d'eulx, comme dit est, disons, ordonnons, prononcions, appoinctons et déterminons ce qui s'ensieut (Ch. VI, D., t.1, 1402, 223).

 

-

Empl. pronom. [De Dieu] Se dire. "S'affirmer dans son existence" : Le Pere puet doncques ceste representacion de soy mesmes, et de sa Deité, et de toutes choses, mettre en congnoissance personele, comme en soy disant, en soy communicant et diffundant (GERS., Trin., 1402, 167).

 

-

Empl. pronom. à sens passif. "Être dit" : Item les notions prinses par abstraction absolutement comme de dire paternité, filiation se dient par predication de l'essence divine, comme de dire essence divine est paternité, mais en concret, c'est a dire par regard au subject ouquel est (Somme abr., c.1477-1481, 152).

 

b)

[Un subst. ou un pronom, avec un attr. de l'obj.]

 

-

"Déclarer qqn / qqc. comme étant tel ou tel" : ...De malvés qui en l'escripture Sunt diz chiens pour lor felonnie (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 24). Mais en telles ymages, quant a ce, ne a aucune difference, car se elles estoient tournees au contraire, nous dirions les parties estre destres que nous disions senestres, et devant ce que nous disions derriere, et desus ce que estoit desouz. (ORESME, C.M., c.1377, 310). ...arriverent pluseurs freres mineurs, qu'on dit de l'observance (C.N.N., c.1456-1467, 215). ...il voult et ordonna que de là en avant son plaisir estoit que tous les officiers de son royaume demourassent paisibles en leurs offices, et que nulle office ne feust dicte vacant (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 191). On le dit si devocïeulx Et si parfait que s'est mervelhe (Pass. Auv., 1477, 139). ...la Vierge glorieuse (...) qui non sans cause est dicte du redempteur de l'humain gendre et roy de gloire mere très debonnaire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 282). ...et l'arrest contre luy autrefoys de l'an mil IIIIcLXIII donné avoit esté dict et declairé nul et mis au neant (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 341).

 

.

[L'attr. du compl. d'obj. est introd. par le verbe estre] : ...deux femmes que l'en disoit estre sorcieres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 312). Acquis avons une grant onte Que reprochee nous sera, Car tout le monde nous diré Estre murtriers de sanctes gens. (Pass. Auv., 1477, 270). Et, au regard de ce que m'escripvez que messire Julio de Pise a refusé le saufconduit du roy, disant estre suspect (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 355).

 

.

Au passif. [Avec attribut du suj.] : Car nul n'est dit actrempé ne loé pour soustenir tristeces, ne nul n'est dit desactrempé ou vituperé pour les non soustenir (ORESME, E.A., c.1370, 224).

 

.

"Présenter qqc. comme étant tel ou tel (au cours d'une évaluation)" : Se une chose a puissance de soy mouvoir ou de lever aucun poys, nous disons et determinons touzjours celle puissance au plus que elle puet, si comme en disant que elle puet lever .C. livres ou qu'elle puet aler .C. lieues. (ORESME, C.M., c.1377, 190).

 

-

"Appeler qqn / qqc. (de tel ou tel nom)" : L'en doit savoir que chascune de ces .III. dimensions selonc verité peut estre indifferenment dicte longitude, et chascune latitude ou profundité selonc verité, fors que tant que celle qui premiere est nommee ou ymaginee est dicte longitude, et la seconde latitude, et la tierce profondité ou spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 48). ...en l'ostel dudit d'Estouteville, estant au lieu que l'en dit Villebonne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 402). ...la rue qu'on disoit la rue Richeron (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 64). ...dont, entre les vaillances que chascun avoit faites, celles d'un josne et nouvel chevalier de France, que on disoit et nommoit le seigneur de Saintré, furent par tout portees et dictes (LA SALE, J.S., 1456, 221). ...Perrenet Merchant, Qu'on dit le Bastard de la Barre (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 22).

 

.

Dit + nom propre "Surnommé, connu sous le nom de" : Margot de La Barre, dite du Coignet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 327). ...Jehan Binet, dit de La Croix (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 148). ...et diray de l'avancement de Saintré et de la compaignie du premier dit Bourciquault. (LA SALE, J.S. E., 1456, 222).

 

.

Dire + nom propre à qqn : L'EVESQUE. Mon bel enfant, dont este vous ? Sil vous plest, dicte vostre nom. L'ARCHIDIAQUE. On ly dist Bernard de Menton, Filz de Richar, bon chevalier. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 76).

 

-

Empl. pronom. Se dire + attr.

 

.

"Admettre que l'on est + attr." : Combien ay je aujourd'huy regardé et perceu de peres estans aux jeuz de leurs enfans qui se diroient treseureux (...) si après leur decés leur [povoient] laisser une petite partie des grans biens que je posside. (C.N.N., c.1456-1467, 556).

 

.

"Se présenter comme ; se prétendre, se faire passer pour" : Requis à il qui parle comment il scet que les deux qui se disoient jacobins estoient d'icelle ordre, dit que il le scet parce que ilz se disoient telz et en portoient l'abit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 463). ...à la requeste de honnorable homme et sage, maistre Jehan Jouvenel, prothonotaire de nostre Saint Pere le Pape, (...) et Gilet de Ressons, espicier, demourant à Paris, eulx disans et portans amis et affins de messire Jehan de Noyers, prestre beneficié en l'eglise de Paris (Test. Parlem. Paris T., 1415, 568-569). ...les grans fraudes, mauvaistez et decepcions que cellui qui se dit dalphin et ceulx de sa partie y avoyent commancié a fere (Trés. Reth. L., t.3, 1421, 34). Tu te faisoys suivre des gens Et te disies roy d'Israël. Or sa, Jhesus, si tu es tel, Descent maintenant de la croix ! (Pass. Auv., 1477, 212). Tu te disies Emanüel. (Pass. Auv., 1477, 212). Quant Pilate les mains lavoit, Ingnoscent du sanc ce disoit. (Pass. Auv., 1477, 268).

 

.

Se dire + part. passé "Prétendre être" : ...soubz umbre et par vertu de certaines faulses lettres du roy nostre sire et commission qu'il se disoit à lui données par les maistres des eaues et forez dudit lieu d'Orliens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 67).

 

.

Se dire + inf. passé "Prétendre que" : Ne lisons nous comment celui qui se disoit avoir occis Saül au commandement de David fu aprés occis (...) ? (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 385).

 

.

Soi-disant. V. soi-disant "Qui dit être ; qui se prétend" : C'est la confession de Hennequin du Bos, soy-dissant bastart de Gommegniers, et ce qu'il a dit et cogneu par devant monseigneur Robert de Bethune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 380). ...promesses ou menaces que pour vous seduire vous pourroient estre faictes par nostre filz le dauphin, soy disant, contre nostre voulenté et plaisir... (Doc. 1419. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 21, 1919, 6). ...au siege qui fut mis par ledit soy disant Dalphin (Paris domin. angl. L., 1421, 22). ...comment Richard, naguères roy d'Angleterre, gendre du Roy, fut occis frauduleusement par Henry de Lenclastre soy disant roy d'Angleterre, et par les siens et favorisans (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 55). Vous avez veu que, par sa guerre, Il [le roi d'Angleterre] a toute France soubz mis, Et (si) en a du tout desmis Charles, soy disant roy de France, Et sa grant ville de Paris L'a mise en son obeissance. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 115).

 

c)

[Un adv.] : Pour certain, il vaut mieulx et convient, par aventure, aucune fois pour le salu de verité destruire les opinions de ses familiers et amis, et dire autrement que euls, et ce appartient mesmement aus philosophes. (ORESME, E.A., c.1370, 113). Item, encor appert ce que dit est par l'oppinion de ceulz qui dient autrement et qui mettent que le ciel fu engendré ou fait par generacion, car estre en la maniere que nous disons est chose possible, et que le ciel soit fait, si comme il dient, ne est pas possible. (ORESME, C.M., c.1377, 274).

 

-

Comme je dis / comme vous dites / comme il fut dit : ...l'un nommé Thomas de Meaulx, homme de labour, sy comme il disoit (...) aagé de XXXVJ ans ou environ (...) et l'autre nommé Perrin de Meaulx, aagié de XXXIJ ans ou environ, tous d'icelle ville de Meaulx, sy comme ilz disoient (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 453). ...un homme d'armes qu'il servoit ou pays de Limosin, en la compaignie de mons. le mareschal de Sancerre, lui coppa laditte oreille devant le chastel de Penaudon, pour ce, si comme sondit maistre disoit, qu'il lui avoit emblé aucuns de ses biens oudit pays de Limosin, jà soit ce qu'il n'en feust riens. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 214). Par ma foy, dist ly conte de Forests, monseigneur, vous dictes voir, et quant de ma part, comme vous dictes, je ne l'en pense jamais a enquester [au sujet de sa femme], ja soit il mon frere, car je le tien pour tres bien assigné a mon aviz. (ARRAS, c.1392-1393, 44). Ainsi comme je vous dy, fut fait l'obseque de Remond de Lusegnen, et y ot moult grant noblesce. (ARRAS, c.1392-1393, 292). Comme il fut dit il en fut fait. (C.N.N., c.1456-1467, 231). ...il luy print volunté de soy marier ; si le fut, et a la plus devoiée femme qui fust, comme on disoit en tout le païs. (C.N.N., c.1456-1467, 489). Si le prophete de la loy Estoit cest homme, com on dit, Tantost eust cogneu, si Dieu m'ist, Quelle est la femme que le touche. (Pass. Auv., 1477, 153).

 

.

Comme le coeur dit. "Du fond du coeur, sincèrement" : ...Pour prier comme le cueur dit. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 28).

 

.

Comme dessus est dit./Ainsi que dit est / comme dit est : ...la faisoient coucher avecques elles, tant la sentoient bonne et honeste, comme dessus est dit (C.N.N., c.1456-1467, 303). Ceste damoiselle, ainsi malade que dit est, revint de ceste extreme maladie (C.N.N., c.1456-1467, 459). Le mary qui, comme dit est, estoit en sa chambre, vit tresbien entrer celuy qui venoit (C.N.N., c.1456-1467, 320).

 

.

Dire comme qqn d'autre : ...passa ung aultre serviteur qu'elle interroga pareillement, qui luy dist comme son compaignon (C.N.N., c.1456-1467, 274).

 

.

Dire pareillement de qqn : ...je diray pareillement de vous (C.N.N., c.1456-1467, 231).

 

-

C'est assez dit : NYVELET. C'est assez dit pour une fois. (Copp. lard., a.1488, 179). LE PRINCIPAL. Paix, c'est assez dit, Ilz se deffyoient ? (Sots gard., a.1488, 110).

 

-

Ne pas dire plus. "Ne rien ajouter" : Plus ne t'en dis. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 71).

 

.

Sans plus dire. "Sans rien ajouter" : Et lors, sens plus dire, distrent d'un commun assentement li uns à l'autre : Alons le batre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 181). Et atant se part sans plus dire (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

-

Prov. : Ceulx qui le plus en dient, en la fin leur mesprent. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 40).

 

Rem. Ami plus fait et moins dit, v. ami.

 

d)

[Pour mentionner un élément précédemment évoqué]

 

-

Le dit / mon dit + subst. "Le ... précédemment évoqué" : Si fut force a nostre gentilhomme d'(...)aller au service de mon dit seigneur (C.N.N., c.1456-1467, 145). ...vous viendrez tout secretement, et entrerez en la dicte chambre et fermerez l'huys (C.N.N., c.1456-1467, 193). ...comme la femme de celuy qui festioit la compaignie menast a l'esbat la femme et la seur de nostre dit gentil homme... (C.N.N., c.1456-1467, 357). ...quand les aultres gentilzhommes et marchans virent la dicte noise, chacun s'employa a l'accordement d'icelle (C.N.N., c.1456-1467, 392). ...combien que sa volunté fust plainement deliberée et resolue de soy retraire et revenir a son dit premier mestier, toutesfoiz le [celoit] il a sa femme (C.N.N., c.1456-1467, 559). Adieu, adieu ! Rendez vous tantost au dit lieu Et nous bevrons bien, je m'en vant. (Path. D., c.1456-1469, 78). ...lesquelz soubz umbre desdictes promesses, yssirent hors de la dicte tour (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 8). ...et remirent sus leur dicte question. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 163). ...les poissons nourritz et abitans esdittes eaues (LE FORESTIER, Rég. épid. pest., 1495. In : Crestom. R., 278).

 

.

Le + subst. + que je dis / que vous dites... "Le ... dont je parle, dont vous parlez..." : Et avoit le roy que je dy un moult bel jouvencel a nepveu. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Et sachiez que mon compaignon et moy vouldrions bien avoir trouvé qui y voulzist aler en telle compaignie que vous dictes, et nous y deussions prendre l'aventure avecques lui. (ARRAS, c.1392-1393, 82). ...ainchois vey le chastel que son nepveu lui avoit dit. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 212). Par les herbes medicinables que vous diz, devez entendre medecine de penitence (Nouvelles inéd. L., p.1452, 119). En ce temps que j'ay dit devant, Sur le Noël, morte saison, Que les loups se vivent du vent... (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 11). Item, a celle [mon ancienne maîtresse] que j'ay dit Qui si durement m'a chassé Que je suis de joye interdit Et de tout plaisir dechassé, Je lesse mon cueur enchassé, Palle, piteux, mort et transy. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 15). Defendez vous de cest habillement de guerre que vous dictes, si vous savez ! [Avec constr. proleptique] (C.N.N., c.1456-1467, 57). ...dedans le lit pour dormir se boute, ou quel desja estoient l'orfevre et sa femme en la fasson que j'ay ja dicte (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...elle maine sa fille a l'ermite pour la cause que dicte est. (C.N.N., c.1456-1467, 102).

 

-

Dessus dit. "Précédemment évoqué" : ...la connoissance des choses dessus dites (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 53). Veue laquelle confession, les dessus dis presens conseillers delibererent et furent d'oppinion (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 131). Tous lesquelz, veu sa personne, qui est aagiée de XXVJ ans ou plus, les larrecins dessus diz par lui aidiez à faire d'aguet appensé, de nuyt, à plusieurs et diverses fois (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 272).

 

.

Le dessus dit + nom propre : Et les dessus diz messire Baudes de Vauviller, sire François Chanteprime, Jehan Chanteprime, maistres Jehan Truquan, Beraut Brisson, Jehan Filleul, Guillaume Rabigois, Ernoul de Villers, Miles de Rouvroy, Hutin de Ruit et Pierre de Fresnes, delibererent que il feust tourné ou pillory (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 492).

 

.

Ce dessus dit. "Ce qui a été dit précédemment" : Je confesse donc, tresbenigne Dieu, pour ce dessusdit estre abatu et pres de la mort mené et en l'arme navré (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 47).

 

.

Devant dit. "Précédemment évoqué" : Au lyon et lou devant dictz... (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 159). ...Dessus ce hault roch devant dict (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 197).

B. -

[Ce qui est dit est une interr. (il est impossible d'en déterminer la valeur de vérité au seul vu de ce qui est dit)]

 

1.

[Un pronom ou un adv. interr. ; une interr. indir. totale ou partielle]

 

a)

[Un pronom ou un adv. interr.] : Comment, dist le cappitaine, que dictes vous ? Est le roy malsain ? N'en savez-vous plus ? ce lui respond un chevalier. Par foy, dist il, non. (ARRAS, c.1392-1393, 114). Et si je y vaiz, que diré l'on ! Les gens se trufferont de moy. (Pass. Auv., 1477, 136). Qu'en dictes vous ? (Pass. Auv., 1477, 185). Maistre Guamalïel, qu'en dictes ? (Pass. Auv., 1477, 274). AFFRICQUEE. Helas, mon amy, que dira Mon mary de tant demourer ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 32).

 

-

Que vous diroie je ? "Que vous dire d'autre ?" : Et entre les autres, manda Jossellin de Pont le Leon, pour avoir son conseil sur la demande que Remondin lui feroit, car il estoit moult saiges. Que vous dyroie je ? Ly anciens chevaliers vint atout le sommage, et fist tendre trefs et paveillons et appareillier richement. (ARRAS, c.1392-1393, 55).

 

-

Que voulez-vous que je vous dise ? : Que voulez vous que je vous die ? (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 179).

 

-

[Pour se reprendre après une erreur] Que dis-je ? : Jehan, mon nepveu, las, que dy je ? (Pass. Auv., 1477, 221).

 

b)

[Une interr. indir. totale] : Je vueil que tu me dies si tu ses que... (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 176). ...mais or me dictes se gens qui auroient povoir de mener de IJm. a XXVc. hommes d'armes, se ilz y pourroient venir a temps pour secourir cellui roy. (ARRAS, c.1392-1393, 82). Et, pour ce, je vous pri entre vous aultres, beaulx seigneurs, dictes si vous y voyez que amender. (BUEIL, II, 1461-1466, 202).

 

c)

[Une interr. indir. partielle] : Item, fu ycellui Merigot requis par ledit mons. le prevost qu'il enseignast et deist quele chevance il avoit, et où elle estoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 209). Au moins, beau sire, nous dictes qui elle est ne de quelle lignie [votre future femme]. Par ma foy, dist Remondin, tout en riant, vous me demandez ce dont je ne sauroye respondre, car onques je n'en enquis tant. (ARRAS, c.1392-1393, 36). Or dictes ce que vous querez. (ARRAS, c.1392-1393, 38). Qui est la langue ne l'entendement qui peust comprendre ne dire quelles ne comment sont grandes les joyes de Paradis ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 21). ...si ne sceust plus que dire, ne comment soy excuser. (LA SALE, J.S., 1456, 12). Ne plorez plus, mon filz, respond le maistre, et si me dictes qu'il vous fault (C.N.N., c.1456-1467, 93). ...ses voisines, qui la cuidoient comme morte, furent tresesmerveillées jusques ad ce qu'elle leur dist par quelle voie elle estoit ravivée (C.N.N., c.1456-1467, 517). Dy moy lequel [des deux débiteurs] est mieulx amé, Et qui plus amer doit de ses deux ? (Pass. Auv., 1477, 153). Dictes pour quoy estes venus. (Pass. Auv., 1477, 177). ...dy en deux motz Pour combien tu les me donrras. (Pass. Auv., 1477, 235). O Jehan, mon filz, dy moy a qui Je prendrey plaisance ne joye ? (Pass. Auv., 1477, 265).

 

-

Ne plus savoir que dire à qqn : Enfans, je ne vous scay plus que dire, fors tant que vous tenez verité en tous voz affaires. (ARRAS, c.1392-1393, 153).

 

-

Dire que sage. "Parler sagement" : M'amie, vous dites que sage. A son pere vois congié prendre. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 19).

 

-

Prov. Dis-moi qui je suis, je te dirai qui tu es : Le quel lui respondi tantost felonnessement : "Je n'ay cure de toy ne de ton amour. Di moy qui je sui, je te diray qui tu y es". (Doc. Poitou G., t.3, 1366, 339).

 

2.

[Un subst. interprétable par une interr. indir. (Dire la conclusion "dire quelle est la conclusion")] : ...ledit mons. le prevost demanda aus dessus diz presens conseillers qu'il lui deissent leurs advis et oppinions sur ce (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 206). ...et pour dire la conclusion que le roy d'Angleterre, par cy devant, lui estant oudit siege de Meaux, avoit prinse en ladicte matiere... (FAUQ., II, 1421-1430, 41). ...il s'en revint en Angleterre, sain et sauf, Dieu mercy. Et n'est pas a dire la joye que sa femme luy fist quand elle [le] vit (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...or y alons, Et les nouvelles luy dirons [à Jésus] De Jehan baptiste et son trespas. (Pass. Auv., 1477, 115). Dy nous ton nom ! ["quel est ton nom"] (Pass. Auv., 1477, 145). Dictes nous vostre oppinion Sur la question de present. (Cene dieux, c.1492, 113).

 

-

Dire son cas. "Dire quelle est sa situation" : ...[Talbot] fist venir devant luy l'Anglois et le François, et dist au François qu'il deist son cas. (C.N.N., c.1456-1467, 56).

 

-

Dire sa charge. "Dire ce que l'on a été chargé de dire" : La vieille retourna de son message et dist sa charge. (C.N.N., c.1456-1467, 262).

 

-

Dire son courage / sa conscience. "Dire ce que l'on a sur le coeur" : ...porte ton mal le plus bel que tu peuz. Ce n'est pas icy que tu doiz dire ton courage (C.N.N., c.1456-1467, 253). Je vous diray ma conscience. (C. Riffl., c.1480-1520, 58).

 

-

Dire sa pensee. "Dire ce que l'on pense" : ...tant com l'espoux son cuer euvre Et que sa pensée descuevre Et dit a s'espouse loyal, Tant est il aise et hors de mal (Mir. ste Bauth., c.1376, 98). A qui direlle ["dira elle"] sa pencée (...) ? (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 13). A qui diré je ma pansee ? (Pass. Auv., 1477, 263).

 

-

Dire la requeste. "Dire ce que l'on requiert" : ...vers elle s'encline, faisant la requeste pieça trop dicte (C.N.N., c.1456-1467, 30).

 

-

[Précédé du verbe savoir au cond.] : Ton depart me fait endurer Tel douleur qu'on ne sçauroit dire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 170).

 

3.

[Un adv. équivalent d'une interr. indir.] : ...a l'heure assignée, nostre clerc ne faillit pas de venir hurter ou madame luy dist qui l'attendoit de pié coy (C.N.N., c.1456-1467, 279). Et vit clerement que tout se retiroit ensemble au champ, là où le Mareschal lui avoit dit. (BUEIL, I, 1461-1466, 191).

C. -

[Ce qui est dit est une injonction] Dire (à qqn) que + subj. : ...puis ditrent que l'en leut le jugement. Et celui prent son roulle a lire et dist ainsi : ... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 233). L'autre disoit qu'a un cheval Fust trainez et qu'om le pendist Tout vif (DESCH., M.M., c.1385-1403, 34). Je vous prie que vous leur alez dire de par moy que il leur plaise a moy venir veoir avant que je muire, car j'ay grant voulenté d'eulx satisfaire a mon povoir de l'onneur et de la courtoisie qu'ilz m'ont faicte (ARRAS, c.1392-1393, 115). ...[Talbot] dist au François qu'il deist son cas. (C.N.N., c.1456-1467, 56). ...luy dist qu'elle prinst les deux meilleurs chapons de la chaponnerie de l'ostel, et les appoinctast tresbien (C.N.N., c.1456-1467, 368). Son maistre luy dist qu'il n'y allast point ; il dist que si feroit. (C.N.N., c.1456-1467, 430). Adonc se releva debout, Commença a faire ung grant sault Disant que l'en fist l'eschauffault Et qu'il joueroit son personnage. (Vig. Trib., c.1480, 234).

 

Rem. P. Rickart, "The Syntax of dire used injunctively", Z. rom. Philol. 96, 1980, 49-67.

 

-

Dire + inf. : Aux piez des cerfs et biches que j'ay dit dessus mettre en terre, pourra il conoistre les differences mieulx que je ne le sauroie devisier. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 151).

II. -

Empl. trans. en partic.

A. -

"Reproduire par la parole (un texte existant - une prière, un poème...), réciter" : ...ne aussi quant elle appelleroit et requerroit ledit Haussibut qu'il venist parler à elle, que elle qui parle ne se seignast de signe de croix aucunement, et que, paravant ce, elle deist ces moz par trois fois : In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, amen. Haussibut, vien parler à moy. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 291). ...que par trois fois l'en appellast en son ayde ledit Luciafer, deist aussi par trois fois l'euvangile saint Jehan, la patenostre et Ave Maria (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 325). ...regardoit tousjours, disant la chansonnette jolye, pour veoir s'il reviendroit point a l'amorse [Une bergère entreprend de séduire un berger] (C.N.N., c.1456-1467, 483). ...les petis enfans de cuer de la Saincte-Chappelle, qui ilec [en bateaulx] disoient de beaux virelais, chançons et autres bergeretes moult melodieusement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 177). ...chascun feust flechi ung genoil en terre en disant Ave Maria (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 264). ...qu'ilz diront ung psaultier Pour l'ame du povre Villon (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 137). Or alons nostre office dire (Pass. Auv., 1477, 115). Et commença a dire la Farce De Pathelin et de Poitrasse (Vig. Trib., c.1480, 233). Je te vueil doncques commander, Sans plus le faire recorder, Au soir, quant tu te vas coucher, Que tu dies, sans plus cesser, Incessament ta patenostre (C. Riffl., c.1480-1520, 60).

 

-

Dire les graces. V. grace : Levés sus, et dirons nous graces [à la fin d'un repas]. (Pass. Auv., 1477, 156).

 

-

Dire la messe. V. messe : Après que ladite compaignie fut arrivée en ceste église de Nostre-Dame de Paris, y fut chanté une messe solemnelle, laquelle estant dite et achevée... (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 201).

 

.

Empl. pronom. à sens passif : ...la premiere messe, qui se dit entre quatre et cinq heures. (C.N.N., c.1456-1467, 338). ...et entrera chacun en sa place, et se dira la grand messe pour les trespassez (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 186).

 

-

Dire le service. V. service

 

-

Dire un proverbe : ...et avoit le patriarche mal retenu ung proverbe qui se dit en basque, qui s'ensuit : "Reguia contraqeue ereua," c'est-à-dire : "Qui se rebelle contre le roy est fol." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 189).

 

-

Dire (un récit) : La vingt et quatriesme nouvelle, dicte et racomptée par monseigneur de Fiennes (C.N.N., c.1456-1467, 6).

B. -

"Affirmer qqc. par écrit, énoncer qqc. (énoncer l'opinion que)" : Il [Aristote] a dit ou chapitre precedent la cause final et il touche les causes efficientes (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 234). Combien que saint Pol die en l'epistre aux Rommains que toutes choses sont sceues par humaine nature, voire sans les secretes choses de Dieu, et qu'il a retenues en sa congnoissance, sans autre, la nature aux humains si est a entendre pluseurs hommes vacquans par universes contrees. (ARRAS, c.1392-1393, 311). ...ne dit pas nostre bon pere saint Augustin qu'il ne loist a personne de soy oster la vie ? (C.N.N., c.1456-1467, 143). ...[le] baston de quoy on plante les hommes, comme dit Bocace. (C.N.N., c.1456-1467, 471). David le dit entre ses motz [parmi les psaumes]. (Pass. Auv., 1477, 120). On le voit ; Dieu est invisible, Moyse le dit en la Bible. (Pass. Auv., 1477, 161).

 

-

[D'un livre, d'un écrit, d'un proverbe...] : Or dist l'ystoire que Remondin chevaucha tant qu'il vint a Poictiers, ou il trouva pluseurs qui estoient venus de la chasse (ARRAS, c.1392-1393, 27). Ces preuves, et autres pluseurs, ont esté clerement sceues, sans ce que les vrayes croniques et les livres des histoires en dient. (ARRAS, c.1392-1393, 310). ...il les ouvrit [la lettre] et voit la soubzcription qui disoit "Katherine, surnommée Conrard." (C.N.N., c.1456-1467, 180). Grant punicion, las, vous espie, Si que l'escripture dit a (Pass. Auv., 1477, 191). Scez-tu point que dit ung proverbe ? Que à battre la maulvaise gerbe Se pert la peine du villain. (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 423).

 

.

Un tableau qui disoit. "Une tablette où l'on pouvait lire" : Et par dessus avoit la figure d'un chevalier, grant a merveilles, qui avoit une riche couronne d'or ou chief, ou il ot grant foison de bonnes pierres. Et a ses piez avoit en estant une royne d'albastre, couronnee richement, et tenoit un tablel qui disoit : Cy gist mon mary, le noble roy Elinas d'Albanie, et devisoit toute la maniere comment il avoit la esté mis, et pour quelle cause (ARRAS, c.1392-1393, 265).

C. -

[Parole intérieure]

 

-

Dire en soi-mesme : Elle pensa tantost ce qui estoit et dist en soy mesmes : ... (C.N.N., c.1456-1467, 479).

D. -

[D'une chose] "Signifier par son existence" : Quintement, les creatures clament que Dieu est. Toutes choses selon leur maniere de parler dient : "Il nous a fait et n'avons pas fait nous mesmes." Car il est Dieu, la voix de nature, par quoy toutes choses sont belles, le tesmoingne disant qu'il est tres bel. Les choses doulces dient qu'il est tres doulz. Les choses haultes et eslevees dient qu'il est tres hault. (Somme abr., c.1477-1481, 101).

 

-

Vouloir dire. V. vouloir "Signifier"

III. -

Empl. abs.

A. -

"Parler" : Et se je parol par mistere, N'en soit vers moi meüe d'ire, Car c'est pour plus plaisamment dire. (ACART, Prise am. H., 1332, 3). Et pour ce dist il ["parla-t-il"] aux huit vaillans princes qui en leur foeillie s'esbatoient a ["avec"] Passelion (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 284). [Autre ex. p.347] ...dit qu'il dira, mais qu'il luy veille promettre que par luy jamais ame n'en sçaura nouvelle [Un clerc pressé par son maître de lui révéler la cause de sa tristesse] (C.N.N., c.1456-1467, 94). - Elle n'a garde, si vous luy faictes ce que je vous diray, dit le medicin ; mais, si vous tardez gueres, tout l'or du monde ne la garantira pas de la mort. - Dictes, pour Dieu, dit l'aultre, et on luy fera. [D'une femme en danger de mort] (C.N.N., c.1456-1467, 136). Or, tost, sire, je vous en prie, Dictes devant, delivrés vous. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

-

Dire ainsi. "Tenir de tels propos" : Deux ans, trois ans, sont ja passez et expirez que, tousjours ainsi m'avez dit, mais vous n'en avez rien fait (C.N.N., c.1456-1467, 458). ...tousjours dit elle ainsi, mais rien n'en fait. (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

-

À bref dire. "Pour s'exprimer en peu de mots, bref" : ...a bref vous dire, Il fault que je soye payé ! (Path. D., c.1456-1469, 122).

 

-

Dire bien./Bien dire. "Tenir des propos judicieux" : Il a bien dit, si com moy semble : Ralons nous ent. (Mir. ev. arced., c.1341, 122). ...mais en ce que il metoit que elles n'estoient pas senz prudence, il disoit bien. (ORESME, E.A., c.1370, 359). Monseigneur, dist Remondin, puis que il me souffist, il vous doit assez souffire, car je ne pren pas femme pour vous, a mon escient, mais la pren pour moy ; si en porteray le dueil ou la joye, lequel il plaira a Dieu. Par foy, dist ly contes, vous dictes bien. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ...Sage, discret, bien renommé, Honneste, beau et bien disant ["sage dans ses propos"] (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 192). Vous dictes bien, beau pere. (C.N.N., c.1456-1467, 103). - (...) je feray comme ung bon pere doit faire. - Vous dictes tresbien, dit le curé (C.N.N., c.1456-1467, 295). Que vous semble, mes seigneurs, De cest homme qui si bien dit ? (Pass. Auv., 1477, 117).

 

.

Pour mieux dire. "Pour employer des termes plus justes" : ...ce present livre, intitulé des Cent Nouvelles, lequel en soy contient cent chapitres ou histoires, ou pour mieulx dire nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 1). ...a peu s'il s'osoit tirer de la, doubtant le retourner de son adversaire, ou, pour mieulx dire, son compaignon. [Le mari est caché sous le lit alors que l'amant vient de partir] (C.N.N., c.1456-1467, 52).

 

.

Dire mieux à qqn. "Parler à qqn avec plus de bienveillance" : De riens n'ay soing, si mectz toute m'atayne D'acquerir biens et n'y suis pretendent, Qui mieulx me dit, c'est cil qui plus m'actaine, Et qui plus vray, lors plus me va bourdent, Mon ami est qui me faict entendent D'ung cigne blanc que c'est ung corbeau noir (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46).

 

.

[Précédé du verbe savoir au cond.] : Il fault tout prandre en pacience ; Je ne vous saroie dire mieulx. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 342).

 

.

Mal dire : GUILLEMETTE. Ha ! Que c'est mal dit, mon maistre ! (Path. D., c.1456-1469, 96).

 

-

Dire voir / dire vrai : Lors fu le roy admené a la tente Anthoine, lequel estoit logiez en la propre tente qui fu du roy, dont il ne se pot oncques tenir que il ne lui deist : Par ma foy, damoisiaux, qui ce dit deist voir : En pou de heure Dieu labeure. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Tu dis vray, va, baille luy, baille, Ma foy, il ne vault que de raille (Gaud. sot, c.1450, 9). Et si froidement le disoit que le trenchecoille cuidoit veritablement qu'il deist voir. (C.N.N., c.1456-1467, 404).

 

.

Dire au plus près de verité : ...je scay que vous dictes au plusprès de verité (C.N.N., c.1456-1467, 296).

 

.

À vrai dire. V. vrai : ...a vray dire, sans clergise Et sans sens naturel, vous estes Tenu l'une des chaudes testes Qui soit en toute la parroisse ! (Path. D., c.1456-1469, 52).

 

-

Dire hardiment. "Parler en toute franchise" : Tres chiere dame, autre chose quier je bien. Et quoy ? dist elle. Dittez hardiement. Ma chiere dame, puisqu'il vous plaist, je le vous diray. (ARRAS, c.1392-1393, 8). Ma fille, ne plorez plus ; mais dictes moy hardiement. Je suis vostre mere (C.N.N., c.1456-1467, 133). Or me dy, mon filz, qui avoit le plus gros con ? dy hardiment. (C.N.N., c.1456-1467, 413).

 

-

Dire outre : "Vien ça, vien ça, dit elle, si feras [cela]." Mais elle disoit tout oultre. [Une bergère invite un berger à faire l'amour : les mots qu'elle emploie en réalité vont bien au-delà du très neutre cela qu'a choisi l'auteur] (C.N.N., c.1456-1467, 483).

 

-

Dire contre qqn / qqc. : ...aucun pourroit dire contre les ditz de Y. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 366). Item, aucuns qui se efforcent de rendre cause de teles vertus dont une eschaufe et l'autre refroide dient contre eulz meismes (ORESME, C.M., c.1377, 654). Je n'ose dire contre [ce qui vient d'être dit] (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 184). ...dire contre tesmoings et lettres de partie adverse, decliner contre juge et jurisdicion (Comptab. Dieppe M., 1479, 113).

 

-

À dire entre vous et moi : ...par mon serment, a dire entre vous et moy, mon plus grant regret si est qu'il fault que je meure avant que savoir et sentir des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 347).

 

-

Laisser dire : Escoutez et laissés dire (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 504).

B. -

[Avec une valeur interjective] Dis moi / dites moi./Or me dites./Dis / dites : TRIBOULET. Te viens tu, dis, farcer de moy ? (Roy sotz, c.1450-1500, 215). ...dictes moy qui est la dedans ? (C.N.N., c.1456-1467, 212). Or me dictes, dist l'oste, quel disme est ce que vous prenez sur ma femme et sur les aultres ? (C.N.N., c.1456-1467, 220). Dictes moy, dist l'oste, la chose comment elle va [Avec constr. proleptique] (C.N.N., c.1456-1467, 220). Or me dy, mon filz, qui avoit le plus gros con ? (C.N.N., c.1456-1467, 413). Doit estre mon oeil gary par ce moien ? Dictes, m'avez vous baillé de ce jeu ? (C.N.N., c.1456-1467, 505). LE DRAPPIER. Dittes, affin que je m'en voise, Baillez moy... GUILLEMETTE. Parlez bas ! (Path. D., c.1456-1469, 102). Or me dictes, ceulx de Calays Sont ilz en acord maintenant ? (Est., p.1460, 22). Et qui vous a bouté, Dictes ? (Fr. arch. B., c.1468-1480, 44). Et me dicte, sans tromperie, De quel lieux vous venez tous ? (Sots mal., c.1480, 82). Mais, dites moy, que fait ce tiltre, Il faut bien que nous le sachon. (Dorib., p.1480, 248). Dy, ne congnois tu point Colin, Garsse, ce paillart cahu ? (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 32). Or dy, comme gaigneras-tu Ta vie ? (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 37). Te tairas-tu, dy ? (Bad. loue T., c.1500, 48).

 

-

Dis-tu ? "Vraiment ?" : BRUYT. Il nous fault de l'aglux avoir, Et nous serons pres maintenant. PLAISANT FOLLIE. Mais gardés qu'i soit bien tenant. CUIDER. Si bien tenant que s'il y frappe Verdier ni aultre oyseau de trappe, Hardiement que partir n'en peut. BRUYT. Dis tu ? CUIDER. Demandés vous s'il pleust ? Si vient Verdier ni Roge Gorge Dictes hardiement que ne se bouge. (Pipée R., c.1470-1480, 181-182).

 

-

[Interj. utilisée pour interpeller qqn, pour solliciter une réponse] Di va ! "Allons !" : Qui es tu, dy, va, chevalier, qui as tant de hardement que de venir vers moy ? (ARRAS, c.1392-1393, 263).

 

-

Dis toujours ! : C'est bien fait. Dy tousjours ! Feras ? (Path. D., c.1456-1469, 172).

C. -

Dire de qqn / de qqc. "Parler de qqn ou de qqc." : D'un autre encore te diray Avec qui l'autre jour alay Pour veoir ses oiseaux voler (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 106). ...car, se ilz jugent et dient une chose estre indeterminee et non bonne pour ce que selon elle l'en est denommé et dit tel plus ou moins, il convendroit que ilz deïssent semblablement de justice et des autres vertus comme de delectacion. (ORESME, E.A., c.1370, 500). Or vous lerray un petit de Uriien et de sa compaignie, et vous diray du cappitaine de la ville, qui moult bien advisa l'ost et le maintieng des gens (ARRAS, c.1392-1393, 92). Or vueil laissier de ceulx qui s'en vont par la mer a parler et diray de la feste qui fu grant et moult noble. (ARRAS, c.1392-1393, 140). Et ores diray d'un Rommain (...) nommé Pructo (LA SALE, Sale D., 1451, 119). Pour retourner a la matere de nostre propos encommancé, nous lairrons nostre homme ou bahu, et dirons de madamoiselle (C.N.N., c.1456-1467, 185). ...il vous fault quelque chose, que je ne saroie penser ne inferer que ce peut estre, si vous n'en dictes plus avant (C.N.N., c.1456-1467, 234). Comment le conte du Dunois dist audit de Clugny du couroux que le roy avoit eu a sa premiere proposition (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 25).

 

-

Dire mal de qqn. "Médire de qqn" : Car un bon ami ne creroit pas de legier nul qui deïst mal de son amy lequel il a par lonc temps esprouvé et ne croira ja telz diseurs (ORESME, E.A., c.1370, 421). ...Qui d'amans vont tant mal disans Qu[e]... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 276).

D. -

À dire

 

1.

Estre à dire. "Signifier" : Je vueil que tu me dies si tu ses que c'est a dire [var. que veust ce dire et que signiffie cecy que / que veult dire cecy / que veult ce dire] pour quoy cest juifs giete sans a guise d'or et d'argent. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 176). ...et desira sçavoir que c'estoit a dire (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 216). ...ilz eurent grant merveilles que ce pouoit estre a dire (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 320). - (...) qu'est ce a dire cela ? - C'est a dire, dit le medicin, qu'il fault que vous montez sur elle (C.N.N., c.1456-1467, 136). DESGOUTTÉ. Scez tu que c'est d'estre gabbé ? C'est a dire deux fois menty. (Est., p.1460, 22).

 

-

C'est à dire : ...auzquelz on commanda que il eussent armes, c'est a dires heaumes, escus, jambierez et hauberions (BERS., I, 1, c.1354-1359, 43.2, 72). Et ainsi et par ce sont les gens faiz bons simplement, c'est a dire, en une maniere. (ORESME, E.A., c.1370, 162). MAISTRE PIERRE. Recipe pour gens qui sont coux : Quelque bon bruvaige doulcet, C'est a dire ung bruvaige doux Et l'avaler doux comme lait. (Dorib., p.1480, 248).

 

-

C'est à dire que. "C'est-à-dire que" : Cest dit est selon parler commun et est propre, mais c'est a dire que il est moins mauvais a parler proprement (ORESME, E.A.C., c.1370, 237). Les oveilles qui sont de mon parc m'aiment et je les garde, c'est a dire que les creatures qui l'aiment suivent ses traces, qui sont de vertu, et il les garde de tous perilz. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 11).

 

-

Qu'est à dire... ? "Que signifie, que doit-on entendre par... ?" : Et qu'est a dire la vie contemplative et la vie active ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 22). - [Il faut,] dit le medicin, qu'elle [une femme malade] ayt compaignie d'homme, ou elle est morte. - Compaignie d'homme ! dit l'aultre, et qu'est ce a dire cela ? (C.N.N., c.1456-1467, 136). LE PRESTRE. Je n'ay jamais [vu] tel merveille. Qu'est ce a dire ? esse mocquerie ? (C. Riffl., c.1480-1520, 61).

 

2.

Valoir autant à dire que / comme. "Équivaloir à" : Et les menoit, tous les matins, sur une haulte montaigne laquelle estoit appellée, si comme l'ystoire dit, Eleneos, qui vault autant dire en françois comme montaigne florie, et de la elle povoit assez veoir la terre d'Albanie. (ARRAS, c.1392-1393, 11). ...vous estes nommee Melusigne d'Albanie, et Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault, et Melusigne vault autant a dire comme merveilles ou merveilleuse. (ARRAS, c.1392-1393, 47).

 

3.

Y avoir à dire. "Y avoir à redire" : Et mesisse painne au savoir (...) Par quoi riens n'i euïst a dire. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 92). Toudis se vante ou at plus a dire. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 47). [Autre ex. p.170] Si fault dire qu'il y ait a dire en son fait. [Un jeune marié ne remplit pas son devoir conjugal] (C.N.N., c.1456-1467, 299). Or, est il vostre de present, Nul ne le vous peut contredire ; Que vous estes comme dedans, Il n'y a comme riens a dire. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 179).

 

-

Il y a à dire qqc. "Il manque qqc." : Vous n'avez pas trouvé ce que vous cuidiez ; il y a bien a dire une once, largement. (C.N.N., c.1456-1467, 411).

 

-

Il n'y a que dire. "Rien ne manque" : ...regardez quelz tetins, quel ventre, quelles cuisses, et du surplus il n'y a que dire [Valeur expressive de la litote] (C.N.N., c.1456-1467, 308).

IV. -

Inf. subst.

 

-

Ce dire / son dire. "Le fait de dire, ce qui est dit" : ...et ce dire est inconvenient (ORESME, E.A., c.1370, 313). Elle, jasoit qu'encores marrye et enragée de ceste suspicion, voyant la parfecte contrition du bon homme, cessa son dire. (C.N.N., c.1456-1467, 30). ...et ne valoit son compaignon, qui oyoit son dire, gueres mieulx que mort (C.N.N., c.1456-1467, 236). ...et tenoit la victoire seüre à son dire (COMM., III, 1495-1498, 224).

 

-

Prov. : Le dire et le faire sont deux. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 200).

 

Rem. Prov. H., 97 [D103, 104].

 

-

Ouïr dire. V. ouïr

 

.

Savoir qqc. par ouïr dire. "Savoir qqc. pour l'avoir entendu dire" : Et pensez vous que je ne sache bien par oyr dire quelz outilz vous portez ? (C.N.N., c.1456-1467, 106). ...il n'est ja mestier que vous en sachez plus avant que par oyr dire (C.N.N., c.1456-1467, 411).

V. -

Part. passé en empl. subst.

A. -

"Ce qui est dit" : ...aucun pourroit dire contre les ditz de Y. (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 366). ...lesquieulx, par les depposicions d'iceulx Phelipot et Maceot, après ce qu'ilz les ont voulu croirre, et du tout se sont rapportez en eulx, et par leurs diz et depposicions voulu prendre droit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 245). ...veu l'ordonnance et dit jà pieçà fait par le roy Phelippe, sur ceulx et celles qui diroient mal de Dieu, nostre createur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 356). Appaise toy et mect fin en tes diz (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 64). ...selon le dit de plusieurs princes et seigneurs (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 210). L'on oyt tes dicts, tes gestes on regarde (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 85).

 

-

Au dit de : ...la confession et denegacion dudit prisonnier par lui sur ce faites, comme escript est cy-dessus, et la submission par lui faite en soy rapportant de toutes icelles accusacions ou dit et depposicion d'icelle dame (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 361). ...le compaignon encusé de ce crime fut en l'heure prins et saisi ; et, au dict du commun peuple, ne valoit gueres mieulx que pendu au gibet (C.N.N., c.1456-1467, 159).

 

-

Les faits et les dits : O tous les sainctz de paradis, Et les sainctes assemblement, Tant com je puis, en faictz en ditz, Je vous supplië humblement, Priez Dieu pour moy doulcement (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 26). ...Sy plaisans en faiz et en diz (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 37). ...En fais et en dictz. (Sots, c.1480-1500, 270). ...Ains jusques cy, tant en dit comme en fait, Ay heu cueur noble Pour despencer escu, lyon et noble (LA VIGNE, S.M., 1496, 163). Mon filz, Dieu vous veille donner Desormais, en faitz et en ditz, Grace de vous y gouverner (LA VIGNE, S.M., 1496, 363). Il est, tant en dit comme en fait, Doulx, courtois, plain d'umilité (LA VIGNE, S.M., 1496, 553).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506.

 

-

En partic.

 

.

"Demande énoncée par qqn" : ...vous estes ung fort marchant ; et au mains, puis qu'il fault que vous aiez tout a vostre dict, j'aray terme de paier. (C.N.N., c.1456-1467, 291). ...m'en repens [des calomnies proférées], et vous en crye mercy, vous promectant de l'amender a vostre dit (C.N.N., c.1456-1467, 466).

 

.

"Parole, maxime" : Avez vous point une parole Oye et un dit trop bien dit Que Salomon le sage dit ? (Mir. ste Bauth., c.1376, 98). Le dit du Saige trop lui feiz (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 36).

 

.

"Dicton" : Ad ce propoz ung dit ramaine : De saige mere saige enfant. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 44).

 

-

Prov. : Bon dit est toudis en saison. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 53).

 

-

Le dit / la dite. "La personne ou la chose dont on a précédemment parlé" : ...force est a la bonne fille d'en advertir bien au long sa maistresse. La dicte advertie des nouvelles amours de monseigneur (...) en est tres malcontente [Une servante fuit les assauts amoureux de son maître] (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...se tint ung jour ou deux, tousjours se monstrant aval son eglise devant la dessus dicte, et Dieu scet qu'il faisoit bien l'adolé. [Un frère prêcheur a réussi à apitoyer une dame en feignant d'être souffrant] (C.N.N., c.1456-1467, 535).

 

-

Le dessus dit. "La personne dont il a été question ci-dessus" : Et commanda le Jouvencel que on fist asçavoir aux dessus dictz qu'ilz se trouvassent en la dicte chambre (BUEIL, I, 1461-1466, 117).

B. -

[Composition littéraire] "Long poème (gén. strophique) avec insertions lyriques" : Et vecy le commancement [du Testament que Villon identifie comme un dit]. Ou nom de Dieu, comme j'ay dit, Et de sa glorïeuse Mere, Sans pechié soit parfait ce dit Par moy, plus maigre que chimere. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 76).

 

Rem. Dit prunier B., c.1330-1350 ; MACH., D. verg., a.1340 ; MACH., D. Lyon, 1342 ; MACH., D. Aler., a.1349 ; GUILL. TIGNONV., Ditz moraulx philos. E., a.1402 ; CHR. PIZ., Dit rose F.E., 1402 ; CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400 ; CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403 ; CHASTELL., Dit vérité K., c.1456-1460...

V. aussi adire
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

Fermer la fenêtre