C.N.R.S.
 
Famille de quietus 
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 Article 1/42 
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     ACOYER     
FEW II-2 quietus
ACOYER, verbe
[T-L : aqueer ; GD : acoier ; FEW II-2, 1471b : quietus]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Calmer, apaiser" : L'ire des vens et leur tempeste Dont le serain air se destrempe, Et la mer qui fort se tempeste Et mine le rivage et trempe, Amours amodere et atrempe, Et, par sa grant doulceur, acoye. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 99). Se le cas vient que vous soiez De vos coquars attropelee, L'ung de beau regard acoyez, L'aultre d'une doulce accolee (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 174).

B. -

"Mettre à l'abri (?)" : Dont lez fist de la chartre issir san detryer ; Hor de la tour lez maynet, si laissent le cellier. La damme reffermait la tour a l'alongier. Per la main tint Henry qu'elle amait et tint chier, Et deden une chambre lez ait fait ascoyer Et lour apportait a boire et a mengier (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1052).

II. -

Part. passé en empl. adj. "À l'état de repos, stagnant"

 

Rem. Ex. d'EVR. CONTY de 1380 (ms. XVes.) ds GD I, 60b (Pource que putrefaction se engendre voulentiers en tels lieus ou il a matiere de malvaise qualité arrestee et aqoyee sans eventacion).
 

DMF 2020 - Synthèse Béatrice Stumpf

 Article 2/42 
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     ACQUIT     
FEW II-2 quietus
ACQUIT, subst. masc.
[T-L : aquit ; GD : aquit ; GDC : aquit ; AND : acquit ; FEW II-2, 1472a,1473a,1474a : quietus ; TLF : I, 565b : acquit]

A. -

"Fait d'acquitter une somme que l'on doit"

 

1.

"Paiement d'une somme due" : N'en puis ore faire autre acquit, Fors tent qu'en l'eure sanz attendre L'avoir qu'au juif doy vueil prendre Et en la main Dieu le mettray [pour qu'il le fasse parvenir au juif] (Mir. march. juif, c.1377, 203). ...les heritages (...) avoient esté baillez de par le Roy à pluseurs à tiltre d'achat, de recompense, acquit ou autrement (BAYE, II, 1411-1417, 95).

 

-

En acquit de : ...les presidens des Enquestes et les officiers de la Court (...) ont acoustumé de recevoir partie de l'emolument desdictes amendes et exploiz en recompensacion et aquit de leurs gaiges et services (FAUQ., I, 1417-1420, 196). Ce jour, Nicolas du Ru, huissier de Parlement, apporta devers la Court la somme de IIJcL escuz d'or en or en acquict de la reste que devoit feu Jehan de Rosimbos au Roy à cause d'une amende de mil livres parisis, en laquelle il avoit esté condempné (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 178).

 

-

Pour et en l'acquit de : ...la somme de cincq cens frans monnoye royal, en deniers payez comptans audit receveur general pour et en l'acquit de la somme de 1600 frans monnoye dite en quoi ladicte ville avoit ja pieça esté assise par un impost de la somme de 12000 frans dicte monnoye, mis sus et ordonnez ja pieça par le roy nostre sire, pour le secours de la ville de Rouen qui lors estoit assegee par les Englois (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 257).

 

-

En partic. [À propos d'une rançon] : ...et assez paravant fut faict le mariaige du duc Jehan de Calabre et de damoiselle Marie de Bourbon ; Et pour ce qu'elle estoit niepce du duc de Bourgoingne, le duc quicta, en les donnant à sa niepce, bien deux cens mille frans en quoy le Roy de Cecile estoit obligé à luy, à cause de sa rançon et de l'acquit de sa prison (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 56).

 

2.

P. méton.

 

a)

"Somme due" ; ici "amende" : ...celuy de devant luy avoit eu noise aux Mores au partement du pays et en avoit eu aulcuns tués, pour resparer l'offence convie payer aulcuns tribus et acquis (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 111). Car, par une noyse, il y eut, au partement d'ung port, des dictz Mores tuez par les gens du patron par quoy convient maintenant pour ceste offense payer plusieurs acquitz (Voy. Hierus. S., 1480, 24).

 

b)

"Reconnaissance écrite d'un paiement, quittance, décharge" : ...de laquelle somme ycelle Court prometteroit à faire baillier acquit souffisant audit receveur (FAUQ., I, 1417-1420, 336). ...200 frans donnez par mondit seigneur à maistre George d'Ostende, comme pour pluseurs parties de gaiges, voyaiges et messaigeries faictes par ledit tresorier pour le fait d'icellui seigneur dont il lui rend les acquis (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1418, 38). Item, [Jacques Cuer] me doit la somme de 300 escus ou me rendre ung acquict qu'il a de moy, de semblable somme pour cause d'un coursier que le Roy luy manda qu'il me délivrast au commancement de la recouvrance de Normandie lequel coursier il me faisoit delivrer à Bourges, mais je ne le prins point pour ce qu'il ne valoit riens. (Doc. 1453. In : Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 109). ...après que ledit chambellan eut receü cest argent, ledict Piere Claret luy supplya que, pour son acquict, il luy en signast une quictance. (COMM., II, 1489-1491, 243).

 

-

Lettres d'acquit : ...maistre Berthelemy Cailier (...) ordonna aux habitans de Quier paier et bailler audit chevalier sur ladicte somme de mil escus (...) en prenant d'icelluy chevalier ses lectres d'acquict avecques quictance le tout en forme vallable. (Lettres Louis XI, C., Pièces justif., t.1, 1459-1461, 319).

 

c)

Gens de grand acquit. "Gens qui ont beaucoup à acquitter (c'est-à-dire criblés de dettes, appauvris par les procès)" (d'apr. Éd.) : L'endemain m'aloye enquerant Pour encontrer Martin Garant Droit en la salle du Palays Rencontray pour mon premier mais Tout droit soubz la premiere porte Plusieurs mignons d'estrange sorte Qui sembloient bien à leur habit Qu'ilz fussent gens de grans acquit. (Repues franches K.V., c.1480, 86).

 

3.

En partic.

 

a)

"Redevance, droit de péage" : ...à Pierre Lefevre, [il doit] à cause de sa sergenterie, une guerbe de blé en aoust, et sy doit audit Pierre aquit de ses bestes (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 212). Lesdiz Ferrons sont francs d'acquis d'acheter mine et charbon entre lesdictes deux Rivieres. (Ordonn. rois Fr. V., t.9, 1405, 99). S'aucun marchant forain trespasse par les branchières d'aucune coustume par la terre du conte, du baron, ou du seigneur chastellain, sans acquicter sa denrée, s'il ygnore l'acquict pour ce que autres foiz n'y ait passé, il sera receu de le jurer par serement (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 387). ...lesd. paiagiers lièvent led. acquit à leur plaisir, hault et bas, comme bon leur semble, sans y garder aucun ordre. (Doc. 1438. In : Ph. Mantellier, Hist. de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t.3, 1869, 67). ...plusieurs beaulx previleges, libertés, franchises et immunités aux abbés, religieux et couvent du monastere du Mont Saint Michiel (...) et entre aultres que des vivres et advitaillemens qui necessaires leur seroient et qu'ilz achateroient fussent et demourassent à tousjours mais frans, quittes et exemps de pour ce paier aucuns peages, coustumes, aides, acquis et aultrez tribuz... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1439, 119). Receu avons l'umble supplicacion de noz amez Michiel Bonté et Cardinot de Brumare (...) contenant comme l'acquit de la viconté de l'eaue dudit lieu de Rouen soit cueilli par deux branches et deux paire de fermiers (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1446, 384). ...ilz ont ouy dire que, depuis quinze jours ou environ, ung homme de Rouen demande certain acquit sur les denrées et marchandises passans par led. port, qui leur semble chose nouvelle (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452, 321). ...les vins, denrées et marchandises qui venoient aborder du costé de Hardeauville, aud. port de Jumieges, pour charger en vaisseaux de mer et aler aval la riviere païoient lesd. acquitz aud. Massiot. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452, 326).

 

b)

"Paiement d'un droit de péage"

 

-

Pour l'acquit de : De Robert Cuygnart, qui, cedit jour, oult congié de charger en la nef dont il estoit maistre 45 muyz de grain, pour l'acquit de ce 1 lb. 2 s. 6 d. (Comptab. Dieppe M., 1474-1479, 120).

 

c)

"Lieu où l'on acquitte la redevance ou le droit de péage" : Recepte. (...) De Gautier Petit, grènetier du grenier à sel estably pour le Roy nostre sire à Pontoise, pour la vente de 17 muis 2 sestiers de sel, venduz oudit grenier entre la Magdalene, l'an MCCCIIIIxxXVI, et le premier jour de février ensuivant, lequel sel estoit venu au port et acquit de Conflans-Sainte-Honorine, appartenant à ycellui Seigneur, entre le premier jour de février IIIIxxXIIII et le derrenier jour de février IIIIxxXVI au feur de 20 fr. pour muy comme pour le droit du marchant (...) pour ce, ici : 343 fr. 6 s. 8 d. t. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 6). ...et se leursdiz pors ne menguent de la paisson de ladicte forest, ilz ne paieront riens, et se leurs dis pors menguent de ladicte paisson, ja sy petit n'y aura, mez qu'il puisse mengier un glan, ilz doivent estre portés ou menés à l'acquist dudit pasnage (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 97). ...il a veu lesd. acquitteurs contraindre les marchans à venir et branler à leurs acquis, pour plus traveller lesd. marchans, sans ce qu'il en soit besoing (Doc. 1438. In : Ph. Mantellier, Hist. de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t.3, 1869, 67).

 

d)

"Jouissance des revenus d'un péage" : De la partie des religieux, abbé et convent de S. Pierre de Jumieges nous a esté exposé en complaignant comme au droit de leur fondation ou augmentation de leurd. eglise, qui est de fondacion et don royal, leur compette et appartiengne le port de Jumieges, avec les droiz, travers et acquitz, qui y appartiennent (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452, 313). ...nous leur auons baillé et deliuré (...) le travers et acquit d'Andely, qui est du domaine et de la recepte de notre viconté de Gisors, pour le tenir et en joyr (...) et en prendre et receuoir les prouffiz et esmolumens (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1481, 671).

B. -

"Fait de s'acquitter d'une obligation, d'une tâche, d'une mission"

 

1.

[Tâche, mission]

 

-

[Souvent accompagné d'un adj. ou d'un adv. de manière] Faire l'acquit/son acquit. "S'acquitter d'une tâche, d'une mission" : ...li fu dit et conmandé de par la roine et son fil, que il presist en garde le roi d'Engleterre, et l'euist tel et ses gens que il en seuist a rendre compte, qant il en seroit demandés, et que de son estat on ordonneroit. Li sires de Bercler, qui s'apelloit Thomas, respondi et dist que il en feroit bien son acquit (FROISS., Chron. D., p.1400, 90). Si eut avis et volenté que, a poissance de gens d'armes et d'archiers, il passeroit la mer, et s'en iroit prendre terre a Bourdiaus sus la Geronde et lever le siege de devant Agillon ; a tout le mains, il en feroit son acquit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 672). Quoy qu'il soit, jamais ne m'acors Que au monde nacquist ung tel roy Et n'y venist ne rocq ne roy ; J'entens que lors feront l'acquist Et ainsi l'entendit David Quant les parolles dessusdictes Voult prophetiser. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 121). ...on est clèrement averti du povre acquit que font Vénitiens et les autres nations de par delà, touchant ce voyage (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 56). "...Plaise vous faire vostre devoir et vous acquiter en ceste commission." "Mon acquit, dit-elle, ne se peut par moy seulle faire, car je n'ay partie receptible ; ne il ne m'est possible gouverner ou conduire les mondains oultre leur indisposé vouloir..." (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 142).

 

-

Faire en mauvais acquit envers qqn : Donc, parce que autrement en avoit fait, il en avoit fait moins duement en mauvais acquit envers luy. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 256).

 

-

"Capacité de s'acquitter au mieux d'une mission" : ...il s'armerent et s'ordonnerent et rengierent tous sus les camps, ensi que pour combatre. Li dis messires Guillaumes de Douglas se traist a l'un des costés a toute sa route, pour mieuls faire sa besongne et pour mieuls monstrer son acquit et sa vaillance. (FROISS., Chron. D., p.1400, 168). ...et ordonna aux capitaines de eux mettre sus, et le plus à haste que faire pourroient, et à plus de gens ; et les asseura de bon payement et prompt, sans délay, et à tant s'en reposa sur leur diligence et le bon acquit de chascun (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 337).

 

-

Faire acquit à qqn. "Le considérer comme apte à s'acquitter de la mission qu'on lui a confiée (?)" : LARCHEUESQUE. (...) Approchez vous plus pres de moy Croce vestemens me baillez En present sacrer vous feray Martin or vestez ce bel habitz Que Iesuchrist vous face acquit Et ceste croce si prenez Pour garder et multiplier La loy de dieu : et la deffendre (Myst. st Martin K., a.1500, 272).

 

2.

"Satisfaction d'une obligation morale ou sociale" : Ma dame, je vous ay servy le moins mal que j'ay peu pour deux raisons : l'une pour l'acquit de chevalerie, l'autre pour desservir, non pas vos richesses que tenez soubz le pouoir de Fortune, mais celles singulieres dont Nature vous a fait dame (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 150). ...pour l'aquit de ma leaulté, l'amour que j'ay à vous, et [afin] que le service que je vous doy soit et demeure plus longuement en vostre vertueux souvenir, je me suis resolu de labourer et mettre par escript certaines memoires abregées (...) qui seront à la haulteur de vostre seignourie exemplaire, miroir et doctrine, utiles et proffitables pour le temps advenir. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 10). De rebouter tel cruel maleffice Est envers luy ma singuliere office, Dont pour l'acquict et salut de mon ame Je veulx aller, sans nul mal ne sans vice, En ma personne faire ce sacriffice (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 140).

 

-

En acquit/pour l'acquit de sa conscience : Jà-soit fust-il ainsi, que autrefois il avoit esté contraire audit Henry et avoit esté cause de sa ruyne, cuidant bien faire et servir à la chose publique du royaume, toutesfois maintenant, revenu à cognoissance du tort qu'il luy avoit tenu et fait, et dont il estoit repentant, en acquit de sa conscience, luy vouloit réparer son injure et le remettre en son estat [de] devant, comme vray roy droiturier de la couronne sur tout autre. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 485). ...il estoit conseillié et deliberé avant son trespas, pour l'acquit de sa conscience, de rendre et restituer audit evesque de Mets laditte place d'Espinal (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1466, 239).

C. -

"Libération [d'un prisonnier]" : ...cognoissons et confessons devoir bien et loyaulment à mondit seigneur le Roy pour nostre finance avec tous les droiz et despens en quoy pourrions estre tenus, et, pour l'acquit et redemption et liberté de nostre personne, ladicte somme de quarante mil escus d'or (Lettres Louis XI, V., Pièces justif., t.5, 1475, 388).

 

-

P. méton. "Garantie, preuve (nécessaire à la libération d'un prisonnier)" : Signour, dient li baron, nous avons avisér Que pour ceu que entre nous ne soions atrappér Et que ne puissons faire nezune laicheteit, Nous avons ceu vaissalz en prison avallér Tant qu'il arait, signour, son aquit bien trouvér. Et se pouons savoir de li la veriteit Qu'il ait perre ne mere en estrainge rengnez, Nous en ferons justice comme d'un laron prouvéz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 919).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 3/42 
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     ACQUITTABLE     
FEW II-2 quietus
ACQUITTABLE, adj.
[GDC : aquitable ; AND : acquitable ; FEW II-2, 1472a : quietus ; TLF : I, 567a : acquittable]

"Soumis à l'acquittement d'un droit de péage" : Aprez trouverez le capitre dez acquis de plusieurs chosez acquitablez à la viconté. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 212). Item, est assavoir que il y a pluseurs choses à acquiter qui ne sont pas toutes escriptez en cest coustumier ; et pour est-il assavoir que de toutes choses acquitablez qui valent XII. d., l'en doit .I. d. et de mains, neant. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 246).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 4/42 
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     ACQUITTAL     
FEW II-2 quietus
ACQUITTAL, subst. masc.
[GD : aquital ; AND : acquitel ; FEW II-2, 1473a : quietus]

Région. (anglo-normand) "Obligation d'acquitter"

REM. GD I, 368a ; ex. de 1481-1482. Seul ex., également cité par J. Balon, Gd dict. de dr. du Moy. Âge, 1972, 174 d'apr. l'éd. Letton and Machlina, 1481-1482. Mot att. en m. angl. aquitaille (cf. MED) et angl. mod. acquittal (cf. OED).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/42 
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     ACQUITTANCE     
FEW II-2 quietus
ACQUITTANCE, subst. fém.
[T-L : aquitance ; GD : aquitance ; AND : acquitance ; FEW II-2, 1472a,1473a,1474b : quietus]

A. -

"Fait de s'acquitter ou d'acquitter qqn d'une dette" : Et si doivent Libiers et Jakemes Lokus aquiter les autres .III. deteurs tous quites de ceste dette et des cous et des frais pour çou fais (...). S'en ont Libiers et Jakemes pour leur aquitance assenet a aus et au leur partout et cescuns pour le tout. (Chirogr. tournais. R., 1331, 45). Ly roys soy excusat par faulte d'argent et dest al dit monssaingnor Renart que, s'ilh soy voloit cargier, en acquitanche de son paiiement, de dras ou de laynes, ilh les accitast : ilh en fineroit et les diligeroit. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 78). ...se aucun mary reçoit aucune somme d'argent de deniers du mariage de sa femme et celle somme soit assise sur aucuns heritages ou meubles, le mari mort, la femme tendra son assignaul à sa vie sanz acquittance, se les deniers ne lui sont paiéz des hoirs esquelx ledit assignaul doit advenir avant qu'elle meure. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 271).

 

-

"Quittance" : ...nous (...) envoions devers vous nostre treschier et bien amé J. D., porteur d'icestes, come procureur et attourné pur receivre toutes les avantdites sommes et ent donner acquitance come appartient. (Lettres agn. L., 1412, 228). ...et li sire Jehan Noiron dit pour droit que Bietris ait bien a repanre, en biens moibles que furent son marit, et par devant tout ce que ledit Ancillon receut de son heritaige qu'il vendeit a Nancei, tout einsi comme la lettre de tabellion que sont en acquitance le diënt. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1338], 169).

B. -

"Fait de s'acquitter d'une obligation" : Si donc j'ay fait quelque povre exploitance Touchant service et paine corporelle, O noble roy, ce ay fait en acquittance De mon debvoir, suyvant loy naturelle. (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 442).

C. -

"Cession, don"

 

Rem. GD I, 368a ; doc. 1337 et 1422
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 6/42 
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     ACQUITTATION     
FEW II-2 quietus
ACQUITTATION, subst. fém.
[GD : aquitacion ; FEW II-2, 1473a : quietus]

"Action d'acquitter"

REM. GD I, 367c ; doc. 1425 (Fribourg).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 7/42 
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     ACQUITTE     
*FEW II-2 quietus
ACQUITTE, subst. fém.
[*FEW II-2, 1473a : quietus]

Au plur. "Ce dont on doit s'acquitter"

 

-

Faire les acquittes. "S'acquitter d'une obligation, d'une dette" : Mon beneuré filz, les acquictes Avez fait moult notablement Par haulte voye et tellement Que toute humaine crëature, Jamais, tant que le siecle dure, A vous obligee en sera, Et grans graces vous en rendra Se bien considere son fait. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1029). [Même passage ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 440]
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 8/42 
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     ACQUITTEMENT     
FEW II-2 quietus
ACQUITTEMENT, subst. masc.
[GD : aquitement ; GDC : aquitement ; FEW II-2, 1472a, 1473b, 1474b : quietus ; TLF : I, 567a : acquittement]

A. -

"Fait de s'acquitter d'une promesse, d'une obligation"

 

-

Faire son/l'acquittement : Au ferir per dessus et au cop c'on li rant Le despiessait la damme et permy le porfant ; Pués fiert sur le paien moult randonneement, L'orelle li detranche et le nez assiment. Li amiralz c'escrie a sa voix clerement : "Balliant, lai ester, t'ais ouvrés vaillamment : Tu ais fait ton dobvoir et ton acquitement !" (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 70). Quant plus grans est, plus de honte reçoit Homs qui promet s'il n'acomplist : il ment, Car chascun scet sa villenie et voit, Puis qu'il puet bien faire l'aquittement (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 381).

B. -

"Paiement d'une dette"

 

Rem. GDC VIII, 162b ; doc. 1332.

C. -

"Libération" : [Le dit] assiz sera mis et exposé bien et pourfitablement en aquitement et fortifficacions de nostre dicte ville (Arch. Nord, 1388, B 1597, f° 13, IGLF).

 

-

Au fig. "Rançon"

 

Rem. Cf. : [À propos de la rédemption des hommes par le Christ] Bien sçay que l'ame de saint Jehan, Adam, Eve et Abraham (-...) Y sont [en enfer] devers une partie Qui limbe est appelee et dicte : Or fault que je le(s) en aquite. Paié en ay l'aquitement Et delivré tout quitement Et le rachat par le trahu De mort que j'ay souffert et heu. (Myst. de la Résurrection Nostre-Seigneur, c.1440. In : Myst. inéd. du XVe s., éd. Jubinal, t.2, 1837, 339, IGLF).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Jean-Loup Ringenbach

 Article 9/42 
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     ACQUITTER     
FEW II-2 quietus
ACQUITTER, verbe
[T-L : aquiter ; GD : aquiter ; GDC : aquiter ; AND : acquiter ; DÉCT : aquiter ; FEW II-2, 1472-1473 : quietus ; TLF : I, 567b : acquitter]

I. -

Empl. trans.

A. -

Acquitter qqc.

 

1.

"Libérer"

 

a)

Acquitter un pays. "Libérer, reconquérir" : La volt roy Blanchandin une guerre lever, Contre les mescreans se volt sy bien prouver, Par le vouloir de Dieu qui le volt conforter Et par le hardement que Dieu lui volt donner, Que le païs de Gresse volt le roy acquitter. (Tristan Nant. S., c.1350, 579). Princes, je di, a tout considerer, Que l'en devroit a ce siege tirer, Car lors seroit Picardie acquittée. Mais qui laira la chose demourer En nonchaloir et sanz y labourer, Nous n'aurons paix aux Anglois de l'année. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 95). ...ce nous sera petit de chose à delivrer le pays de luy et de ses gens, quant nous arrons acquitté [délivré du paganisme] les terres de deça et miz à le foiz crestienneté (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 10).

 

b)

"Affranchir, libérer, exempter [d'une dette]" : Vous me faictes une requeste que ses terres, qui pour le present sont moult chargiez et ensonniez envers Lombars (...) les acquitte et delivre et nettoie de toutes debtes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149). ...et que nostredit trésor soit aussi acquictié des rentes dont il est chargé (Ch. VI, D., t.1, 1406, 294).

 

2.

"Payer [ce que l'on doit]"

 

a)

[Le compl. d'obj. désigne ce que l'on doit] : ...car, pour eschever la mort, avoit-il promis et juré, par sa foy et serement, servir iceulx Engloiz en acquittant sa raençon. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 98). Mais je faiz veu de bon courage Que une fois luy tauldray la vie S'il ne vient acquiter son plaige. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 32). ...pour acquicter la pension à eulx deue sur l'abbaye de Monseigneur saint Antoine, veuil que mandez au dit tresorier, que incontinent porte ou envoie par homme seur ausdiz religieux tout ledit reste en desduction de ce qui leur peult estre deu de tout le temps passé jusques à present (Lettres Louis XI, V., t.4, 1471, 293).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Trop estes vers moy endebtee, Vous me devés plusieurs baisiers, Je vouldroye moult voulentiers Que la debte fust acquittee. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 232).

 

b)

[Le compl. d'obj. désigne une marchandise] "Payer un droit sur cette marchandise" : ...sans acquicter sa denrée (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1411, 387). Dit oultre que oud. paiage lesd. paiagiers, quant il passe blé, contraignent les marchans à acquitter leur dit blé au muy (Doc. 1438. In : Ph. Mantellier, Hist. de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t. 3, 1869, 66). ...quant aucunes marchandises appartenans à marchans forains sont mises en garde en ladicte ville et ellez ne sont vendues ou transportees dedens ladicte vegille Saint Michel, heure de nonne, il est deu nouvel acquit, non obstant qu'ilz ayent esté aultreffoiz acquictees et de tant d'annees qu'ilz y sont ilz doibvent nouvel acquit par chacun an, desquellez derrees et marchandisez. (Comptab. Dieppe M., 1474-1479, 121).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...se aucun porte poisson fres et salé en une carette, l'en doit .XVI. d. de la carette, VI d. pour le frais et XII. d. pour le salé, excepté harens et maquereaulx, qui s'acquittent par nombre, ut supra. Et se il y a harens et maquereaulx en une carette et poisson avec, ou frez ou sallé, le harenc et le maquerel s'acquittent par compte, et le poisson paiera plaine coustume. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1396, 245).

 

-

Empl. abs. : Et (...) si en ung peage il passe ung marchant qui n'aquite, on confisque toute sa marchandise. En beaucoup de lieux [ainsi] est-il. Et toutteffoyes il ne fraude que cellui à qui est le peage ou les fermiers... (BUEIL, II, 1461-1466, 12).

 

-

Part. passé. Acquitté d'entree : ...que les vins venus es dis .II. mois, qui avoient païé d'entrée, comme dessus est dit, et estoient encore à vendre fussent quittes et ne païassent aucune chose quant euls estoient revendus, (...) de puis les .II. premiers mois dessus dis, dont les lignes sont signées acquitté d'entrée, et sont les vendeeurs premierement nommés. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1361, 123).

 

-

[Dans le cont. métaph. d'une joute] : Dont il regarde aprés l'autre chevalier et voit qu'il estoit tout prest de jouster, sy dist a Lyonnel : "Certes, sire chevallier, le passage n'est point encores aquittié se vous ne me furnissiez d'une lance." (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 304).

 

c)

"Rétribuer, rémunérer" : ...le Roy vouloit bien que (...) les conseilliers et officiers soient paiez et les autres charges acquittées. (FAUQ., III, 1431-1435, 16).

 

d)

Au fig.

 

-

"Racheter" : Pour acquiter nostre servaige Et pour rainbre nostre heritaige Prinst le filz Dieu obeïssance. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 230). ...souvent, c'est le meilleur souffrir paciemment aucuns meschefs au plaisir de Dieu, et pour ses pechés acquitter, ou pour plus grande gloire recevoir (GERS., Passion I G., 1403, 468).

 

-

"Compenser" : Dieu vueille sauver ma galee Qu'ay chargee de marchandise De mainte diverse pensee En pris de Loyaulté assise (...). Pour acquitter joye empruntee L'envoye, sans espargner mise ; Riche deviendray, quelque annee, Se mon entente n'est surprise ; Conscience n'auray reprise De gaing a tort (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 170).

 

3.

"Accomplir [ce à quoi on s'est engagé], satisfaire [à une obligation]"

 

-

Acquitter une promesse, un serment, un voeu... : Et dist li rois : Voués tout chou qu'il vous plaira ! De quanques voerés, mes cors l'aquitera Mes que finer en puisse, mes cors s'en penera ! (Voeux héron G.L., c.1346, 94). D'un biau fil gracïeux la dame s'acouka. Lÿon d'Anwers ot non quant on le baptisa. Ensi le franque dame le sien veu aquita. (Voeux héron G.L., c.1346, 94). ...que son hommage, Foy, serement, fraternité Avoit vers le roy acquité. (MACH., P. Alex., p.1369, 255). Dès si tost que li oy promis, Je me trouvay en santé mis : Si vueil acquitter mon voyage Et faire le pelerinage (Mir. emper. Romme, 1369, 246). Or vaz, mais tien moy convenant Et ce que m'as promis acquitte. (Mir. st Lor., 1380, 175). ...pour honneur acquerir et leur naturel devoir acquiter (CHART., Q. inv., 1422, 15). PYLATE. Puisqu'il est donc Gallillïen, En tant qu'il touche celle marche, C'est a Herode, le tetrarche. A moy riens je n'y ay que veoir. Mais, pour acquicter mon devoir Et monstrer que amour a vous ay, Tres voulentiers luy envoyeray, De tous ces cas icy chargié (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 287). Et je vous prommés lealement, comme bon chevallier et leal, que quant j'avray acquitté ma promesse, je vous revenray veoir, se je ne suis mort ou prins, car sans la veue de vostre personne, je ne pourroye longuement vivre. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 118). ...necessité avecq amours m'ont conduite tant qu'il m'ont ceans amené, ou il me faut tenir aucune espace de temps pour aidier a aquitter la penitance de mon amy. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 65). ...j'ay acquitté mon serment envers le Blancq Chevalier (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 339). Homme ne peut a la mort contredire. Riens ne nous vault despiter ne mauldire : Soyons joyeulx ou nous despitons d'ire, Car il nous fault acquiter ce debvoir. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 9). Aprez le soupper, le Roy fist venir tous ses barons en sa salle et dist, oyans tous : "Vecy le Jouvencel qui est venu de par le Roy, son souverain seigneur, à mon secours et à mon aide ; et je lui ay promis qu'il espousera ma fille. Et, pour acquicter ma promesse, véez-la cy preste de la fiancer et demain au plus matin l'espouser, s'il plaist à Dieu." (BUEIL, II, 1461-1466, 181). Plus prouffitable a sa vie lui eust esté de demourer a Romme, mais plus honneste et vertueuse chose lui sembla de retourner pour acquitter son serement que de demourer vivant a deshonneur et en la reproche de ses vertus. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 174).

 

-

Acquitter sa foi, sa loyauté : Plus n'a ly homs vaillant que sa foy acquittee (Tristan Nant. S., c.1350, 402). Haa, madame, ne pensez jamés telle chose comme de prendre ["d'épouser"] ung povres homs pain querant et laisser ung riches roys. Jamés ne le vous conseilleroye pour ma loyaulté acquicter. (Ponthus Sidoine C., c.1400, 122). Aussi les deux de bon cuer le volurent, Et bien firent quant si bon juge eslurent Sans respiter, Qui en haulx fais se scet bien delitter Et en honneur loyauté acquiter, Et a Phebus de vertu heriter (CHART., D. Fort., 1412-1413, 194). Bien a cil sa foy acquictié, (...) car tant a osé Qu'il a corps et vie exposé, Sans estre lasche ou reposé, Comme vaillant, Encontre ceulx qui assaillant Venoient France (CHART., L. Dames, 1416, 222). ...pour acquiter sa loyaulté et faire le deu de son office il [Jean Jouvenel] eust beaucop a souffrir (JUV. URS., Nescio, 1445, 481). En aprés il me convint jurer que je me vendroye rendre vostre prisonnier quant je seroye guery de mes blescheures, mais pour acquitter ma foy je y suis venus. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 267). Et un peu que j'aye besoignié avec mes gens, incontinant seray devers vous, pour acquicter ma foy. (LA SALE, J.S., 1456, 260). Lesquelles choses le duc de Bourgoingne signiffia à pluiseurs bonnes villes, en les requérant, de par le roy et le duc de Guienne, qu'ilz le voeillent aidier et eulx joindre avec luy ; et, en ce faisant, eulx et chascun d'eulx acquiteront leur loyaulté, et en seront recommandez toute leur vie, en les promectant de les aidier et conforter de tout son povoir, et de ce leur baillier ses lettres (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 150).

 

-

Acquitter sa conscience : Et ceste presente oppinion je Tristran du Bos dy en la presence de vous messeigneurs, laquelle en ma conscience je tien estre vraie et ne le dy par faveur ne par aucune haine desordenee qui a ce me meuve, ains le dy pour aqquitier madicte conscience et pour conseiller le roy mon souverain seigneur comme je y sui tenus. (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 28). Vostre cueur est trop endurcy Et de desconfort si noircy Qu'i vous fait troubler la prudance, Mais tout congneu et esclarcy, Vous faillez, je le vous dy cy Pour en acquicter ma conscience. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 43). Aquitez vostre conscience, Et gardez aussi vostre honneur, Ne laissez mourir en douleur Ce qui avoir vostre aide pense. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 409). Pour acquicter ma conscïence, Je garderay obedïence (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.2599). Et vous, Nachor et Joathan, Scribes rempliz de science, Pour acquiter la conscience Envers nous, faictes que Jesus Soit rendu coulpable et confus Par la maniere qui est dicte. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 240).

 

4.

"Satisfaire [à un besoin, une tendance]"

 

-

Acquitter sa gorge. "Se livrer à la médisance" : Et se delictent Quant les plus grans secrez recitent Des lieux ou ilz vont et habitent. A l'envy leurs gorges acquictent ; Ja säoulees Ne sont tant qu'ilz ont defoulees Les dames par maises goulees (CHART., L. Dames, 1416, 279).

 

-

Acquitter sa jeunesse à + inf. "Employer sa jeunesse à" : Je souloye ma jonnesse acquiter A joyeuses escriptures dicter (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 2).

 

-

Empl. pronom. à sens passif. (Il faut que) nature s'acquitte. "Il faut satisfaire aux exigences de la nature"

 

.

[À propos du deuil que la mort inévitablement provoque] : Je sçay bien qu'il fault que nature S'aquite, mais aiez cuer fort, Car il n'est si biau reconfort Con de son dueil laissier aler, Puis c'on ne le peut amender (Mir. Berthe, c.1373, 224). Sire, je vous prie ou nom de tous les dieux que vous vous cessez de parler a ceste povre damoiselle pour le present. Elle a au jour d'hui perdu son pere. Il fault que Nature s'aquitte. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 424).

 

.

[À propos de l'instinct sexuel] : Cil cuide bien faire de glace Chastel, qui une femme emmure Adfin que de son corps ne face Pechié, villanie, n'ordure. Sa ribauldise trop murmure Contre chasteté, double ou quitte Par mon ame, crez moy, j'en jure, Il fault que nature s'acquitte. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 212).

 

.

[À propos de la nature envisagée comme puissance curative, l'expérience des médecins pouvant en favoriser l'action] : Se cestuy mal par folle nourriture M'est sourvenu, avoir doy pascience. Mais s'en moy vient par lealle Nature, Qui s'aquicte par vraye experience, Ceulx y doyvent emploier leur science, Qui conjoings sont a ycelle substance (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 104).

B. -

Acquitter qqn (de qqc./qqn). "Libérer, affranchir"

 

1.

[...d'une somme à payer, d'une dette] : ...jà soit ce que icellui Robinet, quant il se volt partir de ladite ville de Honnefleu pour aler demourer en la ville de Dieppe, pria et requist lui qui parle que lesdiz coings il lui volsist laissier, et il le acquitteroit de l'argent qu'il devoit à ladite Alips. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 490). ...par laquelle dame, afin de contenter iceulx marchans, lui fu baillié une petite sainture de soye noire, clouée dessus à petis cloux d'or, avec le gobelet d'argent dont cy-dessus est faicte mencion ; et par icelle dame lui commandé que il vendist icelles choses, et en acquitast sondit seigneur et elle aus marchans à qui ilz povoient devoir. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). ...de laquelle somme de IX c salus d'or ledit de Mailly a quitté et quitte et a promis de aquittier et garandir lesdis de Dicy, de Douzonville (FAUQ., II, 1421-1430, 281).

 

-

En partic. [Dans le domaine de la fauconn.] : Et si puis de lui raconter [de l'épervier] Que deça mer ne dela mer, Pour la grant noblesce de luy, Il ne doit treü a nulluy, Maiz a tous paages est quitte Et les autres oyseaulx aquitte. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 317).

 

Rem. Du fait de sa noblesse, l'épervier n'est pas soumis à droits de douane ou d'octroi, et les oiseaux transportés avec lui bénéficient du même privilège (cf. note de l'éd.).

 

2.

[...d'une situation de dépendance : servage, emprisonnement, captivité, menace] "Délivrer" : Une autre faiz une esgaree Trouvai, de fain moult aggravee, Que je menay sans laidenger A nostre fosse pour menger. Et puis .IIIc. soulz li donnay, Dont son mari, emprisonney Pour doibte du prince, acquitta Et .III. enfanz en respita Qu'il avoient d'estre venduz. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 270). Et de tous servages l'aquite, Tant qu'il le donne franc et quitte. (MACH., D. Aler., a.1349, 310). Tu as trop plus a ffere que ne cuides assés, Car il te convendra ton pere delivrer, Et la mere ton pere hors de prison getter, Et ta mere ensement de paiens aquitter (Tristan Nant. S., c.1350, 319). Et le bastart vint fere a son ante enclinee Et dist : "Dame loyaulx, bien estes aquittee Au felon traïsteur dont estiés encoupee..." (Tristan Nant. S., c.1350, 571). Jë occis Malaquin et lui tolis la vie, Et la dame aquittay qui est de ma lignie, Dont elle fut forment en son ceur resjouÿe. (Tristan Nant. S., c.1350, 604). Noz amez et feaulx, vous savez comme par les traictez que feismes pieça avecques le feu seigneur de Belleville, nostre cousin, pour le recouvrement de la place de Montagu, qui estoit si neccessaire pour la seurté de tout nostre pais de Poictou, nous lui promismes le acquictez envers ses freres, enffans de son feu pere, et aussi envers nos amez et feaulx conseilliers le sire de La Forest et maistre Jehan Merichon (Lettres Louis XI, V., t.5, 1475, 350).

 

Rem. Dans le dernier ex., il s'agit bien d'un inf. et non d'un subst. aquitté comme il est dit ds W. Bartzsch, Der Wortschatz des öffentl. Lebens im Fr. Ludwigs XI., 1937, 115 et ds FEW II-2, 1472a, s.v. quietus.

 

3.

[...du péché, de la mort d'enfer] : ...il t'aquita De mort d'enfer par ton baptesme (MACH., C. ami, 1357, 72). ...Diex devint homme, Qui de tout ce [du péché originel] l'omme acquitta En quoy par delit s'endebta Quant mort la pomme. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 267). Aussy cela donq sa purgacion Deveroit faire, en depravacion Il [le luxurieux] convertit, pour tant qu'adversité, Dont de pechié pouroit estre acquité (...) Honnit du tout (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 4634).

 

4.

[...d'une obligation, d'une promesse, d'une dette morale] : Einsi Amours la dame acquite Vers l'amy, tant qu'elle est bien quitte (MACH., D. Aler., a.1349, 253). Il me suffist d'estre acquitee ; Sire, je me depars a tant. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 108). Et comment vous pourray je jamais servir a la milesme partie de ce que a vous suis tenus ? Mais, ma tres vraie dame, j'en feray ce que je pourray, et Dieu qui sceit mon vray penser et mon desir me acquictera du surplus. (LA SALE, J.S., 1456, 73). ...nostre bon cordelier fut acquicté de sa promesse par soy rendre devers la patiente a l'heure assignée. (C.N.N., c.1456-1467, 34). Mais il [le garant], non se deffiant de la constance de son amy, disoit et acertenoit que nulle doubte n'avoit de son retour et qu'il le viendroit acquitter. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 173).

 

5.

[...d'une charge] "Dispenser" : ...Mais pour si grande dignité [d'archevêque] Pour Dieu que ien soye acquité Pere sainct et ie vous supplie Car en moy tant de sens na mie Que ie sache ne que ie puisse Gouuerner si grande prouince Pour ce mettez en un meilleur. (Myst. st Martin K., a.1500, 292).

II. -

Empl. pronom. réfl.

A. -

S'acquitter de qqc.

 

1.

"Payer [une somme due, un droit, un tribut]" : Et li ont dit : "Amis enten a no lengage ; Il te faut aquiter a nous de ton passage. " "Seigneur," di li varlès, "et ou le prenderai ge ? Par Dieu, je n'ai sur moy or ni argent ne gage..." (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 6). ...il en a païé audit Tanquere pour son courtage dix frans et de l'autre partie il s'est acquittié. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 490). Car pour celuy enfant, je pourrai m'acquitier De mon treu que je doy par chascun an au princier, Le fort roy de Palerne, mon seigneur droitturier ; Ung crestïen luy doy par chascun an bailler Et par ce je puis bien par tous ces pors aller Sans quelconque subcide nesunement paier Et telle marchandise qu'il me plait avouer Vendrë et achapter tout a mon desirier. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 491). Ilz (...) se furent acquitez de ce que on leur avoit presté (Bouciquaut L., 1406-1409, 128).

 

2.

"Se libérer [d'une obligation], remplir [un engagement]"

 

a)

S'acquitter de/en/à + subst.

 

-

[...d'une promesse, d'une tâche] : Et pour vostre plaisance assouffir et la matere dou dit songe acroistre et moi acquiter envers vous en toutes coses si avant que ma poissance et entendemens poeent durer et estendre, je sui apparilliés que dou faire. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 151). Et, s'elle doit estre sauvée, Diex en fera sa voulenté ; Et si nous serons acquicté De nostre fait. (Mir. roy Thierry, c.1374, 280). Et, qui de tel fait bien s'acquite, Il n'a mie charge petite (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 54). ...la damoiselle de Flor de Mont est venue devant le Chevalier du Papegau, et si luy prie pour dieu qu'il luy soviengne de sa dame et qu'il s'aquitte de la promesse qu'il luy a faicte. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 43). Moy et mes XII pers nous estions voués En ce benoist sepulcre, la ou Dieu fut passez, Ou nous sommes, beau sire, du voyaige acquictez. (Galien D.B., c.1400-1500, 4). Aprez que monseigneur maistre Jehan Bienassiz se fut bien et grandement acquitté de sa charge, monseigneur de Chamblay commença à parler au Jouvencel en ceste manière... (BUEIL, II, 1461-1466, 31). Helas, vous [Vertu] estes commise de par Dieu a l'entretenement dez mortelz, pour les garder dez morsures des serpens et enveniméz aspiz qui par si grant envie lez assaillent, querans leur finable confusion. Plaise vous faire vostre devoir et vous acquiter en ceste commission. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 142). ...et que Dieu, qui l'avoit conduict au venir, le conduiroit encores à son retour ; mais pour ne s'estre point bien acquitté à la refformation de l'Eglise, comme il devoit (COMM., III, 1495-1498, 145).

 

-

[...d'un objet]

 

.

"Le remettre à qqn, en remplissant ainsi une obligation" : Et alors messire Enguerrant se approucha de Saintré pour soy acquictier du ruby. (LA SALE, J.S., 1456, 119). ...en tesmoing de toutes ces parolles je me acquicte vers elle [votre dame] de ce ruby qu'elle vous a fait loyalment gaynier (LA SALE, J.S., 1456, 120). Et alors tous a genoulz l'empereur remercierent, puis s'aquicterent a grans honneurs les ungs aux autres de leurs pris (LA SALE, J.S., 1456, 268).

 

.

"En faire bon usage" : David y estoit Qui bien s'aquictoit De son monocorde (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.9898).

 

-

Au fig.

 

.

[...d'un bien moral] "En rendre compte" : Ne me chaut des biens de fortune, Car tous ne lez pris une prune ; Mais autres biens qu'en moy avoie, De quoy acquitier m'en devoie, Ay perdus veritablement, Par resister trop foiblement. J'ay perdu ma dame Prudence, J'ay trop mal gardé Attemprence, Puis ay perdu Force et Justice. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 109).

 

.

[...du coeur d'un amant] "En prendre soin" : Pour ce, vueilliez vous acquittier De mon cueur que vous ay donné, Humblement vous en vueil prier, En le gardant en loyauté, Soubz clef de Bonne Voulenté ; Comme j'ay fait, de ma puissance, Le vostre que tiens enfermé Ou coffre de ma souvenance. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 52).

 

b)

S'acquitter de/à + inf.

 

-

S'acquitter de : Par ta foy, me sçay je acquitter De bien une lettre dicter ? (Mir. abbeesse, 1340, 65). LA DAME. (...) J'ay a parler a vous. (...) De nouvelles Que vous diray bonnes et belles, Mais qu'il vous plaise. LE BOURGOIS. Oïl, dame, par Saint Niçayse. Je vueil que vous les me dictez ; Faites ; si vous en acquittez De les moy dire. (Mir. enf. ress., 1353, 10). "Amour, toute la compaignie," S'a dit Raison, "si vous supplie Que vous vous veulliés acquiter D'une aventure reciter." (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 217). Qui scet le bien, Diex ne l'en quitte Se du demonstrer ne s'acquitte (Pastor. B., c.1422-1425, 100). Je vous requier que je m'aquite Envers vous d'en ouÿr le compte (CHART., D. Rev., a.1424, 310). Faulcette confite En plaisant parler, Laissez la aler, Car je la despite ! (...) Et quant on s'aquitte Plus de l'amender, Pis la voy ouvrer (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 389). ...après que pluiseurs parlemens orent par luy esté faiz sur l'estat de l'universelle Église et aultres besongnes, il se party de Paris pour aller en Angleterre, où il s'acquicta d'appaisier à son povoir les deux roys de France et d'Angleterre (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 278). Pourtant me veul estre acquitant De le servir et honnorer (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.7517).

 

-

S'acquitter à : JHESUS. Pais soit en cest hostel partout Et a tous ceulx qui ens habitent ! LE SEIGNEUR DES NOPCES. Je requiers a tous qu'ilz s'acquitent A faire chiere planctureuse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 151). ...nous voulons savoir de vous si vous acquictez a faire ce a quoy vous estez tenues. (C.N.N., c.1456-1467, 223). ...le bysayeul de vostre noble mere (...) ne considera pas et [ne] doubta le dangier où il estoit prisonnier en estrange royaulme, mais s'acquita chevaleureusement à vengier de sa personne son noble pere le Roy de France (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 60).

 

c)

S'en/s'y acquitter

 

-

S'en acquitter : Sus rachine de toute honneur Se doit uns vrais amans fonder, Et recongnoistre se si meur Sont tel qu'il s'en puist aquiter. Et chils qui cuide avant aler, Qui se voit ou se sent meffés, Si visce le font reculer, Car tout vaint coers qui est parfés. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 22). Mais or voy je bien que il ne vous plaist plus, et pour ce je m'en aquite et vueil faire le contraire. (MACH., P. Alex., p.1369, 230). Une chose dire vous vueil Qui me fu yer en secret dite, Et pour ce vers vous m'en acquite. (Mir. Berthe, c.1373, 164). De telle debte s'endebta C'onques puis ne s'en acquitta (Mir. Clov., c.1381, 272). Messires Jehans de Hainnau fu promoteres de ce mariage et s'en aquita bien (FROISS., Chron. D., p.1400, 157). ...et concluant à ce que la Court, quant elle sera appellée au Conseil sur le fait de l'union de l'Eglise (...) elle s'en weille acquiter telement que l'en puisse avoir brief union (BAYE, I, 1400-1410, 135). Se autre chose faire ne puis, De mon povoir je m'en acquicte, Advis m'est que vers Dieu je suis Par ce point de voulenté quicte. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 132). ...le serpent s'en acquitoit [de son service], et aussi le senglier, ausquielz on ne faisoit pas grant dommaige et s'en acquiterent (JUV. URS., Loquar, 1440, 347). Il s'en est tant bien acquitté que jamais ne luy sarions desservir. (C.N.N., c.1456-1467, 42). Et ordonna distribuer quinze mil escuz d'or ; mais celuy qui eut la charge en retint une partye et s'en acquitta mal, comme le roy sceüt depuis. (COMM., I, 1489-1491, 142). ...et suys bien seür que ledict seigneur de Contay s'en acquicta loyaument envers son maistre (COMM., II, 1489-1491, 143). MORS. La sentence n'est pas petite, Juge, je vous en remercie. PHEBUS. Ainsi par escript m'en acquitte. (Cene dieux, c.1492, 122). Puisque parler me fault par indivis, Tresvoluntiers je m'en acquiteré Et pour entrer le premier en devis, En rien qui soit je ne m'espenteré (LA VIGNE, S.M., 1496, 156).

 

-

S'y acquitter : Il n'y eut gueres esté sans faire son devoir ; et si tres bien s'i acquitta (C.N.N., c.1456-1467, 76). Messeigneurs, nous avons ouy ce qu'il a pleu au Roy nous mander par ces trois notables hommes qui sont ici venuz, (...) qui ont grandement parlé à tous les estaz du payz, premièrement à messeigneurs de l'Eglise, et à messeigneurs les nobles et au commung. Je croy que chascun estat se y acquictera. (BUEIL, II, 1461-1466, 80).

 

d)

Empl. abs. "Faire son devoir" : ...puisque il estoient la dedens venu pour aidier et consillier la ville, il convenoit que il s'aquitassent, ensi que il fissent (FROISS., Chron. D., p.1400, 358). Doulcement vers lui [le herault] se traÿ Pour s'acquiter et devoir faire, Le Herault. Disant : "Mon seigneur, je vous prie !..." (CHART., D. Her., p.1415, 422). O felle dame, la plus rebelle et la moins piteable qu'onquez nasquist de mere ! Puis que acquittier me fault, quant vostre gros courage ne se daigne ploier ne amollier aux continuelles supplicacions de vostre trop leal amant, je me cesse atant de vous en parler (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 135). Pour ce, Messeigneurs, je di que nous sommes yci la pluspart des nobles de ce pays et sommes tous nobles et, pour faire ce que nobles gens doivent faire, nous devons aller à la guerre. Je vous pri que nous advisons aucune bonne chose à faire pour le bien du Roy et de la chose publique du payz et pour nostre honneur et affin que on die que les nobles se acquictent. (BUEIL, II, 1461-1466, 81). Mais qui s'acquite Acquiert tousjours, ou tost ou tard, merite (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 68).

 

-

En partic. "Accomplir le devoir conjugal" : Licite est [l'oeuvre de chair] quant l'omme ou femme s'aquite Pour ligne avoir, pour paier le truage Que l'un a l'aultre doit rendre en mariage (BAUDOUIN, Instruct. vie mortelle B., c.1431-1439, vers 4850).

 

e)

S'acquitter + adv. ou compl. circ. "Faire [son devoir], remplir [une obligation] (de telle ou telle manière, dans telle ou telle circonstance)" : ...voirement on s'acquittoit petitement, quant on n'y mettoit tel siege, que ilz [des pillards] n'y peussent issir hors de leur fort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 190). ...[à Crécy] li grant signeur et moult de vaillans gens s'aquiterent vaillanment et monstrerent tout estat et fait de proece (FROISS., Chron. D., p.1400, 733). Soiés seure, ma doulce amie, Que je vous ayme loyaument. Or, vous requier et vous supplie, Acquittiez vous pareillement. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 32). Au fort, puis qu'il estoit mortel, Me demourra pour tout chatel Le loz d'avoir amé un tel. Ainsi s'acquicte Mon triste cuer que Mort despite. (CHART., L. Dames, 1416, 229). ...pour servir le roy et me acquiter loyalment je suis desnué de tous biens (JUV. URS., Loquar, 1440, 366). Au fruit cognoist on l'olivier Et aux armes qui bien s'aquitte : Qui a bel a jeu n'en fait quitte. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 169). Prestement enterrer la fault Par honnorable sepulture : C'est le cours d'umaine nature ; Par ce point nous acquiterons. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 30). Ta conscience te dira Que tu le peulx bien faire ou doys. Si ton cueur peu ne grant d'ire a Vers le crime, et le perdoys, Tu peu assez laver tes doys, Car pour ce ja n'en seras quite. A priser est qui bien s'aquite. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 62). Franchement [sans rien payer], il [le chrétien] c'est acquité ; Il s'en peult aller franchement. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 133). Se Bourré ne feust allé à sa mere qui est morte, vous eussiez desja les mille et cinq cens frans de reste, mais je l'attens icy d'icy à ung jour ou deux ; et, incontinant qu'il sera venu, je me acquiteray en la plus grant diligence que je pourray. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 279).

 

f)

S'acquitter envers/vers/devers/à/de qqn : Et a moi acquiter je pensay, Si qu'einsi mon lai commensay. Quant il fu fais, je le tramis, Si com je l'avoie promis ; Et tout ainsi comme dit ai Vers Esperance m'acquittai (MACH., Voir, 1364, 4336). Et regardoient coumment entre yaux et par honneur il se pooient acquitter de la comtesse, à qui il avoient juret feaulté (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 368). ...il s'estoit mal acquittez et portez envers la fille de sa cousine germaine, madame Ysabel d'Angleterre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). [Messire Hervis du Lion] fist le message dont il estoit cargiés : point n'i ot de defaute, et s'aquita deviers le roi d'Engleterre de tous poins (FROISS., Chron. D., p.1400, 600). Je me vodroie acquiter deviers ma dame et deviers le roiaulme d'Engleterre loiaument (FROISS., Chron. D., p.1400, 784). ...voz loyaulx subgetz [du roi], qui se acquictent loyalment envers vous (JUV. URS., Loquar, 1440, 324). Espoir ! je vous congnois assez, De voz promesses me lassez (...). Vous ne vous acquictez pas bien Vers moy, quant ung peu ne cassez Les soussis que j'ay amassez (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 471). Sachés, sire, par mon sermant, Que si la chouse vet avant, Je tiens noustre loy pour destruyte Et pour ce enver vous m'aquicte. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 156). Ce non obstant, pour m'acquicter Envers Amours plus qu'envers elle [ma chère Rose] - Car oncques n'y peulz acquester D'espoir une seule estincelle : (...) Ceste ballade luy envoie, Qui se termine tout par erre. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 82). Quant au fait de voz ennemiz, gardez l'onneur du Roy, tant en ses saufconduitz que ès vostres meismes, que injustice ne leur soit point faicte ; car le Roy veult soy acquitter envers tous et premièrement à ses subgectz, à ses amiz et aliez, et aprez à ses ennemiz. Et Dieu veult qu'on face raison à chascun. Et, pour ce, ne veult pas le Roy que nul ayt cause de soy plaindre de luy. (BUEIL, II, 1461-1466, 28). Et desiroit fort le duc de Bourgongne se acquicter envers les Angloys, avant se separer d'eulx pour les alliances et promesses qu'ilz avoyent ensemble (COMM., I, 1489-1491, 52). ...et me sembloit que, si je ne faisois riens, au moings je me acquittois vers eulx qui estoient assembléz par mon moyen. (COMM., III, 1495-1498, 199).

 

-

Empl. pronom. réciproque : Et, quant il fu devers lui [le roy Amydas] (...) il [le Jouvencel] fut très fort blasmé qu'il n'avoit amené messire Jehan Helphy [un prisonnier libéré]. Et disoient les plusieurs qu'il estoit sien sans reproche nulle ; les autres disoient qu'il avoit fait comme ung gentil chevalier de ce qu'il en avoit fait, et qu'il n'estoit riens en ce monde qui vaulsist bonne foy et equité. Ainsi se acquitterent ces deux chevaliers l'ung à l'autre honnestement ; et monstra le Jouvencel grant franchise et qu'il avoit grant honneur à lui ; car le butin estoit grant. (BUEIL, II, 1461-1466, 241).

B. -

S'acquitter de qqn

 

1.

"S'occuper de qqn, en prendre soin" : Maigne le Ghiotte (...) amise avoit estet que d'un sien enfant dont elle s'akouka en 1 bos (...) et qui fu trouvés mors, ne s'estoit mies bien acquittée (Arch. Nord, 1397, B 10349, f° 14 v°, IGLF). ...nostre gouge fist ung beau filz dont le pere adoptif s'acquicta tresgrandement et de la mere aussi. (C.N.N., c.1456-1467, 147).

 

2.

"Se considérer quitte envers qqn de ce qu'on lui devait" : Et puis qu'einsi est que je voy clerement, que vous volez dou tout mon deshonnour et mon damage, je m'aquite de vous et m'en desiste des ores en avant. (MACH., P. Alex., p.1369, 229).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 10/42 
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     ACQUITTEUR     
FEW II-2 quietus
ACQUITTEUR, subst. masc.
[GD : aquiteur ; FEW II-2, 1472a : quietus]

A. -

"Collecteur préposé à la levée d'un péage et chargé d'en donner un acquit" : Dit oultre qu'il a veu acquiter le blé ausd. paiages, une fois au muy, autres fois au batel, tout selon le plaisir desd. acquiteurs. Dit oultre qu'il a veu lesd. acquitteurs contraindre les marchans à venir et branler à leurs acquis, pour plus traveller lesd. marchans, sans ce qu'il en soit besoing (Doc. 1438. In : Ph. Mantellier, Hist. de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire, t.3, 1869, 67). Enquiz oultre qui estoit cellui qui menoit et conduisoit les flectes et bateaux dud. port, et aussi qui estoit cellui à qui ilz païoient le port du travers : Dit qu'il n'a point de memore qu'il en veist que ung : c'est assavoir, cellui qui menoit et conduisoit lesdictes flectes et bateaux, que l'en appelloit le fermier ou l'acquitteur. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452-1453, 329). Mais il dit que ce qui a aboly le droit du Roy aud. port, a esté pource que ceulx qui tenoient le bac des religieux de Jumieges, prenoient lad. ferme des fermiers de la viconté ou de ceulx à qui lesd. fermiers l'avoient baillée. Et si a esté long temps en non valoir, pource que au temps de la guerre nul ne se osoit porter fermier ne acquiteur. (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452-1453, 342).

B. -

"Emprunteur qui délivre un acquit" (Éd.) : Et li dis acquiteurs, il et li sins et par se foy doit faire sus, boin et assez, aussi bien en ban de fieste que fours ban de fieste (...) Et avec tot ce en at li dis acquiteur rendu à deseurdit T. wage un coultial, à le loy de le ville pour en avoir son acquitanche (Doc. namurois, c.1380-1400. In : J. Balon, Gd dict. de dr. du Moy. Âge, 1972, 175, s.v. acquitanche et acquiteur).

C. -

"Garant, caution (?)" : Jaques de le Beike en l'amende de X livres pour ce qu'il fu pleghe d'un estrainghe homme sans prende un aquiteur, contre la keure ["règlement, statuts d'une ville, d'une corporation"], monte la pard de Monsigneur V livres. (Arch. Nord, 1403, B 5987, f° 4 v°, IGLF).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 11/42 
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     COI     
FEW II-2 quietus
COI, adj. et subst. masc.
[T-L : coi1 ; GD : coi ; GDC : coi ; AND : coi1 ; DÉCT : coi1 ; FEW II-2, 1470b : quietus ; TLF : V, 1003a : coi]

I. -

Adj.

A. -

[D'une pers., de son comportement, d'un groupe...]

 

1.

"Calme, tranquille, paisible" : Moult grant piece en ce lieu me ting Et si coiement me mainting Con je pooie, et c'estoit drois Pour ma besongne en tous endrois, Car li lieus estoit solitaires, Dont li tenirs cois et li taires C'estoient .II. poins souffissans, Et li contraires fust nuisans. (MACH., D. Aler., a.1349, 261). ...Assis tous cois en ce degré. (MACH., D. Aler., a.1349, 263). Je ne sçay se c'est un bourgois Ou un clerc que voy la aler (...). Egar ! il ne va ne ne marche, Ains est touz quoyz. Que veut il faire ? (Mir. march. larr., c.1349, 102). Sur ce, cil seigneur se departirent. Li rois demora tous quois en l'abbeye Saint Bernard, jusques apriès le journée. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 141). "Messire Loys de Sanseurre, mareschal de France, doit cy estre temprement. Il est tout quoy à Tarbe, selon ce que j'ay oy dire à ceulx qui l'y ont veu." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 109). Atant se part Gieffroy et vint sur une petite montaigne, entre le point du jour et soleil levant, et voit l'ost tout quoy, et n' y oït on rien, ne que s' il n' y eust nullui. (ARRAS, c.1392-1393, 228). Quant en France estoie, Je l'entretenoie Seure par la voye, Par les villes coye, Si que nulz n'y meffaisoient. Toutes gens aloient Quel part qu'ilz vouloient, Et ne se mesloient Ne ja ne parloient Fors de lijesse et de joye. (CHART., L. Paix, a.1426, 415). Car ire meut soudainement, Maiz la commotion de joie Est volentiers trempée et quoie (LA HAYE, P. peste, 1426, 110). C'est la plus belle, par ma foy, Que je vy oncques de mes yeulx ! Toutes les foiz que j'apparçoy Sa grant beaulté, son maintien coy, Je suis d'elle amer envïeux. (Narcissus, p.1426, 307). QUART SERGENT. Icy tout quoy te fault sortir ; Lyé es, point n'eschaperas, Et d'icy ne departiras Tant que seras bien assoillié, Et de ton sanc trestout soillié, Et sy cognoistras ta folie. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 83). ...lors Madame appella Jehanecte et de son plus simple atour se atourna, et pour mieulz couvrir sa face fist mectre son grant couvrechief et en tel estat simple et coye de [l. estat, simple et coye, de] sa chambre yssi (LA SALE, J.S., 1456, 256). Madame (...), son esprevier sur le poing et sur sa grosse haquenee, toute quoye avec ses gens les actendit (LA SALE, J.S., 1456, 272).

 

-

Laisser qqn (tout) coi

 

.

"Laisser qqn tranquille" : Assez de mal li avons fait [au fol] ; Laissons le coy. (Mir. parr., 1356, 18).

 

.

"Abandonner qqn, laisser là qqn" : Mais pour IJ. mile mars d'argent Ne le sievissent ; eins tournerent, Et en leur galée monterent. Et pluseur autres les sievoient, Qui leur signeur tout coy laissoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 108).

 

-

(Se) tenir coi : Ma dame chiere, Moult me poise, quant sa venistes. Pour quel cause ne vous tenistes En vostre siege toute coie ? (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). Ne te haste pas ; tien te coy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 19). Et s'en vinrent logier à une petite lieuwe de Troies en un village que on dist Barnars Saint Siple ; et là se tinrent tout quoi et se aissièrent de che que il avoient. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 259). Je me rens, soiez coy tenant : Vezci m'espée. (Mir. ste Bauth., c.1376, 140). Quant le roy l'entendi, adonc s'est coy tenus. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 537). [Montez en hault,] en ce petit grenier, et vous tenez tout coy sans mouvoir (C.N.N., c.1456-1467, 243). ...trop plustost se fust ecervelé et rompu la teste pour la reprendre que luy faire tenir le derriere coy [À propos d'une femme particulièrement luxurieuse] (C.N.N., c.1456-1467, 520).

 

-

[Formule jussive] Tout coi ! "Du calme" : Je dis en moy : "Ho la !" tout coy, Et puis m'assis en un recoy, Pour cel esprivier espier Qui bel se savoit cointier, Pour vëoir quel part il iroit, Quant de la se departiroit. (MACH., D. Aler., a.1349, 261). Li Bèghes de Vellainnes (...) oy, ce li sambla, le son de passer sus le pavement ; si dist à chiaus qui dalés lui estoient : "Signeur, tout quoi et ne faites nul effroy. j'ay oy gens." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 80). Est il ainsi ? Or paiz tout coy ! (Mir. st Lor., 1380, 161). ...El vint a moy. "Ho ! mot." me dist elle, "Tout coy ! Il n'est pas de parler besoing !" (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 347).

 

-

Attendre qqn de pied coi. "Attendre qqn sans s'émouvoir, en toute sérénité" : Ilz sont icy près en attente (...), Qui vous attendent de pié quoy. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 12). ...a l'heure assignée, nostre clerc ne faillit pas de venir hurter ou madame luy dist, qui l'attendoit de pié coy (C.N.N., c.1456-1467, 279). Adonc, lesdis Francois (...) attendirent hardiment et de pied quoy lesdis Bourguignons (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 118). LE JUIF. Ou es tu, dy ? MATHATIEL. Je suis icy Ou je vous attens de pied quoy. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 94).

 

2.

En partic. "Silencieux" : Si a de neuf assez a besoignier Et mal foison pour son cuer engaignier, Triste et malmis. Or le fault estre en doubte des amis, De bruit de gens, de rapport d'ennemis, Obeïssant, triste, coy et remis, Son cuer mater, Dangier cherir et envïeux flater Qu'ilz ne puissent de lui mal relater Et la grace Male Bouche achater Par quelque don, Dont ja n'ara bienfait ne guerredon. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 188).

 

-

Demeurer coi. "Se taire, ne rien dire" : Je ne suis mie bon chanteur - Aussi me duit mieulx le plourer - Mais je ne fu oncques vanteur : J'ayme plus tost coy demourer. Nul ne se doit enamourer S'il n'a cuer de celer l'emprise, Car vanteur n'est a honnorer Puis que sa langue le desprise. (CHART., B. Dame, 1424, 357).

 

-

(Se) taire coi : En soufrant son martire se tessoit coy (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 160). Li sires de Lagurant, qui avoit fiance en ses gens pour estre rescous, se taissi tous quois et riens ne respondi. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 122). ...taire lui faudra tout coy. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 90). Devisez, je me tairay quoy (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 416). Le tres gentil roy Perceforest en estoit tant esbahy qu'il n'en sçavoit que dire, ains se taisoit tout quoy (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 14). ...j'ay bien cause de beaucop penser, et de me taire trestout coy (C.N.N., c.1456-1467, 200). ...Si s'en fait bon taire tout quoy (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 38).

 

-

Mener coie noise. "Ne pas faire de bruit" : ...il vint a la fenestre, sy se lancha dedens la chambre. Mais tant dormoit fort Morgane que oncques ne s'en esveilla, et la jenne damoiselle lui vint au devant qui lui pria qu'il menast quoie noise. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], ).

 

-

[En tournure impers.] Il fait coi. "Le silence règne" : Sy disoyent chevaliers et dames : "Or nous convient taire...". Adont il fist oussy quoy que par toute la place l'en n'eust ouy personne, dequoy c'estoit mervelles. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 434).

 

3.

Au fig. "Discret"

 

-

[D'une femme] "Réservée, modeste, sereine, discrete" : ...pour ytant que bonne fame T'avons trouvé, coye et taisant En nostre service faisant... (Mir. roy Thierry, c.1374, 322). Ce me meintient en baudour et en joie, Car tant belle est douce, plaisant et coie Que j'ay espoir que croistre face en mi Les tres dous biens qui me viennent de li. (MACH., L. dames, 1377, 35).

 

.

[En corrélation avec simple] : ...Et je le sui, simple et coie (ACART, Prise am. H., 1332, 27). ...je n'avoie deffaut De quanque aus amoureus deffaut, Fors itant que pas ne vëoie Ma douce dame simple et coie, Car j'estoie trop loing de li. (MACH., Voir, 1364, 468). ...Ne plus ne chant einsi com je soloie, Quant je ne voy ma dame simple et coie. (MACH., L. dames, 1377, 37). Pour ce vous pri, ma dame, simple et coie, Que vous vueillés penser et avisier Qu'aveuques vous sans departement soie, Sans vostre honnour amenrir n'empirer (MACH., L. dames, 1377, 77). ...le plaisant viaire Simple et coy, Le gent corps, le bel arroy De ma dame debonaire... (MACH., Les lays, 1377, 452). Et ainsi mon temps passoie, Ne nul courroux ne tenoie, Puis qu'à penser m'atournoie à vous doulce, simple et coie, à cui tous mes cuers s'ottroie. (MACH., Les lays, 1377, 470). Ta servante suis simple et coye (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 101).

 

.

Empl. subst. : Lors se treï vers moy la simple et coie, Pour qui Amours me destreint et maistroie... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 77). Si qu'einsi ravis regardoie Son gent corps ; mais la simple et coie S'en perçut, et par sa franchise, Com bonne, sage et bien aprise, M'araisonna courtoisement Et me demanda doucement Par ou j'estoie venus la. (MACH., D. Lyon, 1342, 186). ...il me sembla ainssi Que la simple et coie Au gent corps [joint et] joli Disoit : "je sui toie". (MACH., App., 1377, 647).

 

-

[Plus rarement d'un homme] : Je suis aussi simple, aussi coy Comme une pucelle, car quoy Dit le second commendement ? (Fr. arch. B., c.1468-1480, 42). ...mais le solvent De tous aultres se nomme Eloy, Tres humble, vertueux et quoy, Plain de celeste infusion Et du saint esperit, pour quoy Evesque est par election. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 371).

 

-

[De paroles] : Alixandres lor dist par uns mos si cortois Et si bien afaitiés, si sages et si cois, "Seignor..." (BRIS., Restor paon D., a.1338, 109). Bassement li a dit par parole coie... (BRIS., Restor paon D., a.1338, 114).

 

-

Maintien coi / maniere coie : Il [a] assés plus de levain En sa doucour que tu ne crois. Se li maintiens et cois, Li cuer est orgueilleus et grans. (ACART, Prise am. H., 1332, 47). Car nullement endurer ne porroie Sans vostre amour la dolour que je tray, Pour ce que long de vo maniere coie M'estuet languir, dont je vif en esmay. (MACH., L. dames, 1377, 125). Tant d'onneur en vous conchoi, Bonté, biauté, maintien coi... (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 71). ...nul si aise comme moy ne seroit, Quant je verroye son gent corps, ses beaulx yeulx (...), Sa maniere jeune, plaisant et coye. (GARENC., Poésies N., 1401-1402, 31).

B. -

[Plus concrètement, d'un être ou d'une chose, p. oppos. au mouvement, à l'agitation]

 

1.

[D'une pers., d'un animal]

 

-

Tout coi. "Sans agitation, sans mouvement, sans agir" : Si demorèrent à Nantes tout quoi, grant feste demenant, jusques au jour que la feste devoit estre, et li grans cours tenue. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 89). Li contes de Ventadour et de Montpensé estoit uns anchiiens et simples preudons qui plus ne s'armoit, mais se tenoit tous quois en son castiel. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 140).

 

-

(S') arrester coi : Adonc fist on arrester tout quoi, pour avoir aultre conseil. Et si fist on aucuns compagnons monter sus coursiers pour escarmucier à yaus. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 64). Quant li chevaliers se oy nommer, il s'arresta tous quois et demanda : "Qui estes vous, signeur, qui me cognissiés ?" (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 144). Ha, beaux filz Jaians sans Nom, arreste tout coy tant que j'ay parlé a toy. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 86).

 

.

Arrester un cheval tout coi : Lors se part des autres et vint a Remondin et print le frain du cheval, et l'arreste tout quoy (ARRAS, c.1392-1393, 24).

 

-

Gesir coi. "Rester sans bouger" : En ce sejour que li dis princes fist ou Val d'Olif (...) ajut tous quois malades au lit li rois de Mayogres. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 58).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"Calme, tranquille"

 

-

[D'un lieu] "Calme, tranquille" : Et quant j'euz ma voye finee Et que je cuiday herbergier, J'ouÿ par droicte destinee Les menestriers en un vergier. Si me retrahy voulentiers En un lieu tout coy et privé, Mais quant mes bons amis antiers Sçurent que je fu arrivé, Ilz vindrent. (CHART., B. Dame, 1424, 333).

 

-

Chambre coie. V. chambre : ...et puis le gectons Au [tresfons] d'une chambre coie (s). (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 35).

 

b)

[D'une chose mobile] "Immobile" : Adont prissent les gardes les chevaulx et les tapèrent avant, et li cheval passèrent oultre et laissièrent les cars tous quois, car il estoient destelé. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 181).

 

-

[Du moulin] "À l'arrêt, au chômage" : ...Iceulx molins (...) esterent coet pour cause des diz nouveaulx ouvrages (Doc. 1440. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 571). ...afin que le dit molin ne se tenist coye par faulte d'eaue (Doc. 1482. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 571).

 

-

S'arrester coi. "Rester immobile" : ...s'arresta la nef toute quoie (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 96).

 

-

Au fig. "Immobile, sans progrès" : Aussi Nembroth l'ambicieux Voulut bastir jucques es cieulx La grant tour de confusion, Ou fut faite diffusion Des langues, au moien de quoy Demeura son oeuvre tout quoy Sans venir a perfection. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 113).

 

c)

[De l'air, de la mer, du vent...] "Calme" : Tu vois la mer quoie et paisible Aucune fois, et puis horrible La vois et pleinne de tourment, Pour ce que le vent si forment Y fiert, que ce sont mons et vaus, Plus tost courans que nuls chevaus (MACH., R. Fort., c.1341, 98). Li jours fu biaus, la mer fu quoie, Chascuns à bien nagier s'emploie ; Car li vens estoit couvenables, Bons et dous, cois et profitables. (MACH., P. Alex., p.1369, 67). Li Sarrasin, sans plus attendre, Entrerent jusques au nombril Dedens la mer plus de XX. mil ; Car la mer estoit là si plate, Si pleinne, si coie et si mate, Que pour ce estoient demourées Long dou port toutes les galées... (MACH., P. Alex., p.1369, 68). ...il estoit li mois de mai que les aiges sont en leur douceur, et s'est li airs sieris et quois. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 212).

 

-

[En cont. métaph.] : Mais je treuve le plus des mois, L'eaue de Fortune si quoye, quant ou bateau du Monde vois, Que, s'avirons d'Espoir n'avoye, Souvent en chemin demouroye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 154).

 

d)

[D'un instrument de musique] "Doux, à sons voilés" : Rubebes, leuths, vielles, syphonie, Psalterions, trestous instrumens coys... (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 243). ...Musique, Qui nous enseigne et nous applique A faire gracieuses voix En instrumens et haulx et coys (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 116).

 

e)

[D'un mal] "Discret, apaisé" : ...telles goutes qui estoient apaisiees et coyes (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 253).

 

-

Lettre coie. "Lettre secrète (?)" : Elle aime Godefroit qui nos amis guerroie : Par Turquant le manda en une lestre quoie (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 24-25).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Calme, tranquillité" : Lesquelz sur le serain et requoy [var. quoy] de la nuit s'estoient tapis et mucez emprès une porte. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 262).

 

-

A/en son coi. "A son aise" : Ensi en Cuidier embatus, Me sui a souhais esbatus Et cuidoie a ma volenté, En souhaisdant si grant plenté, Si com cilz qu'a soi d^partist Et prent a sa part .I. partist Et cuide qu'a son coi(s) en soit. (ACART, Prise am. H., 1332, 52). Il orent a planter pain, char et vin sur lie : Tout orent en lour quois que nulz ne lour detrie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1001).

B. -

"Lieu où l'on est en sûreté"

 

-

"Abri" : Quant ivers vint et il gela Et la noif fu esparse a terre, Les Lëonois vaurent lors querre Pour le froit quoy et bon abril (Pastor. B., c.1422-1425, 159).

 

-

A/au coi. "A l'abri" : Ego est premiere personne Du pronom qui parle de soy ; La seconde est a qui on donne Or ou argent, tibi a toy ; Ille est la tierce, de quoy Des deux la parole poeult estre ; Si se fait bon tenir à coy, De peur de ille, car il est traictre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 685). Trois ou .III. de ceulx du guet de la ville, retiréz au quoy arrière des cresteaux pour la dureté du temps, oyans la froisse de ceulx qui montoient, demandèrent : Qui vive ? (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 522).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin / Pierre Cromer

 Article 12/42 
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     COIEMENT     
FEW II-2 quietus
COIEMENT, adv.
[T-L : coi1 (coiement) ; GD : coiement ; AND : coiement ; FEW II-2, 1471a : quietus]

A. -

"Silencieusement, discrètement, en cachette, en secret" : Moult grant piece en ce lieu me ting Et si coiement me mainting Con je pooie, et c'estoit drois Pour ma besongne en tous endrois, Car li lieus estoit solitaires, Dont li tenirs cois et li taires C'estoient .II. poins souffissans... (MACH., D. Aler., a.1349, 261). Enterrer l'ay fait a celée Et coyement. (Mir. roy Thierry, c.1374, 283). A cel acord furent avoec le roy tout li baron, li prelat, li chevalier et li escuier dou royalme d'Escoce où plus a de cinquante mil combattans, uns c'autres ; et fisent leur assemblée tout quoiement, pour plus grever leurs ennemis. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 18). Et vinrent sus une avesprée à Calais ; et s'i embuschièrent si quoiement que nuls n'en sceut riens pour quoi il estoient là venu. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 74). Adonc s'avancha Alixandre de Ramesay, et fist avanchier ses compaignons tout coiement et sans sonner mot (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 29). Vous savés comment li rois Charles de France, qui se tenoit à Paris, traitoit quoiement et secretement deviers les bonnes villes de Bretaigne. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 279). Or advint ainsi que, sur le point du jour, que environ IIIJxx. bacinez de estrangiers de pluseurs nations yssirent par une poterne de la cité et s'en vindrent tout quoyement devers l'ost. (ARRAS, c.1392-1393, 95). ...et fist armer beaucop de gens d'armes qui yssirent coyement de la ville, et se ferirent en l'ost, et aincoiz que l'ost feust armé, ilz y porterent grant dommage. (ARRAS, c.1392-1393, 97). La fu grant ly abbateys. Quant le gallaffre se sent ainsi souspris, si se part de la bataille, lui Xe, le plus coyement qu'il puet, et s'en vint a la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Mais coyement le faloit faire, Car qui le sceust eussent a faire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 59). ...et le mirent en une arche le soir gesir, mais il eschappa le matin coement (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 336-337). "Si veul et vous commande que la prenez." Et en disant ce, celeement et coiement, en sa manche, d'un atour bien enveloppé la lui mist (LA SALE, J.S., 1456, 50). Le Jouvencel et Gervaise, suivans tousjours leur entreprinse, sur le soir, quant les portes furent fermées, firent saillir par une poterne leurs gens à pié si coyement que nul ne les vit ne ouyt. (BUEIL, II, 1461-1466, 123). Chascun se logea coyement et sans bruyt, et le noble archiduc se logea au Cerf, et tint ses gens d'armes en telle discipline, qu'il n'y eust pillaige, bature ne murdre fait en icelle prinse (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 271).

 

-

Dire qqc. coiement. "Dire qqc. en confidence" : Lors lui baillerent deux des chevaliers du pays qui le conduirent vers le lieu, mais ilz dirent bien tout coyement l'un a l'autre que ilz ne l'approucheroient pas de trop prez et qu'ilz ne pourroient croire que Gieffroy peust avoir victoire vers lui. (ARRAS, c.1392-1393, 262). ...lequel nombre de gens et de chevaulz il dist tout coyement, ainsin con s'il lui semblast trop grant nombre pour en ordonner a son plaisir. (LA SALE, J.S., 1456, 89).

B. -

"Calmement, paisiblement" : Et quant le convent dormira Tout coiement m'en ysteray Et a vous tout droit m'en venray (Mir. nonne, 1345, 321). Ore, fille, je vous diray : Coiement ici vous tenrez. Je vois hors ; mais ci me rarez Tantost, m'amie. (Mir. st Alexis, 1382, 304). ...Jehennete (...) dessira le plus coyement qu'elle peut icelles lettres (Paris domin. angl. L., 1423, 82). Et trestout coyement de sa robe se desarme, et dedans le lit se boute. (C.N.N., c.1456-1467, 76). ...tout coyement et doulcement hurte a l'huys de la court (C.N.N., c.1456-1467, 442).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 13/42 
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     COIETÉ     
FEW II-2 quietus
COIETÉ, subst. fém.
[T-L : coieté ; GD : coieté ; FEW II-2, 1471a : quietus]

"Repos, tranquillité" : J'ay veu en la grand Rome Murdrir ung cardinal Par ung faulx mauvais homme, Son barbier desleal, Gisant en lit paisible, Querant sa coieté, Dont en tourment horrible Il fut executé. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 287). ...icy en nostre monde est temps, car maintenant il est yver, maintenant esté, maintenant paix, maintenant discorde, maintenant quoyette [l. quoyetté] de l'air, maintenant tempest. (Somme abr. M., II, c.1477-1481, 89).

 

-

Estre, se tenir en sa coieté. "Se retirer dans le calme (d'appartements privés, de sa chambre...)" : Le roy (...) se retrahy vers son palais, car jà estoit haute nonne. Sy le menèrent glorieusement les prélats et princes jusques en sa chambre, là où il se tint en sa quoyté jusques à my-heure après midy (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 60). ...ils prétendoient et proposoient de faire leur plainte au duc par belle remonstrance, quand il seroit en sa quoieté en sa maison (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 258).

REM. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), et FROISS. (ms.) ds GD II, 171b. Myst. process. Lille K., t.1, a.1485, 3/81 (quoieté).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/42 
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     COIETTEMENT     
FEW II-2 quietus
COIETTEMENT, adv.
[T-L : coiet (coietement) ; GD : coietement ; FEW II-2, 1471a : quietus]

A. -

"Silencieusement, discrètement, en cachette, en secret" : ...uns sires (...) Qui vint coiettement, et bas Dist... (MACH., Voir, 1364, 646). C'est bien dit, aussy convenra De guetter tout coyettement Sans le prendre publiquement Que du peuple ne soit rescous. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 111).

B. -

"Calmement, paisiblement" : Moult coiettement la huchai Et petit de li [de la dame endormie] m'approchai (MACH., Voir, 1364, 352).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/42 
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     ENCOYER     
*FEW II-2 quietus
ENCOYER, verbe
[*FEW II-2, 1471b : quietus]

Empl. trans. "Apaiser" (synon. acoyer) : Elle [la pierre de corail] procure pais et enquie baptaille. Sy donne sapienche. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 185).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 16/42 
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     ENTREQUITTER     
FEW II-2 quietus
ENTREQUITTER, verbe
[FEW II-2, 1474b : quietus]

Empl. pronom. réciproque S'entrequitter de qqc. "Se désister chacun de son côté de qqc., se tenir quitte l'un l'autre de qqc." : Et parmi les choses dessus dictes ainsi faites et acomplies, les dictes parties se sont entrequitiéez de toutes choses qu'il porroient demander l'une à l'autre, pour cause des choses dessus dictes, de tout le temps passé jusques au jour d'ui. (Doc. Poitou G., t.3, 1350, 38).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 17/42 
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     ESQUITANCE     
FEW II-2 quietus
ESQUITANCE, subst. fém.
[GD : esquitance ; FEW II-2, 1471b : quietus]

"Acquit"

REM. Doc. 1451 (Robert, duc de Bourgoigne (...) tenist en gaiges bien a dix et neuf ans comme chose de son fié sans esquictance pour le pris de six mille livres (...) mes chasteaulx de Bourbon) ds GD III, 559b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 18/42 
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     ESQUITTER     
FEW II-2 quietus
ESQUITTER, verbe
[GD : esquiter ; FEW II-2, 1471b : quietus]

"Ôter, faire disparaître, acquitter" : Seigneurs, c'est le vray Messie Quy tous maulx peult esquictier. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 126).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 19/42 
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     QUIET     
FEW II-2 quietus
QUIET, adj.
[T-L : quïet ; GD : quiete ; FEW II-2, 1475a : quietus ; TLF : XIV, 164a-b : quiet]

"Calme" : Quelle chose est plus quiete que le simple oeul ? et quelle chose est plus france a celui qui rien ne desire en terre ? (Internele consol. P., 1447, 161). ...et lui [le duc de Milan], finablement lassé des ennuis de la court, retourna en son hostel, et si prinst femme dont il engendra filz, et jusques a ce jour a mené vie quiete, pacifique et louable. (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 78).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 20/42 
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     QUIÉTATION     
*FEW II-2 quietus
QUIETATION, subst. fém.
[T-L : quïetacïon ; GD : qu[ietacion ; *FEW II-2, 1475a : quietus]

"Calme, quiétude" : ...En joye, en paix, en qietacion (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 129). Mais quant li vens cesse et la boe, Et la profundeur et la roe De la fontaine dessus ditte Est du ray rayent et remplitte, De vraie contemplacion Reçoit lors quietacion La pensée et n'est plus obscure, Ainçois est la fontaine pure. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 205). Quietacion est chose reposée. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 55).

Rem. L'entrée de GD VI, 513c, quetacion, est à lire quietacion.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 21/42 
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     QUIÈTE     
*FEW II-2 quietus
QUIETE, subst. fém.
[T-L : quïete ; GD : quité ; *FEW II-2, 1475a : quietus]

"Calme, quiétude" (synon. quietee) : Par quoy volons et vous mandons fermement en chargeantz que par les causes susdites n'attemptéz riens contre les ditz maire et communs jusqes a tant que nous de l'avys de nostre dit conseil puissens ordenner de tiel fin en celle partie que soit a bonne quiete d'ambes partiez. (Lettres agn. L., 1404, 46). [Autres ex. p.48, 96, 225, 229, 271]

REM. Doc. 1351 (amors de quieté) et 1421 (Lettre du roi d'Angleterre, tres grant ayse et quieté) ds GD VI, 521b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 22/42 
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     QUIÉTÉE     
*FEW II-2 1475a quietus
QUIETEÉ, subst. fém.
[T-L : quitëé ; GD : quiteé ; AND : quité ; DÉCT : quitëé ; *FEW II-2, 1475a : quietus]

"Calme, quiétude" (synon. quiete) : ...touz noz rebelx de nostre terre de L. nous ont promys de voider en brief icelle terre de L., q'entre les autres d'Irlande est une la plus famouse, bele et plentuouse, ensi que mesme la terre serra, ce quidons, en brief asseuree de paix et quietee. (Lettres agn. L., 1395, 211).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 23/42 
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     QUIÉTER     
*FEW II-2 quietus
QUIETER, verbe
[*FEW II-2, 1475a : quietus]

"Tranquilliser, mettre en paix" : Ravy moy et me recoy et me delivre de toute non durable consolacion de creature, car nulle chose cree ne peut plainement mon apetit quieter ne consoler. (Internele consol. P., 1447, 141). Et pour ce donc je me veulx acquicter Envers mon Dieu et benoist createur Pour es haulx cieulx mon ame quïecter, Traveil au corps en ce vueil acquester, Me confiant au divin redempteur Qui me sera aÿde et protecteur, Ains que la mort me tiengne en sa berelle, Puis que je vois soubstenir sa querelle. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 127).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/42 
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     QUIETIR     
*FEW II-2 quietus
QUIETIR, verbe
[*FEW II-2, 1475a : quietus]

Empl. pronom. "S'apaiser" : ...chiaus qui s'en sont kietit (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 3).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 25/42 
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     QUIÉTUDE     
FEW II-2 quietus
QUIETUDE, subst. fém.
[GDC : quietude ; *FEW II-2, 1475a : quietus ; TLF : XIV, 165a : quiétude]

"Tranquillité, quiétude" : ...oncques, fors au derrain de ses jours, tout vieillard, n'avoit eu quiétude. (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 296). Ordre donna par moyens evidens Aux dangereux et divers accidens Qui destourner povoyent sa quietude (LA VIGNE, V.N., p.1495, 191). Lors que je deusse vivre en grant quietude, Par plenitude de haulte celcitude, La turpitude turque, babilonique Veult suppremer ma rogue latitude, Ma pulcritude, digne sollicitude, Par euvre rude et fraction inique. (LA VIGNE, S.M., 1496, 155).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 26/42 
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     QUIT     
*FEW II-2 quietus
QUIT, subst. masc.
[*FEW II-2, 1472b : quietus]

En quit. "En liberté, libre" : Guillamme de Pallerne [emprisonné] Vous randeras en quit [Assonances en -i] (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 998).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 27/42 
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     QUITEEMENT     
*FEW II-2 quietus
QUITTEEMENT, adv.
[GD : quitteement ; *FEW II-2, 1473a : quietus]

"Sans condition"

Rem. Ex. de FROISS. (ms., quitteement) et COLART MANS., Bibl. des poet. de metam., c.1480, éd.1493 (quiteement), ds GD VI, 522a.
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 28/42 
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     QUITTAMMENT     
*FEW II-2 quietus
QUITTAMMENT, adv.
[*FEW II-2, 1473b, 1474a : quietus]

"Pour acquit, en quittance" : Quitatus (...) : quitiés (...). Quitatio (...) : quitanche. Quitanter (...) : quitamment. (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 417).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 29/42 
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     QUITTANCE     
FEW II-2 quietus
QUITTANCE, subst. fém.
[T-L : quitance ; GD : quitance ; FEW II-2, 1471b, 1473b, 1474b : quietus ; TLF : XIV, 177b : quittance]

A. -

"Action d'abandonner qqc. (un bien, une propriété...)" : Quant aucun est despoillé par force d'aucunes choses que l'en dit qu'il a quictées, l'en doit savoir premierement le temps que l'en dit qu'il quicta de son gré : et si ladicte quictance est après le despoillement, le despoillé doit estre restitué avant tout euvre, quant il ne semble pas voir que celui qui quicte de son gré sa droiture le quicte depuis qu'il en a esté despoillé. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 410).

B. -

"Action de faire grâce de qqc. à qqn, de libérer qqn de qqc." : Et nous quiterés conme rois de France absoluement toutes ces painnes et ces argens et nos fois jurees et obligies, et vous demanderons quitances de toutes ces coses et vous les nous donrés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 340). Et afin que tout chascun voye Que de vous je suis trescontent, Une quittance vous octroye, Passee par mon Parlement, Qui relaissera plainement L'ommage que vous me devés, Comme contient ouvertement La requeste que faicte avés (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 111). "...par ma foy, je vous sçay tresbon gré de la quictance que vous avez faicte au larron de voz chemises, et en tant qu'il me touche, car je suis le larron mesmes qui vous desrobay voz chemises a Envers. Je prens ceste quictance a mon prouffit, et vous en mercye toutesfoiz, car je le doy faire." Quand Montbleru eut confessé ce larrecin, et qu'il eut trouvé sa quictance par le party qu'avez oy, il ne fault pas demander si maistre Ymbert, maistre Roland et Jehan Le Tourneur furent bien esbahiz (C.N.N., c.1456-1467, 401). Si donnons en mandement, par ces mesmes présentes, à nostredit bailly de Touraine et des ressors et exemptions d'Anjou et du Maine et à tous noz autres justiciers présens et à venir, ou leurs lieuxtenans, et à chascun d'eulx si comme à luy appartendra, que de nos présens grâce, quictance et pardon facent (Archives servit. Louis XI, T., 1459, 12). Et, sur ce, le Jouvencel tint conseil et trouva que, depuis que ung prisonnier est pris en une besongne, qu'il a donné sa foy à son maistre, qui lui a sauvé la vie, qu'il est tant tenu à luy qu'il ne doit point partir d'avecques lui sans premièrement l'avoir contenté et avoir congié de luy et quictance de sa foy (BUEIL, II, 1461-1466, 133).

 

-

En partic. "Fait de libérer qqn d'une redevance" : Et encores, leur donna et octroya franchise et quictance perpetuelle de pasture et pasnage par toute la forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 7).

 

.

Quittance de coutume. "Exonération de la taxe sur les marchandises" : Jehan de Sainte Marie, escuier, et Amaulry de la Poterne, escuier, signours de Lignou, à cause de leurs femmes, ont es forests de la Ferté Macé qui anciennement furent de feu Macé de la Ferté, c'est assavoir franc parnage pour leurs pors et pour ceulx de leurs prevostz, avecquez quittance de coustume es foire et marchés qui furent au dit Macé de la Ferté (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 43).

 

-

Bailler/faire quittance (de qqc.) à qqn. "Tenir qqn quitte (de qqc., d'une obligation)" : "Ma dame, je lo vraiement Que vous le mettés a renson Et qu'il en paie une chanson : Rondel, balade ou virelai." Et elle dist : "Je veuil un lai, Appellé «Le Lai d'Esperance», Et par ce (l)li ferai quittance, Si se partira franchement, Sans plus avoir d'empe[s]chement." (MACH., Voir, 1364, 380).

 

-

[De Dieu, du Christ sur la croix] "Acquitter, racheter qqn, lui pardonner" : Dieu par ta providence A donné plaine indulgence Et quittance de touz noz vices (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 83). ...Ouvers en croiz, d'yaue et de sanc planez Piteusement, car le sanc d'alejance Rendi pour nous faire plaine quittance (Mir. prev., 1352, 277).

C. -

"Action de reconnaître qu'une somme due a été aquittée ou qu'on s'engage à l'acquitter ; p. méton., écrit qui l'atteste, quittance" : Promettanz yceux vendeurs, par leur foy pour ce bailliee corporelment en nostre main et par leurs seremenz pour ce fais solempnelment, que encontre ceste vente et quictance ne encontre aucune des choses contenues en ces lettres n'yront ne aler feront par eulx ne par autres, a nul jour, par raison aucune quelle que elle soit, en couvert ou en appert (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1344, 126). Prometans les diz vendeurs, ladicte famme auttorisee comme dit est, par leurs foy et serment pour ce baillié es mains des diz notaires jurez comme par devant nous, a non venir ou faire venir contre ces lettres, vente et quitance, en aucunne maniere, par eulx ne par autres, jamais a nul jour ou tamps advenir, soit par art, engin, cautelle ou decevance aucunne, ainçois guarentiront, delivreront et deffendront les dictes quatorse lb.. de rente annuelle et perpetuelle ainsy vendues aux diz achatteurs, a leurs hoirs et aians cause envers tous et contre tous, en jugement et hors, toutes fois et quantes fois que mestier sera, chascun pour le tout, et rendront et paieront tous coux et dommages qui faiz et soustenuz serroient ou ce pouroient ensuir. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1350, 168). Promectant le dit chanoine, par son serment et par la foy de son corps baillee corporelement es mains des diz jurez, que contre ceste vente, garantie, promesse et quictance aler ne venir fera par lui ne par autres, jamais a nul jour, ou temps a venir, pour raison de decevance, d'erreur, d'ignorance ou autrement, comment que ce soit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 285). Et, ces choses rapportées à lui qui parle par ledit courretier, il se transporta ou Chastellet de Paris et, en son propre et privé nom, passa par devant les dessus nommez notaires une quittance faisant mencion comme il avoit receu et quitté certaine personne de tout ce qu'ilz povoient avoir eu afaire ensemble, en entencion et volunté qu'il peust plus proprement veoir visiter et contrescrire ou figurer les seings manuelz d'iceulz notaires. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 489). Et comment, dist Gieffroy, et ne tiens je la terre de Lusegnen, ne la forteresse, que de Dieu, mon Createur ? A Cellui vouldroye je bien estre quitte pour X. s. par an. A qui les paiez vous ? Par foy, sire, nous ne savons. Et comment, dist Gieffroy, voulez vous avoir voz quictances de moy ? Aussi vueil je veoir les quictances de cellui a qui vous paiez les X. s. de rente, que vous dictes que vous paiez pour le pommel de ma tour. (ARRAS, c.1392-1393, 295). ...et en quicterent et quictes clamerent bonnement, a touz jours, sanz rappel, ledit acheteur, ses hoirs et tous autres a qui quictance en pourroit appartenir ou temps a venir (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1399, 745). Cedit jour, ont esté baillez et delivrez quatre mil libvres tournois au duc de Breteigne, qui avoient esté mises en depost au change de par la Court par le roy de Navarre pour certeinnes causes contenues en la quittance sur ce faicte (BAYE, I, 1400-1410, 316). ...et a esté commendé que ledit Pingué et Chatelbriain en ayent quictance et descharge de par la Court, ou copie du registre qui leur vaudra quictance. (BAYE, II, 1411-1417, 149). ...par quictance de mondit seigneur le duc faicte au proffit dudit Gorremont en l'absence dudit Jehan de Noident le VIIIe jour dudit mois de mars CCCCXVIII, pour et en lieu de laquelle somme de 10000 livres tournois ledit Gorremont bailla à mondit seigneur, qui les bailla audit Noident, trois descharges de lui levees sur certain don et aide (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 15). Et pour ce avoient requis et requeroient lesdis evesque et religieux avoir quittance et descharge de ce que dit est (FAUQ., II, 1421-1430, 277). Le duc Loys de Bourbon, après la mort du roi Jehan, paya toute sa finance dont il estoit pleige, et eut plaine quictance du roi d'Angleterre (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 6).

 

-

Bailler/faire quittance (de qqc.) à qqn : ...desmaintenant par la tradicion de ces presentes ycellui curé en baille bonne lettre et quictance en bonne fourme soubz seel autentique (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1368, 375). Sire, a moins ne puet un seigneur que de oyr ses comptes une foiz l'an, et ne feust que pour la salvacion de ses receveurs et gouverneurs, pour eulx faire en quictance, afin que on ne leur saiche que demander, a eulx ne a leurs hoirs. (ARRAS, c.1392-1393, 295). ...et ordonne la Court que les dessusdiz puissent requerir, exiger et lever les debtes deues à la dicte execution et bailler quittance ensemble et conjoinctement (BAYE, I, 1400-1410, 40). Part à part, furent promys seize mil escuz de pension aux serviteurs privéz du roy d'Angleterre : à monsr d'Estinges, deux mil escuz l'an (cestuy-là n'en voulut jamais bailler quictance) (COMM., II, 1489-1491, 53).

 

-

Prendre quittance (de qqc.) : Et envoya le roy, nostre maistre, devers luy Pierre Claret, ung sien maistre d'hostel, luy enchargeant fort en prendre quictance, affin que, pour le temps avenir, il fust veü et congneü comme le grand chambellan, chancellier, admiral et grand escuyer d'Angleterre, avec plusieurs autres, eussent esté pensionnaires du roy de France (COMM., II, 1489-1491, 243).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 30/42 
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     QUITTANCER     
FEW II-2 quietus
QUITTANCER, verbe
[T-L : quitancier ; GD : quitancier ; FEW II-2, 1471b : quietus ; TLF : XIV, 178a : quittance (quittancer)]

"Donner quittance (de qqc. à un débiteur)"

REM. Doc. 1396 (Nevers, quittancé le 29 octobre) ds GD VI, 521a-b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 31/42 
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     QUITTATION     
FEW II-2 quietus
QUITTATION, subst. fém.
[T-L : quitacïon ; GD : quitacion ; FEW II-2, 1474b : quietus]

"Action de rendre quitte, d'affranchir (de qqc.)" : [Les Liégeois réclament liberteis et franchises ; l'évêque est prêt à les écouter, mais...] A son conselhe parlat, qui fut fauz et felons, Qui li ont deffendut de la quittation A faire (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 689).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 32/42 
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     QUITTE     
FEW II-2 quietus
QUITTE, adj.
[T-L : quite ; GD : quite ; DÉCT : quite ; FEW II-2, 1471b, 1472b : quietus ; TLF : XIV, 178a : quitte]

A. -

"Délié d'une obligation (dont on s'est acquitté)"

 

1.

Quitte de qqc. "Délié de (d'une obligation financière, légale, juridique..., en partic. d'une dette pécuniaire, d'une corvée, d'un office que l'on doit remplir...)" : Une foiz ou deux la sepmaine Il s'en aloit esbanoier Avec Petre le fauconnier (...). Maiz la messe estoit avant dite Et de son office estoit quite ["il s'était ainsi acquitté de son office"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 289). ...que nous soiens et demouriens quictes et deschargez de la promesse et obligacion devant dicte (Ch. VI, D., t.1, 1387, 78). ...et demouroit ung chascun quite et absolz de toute foy, service, hommage et fidelité envers les dessusdis (FAUQ., I, 1417-1420, 361). ...que ledit receveur soit tenu pour quicte en nous rendant (...) les diz mars d'argent par lui receuz (Ch. VI, D., t.1, 1422, 416).

 

-

Empl. abs. : ...item, deux hostieux qui doivent chacune une mine de blé, et sont quictez pour tout. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 27). ...et après po de paroles ont eu iceulx prevost et bourgoiz aggreable, et sont contens que ladicte Court soit quitte parmi la somme de mil libvres tournois (BAYE, II, 1411-1417, 34). [Contexte métaph. ; c'est Sapience qui parle] Le pris y est tant acceptable, Tant precïeux, tant agreable Que nature humaine tient quicte ["je considère que la nature humaine s'est acquittée de tout ce qu'elle devait"] Et toute la franchist et quicte De ce que luy pouoit devoir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 454).

 

-

Bailler qqc. en quitte. "Accorder qqc. pour se libérer de toute dette, de toute réparation" : ...et se à recepvoir faisoit, à malvaise cause s'estoit ad ce opposés, en devoit dequeir, adrechier et amender et ce qui estoit en le main du Roy pour l'opposition des parties leur devoit estre baillié en quitte et en delivre (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374,,, 387).

 

-

JEUX Jouer à quitte et / ou à double. "Jouer une dernière partie qui, si l'on gagne, rattrape toutes les pertes"

 

.

"Risquer le tout pour le tout" : ...mais je n'entens pas que aucuneffoys on ne mette peine de surprendre son ennemy, comme en ung logeiz, en chevauchant ou par une embuche. Et en joue l'en à quitte ou à double ; car, qui fault à les surprendre et ilz vous voient venir, je dy pour ce qu'ilz sont arrestez, qu'ilz ont de grans avantaiges. (BUEIL, I, 1461-1466, 201). ...quant il vit qu'il les vouloient enmener, il print ung baston, en disant que à celle heure falloit jouer à quicte et à double, et se parforça et ingera de frapper lesdiz francs archiers. (Doc. Poitou G., t.12, 1481, 440).

 

.

Faire (à) deux et / ou (à) quitte. "Risquer le tout pour le tout" : ...je feray deux ou quitte, Quant je ne puis avoir un doulz regart : Se ce temps tient, je devendray hermite. (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 132). CUPIDO. Belle, se vous prenez amy Par amour, au jour la journee, Vous serés vestue, aournee Autant a l'endroit qu'a l'envers, Et s'on vous dit rien de travers, A Dieu jusques au revenir. Il ne vous scauroit rectenir Contre vostre consentement ; Oultre plus de l'apoinctement Qui se fait a deux et a quite, Vous en serés tresbien conduite Tous les jours face froit ou chault. (P. moyne, a.1500, 46).

 

-

Estre quitte de qqn. "N'avoir plus d'obligations à l'égard de qqn" : ...il [le mari] fut quitte de sa femme et de ses enfans [À sa mort, une femme infidèle rend à chacun de ses amants les enfants qu'elle a eus d'eux] (C.N.N., c.1456-1467, 329).

 

-

Quitte et quitte. "Sans qu'il n'y ait plus ni d'un côté ni d'autre aucune obligation envers l'autre" : Amours, a vous ne chault de moy, N'a moy de vous, c'est quicte et quicte (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 503).

 

.

Quitte à quitte : Et s'il ne lui plaist, quitte a quitte (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 346).

 

.

Quitte quitte

 

Rem. CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 10861 (Ne sai se me devez ou se nous vous devons : Or soit tout quite quite, puisque nous departons).

 

-

Prov. : N'est pas quitte qui doit de reste. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

Rem. GERS., Oeuvres G., t.7, 295 : N'est pas quitte qui doit de reste ; Prov. H., Q12.

 

2.

Au fig. "Libéré, affranchi d'une obligation morale" : Dont je di que si fais descors Sont propres causes de racors Qui font les larges paiemens De trés dous assouagemens Des quels amans est appaiez, Tant qu'il s'en tient pour bien paiez. Einsi Amours la dame acquite Vers l'amy, tant qu'elle est bien quitte Et li amans en est meürs Plus que devant et plus seürs. (MACH., D. Aler., a.1349, 253). Mais encores n'estes vous pas quicte : une autre foiz nous compterons a vous. (LA SALE, J.S., 1456, 51). ...encores n'estes vous pas quicte : vous nous avez fait et faictes tousjours tant de peine et de meschef que nous vous avons gardé ceste pensée (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

-

"Affranchi de l'obligation que crée un bienfait" : Et donques la cause dessus dite a lieu tant seulement quant as malvais, car il vient de grant iniquité que un veuille estre absoulz et quicte des biens receüs senz faire retribucion ne regraciacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 473).

 

-

Quitte d'une promesse. "Libéré d'une promesse que l'on a satisfaite" : Puis pensons de nous adressier D'aler le presenter [ce cuer] Maliste, Afin que chascun tiengne a quitte De sa promesse. (Mir. Berthe, c.1373, 184).

 

-

Quitte vers qqn. "Libéré d'une obligation envers qqn" : ...regardons par quel point Vers Maliste quites serons Du cuer que porter lui devons (Mir. Berthe, c.1373, 183).

 

-

Loc. Ne pas en estre quitte. "Ne pas s'en tenir à qqc., ne pas être en reste de qqc." : Li roys avoit au col sa targe, Dont bien et sagement se targe ; Et certes il li est mestier Qu'il en sache bien le mestier, Car les Sarrazins des creniaus Li ont trait plus de C. quarriaus ; Et li autre n'en sont pas quite, Car li Sarrazin grant merite Attendent des nostres tuer. Si ne font que traire et ruer Pierres, sajettes et garros. (MACH., P. Alex., p.1369, 88).

 

3.

Estre quitte de / pour + inf. "Se délier d'une obligation en, se libérer en" : Et la partie a cui Dieu donra du pire, chascun de nous sera quicte pour donner ["en donnant"] son dyamant en sa visiere, et ilz seront quictes pour donner chascun un semblable dyamant que sont les nostres. (LA SALE, J.S., 1456, 231). Alors les assegies considerans que se ilz estoient prins par force ilz ne seroient pas quites pour seullement perdre les biens, mais aussy les vyes, se misrent a tres grant deffence (WAVRIN, Chron. H., t.4, p.1471, 90).

 

-

Estre quitte de + inf. "Ne plus avoir d'autre possibilité que de" : Trois bonnes villes y a pris Et destruites li roys de pris, Dont vesci les noms, sans doubtance ; C'est Tourtouze, Liche et Valence, Et maintes grandes et petites, Qui de peler les aus sont quittes, Car c'est tout mors et mis en cendre, Sans espargnier homme ne prendre. (MACH., P. Alex., p.1369, 212).

B. -

"Exempté, dispensé (d'une obligation)"

 

1.

[D'une pers.] : Ainsi n'est ce pas, a m'entente, Uns oiseaus qui doie estre en vente, Car il est a si grant signeur Qu'il le tient et garde a honneur Et de tous servages l'aquite, Tant qu'il le donne franc et quitte. (MACH., D. Aler., a.1349, 310). ...il n'avoient de quoy paier. Ly usurier lez clama quicte ["efface leur dette"] (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 103). L'EMPERIÉRE. (...) Il convient qu'a l'un de ces deux Vous combatez. BERENGIER. Sire, ja plus n'en debatez : Trop voulentiers, mais que me dites Pour lequel d'eulx je seray quittes Avoir affaire ["lequel des deux je n'aurai pas à affronter"]. (Mir. Oton, c.1370, 378). ...leurs prevostz et moniers sont quittes et frans semblablement. Et de ce sont subgets guestier au chastel de Breouse chacun une nuyt et un jour par an. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 44).

 

-

Quitte de : L'un venist par devotion Au sepulchre en pelerinage Et fust quittes de tout servage ; L'autre venist pour marchander, Et li autres pour demander Le demi commerque dou roy (MACH., P. Alex., p.1369, 184). Car l'en lit in Cronica Eusibii que, pour la victoire que ilz eurent contre lez Alemans, l'Impereur Valentinian voult et ordena que ilz fusent frans et quittes de toutes aides et de tout tribut juques a diz ans (Songe verg. S., t.1, 1378, 146). ...et me clamerez quitte de la bataille ["vous déclarerez hautement que je n'ai pas à livrer bataille, puisqu'à présent vous me demandez pardon"] (Chev. papegau H., c.1400-1500, 41). ...[le cardinal de Pise] s'estoit chargié et offert d'escripre au Pape que voulsist tenir les seigneurs de ceans, graphier et notaire frans et quittes du dixiesme imposé sur le clargié de France qu'il avoient refusé à paier, pretendens en estre quittes par previlege (BAYE, II, 1411-1417, 37). Ha dya, dist l'oste, puis que monseigneur et tant de gens de bien le payent [la dîme], je n'en doy pas estre quicte, combien que je m'en passasse bien. (C.N.N., c.1456-1467, 221).

 

-

Tenir qqn à quitte de qqc. "Considérer qqn comme libéré d'une obligation" : ...et de la somme en quoy et pour quoy estoient obligées et transportées en sa main, comme perpétuel gage, il en quittoit et tenoit à quites et absous perpétuellement le roy Loys, roy de France pour lors, et tous les autres roys de France ses successeurs pour le temps advenir, sans jamais y réclamer droit, ne aucun recoeuvre. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 396).

 

-

"Être libéré d'un engagement qu'on a pris (inconsidérément)" : Et Florimons [qui regrette d'avoir appelé le roi en champ clos] y est, qui chace En toutes guises et pourchace Qu'il soit quittes de son appel, Où bien porra laissier la pel ; Car c'est son principal desir Qu'à honneur s'en puist departir. (MACH., P. Alex., p.1369, 236).

 

-

Estre quitte de l'amende. "Échapper à l'amende" : [D'une pers. qui a accepté d'effectuer un travail qui lui était imposé sous peine d'amende] Or sa, nous sommes quictes de l'esmende. (Pass. Auv., 1477, 179).

 

-

"Qui est exempt d'une peine" : Et aussy se en la darrienne heure de la mort la personne en grace demande estre quitte de purgatoire, sa priere est oÿe : Quia perseverat, pie petit et pro se. La Xe question : Se je fais me penitence qui me sera baillee en confession, en seray je quitte ? Response : Se elle est bien baillee et discretement, oÿ, et se elle est faicte en estat de grace (GERS., Déf., 1400, 237).

 

-

JEUX Faire (qqn) quitte. "Dispenser qqn de l'obligation de jouer (et de payer la dette de jeu)" : [Prov.] Au fruit cognoist on l'olivier Et aux armes qui bien s'aquitte ; Qui a bel a jeu ["celui qui a l'avantage au jeu"] n'en fait quitte. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 169).

 

-

Estre quitte de + inf. "Pouvoir se dispenser de + inf." : Plehut a Dieu, dit li villain, Que messire et mon chappellain Fussent deux bons chapons rotis. Ja n'y querroie sal ne pain. Je les mengeroie a deux main, Quittes serient [var. seroye, seroient, seriens] de sevelir. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 142). [P. dérision] Il est quicte de desbillier Son abit (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 263).

 

2.

[D'une chose]

 

-

[D'une rente, d'un tribut...] "Qui n'est plus l'objet d'une obligation" : "Empereres (...) pour Dieu te volons prïer Que tu nous voeulles ottroier Qu'en Babilonne ne paions Treü..." Tout treü et toute debite [l'empereur] A leur volloir leur clama quitte (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 120).

 

-

[D'un héritage, d'une terre] "Sur quoi ne pèse aucune restriction, aucune condition, aucune obligation" : Après, quant de l'arche ilz issirent, Toute la terre departirent Les trois filz Noé a leurs vies. Le partirent en trois parties : Ly aisné et le plus poissant Tint la terre d'Asie la grant ; Caÿm, qui fut le moyen filz, Toute l'Auffricque ot a par lui (...). Et Japhet tint Europe quicte (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 84). [L'Europe est quitte de toute condition. Ou quicte se rapporte-t-il à Japhet (Japhet régit l'Europe sans restriction, sans condition, hors de toute revendication) ?] ...et avec toy conqueray grant terre, et sy l'avrais toute quite, pour l'amour d'ung parin que j'ay, cuy nom je porte (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 112). Bien doit estre champ de sang dit Quant, pour l'acheter quicte et franc ["libre de toute rente"], Fut vendu le precïeux sang de Jhesus (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 443). ...les huit chevaliers arbitres entre Pantus et sa soeur estoient au palais pour ordonner la sentence devant les parties [au sujet de la succession du royaume]. Sy vous advertis, selon ce que l'en sceut depuis, Pantus emportoit le royaume quitte, disant que femmes ne peuvent succeder a couronne tant qu'elles aient freres vivans. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 329). [Mais peut-être quitte se rapporte-t-il à Pantus (Pantus acquiert le royaume sans restriction, sans condition)]

 

-

[D'un procès] "Qui n'entraîne aucune obligation, aucune condamnation" : Mon chier signeur, font cilz larron [des avocats], Se vous me donnez bon guierdon, Vous avrez vostre plait tout quitte. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 112). [Mais là aussi, quitte peut se rapporter à vous]

 

-

Avoir qqc. quitte. "Avoir qqc. gratuitement, sans que cette chose soit frappée d'une quelconque obligation" : MERCIER. Joseph, moult me doit enbellir La parole que m'avez dicte. Le sydoine [pour ensevelir le Christ] vous arez quitte ! Vostre est et vous l'enporterez, Ne ja deniers n'en paierez. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 228).

 

-

Donner qqc. franc et quitte. "Donner qqc. sans que cette chose soit frappée d'une quelconque obligation" : Nompourquant nulz commandement N'a en tel cas certeinnement, Tant y ait longuement servi ; N'onques nuls homs ne desservi Tant qu'il peüst de dame traire Merci pour cause de salaire, Jusqu'a tant qu'Amours en ordonne Qui tout franc et quite le donne. Tout autant y est desservans Non servans comme li servans. (MACH., D. Aler., a.1349, 306). Mais vëons la condition D'Avis selonc s'entention : Il donne conseil franc et quitte Et n'en attent autre merite, Fors ce que li juges tant face Qu'il en ait pais, honneur et grace. (MACH., J. R. Nav., 1349, 258).

 

-

Estre mien quitte. "Être mien sans obligation, sans restriction, totalement" : Et certeinnement, se j'eüsse Tant de bien en moy que je fusse Aussi sages com Salemons, Et fust miens quittes tous li mons, Et aussi preus comme Alixandres Ou comme Hector, qui gueres mendres Ne fu de li quant a valour, Et s'eüsse autretant d'onnour Comme ot Godefroy de Buillon, (...) Ne peüsse je pas souffire Pour dame amer de tel affaire. (MACH., R. Fort., c.1341, 5).

C. -

[D'une pers.] "Libéré (grâce à qqn ou qqc.) d'une situation défavorable, acquitté (d'une faute, d'une accusation, du péché...)"

 

1.

"Libre, libéré" : ...sire, touz frans et quittes Delivrez ces deux inocens ; Moy justicez, je m'i assens (Mir. femme, 1368, 203). Li roys molt grant courrous en a : Pour ce fist tant qu'on ordena Que desormais chascuns iroit Franchement et quittes seroit, Mais qu'il heüst lettres de lui N'il n'en vuet excepter nelui, Einsois vuet que chascuns y aille Sans paier ne denier ne maille. (MACH., P. Alex., p.1369, 174). Oubliée estoit leur tristour, Qu'il savoient pour verité Qu'en Alixandre la cité Les devoit li bons roys livrer, Et frans et quites delivrer. (MACH., P. Alex., p.1369, 181). Ainssy franc et quicte s'en vint (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 44). ...quant il [le Chevalier à l'Aigle d'Or, emprisonné] sceut qu'il seroit delivré francq et quitte, il en fut moult joyeulx. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 137). S'il revient de captivité A franc arbitre, lige et quite... (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 256).

 

-

Quitte pour qqc. "Libre, en échange de qqc." : Les Atheniens avoient guerre contre les Lacedomoniens, si fu ordené de commun acort que chascun prisonnier d'une part ou d'autre seroit quicte pour certainne somme. (ORESME, E.A.C., c.1370, 303).

 

2.

"Libéré, débarrassé de qqc. (de pénible, d'encombrant, dont on veut se séparer...)" : Sus, traistre, ce champ vuidiez ; N'estes pas pour ce, ne cuidiez, Quitte de mort. (Mir. Oton, c.1370, 383). ...la pucelle (...) estoit tant troublee qu'elle desiroit plus la mort que la vye, et la renouvella son doeul. (...) Et elle, qui riens ne queroit que la mort pour en estre plust tost quitte ["débarrassée de sa douleur ou débarrassée de la mort ?"], plouroit moult tendrement. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 208). ...il se releva au plus tost qu'il peut, puis fery par grant yre le poisson a travers de tel randon qu'il lui fist voller la teste a terre. Et quant il fut quitte de ces quatre poissons... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 275). ...et avoient intencion de vendre illecq de leur marchandise (...) ...les mariniers (...) ne partiroient point de la jusques a ce qu'ilz seroient quitte de leurs denrees ["débarrassés de la marchandise qu'ils veulent vendre"] (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 286). ...la courtoise nonnain, affin d'estre quitte de l'ennuyant poursuitte que le moyne faisoit (...), luy baille jour (C.N.N., c.1456-1467, 106). ...mainte frayeur, dont maintenant il estoit quitte. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 87). [Quentin martyrisé] ...si tost qu'il fait oroison A son dieu (...), Il est de tout quite et delivre (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 243).

 

-

S'en aller quitte. "S'en tirer (d'un danger, d'une situation pénible...)" : Toutesfoiz n'est pas nécessaire Que tous ceulx de celle partie Meurent de celle maladie ; Car les aucuns, pour les mérites De leur nature, s'en vont quittes ; Les autres paient le trehu Du mauvaiz air qu'ilz ont béu (LA HAYE, P. peste, 1426, 59).

 

-

Une fois quitte. "Une fois libéré (ici d'un amour qu'on a refusé)" : Ung loyal doit estre servi De grace, et non pas desservi Par reffus ou euvres despites. S'autrement le faictes ou dictes, Vous en mourrez une foiz quictes Par Amours, qui s'en vengera. (Narcissus, p.1426, 306).

 

-

Être quitte de qqn. "Être libéré de qqn" : Le roi Souvain est par la lance De saint Emont geté de vie (...). Ainsi remaint le peuple quitte Du roi (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 38). Sy vous advertis que le vray amant est de telle condition que, incontinent qu'il aproche du lieu ou sa dame se tient, il n'avra en sa compaignie sy bon amy dont il ne voulsist estre quitte, car il lui samble que sa compaignie lui empesche sa besongne. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 292). ...monseigneur le president (...) loa Dieu a joinctes mains de ce qu'il est quicte de sa femme. [Trompé par sa femme, l'homme s'en est vengé en réussissant le crime parfait] (C.N.N., c.1456-1467, 314). Et le duc (...), si tost que se trouva quite du dauphin, dont il ne craignoit riens tant que son retour devers luy arrière... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 239). Puis l'Ennemy, en chemin ethroclite, Me cuyda faire aulcun grant vitupere ; Mais, sans nul mal, tantost fus de luy quicte. (LA VIGNE, S.M., 1496, 357).

 

3.

Au fig. "Être libéré d'une faute (commise ou dont on est accusé), en être acquitté ou innocenté" : Or vueillez, s'il vous plaist, espondre Le fait de quoy vous vous dolez ; Et s'einsi faire le volez Vous ensieurez la juste voie De droit, ou je ne saveroie Le fait congnoistre ne niër. Se non, vous devez ottriër Que je m'en voise frans et quittes De ce forfait que vous me dites ; J'en atenderoie bien droit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 166). ...Et avec ce il pourchassera Tant par devers nostre Saint Pere, Que, s'il est ainsi qu'il appere, Qu'aucuns ait permise la voie Au Saint Sepulchre, il li ottroie Qu'il face son pelerinage À la columpne et son voiage, Et qu'il soit quittes et absos, Soit grans, petis, sages ou fos, Se li soudans empeschement Y metoit, et non autrement. (MACH., P. Alex., p.1369, 175). DIEU LE PERE. (...) Toy, femme, ne seras pas Quicte De ton mal ["innocentée du mal que tu as fait"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 19). PYLATE. Joseph, il convient la venir Que la chose s'est mal conduicte, Combien que j'en doye estre quicte. En riens coulpable n'en suis : Ce ont fait ces envïeux Juïfz (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 356).

 

-

"Pardonné (d'une faute)" : [Si tu aides le pécheur dans ses actes] A grant penne en puez estre quitez. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 206). SAINTE AGNÈS. Aussi de bonne voulenté, (...) Li pardoing quanque il me meffist (...). SAINT PRIST. Grant merciz : puis qu'a vous est quites, Au surplus besongnier yray (Mir. prev., 1352, 253). A vostre Filz dictes vous [la Vierge], que je [la mère de Villon] suis scienne ; De luy soient mes pechiez aboluz. Pardonne moy comme a l'Egipcïenne, Ou comme il fist au clerc Theophiluz, Lequel par vous fut quicte et absoluz, Combien qu'il eust au deable fait promesse. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 79). ...Dieu arriere commua le ceur du roy en doulcheur vers luy par misericorde, et fu restitué en sa premiere francise, quitte et delivre (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 111).

 

.

"Racheté (du péché)" : Pour ce, vierge, grace demande Que de mes pechiez soie quitte (Mir. mère pape, c.1355, 395). ... .ii. sains homes y trouverez, Qui la loy vous enseigneront Et baptesme vous donneront. Sy serez de vos pechiez quites. (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 146). ADAM. (...) Pechié le nous a apporté, Dont jamais quites ne serons. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 22). DIEU. Temps est que la tres griefve offence, Dont le gendre humain est tachié, Soit adnullee et son pechié Pardonné et le pecheur quicte Par le tres glorïeux merite De la passion a quoy s'offre Mon filz Jhesus (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 311). Et se vous acompaigniez de celle tres glorieuse vertu de charité, (...) serez net, quicte et sauvé au regart de ce pechié. (LA SALE, J.S., 1456, 22).

 

.

"Pur" : Diex (...) Vous face si pur et si monde De tout vice et si nett et quitte Que vostre ame en sa gloire habite Sanz finement. (Mir. st Alexis, 1382, 332).

 

-

Clamer qqn quitte de qqc. "Déclarer que la chose ne lui est pas imputable" : Et je luy pardonne vrayement, dist il lors, et l'en clame quicte, puisqu'ainsi est que aultre chose n'en puis avoir. (C.N.N., c.1456-1467, 400).

D. -

"Privé de"

 

-

Quitte de

 

-

Estre quitte de qqc. "Être privé de qqc., soustrait à qqc." : Autre euvre fist de grant merite Quant il resuscita Thabite, La fille du bon Jaÿrus, Laquelle estoit du monde quite Par la mort qui tout desherite Et qui jamais n'espargne nulz. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 107).

 

-

Faire qqn quitte de qqn. "Priver qqn de qqn d'autre" : Ce bon homme, voyant sa bonne femme ainsi actainte et languissant, menoit la plus doloreuse vie du monde, tant marry et desplaisant estoit qu'il ne povoit plus, et avoit grand doubte que la mort ne l'en fist quicte. (C.N.N., c.1456-1467, 515).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 33/42 
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     QUITTECLAMER     
FEW II-2 quietus
QUITTECLAMER, verbe
[GD : quiteclamer ; FEW II-2, 1473a : quietus]

A. -

Quitteclamer qqn (de qqc.). "Déclarer qqn quitte (de qqc.)" : ...iceluy sr nostre duc, ses hoirs et successeurs, quittons et quitteclamons par ces présentes, pour nous, nos hoirs et successeurs, recognoissant nous estre satisfaits entièrement de la devantdite somme de monnoye par iceluy sr nostre duc (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.2, c.1447, 774).

 

Rem. WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant, ds GD VI, 521c.

B. -

Quitteclamer qqc. à qqn. "Abandonner qqc. à qqn" : ...lequel manoir de B[rustwyk] le dit W[illiam] susrendist en la main de nostre dit ael, et relessa et quitclama a nostre dit ael et a ses heirs tout le droit et cleym q'il avoit es ditz autres manoirs et en la rente avantdit (Lettres agn. L., 1382, 177).

REM. Surtout agn. Cf. aussi quiteclamance et quiteclame ds GD VI, 521b-c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 34/42 
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     QUITTEMENT     
FEW II-2 quietus
QUITTEMENT, adv.
[T-L : quite (quitement) ; GD : quitement2 ; DÉCT : quitement ; FEW II-2, 1473b : quietus]

"Sans condition, sans restriction, franchement, complètement" : ...et de lever et appliquier pardevers elles tous les fruis, proffis et emolumens appartenans a ladicte granche en quelcunque lieu ou parroisse que elles soient assises, seules et pour le tout, franchement et quittement, tant ou terrooir de Basoches, se aucunes en y avoit assises, comme ailleurs, et sans paier aucune redevableté aus diz religieus pour cause de dismes ou autrement (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1335, 110). Car tant m'avez puisamment enrichi, Tant resjoï, si gari, tant meri, Que vraiement, Se quanqu'il a dessous le firmament Et quanqu'il fu et sera, quittement Me fust donnez pour faire mon talent, Je ne l'amasse Tant de cent pars, que je fais vostre grace. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81). Et lui laissa l'en emmener quittement tout ce qu'il avoit ou païs (Bérinus, I, c.1350-1370, 187). ...je vous ay convent Que ravoir vous feray vo terre quitement (Hugues Capet Lab., c.1358, 23). Adont n'i ot ordre tenue, Car tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue, Et les mirent, qui que s'en pleingne, Jusques au piet de la montaingne Et si près que li Sarrazin Qui leur estoient dur voisin Pooient geter pleinnement Sur eaus, sans nul empeschement. (MACH., P. Alex., p.1369, 152). ...j'ottroy Perdre d'Espaigne la couronne, Biau sire, s'elle s'abandonne Qu'avec li gisez charnelment ; Mais qu'aussi vous tout quittement Vostre terre me delaissiez Se ce fait ci n'acomplissez (Mir. Oton, c.1370, 342). Amours me fait desirer loyaument Si grant honneur, qu'assez plus chier l'aroie Qu'avoir trestout le monde quittement, Et encor plus, se plus avoir pouoie : C'est que merci puisse avoir par amer. (MACH., L. dames, 1377, 57). Sur quoy icellui Roy bailla lettres et mandement addressant audit seneschault d'Anjo ou à son lieutenant qu'ilz feissent incontinant rendre lesdits prisonniers, ensemble lesdits biens ainsi prins par sesdits gens, franchement et quictement (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 306).

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. ; Mabrien V., 1462, gloss. ...

 

-

Quittement de. "En étant quitte de" : Item, [ils ont] bois pour fere leur gort d'Escombarbe, et pour lez resparer touteffois que mestier est, que ilz ont en l'eaue de Saine, et l'ont paisiblement et quictement de toutes redevannces quelconques. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 34).

 

-

"Librement" : Et avecques ce, Logre ottroya que qui vouldroit entrer en mer avecques lui, il s'en pouoit aller quittement et emporter le sien (Bérinus, I, c.1350-1370, 200). Et, au regard des gens de guerre, ilz s'en alerent par ladicte composition franchement et quittement, eulx et leurs biens saufz (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 75).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 35/42 
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     QUITTER     
FEW II-2 quietus
QUITTER, verbe
[T-L : quiter ; GDC : quitter ; DÉCT : quiter ; FEW II-2, 1471b, 1474a : quietus ; TLF : XIV, 179b : quitter]

I. -

Empl. trans.

A. -

Quitter qqn (de qqc.) "Tenir qqn quitte d'une dette, d'une obligation"

 

1.

"Tenir qqn quitte (d'une dette ou d'une obligation dont il s'est acquitté)" : ...une quittance faisant mencion comme il avoit receu et quitté certaine personne de tout ce qu'ilz povoient avoir eu afaire ensemble (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 489). ...de laquelle somme de mil libvres tournois je me tien à bien content et paié, et en quicte ladicte Court de Parlement (BAYE, II, 1411-1417, 38). [Contexte métaph. ; c'est Sapience qui parle] Le pris y est tant acceptable, Tant precïeux, tant agreable Que nature humaine tient quicte ["je considère que la nature humaine s'est acquittée de tout ce qu'elle devait"] Et toute la franchist et quicte De ce que luy pouoit devoir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 454). Veez cy l'argent qu'ilz ont donné, C'est vingt deniers ; je les en quicte (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 24).

 

-

Empl. abs. Quitter qqn : Or me suis vers vous acquictiés ; S'il vous plaist, sire, or me quictiez. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 69).

 

-

"Tenir qqn quitte (d'une dette ou d'une obligation dont il n'est pas redevable de fait)" : ...et lors icelle Alips dist à il qui parle que, pour ce que ledit Robinet avoit fait sa propre debte de ce qu'il povoit estre tenuz à icelle Alips, elle en quitta il qui parle, sanz ce que alors ne depuis il eust dudit Robinet aucun dom ou prouffit quelconques. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 491). ...je vous en quitte, car envers moy ne avez que amender (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 183). Toult d'un acord nous submectons Vous en quicter et descharger ["de vous tenir quitte de toute dette" ; les deux gentilshommes, que le meunier menace d'égorger, lui offrent une forte somme en pur don, sans condition, sans obligation de retour] (Gent. moun. T., c.1500, 390).

 

2.

"Libérer, dispenser qqn (d'une dette, d'une obligation), en renonçant à ce qui était dû, délier qqn d'un engagement pris" : Et partant les diz priour et freires quitierent les diz mariez de toutes choses du temps passé au devant du jour d'uy. (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1334, 162). Et comme grant temps emprès la dite feste de saint Luc, le dit Huguet m'eust requis que je le quittasse du dit marchié (Doc. Poitou G., t.2, 1334, 107). Maiz il lui estoit advis en sa conscience que, s'il feust partis d'iceulx Testenoire et son maistre sanz prendre congé d'yceulx, et qu'il le quitassent du serement dessus dit à eulx fait, qu'il seroit parjures et auroit menti (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 24). ...pour tous termes et louiers passez et jusque a ce jour, en quittons ledit Thomas et tous autres a cui quittance en puelt ou porroit appartenir. (Trés. Reth. L., t.3, 1437, 150). ...se vostre plaisir estoit me vouloir quicter du seellé de ma promesse, je pour acomplir voz armes vous donroye a compaignon mon propre nepveu (LA SALE, J.S., 1456, 106).

 

-

"Exempter qqn de qqc." : Dont je requier par tres doulce ordonnance A mon sauveur Que le corps puist quicter par penitance L'ame d'ardeur. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 621).

 

-

Quitter qqn de + inf. "Dispenser qqn de + inf." : Quar le prelat un an le quitte De dire en son moustier chançon (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 111).

 

-

Empl. abs. Quitter qqn. "Libérer, dispenser qqn (d'une dette, d'une obligation)" : Mais ceulz a qui l'en doit, ilz ont puissance de delaissier et quicter leur debteur. (ORESME, E.A., c.1370, 451). Quitte moy, je te quitteray (...) ; Je te pri, quitte moy ta debte ["ce qui t'est dû"] (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 174). Riens ne me doit, sy le suys quittant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 61).

 

.

"Considérer qqn comme libre de toute obligation, libre d'agir comme il l'entend" : LE PREMIER HISMAELICTE. (...) Prince de vous prenon congié ; En la terre demeurerez Et licence nous donnerez D'aller en une terre estrange Pour marchandise prendre en change (..). LE PRINCE DES HISMAELICTES. Ou il vous plaira Allez ; a Dieu, car je vous quicte. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 5). JUDA. Cheminez tant que Brie est belle. Il [Joseph] est vostre ; allez, je vous quicte. Faictes en ung Madianite, Car jamais veoir ne le voullon. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 18).

 

3.

Quitter qqn (d'une faute, d'un péché). "Pardonner qqn" : Vierge, par ta pitié, Fay que soie quitié De quanque j'ay meffat. (Prières saints R., t.2, c.1440, 240).

 

-

Empl. abs. Quitter qqn : Dieu peut bien .I. poi delaier A punir telz iniquitez, Mais ceulx ne seront ja quittez Que dampnez en enfer ne soient (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 118). Car ja de ce fait chi je ne t'escuserai ; Mais quant je sui tes peres, tel grace te ferai : Se tes oncles te cuite, je le te pardonrai (Bât. Bouillon C., c.1350, 136). Sire Dieu, Juge droyturier et fort, qui juges et quites ceulz qu'il te plaist (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 66). Qui dieu quitte, bien est heureux. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197).

 

.

"Déclarer qqn comme non responsable de qqc." : [D'un animal] ...Que le maistre en est a blasmer Et l'oysel en est a quitter [var. Et l'oysel est a excuser / Et l'oysel est a aquitter]. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 337). ...et faire tout ce qui à usaige de stille et plaiderie appartient, de recevoir et quicter toutes et quelxconques personnes qui seront à quicter par foy et serment solennel (Comptab. Dieppe M., 1479, 114).

 

4.

Quitter qqn (de la prison). "Libérer qqn" : ...Li requist sans offrir avoir Que son enfant par charité Lui fust relaschié et quitté (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 112). Sans cause nous l'alons priant ! Il fet ores moult le malade (...) ! Pour ces deus nous le quitterons Ne plus a lui ne luiterons. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 78). Je l'acorde et vous quite de la prison. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 57).

B. -

Quitter qqc. à qqn. "Renoncer à qqc. qui est dû"

 

1.

"Renoncer à une somme due par qqn" : Quitte moy, je te quitteray (...) ; Je te pri, quitte moy ta debte ["ce qui t'est dû"] (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 174). Deux hommes une fois estoient Quil a ung riche marchant devoient, L'ung quarante, l'autre cinquante Denïers, et n'avoient puissance De contenter icelluy homme. A tous deux il quicta la somme. Liquel des deux, a ton advys, Ly doit estre plux grant amys ? Or m'en dix ta relacïon. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 138). A Jehan Caignart, aulmucier, demourant à Paris, la somme de 66 s. 8 d., que Mrs les Prevost des marchands et eschevins lui ont donnée et quittée, et qu'il devoit à ladite ville pour certaines loges qu'il a sus Petit Pont (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 51). Or n'ont de quoy paier tous deulx [.] Si leur ["le leur"] quicte que riens n'y clame ["en sorte que rien ne réclame"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 186). ...à tous trois leur quitta leur rançon (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 155).

 

-

Empl. abs. : La somme est ung peu trop cruelle ; S'il vous plaist, vous en quicterez ["vous renoncerez à une partie de la somme"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 405).

 

-

[Contexte métaph. ; dans les paroles du Notre Père] : Donne nous pain cothidïen Chascun jour, car il le fault bien. Quicte nous noz debtes plusieurs, Comme quictons a noz debteurs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 389).

 

2.

"Renoncer à ce qui est dû par qqn (obligation, corvée, pénitence...), au bénéfice d'un engagement que qqn a pris" : Alixandre tout leur quitta [tout treü] (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 120). A Robert Auboin et Jehan Charles, fermiers du XIIIe des vins de Mortaing, lequel il tenoient à VIxx frans de ferme pour un quartier dan où il furent moult perdans pour les genz darmes de Tinchebray et Thury, qui ou païz et environ firent pluseurs chevauchées, et pour ce par Monseigneur leur fu remis et quitté (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 152). Et quant Sipio vist qu'ilz estoient en tresgrant ennuy et soussy, il leur dist qu'il leur quicteroit le voyaige de leurs corps, mais qu'ilz baillassent a ses chevaliers les armes et les chevaulz qu'ilz avoient (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 25). ...qui m'eust quitté ma penitance (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 69). Or vous en allez, beau pere, par tel fin que vous me quicterez le disme que ma femme vous doit. (C.N.N., c.1456-1467, 221). ...s'ils (..) eussent requis le duc, en son nouvel venir, de grâce et de relaxation, voire franchement parfaite quittance desdites cueilloites dont ils se douloient, le duc (,) franchement les leur eust quittées et mises jus (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 275). Pencez que l'Ennemy ne dort poinct ; Dont en effect, propox final, Je le vous quicte et n'en veulx poinct. (LA VIGNE, S.M., 1496, 405).

 

-

Quitter à qqn la bataille. "Faire grâce à qqn (par accord réciproque) de la bataille, du combat singulier" : Et en faveur de noblesse, dont je voy vostre corpz paré, vous quicteray la bataille, se vous le volez amiablement consentir. (Comte Artois S., c.1453-1467, 57).

 

-

"Renoncer à espérer qqc. de qqn" : ...tant donnez l'un a l'aultre estoient que a pou a Dieu eussent quitté leur paradis pour vivre au monde leur terme en ceste fasson. (C.N.N., c.1456-1467, 92).

 

-

Empl. abs. Quitter qqc. "Renoncer à (une obligation due par qqn)" : C'est mon pris, c'est mon paiëment Et le total reparement Duquel ne quicteroye rien. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 250). [Même ex. ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 689]

 

3.

"Renoncer à sanctionner une faute commise par qqn, ne pas en tenir rigueur à qqn" : ...d'or en avant vous vouray estre doubz et debonnaire et tous fourfaiz et negligence quitter (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 183). ...ledit feu Jehan du Ponceau lui quicta et pardonna la noise (Paris domin. angl. L., 1425, 167). Lequel nostre cousin de Salisbury, considerant que ledit suppliant ne s'estoit aucunement entremis de fait de guerre, (...) lui quicta par ses lettres et pardonna ledit cas de partement et demourance faicte avec nozdiz adverseres. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 9). ...vous suppliant qu'il vous plaise leur quictier et pardonner l'offense qu'ils ont faicte et commise envers vous (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 75).

 

-

"Pardonner qqc. (à qqn)" : ...cil (...) A qui son pechié fut quitté (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 5). Son pechié li pardoing et quitte. (Mir. pape, 1346, 383). Pour ce qu'il ait amours greigneurs Entre Oston vostre roy et vous, Je vous pardonne et quitte a touz Raençon et touz maux talens. (Mir. Oton, c.1370, 338). ...et s'il advenoit que ledit pays feust et demourast au roy de France, que tout ce qui par lui avoit esté fait lui seroit pardonné, remis et quittié par un chascun desdiz roys, et que, par ce moyen, il auroit sa paix et pourroit demourer seurement avec lequel que bon lui sembloit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 202). Et si scet bien le pecheur que icellui Seigneur est si piteux et si misericors que pour trespetite priere, mais qu'elle fust de cuer contrict et repentant, il aroit tout pardonné, voire mesmes se la sentence estoit ja donnee contre le pecheur; et fust ores icellui pecheur condempné a mort, or peut icellui souverain tout rappeller et quictier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 16). Les pechez et iniquitez Ne sont pas donc a tant quictez. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 273).

 

-

"Considérer que qqc. n'est pas de la faute de qqn" : Il ne vous escappera mye, Dist elle, si comme jel cuit. S'il escappe, je le vous cuit ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 87).

C. -

P. ext.

 

1.

Quitter qqc.

 

a)

"Renoncer à qqc., abandonner qqc." : Par qoi, tresdouce Dame, eidetz moy qe jeo puisse trover ore en ma fyne, qe vostre douz filtz me relesse et tout quite la droiturele sentence et juggement, et me receive et preigne en sa bone grace et mercy, pur l'amour de vous et a vostre request, douce Dame. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 98). Charlez quitat [var. moy quitat "renonça à mon profit à, m'abandonna, me céda"] le cavage, se nulz y avoit, quant il me donat la terre. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 24). Pleure tout seul, Se tu veulx, car c'est grant follie Quant l'homme se merencollie ; Toute ma part du dueil je quicte. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 345). Mais, pour tous debatz cuiter entre nous... (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 96). Puis quant on vient sur l'aage ancienne C'est bien raison qu'on se contienne Et que l'en quitte les bateaulx. (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 196). Je suis si las que n'en puis plus. Quant a moy, j'en quicte mon tour. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 311). Par Dieu ! vous quicterés se chant Ou j'estrangleray vostre gorge. (Gent. moun. T., c.1500, 384).

 

Rem. À placer ici, mais déjà proche du sens moderne de quitter un lieu : SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 218 (quelque mal qui t'assaille Ne quipte pas le lieu ne la bataille).

 

-

Quitter un droit. "Renoncer à un droit" : ...et le roy d'Escoce debvoit quitter à tousjours le droit qu'il pretendoit à la cité de Berwich (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 242). ...pour requeste ne prïere, Ne vueult riens de ses droiz quicter. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 327). [Même ex. ds MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 396]

 

b)

Quitter qqc. à qqn. "Céder, laisser, abandonner qqc. à qqn" : LE ROY. Puis que le me loez, je vueil, Biau filz, crestien devenir, Ne jamais je ne vueil tenir Ce royaume, mais le vous quitte (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 298). Barons, rendeiz moy l'esclamire, je vous quite l'avoir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 220). Et pour tant, ledit duc de Bourgongne, qui estoit son oncle, traicta tant avec elle qu'elle quicta son douaire à ses enfans, par condicion qu'elle devoit avoir par chascun an en récompense d'icellui, certaine somme d'argent (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 35). ...obeïssiez a la haulteur rommaine et vivez sur la terre, et je vous quitte le paÿs. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 632).

 

c)

Quitter à qqc. "Renoncer à qqc." : ...et toutes [les soeurs] mariees pour leurs douaires et elles ayans quicté a toutes successions paternelles. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 173).

 

2.

Quitter qqn

 

-

"Laisser, abandonner qqn" : Trop rigoreuse estes et deputaire, Qui n'espargnez ny sceptre ny coronne. Tout ruez jus, le bas siege et le trosne. De vous me plains et ne vous ayme mye, Vous declarant ma mortelle ennemye. À tousjoursmais vous quicte et vous renonce (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 169).

 

.

"Se séparer de qqn, le laisser là" : LE COQUIN. Vous voyez l'estat ou je suis, Je croy qu'il fault que je vous quicte. LE PRINCIPAL. (Et pour) Quoy ? LE COQUIN. Cela est une redicte. Jamais ne me fistes nul bien. L'ERMITE. Aussi, par semblable moyen, Il est saison que je m'en voise. (Sots gard., a.1488, 111).

 

-

[Dans le mariage] "Rompre le mariage avec qqn" : ...je ne suis pas tant obligé a vostre fille qu'elle ne me puisse bien quicter, je vous prie que la remenez et retournez en vostre marche (C.N.N., c.1456-1467, 336). ...il fut cité a personnellement comparoir a l'encontre de monseigneur le promoteur, a la requeste de sa femme, et par devant monseigneur l'official, pour quicter sa femme et luy donner licence d'aultre part soy marier (C.N.N., c.1456-1467, 499).

D. -

Région. (anglo-normand) "Acquitter (ce qui est dû)" : ...et qe jeo peusse si soeffrir toutes peynes et dolours pacientement pur l'amour de vous, douz Sires, a vous quiter une partie de ceo qe jeo vous doie de les tresoutrageousement greves peynes et vileynes qe vous soeffrestes, douz Sires, si debonairement pur moy cheitif (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 191).

 

Rem. AND, s.v. quiter1.

II. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

[D'une obligation pécuniaire] Quitté à qqn. "Dont on s'est obligé à qqn" : ...neuf rais d'avaine, à la mesure de Coustances marchande, de rente chescun an à la Saint Michiel (...) quitiés à la main desdiz, pour eulx et establiz, et de lour subcessours (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1375, 180).

B. -

"Libéré de toute servitude" : S'argent avez, il n'est quicté, Mais le despendez tost et viste ; (...) Jamaiz mal acquest ne proufficte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 130).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 36/42 
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     QUITTEUR     
FEW II-2 1471b quietus
QUITTEUR, subst. masc.
[T-L (renvoi) : quiteur ; GD : quiteur ; FEW II-2, 1471b : quietus]

"Celui qui donne quittance, qui est en droit de donner quittance, receveur" : Et des vint solz par. de rente dessus diz les diz executeurs, oudit nom, se dessaisirent es mains des diz notaires comme en main souveraine pour le roy nostredit seigneur, pour et au pourfit des diz religieux, de leurs successeurs religieux de la dicte eglise et aians cause, et les en firent vrais acteurs, preneurs, gaigeurs, leveurs, receveurs, donneurs et quitteurs, voulans et accordans que par le bail et tradicion de ces presentes ilz en soient vestuz et saisiz comme de leur propre chose, partout la ou il appartendra (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1384, 534).

REM. Doc. 1343 (receveur, quitteur), 1359 (receveur, quitteur et procureur especial) et 1364 (receveurs et quitteurs) ds GD VI, 522c. Aussi Testament de Philippe de Mézières, 1405, in : MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 95 : et par ces presentes transportent, cedent et delaissent dés maintenant a tousjours perpetuellement et hereditablement ausdiz religieux des Celestins de Paris, pour eulx et leurs successers religieux dudit lieu, tous lesdiz biens meubles et conquestz immeubles demourez du decés dudit feu messire Philippe, et d'iceulx en firent et font vraiz seigneurs, possesseurs, receveurs, demandeurs et quitteurs.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 37/42 
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     QUITUS     
FEW II-2 quietus
QUITUS, subst. masc.
[GDC : quitus ; FEW II-2, 1475a : quietus ; TLF : XIV, 183a : quitus]

"Arrêté définitif d'un compte, quitus"

REM. Doc. 1421 (Lyon, quictus) ds GDC X, 464b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 38/42 
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     RACQUIT     
FEW II-2 1472a quietus
RACQUIT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : raquit ; GD : raquit ; FEW II-2, 1472a : quietus]

"Acquittement, paiement" : ...le residu des donnaisons que lui avions faictes de VIIIm escuz pour mectre et emploier au racquict et recouvrement des trois quintes parties sad. terre (...), dont il a terme et respit d'icelle povoir racquiter jusques à sept ans prochains (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1431, 2).

Rem. Ex. d'a. fr. et doc. 1392, 1474 ds GD VI, 604a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 39/42 
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     RACQUITTER     
FEW II-2 1472a-b,1473b quietus
RACQUITTER, verbe
[T-L (renvoi) : raquiter ; GD : raquiter ; FEW II-2, 1472a-b,1473b : quietus]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Achever de payer (une rente, une dette...)" : ...et icelle rente franchir et racquitter dedens quatre ans (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1459, 349).

 

-

"Libérer (un bien) de tout gage" : ...le residu des donnaisons que lui avions faictes de VIIIm escuz pour mectre et emploier au racquict et recouvrement des trois quintes parties sad. terre (...), dont il a terme et respit d'icelle povoir racquiter jusques à sept ans prochains (Actes Jean V Bret. B., t.4, 1431, 2). Au Seigneur de Rieux pour lui aider a raquiter certaines terres que feu Monseigneur de Rieux, son pere, avoit engagées pour la delivrance dudit mareschal. (Comptes d'Auffroy Guinot J., 1433, 90).

B. -

Au fig. "Compenser" : La grant redemption tres-digne et approvee Dont humaine lingnie, qui astoit condampnee, Fut si benignement par cel fruit rachatee, Et la perde d'Adain ligement raquitee. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 737).

II. -

Empl. pronom. Se racquitter de qqc. "Regagner, reconquérir qqc."

 

Rem. Ex. de FROISS. (éd. Kervyn) ds GD VI, 604a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 40/42 
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     RECOI1          RECOI2     
FEW II-2 quietus
RECOI, adj.
[T-L : recoi1 ; GD : recoi2 ; FEW II-2, 1471a : quietus]

A. -

[D'une pers.] "Calme, tranquille"

 

Rem. PREMIERFAIT, Décaméron, 1414 (Et maintenant avec lui je demeure paisible requoie, et bien amee de lui) et MART. D'AUV. (éd. 1493 ; Les Angloys estans la recoiz) ds GD VI, 671c.

B. -

[D'un lieu] "Retiré, à l'écart" : L'EVESQUE. (...) Mettre me vueil en lieu recoy Et dire la [la complie] tout a par moy (Mir. ev. arced., c.1341, 109). Cerfs reent en diverses manieres, selon ce qu'ilz sont vielz ou juenes et selon ce qu'ilz sont en pays recoy (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 167).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 41/42 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     REQUITTER     
*FEW II-2 quietus
REQUITTER, verbe
[T-L : requiter ; DÉCT : requiter ; *FEW II-2, 1471b : quietus]

"Tenir (de son côté) pour quitte"

REM. Cf. : ...l'an de grace mil CCC IIII XX et cinq le lundi XIXe jour de juing se dessaisy en nostre main Symon l'Alemant ou nom et comme procureur de Perrenelle la Riche (...) des onze sol. et huit den. paris. de crois de cens ou rente annuel et perpetuel que la dicte Perrenelle de son heritage se disoit auoir et prendre chacun an (...). Et nous requitte le dit Simon ou nom que dessus que d'ycelle rente nous meissions en saisine et possession ledit maistre Bryniulphe (Doc. 1385. In : A. L. Gabriel, Skara House at the Mediaeval Univ. of Paris, 1960, 157).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/42 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     RESQUIER     
*FEW II-2 quietus
RESQUIER, verbe
[GD : resquier ; *FEW II-2, 1470a : quietus (?)]

A. -

Resquier qqn de qqc.. "Mettre qqn à l'écart de qqc., exclure qqn de qqc." : Feust dit et déclairié pour ledit Procureur en défendant (...) que lesdiz Mess. Nicolas et Girou (,) ne devoient riens avoir du partage dudit Role, mais ce qu'ilz en demandoient, ledit Procureur ou nom que dessus, en feust absolz, et en tant qu'ilz avoient entrepriz à porter ledit Role, feussent privez de toutes Lectures ordinaires et extraordinaires et resquiez dudit Estude perpétuelment (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1398, 225). [Éd. : «Ce mot sur lequel je n'ai rien trouvé, signifie apparemment exclus. On disoit anciennement estre en Requoy, du latin Requies, pour signifier être en son particulier, en tranquillité»]

B. -

Resquier (le) vin. "Laisser reposer le vin pour le tirer au clair"

 

Rem. Doc. 1397 (Tournai), mal interprétés, ds GD VII, 119a. A rapprocher de GD VII, 84c, vin en rechaisons "vin reposé, tiré au clair". Cf. N. Dupire, Moyen Âge 57, 1951, 356 : «Godefroy VII, 119a enregistre resquier avec quelques exemples des Archives de Tournai, mais il le traduit à tort par "abandonner, laisser en soufrance, consigner". L'interprétation exacte est indiquée dans Du Cange VII, 140b à propos du substantif dérivé reschaisons, vox gallica quae dicitur de vino depurato et defecato.» Cite un ex. tiré de G. Espinas, Les Origines du Capitalisme IV, 240 (...se n'est vin resquyet ou wheghiet). V. aussi reechier (peut-être s'agit-il de ce mot ; F. Lecoy, Romania 81, 1960, 383).
 

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