C.N.R.S.
 
Famille de servire 
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 33 articles
 
 Article 1/33 
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     ASSERVIR1          ASSERVIR2     
FEW XI servire
ASSERVIR, verbe
[GD : asservir ; AND : asservir2 ; FEW XI, 541a : servire]

I. -

Empl. trans.

A. -

Asservir qqn (ou une chose personnifiée) "Servir, honorer"

 

Rem. V. asservir2

B. -

Asservir qqc. "Mériter" : Amours, (...) De tout quancque j'ay de pooir Je vous graty en bon espoir Que par vous ay secours heü, Que de loyalté pourveü Suis et seray toute ma vie Amoureusement, sans envie, Pour vous honnourer et servir Sans vos hautains biens aservir. (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 60).

 

Rem. FROISS. (Scheler, Mal du prestre dit on Qui sert et a servi Sans avoir guerredon Quant il l'a asservi) ds GD I, 440b.

C. -

Asservir (une propriété). "Charger d'une redevance, d'une hypothèque"

 

Rem. Doc. 1400 ([Un propriétaire doit payer, sur tous les biens énumérés, telle somme de rente] dont ycellui Pierre [le propriétaire] les encharga, asservy, obliga et ypothequa) ds GD I, 440b.

II. -

Part. passé en empl. adj. "Mérité" : Je te mettray guerre asservye Entre la femme et ta semence, Qui ne sera point assouvye Contre toy sans nulle doubtance. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 63).

 

Rem. L'ex. de Machaut que cite GD I, 440b ("bien proportionné") est une var. sans doute fautive de assevi (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 2/33 
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     CONSERVANT     
*FEW XI servire
CONSERVANT, subst. masc.
[*FEW XI, 538b : servire]

"Serviteur du même maître" : Et tu dois donc donner a ton conservant, comme de homme a homme ; et nature le nous enseigne que nous debvons faire ce que nous voulriesmes que on nous fit (...) ...et se de ton conservant tu te venges, tu presumes toy meismes oster le propre jugement du juge de tout le monde, quy est trop grande presumpcion et inobedience. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 197).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 3/33 
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     DESASSERVIR     
*FEW XI servire
DESASSERVIR, verbe
[T-L : desasservir ; GD : desasservir ; *FEW XI, 541b : servire]

I. -

Empl. trans. "Libérer d'un service, libérer de servitude" : Ainsy ne m'ay fait pas servir Mais pour vous tous desasservir Vous sui venus faire service, Et affin que mieux vous servisse J'ay esté ou milieu de vous Maistre et ministre de vous tous (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 129).

II. -

Empl. pronom. "Se retirer du service de" : Tout est fait pour homme servir, Et homme est fait pour servir dame : Il ne s'en peust desasservir ; Il est sien jusqu'au partir l'ame. (CAULIER, Hôpital am. H., a.1441, 426).

 

Rem. Attribué à CHART. (éd. 1617) ds GD II, 537a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/33 
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     DESSERTE1          DESSERTE2     
FEW III deservire FEW XI servire
DESSERTE, subst. fém.
[T-L : deserte2 ; GD : deserte2 ; AND : deserte1 ; DÉCT : deserte2 ; FEW III, 53a : deservire ; FEW XI, 542b : servire ; TLF : VII, 21b : desserte1]

A. -

"Mérite (bon ou mauvais), ce qu'on a mérité" : ...L'angoisse et travail de la mort Que je reçoy par ma desserte (Mir. femme roy Port., c.1342, 194). Preudons, pour voz saintes dessertes Nous a Diex a vous envoié (Mir. st Ign., 1366, 105). ...lesqueles sommes d'argent ainsi par lui receues, il païa à plusieurs marchans d'icelle ville de Paris ce qu'il leur povoit devoir, et le residu dudit argent appliqua à son singulier prouffit, en deducion et rabat de ce que lui povoient devoir iceulx mariez pour sa peine et deserte, faite en fourrant les robes d'iceulx, comme dit est dessus (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). Mesire Jofroi, mesire Jofroi, je vous doi, par vostre deserte, petit amer, qant vous voliés par nuit embler ce que j'ai si comparet et qui m'a coustet tant de deniers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 873). Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344). Quant le grant juge vendra, Duquel la sentence vive, Final et diffinitive, Contre qui nulli n'estrive, A perpetuel tendra. La ung chacun attendra Le louier que Dieu rendra, Tel qu'a l'oeuvre appartendra, A l'egal de sa deserte. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 63). Hélas ! puisque Dieu a voulu L'homme dampner por sa desserte Et plainement lui a tollu Joie qui lui estoit ouverte (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 2). Se dont on demande, se reprobation a cause du costé de l'homme quant a la premiere deserte ou merite de l'home, il n'est cause nulle. (Somme abr., c.1477-1481, 171). Ypocrites, ceste besongne En la parfin vous decevra ; Chascun de vous en recevra De tel desserte tel salaire. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 411). ...que c'est plus grant heur à ung homme quant le prince qu'il sert luy a faict quelque grant bien à peu de desserte, pour quoy il luy demeure fort obligé, que ce ne seroit s'il luy avoit faict ung si grant service que ledict prince luy en fust très fort obligé (COMM., I, 1489-1491, 252).

 

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

 

-

Par/selon la desserte/les dessertes (de qqn). "Selon le mérite (en bien ou en mal)" : Dou vray dieu qui est immortelz Et qui puet aus hommes mortels Donner roiaumes et empires Et tollir com souvereins sires Et donner richesse ou poverte A chascun, selonc sa desserte. (MACH., C. ami, 1357, 30). ...si sont il souvent condampnez en xil et encore plus durement puniz, selon leur deserte (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 414). ...vous avez mal fait, quant cellui qui vous avoit engendrees vous avez ainsi pugny par vostre faulx et orguilleux couraige, car c'estoit ce ou je prenoye toute la plaisance que j'avoie en ce monde mortel, et vous la m'avez tollue. Sachiez que je vous en paieray bien la merite selon la desserte. (ARRAS, c.1392-1393, 12). D'autres faultes peut assez avoir sur ce point, car justice et liberalité sont deux vertuz qui regardent les guerdons et les largesses et les poisent et mesurent egalement selon les droiz et les dessertes. (CHART., Q. inv., 1422, 51). ...sans aucune réparacion ou restitucion des démolicions d'iceulx fais par avant, dont plusieurs et par desserte avoient esté destruis, tant villes, chasteaulx et fortresses, versées et ruées par terre, vignes, prez, bois et viviers destruiz et vuidez, et maintes autres dissolucions. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 296). C'est bon conseil et bien dit, sire ; Car certes soubz le firmament N'a plus mais homs, se Diex m'ament. Rendons ly selonc sa desserte ; Car telz homs perdre n'est pas perte, Qui n'est bon ne jeune ne viex. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 154).

 

-

Sans (nulle) desserte(s). "Sans que ce soit mérité (en bien ou en mal)" : Or m'avez vous tué en trahison faisant, Sans cause et sans desserte (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 51). ...par haine et par envie, Sanz cause nulle et sanz desserte, Vous sui baillie a mettre a perte. (Mir. roy Thierry, c.1374, 279). ...s'il eust peut (...) eust prins cruelle vengance de la mort de messire Richart Burlé et ses aultres chevaliers que on luy avoit osté et fait morir sans deserte. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 81). Puisqu'a Meseur sont acostez (...) Si leur touldra leur renommee Sans desserte (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 84). Mais puet estre que oncq n'y fustes lïez A droittes certes, Si n'en plaigniez les douleurs ne les pertes Ne les ennuis qu'on y a sans desertes, Et bien pouez par parolles appertes En dire assez (CHART., D. Fort., 1412-1413, 179). Ha, Mort ! Or m'as tu bien deserte Et courcié le cuer sans deserte, Qui en mourra Maugré toy si tost qu'il pourra, Et non pas si tost qu'il vourra. (CHART., L. Dames, 1416, 212). Son ami mort plaint l'une ; L'autre la prise et la fortune Du sien que Adversité fortune, Et sans deserte. (CHART., L. Dames, 1416, 260). Dieu ne fait souffrir sans deserte Paine qui ne soit recouverte ; Tant ne tardast Ou sa joie ne retardast, Se a son proufit ne regardast Et qu'un grant bien ne lui gardast. (CHART., L. Dames, 1416, 298). Le cueur donc qui est en prison, En douloureuse marrison, Languissant, sans nulle desserte, Peut bien demander garison De ses douleurs, sans mesprison (Narcissus, p.1426, 287). Comme peult estre ta langue sans clameur et sans plaintez, quant la bouche ou elle siet est fameilleuse par souffrete, et les aultres sont aouilliés sans desertes dez biens que tu cuides avoir desservis ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 10). ...et puis qu'il est ainsi dit dez ydoles, qu'en penseras tu de Dieu tout puissant, qui tant est juste qu'il ne gaste point ses benefices en vain, et ne depart pas ses largesses sans desserte ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 102). ...on aroit tort De jugier sa mort sans desserte, Il en venroit dommaige ou perte (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 163). ...car de l'amour en nous donné gracieusement sans desserte, le Saint Esperit non seulement est cause active et effective, mais aussi exemplaire et finale. (Somme abr., c.1477-1481, 115). Et n'y a plus beste en terre vivante Que les humains (ne) destruissent sans desserte. (Cene dieux, c.1492, 110). Helas ! tu l'es allé tuer, Tu l'as mys a mort sans desserte, Pourtant qu'il te tenoit a serte Soubz luy en te faisant honneur. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 195).

 

-

Sans la desserte de qqn

 

.

"Sans en être digne" : ...quant jeo me recorde de ceo qe j'ai resceu de vous en cest siecle et receyve touz les jours saunz ma deserte (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 1).

 

.

"Sans l'avoir mérité (un inconvénient, une punition)" : ...il devoit primierement proceder (...) par plusieurs exortacions et predicacions, avant que par voie de guerre, en laquelle plusieurs ont a soufrir sanz leur coulpe et sanz leur desserte, conme, en cas samblable, nul Roy ou aultre seigneur terrien ne doit faire guerre, tant que il la puist eschiver (Songe verg. S., t.1, 1378, 339).

 

-

Par dessus la desserte. "Au delà de ce que l'on a mérité" : Mais misericorde met arriere ceste rigueur rendant loyer par dessus la deserte et pugnissant moins qu'on a desservi. (Somme abr., c.1477-1481, 178).

 

-

Payer qqn de sa desserte/de ses dessertes./Payer à qqn sa desserte. "Récompenser qqn comme il le mérite" : ...Gardon, le jayant, qui a mis vostre pays de Guerrande en patiz (...) jusques a la Rochelle. Par Dieu, c'est grant honte a vous. Quant Remond l'entent, si lui respond : Gieffroy, beaulx filz, il n'a gueres que nous n'en savions nouvelles, et avons souffert pour amour de vostre venue, car nous ne voulions pas troubler la feste. Mais ne vous chault, car Gardon sera bien paiez de sa desserte. (ARRAS, c.1392-1393, 239). ...le temps n'estoit pas sans plus de payer au poeuple sa desserte, mais de grace faire a tout le poeuple (LA SALE, Sale D., 1451, 183). Dieu, qui rend a chacun ce qui luy est deu, vous paiera de vostre desserte (C.N.N., c.1456-1467, 245). La croix bieu, puis que c'est acertes, Payé seras de tes dessertes. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 34). ...fut en ceste propre place deceü et trahy par celuy dont plus se fyoit et par adventure justement payé de sa desserte pour les cas qu'il avoit commis dudict connestable et par avarice de ladicte ville de Nancy. (COMM., II, 1489-1491, 140).

 

-

Rendre sa desserte à qqn. "Rendre la pareille à qqn" : C'est pour li rendre sa desserte De ce qu'elle orains me tença. (Mir. abbeesse, 1340, 77).

B. -

"Récompense, salaire" : ...se uns teliers tissoit si maisement un drap que, par se defaulte, il ne fuist poient saillés, il perderoit se desierte et avech che seroit à l'amende de chiench s. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1372, 404). Un bien de ceulx qui loyaulx sont, Quant il leur puet d'Amours bien prendre, Est si grant que les faulx n'en ont Pas la centiesme part du mendre. Mais le grief mal que c'est d'actendre En longue douleur la deserte, Leur fait sembler qu'on leur veult vendre Ce qu'Amours donne ailleurs en perte. (CHART., D. Rev., a.1424, 312). ...selon la dignité et desserte des merites d'un chascun. (Somme abr., c.1477-1481, 134). Item se moeut par mouvement droit en rendant aux bons leurs dessertes et pugnissant les mauvais se moeut obliquement ou de travers. (Somme abr., c.1477-1481, 145). LE JUIF. Que tout son sainct corps glorieux [de Jésus] A ouvert la porte des cieulx, Viendra juger bons et mauvais Et qu'a chascun selon leur faitz Rendra le loyer et desserte. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 153).

C. -

"Faute commise" : ...ce que nous est advenu me donne a present moins de poix a porter ; de tant que tu m'as monstré clerement l'equitté divine et l'iniquité de nos humaines offences, et cil ne doit indignement soustenir la paine, qui arrogaument a commis la deserte. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 86).

 

-

"Punition" : De procéder vers les furtifs par contumaces et de les actaindre et convaincre et mettre en forban, de les rappeller et leur donner et impartir pardon et rémission de leursdits cas et délits, et les autres, pour leurs dessertes, faire escheler ou batre (Cartul. Laval B., t.3, 1452, 147).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 5/33 
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     DESSERTE1          DESSERTE2     
FEW XI servire
DESSERTE, subst. fém.
[T-L : desserte ; FEW XI, 541b : servire]

A. -

Desserte des mets. "Mets desservis" : [Les serviteurs de chaque table] ...gecteront le relief es corbeilles, les saulses et brouetz es seilles ou cuviers, et retrairont et apporteront la desserte des més aux escuiers de cuisine ou autres qui seront ordonnez a la sauver, et ne porteront riens ailleurs. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 188).

B. -

"Ce qui est servi à l'issue du repas, dessert" : Pour desserte, composte et dragee blanche et vermeille mise pardessus, rissoles, flaonnés, figues, dates, roisons, avelaines. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 183).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 6/33 
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     DESSERVANT     
FEW III deservire FEW XI servire
DESSERVANT, subst. masc.
[AND : desservaunt ; FEW III, 53a : deservire ; FEW XI, 542a : servire ; TLF : VII, 22a : desservant]

"Celui qui assure le service religieux d'un lieu" : ...Jehan des Aultes, pbrestres chappelains, desservans en l'église perrochiale du dit Charroles (Archives servit. Louis XI, T., 1477, 119).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 7/33 
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     DESSERVEUR     
FEW III deservire FEW XI servire
DESSERVEUR, subst. masc.
[T-L : deservëor ; GD : deserveor ; FEW III, 53a : deservire ; FEW XI, 542a : servire]

"Celui qui est préposé par le seigneur pour garder et faire valoir une propriété" : Le bastart qui muert en nostre duchié, se il est nostre homs au temps qu'il va de vie à mort, les meubles nous escherront purement et absoluement, desquelx nous paierons les debtes de son lay raisonn[able] ; et s'il avoit heritage qui feust en nostre duchié et justice, et il muet de nous, ledit heritage nous escherra ; et se ledit heritage estoit d'autruy fief ou d'autruy cens ou siet en autre justice, les diz heritages nous escherront en tele maniere qu'il nous en convient desmettre dedans l'an et le jour, et y mettrons deserveur. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 93).

Rem. Ex. d'a.fr. ds GD II, 579c.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 8/33 
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     DESSERVIR1          DESSERVIR2     
FEW III deservire FEW XI servire
DESSERVIR, verbe
[T-L : deservir ; GD : deservir1 ; GDC : deservir ; AND : deservir1 ; FEW III, 52b : deservire ; FEW XI, 542a : servire ; TLF : VII, 22b : desservir1]

I. -

[Intensif de servir]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

Desservir qqn. "Servir qqn avec zèle" : Maiz il est trop bon a savoir Que Deduit d'Oiseaulx, mon seigneur, Est sanz mal en bonté greigneur, Car donne profit et plaisance Et bien honneste sans grevance A tous ceulx qui l'aiment et servent Et qui loyalment le deservent Trop plus grandement que ne fait Deduit de Chiens. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 422).

 

-

"Servir qqn (à table)" : LE MOUNYER. Or sà, mon petit con doré, Qu'as-tu acoustré à repaistre ? LA MONNYERE. Chommés vous ! vous debvés congnoistre Qu'on avons asés et de bon. Voela du bouilly, du jambon, Pain, vin, perdriaulx et mauvys. LE PREMIER GENTIL HOMME. C'est faict ! nous voela deservys. A tous les deables le saulard ! (Gent. moun. T., c.1500, 368). [ou "récompensés"]

 

2.

Desservir qqc.

 

a)

"Servir à qqc." : JUDAS. Chier maistre, trop vous traveilliez ; Laissez moy servir le couvent : C'est a moy, je le fais souvent, Sans vous donner si grant ensonne. PIRAGMON. Et moy qui suis saige personne, Y sçaroy je riens deservir ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 237).

 

b)

"Être chargé du service de qqc." : En la chappelle de saint Pierre Pendent deux lampes (...) Que de basme, sire, je sers, Et maint esté et mains yvers Les ay desservi jusques cy. (Mir. pape, 1346, 357). ...ung evesque, aprés, ces rentez et la vesture donoit a Saint Lourent l'abbie, qui la metoit ung vicaire ; et encor en appelle ons le preistre qui le desierte vicaire, car ly abbeit de Sainct Lorent en est droit vestis jusques al jour d'huy. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 89). À Mre Fouques Guillet, prestre, commis par monseigneur l'evesque de Paris à desservir et gouverner la chapelle Monseigneur Saint Loys fondée en l'eglise Saint Jehan en Greve, en l'absence de Mre Lucas Lesueur, prestre chappelain d'icelle chappelle, à present absent en l'obeissance des Anglois (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 216). ...le fait de sa coustrerie recommenda a ung jeune gentil clerc pour la deservir jusques a son retour. [Un "coustre" part pour un long voyage] (C.N.N., c.1456-1467, 283).

 

-

"S'acquitter (d'une fonction)" : Et desservira chacun vendeur l'office en sa personne, sans ce qu'il le puisse faire desservir par autruy (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 11). Et a juré maistre Clement de Fauquanbergue dessusdit, qui par avant visitoit les lettres à la Chancellerie, qu'il servira et desservira ceans son office continuelment, car autrement n'eust esté esleu (BAYE, I, 1400-1410, 349). Maistre Jehan de Vouton, qui estoit conseillier lay en la Chambre des Enquestes, a esté receu en la Grant Chambre pour y deservir son office de conseillier. (FAUQ., I, 1417-1420, 165).

 

.

Desservir un fief. "Accomplir les devoirs dus pour la possession d'un fief" : ...je en suy entréz en creant de service, (...) et en promet à deservir le fiedz par la maniere que ledit fiedz le doit et requert (Trés. Reth. S.L., t.2, 1384, 306). ...Jehan de Lille, desservant le fief Drieu de Hamelet (Hist. dr. munic. E., t.1, c.1389, 591). Jugement don segneur Hugue Henneborjat d'une pairt, et de Simonin Chevallat, l'amant, pour Hanri de Vault, et de Arnoult Roguenel et de Jehan Tripotel, d'aultre pairt, pour l'eritaige de Beu, le quel jugement dit que, parmei ce que ledit segneur Ugue est bien souffixant pour ledit fief a desservir, qu'il a bien ledit heritaige a avoir. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1353], 316).

 

.

Desservir chevalerie : ...chevalerie est trop grant chose et doit estre donnée en bataille ou au Sainct Sepulcre pour l'honneur de Nostre-Sauveur Jhesus-Crist, et (...) en assault chevalerie ne se doit pas donner, sinon à ceulx qui en sont extraictz d'ancienneté et que leurs predecesseurs l'ayent desservie et soyent nobles d'antiquité (BUEIL, II, 1461-1466, 113).

 

-

Desservir bon service. "Bien accomplir son service" : BOITEUX. Maleurté m'a si fort suyvye Qu'a elle je suis asservant. AVEUGLE. Pour bon service desservant Trouverai ge poinct ung valet ? (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 58).

 

-

Empl. abs. : ...Jehan des Aultes, pbrestres chappelains, desservans en l'église perrochiale du dit Charroles (Archives servit. Louis XI T., 1451-1481, 119).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Qui remplit une fonction, qui est chargé d'une tâche (administrative)" : ...et [les paroissiens] ne doivent estre traictéz devant autre juge que devant les maistres des forests ou devant le verdier de la forest de Bretheuil, ne aller aux veuez par semonces d'aucuns des sergens de la viconté de Bretheuil ne d'autre, sinon par les sergens descervians ou de la forest, par ainssi que les lieux où ilz demeurent les enfranchissent, et aussi ceulx qui sont descervians doivent estre exens du fouage et de tous autres subcides quelxconques en leurs lieux où ilz sont demourans seullement (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 293).

 

-

Prov.

 

.

On ne peut desservir deux cures : On ne peut desservir deux cures (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 484).

 

.

Qui a autel desert, d'autel doit vivre. "Il est juste que chacun vive de son activité" : [P. réf. à Cor. IX, 13-14] : Il est escript par l'apostre Saint Pol : Qui a autel desert, d'autel doit vivre. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 94).

B. -

[D'une chose] Desservir à qqc.

 

1.

"Servir à qqc." : ...membre noble qui dessert a tous les autres membres (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 259). ...membres nobles qui desservent a la vertu attraitive (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 259). Les choses temporeles devent deservir au choses espiritueles, conme lez mains dignes au plus dignes. (Songe verg. S., t.1, 1378, 30). ...et si met deux manieres de biens qui deservent a ceste double vie, c'est assavoir lez biens terriens et lez biens espiritueulx ou celestes (Songe verg. S., t.1, 1378, 166).

 

2.

Correspondre à qqc. : Quant le degré ascendant est trouvé par aucune de ces 2 manieres et nous voulons trouver les commencemens des autres maisons, donques nous devons situer le dit degré ascendant en astrelabe sur le orison de la table qui desert a nostre region. (PÈLER. PRUSSE, Élect. L.F., 1361, 94).

II. -

[Idée de mérite ou de récompense]

A. -

Desservir qqc. "Gagner qqc. en servant ; mériter qqc."

 

1.

"Mériter (un avantage, une récompense, un salaire...)" : ...et com pris Ai compris En ceste Amoureuse Prise, Es dous biens qu'Amours m'envoie, D'estre en voie, Pour vostre amour desservir, Fleurs du monde, a vous servir. (ACART, Prise am. H., 1332, 1). Que vaut loër lez tres sains hommez Qui pas ne furent ce que sommez Einz ont ja gloire deservie, Se ne voulon sieuvre leur vie ? (Vie st Evroul S., c.1350, 39). Et brïement, tous tendent par raison au plus grant bien que on puisse avoir, et c'est la derreniere et souveraine fin excepté paradis et la grace par quoy on le desert, de quoy la consideracion passe et est oultre ceste science. (ORESME, E.A.C., c.1370, 104). M'amie, je vous retenray Voulentiers, se, pour desservir Argent, vous pensez a servir. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). Car plus me poés merir Que je ne puis desservir (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 108). "A quoi faire sont cil, que nous nommons signeur, plus grant maistre de nous ? A quoi l'ont il deservi ?" (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 96). Tous jours [le marquis] l'a trouvee [Griseldis] sanz blame, Et vertüeuse sanz deffaulte. Si [Griseldis] en dessert bien honneur haulte, Et, se Dieu plaist, si avra elle, Car certainement croy que celle Par son bien vendra au dessuz (Gris., 1395, 71). Prenez vint florins de Florence, Car bien les avez desserviz. (Gris., 1395, 74). ...Proece ne voelt point que nuls povres bacelers de bonne volenté s'escuse de non querir les armes par defaute de mise, car se il le vault, il trouvera qui l'aidera, se il le desert, qui l'avancera et paiera selonch son bien fait. (FROISS., Chron. D., p.1400, 36). ...l'entention toutevoie dudit Colart est que, se il aura plus desservi qu'il n'a eu, que les commissaires à oïr les parties lui facent raison. (BAYE, I, 1400-1410, 146). Je ne quier point de guerredon, Car le desservir m'est trop hault ["Car mériter une récompense, c'est pour moi trop "haut", trop au-dessus de ce à quoi je peux prétendre"]: Je demande grace en pur don Puis que mort ou mercy me fault. (CHART., B. Dame, 1424, 346). Quant mercy auront desservy De cueur loyaument asservi, Ne retenez point leurs merites ! (Narcissus, p.1426, 306). Car celui qui te fist n'a pas voulu ta creation pour te voyr perir, mais pour toy aider et adresser ta fragilité par la vigeur de sa grace, que tu ne peulz deservir fors par travail en oeuvres meritoires, vainquant le monde charnel par l'espirituel puissance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 25). ...ayez esgart a cest très vaillant homme (...) auquel le vray Juge celestiel donna a la fin a chascun ce qu'il ot desservy ! (LA SALE, Sale D., 1451, 112). Et fut dit et recité au Jouvencel que le cappitaine estoit bien content de lui et qu'il auroit si bonne part au butin qu'il en devroit estre content, et lui donneroit ung cheval pour porter son paige ; car il l'avoit bien desservi. (BUEIL, I, 1461-1466, 38). De quoy leur sert leur deablerie Quant, pour tout guerdon desservant, Vous congnoissez leur broillerie ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 448).

 

-

"Gagner qqc." : Ne panre loier ne guierdon Ne robe n'autre pension, Se tu ne la vuez deservir. C'est covoitise senz raison. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 108). Pour les gaiges de nous banneret, .IIII. autres bannerés, XXXIX chevaliers bacheliers et IIIc LVI escuiers de nostre hostel et compaignie desservis en ces presentes guerres (Doc. 1372. In : J. Marchand, Bibl. Éc. Chartes 88, 1927, 263). De Dyogenés me souviengne Et que son fait pour vertus tiengne, Qu'onques pour rentes desservir Ne vault Alixandre servir. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 13). ...les gaiges de moy écuier banneret, un chevalier bachelier et neuf vins escuiers de ma compagnie desservis et à desservir aux gaiges du Roy (Cartul. Laval B., t.2, 1411, 400).

 

-

[P. méton. du sujet] : MARIE. (...) Ma vertu ne desert, Ne bien que face en secret ou appert, Telle chose qui n'eust oncques pareille (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 174).

 

-

Prov. Dieu paye selon qu'on dessert : Dieu paye selon qu'on dessert. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 112).

 

2.

[Dans un sens négatif] "Mériter (une punition, une conséquence pénible...)" : Enffe dous, graicieux, tu n'ais mort desservie ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 474). ...Et recoumanda a cerchier Se larron ou murdrier estoit Qui la mort desservi avroit (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 107). Tant se monteplierent ces parolles et amises que messire Symon Burlé fut grandement aggrevé, et fut ordonné (...) qu'il avoit desservi pugnicion de mort (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 41). Ainsi sommes nous deux roys exilliez par vostre prouesce, non pas par vous, mais par ma fole emprise, car Dieux si m'a pugny encore moins que je ne l'avoye desservy. (ARRAS, c.1392-1393, 172). Or [Fromont] est destruit par l'art demoniacle, car tous ceulx qui sont forcennez de yre sont ou commandement des princes d'enfer ; et par ce fist Gieffroy le grant et horrible et hideux forfait d'ardoir son frere et les moines qui mort ne avoient point desservie. (ARRAS, c.1392-1393, 255). Messeigneurs et mes freres, nous avons tous desservi la mort pardurable, nous qui avons pechié mortelment. (GERS., Déf., 1400, 242). Or l'a la mort en jenne aage ravie, Et moy, qui l'ay tant loyaument servie, Viz en doleur sans l'avoir desservie Et sans savoir pourquoy ma vie dure. (CHART., Compl., 1424, 326). ...un empereur qui avoit ung filz ou nepveu qui commist ung horrible et dampnable cas pour lequel il avoit deservy mort (JUV. URS., Verba, 1452, 295). Et fut ainsi mené que dit est batre par lesdiz carrefours dedens ung ort, vilain et paillart tumbereau dont on venoit de porter la boe en la voierie. Et, en le batant par lesdiz carrefours, comme dit est, le monde crioit à haulte voix au bourreau : "Batez fort et n'espargnez point ce paillart, car il a bien pis desservy !..." (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 82). Et mon dit seigneur respondit que s'il avoit tout l'argent du monde qu'il ne le laisseroit pas aller, puisqu'il avoit deservi mort (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 49). L'homme en pechant descend de la dignité de sa nature, et ainsi appert que les presceus peuent demerir et deservir paine perpetuele par leurs demerites et malices. (Somme abr., c.1477-1481, 172). ...et prindrent leur couleur, disant qu'ilz avoyent faict decapiter le jour devant ung homme et, nonobstant qu'il eust bien desservy, si n'en avoyent-ilz nul povoir comme ilz disoyent, pour ce que leur povoir estoit expiré par le trespas dudict duc, qui les avoit creéz audict gouvernement. (COMM., II, 1489-1491, 190). ...car ledit prince luy avoit voullu faire une grande trahison et avoit bien desservy toute pugnition, s'il ne l'eust pris à seüreté, venant devers luy à son mandement. (COMM., III, 1495-1498, 77). Desquelz faulx rappors ledit conte fut fort estonné et courroucé en son cueur, et pourpensa dès lors soy evader et s'en aller hors du royaulme, pour eviter la fureur du roy, laquelle n'avoit justement deservie. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 143).

 

-

Ne rien desservir. "Ne pas mériter de punition" : ...vous avéz trop mespris a nostre linaige quant vous demandast cavage a nulz de nous ; car vous voulsist pendre l'enffant Ogier, qui n'y avoit riens deservit et qui est le mieldre de tous ceulx qui appartinent a vous et a nous ; apréz, voul[i]eis Gaufroit destruire son pays : ce fut tout mal fait. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 31). JOSEPH. O haulte puissance eternelle, Vray gubernateur de justice, Tu vois la terrible injustice Dont a present je suis servy Et sans riens avoir desservy, Mais tant seulement pour bien faire. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 377).

 

-

[P. méton. du sujet] : Et pour tant que tous agens ou facteurs ne peuent riens en ce qui est par desseure eulz, pareillement nature ne puet en aucun fait meritore qui passe sa faculté et son pouoir, mais elle puet au fait de pechiet, qui est demeritore et desert paine, comme en aucune chose dedens et dessoubz humaine nature. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

 

-

Empl. abs. : ...ilz [les ennemis du roi] ne se doyvent pas esbahir se ilz seuffrent, car ilz ont bien deservy. (JUV. URS., Loquar, 1440, 372).

 

3.

Desservir qqc. à qqn. "Mériter qqc. (récompense ou punition) auprès de qqn" : Et garde bien sur quanques vers lui te puez mesfaire que ne nuises a autrui par fausse envie en fait, en dit, n'en quelconques pourchas. Car tu te dampneroies mauvaisement - poson qu'on le t'eust desservi -, car Dieu ne veult pas qu'on se venge (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 139). Ha ! mes dames, vostre bonne mercy, mais je ne l'ay pas a Dieu desservy, et ce qui en est me vient de lui par voz bonnes prieres. (LA SALE, J.S., 1456, 161).

 

4.

Desservir (à/de/pour) + inf. "Mériter de + inf." : Ardez tost ceste vielle, car bien deservis l'a ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1030). Et devons cy savoir que nul ne doit, ne selon Dieu ne selon le monde, vouler estre plus honoré ne en plus haut degré que il n'a deservi, ne si ne doit mie usurper le droit d'autruy (Songe verg. S., t.1, 1378, 309). ...tu y fis pendre, noyer et decapiter plusieurs qui l'avoyent deservy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 298).

 

-

Desservir + inf. : Sire roy, Mahon qu'avez com Dieu servi Vous ottroit qu'aiez deservi S'amour avoir ! (Mir. Clov., c.1381, 215). Par quoy selon ta loy escripte et justice mesmement qui se garde entre les hommes, ilz desservirent non pas seulement morir, mais avec ce perdre tout leur heritage pour eulz et leurs enfans, tant le temporel paradis terrestre comme l'espirituel (GERS., Concept., 1401, 398). ...et faisant et mectant a effect ce que tu as apris par lecon en la maniere que tu as aduise par saincte meditacion, auecques laide de dieu que tu as impetree par oroison, et tout ce tu deseruiras obtenir par meritoire operacion. (CIB., p.1451, 178).

 

-

Desservir à + inf. : ...lez freres Precheurs et Meneurs qui gardent la tres excellente fourme de l'Euvangille, si deservent a avoir gloire et estre sauvez, laquelle chose n'est mie contre ce que nous avons proposé. (Songe verg. S., t.2, 1378, 231). ...lesdiz Tuillieres, Pacy, Chaon et Goybe, qui furent d'oppinion que, jà soit ce que ledit hermite, par sadite confession, eust bien deservi à estre executé comme traitre et murdrier, que l'en surseist de faire icelle execucion jusques au landemain (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 322). ...[ils] delibererent et furent d'oppinion qu'il estoit très-fort traitre dudit seigneur et de son royaume, et un très-fort larron, murdrier et bouteur de feux, et que, comme tel, il avoit desservi à estre excecuté solempnelment, pour ce qu'il est nobles homs et de noble ligniée (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208). Si vous pry humblement qu'il vous plaise a moy mettre a finance si raisonnable que je ne soye pas destruiz de ma seignourie, et vous y plaise a regarder en pitié, non pas prendre ma fole emprise en vostre rigueur, combien que je congnoiz que j'ay bien desservi a estre pugny rigoureusement. (ARRAS, c.1392-1393, 167).

 

-

Desservir de + inf. : C'est un service en desservant, Et me semble que un tel servant Est de tout perdre deservant Quant envaÿr Veult l'onneur sa dame et traÿr. (CHART., L. Dames, 1416, 286). Il a desservy et dessert D'estre pendu (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 117). ...ilz sont dignes et ont bien deservy d'estre bien paiez et bien remunerez (FAUQ., III, 1431-1435, 40). Et en pourroit le Pape encourir infamie et deserviroit d'estre privé de tout honneur (FAUQ., III, 1431-1435, 45). ...mais encores est raison que vous sçachiez qui le chevalier est qui desservy a d'avoir l'onneur de celle feste (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 257). ...lequel, pour singulieres graces en luy infuses et pluseurs haulx et grans fais chevalereux, avoit mery et deservy d'estre eslevé en ce haultain trosne (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 46).

 

-

Desservir pour + inf. : Saichez a qui vostre don se fera Et se cilz a desservi pour l'avoir (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 209).

 

5.

Desservir que. "Mériter que" : NOSTRE DAME. (...) Pour ce, je vous pri qu'ilz desservent Qu'ilz aient leur petticïon (Mir. enf. ress., 1353, 7). Point ne dessert c'on lui doie donner Des biens d'amours ne petit ne partie. (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 305). Et se vous donnez par plaisance, gardez que fole largesce ne vous surpreingne, tant que on s'en puist escharvir de vous, car ceulx qui auroient desservy que vous leur feissiez bien, s'en tendroient pour mal contens, et les estrangiers vous en blasmeroient en derrier. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Qui quiert de chascun mesdire dessert bien qu'on le deschire. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 182).

 

-

Ne deservez que + subj. "N'attendez pas de mériter que" : DEUXIESME SERGENT. Ne desservez pas c'on vous fiére : Alez en sus. (Mir. Clov., c.1381, 250).

 

6.

Inf. subst. : ...Car a nullui n'est destiné Qu'il soit pendu ne traïné, Ne qu'il meure de mort vilaine, S'il ne met au desservir peine. (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 18).

 

7.

Part. passé

 

-

[D'une chose] "Telle qu'elle mérite d'être" : ...et pour mettre ceste affaire en style desservi et requis... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 11).

 

-

Gage, salaire ...desservi. "Salaire mérité" : Symon Galois de Leure, laman de la galie Gauvain Baudisson, pour le demourant de ses gaiges desservis en la dicte galie depuis le premier jour de septembre jusques du derrenier d'octobre (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1347, 119). ...la somme de cinquante six livres douze soubz quatre deniers tournois en prest sur les gages de nous, deux autres chevaliers et dix neuf escuyers desservis et à desservir en cestes présentes guerres ou païs de Flandres, en la compagnie de monsieur de Chastillon, en la chevauchée que le Roy, nostre dit seigneur, entant faire audit païs. (Cartul. Laval B., t.2, 1383, 305). ...la femme de lui qui parle ot, pour son salere desservi en ensevilissant le corps dudit defunct, et du consentement dudit maistre Guillaume Perdriel, unes paire de chauces à homme. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 88). À Jehan Chosat, conseillier de monseigneur le duc de Bourgoingne, la somme de sept vins dix huit frans qui deue lui estoit pour ses gaiges desserviz par soixante dix neuf jours entiers par lesquelx il afferme, en sa loyaulté et conscience, avoir vacqué pour les besongnes et afferes de mondit seigneur par plusieurs et diverses intervelles (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 113). De Jehan Sacquespee, receveur de la composicion des aides en Artois, la somme de mil frans sur ce qu'il peut et pourra devoir à mondit seigneur à cause de sa recepte, en deniers paiez à reverend pere en Dieu monseigneur l'evesque d'Arras sur ce qui lui peut estre deu à cause de ses gaiges desservis pour le voiaige de Constance (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 8). Ce jour, le procureur du Roy a consenti que maistre Guillaume Herbelin soit paié et contenté des salaires par lui deservis ou service de feu maistre Guillaume Intrant (FAUQ., III, 1431-1435, 155).

 

-

Peine desservie. "Travail qui mérite récompense ou salaire" : ...en buvant lui et sondit frere oudit hostel du Pot d'Estain attendant que un cousturier qui demeure assez près dudit hostel du Pot d'Estain venist boire avec eulz, et qu'il le païast de son salaire et peine deservie en faisant sa robe (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 496).

 

8.

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui mérite qqc., qui a du mérite" : ...Bien sont heureuz les ensuyvans Qui le nom suyvent des parfais : Le los donnent aux deservans ["le rayonnement des "parfais" rejaillit sur ceux qui les suivent, mais à la condition qu'ils s'en montrent dignes" (Éd.)] (GARIN, Compl., 1460, 74).

B. -

Desservir qqn. "Récompenser qqn ; payer qqn de retour" : ...nul ne tent a lui servir Qu'elle ne vueille desservir. (Mir. march. larr., c.1349, 96). Pour ce je vous dy qu'il me samble Que tel Seigneur fait bon servir[,] Qui sy bien le scet deservir, Qui a le servir veult entendre[.] Il li scet bien bon loier rendre. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 98).

 

-

Desservir à qqn : Ha ! vierge (...) si bel savez desservir A ceulx qui, par devocion, Ont en vous leur entencion. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). Aux amans est de bien servir A la fin qu'en grace en deviennent, Et aux dames de desservir A ceulx qui a droit se maintiennent. (CHART., D. Rev., a.1424, 316). Doublement desert a celluy Qui le sert et qui l'onneure. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 104).

 

-

Empl. abs. : Aux amans est de bien servir, Et aux dames de desservir ["de récompenser"], S'ilz trouvent en eulx loyaulté. Amours, qui les fait asservir, Jamais ne les veult desservir Du don d'amoureuse pité, Ains veult qu'ilz soient respité, Au point de leur neccessité, Sans monstrer rigoreux reffus (Narcissus, p.1426, 307).

C. -

Desservir qqc. (à/vers/envers/par devers...qqn)

 

1.

"S'acquitter de qqc. par reconnaissance (envers qqn), revaloir qqc. (à qqn)" : Se bien nous vollez faire, nous lou recepverons Et a nostre poioir nous le deservirons (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 178). Tous li avoirs qui est en Bruges Repus en coffres et en huges Ne m'euïst valu une pomme, Se n'euïssent esté chil homme Qui m'ont a mon besoing servi. Jamais ne l'arai desservi. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 39). Or me donneiz, s'il vous plaist, la vowerie de Liege, sy prendray d'eulx vengence. Je le deserviray bien, vous saveiz comment. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 204). Et ne m'est point advis que jamais puisse desservir le grant honneur que le tres noble prince vostre pere me fist. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 54). Nous luy donnons beaucop d'ensonne, mais tout desservirons en fin. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 364).

 

-

à qqn : Car bien seroit raison que voustre cortoisie Vous soit en aulcun tempz de parrt moy desrvie. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 119). ...Et s'i nous fait honnour, on lui desservirait. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 166). ...Se donner nous voulés vostre or et vostre argent, Nous deux le vous vourrons desservir loyaulment (Tristan Nant. S., c.1350, 271). Car il convient deservir ou reservir a celui qui a fait grace ou courtoisie. (ORESME, E.A., c.1370, 293). "Haa, noble chivalier," dit il, "comment me seroit il possible de vous desservir les grans biens que vous m'avés faitz ?" (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 62). ...il s'en est tant bien acquitté que jamais ne luy sarions desservir [Le seigneur a rendu un "éminent service" à la femme de son meunier] (C.N.N., c.1456-1467, 42). En cedit temps, le roy, estant à Compiengne, escripvit unes lettres missives au grant maistre estant à Amyens, dont la teneur s'ensuit : "Mons. le grant maistre, j'ay receu voz lettres et vous mercye tant que je puis de ce que avez fait, et ay entencion de le vous desservir et de corps et de biens, et Dieu me doint la grace et Nostre Dame de le povoir desservir..." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 265).

 

-

vers/envers/par devers qqn : En tous lïeux ou vous sara, Sur toutes vous vourra cherir, Mais qu'i vous plaise a remerir Ce qu'envers vous deservira. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 106). Certes, Lyonnel, ilz sont pou de princes que vous ne puissiez bien aidier et secourir par la conduite de vostre haulte prouesse. Et au regard de moy, je m'en loue moult grandement et le desserviray envers vous quant je pourray. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 39). De par Dieu, beaux seigneurs, fait elle, quy me doinst vers vous deservir cestui gracieux recueil. (Comte Artois S., c.1453-1467, 109). Et remercia le roy alors son oncle des bienfaits, qui estoient grans, et passoient, ce disoit, la charité de tous les princes chrestiens et de ses propres parens, par quoy il se réputoit plus tenu à luy aussi qu'à tous ceux du monde ; et désiroit bien à vivre le temps qu'il le pourroit desservir envers luy (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 36).

 

-

Qqc. se dessert. "Qqc. trouve sa récompense" : HERODE. Seigneurs et princes de la loy Qui pour nostre salut veillez, Nous vous avons tant moult traveilléz, Mais tout bien se desservira (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 90).

 

-

Empl. impers. : Pour ce que tu m'as bien servi Vueil je que te soit desservi, Car ce que m'as requis avras (Mir. st J. Cris., c.1344, 277). ...si tant vouliez faire pour moy, il vous seroit tellement par moy desservy que vous en devriez estre contente. (C.N.N., c.1456-1467, 263).

 

.

Il est à desservir. "Cela mérite récompense, cela est très obligeant" : ACHIN. Vrayment de cela je me charge (...) ; Aucune faulte n'y aura, Songneux en seray, je l'affie. SAMUHEL. De cela je vous remercye, Vrayment il est a deservir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 259).

 

.

Il serait bien à desservir. "Cela mériterait d'être payé de retour" : PATHELIN. J'en sçay, par bieu, telz cinq ou six, De qui cent et cinquante frans Viendront en vostre main tous frans. LE PELLETIER. Il seroit bien à desservir ! (Nouv. Path. T., c.1474-1485, 50).

 

2.

"Payer qqc. à son tour, pour indemniser" : Moult despendoit et moult donnoit Et trouvoit qui le delivroit De ses frais sy soutieuement Que il n'en pooit proprement Jugier que par adeviner Qui ensy l'en fist delivrer Des honneurs, que il ne savoit ; As menestreux en demandoit Et as hiraux secretement, Et le deservoit largement Selonc l'estat qu'il enquerqua. (Dit prunier B., c.1330-1350, 74).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     DESSERVIR1          DESSERVIR2     
FEW III deservire FEW XI servire
DESSERVIR, verbe
[T-L : desservir3 ; GDC : desservir ; AND : deservir2 ; FEW XI, 541a : servire ; TLF : VII, 22b-23a : desservir2/desservir3]

I. -

"Ne pas rendre le service dû à qqn ; rendre un mauvais service à qqn, nuire à qqn (en qqc.)"

A. -

"Ne pas accomplir le service (le service féodal dû à qqn)" : "Ogier, beau filz, il convient que je toy pende, car Gaufroit ton peire l'at deservit a moy" Quant Ogier l'oyt (...) sy dist au roy : "(...) Beau sire, vous aveiz tort de demander a sy excellent prince que le roy Gaufroit de Danemarche, mon peire, qui est le plus tresgracieux de sanc qui regne au jour d'huy en monde, ce sceit on biens, tel mandement que vous luy avéz mandeit. Et pourtant qu'il noye(z) estre voz serf, sy me vouleiz fondre. Je cuide que vous mocqueiz. Se vous aveiz plus de terre de moy et de seingnourie, c'est vostre profit et honneur. Maiz que vous soyéz miedre de mon peire et de moy, je le vous noye..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 25).

B. -

Desservir à qqn. "Rendre un mauvais service à qqn ; nuire à qqn" : Ha, Mort ! Or m'as tu bien deserte Et courcié le cuer sans deserte, Qui en mourra Maugré toy si tost qu'il pourra, Et non pas si tost qu'il vourra. (CHART., L. Dames, 1416, 212). La premiere ploure la perte D'Espoir, comme a tousjours deserte. L'autre dit : "Desir m'a deserte Et recreüe, Sans Desperance mescreüe ; Plus l'ay par mon desir creüe, Plus m'est doubte et douleur creüe". (CHART., L. Dames, 1416, 260). Assez acquiert Qui en a ce que honneur requiert ; Maiz de trop fier baston la fiert, Qui de deshonneur la seurquiert En la servant. C'est un service en desservant, Et me semble que un tel servant Est de tout perdre deservant Quant envaÿr Veult l'onneur sa dame et traÿr. (CHART., L. Dames, 1416, 286). Ung loyal [amant] doit estre servi De grace, et non pas desservi Par reffus ou euvres despites. (Narcissus, p.1426, 306). Las voire ! Mais comme prendra En gré cuer qui longuement sert, S'il voit un autre qui tendra La joye du bien qu'il dessert ? S'en bien servant on le dessert, Son service est mal advenant, Quant le temps et le loyer pert, Et le reçoit un survenant. (CHART., D. Rev., a.1424, 318). Ja soit ce que pas ne desserve Voustre grace par mon servir, Souffrez au moins que je vous serve Sans voustre mal gré desservir. Je serviray sans desservir En ma loiauté observant, Car pour ce me fist asservir Amours d'estre voustre servant. (CHART., B. Dame, 1424, 338). Et pour ce est tresbelle et proffitable chose a tous josnes escuiers de servir sans desservir (LA SALE, J.S., 1456, 67). ...et, par especial, chassèrent et pillèrent tous ceulx qui myeulx avoient servy ceste maison de Bourgongne, indifferamment, sans regarder ceulx qui en aucune chose le povoient avoir desservy entre les autres. (COMM., II, 1489-1491, 206).

 

-

Desservir vers qqn : Faictes tant que amenés Jesus Bien garoté et bien lyé., Affin qu'il soit humilïé Comme il a vers nous desservi. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 281).

C. -

Desservir qqn de/en qqc.

 

1.

"Nuire à qqn en le dépouillant de qqc." : Hé ! Amours, est ce bien servy De m'avoir ainsi desservy De tout plaisir qui cueur solasse ? (Narcissus, p.1426, 300). Veu que j'ay tant Amour servy, Ne suis je pas mal guerdonné ? Du plaisir qu'il m'avoit donné Sans cause m'a tost desservy. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 295). Jhesus, nostre bon conducteur, Nostre maistre, nostre pasteur Que si long temps avons servy, Juïfz t'ont monstré leur vigueur Et ont destendu leur rigueur De t'avoir a mort asservy. Eulx que tousjours les as servy De bien et d'onneur resservy Comme lëal predicateur, Or t'ont de vie desservy. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 380).

 

-

Desservir qqn. "Dépouiller qqn" : Car souvent avient qu'on dessert Le bon servant et qu'on en sert Le servant qui nouvel acourt. (Abuzé D., c.1450-1470, 46).

 

2.

"Nuire à qqn en qqc." : Sire, je te cri merci a grant douleur que tu, qui es mon Createur, ay desconneü et deservi de tres grans mauls sans nombre. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 51).

 

3.

Se desservir de qqc. "Faire le sacrifice de qqc. ; renoncer à qqc." : Si te garde que de ce maiz Tu ne soiez servi jamaiz, Car, se tu t'en laissez servir, Du nom te couvient desservir. Dont vois tu bien que par pechié Auras nom de mal entechié. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 116). De ma jeunesse me dessers Et veez le bien que de vous ay ! Servy vous ay et si vous sers (Abuzé D., c.1450-1470, 77).

D. -

Desservir qqc. à/vers/envers qqn. "Faire qqc. de mal à qqn"

 

-

Desservir qqc. à qqn : C'est moy qui ay commis ce mal ; J'en suis le motif principal, C'est moy qui dois estre asservy. Que t'a mon peuple desservy ? Il n'a rien meffait dessus toy. Sire, tourne ta main sur moy Et contre la maison mon père ; Execute ce vitupère, Ton peuple plus ne persecute. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 248).

 

.

"Rendre la pareille à qqn" : Belle sans foy (...), Adieu vous dy, je vous rent vostre foy. (...) Ce poise my quant me voulez changer, Je ne le vous voulx oncquez deservir. Vostre plaisir est de renouveller Et moy laissier pour autre retenir. Si pri a Dieu qui vous puist advenir Chose par quoy chascun vous moustre au doy. (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 127).

 

.

Desservir (un mauvais coup) à qqn. "Nuire à qqn (par un mauvais coup)" : ...Malvais roy fier et faulx, Je ne vous prise mie la monte de doulx aux ! Tant avés desservi a nous gens enviaulx Qu'a vous fille vorai faire ainsi c'un ribaus, Ne jamaix enver ly n'iert li mien corpz loialz. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 338).

 

-

Desservir qqc. vers/envers qqn : NOSTRE DAME. (...) Filz, humblement vous ay servy Si n'ay pas vers vous desservy Chose par quoy doiez debatre A m'octroyer l'un de ces quatre, Car tous sont en vostre puissance. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 120). Nous ne sommes murdriers ne larrons que l'en nous doye mettre a mort comme sont ceulx qui par traÿson nous ont icy emprisonnez et sans l'avoir desservi envers eulx. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 202).

E. -

Empl. abs. "Démériter" : ...lesquelx reformateurs puniroient celx qui averoient failli, et priveroient ceulx qui avoient desservi. (BAYE, I, 1400-1410, 306).

II. -

"Débarrasser la table" : Deux maistres d'ostel pour faire lever et ordener l'assiecte des personnes, ung asseeur, et deux serviteurs pour chascune table qui serviront et desserviront, gecteront le relief es corbeilles (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 188). ...les menestrelz recommencerent a jouer de leurs instremens et les dames et damoiseles chanterent par les tables avecques les chevaliers, et ainsi se maintindrent tant qu'il fut temps de desservir. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 68). ...faictes la table desservir, Francequin, affin que me lieve (LA VIGNE, S.M., 1496, 205).

 

-

Desservir qqn. "Débarrasser qqn des plats dont il s'est servi"

 

.

Empl. abs. : ...Fors au disner, la est il [un valet] servissable Pour desservir souvent sanz commander (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 27).

III. -

[Anton. de asservir] Desservir qqn. "Libérer qqn" : Et el seuffre que maint habonde, Tout a son ayse, En quelque chose qui lui plaise, Sans ce qu'a elle en riens desplaise Et sans congnoistre qu'est mesaise, Qui deservy N'a pas estre des biens servy Qu'Amours depart, car asservy N'est pas son cuer, maiz desservy (CHART., L. Dames, 1416, 220).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 10/33 
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     INSERVISSABLEMENT     
*FEW XI servire
INSERVISSABLEMENT, adv.
[*FEW XI, 539b : servire]

"D'une manière négligente" : Inofficiose (...) : sans serviche, reboursamment, inservissablement (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 241).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/33 
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     INSERVISSABLETÉ     
*FEW XI servire
INSERVISSABLETÉ, subst. fém.
[*FEW XI, 539b : servire]

"Négligence" : Inofficiositas (...) : inservissabletés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 241).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 12/33 
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     MALMESERT     
FEW XI servire
MALMESERT, subst. masc.
[GD : malmesert ; FEW XI, 542a : servire]

[Nom donné à un mauvais serviteur] : Ne Jehan, ne Gaultier, ne Guillaume ne les nommoit, mais quant les lettres que on li bailloit leues il avoit ou pour escripre aucune chose leur commandoit, Maumesert chascun d'eulx il appelloit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 77).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 13/33 
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     MESSERVIR     
FEW XI servire
MESSERVIR, verbe
[T-L : messervir ; GD : messervir ; AND : messervir ; FEW XI, 541b : servire]

Empl. trans. "Maltraiter" : De quoi peut donques plainte faire Ne vers Dieu maintenir murmure Cil qui est povre par nature, Se Dieu, qui tout par grace donne, Richeces ne li abandonne Qu'unques vers li ne desservi ? Mais cil de quoi a messervi Se tient qui maladie endure ["Mais cet autre, en quoi se considère-t-il comme maltraité qui endure une maladie"], Quant le roi autelle ou plus dure La seuffre malgré son visage ? (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 115).

 

-

Empl. abs. "Mal servir, faire du tort" : Donc, ne doi estre repris, S'ai empris Voloir de si noble emprise, Car ja pour venir a pris Senc apris Mon cuer de si douce aprise, Que, se ja merci n'avoie, Si s'avoie Mes cuers, sanz ja messervir, Flours du monde, a vous servir. (ACART, Prise am. H., 1332, 1).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 14/33 
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     PARSERVIR     
FEW XI servire
PARSERVIR, verbe
[T-L : parservir ; GD : parservir ; FEW XI, 541b : servire]

"Bien servir qqn et jusqu'au bout" : NOSTRE DAME. (...) pour tant apporté le t'ay Que je vueil que tu me parserves, Si qu'en la fin avoir desserves Paradis (Mir. ev. N.D., c.1348, 79). Et pour ce qu'il convient que la en France me menés et enseigniés lieu et passage ou je porray mieux et plus seurement passer, je vous pry que vous m'y vueilliés parservir, affin que je puisse parvenir a mes intencions, et une fois mieux vous en sera. (Saladin C., c.1465-1468, 111).

 

-

[Domaine de l'amour] : Pense d'amer et de celer, Endure et sueffre par tel voie Que tout mien te doie appeller Et qu'à toy tout seul estre doie ; N'i quier autre [amour] que la moie, Et s'ainsi te voy parservir, Je metray paine au desservir. (MACH., App., 1377, 652).

 

-

Empl. abs.

 

.

Prov. Celui qui sert et ne parsert, son loyer perd : Car bien et deshonneur ansamble Ne puelent estre, ce me samble. Aussi dit-on que cils qui sert, S'il ne parsert, son louier pert. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Et pour ce dit le proverbe commun que "cely qui sert et ne parsert, son loier pert", maiz cely qui persevere et jusques en la fin constanment continue, cely est digne de actaindre la victoire et la fin qu'il desire, et sy est digne d'avoir le loier et le honneur qui s'en doit enssuir, car en la fin se moustre la proesce. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 731). Alors damp Abbés si tres humblement qu'il peust l'en remercia, puis se pensa d'un commun proverbe qui dit : "Cellui qui sert et ne parsert son loyer pert," lors a Madame donna l'absolucion et par charité la baisa tres doulcement et print congié (LA SALE, J.S., 1456, 256). Moy, considerant le commun proverbe qui se dit que qui sert et ne parsert, son loyer pert, leur ottroiay leur requeste liberalement. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/33 
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     PERSERVIR     
FEW XI servire
PERSERVIR, verbe
[T-L : parservir ; GD : parservir ; FEW XI, 541b : servire]

"Faire bien son service jusqu'au bout" v. parservir

 

-

Prov. : Celui qui sert et ne persert Souventes fois son loyer pert (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 216).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

 Article 16/33 
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     PRÉSERVIR     
*FEW XI servire
PRESERVIR, verbe
[*FEW XI, 541b : servire]

"Devancer par le service (?)" : Et si vous voulez bien servir, Voire et sur aultres preservir, Serez les bien eureux amez Et en noblesse reclamez (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 250).

REM. Ou est-ce perservir, parservir ?

V. aussi parservir
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 17/33 
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     RESSERVIR     
FEW XI servire
RESSERVIR, verbe
[T-L : reservir ; GD : reservir ; FEW XI, 541b : servire ; TLF : XIV, 982b : resservir]

A. -

Resservir qqn. "Payer qqn de retour" : Vierge pure, se cent mille ans Vous eusse cent mille tans Miex que ne vous ay reservi, N'aroie je pas desservi, Vierge, ceste grant courtoisie. (Mir. enf. diable, c.1339, 19).

 

-

Resservir à qqn : Car il convient deservir ou reservir a celui qui a fait grace ou courtoisie. (ORESME, E.A., c.1370, 293).

B. -

Resservir qqn de qqc. "Servir de nouveau ou en retour qqn de qqc., combler qqn de qqc." : ...d'oroison, comme il a fait cy devant, la veult arriere reservir. (C.N.N., c.1456-1467, 116). Juïfz t'ont monstré leur rigueur Et ont destendu leur vigueur De t'avoir a mort asservy. Eulx que tousjours les as servy De bien et d'honneur resservy Comme loyal predicateur, Or t'ont de ta vye asservy (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 810). [Aussi GRÉBAN, Pass. J., c.1450]
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 18/33 
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     SERDEAU     
FEW XI servire
SERDEAU, subst. masc.
[T-L : sert-del'eaue ; GDC : serdeau ; FEW XI, 542a : servire ; TLF : XV, 378b : serdeau]

I. -

"Pot à eau"

 

Rem. Doc.1390 (un bassin d'argent blanc appelé sert de l'eaue), 1394 (le pot sert de l'eaue) et 1408 (une aiguiere d'argent blanc appellee sert de l'eaue) ds GAY II, 346a.

II. -

"Officier de bouche de la maison du roi ou d'un grand, qui reçoit la desserte des mains des gentilhommes qui servent les plats à table" : L'audiencier du roy d'Angleterre, pour 2 sauz-conduiz pour serdeliaue et Perrin le pelletier, paiez à la relacion de Me J. le Royer (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 247). ...Huissiers d'armes, cirurgiens, Chappellains et clers de chappelle, Et sert de l'eau (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 182). Le Brethon, sert-de-l'eau. (Ch. VI, D., t.1, 1398, 153). ...VIII aulnes de blanchet que madicte dame a données à son varlet de chiens et au serf de l'eaue (Comptes Lille L., t.1, 1416, 148). ...Sandrin Le Mareschal, serdeleaue en l'ostel de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 403). ...item, pour huit aulnes de grosse toille pour les devantaulx du fourrier de mondit seigneur, son varlet de fouriere, le serf de l'eaue et le varlet d'aumosne (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 439). À Symon, sert de l'eau, ledit jour, sept solz six deniers, pour sa despence allant d'Angiers à Saumur quérir aulcunes paillaces et espiez (Comptes roi René A., t.1, 1452, 6). ...Clémens, sertdeau (Comptes roi René A., t.3, 1469-1470, 339). ...ceste povre royne (...) confuse entre les mains de ses serdaux... (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 307).

 

Rem. Doc.1392 (l'office de sert de l'eaue) ds GAY II, 346a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 19/33 
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     SERGENT1          SERGENT2     
FEW XI servire
SERGENT, subst. masc.
[FEW XI, 532b : servire]

"Ferrure destinée à tenir serrées deux pièces de bois" : ...une chiviere et 1 sergant servans a retenir le groz bout de l'arbre et se retient les 2 ghantes dou rouwet (Doc. 1403. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 896).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 20/33 
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     SERT     
FEW XI servire
SERT, subst. masc.
[GD : sert2 ; FEW XI, 541a : servire]

A. -

"Service" : Et quant Jonesse le ravit Et lui volut son sert monstrer, Conseil eust qu'elle se chevist A harnas et lance porter (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.4, 1440-1442, 93).

 

Rem. Doc.1361 ds GD VII, 399b. Var. ds DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 76, v.887, mais il ne peut guère s'agir de ce mot, en dépit du gloss. (cf. aussi le compte rendu de F. Lecoy).

B. -

DR. FÉOD. "Servitude (liée à un bien)" : ...sauve et exepté la justice des chemins et les fronz et les sers des dictes chouses qui ne sont pas en la somme dessur dicte, et neentmains les li baillons à tenir sa vie pour paier les sertes, les rentes, les aulmoulnes et les debvoirs qui sont deues sur les chouses que nous li baillons, tant de viage comme de héritaige. (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 189).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 21/33 
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     SERTE1     
FEW XI servire
SERTE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : serte ; GD : serte1 ; FEW XI, 541a : servire]

A. -

"Service" : Secondement eschive envie, Car, tant que la tiendras en vie Et vouldras user de ses sertes, Ton estat en vauldra moins certes. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 43).

 

-

Selon sa serte. "Selon le service rendu, selon son mérite" : Or doncques tous les loyaux bons Auront leurs loyers et desertes, Et les folz de pervers regnons Seront descriptz selon leurs sertes. Nous voulons par voyes appertes Bailler a chacun son bon los (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 12). L'on a loyer selon sa serte. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 713).

 

-

Faire sertes. "Faire du service, servir ; ici, suivre une règle de vie, faire des efforts" : En riens ilz ne sont dominables Sur peché ; mais peché les tient, Qui enracine ["enraciné"] au cueur se tient Et tout ainsi regne sur terre. En toutes vertuz chacun erre. De chacun la honte est perdue. Virginité a nulle est deue, Nul n'a ses loyers et dessertes, Car aucun ne veult faire sertes ; Ains regne en toute vilité, Adonnez a felicité Mondaine, tant l'homme que femme. Ilz perdent le corps et pauvre ame. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 459).

 

-

Faire les sertes de qqc. "Faire ce qu'il faut pour mériter qqc." : Les merites en ung instant Veullent avoir et grans dessertes, Desquelles ilz n'ont fait les certes (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 437).

 

-

"Travail domestique, corvée" : Par dens de herces et rateaux est ouvree Tant quë Athlas soubz sa charge pesante Ont rendu las qui faisoit si grant serte, Et n'y a plus beste en terre vivante Que les humains (ne) destruissent sans desserte. (Cene dieux, c.1492, 110).

B. -

DR. FÉOD.

 

1.

"Charge (féodale)" : "Qu'est ce que j'oys, dis-je, compains ? - Ce sont, dist il, ames, a certes, Vivans en douleurs et en plains, Punies selon leurs dessertes. Car leurs services et leurs sertes Ont employé en l'amour vaine.. Elles sont de joye desertes Et aront pardurable paine." (MARTIN LE FRANC, Champion dames I, D., 1440-1442, 59).

 

2.

"Servitude (liée à un bien)" : ...sauve et exepté la justice des chemins et les fronz et les sers des dictes chouses qui ne sont pas en la somme dessur dicte, et neentmains les li baillons à tenir sa vie pour paier les sertes, les rentes, les aulmoulnes et les debvoirs qui sont deues sur les chouses que nous li baillons, tant de viage comme de héritaige. (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 189).

C. -

P. méton.

 

1.

"Période de service d'un serviteur, d'un ouvrier"

 

Rem. Doc. 1404 (comme Jehannin le Fevre, qui avoit esté varlet et serviteur de Jehan Lategnet, et demouré en son hostel par pluseurs sertes et annees), 1458, (le suppliant respondi qu'il estoit mareschal et ne pourroit guaignier la vie de lui, de sa femme et enfans sans varlet, mais se sa serte estoit faitte il le mettroit dehors) ds GD VII, 399c ; mêmes ex. ds DU CANGE VII, 448c, s.v. servitium.

 

2.

"Salaire" : Les vices leurs maistres accusent : Si les larrons aultres accusent, Neantmoins ilz ont leur deserte : A meschans gens chestive serte. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64). Voy qu'en ce monde n'a que confusion. Ceulx qui le suyvent n'auront infusion D'aulcune grace, ains toute illusion Rappourteront. Et, en la fin, qui les conforteront, Quant du monde riens n'en emporteront, Mais en enfer les pennes porteront De leur dessertes ? La n'y auras ne pain ne vin de sertes. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 89).

REM. Pour l'aspect régional (Ouest), cf. T. Matsumura, R. Ling. rom. 63, 1999, 609.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 22/33 
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     SERVANT     
FEW XI servire
SERVANT, adj. et subst.
[T-L : servant1/servant2 ; GD : servant2 ; FEW XI, 538b : servire ; TLF : XV, 409b : servant]

I. -

Adj. "En servage, esclave" : Hiero, qui puis fut maistre souverain de Sicile, comme bien il deservi, fust exposé et dejecté de son pere tresnoble et hault seigneur pour ce que il estoit engendré d'une chamberiere servant et il sembloit que c'estoit honte a son lignage et comme villaine tache a si tres noble sanc. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 124).

II. -

Subst. masc. "Serviteur" : N'est ce chose plus honnourable Que tu voies devant ta table Tes chevaliers, tes escuiers, Tes clers, tes servans, tes mestiers Vestis ensamble en ordenance A la bonne guise de France, Que ce qu'il soient en tel guise Que chascuns einsi se desguise ? (MACH., C. ami, 1357, 133). ...le dame (...) dist a son servant Qu'il alast a Huon le paon presentant (Hugues Capet Lab., c.1358, 129). Li roys marier la voloit Et donner à un sien servant. Pluseurs l'empresserent, et quant Elle vit qu'on l'apressoit trop, Elle leur dist, tout à un cop, Qu'elle avoit grant devotion De li mettre en religion, Et que jamais mari n'aroit ; Plus chier assés morir aroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). Li roys la fist tantost mander Pour li enjoindre et commander Que son servant à mari prengne. Elle dist : "Sire, ja n'aveingne Que je jamais prengne mary. Moult aroie le cuer mari, Se ma devotion perdoie, Que religieuse ne soie." (MACH., P. Alex., p.1369, 260). Mais juste qui est entre le seigneur et son serf ou du seigneur a son servant, et juste qui est entre le pere et son enfant ou du pere a son enfant, ce n'est pas juste politique de quoy nous avon dit (ORESME, E.A., c.1370, 302). Et semble que elle [l'incontinence] seüroie raison en la maniere que aucuns servans vistes et hastis qui s'en cueurent executer avant que il aient oÿ tout le commandement. (ORESME, E.A., c.1370, 383). Si sui com servans sans maistre, Mis hors de toute priere, N'en moy nulz biens ne puet naistre, Fors toute doleur pleniere. (MACH., L. dames, 1377, 68). Il entre a l'oustel et trouve touz ses servans et servantes instruiz a la poste de la dame, car aultrement ilz n'y demoureroient point, tant fussent ilz bons et loyaulx (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 21). Et les servoit on si appertement que, se chascuns souhaitast ce qu'il voulsist oster ou avoir autre mès, si ne le peust on plus tost faire, dont chascuns s'esmerveilloit comment les servans estoient si diligens. (ARRAS, c.1392-1393, 40). Il me dist que vous deux et ly vostres servant Le voulsistes tüer en sa chambre en dormant. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 506). ...il n'est si grant seigneur ne si grant dame a qui tous ses servans soient loiaulz (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64). ...et l'excuses se mal en oÿs dire, et lui portes honneur et bonne renommee, - telz choses faictes de bon cuer ne sont mie flaterie, ains est vraye amour et pure loyaulté portee de bon servant ou servante a maistre ou a maistresse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 126). Item aussi devant le dict corps y avoit grant nombre a merveilles de gentilz hommes, officiers, maistres d'ostelz, varletz de chambre, escuiers, eschançons, paiges, servans et tous autres du train de sa maison (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311).

 

-

En partic.

 

.

"Celui qui sert, qui aide un homme d'armes" : Dune autre aide (...) pour creue de II hommes darmes et XII servans mis ou chastel de Carenten (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 41).

 

.

"Vassal" : N'y a mie signeur, mais vechi vo servant (Hugues Capet Lab., c.1358, 228).

 

.

Servant de l'escuelle. "Officier qui sert à table" : ...Guyon de Ploermer, nostre vallet servent de l'escuelle (Doc. Poitou G., t.3, 1349, 6). Jeune, gente, plaisant et lye, Je suis vostre loyal servent Et le seray toute ma vie. (Gaud. sot, c.1450, 7).

 

.

[Domaine religieux] : En ces choses et en moult de samblables seult estre esprouvé le loial servant de Nostre Seigneur (Internele consol. P., 1447, 218). Or sa, mon filz, en ensuivant Le cas de l'ordre singuliere, Vous promectez d'estre servant De Dieu, en faict et en manyere, Et tenir mode reguliere Avecques toute obeyssance, Sans jamais avant ny arriere Tourner a mondayne boubance. (LA VIGNE, S.M., 1496, 362).

 

.

[Domaine du service amoureux] : S'en lo Amours qui par son douls plaisir Si doucement conforte son servant (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 1). Plourez, dames, plourez vostre servant, Qui toudis ay mis mon cuer et m'entente, Corps et penser et desir en servant L'onneur de vous (MACH., L. dames, 1377, 206). Et d'autre part, pour plus s'enamourer, Dame qui est de servant assignee A de long temps quelque chose ordonnee Pour son amant courtoisement parer. (CHART., L. Plais., c.1412, 148). ...Par le refuz De celle a qui servant je fuz, Qui mist en mon cuer fers et fustz D'un dart amoureux (CHART., L. Dames, 1416, 208). Doulce, plaisant, gente et jolye, Retenez moy vostre servant, Et je meure joyeusement Pour l'amour de vous chiere lye (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 159). Madame, qui de avancer son treshumble servant jour et nuyt ne cessoit... (LA SALE, J.S., 1456, 66).

III. -

Subst. fém. "Servante" : Et de rechief que pour avoir lignee et representacion de son mary apres la mort d'icelluy, elle en laissa son lit et le soulaz de son mary, et luy bailla Agar sa chamberiere et la fist dame, et elle treshumblement devint serviteresse et humble servant (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 62). ...je, ton humble servant (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 17). Fleurie (...) dist a une sienne servant, nommee Agrapine, qui l'avoit comme toute nourrie et endottrinee... (Nouvelles inéd. L., p.1452, 61).

 

Rem. T-L IX, 559, servant2.
 

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 Article 23/33 
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     SERVANTAILLE     
FEW XI servire
SERVANTAILLE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : servantaille ; GD : servantaille ; FEW XI, 539b : servire]

"Serviteurs"

REM. Consol. de Boèce, c.1380 (ms. du XVe s., Les hommes ne sont pas seigneurs Des biens, des gloires, des honneurs (...) Ilz n'en sont mais que serventaille) ds GD VII, 400c, (Ilz sont derrieres et devant Avironnez d'escuirailles, De gens d'armes et de serventailles) ds GD III, 450c, s.v. escuiraille.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 24/33 
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     SERVANTE     
FEW XI servire
SERVANTE, subst. fém.
[FEW XI, 538b : servire ; TLF : XV, 410b : servante]

"Servante" : Je les deffen ; je les deporte ; Je les secour ; je les conforte Contre Desir qui les assaut Et fait maint dolereus assaut ; Je leur sui chastiaus et fortresse ; Je leur sui servante et maistresse ; Je leur sui dame et chamberiere ; Je porte partout leur baniere (MACH., R. Fort., c.1341, 78). LE ROY. (...) Conment avez nom, par vostre ame ? Dites le moy. OSANNE. Servante, sire, en bonne foy, Pour ce que voulentiers je sers Grans et petiz, et frans et sers ; Servante ay non. (Mir. roy Thierry, c.1374, 335). Bien suy a vilté Tenue comme une servente : Je n'oseroye mettre en vente Une seule mine de blé (DESCH., M.M., c.1385-1403, 63). Il entre a l'oustel et trouve touz ses servans et servantes instruiz a la poste de la dame, car aultrement ilz n'y demoureroient point, tant fussent ilz bons et loyaulx (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 21). ...et l'excuses se mal en oÿs dire, et lui portes honneur et bonne renommee, - telz choses faictes de bon cuer ne sont mie flaterie, ains est vraye amour et pure loyaulté portee de bon servant ou servante a maistre ou a maistresse. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 126). Tel response doit faire la bonne servante en tel cas a sa maistresse (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 128). ...entre aultres damoiselles, chambrieres et servantes de son hostel, celle ou nature avoit mis son entente de la faire tresbelle, meschine estoit (C.N.N., c.1456-1467, 115). C'elle est [l'épouse] en bonne compaignie, Entre gens de bien et d'onneur, Quelle honte ne quel deshonneur Y pourroit elle recepvoir, Puis qu'elle fait bien son devoyr Au mieulx qu'elle puelt, nuyt et jour, A son mary. Fault yl tousjours Qu'il la tiengne en requisiere ? N'est elle pas sa compaigniere, Non pas c'esclave ne sa servende ? (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 175). Par Dieu, maistre, vous soufflarés Et ma servante frapera Devant moy. (Pass. Auv., 1477, 177).

Rem. Ex. c.1330, cf. FEW.

 

-

[Domaine relig.] : NOSTRE DAME. O souveraine deïté, Souverain povoir eternel, Une essence en trinité, Moderez ce cas criminel. Sçavez que le cas n'est pas tel. Mais totallement innocente, Secours requiers pour ma servante (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 56). Mon seigneur, je suis son ancelle Et sa servante [de Jésus] a le servir ; Pour ce amaroys mieulx morir Que si en prenoye ung denier (Pass. Auv., 1477, 237).

 

-

[Cont. métaph.] : De ceste raison vient et naist discrecion, que aucuns dient prudence, laquelle est si comme servante de raison et ses commandemens envoie et met es cuers des creatures et distribue et depart tout ce que elle ordene. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 34).

 

-

En partic. "Femme noble (attachée au service d'un haut personnage féminin)" : ...de la journée assignée a ung grant prince de ce royaume par une damoiselle servante de chambre de la royne (C.N.N., c.1456-1467, 7).

 

-

Au fig. [À propos de choses] : Or appert donques que une espece laquelle est selon nature possessive est aucunement partie de yconomique et est devant, aussi comme servante et subministrative a elle. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 62).
 

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 Article 25/33 
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     SERVIABLE     
FEW XI servire
SERVIABLE, adj.
[T-L : servïable ; GDC : serviable ; DÉCT : servïable ; FEW XI, 540a : servire ; TLF : XV, 411a : serviable]

[D'une pers.] "Porté à rendre service, empressé à se rendre utile" : PREMIER ESCUIER. (...) il y a [chez Guillemin Enguerren] bon vin Et mesnie bien serviable Et bien gente (Mir. pape, 1346, 362). Et pour ce, tous ceulz qui sont blandisseurs, humbles et serviables, et veulent a chascun plaire, il sont flateurs et de servile condicion. (ORESME, E.A., c.1370, 255). ...le servant, qui de son seigneur a receuz maints grans biens, graces et benefices, est plus tenus de le bien servir, estre obeissant à ses commandemens, se garder de le courroucier, estre plus humble, serviable et bon (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 37). Loys en tous ses faiz et dits estoit trés gracieux, serviable et honnorable ; pourquoy damoiselle Agathe l'accueilly en grant amour (Nouvelles inéd. L., p.1452, 10).
 

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 Article 26/33 
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     SERVIABLETÉ     
FEW XI servire
SERVIABLETÉ, subst. fém.
[FEW XI, 540a : servire]

"Qualité de celui qui est serviable" : Famularitas (...) : serviableté, honnesteté (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 118).
 

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 Article 27/33 
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     SERVIÇABLE     
FEW XI servire
SERVIÇABLE, adj.
[T-L : servisable ; GD : serviçable ; FEW XI, 539b : servire]

A. -

"Au service (d'un maître)" : Famularis (...) : servissables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 165).

 

-

Estre seviçable à qqn. "Être au service de qqn" : ...lequel [ennemi, le diable] aussi n'avoit point encoires oublié la beste serpentine, qui luy fu serviçable en l'anchienne fraude. (MIÉLOT, Vie st Josse J., c.1449, 23).

 

-

"Prêt au service" : ...la [au dîner] est il [le mauvais valet] servissable Pour desservir souvent sanz commander. - Je n'en vueil point, varlet soit il au diable. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 27).

B. -

"Qui aime rendre service, attentif, prévenant" : "Nous povons acomparager le benoit Lorens au grain de moustarde, qui est desrompu en pluseurs manieres, que par la grace de son mistere il remplist le monde de bonne odeur, car, avant ce que que il estoit encore en vie, il estoit humble, incongneu et vil [var. mescongneu servisable]..." (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 730). [Var. ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] Se guerre est, saiche du debat, Et ne se mette en souldoirie Que pour la plus juste partie ; Vive en l'estat qu'il veult mourir : Si ne pourra s'ame perir. Soit preudoms et chastes du corps ; Sanz paier riens ne prangne hors : Nul ne se doit des biens farder De ceulx lesquelz il doit garder ; Soit larges, humbles et courtois, Bien acesmez, gens et adrois, Po parlans et bien servissables, En ses fais et parole estables (DESCH., M.M., c.1385-1403, 76). Serviciosus (...) : servissables (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 457). JHESUS (à ses disciples). ...Et tant plus devez estre doulx Et servissables entre vous Pour laver les piéz voulentiers A ceulx qui en aront mestier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 240). Et puis dist a sa fille : "Lyonnelle, soiés envers le chevalier amiable, debonnaire, serviçable, car c'est vostre chief et vostre reffuge. A lui vous donne et de vous me demay." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1080).

 

-

"Qui est obséquieux, servile" : ...k'uns hons se melle servichaulement et à tous vient servir et plaire, ce vient de serf corage et servichable par nature. De quoi tout li flatteur et blandisseur ki as gens voellent plaire sunt volentiers servichable. (ARKEL, Art d'amour P., t.2, c.1350, 95).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 28/33 
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     SERVIÇABLEMENT     
FEW XI servire
SERVIÇABLEMENT, adv.
[GD : serviçablement ; FEW XI, 539b-540a : servire]

"Obséquieusement" : ...k'uns hons se melle servichaulement et à tous vient servir et plaire, ce vient de serf corage et servichable par nature. De quoi tout li flatteur et blandisseur ki as gens voellent plaire sunt volentiers servichable. (ARKEL, Art d'amour P., t.2, c.1350, 95). Servissablement : obsequiose (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 259).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 29/33 
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     SERVIÇABLETÉ     
*FEW XI servire
SERVIÇABLETÉ, subst. fém.
[*FEW XI, 539b : servire]

"Obséquiosité" : Officiositas (...) : servissabletés (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 341). Servissableté : obsequiositas (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 259).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 30/33 
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     SERVIETTE     
FEW XI servire
SERVIETTE, subst. fém.
[T-L : servïete ; GDC : serviette ; FEW XI, 540b : servire ; TLF : XV, 414a : serviette]

"Linge dont on se sert à table ou pour la toilette, serviette" : ...le bon home li demande des touailles et des servietes (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 53). Succre pour riz et pommes une livre, petites servietes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 183). Et a ce fraiches touailles ou serviectes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 184). ...demi XIIe de serviectes fines prinses de lui ou mois de septembre précédent pour servir d'espices devant MdS (Comptes Lille L., t.1, 1412, 81). ...100 frans pour convertir en menues parties de la despence sur ledit mois de may et lesdits autres 100 frans pour avoir serviettes pour mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 276). ...une nappe, deux ou trois touailles, deux ou trois serviettes (Paris domin. angl. L., 1420-1435, 246). ...à Pierre Lautremont, (...) Item, (...) 30 servietes du grand lé de aulne à aulne, (...) Item, à luy, doze servietes du petit lé, en deux pièces, chacune d'une aulne (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 55). ...[damp abbé] mist sur l'espaule la serviecte et va ça et puis la trestous bien servir de bons vins et viandes (LA SALE, J.S., 1456, 292). Et quant le prince veult laver, le panetier baille la serviete au premier maistre d'hostel qui doibt servir pour ceste fois. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 22). JHESUS. Prenons l'eaue et nous lavons. Tous disnerons et sans arreste ! SALMIN. Sires, vez la l'eau toute preste Et aussi une belle serviete, Blanche, clere et toute nette [L'éd. É. Picot porte une belle finette (Romania 19, 1890, 272 ; T-L s.v. finete)]. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 50).

Rem. Le doc. daté de 1361 ds GDC X, 669b, est en fait de 1561 (cf. Archives historiques du Département de la Gironde, Paris-Bordeaux, t.8, 1866, p.331-333). Cf. aussi Trav. Ling. Litt. 25-1, 1987, 277. Amant cord. M., 1490, 62 ; LA MARCHE, Tois. d'or P., 1500, 125...
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 31/33 
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     SERVIR     
FEW XI 536a servire
SERVIR, verbe
[T-L : servir ; GD : servant1/servant2 ; GDC : servir ; DÉCT : servir ; FEW XI, 536a : servire ; TLF : XV, 416b : servir]

I. -

[Idée de soumission et de dépendance (lat. servus)] Servir à / de qqc.

A. -

[D'une pers.] "Être le serf, l'esclave de qqc., être dépendant de qqc." : De l'amour de Ludie estoit si bien servis Que par jour et par nuit aloit pensant toutdis Comment porroit avoir le pucelle gentis. (Bât. Bouillon C., c.1350, 165). Car nous veon que le plus des gens sont trop enclins a delectacion et servent as delectacions. (ORESME, E.A., c.1370, 497). ...Mercure (...) reprit ses elles argentees affin d'increper la tardité et lente progression de sez compaignons servis ["assujettis"] ou zodiaque (Lyon cor. U., 1467, 27).

 

-

"Se soumettre à, se conformer aux exigences de qqc." : ...sy ne fust il [César] oncques si espouvris qu'il ne lui souvenist de honnesteté et qu'il ne servist a vergongne (LA SALE, Sale D., 1451, 198). Plus n'accomplirey vostre veul, Palharde cher pugnaise et orde, Puis que Dieu m'a pris en sa corde. Je veulx servir a l'esperit, Lequel, mon Dieu, estoit perit, Si ne m'eussiés ad vous tiree. Las, mon Dieu, j'estoye dampnee, Si ne fust vostre bonne grace. (Pass. Auv., 1477, 150).

B. -

[D'une chose] "Dépendre de qqc." : Et met encore Averroïz une autre similitude de pluseurs artifices qui sont souz un principal auquel il servent. (ORESME, C.M., c.1377, 464). Et est dit serventoys pour ce qu'il doibt estre servant devant et derriere a une amoureuse [Éd. : "le premier vers de chacun de ses couplets est le même que le premier vers de chacun des couplets correspondants de l'amoureuse" ; ces vers sont dans la dépendance de ceux de l'amoureuse] (BAUDET HER., Doctr. sec. rhétor. L., 1432, 170). Les serventois servent pareillement aux puis royaulx, ausquelz il y a certaines regles que les princes desdis puis y mettent (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 244).

 

-

"Être subordonné à qqc." : Et selon ceste maniere sont les arts et doctrines et offices ordenees les unes pour servir as autres. (ORESME, E.A., c.1370, 104).

II. -

[Idée d'obligation dont on s'acquitte (par soumission, par dépendance...)]

A. -

Servir qqn (plus rarement à qqn). "S'acquitter de certaines obligations, de certains devoirs envers qqn"

 

1.

[Envers Dieu]

 

a)

"Se mettre au service de Dieu, en vivant, en agissant selon la loi divine" : LE SEIGNEUR. (...) Servons Dieu et n'en parlons plus. S'il lui plaist, cest veu bien tenrons. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). Mais toutesvoies, celui qui les sert [les dieux et noz parens] et honeure selon sa puissance, il est vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 451). Premierement amez et doubtez et servez Dieu vostre Createur, continuelment. Tenez les commandemens de nostre mere Saincte Eglise et tous les degrez et commandemens de nostre foy catholique. (ARRAS, c.1392-1393, 152). ...qui peche ne le sert pas [Dieu] (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 167). ...puis que madame est accoustumée de servir Dieu, qu'elle parface. [La femme est en oraison] (C.N.N., c.1456-1467, 271). ...fors ce Qu'en Dieu servant tu auras amassé. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 27). Pour toy servir et honnorer, Abandonner Tout ce que j'ay, Jhesus, vouldroye. Je ne me sçaroye souler, Toy adourer, Ne gracïer si que devoye. (Pass. Auv., 1477, 131). Mon seigneur, je suis son ancelle Et sa servante [de Jésus] a le servir (Pass. Auv., 1477, 237).

 

-

"Se consacrer au service de l'Église" : ...il disoit a sa dame qu'il vouloit doresenavant servir Dieu et vivre de ses benefices et soy du tout rendre a l'eglise. (C.N.N., c.1456-1467, 416).

 

b)

"Rendre à Dieu le culte, les honneurs qui lui sont dus" : ...et sur ce ont baillé requeste, et ancor requierent, attendu le temps d'aoust et vendenges, que puissent revenir en leur couvent servir Dieu. (BAYE, I, 1400-1410, 200). ...nous nous emploierons à bouter la guerre hors d'icellui royaume et le mettre en paix et transquillité, afin que Dieu y soit servy et honnoré (FAUQ., II, 1421-1430, 96).

 

-

Servir la Vierge / un saint : NOSTRE DAME. Chiére amie, a ma voulenté M'as lonc temps amée et servie (Mir. enf. diable, c.1339, 3). SAINT PRIST. (...) Dame, jadis soloie avoir Un sergent qui moult m'honnora, Moult me servy et moult m'ama (Mir. prev., 1352, 254). Encores veul et vous commande que aprés Dieu vous amez et servez la benoite Vierge Marie (LA SALE, J.S., 1456, 36).

 

.

[Suivi d'un compl. introd. par de] : Pierre, malement ouvré a Le pape (...), Car je voy que par avarice Il a perdu com fol et nice Le basme dont l'en te servoit Et qui en ta chappelle ardoit (Mir. pape, 1346, 364). ...conment elle garanti de mort un marchant, qui lonc temps l'avoit servie de chapiaux (Mir. march. larr., c.1349, 94). Et pour ce me vueil octrier, Dame, a vous servir de chapiaux, Chascun samedi, touz nouviaux (Mir. march. larr., c.1349, 94).

 

.

Empl. abs. : Si vueil que n'i ait plus tardé C'on ne me voit le bourgois querre, Qui du basme servoit. (Mir. pape, 1346, 387).

 

c)

Servir à Dieu / à un dieu. "S'acquitter de ses devoirs (envers Dieu, un dieu ou une idole)" : ...saint Paulin de Nole (...) ne fut par adversité De servir a Dieu empeschié (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 107). A ce devroient penser voire Les folz qui aux ydoles servent, Qui rien fors enfer ne desservent. Folz sont il voir et plain de rage, Qui aourent leur propre ouvrage (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 268). Se tu desires pour le miex Qu'aux ydoles ne serve point, Ottroies moy donques ce point Que prendre me vueilles a femme. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 291). Et pour ç'a li [à ton Dieu] servir m'ottroy : Si fera mon seigneur le roy (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 297). Sire, les biens que desservir Poons de servir a noz diex Sont moult grans (Mir. st Panth., 1364, 315). L'EMPEREUR. Vas me querre, vas sanz demour Les prestres a noz dieux servans. (Mir. st Panth., 1364, 345). Sept hermittes, sire, ay tué, Que trouvay en un hermittage, Servans a Dieu de bon courage. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 39). ...il a le monde servy Seulement, sanz servir a Dieu (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). Lesquelles si engendrent et produisent maintez filz au reaulme, non point en servitude mais en libertez, lesquelx a Dieu servent non point par timour mais par charitey et en libertés de enfentement de bonnes evre. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281). O mes amis, Anges polis - a Dieu servans, Quant Guabriel vis, Et concepvis, - joyeux, risans Estions en seans. Tout ce revire ! (Pass. Auv., 1477, 246).

 

d)

Part. prés. en empl. subst. "Fidèle, dévot" : Princes, servons de cuer et de pensée L'arche en qui fu la sainte char fourmée De Jhesu Crist, car bien li ramentoit Son vray servant, afin que sauvé soit. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 245). Femme loée u ciel dont saint Jehans Jadis vous vit pour voz servans deffendre Ainsi qu'une sainte cité descendre (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Dame, donnez moy desservir L'amour vostre filz vous servant Si qu'il me vueille pour servant Recongnoistre (Mir. parr., 1356, 51). DIEU. (...) En cel angle la voy assis Un nostre servant, Alexis (Mir. st Alexis, 1382, 337).

 

2.

[Du vassal envers le seigneur] : ...et demanday a Gaufroit de cuy il tenoit sa terre. Il me respondit qu'il la tenoit de Dieu et de nulz autrez. Je luy dis qu'il la devoit tenir de vous et vous servir. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 22).

 

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DR. FÉOD. Servir qqn de son devoir. "S'acquitter du service féodal envers qqn" : Mais le seigneur pourra bien prendre les choses dessusdictes sans le faire assavoir à son homme selon aucun cas, comme si le seigneur prenoit et saisissoit lesdictes choses sur son homme pour ce qu'il cuidast qu'il ne l'eust pas poié ne servy de son devoir, combien qu'il eust esté poié et servy de son devoir, ainsi le pourroit faire le seigneur pour quoy il jurast qu'il cuidast que l'omme ne l'eust pas suffisaument servy ne poié. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 539).

 

3.

[D'une pers. envers une autre qui l'emploie, à laquelle elle est soumise, en partic. du domestique envers le maître] "Assurer telle ou telle fonction auprès de qqn, être à ses ordres" : MAISTRE MORIN. (...) Sire, voulentiers le prendray [vostre filz] Et le mestier li apprendray (...) Mais je vous di bien qu'i convient Qu'il me serve set ans entiers (Mir. st Panth., 1364, 313). Je servoie conme meschine, On me servira con royne. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 87). En Saine une nef prenderons Ou il [vos filz] seront touz deux mis ens ; Et avec eulx ara dedanz Un vallet qui les servira. (Mir. ste Bauth., c.1376, 157). ...[il] ne vouloit plus servir son maistre, pour cause des injures qui avoient esté dites par entre eulx. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 25). Auquel lieu de Salucet il servi icellui capitaine, par la maniere que dit est, trois mois ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124). Item, cogneust que, un an a ou environ, elle lors servante une sienne maistresse chasubliere nommée Gilete La Lingiere (...) mal print et embla en icellui hostel deux aulnes de toille, desquelles elle qui parle fist faire des chemises pour elle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 198). ...il estoit allez en la ville de Cosne sur Loire, pour trouver maistre à servir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 228). Mais ilz ne vouldrent partir, et se rendy le chappellain hermite ou lieu de son maistre et le clerc le demoura servant comme devant. (ARRAS, c.1392-1393, 293). Et sachiez qu'il amoit tant Remondin que plus ne povoit, et l'enfant luy, et se penoit moult de servir le conte, son oncle, et de lui faire plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 17). ...attendu ledit temps que j'avoie servi ledit Seigneur et sa Court en la dicte Grant Chambre, moins mal le deveroie servir en icelle Chambre que en ladicte Chambre des Enquestes. (BAYE, II, 1411-1417, 273). Et semblablement monseigneur de Bourgongne fist serement pareil de servir loyaument le Roy et obeir à lui (FAUQ., I, 1417-1420, 157). ...ung jeune compaignon picard (...) servit tresbien et loyaument son maistre assez longue espace. (C.N.N., c.1456-1467, 68). ...je vous requier que vous soyez mon moyen vers ce cardinal que je le serve (C.N.N., c.1456-1467, 284). Quant deviendrez vielle, fleterye [à l'âge canonique], Plus ne servirez q'un viel prestre (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58). ...mais, depuis le temps que je veins en son service, jusques à l'heure de son trespas, où j'estoye present, ay faict plus continuelle residence avec luy que nul autre, de l'estat à quoy je le servoye, qui, pour le moins, a tousjours esté de chambellan, ou occuppé en ses grans affaires (COMM., I, 1489-1491, 1). EMPEREUR. (...) Aussi gardez des estatus enfraindre Qui appartiennent a ce noble degré Et vostre cueur poinct ne veillez reffraindre De m'obeÿr et servir [et de me servir] a mon gré. (LA VIGNE, S.M., 1496, 175). Pour Dieu, sire, ayez pitié de moy et de mes povres enfans et estandés vostre misericorde, et à tousjours mais ne cesserons de vous servir et de prier Dieu pour vous (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

 

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Servir qqn de qqc. "Être au service de qqn pour ce qui est de" : LE SENATEUR. M'amie, je vous retenray Voulentiers, se (...) vous pensez a servir. (...) LA FILLE. Grant merciz. De quoy, sire doulx, Vous serviray je ? LE SENATEUR. (...) Vous arez office ligiére ; Vous serez, sanz plus, claceliére De ceens (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). ...Jehan de Busse, qui de chausses servoit le roy... (LA SALE, J.S., 1456, 52). ...messire Michel de Changy, un de ses maistres d'hostel qui le servit du couteau ["qui faisait office d'écuyer tranchant"] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 157).

 

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Servir qqn de telle fonction. "Faire office auprès de qqn dans telle ou telle fonction" : Pour lors, estoie encores avec ledict duc, le servoye de chambellain et couchoye en sa chambre, quant je vouloye, car telle estoit l' usance de ceste maison (COMM., I, 1489-1491, 132).

 

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Servir (qqn) de + inf. : Sire, celi (...) Qui ceens d'escurer servoit Les vaissiaux et les draps lavoit S'en va du tout. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 292). ...lequel prisonnier, pour ce, si comme il disoit, qu'il estoit du païs de Caux, sondit seigneur et mary avoit bien en voulenté et plaisir qu'il conversast environ eulx, les servisist de fourrer leurs garnemens, et y gaignast sa vie comme un autre varlet fourreur feroit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). Providence de trencher la servoit, Discrection pourtoit meix acceptables, Docilité en vasseaux delectables Servit de vin es fois qu'elle bevoit. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 19).

 

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P. iron. : CERBERUS. (...) Lucifer, je le vous confesse, Je n'ay servy que d'abillier Ces dampnez qui sont en destresse ! [Cerberus vient de tourmenter les damnés ; "mon seul office a été de les arranger à ma façon"] (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.8713).

 

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Servir à qqn. "Être, se mettre au service de qqn" : Le monde c'est la cause toute Pour quoy l'omme sert au dyable ; C'est service mal agreable. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 96). ...l'ostel si est a vostre commandement pour l'amour d'un chevalier qui sert au gentil prince. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 359). ...quatre damoiselles qui servoient a la rouyne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1044). ...je suis tellement née soubz telle estoille pour estre preste et servant aux hommes ! (C.N.N., c.1456-1467, 519). ...je servis A celle qui est sans nul vice. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 42).

 

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Servir un office. "Assurer une fonction" : Et a juré maistre Clement de Fauquanbergue dessusdit, qui par avant visitoit les lettres à la Chancellerie, qu'il servira et desservira ceans son office continuelment, car autrement n'eust esté esleu (BAYE, I, 1400-1410, 349).

 

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Empl. abs. "Assurer une fonction auprès de qqn, assurer telle ou telle fonction" : Car je soloie estre servie, Et il me fault devenir serve, Se je vueil vivre, et que je serve, Ce qu'apris n'ay. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 67). Je servoie conme meschine (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 87). L'OSTELLIER. (...) Ariez vous point le cuer engrant De servir, dame ? OSANNE. S'il vous plaist, sire, oil, par m'ame, Voulentiers (...) Serviray pour gaingnier ma vie (Mir. roy Thierry, c.1374, 291). Cedit jour (...) l'en a trouvé que de VJ huissiers de ceans qui à leur tour estoient de servir pour ce moiz (...) n'en avoit presens que IJ qui servissent (BAYE, II, 1411-1417, 20). ...combien que ledit Gencien eust premierement perceu en ladicte Chambre des Enquestes gages de lay et servi comme lay, toutevoie estoit-il plus ancien conseiller en icelle Chambre, car il avoit primo servi comme clerc et après comme lay. (BAYE, II, 1411-1417, 25). ...comme par la grace de Dieu, du Roy et de sa Court, eusse servi ceans et exercé l'office de graphier par l'espace de seze ans (BAYE, II, 1411-1417, 273). ...combien que je me sentoie ancores sain et entier, et n'estoie ne rompu ne froissié, mais seulement ploié, si povoie ancores bien servir oudit office (BAYE, II, 1411-1417, 273). ...à trois enffans de ladicte chappelle, c'est assavoir Jehannin Poussart, Michelet des Peaulx et Hanotin Le Fevre, pour semblablement avoir servy par lesdiz 3 mois 10 jours entiers, aux gaiges chascun de 5 solz et 4 deniers parisis par jour (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 161). ...ses voisins (...) comme a court pluseurs servent par temps et termes, eurent leur audience. (C.N.N., c.1456-1467, 461). ...Monsieur de Bresse, monsieur de Montpensier, Monsieur de Foys, monsieur de Lucembourg Qui bien servirent tant en ville qu'en bourg, Helas, helas ! et monsieur de Vendosme, En qui estoit toute parfection d'omme. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 151).

 

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Servir à la voiture. "Faire office de voiturier" : ...il aloit aucunesfoiz servir à la voicture avecques son pere, qui estoit voicturier par terre (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1452-1453, 328).

 

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Servir de son metier. "Remplir son office, faire son métier" : Mais la deese de discorde N'y fu semonce, et pour ce y vint Sanz mander, et bien son lieu tint ; Car y servi de son mestier, Tout n'y eust elle ja mestier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 261).

 

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"Être serviteur, domestique" : ...elle estoit en la ville de Nogent-le-Retrou pour querir sa vie pour Dieu, en laquelle avoit esté par plusieurs fois paravant le temps dessus dit, et y avoit servi comme chamberiere (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 476). ...par environ un an et demi a, il a servi en l'ostel dudit mons. le connestable comme varlet et serviteur d'un nommé Jehannin Guespin, familier d'icellui mons. le connestable (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 516).

 

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[Du chien] : Chien a moult de painne pour sevir son mestre[pour la forme,cf. Introd. p.XXI] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 61).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Qui est au service de qqn, qui assure une certaine fonction" : ...oncques il ne aprint mestier ne marchandise, mais a tousjours esté varlet servant et homme vacabond (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...Jaquet du Chastenay, povre jeune homme servant, clerc non marié du pays de Poictou, (...) estant sur son partement pour venir en nostre ville de Paris pour les besongnes d'un appellé Jehan Brichou, seigneur de Puissec, son maistre, demanda à Françoise Gauvaigne, damoiselle, sa parente de bas, se elle vouloit riens mander à Paris (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 156). ...Perrin Paumier, varlet cordouennier, demourant en l'ostel d'un autre cordouennier d'icelle ville de Caen come varlet gangnant loier ou servant. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1435, 307). Laquelle nouvelle oÿe, incontinent les fadrins, qui sont les paiges servans de la nave, saillirent au palescarme (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 154). ...avoit ung gentil chevalier logé en ung bel et bon hostel ou il y avoit une tresbelle jeune chambriere servant de laquelle tresamoureux estoit (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Qui est au service de qqn, qui assure une certaine fonction" : ...oncques il ne aprint mestier ne marchandise, mais a tousjours esté varlet servant et homme vacabond (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...Jaquet du Chastenay, povre jeune homme servant, clerc non marié du pays de Poictou, (...) estant sur son partement pour venir en nostre ville de Paris pour les besongnes d'un appellé Jehan Brichou, seigneur de Puissec, son maistre, demanda à Françoise Gauvaigne, damoiselle, sa parente de bas, se elle vouloit riens mander à Paris (Doc. Poitou G., t.7, 1408, 156). ...Perrin Paumier, varlet cordouennier, demourant en l'ostel d'un autre cordouennier d'icelle ville de Caen come varlet gangnant loier ou servant. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1435, 307). Laquelle nouvelle oÿe, incontinent les fadrins, qui sont les paiges servans de la nave, saillirent au palescarme (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 154). ...avoit ung gentil chevalier logé en ung bel et bon hostel ou il y avoit une tresbelle jeune chambriere servant de laquelle tresamoureux estoit (C.N.N., c.1456-1467, 502).

 

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Part. prés. en empl. subst. V. servant "Serviteur" : Rois, donc hors d'entour ton filz mett Touz ses servans ; (...) Et pour li servir ne li bailles Mais que femmes bien acesmées Et pucelles gentes parées (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 288). Tu, seigneur, dois vivre justement (...) pour ce que tu puisses desprisier et ne craindre les langues de tes servans ; car la langue est la plus mauvaise partie du malvais servant. (LA SALE, Sale D., 1451, 192).

 

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Prov. : Mais cils qui sert plus loiaument, Cils a le milleur paiement. (MACH., D. verg., a.1340, 29). Donne si tu vieulx estre riches Et sers si tu vieulx estre sires ; Car pour donner et pour servir Peut ung home monter et venir Asséz toust en auctorité, S'il est garni d'umilité. (Liber Fort. G., 1346, 76). Il n'est servir que roy souvrain. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195). On ne puet servr a deux maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). Nul ne peut servir a deux seigneurs contraires l'ung a l'autre. (MACHO, Esope R., c.1480, 1130). Nul ne peut servir Dieu ne [l. et] le dyable (MACHO, Esope R., c.1480, 1136).

 

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Qui bien sert bon loyer attend : Qui bien sert, bon loyer atent (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 15). ...par droit dessert Loyer et honneur qui bien sert (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 10). Car qui bien sert bon loyer en attend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 176).

 

Rem. Prov. H., 229 [S80].

 

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Qui sert et ne parsert, il perd son loyer. "Celui qui sert, mais qui ne va pas jusqu'au bout, il ne doit rien tirer de son service" : Aussi dit-on que cils qui sert, S' il ne parsert, son louier pert. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Qui sert et ne parsert il ne doit prouffiter. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 200). Cellui qui sert et ne parsert son loyer pert (LA SALE, J.S., 1456, 256). ...considerant le commun proverbe qui se dit que qui sert et ne parsert, son loyer pert... (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111).

 

Rem. Prov. H., 229 [S82].

 

4.

[Du chevalier, du soldat envers son chef] : ...s'en ala devers son maistre, et luy compta la venue d'un jeune gentilhomme de Brabant, qui le vouldroit bien servir. (C.N.N., c.1456-1467, 173). ...monseigneur fut mandé pour servir son prince en la guerre (C.N.N., c.1456-1467, 279). Et en son lieu le roy donna ledit office de prevost de Paris à Jaques d'Estouteville, filz dudit deffunct prevost, en faveur de ce qu'il disoit que ledit deffunct l'avoit bien et loyaulment servy à la rencontre de Montlehery et aultres divers lieux. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 87).

 

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Servir qqn contre ses ennemis : Et aprez, les faictes jurer, se vous les eussiez mandez au siege, se ilz vous feussent venuz servir contre voz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 211).

 

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Empl. abs. "Assurer un service militaire, être soldat" : ...gens d'armes et de pié qui servirent à Maisières sur Meuse (Comté Champ. Brie L., t.1, c.1350, 449). ...lesquielx hommes darmes et servans avoient servi par divers temps ou fait des Bretons estanz à Champeaulx et à Genez pour resister à yceulz, et prenoit chascun homme darmes et chascun archier XV fr. par mois (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 276).

 

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Servir qq. part. "Être militairement au service d'un territoire, d'une entité politique" : ...il [le dauphin] a aveuc ly le bastard d'Ermignac, qui a esté premierement anglois, depuis a servy en Armignac [Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 401 parle du bâtard d'Armagnac en 1445 comme d'un élément indocile qui préfère dévaster le Languedoc plutôt que de repasser la Loire. D'apr. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 190-196, le comté d'Armagnac est une seigneurie très indépendante à l'égard du roi de France ou des grands feudataires et le comte d'Armagnac ne prête pas toujours hommage au même suzerain] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 57).

 

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Part. prés. en empl. subst. "Valet d'armée" : Pour vous faire aide et secours Vien j'a vostre mant (...) Et s'amaine, ce vous puis dire, Quinze cens de bons bacheliers Et trois mille tresbons archiers Et mil servans. (Mir. Oton, c.1370, 369).

 

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Inf. subst. : ...un Engleiz nommé Le Biernois, capitaine dudit fort, lui fist promettre et jurer qu'il le serviroit bien et loyaument contre toutes personnes. Auquel servir, pour eschaper qu'il ne païast aucune rençon, pource qu'il estoit povres homs, il se accorda. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 123).

 

5.

[De l'homme envers la dame aimée]

 

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Servir (une femme) : Dont j'en cognois aucuns qui, pour estre vrays amoreux et de bien loialment servir leurs dames, sont venus en si hault honneur que a tousjours en sera nouvelles (LA SALE, J.S., 1456, 9). ...difficile luy estoit de servir sa dame sans estre sceu ou a tout le mains suspicionné (C.N.N., c.1456-1467, 439).

 

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Aimer et servir qqn : ...ne luy suffisit pas de l'amer et servir en cueur seullement, mais d'oroison, comme il a fait cy devant, la veult arriere reservir. (C.N.N., c.1456-1467, 116).

 

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"Être le cavalier d'une dame (pour une danse)" : Doulcete, je vous servirey. Sus, menestriers ; accop touchés ! (Pass. Auv., 1477, 91).

 

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Servir à (une femme) : Vous devez savoir que l'accoinctance et alliance que le clerc eut a sa maistresse a laquelle diligemment servoit et complaisoit, qu'il n'estoit pas mains diligent de servir et complaire a son maistre (C.N.N., c.1456-1467, 92).

 

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Empl. abs. : ...durant le temps que Gerard servoit et estoit present [les autres], ne se monstroient, n'apparoient, saichant de vray qu'il alloit devant eulx a l'offerende. (C.N.N., c.1456-1467, 169).

 

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Part. prés. en empl. subst. "Celui qui se déclare prêt à obéir en tout à une femme" : Madame, qui de avancer son treshumble servant jour et nuyt ne cessoit... (LA SALE, J.S., 1456, 66).

 

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Servir Amour : Ce bon compaignon, jasoit ce qu'il eust bonne et preude femme, neantmains toutesfoiz il s'employoit de jour et de nuyt de servir Amour partout ou il povoit (C.N.N., c.1456-1467, 365).

 

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Part. prés. en empl. subst. : Amours bannist souvent de ses servans et sens et raison. (C.N.N., c.1456-1467, 176). ...Amour, qui veult tousjours secourir a ses vraiz servans, inspira tellement l'entendement du bon et loyal servant qu'il trouva moien d'accomplir son jeu. (C.N.N., c.1456-1467, 365).

B. -

En partic.

 

1.

[À table] "Apporter et présenter les plats" : PILLE AVAINE. (...) Avant, seigneurs, entrez touz ens, S'alez a table. PREMIER SERGENT. Pour estre au roy plus agreable Voulray servir. DEUXIESME SERGENT. Aussi feray j'et desservir, Quant temps sera. (Mir. roy Thierry, c.1374, 332). ... et fu le disner grant et noble. Le roy et la royne d'Arragon regardoient moult Bernardon, le nepveu Gieffroy et Thierry et moult leur plot, car il servoit si gracieusement que merveille (ARRAS, c.1392-1393, 292). ...ainsi qu'il eut beu a sa mere, la chambriere, qui servoit, survint a la table. (C.N.N., c.1456-1467, 370). ...le varlet et la chambriere se misrent a servir, et de prinsault apporterent la belle porée (C.N.N., c.1456-1467, 486).

 

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Servir devant qqn : La messe fu dicte, et s'assistrent au disner, et sist l'espousee a une table emprès le lit de son pere, et Uriien d'encoste elle, et Guyon servoit devant Hermine moult liement ; et furent moult richement serviz partout. (ARRAS, c.1392-1393, 121).

 

-

Servir qqn (de qqc.) : LE ROY. (...) si mengerons, Car bon appetit en avons. Cis varlez ci nous servira (Mir. femme roy Port., c.1342, 159). L'ESCUIER. Or tost a table alez, ma dame, Et vous, mon seigneur : temps en est. Je vous serviray ; tout est prest (Mir. nonne, 1345, 338). L'ESCUIER A L'EMPERIÉRE. (...) Or vous seez un petit ci : Je vous serviray (...) De bonne viande et assez (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 51). Et aussy hier, quant je estoie à Noyon, et portoye un plat de viande après ceulx qui servoient au disner le roy à sa table, messire Regnaut de Trye estoit derriere le roy, près de son espaule (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 543). ...comme l'en estoit assiz à table, mal print de la vaisselle d'argent dont ilz avoient esté serviz à table et en les desservant une cuillier d'argent, laquele il emporta avec soy (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 454). Le disner fu prest ; ilz laverent et puis s'assistrent et furent bien serviz. (ARRAS, c.1392-1393, 187). ...Fabricius, qui n'ot point de honte d'estre veu des embassadeurs notables de ses ennemis mengier à table seant sus une petite fourme, servi en escuelles de bois (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 102). ...les maistres d'ostel (...) le firent servir comme paravant de pastez d'anguilles. (C.N.N., c.1456-1467, 82). ...en lieu qu'on le souloit servir de pain blanc, il fist mectre du pain bis. (C.N.N., c.1456-1467, 331). Bons vins [les grands maîtres] ont, souvent embrochez, Saulces, brouestz et groz poissons, Tartes, flans, oefz fritz et pochetz, Perduz et en toutes façons. Pas ne ressemblent les maçons Que servir fault a si grant peine : Ilz ne veullent nulz eschançons, De soy verser chacun se paine (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 39). On m'a servy de pain trop bis. (Sots, c.1480-1500, 277). On embrochoit gras moutons, francs veaux Parmy les rues, affin qu'on eust du rost, Poulles, chappons et foisons de chevreaux Pour soulager les gendarmes de l'ost. (Comment les dames servoyent les gendarmes.) Les belles dames en leur acoustremens Fort sumptüeux, noz gendarmes servoient ; Seigneurs vestuz de riches vestemens Parmy Souysses, Toudesques, Alemens A tout vïandes et fors vins se trouvoient. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 203). ...selon le temps, ilz seront serviz de fruit chacun à part soy (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 182).

 

.

P. métaph. : Ha ! frere, frere, vostre dame vous a elle commandé que vous servez de tieulz viandes les compaignons ? (LA SALE, J.S., 1456, 133).

 

-

Servir qqc. / de qqc. (un mets, une boisson...) : Diligence de vin servoit Si qu'a chascun plaisir faisoit. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 211). CONNESTABLE. (...) Avant : a la table ! elle est bien. Or vas viande et puis pain querre (...) ROUSSELET. Trop bien de pain et de cuisine Saray servir, n'en doubtes pas. (Mir. st Alexis, 1382, 283). Et la fu la feste grant, et y ot de moult nobles mès servis cellui jour... (ARRAS, c.1392-1393, 32). Après ce que ilz orent disné et que les tables furent levees et graces dictes et que ot servi d'espices, pluseurs s'en alerent armer et monter. (ARRAS, c.1392-1393, 40). Et a servir celles dictes pieces de beuf et de moustons soient mises en ung grant plat d'or sans mectre autre chose. (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 136). ...le beau soupper fut en haste couvert et servy. (C.N.N., c.1456-1467, 25). Trop bien voyons nous servir en sale et ailleurs d'aultres viandes (C.N.N., c.1456-1467, 82). Si demanda [ledit mignon] a ses gens si on ne servoit leans que de pastez. (C.N.N., c.1456-1467, 82). Au moings, dy nous premierement De quoy tu serviras en court. (Pass. Auv., 1477, 146). Y sert on de si gros morceaulx ? (B. veoir, p.1480, 16). ...les officiers domesticques serviront selon le temps de prince ordonné, assavoir au mois de may de bure fretz, se c'est en juing, de frezes ou de serizes, en juillet de prunes ou de franches meures, en août ou en septembre de raisins (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, c.1500, 182).

 

2.

P. ext. Servir qqn (de qqc.)

 

a)

"Présenter, offrir, procurer qqc. à qqn" : Au dieu Mars, qu'il de fiere offrande Servoyent, rendent mercy grande (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 247). ...se partit de son royaulme assez et bien fourny d'argent content et de tres grande abundance de marchandises dont le païs d'Angleterre peut les autres servir, comme d'estains, de riz, et foison d'aultres choses (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...devant ces devises elle n'oblya pas de le servir de laudes (C.N.N., c.1456-1467, 150). ...pour honesteté et pitié de ce cas, il servit la mere et l'enfant de ce qu'il savoit faire. (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

-

Servir qqn d'une nouvelle : La nouvelle de ce cas ne fut pas mains tost sceue que celle precedente ; et entre aultres l'ermite en fut des premiers servy et adverty (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

P. métaph. : Mes mon ami par samblant n'en fait cure, Car il me siert de rire et de parler Voiant les gens (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 27). Ma dame ensi, mentir n'en quier, Me paie de mos gratieus Et me sert de regars joieus. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 41). Vous me soliés servir de regars douls (FROISS., Rond. B., c.1365-1394, 87). Et les gens dessus dis que les princes font leurs amis ne sont pas vertueus. Et pour ce, ilz aiment un pour une chose et autre pour autre. Et ainsi voion nous communelment que ceuls qui les servent de delectacions ne scevent trouver les proffis, ne ceuls qui scevent trouver les proffis ne sont pas esbatans. (ORESME, E.A.C., c.1370, 425). ...il les servoit de mos innocens ["il leur disait"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 284).

 

.

Servir d'autres mets. "Tenir (à qqn) un autre discours, faire autre chose" : Le dit du Saige trop lui feiz [au mauvais enfant que j'étais, ou à ma jeunesse folle] Favourable, bien en puis mais ! Qui dist : "Esjoïs toy, mon filz, En ton adolessence", mes Ailleurs sert bien d'un autre mes, Car "Jeunesse et adolessance - C'est son parler, ne moins ne mes - Ne sont qu'abuz et ygnorance". (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 36). Ces gens passez en si pompeux arroy Incontinent sans servir d'autres metz, Vindrent les cent gentilz hommes du roy Les mieulx en point que l'on les vit jamais, Ayans habitz de divers entremetz Tant de drap d'or comme de cramoisy, Le plus exquis qui fut oncques choisy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 214).

 

Rem. Cf. DI STEF., 541c.

 

b)

P. iron. : Les autres, par sainte Marie, Le serviront de flaterie (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 56). ...a l'entrée qu'il fist, Dieu scet s'il fut servy d'une chere bien rechignée, et d'un agu et bien enflambé visage. (C.N.N., c.1456-1467, 28).

 

-

Servir des coups à qqn. "Donner, administrer des coups à qqn" : DEUXIESME SERGENT. Faites ci voie, ou, sanz doubter, Je vous serviray sur les dos De ceste mace ci grans cops. (Mir. roy Thierry, c.1374, 297).

 

-

Servir qqn d'un entremets. "Jouer un vilain tour à qqn" : Homme vivant ne nul courrous Ne nous serviront d'entremais (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 23).

 

-

Servir qqn de plaisants lardons. "Se moquer de qqn par des paroles trompeuses, lui raconter des fariboles" : BERITH [l'un des diables]. (...) Quant une foys les ay mys [les rois, les ducs, les empereurs] hors des gons, Je les endors si bien dessoubz mes chants Qu'en nostre enffer, trop mieulx que chiens couchans, Je les festoye de lisars et dragons. LUCIFFER. Vous me servez de moult plaisans lardons ; Que vault il tant babiller ne debatre Quant vous voyez que Martin nous perdons ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 479).

 

Rem. Cf. DI STEF., 475a-b : bailler un lardon, donner des lardons, ruer ses lardons à qqn.

 

-

"Maltraiter, malmener qqn" : ...tant a fait de grans pechiez Qu'il n'est riens qu'il ait desservi Qu'estre du feu d'enfer servi Sanz finement. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 244). ... et fu moult defroissiez de coupz orbes, et puis fu tirez moult vilainement hors de la forteresse, et traynez tout hors de la barriere, et la fu laissiez. Et sachiez qu'il ne pot oncques veoir pié de ceulx qui ainsi le servoient. (ARRAS, c.1392-1393, 306). Vous en aurés Plus de cent coups (...). Il faut que je vous serve à bon. (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 52).

 

3.

"Apporter (ponctuellement) aide ou assistance à qqn" : ...servir chascun a vostre pouoir sans desservir et sans nul service reprouchier (LA SALE, J.S., 1456, 46). ...si la chose fust venue jusques aux horions, celuy du grenier et l'aultre de la ruelle l'eussent servy et secouru. (C.N.N., c.1456-1467, 244). La bonne dame (...) appella ceste damoiselle et luy dist : "M'amye, c'est force ennuyt que tu me serves, et que tu m'aydes a achever une des choses au monde qui plus au cueur me touche..." (C.N.N., c.1456-1467, 248).

 

-

Servir qqn de qqc. "Rendre service à qqn par qqc." : ...donques le laboureur le servira [le medicin] de son mestier ou li baillera de son blé ou de son vin tant que il souffira selon raison et justice. (ORESME, E.A.C., c.1370, 294). Seez vous toutes, et la plus courtoise le servira de la queue de sa robe. (LA SALE, J.S., 1456, 140).

 

-

Servir qqn à / en qqc. : ...laquelle chose [être généreuse] je feray bien voluntiers, quand a moy sera, si vous me voulez servir en une mienne queste que j'ay emprise (C.N.N., c.1456-1467, 172). ...nostre ville n'est pas encores si desgarnye de gens qu'on n'y trouvast ung gentil compaignon pour vous servir a ce besoing. (C.N.N., c.1456-1467, 348). ...s'adviserent de faire ung piege tresbeau, a l'aide d'aucuns paisans qui les servirent a ce besoing. (C.N.N., c.1456-1467, 354).

 

-

Servir qqn à gré. "Rendre service à qqn, lui être agréable" : ...si l'en vouloit de tant plus servir a gré. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 780). ...je te prie que de cy me vueilles jecter et me monstrer le chemin de la Grant Bretaigne, si me serviras a grey. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 930). [Autres ex. p.979 et 996 ; aussi Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 285]

 

-

Servir une bête. "S'occuper d'une bête" : ...Garder les brebis, les moutons (...), Servir les beufz et les chevaulx (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 31). De telz ordures [les escrocs, les voleurs, les histrions] te reculles, Labourre, faulches champs et prez, Sers et penses chevaulx et mulles, S'aucunement tu n'es lectrez, Assez araz, se prens en grez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 131).

C. -

Servir qqc.

 

1.

"Assurer le service, le fonctionnement de qqc., desservir qqc."

 

-

[À propos de l'alimentation de lampes] : ...un pape qui, par sa convoitise, vendi le basme dont on servoit deux lampes en la chappelle de saint Pierre (Mir. pape, 1346, 355). Et servez, si com vous souliez, Les deux lampes de l'oratoire Saint Pierre (Mir. pape, 1346, 388).

 

-

Servir un fief. "Accomplir les devoirs afférents à un fief" : ...et y entrera comme de fief servi et baillera son fief par escript sans paier aulcun devoir. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 220). [Autres occurrences même page]

 

2.

[D'une chose] "Desservir qqc." : ...il [l'estomac] sert tout le corps (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 338). ...car moult estoit forte la ville de Compiègne et mauvaise à assiéger, pour cause des deux rivières dont elle estoit servie (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 52).

III. -

[Idée d'utilité]

A. -

Empl. trans. indir. [D'une pers. ou d'une chose] Servir à qqn / servir à / de qqc. "Être utile à qqn ou à qqc."

 

1.

Servir à qqc. "Être utile à qqc." : ...ilz [les reins] servent a tout le corps (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 338). Mais telz sens sont donnéz a homme pour celle cause meïsme et avecques ce pour ministrer et servir a la cognoissance de l'ame intellective, a laquelle cognoissance tous les .V. sens dessus diz sont neccessaires. (ORESME, E.A.C., c.1370, 221). Ceste Prudence sert tant aux biens espirituelz comme aux corporelz (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). Or ne vous fault il pas celer ce qui sert a l'ystoire. (C.N.N., c.1456-1467, 88). ...je fourniray une petite nouvelle, sans y descroistre ne adjouster aultre chose que servant au propos. (C.N.N., c.1456-1467, 454). ...au marché on les vendoit [les palmes et les verdures] pour servir a la procession pour lendemain. (C.N.N., c.1456-1467, 513).

 

-

"Être destiné à, être utilisé pour qqc." : Item, six pieces pour servir à chappes, dont en y a deux d'or à perles et les quatre d'argent doré. Item, deux pieces d'or pour servir à l'une desdictes mittres, en l'une desquelles a deux petites perles et en l'autre a certaines autres petites pierres. (FAUQ., II, 1421-1430, 118). Item, XXIIJ petites pieces d'argent doré servans aux mittres et autres joyaulx dessus declairez. (FAUQ., II, 1421-1430, 118). Et, après leur propos fait servant à leur excusacion, fut le roy très content d'eulx et leur fist bonne et gracieuse response (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 10).

 

.

"Être utilisé à" : ...la preposition (...) sert a deux cas, c'est assavoir a l'acusatif et a l'ablatif. (DonatS, a.1436. In : Th. Städtler, Zu den Anf. der frz. Grammatikspr., 1988, 126).

 

.

"Être utilisé dans un certain domaine" : Aussy a leur partement il leur fist grans dons, semblablement a leurs tabourins, trompettes et clerons et autres joueurs d'instrumens servans au mestier de la guerre. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 318).

 

.

Servir au vent. "Agir inutilement, être engagé dans une entreprise vaine" : Doncques je pers mon temps et sers au vent, tousjours en doloreuse peine. (Livre de Thezeo B., c.1457-1461, 518).

 

-

Servir de qqc. "Être utile à qqc." : Premierement nous dison que, posé que sapience et prudence ne aucune d'elles ne feïssent ou servissent d'autre chose, neent moins il est de neccessité que toutes deux selon elles soient eslisibles (ORESME, E.A., c.1370, 355). De ceste Discrecion, de quoy elle sert ou puet servir, dist l'Ecclesiaste que c'est une vertu par laquelle se puet congnoistre ce que est bon et ce que est mauvais (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). ...son office sert de partir esgalment toutes choses (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66). Et quant Lyonnel vey le cor, il sceut tres bien dequoy il servoit (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 188). ...[il] demanda de quoy servoit ce bahu en la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 184). LUCIFFER. Ha, orde lisse, pugnais poiltron fendu, Se coste toy j'estoye dessendu, Tu congnoistroie ta follie parfaicte ! De quoy sers tu, orde ribaulde infecte ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 351). SAINCT MARTIN. De quoy sert si grant pavillon A une chose de nyant ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 434).

 

.

Ne servir de rien : ...au monde ne puis je de rien servir. (C.N.N., c.1456-1467, 95).

 

-

Servir à / de + inf. "Être utilisé pour" : Item, six lyons d'argent doré qui servoient à soubstenir le tableau du chief saint Denis. (FAUQ., II, 1421-1430, 117). ...sus ses espaullez il avoit deux testes grandes a merveilles, dont l'une estoit naturele et l'autre contre nature, car elle ne servoit ["elle avait pour seul effet"] que d'empeschier le corps formé a maniere d'homme. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 113). Au grenyer, aux noix sont noz lances Et perches font noz javelines ; Noz grans sallades d'excellences Servent a pondre les gelines. (LA VIGNE, S.M., 1496, 181).

 

.

Servir et estre à fin de + inf. : Mais celle terre qui est vers le centre sert et est a fin de sostenir l'autre [terre] (ORESME, C.M., c.1377, 258).

 

.

Servir à / de + inf. "S'employer à + inf. [litt. "s'utiliser soi-même à"]" : Et pour che je desire que la parole soit pascianment escoutee, affin que nul ne reprende l'autre et que la parole du trop tost parlant ne soit entrerompue par le contredisant. Ne servons dont pas de reprendre, mais che qui est mains que plainement dit soit repeté, affin que par tres juste examination appere la congnoissanche de verité. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 142). ...de ly mesmes il [le duc de Clèves] estoit fier et puissant et de nature bobansier et pompeux, et estoit personne belle et elegante, dont entre mille aultres on n'eust trouvé pareil qui moult servoit bien a faire le grant. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 235).

 

2.

Servir à qqn. "Être utile à qqn" : Car, se Giges et la royne eussent eu ceur honeste, de pou leur eust servi le annel pour ce que, par estre invisible, ja pour tant n'eust commis Giges le crime de adultere en sa maistresse ne sa maistresse ne l'eust souffert (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 211). S'elle ne scet de quoy luy sers, Mon fait ne vault pas ung festu. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 31). ...et parloit de toutes choses qui povoyent servir au roy son filz. (COMM., II, 1489-1491, 316).

 

-

Servir de qqc. à qqn. "Être utile en qqc. à qqn" : Et encore appert autrement, quar selonc les philosophes et meisme selonc Aristote ou secont livre de Phisique, totes choses corporelez qui sont en l'espere des elemens sont pour honme, et les generacions et corrupcions qui seroient faites vers le centre de la terre, l'en ne pourroit dire de quoy elles serviroient ne a honme ne as bestes ne [a] autre chose. (ORESME, C.M., c.1377, 258). ...de quoy doncques te serfs je ? (Internele consol. P., 1447, 97). Cuer d'Acier, beau sire, mettez jus celle harpe et sy me dittes de quoy vous servez a mon filz (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 362). Quant il voit que ceste maniere Ne luy peult plus de riens servir, Il fit une ruze en arriere. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 37).

 

3.

Empl. abs. "Être utile" : Tout ainsi l'avoir que l'en restraint de superflu estat pour donner aux povres et bien faire est le tresor qui est mis a part en saincte huche, qui sert aprés la mort et garde de l'exil d'enfer. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 40).

 

-

[Suivi d'une prop. introd. par que] : ROBERT. (...) Dy me voir ; qu'a il en ce coffre ? (...) L'ABBÉ. Il sert que nous y mettons, sire, Les choses estranges, sanz faille, Qu'a garder souvent on nous baille (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 12).

 

-

"Être utilisé" : [Cette couronne] ne pouoit servir sus chief sy non sus celui que... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 87). ...cest anel (...) pourra servir au maistre doy de vostre destre main (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 200). ...[les robes] les mieulx fourrées et empanées, qui ne servoient qu'en yver, vindrent servir au lieu des sangles et tendres qu'elle portoit (C.N.N., c.1456-1467, 577). Et si trouva l'en ceste nuit aucuns canons, près dudit lieu, dont les chambres estoient enclouées, à ce qu'ilz ne peussent servir quant mestier en seroit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 115).

B. -

Empl. pronom. Se servir de qqc.

 

1.

"Utiliser qqc." : ...[elle était] courroucée d'oyr la perte du meilleur membre de son corps, et dont elle se servoit le mieulx (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...si d'adventure le mary se servoit aucunesfoiz des aultres membres, ce n'estoit que par maniere d'emprunt, car ilz estoient a son amy (C.N.N., c.1456-1467, 318). Dieu a voulu tout pour l'homme former Et soubz ses piez toutes choses commettre Et n'est de droit le seigneur a blasmer Qui bien use de ce dont il est maistre, S'il se sert donc du feu, aer, terre et mer, On n'en doit [l'homme] point sur luy le [blasme] mettre (Cene dieux, c.1492, 111). Lors toute chose de quoy l'on se servoit Comme sont coffres, gros bahuz et pacquetz, Beaulx litz de camp, ustencille, aparquetz (...), Pallefrenyers et autres perruquetz Dedens Florence entrerent a la foulle. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 219).

 

2.

"S'emparer de qqc., le prendre" : VALET. D'argent n'y a ne peu ne poinct, Mais bien nous servirons du gaige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 323).

IV. -

[Par formation régressive à partir de desservir "mériter"] : Helas ! j'ay de maulx plus que tous Envers vous durement servy (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 163). [Add. ms. G] Et posé que par mon pechié J'aye servy a grant payne estre Veu... (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 102).

 

-

Servir qqc. à qqn. "Mériter d'obtenir qqc. de qqn" : ...mais je ne l'ay pas a Dieu servy [le diamant], et ce qui en est me vient de lui par voz bonnes prieres. (LA SALE, J.S. E., 1456, 254).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 32/33 
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     SERVITÉ     
*FEW XI 540b servire *FEW XI 546a servitium *FEW XI 549a servus
SERVITÉ, subst. fém.
[*FEW XI, 540b : servire ; *FEW XI, 546a : servitium ; *FEW XI, 549a : servus]

A. -

"Servitude" : ...il li tourneroit A servité et a desonneur, Qu'a sa franchise et a s'onneur (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 30).

 

Rem. Hypermétrique : lire service ?

B. -

"Service, culte, adoration" : Latria (...) : la cultiveure de Dieu, la servité de Dieu (Aalma R., c.1380, 225).

 

Rem. Le FEW XI, 546a enregistre servis (de Dieu).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 33/33 
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     SOUS-SERVIR     
FEW XI servire
SOUS-SERVIR, verbe
[T-L (renvoi) : sosservir ; GD : sousservir ; FEW XI, 542a : servire]

"Aider, être au service de" : Suppedito (...) : aider, subministrer, souservir (Aalma R., c.1380, 404).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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