C.N.R.S.
 
Famille de portare 
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 Article 1/102 
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     CONTREPORTER     
*FEW IX portare
CONTREPORTER, verbe
[AND : contreporter ; *FEW IX, 202b : portare]

"Attaquer en paroles" : Inueho (...) : contreporter ou soy contre autrui detractivement ou vitupereusement porter (Aalma R., c.1380, 212). ...soy contreporter ou soy contre aultruy detract[e]usement porter (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 206).

REM. Ces deux ex. ne permettent pas de se prononcer sur la construction de ce verbe (contreporter qqn, se contreporter contre qqn ?).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 2/102 
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     DÉPORT     
FEW IX portare
DEPORT, subst. masc.
[T-L : deport ; GD : deport ; AND : desport ; DÉCT : deport ; FEW IX, 218b : portare ; TLF : VI, 1169b : déport1]

I. -

[Idée de déplacement dans l'espace ou d'écart dans le temps ; correpond à deporter I]

A. -

[Dans l'espace] "Déplacement (ici pour une campagne militaire)" : Ma dicte dame et son beau filz aymé Lors petit duc, qu'on appelloit Amé, Au roy donnerent toutes faveurs et pors, Present aucun qu'ay cy devant nommé, Et de Savoye, pays bien renommé, Luy offrirent pons, passaiges et pors, De gens de guerre avec tous les appors D'arnoys de gueulle, qui sont offres tres grandes Et que defaulte n'auroit en ses depors De blez, de vins, moutons, beufz, vaches, porcs, Ne de plusieurs autres bonnes vïandes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 162).

B. -

[Dans le temps]

 

1.

"Délai, retard" : Foy que doie saint Symon Jai n'i arai desport per nezune occqueson Que briefment ne soi arse a grant destruccion ! (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 799). Ly evesque gentilz a sa gent commanda C'on le mette ens ou feu ; ja deport n'y ara. (Tristan Nant. S., c.1350, 645).

 

-

Sans deport. "Sans que soit accordé un délai, sans retard, au plus vite" : Que chascun de vous sanz deport Yci tout son tresor apport (Mir. emp. Julien, 1351, 188). Là fu la traïson mortel Tout de nouvel recommencie, Traitie, jurée et plevie, Et furent trestuit d'un acort Que le landemain, sans deport, Li roys seroit ocis et mors. (MACH., P. Alex., p.1369, 263). Lors esporonne sans detri Melyador le bon coursier, Et s'en vient vers le chevalier, Et chilz sus li sans nul deport. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 124). Ce m'est avis qu'il me vaut miex assés Par vo refus tost morir sans deport Qu'en ma dolour languir jusqu'à la mort. (MACH., Bal., 1377, 537). ...la Court a ordonné que chascun des V absens dessusdiz sera executé de XX solz parisis au proufit de la chappelle de la salle du Palès, et a esté fait exprès commendement à Robert Chaurre, huissier et appelleur des causes de Parlement, d'icelx executer sans deport aucun. (BAYE, II, 1411-1417, 20). Oyr certes, il ne doubte point Riens qu'il soit, se ce n'est la mort, Et m'a dit que sans nul deport Vous faictes ce qu'il vous conmende. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 71). De present sommes vertueulx Et puissans d'armes et de port, S'aucuns nous sont contrarieulx De les assaillir sans depport. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 121).

 

2.

DR. "Somme non acceptée par les auditeurs des comptes et dont l'examen est reporté à une date ultérieure" : Deport : en attendant rendre relacion de l'aumosnier du duc que lesdits XL saluz eussent baillez et distribuez par le duc es eglises de Lambale (Comptes Lamballe C.-L., 1446-1448, 33).

 

-

Mettre en deport (une somme due). "Refuser d'enregistrer provisoirement (une somme, en attendant des justifications)" : ...ladicte somme lui a esté mise en depport et souffrance par les seigneurs des comptes (Lettres Louis XI, V.M., t.10, c.1474, 367).

II. -

Au fig. [Avec une idée de mise à distance, de mise à l'écart]

A. -

[Idée de renoncement, d'abandon ; correspond à deporter II]

 

-

Deport de qqc. "Fait de renoncer à qqc., d'abandonner qqc." : ...loist bien doncques à déclarer ici les points et articles que quoy se pouvoit fonder l'accord des deux parties, et par lesquels l'un eust embelly sa cause grandement et rasseuré son estat, et l'autre parattaint à la paix de son coeur et à déport de son ire. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 183).

 

-

Avoir deport de + inf. "Renoncer à, s'abstenir de" : Et pourrés de vos sougis traire Chevanche et tres grant reconfort, Se d'eulz grever avés deport Et leur es(tre) humble et debonnaire. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 225).

 

.

Se mettre en deport que + subj. "S'abstenir de (faire qqc.), y renoncer" : Un homme (...) Qui touzjours l'autrui rapina, N'onques ne se mist en deport Qu'il ne feist d'un droit un tort (Mir. prev., 1352, 261).

 

-

Mettre qqc. en deport. "Oublier qqc., ne pas tenir compte de qqc." : M'amie, mettez en deport Les maux qu'ore avez par fortune ; Car aux uns est dure et enfrune, Doulce aux autres (Mir. emper. Romme, 1369, 292).

B. -

[Avec une idée positive de bienveillance ; idée d'écarter ce qui peut être dangereux, douloureux, injuste...]

 

1.

"Fait de ménager, d'épargner"

 

-

Sans deport. "Sans ménagement, sans pitié" : ...et fut pris et robé tout quanques on trouvoit en ville et en village sans deport et sans mercy (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 121). ...Desirs, sans nul deport, Fait mon cuer par son effort Taindre et palir (MACH., Ch. bal., 1377, 614). Et ardirent li coureur, qui cevauçoient devant a destre et a senestre, Segni le Grant, Segni le Petit, Marcellies, Renierwes, Maubert Fontainnes et tout le plat pais de la environ, sans nul deport. (FROISS., Chron. D., p.1400, 358). Et ardirent chil de l'avant-garde les fourbours de Pontoise et de Biaumont sus Oise et Cormelles en Vexsin et Sas en Vexsin et tout le pais sans nul deport, et prissent le cemin de Ghissors et de Gournai. (FROISS., Chron. D., p.1400, 701). Par lontains pays moult divers Les chaça, par plusieurs yvers, Et par mains estez, sanz deport, Et sanz pouoir tirer a port (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 162). Que se aucun le faisoit ou s'esforchoit de le faire ou actempter, de fait, d'escript ou de parolle, ou aultrement, que on sentesist réprobacion pour l'occasion des choses passées, que iceulx, griefment, sans déport, comme perturbateurs de paix et crimineulx de lèse-magesté pugnissent tellement que ce soit exemple à tous les aultres. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 175). Car les cuers aÿréz, dont les parens de ceulx qu'ilz avoient mis a mort, ruerent sus eulx sans deport (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 639).

 

.

[D'un châtiment] "Terrible, sans rémission" : Ceo serroit une bon marchandise, quant pur une poy de tribulacions, qe n'est riens a soeffrir, de ceo mounde, l'en poet eschaper les peynes d'enfern qe sont si grandes et sanz desport (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 197).

 

-

Avoir deport. "Mériter la bienveillance" : Par femme fut li mons dampnez Et par femme fut rachetez. Pour ce doyvent avoir deport. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 156).

 

2.

"Grâce, faveur (que l'on accorde à qqn)" : Pour l'amour Synamonde ot Saudoines deport, Car li roys Bauduins l'eüst maintenant mort Se de cheste puchelle n'eüst dit tel recort. (Bât. Bouillon C., c.1350, 57). ...vous prions treschierment que le bon favour et desport que vous purréz en aucun manere honestement faire a (...) Meistre W[illiam] L[angbroke] (...) es choses q'il avera affaire devers vous et vostre office, le vuilléz faire et moustrer (Lettres agn. L., p.1412, 270). ...pour cause que autreffois il avoit eue espousée la soeur du duc, la ducesse de Guyenne, pour sa premiere femme, envoia devers luy ce noble et sage chevalier, messire Gilles, sur espoir de pouvoir amender le fait de son beau-frère et de lui impétrer grâce et déport. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 344).

 

-

Sans deport. "Sans accorder de faveur particulière, en toute justice" : Or regardons qui nous volons eslire Qui sans deport Sache jugier li quels de nous a tort (MACH., J. R. Beh., c.1340, 101). ...lever les amendes et executer les paines, qui par vous seront jugées, senz aucun deport ou faveur. (Pouv. réform. D., 1357, 80). ...et fut pris et robé tout quanques on trouvoit en ville et en village sans deport et sans mercy (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 121). ...nous voulons que ilz soient contrains d'oresenavant, senz quelque deport, à y aler, et de non vendre aux diz jours de marchié, aucunes denrées en leurs diz hostelz ou ouvrouers, ne aler fors ès dictes Halles seulement (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1368, 148). Si procèdez diligemment sans faveur et sans déport contre touz ces malfaiteurs, par prise de corps et de biens, en mettant mangeurs en leurs maisons, se ilz ne viennent à obéissance, car chascune des parties a offendu, et ayés bon advis sur la manière de procéder. (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56). ...en contraignant rigoureusement et sans deport tous ceulx qui tiennent ou usurpent aucune chose du dit demaine, à le rendre, restablir et restituer en noz mains (Doc. Poitou G., t.7, 1419, 355). ...en punissant vigoreusement et sans depport, ainsi qu'il appartendra par raison, tous ceulx qui l'enfraindront en quelque maniere que ce soit (Trés. Reth. L., t.3, 1421, 35). ...faites exprés commandement de par nous aux dis eschevins de Cité que, d'oresenavant, sans quelque deport ou dissimulation, ils procedent diligemment et sommierement, comme en nostre dicte ville d'Arras, à l'instruction des procès (Hist. dr. munic. E., t.1, 1473,,, 574). ...et que les faultes, maléfices et abus qu'ilz y trouueront et sauront en feront rapport à justice, sans depport ou faveur et sans commettre exaction ne pillerye (Mét. Blois B., t.2, 1494, 70).

 

-

"Protection, appui" : ...comme cestuy duc Charles avoit avecques luy un monde de nobles et de vaillans gens pour combattre et pour leur sang espandre en sa quérimonie, les avoit aussy pour luy conseiller son salut et son honneur, et pour donner support et déport à ce très-noble et très-christien royaume, de non rencheoir arrière (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 428).

C. -

En partic. "Ce qui chasse les soucis, les tracas, état caractérisé par l'absence de soucis, de tracas"

 

1.

"Divertissement, distraction, réjouissance" : Et le monde de cibas fait seulement musique de deport, aussi comme celui qui dance et ensuit la mesure du chant que il escoute. (ORESME, C.M., c.1377, 482). Par lontains pays moult divers Les chaça, par plusieurs yvers, Et par mains estez, sanz deport, Et sanz pouoir tirer a port (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 162).

 

-

Deport de + inf. "Divertissement qui consite à" : ...moult amoient le deport De jouster et de tournoier, De caroler, de festoier, De mener joie, de chanter, De souvent leurs dames hanter. (MACH., D. Lyon, 1342, 201).

 

-

Par deport. "En guise de distraction" : Alons men dyner par deport Au meilleur vin que nous sarons (Mir. pape, 1346, 362).

 

-

Aller au deport. "Aller se distraire" : ...Nous nous en yrons A l'esbat dehors la cité, Tant qu'il me prenra volunté D'aller au deport quelque part. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 95).

 

-

Prendre deport. "Se détendre, se distraire, se divertir" : ...congié me donnez Que je voise au chastel de Gort Reposer et prendre deport Trois jours ou quatre. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 32). ...vous estes en point dou prendre Esbanois, joies et depors, Tous deduis de coer et de corps. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 194). Bien savez [Fortune] de Plaisance paindre Et d'Espoir, quand prenez depport, Aprés effacer et destaindre Toute joye (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 176). Car je vueil prendre aulcun disport Et menner ung petit de feste (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 57).

 

2.

"Joie, plaisir" : "Filz" dist il, "monlt tresjoieux sui, Et monlt ay au coeur grant deport, Quant tu as mon ennemy mort..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 113). En vous servir, vierge honnorée, A moult de joie et de deport (Mir. abbeesse, 1340, 87). Douce Esperence, c'est le port De ma joie et de mon deport (MACH., R. Fort., c.1341, 120). Amis, mi confort, Mi joieus deport, Ma pais, mi ressort, Et tuit mi amoureus sort Estoient en ty. (MACH., L. plour, 1349, 287). ...dont s'en ala appareillier Morel son cheval, car la estoit tout son esbatement et ses depors. (Bérinus, I, c.1350-1370, 244). Moult ot li bers Regnaut grant joie et grant depors Quant vit le roi païen qui gist a terre mors. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 521). Bon est souhait qui au cuer deport. En souhaidant se puet uns homs deduire (GRANDSON, Poés. P., c.1360-1397, 202). Helas ! dolens, einsi ma vie fine, Pour ce qu'aim tant sa plaisant biauté fine. Et nompourquant j'ay plaisence et deport En mon meschief, quant elle se deporte Et prent deduit en la piteuse mort Qu'ay pour s'amour ; riens plus de li n'emporte. (MACH., L. dames, 1377, 189). Certes, j'ay si grant deport, Quant je voy son noble port... (MACH., Les lays, 1377, 429).

 

-

"Bonheur, béatitude" : Qui puet vivre senz grant reproche, Fortune li fait grant confort Et Dieu li soverain desport (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 43). Le cueur me remort De toy [Jésus] tenir mort, Saint corps honnoré Qui pour nostre apport, Salut et depport As tant labouré ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 359).

 

-

À grande joie et à (grand) deport : Quand li bons roys sceut leur venue, Il ne demoura pas en mue En sa chambre ; ein couri au port, à grant joie et à grant deport. (MACH., P. Alex., p.1369, 56). Par mer s'en vont li messagier Qui ne finerent de nagier Tant qu'il sont venu à bon port, à grant joie et à grant deport. (MACH., P. Alex., p.1369, 181). Car tu verras finablement Ta nef arriver a bon port A grant joye et a grant deport (Echecs amour. K., c.1370-1380, 228). Ainsi nagiames jour et nuit, Sanz riens trouver qui nous ait nuit, Tant qu'a grant joye et a deport Nostre nef arriva au port. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 36). Et lors sont montez tous et toutes a moult grant joye et a moult grant desport, et chevauchent moult joyeusement (Chev. papegau H., c.1400-1500, 23).

 

-

Prendre deport à/en qqc. "Prendre plaisir à qqc." : S'en entray en une pensée, Sus le tans passé apensée, Ou je pris un courtois deport, Li quels me mena au droit port Pour passer de doleur en joie (MACH., D. Aler., a.1349, 384). ...Et ont de bestaulz legions, Buefs et moutons, buglez et pors. Au mener prengnent grans despors ; Moult passent de mons et de vaulz. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 72). ...n'en riens ne prent deport Fors seulement en Loiauté qui dort. (MACH., L. dames, 1377, 194). Mais se vos cuers prent en mon mal deport, On verra bien qu'onques mais creature à son ami ne pot estre si dure. (MACH., L. dames, 1377, 219). ...Et cil qui prent en tel escript deport Doit estre dit perpetuel infame, Murdrier de loz et estaindeur de fame. (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461, 54).

 

-

"Plaisir sexuel" : Or est Cleriadus avec la belle Meliadice, sa femme (...). Ilz sont en leur deduit et deport et ont tous leurs desirs acompliz et au dessus de toute leur joye (Cleriadus Z., c.1440-1444, 649).

 

.

Faire son/ses deport(s) (d'une femme)/en une femme : Puis li dist : "Faus vilain, vous demourrez dehors, S'entrez ens, mal meschief vous avendra du cors. Nous feron de la dame no bon et no depors." (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 143). Juene suy, tendre et s'ay bon corps, Milleur que celle ou le ribault Va souvent faire ses deppors, Et la se souille comme uns pors. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 176).

 

-

P. méton.

 

.

"Manifestation joyeuse, fête" : ...tout autour de lui s'asambla , Par maniere de mandement Ou d'amoureux commandement, Une moult noble compagnie Qui s'y estoit acompagnie Pour lui faire honneur et deport (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 6).

 

.

[À propos d'une personne] "Source de plaisir, de joie" : Tous mes confors Estoit en li ; c'estoit tous mes depors, Tous mes solas, mes deduis, mes tresors (MACH., J. R. Beh., c.1340, 63). Comme palme se veult droite porter : Car plus saine est que le mirre et l'encens, Et de tous maulx est ses corps ygnoscens. C'est la pierre et li fins ors, C'est ce que j'aym, c'est mes joyeux depors. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 311). Jamais a joye ne pretens Quant mon confort, Mon enfant, mon bien, mon deport Voy devant moy gisant tout mort. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 91).

III. -

[Idée de de manière d'être, de manière de vivre, de manière de réagir ; correspond à deporter III]

A. -

"Comportement, conduite" : Sa sagece [de la reine] ne doit pas seulement apparoir en fait et en deport, mais en parler, si que ce que on li dit doit estre tout tenu secret. Et toutevoies c'est contre nature des femes. (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 170). Et quelz assaulx livroit il par defors ! Rien ne duroit, mais telz fu ses depors Que toudis en prenoit plus ; Il fis estre vaillans les malostrus ; Son cry donnoit aux ennemis doubtance (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 101). ...en voiant vostre amoureux et honorable deport, et oyant vos consolables et amoureuses parolles j'ay passé ceste nuit en (...) gracieuse liesse (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 97).

 

-

"État" : Ilz s'en vont de rote, Les ungs veoir le piteux deport Du bon Lazare qui est mort. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 188).

B. -

"Attitude, port, maintien" : Et quant il y fu, entre les autres dames qui y estoient, celle Lucrece, ses depors, sa contenance, sa maniere et sa beauté li plurent tant que briefment il fut tout espris (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 173). ...on veïst a son plumage, A sa maniere et a son port Et a son gracieus deport Qu'il seroit de bele venue. (MACH., D. Aler., a.1349, 250). ...Et je ymagine bien fort Le gent corps et le biel deport, La maniere et le douls ressort [de ma dame] (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 116). Mais ses gens corps Et ses deppors Est uns tresors Tresprecieux Dont je suis mors Si je voy hors. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 336). Le roy, en une de ses tours, Se seoit, a haulte fenestre, Qui bien sembloit riche roy estre, Car richement fu atournez Et, quant il ot ses yeulx tournez Vers le vergier et apperceue Ot la royne Hester et veue, Vers lui se tourne, sanz attente, Et regarda, par grant entente, Sa belle beauté, son deport, Son sage maintien et son port (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 267). ...Mais regardez son gracïeux deport ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 175).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 3/102 
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     DÉPORTANCE     
*FEW IX portare
DEPORTANCE, subst. fém.
[GD : deportance ; *FEW IX, 218b : portare]

"Délai, retard" : Delatio : deportance (Abavus IV, R., c.1350, 305).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/102 
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     DÉPORTÉE     
FEW IX portare
DEPORTEE, subst. fém.
[FEW IX, 218b : portare]

"Délai, retard"

 

-

Sans deportee. "Sans perdre de temps" : Florantine querroit contrevalz la merlee ; Quant li belz ne la trueve, n'ait jeu ne risee, Et li Blan Chevalier y fiert san desportee (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 278).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 5/102 
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     DÉPORTEMENT     
FEW IX portare
DEPORTEMENT, subst. masc.
[T-L : deportement ; GD : deportement ; AND : desportement ; FEW IX, 218b : portare ; TLF : VI, 1170a : déportement]

"Plaisir" : Mes je te pri, et pour plus longement No vie avoir joie et deportement, Voelles user de tout ce bellement. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 134).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 6/102 
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     DÉPORTER     
FEW IX portare
DEPORTER, verbe
[T-L : deporter ; GD : deporter ; AND : desporter ; DÉCT : deporter ; FEW IX, 218a : portare ; TLF : VI, 1170b : déporter]

I. -

[Idée de déplacement dans l'espace, dans le temps]

A. -

[Dans l'espace]

 

1.

Deporter qqn/qqc.

 

-

"Éloigner, chasser qqn (de son pays)" : Derechief, celluy qui est infamé et qui doit estre en chartre toute sa vie, ou en exil deporté, doit perdre le tytre et la dignité royal. (Songe verg. S., t.1, 1378, 136).

 

-

"Éloigner qqc. (de qqn)" : J'ay souvant les armes portees, Mais, present, de cueur singulier Ont esté de moy deportees. (LA VIGNE, S.M., 1496, 259).

 

-

"Conduire qqn qq. part" : Dont, puisque je suis transporté Par viellesse en aultre deduyt, Au travail sera depporté Mon filz et aux armes conduyt. (LA VIGNE, S.M., 1496, 162).

 

-

"Porter, transporter (un animal, une chose)" : ANATHOT. Et ou est ce chien Pour qui sommes venus si tost ? LUDIN. Velecy. ANATHOT. Quel petit chenot Pour deporter dedens sa manche. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 192). Je demande Que, pour nostre argent, nous ayons Ses cinq pains et ses deux poyssons Que votre filz par cy deporte. Le maistre dit qu'on les luy porte En vous payant bien vos desertes. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 137).

 

-

Au fig.

 

.

"Mettre qqc. de côté, omettre qqc., ne pas dire qqc." : ...Et leur compterés hault et cler, Sans nulle cose deporter, Que conquis vous ay par bataille (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 150).

 

.

Deporter qqc à + inf. "Mettre qqc. à disposition de façon à" : Comme Hermes le nous afiche, Disant qu'il n'est homme si ciche Que vers les malades ne doye, Par pitié, employer sa voye, Soy et son avoir deporter A les aydier et conforter. (COURCY, Chem. vaill. D., 1424-1426, 84).

 

2.

Se deporter

 

-

"Quitter un lieu, s'éloigner" : Edoardo tint son chemin en la ville cherchant Paris, et quant il l'eust trouve [sic], ilz s'en alerent desporter touz deux hors de la ville sur les champs. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 119). DIEU LE PERE. Pechié a fait les yeulx ouvrir A bien et mal sçavoir. Deporter me vueil pour le veoir [Adam], Pour luy argüer sa folye. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 19). ...et finablement furent treves données entre eulx jusques a certain temps ensuivantt, et a tant se deporterent d'une part et d'autre. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 1460). JHESUS. Desormais me vueil deporter Vers la grant mer de Galilee (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 51).

 

-

"Aller, marcher" : Sur m'espaule le vueil porter Et moy ça et la deporter, Ne ne cesseray (...) Jusques a tant que marchant truisse A qui il siesse. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 258).

 

-

"S'écarter" : Sire, je vueil parler a vous Secretement en ce recoy. Vueillez vous deporter un poy ; Si m'escoutez. (Mir. abbeesse, 1340, 95). Quant le vi [un escrin], ne me deportay, Mais le pris et l'en emportay (Mir. march. juif, c.1377, 222). Endementiers que le chevalier frappoit sur le serpent pour le par occir, atant il ouy une voix qui lui crioit moult aigrement : "Syre chevalier, deportés vous ou vous tirés arriere, ou synon vous estes mort par le venin de la mauvaise beste !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 66).

 

-

Au fig.

 

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"S'égarer, s'écarter (de son sujet)" : Et or est il bon heure et temps qe jeo replie a ma matire, car jeo me siu longement desportee ; si voille ore revenir, s'il plest a vous, mon Dieux (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 199).

 

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[D'un mal] "S'éloigner" : Noeuf moys sans peine en ton ventre portas Filz, pere, espeux qui tout le monde porte ; Liegerement aussy te transportas Vers ta cousine et sy en rapportas Leesse en coeur, dont anoy se deporte (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 481). Pour ce, je vous prie humblement [saint Martin] Qu'a luy vous plaise transporter Affin que tost et briefvement Son mal se puisse deporter. (LA VIGNE, S.M., 1496,).

B. -

[Dans le temps]

 

-

"Accorder un délai à qqn" : ...en attendant que le plet eust pris fin (...) encore pendent et terme mis pour proceder entre les parties et vous donner les gaignes en la matière au premier jour de juillet prochain venant (...) li supplie lui deporter (Comptes Lamballe C.-L., 1470-1471, 38).

 

-

Deporter le temps. "Laisser passer le temps, attendre, différer" : "Par ma foy, fist il, de parler me suy je souvent repentis, de taire non jamaiz". Et pour ce, a mon adviz, quant li mondes est perilleux, se feroit bon taire et deporter le temps. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 8).

 

-

Empl. abs. "Différer, attendre" : Nous y allons sans nul destry. Ne doit point estre deporté. (Myst. st Christophle R., c.1350-1380, 20).

 

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Sans (se) deporter. "Sans plus attendre, sans délai" : ...je sui celle Qui sui preste sanz deporter De la telle et si grant porter [la pénitence] Con dites (Mir. mère pape, c.1355, 359). Alez y sanz plus deporter, Et vous tenez entre la gent Simplement. (Mir. Theod., 1357, 90). Faites ce corps en terre mettre, Sanz deporter. (Mir. femme, 1368, 203). Je li demandai en tel gise Pour quoi ma devise il portoit ; Il me dist qu'il le porteroit Et que bien le pooit porter. Adonques, sans nous deporter, Nous joustames de grant randon. (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 182). ...je vois sanz deporter Au fol un lit faire porter, Et puis assez tost revenray. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 54). Or tost, venez sanz deporter Avecques moy. (Mir. fille roy, c.1379, 106). Je n'ay au cuer sy non esmay Qui ne me laisse deporter, Car je me vois sans deporter Fort enviellir, dont je le dueil (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 152).

 

-

(Se) deporter de + inf. "Cesser de" : Et aussi te vien j'enorter Que tu te vueilles deporter De faire dueil et toy getter De cest anoy. (MACH., F. am., c.1361, 222). Si volons, desirons et ordonnons (...) que se nulz de nos subgès (...) face ou efforce de faire contre le pais, en faisant pillages, prenant ou detenant forterèces, personne ou biens quelconques dou royaume de France (...) et il n'est delaissé, cessé et deporté de ce faire (...) il soient dès lors tous reputés pour banis de nostre royaume. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 49). Si deveroient cez freres Mendyens, Jacopins et Cordeliers, deporter d'acertener l'une ou l'autre opynion en leurs predicacions et meismement de acertener qu'elle ait esté conceüe en pechié originel devant lez gens lays qui n'ont pas le sens de concevoir lez soubstivetés de Theologie. (Songe verg. S., t.2, 1378, 261). A Jocaste, qui grant dueil porte, Vont dire qu'elle se deporte De faire dueil, pour festoyer Le chevalier, qui grant loyer A gaigné, d'avoir delivré Le pays de cil, qui livré Les avoit a plusieurs meschiefs, Dont veoir en pevent li chiefs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292).

II. -

[Idée de mise à distance, de mise à l'écart]

A. -

Au propre

 

-

[Anton. de porter] "Cesser de porter, déposer qqc." : J'ay souvant les armes portees, Mais, present, de cueur singulier Ont esté de moy deportees. (LA VIGNE, S.M., 1496, 259).

 

-

[D'une femme qui vient d'accoucher] Estre deportee (d'un enfant). "Être libérée" : Dame, je vous vien veoir cy Pour savoir de vostre portée Conment vous estes deportée Et quel enfant avez eu, Et s'il est taillié ne meu De vivre, dame. (Mir. Clov., c.1381, 252).

B. -

Au fig.

 

1.

[Avec une valeur positive de protection]

 

a)

Deporter qqn de qqc. "Épargner qqc. à qqn, dispenser qqn de qqc." : Et de che sui je tous ciertains Que m'amie vergonderont, Ne ja ne l'en deporteront, Car il sont fel et orguilleus (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 269). Se m'en poriés bien deporter, Car chils fais chi trop fort me carge. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 156). Si regarderent li signeur d'Engleterre que li Hainnuier averoient trop de painne a aler si lonch, et en furent deporté, et la donnés et pris li congiés de toutes parties. (FROISS., Chron. D., p.1400, 160). ...eulx suppliant qu'ilz leur pleust faire rendre lesdits prisonniers quites desdits VIIc florins et faire deporter sesdits gens desdits appatis. (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 306). Mais au regard de ce dont vous me requerez, il me samble que je feray follie et villonnie de la nommer se je ne sçavoie qu'elle en fut contente. Sy vous prie humblement que me voeilliez deporter de ceste requeste. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 312). Sy fut approchié par menasces de gehines et de divers tourments (...) mais le coeur tantost lui commença à frémir à l'encontre, et proféra parole, priant qu'on le deportast des tourments et il diroit tout. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 300). ...[le duc de Bourgogne] delibera en ly que se a ceste fois le roy ne voloit entendre a raison et le deporter de guerre et de tribulation, il a tous les princes crestiens et a nostre Saint Pere de Romme envoieroit la coppie des justifications et des offres en quelz s'estoit mis envers le roy par ses ambassadeurs (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 298).

 

-

Deporter qqn/qqc. à/de (non) + inf.

 

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"Dispenser qqn de" : SECOND CLERC. Pour ce que c'est yaue sacrée, Il appartient c'on le deporte Huy d'aler, et que l'en l'emporte En son manoir. (Mir. st Sev., 1362, 212). Une compositions fu faite entre le dit roy et le pays de Bourgongne : parmi deux cens mille frans qu'il deubt avoir tous apparilliés, il deporta le dit pays de Bourgongne à non courir. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 226). ...on les deportoit a non estre en la guerre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 351).

 

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"Épargner à qqn/qqc. de + inf. passif" : Que ceste ville soit deportee de non estre arse, cela poés vous bien faire (FROISS., Chron. D., p.1400, 328). Enssi demora la bonne ville de Bruges en paix, et fu deportée de non estre courue. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 64). Se lor dist li rois tout hault : "Entre vous qui chi estes, de la courtoisie que je vous fac, remerciiés vostre bon amic Godefroi de Harcourt, car par li estes vous deporté de non estre ars..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 696).

 

-

Deporter qqn que + subj. "Dispenser qqn de" : De ceste taille acquist et assembla Philippes grant argent, car nuls ne nulle n'estoit excusés ne deportés que il ne paiast. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 247).

 

b)

Empl. abs. "Ménager qqn" : ...il leur est avis que yceli seigneur deporte plus et seuffre yceulx que les autres. (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 53). ...Et prestre et moyne qui porte Espee, targe, delz ou bocler[,] Prince qui les riches desporte Et les sustient et les emporte Pour la petite gent grever... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 211). Par dos d'asne tu pues entendre Qu'avoir dois le fais et la charge, Et que toutes ses besoignes Sans faire obliance, tu soignes ; Tu en dois la somme porter Pour mieux ton maistre déporter (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 23). Haro ! Haro ! Il est ja nonne ! Si ne voulez encor plaidier. Voulez vous les humains aidier Ne deporter qui estez juges ? Ce seroit uns mauvais deluges. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 58). Je oste mon roy et en voy traire, Pour ce qu'il estoit nechessaire, Si le fis reculer vers destre Pour mains perilleusement estre. Et chelle, qui poy me deporte, Prent tantost mon roc, si l'emporte. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 130). Varlet de signeur et de dame Est on tenu de deporter. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 128). Sa, seigneurs, vueilliez vous offrir A ces deux jusques la porter Doulcement, et les deporter Sanz leur mal faire. (Mir. ste Bauth., c.1376, 159). Se mon mary me fait offensse, Ou veult estriver de riens nee, Puis que il a brache brisiee, Contre terre le bouteray. Jamais ne le deporteray, Se me gart Diex. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 32). Et pour ce vous chastie je que vous ne deportez vostre ennemy la ou vous le povez mettre en subgection par honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 87). Crueusement furent assaillis les huit chevalliers a celle mortelle envahie, car Pitié, qui aucunement deporté les avoit, se party de la place (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 641).

 

-

"Épargner qqn" : Par jugement jugiez sera Qui les malvais deportera Par argent ne par raençon. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 68). Et dit que vostre chappellain Soit ars avant hui que demain, Et la dame soit deportée, Qui s'estoit a li confessée. (Mir. femme roy Port., c.1342, 198). Je lez fiz huy maitin per Romme trayner A cowe de chevalz, la lez fi ge nouuer. Il sont tout pendus, n'an vol ung seulz depourter. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 433). Et s'on me vouloit croire, vo fille on ardera ; Se vous la deportés, elle vous trahira. (Tristan Nant. S., c.1350, 431). Sez fellons anemis ne vot point deporter. N'est hons, s'il le véist fierrement demener, Qui ne déust cez cos fuïr et destourner. (Hugues Capet L., c.1358, 81). Et ne devoient li dit coureur deporter homme ne femme, de quel conversation qu'il fuissent, mès tout mettre à l'espée. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 115). Dieu des dieux (...), se par ta misericorde tu me deportes jusques au jour du jugement, lors au moins verront touz les sainz et toute autre gent touz mes mauvais pechiez (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 41). Si vous requier ung don en non sainte Marie, C'est que ceste cité cy soit arse et bruÿe, C'om n'y voit deppourtant chevalier ne mesnie. (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 438).

 

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[De la mort] : Et qu'enten je par occident ? La mort qui par tout fiert son dent ; Ne grans ne petis ne deporte ; Tous nous faut passer par sa porte. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 320). Car le temps s'en va sanz retour, Et s'ore ez en ta jeune flour, Viellece vient acourant fort Et avec, que est, la mort Qui nul ne nulle ne deporte, N'a nul age ne se rapporte : Morir fault et ne scet on quant. (Gris., 1395, 12).

 

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[D'une terre] Estre deporté. "Ne pas subir de dommage, être épargné" : Si fu en ce voiage la terre dou signeur de Couci toute deportée, ne on n'i fourfist onques riens (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 156).

 

2.

[Avec une valeur négative ou neutre]

 

a)

Deporter qqn de qqc.

 

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"Priver, spolier qqn de qqc. (d'un bien, d'une rente)" : Et volt li rois de France que li sires de Couchi fust regars de toute Picardie ; et adonc li donna il toute la terre de Mortaigne (...) et en fu deportés messires Jaquemes de Werchin (...) qui le tenoit de la sucession son père (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 233). ...j'ay estee de long temps deportee et unqore sieu de moun annuytee de IIIJxx marcz par aun en le countee d'Everwyke (Lettres agn. L., c.1405, 364).

 

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Se faire deporter d'un bénéfice. "Se faire, se laisser déposséder d'un bénéfice" : ...le duc estoit assez tenu de le promovoir [maistre Guy de Monmorency], car lui avoit fait laissier et soy faire deporter amiablement de l'eveschié d'Arras, qui estoit sienne et a lui contribuee, pour la transporter en la main du doyen de Vergy, abbé de Lusseul (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 270).

 

-

"Relever qqn (d'un office)" : Et ce fait, à requeste du maieur, qui pour le temps a esté, nos baillis ou chastelains deporte du dit eschevinage les onze eschevins (Hist. dr. munic. E., t.1, 1374,,, 93). Comment Toyson-d'Or, vieillard, par son instance fut déporté de son office, auquel il avoit servi le duc par l'espace de trente-six ans (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 380). Et comme il avoit oy dire que le duc tenroit une court ouverte le jour de la Penthecoste, pensa là, en pleine salle et en pleine congrégation, prier au duc pour estre déporté de son estat, considéré ses vieux jours et son impotence (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 382). Le dit feu David de Pamele a par nous esté deporté du dit estat de bailly et en son lieu y a esté par nous commis Jehan de Fretin. (Arch. Nord, 1485, B 1703, f° 118, IGLF).

 

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"Déposer, destituer qqn" : ...feu mondit seigneur (...), pour consideracion des bons et agreables services que lui a fais ledit messire Roland longuement et loyaument en pluseurs et diverses manieres (...), a ordonné, commis et establi capitaine des chastel et ville de Dunkerke et des appartenances, en deschargant et deportant tous autres capitaines paravant par lui à ce ordonnez et establis (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 518).

 

b)

Se deporter de qqc. "Se priver de qqc." : ...Car en vous sont tous mes plaisirs mondains, Desquelz me fault a present deporter, Puis qu'ainsi est que de vous suy loingtains. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 28). Ce m'est force que d'aise me deporte, Car je la sens desja pres de la porte [la mort] Et vient logier dedans ma fantasie. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 11).

 

3.

"Renoncer à, s'abstenir de, se dispenser de"

 

a)

(Se) deporter de qqc.

 

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"Renoncer à qqc., s'abstenir de qqc"

 

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"Renoncer à (une entreprise, un projet...)" : "...le roy a dezir qu'a vous puist confesser. -Seigneurs, se dist saint Gilles, bien s'en doit deporter ; Je ne suis mye dignes de tel seigneur hanter." (Tristan Nant. S., c.1350, 686). "...je vous conseille (...) que vous vous deportez de ce voyage et laissez le roy d'Espaigne et le roy de Portingal faire leur guerre ensemble, car elle ne vous regarde en riens." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 126). ...il appella, et depuis se depporta de sondit appel (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 393). Ce jour, maistre Pierre Chazote (...) a dit en la Court qu'il se deportoit et se deporte de son opposition qu'il avoit à l'encontre de messire Guillaume Seignet pour l'office de senechal de Beaucaire. (BAYE, II, 1411-1417, 245). ...les despens de lui, ses gens et chevaulx, de cinq jours (...) qu'il a vacqué, par le commandement et ordonnance de madicte dame, en avoir esté sejourner entour Chalon devers les gens d'armes et compaignons de Jaques de La Baulme, qui illec estoient pour leur dire, de par icelle dame, qui se desportassent des pilleries, rouberies, dommaiges et maulx qu'ilz faisoient aux subgez de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 122). Sire chevalier, de telles parrolles que vous dictes vous vous peussiez bien passer et depporter et vous atendre à ce que Nostre Seigneur en fera (Cleriadus Z., c.1440-1444, 34). ...il se voult jecter a ses piés [de la reine] ; mais elle ne le voult aucunement souffrir, ains dist : "Beaux filz, depourtés vous de ces honneurs, car ils n'appartiennent pas a moy..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 48). J'ay escript de ceste matière audit Monseigneur de Bourbon par mon clerc Alain Delacroix afin qu'il se déporte desdictes entreprinses et empeschemens (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 142). Mais quant a vous, abbé, nous vous prions que de voz grans appareilz de viandes vous deportez, car sans faulte vous en avez esté outraigeux et n'en voulons plus. (LA SALE, J.S., 1456, 253). "Mes amyz, véez-cy nostre Createur sur quoy il fault que vous jurez ; vous devez avoir grant paour que pour la mauvaistié de l'ung ou de l'autre il est yci apporté ; et, pour ce, pour l'honneur de luy, depportez -vous de ce serement [car l'un des deux sera nécessairement parjure]..." (BUEIL, II, 1461-1466, 108). ...le seigneur de Hemeries, sans moyen entredeux, sievoit cely de Rossimbos, par quoy il estoit raisonnable qu'il en eust l'absence. Et partant le conte se bouta si aigrement en ceste querelle en faveur de cely de Hemeries qu'il y eust mis corpz et chevance premier que s'en estre deporté. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 108). ...[le duc de Bourgogne] desiroit bien et voloit a luy lesser [au roi de France] ce qu'a luy appertenoit, mes a envis deporteroit aussy de ce dont ses predecesseurs avoient joÿ vertueusement de tout temps du monde. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 126). Oultre plus, s'i vous plaist, la charge A autre que moy baillerez D'aller au Roy tres noble et saige ; Autrement en disposerez, Que entre vous, comme savez, Y sont que moy plus suffisant : S'i vous plaist, vous en depporterez Et en commectrez plus duisant. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 258). A toute dilligence fist son armée et escripvit au roy, luy suppliant qu'il se voulsist deporter de ceste entreprinse, veü qu'ilz estoient comprins en sa trefve et ses alliéz. (COMM., I, 1489-1491, 123). LE MOUNYER. ...Je vous vouldroys bien demander, Si je vous vouloys embraser, Sy vous me lesseriés ponct faire. LA PREMIERE DAMOYSELLE. Deportés vous de cest afaire (Gent. moun. T., c.1500, 374).

 

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Empl. abs. : ...le pape Bénédic et son adversaire ne se vouloient point déporter, ne délaisser la papalité comme ilz avoient promis (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 244). Et se toy, Angleterre, te veulx deporter et faire tes gens retourner en ton pays (...) tu feras ton devoir (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 216).

 

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[Aux effets d'une action déjà accomplie] "Considérer qqc. comme nul" : Si nonçons et prononçons, certefions et ratefions que nous (...) volons que nostre chier filz le prince de Galles se deporte de toutes actions faites ou à faire, restitue à tous ceulz et celles qui grevé ne pressé aroient esté par lui (...) tous cous, frès, damages, levés ou à lever, ou nom des dittes aydes et fouages. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 210). ...fut mandé et commandé à ceux du chappitre de recevoir cestui [l'évêque nommé par le Pape en dépit d'élections qui en avaient désigné un autre] et déporter de l'élection faite, sur tous les bans et interdictions que l'église peut faire. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 80).

 

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[À un pouvoir] : ...moult pesoit aux saiges que le roy se vouloit deporter de son royaume (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 500). "Bethidès mon filz, je me depourte et demés icy de la couronne du royaume de la Grant Bretaigne..." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 510).

 

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[À un droit, un honneur, une charge...] : Aussi, quant le duc de Berry vint en Languedoc, ledit conte se deporta de son office et n'en voult plus riens exercer dessus le duc de Berry. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 68). Et ferions tant par priière envers nostre cousin le roy dan Piètre, que vous ariés grant part au royaume de Castille ; mès de le couronne et hiretage vous faut deporter. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 29). ...se ceulx qui ce font [acheter des offices] savoient la charge que c'est et en arme et honneur, ilz s'en desporteroient. (JUV. URS., Verba, 1452, 338).

 

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Inf. subst. Le deporter. "La renonciation (à un droit ou à un honneur)" : "...Et se jugiet et declaret estoit par droit que aultres y fust plus proismes de moy, je ne seroie point honteus ne rebelles del deporter." (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 104).

 

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En partic. "Renoncer à (des propos supplémentaires), ne pas en dire plus, ne pas en demander davantage" : Et cheste chose se porroit Assés bien prouver, qui volroit, Par mainte raison bonne et forte, Dont a present je me deporte. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 154). Du surplus me vueil deporter, Car lors cil nous raportera Lequel de tous l'emportera (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 135). ...autres mandemens royaulx, (...) desquelz réciter et escripre je me déporte à présent pour cause de briefté. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 196). Et au fort je m'en deporte d'en plus faire mencion (JUV. URS., Nescio, 1445, 510). Je vueil bien veoir qui ce fera, Car assez commect la besongne Qui par autuy euvre et besoingne. Et a tant m'en tais et deporte. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 44). - En verité, sire, dist le chevalier, vous ne homme vivant ne peuvent sçavoir mon nom, se n'est par force d'arme... - Sire, dist le Chevalier a l'Aigle d'Or, je m'en deporte atant, car je ne suis point si fol que de vouloir sçavoir vostre nom par force d'armes. - (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 138). ...mon nom ne diray a personne qui vive tant que je sçavray se je suis de tel valeur comme d'avoir nom en cestui monde. Et au cas que je faudroye a celui qui m'a icy amené, je ne vouldroie estre cognut pour nul denier. - Sire chevalier, dist la dame, puis que ainsi est, je m'en deporte atant (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 133).

 

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Empl. abs. : ...puis elle lui encquist de son estat en plusieurs manieres, mais il lui commença a dire ce que bon lui en sambla et au demourant se deporta. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 162).

 

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[Construction proleptique] Se deporter de qqc. que + sub. "Renoncer au fait que qqc. + sub." : [D'un côté, le duc de Bourbon ne veut pas donner la seigneurie de Chinon en dot à sa fille] et à l'autre lez, le duc de Bourgongne qui ne se voulut onques déporter de ceste terre qu'elle ne fust accordée par le traité à son fils, se tint roide et restif aussi, et monstra par samblant que de la rompture ne lui estoit riens et encore moins qu'à l'autre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 9).

 

-

"Se dispenser de qqc. (de plus ou moins obligatoire)" : Mes anchois que de chi je wide, Nouvelles me raportera, Ne ja ne s'en deportera. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 181). Le pape et les cardinaulx (...) luy manderent qu'il allast en Avignon. Le conte ne s'en voult point excuser ne deporter, mais il y ala (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 184). Chils rois fist en son temps tamainte hastieve justice dont il se fust bien deportés, se il vosist. (FROISS., Chron. D., p.1400, 182). ...les maistres des Requestes de l'Ostel du Roy nostre sire dessusdit se deportoient et delaissoient du procès pendent en la Court (BAYE, I, 1400-1410, 2).

 

-

Prov. Bon fait de mal se deporter : Ainsi que le coursier vous porte A voz affaires hault et bas, Aussi le peuple vous apporte de quoy vous menez vos esbas. On leur fait assez de cabas, Qui leur sont fort griefz a pourter. Bon faict de mal se depourter. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 54).

 

b)

Se deporter de + inf./se deporter que

 

-

Se deporter de + inf. "S'abstenir de, renoncer à" : Li quart nom des sept sages de Romme estoit Antonius et le seurnom Judex, c'est a dire "verité regeïssans", et cilz seurnoms appartient bien a lui ou appartenoit, car pour doubte de nulluy, ne pour amistié ne pour peril en quoy nulz peüst encheoir, il ne se deportast de verité dire. (Bérinus, I, c.1350-1370, 5). Toutesvoies s'il pouoit estre Que se deportast de soy mettre En tel chemin, et demourast Et que son royaume gardast, Moult bon seroit. (Mir. ste Bauth., c.1376, 106). ...[le Roy envoïa deux notables personnes] pour le sonmer et requerir que il se vousit deporter de luy faire aucun enpechement en sa souveraineté et ressort (Songe verg. S., t.1, 1378, 283). ...attendues leurs confessions, (...) fu dit par ledit mons. le chancellier et conseil du roy qu'il se deportast de plus avant requerre les dessus diz prisonniers qu'il repetoit et requeroit à avoir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 85). ...et fu requis, il qui parle, très-instanment, par icelli maistre d'ostel, qu'il se volsist deporter de baillier oudit mons. de Berry les lettres closes que le roy lui envoyoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 527). A Jocaste, qui grant dueil porte, Vont dire qu'elle se deporte De faire dueil, pour festoyer Le chevalier (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292). O grace et pitié tres immense [Marie d'Orléans], L'entree de paix et la porte, Some de benigne clemence Qui noz faultes toust et supporte, Se de vous louer me deporte, Ingrat suis, et je le maintien, Dont en ce refrain me transporte : On doit dire du bien le bien. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 43). ...force luy fut de dire au curé qu'il se deportast de hanter en sa maison (C.N.N., c.1456-1467, 440). Bulcasym fut environ ce temps disciple d'icelui Candarel et fut, après sa mort, astrologien du jeune Anthiocus, lequel voyant la nativité d'icelui congnut bien sa mort, si l'advertit qu'il se deportast de fere guerre à Judas Machabeus, qui proposoit d'aller prandre Jherusalem, ce qu'il ne voulut croire (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 v°). ...et rescripvirent à Demetrius qu'il se depportast de plus grever les enfans d'lsraël. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 r°).

 

-

Se deporter que + sub. "S'abstenir, se dispenser de" : Et, se il vente oultrageusement Ou fait froit excessivement Et nen ne se puist deporter Qu'il ne faille l'oyseau porter, Je ne tien pas celui pour fol Qui adonc le met en maillol (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 340). Portier amis (...) ne te deporte Qu'en l'eure ne m'euvres la porte, Car issir vueil. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 291). Sire, ne me vueil deporter Que je ne face cy m'offrande (Mir. st Alexis, 1382, 318). ...pensant moult fort a une pucelle qu'il amoit de bonne amour, il ne se deporta point qu'il ne commençast a dire tout hault, comme celui qui cuidoit estre seul, en telle maniere... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 283). Qui m'aime tant que plus porter N'en puet, ne m'en puis deporter Que je, pour luy reconforter, Ne face un lay. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 35).

C. -

En partic. [Idée de mise à l'écart de ce qui cause du souci, du tracas]

 

1.

Deporter qqn/un aspect de la personne

 

a)

"Divertir qqn, procurer détente et plaisir à qqn" : Vueil que tu sois endrappellez De ce drappel cy par desseure : A terre l'ay pris tout en l'eure Pour t'en cointir et deporter. (Mir. parr., 1356, 49). [Deduit] S'estoit assis sur l'erbe fresche Et si avoit fait aporter, Pour la gent d'Amours deporter, Uns eschés et un eschequier (Echecs amour. K., c.1370-1380, 114). Mais il [Amour] m'envoia un oubli Ou puis me sui moult deportés Et solaciés, car il fu tels Que grandement me deporta. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 56). Apriès souper on leva sus. Florée demanda les jus Pour le chevalier deporter, Et on li ala aporter Les eschés (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 8). Plus que nul aultre me complains Des grans maulx que j'ay a porter (...). Pourquoy je pri et soirs et mains C'on me vueille ung poy deporter (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 159). ...Ay voulu pour toy deporter, Ceulx aussi a qui ton fez poise, Translater en rime françoise Un assez beau petit traictié Que pour toi a fait et traictié En beau latin metrifié (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 49).

 

-

Deporter son corps/son coeur. "Se divertir, se donner du plaisir" : Telx hons puet bien rire et chanter, Dancier et son corps desporter Qui tost morra, senz plus attendre. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 159). Mais la franche pucelle estoit enamouree De Guyon de Nanteul ou proesse est doublee (...). Tant va la damoiselle qu'ell'est ou bos entree ; Son corps va deportant jusqu'à nonne sonnee (Tristan Nant. S., c.1350, 95). ...Au boys lez une fontenelle Ou mainte dame et damoiselle Furent pour leur corps depporter. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 203). Lequel de tous l'emportera, Celle qui nous fait porter A Et mainte douleur supporter, En cuidant son cueur desporter...? (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 135). Veoir povez de nous le convenant. Dittes lequel a lieu plus advenant D'avoir amie a son coeur deporter. (Percef. lyr. L., c.1450 [c.1340], 83).

 

-

Deporter le corps de qqn. "Procurer du plaisir à qqn" : Je me doie muelx hayr c'on ne poroit panser Quant un chetis garson ne me vuelt mie amer (...). Il deust estre en grant [l. engrant] de mon corpz desporter Et de faire tout quant que je volcisse commander. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 80).

 

b)

P. ext.

 

-

"Réconforter, protéger qqn" : Tu, emperere de Rome, gouverne le pueple piteusement et fay boune pais par tout, deporte tes subgiez et abat les orgueilleux, ce te enseignent les loys. (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 211). ...nous devons amer les poures, eider et conforter a lour bosoigne, et les sofretous visiter et desporter par charité (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 188). Il estoient si bien d'acord que tout mettoient main à bourse, quant il besongnoit, et se tailloient li rice selonc leur quantité, et deportoient les povres. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 140). Finablement, les choses dessusdites sont toutes dites a la recommandacion et a la grant loenge de viellesce et des anciens que on doit sur tous amer et deporter et honnourer et craindre, car tout le bien, le sens et la bonne doctrine que nous avons, des anciens originalment viennent, sy come Architrenius dit. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 495). Le quint [commandement] : que l'on honnore son pere Et que l'on deporte sa mere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 67). Dont entre toutes les anciennes citez, celle de Lasedemonie fust celle qui plus honnoura et depporta viellesse (LA SALE, Sale D., 1451, 199).

 

.

"Consoler qqn" : Icelluy Seth tindrent a bel [Adam et Eve], Car en leurs dueulz les depporta Et grandement les conforta. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 26).

 

.

Se deporter. "Se réconforter" : Mere, ne prenez desplaisir Du depart, et n'en siez marrie, Deportez vous avec Marie Et avec Marthe doulcement, En actendant benignement Que le vouloir de Dieu se face. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 640). Allés vous ung peu desportant Tandis (mon) mal se passera Et vous aurés qui pensera Bien de vous je vous certiffie (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 67).

 

-

"Rendre service à qqn, aider qqn" : Et tant con fu en l'abbaïe, Par lui noise n'i out oïe Ne tençon ne lede parole, Mes ou lez autres a l'escole Et au moustier touz jours estoit Et lez servet et deportoit. L'abbé servet bien et souvent Et ennourout tout le couvent (Vie st Evroul S., c.1350, 59).

 

-

Deporter qqc. "Soulager (des maux)" : Mais ne cuidez pas qu'Esperance, Qui les entreprenans avance, Oublie la ses povres gens, Pourtant s'ilz ne sont beaulx ou gens Non fait, ainçois les reconforte ; Trop seroit leur penance forte S'elle n'estoit, mais conforter Les vient pour leurs maulx deporter (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 100).

 

2.

(Se) deporter

 

-

"Se réjouir, se divertir, prendre du plaisir, se détendre" : L'ung recule, l'autre s'avance ; L'ung se plaint, l'autre se deporte. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 225). Par foy, c'est mau fait, doulce amie, De vous ainsi desconforter : Pour Dieu vueilliez vous deporter. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 238). En ce penser fui longuement, Mais ce fu si paisiblement Qu'en joie adès me deportay, Pour ce que mon penser portay En l'espoir que prendre porroie L'esprevier que tant desiroie. (MACH., D. Aler., a.1349, 264). Oiseaus ot de mainte maniere Qu'il fist aveques lui porter, Pour soy deduire et deporter. (MACH., D. Aler., a.1349, 355). Et en ce point Aigres, qui avoit un pou dormi, s'estoit esveilliez et chantoit un son d'amours pour lui deduire et deporter et pour oublïer son ennuy, et Achars se seoit assez prez de lui. (Bérinus, I, c.1350-1370, 308). Il me fault deporter, car je suis assez las (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 203). Telz chans me sont doulces leçons, En les oir tant me deport (Mir. parr., 1356, 58). Ly rois Huez Capet au matin chevauchoit, à privée maignie, car point ne se doutoit, En joie et en revel, et bel se deportoit. La menestrauderie douce vie y menoit (Hugues Capet L., c.1358, 204). Retien esperence forte De ta sorte Et n'aies pensée torte, Eins aies le cuer enclin à leesse et t'i deporte Et conforte, Ou autrement je suis morte. (MACH., Les lays, 1377, 447). Puis envoie ses plus privez messages Qui bien souvent ne sont mie trop sages, Et s'ilz portent quelque plaisans langages Qu'il leur demande, Ilz font tousjours la nouvelle plus grande Et dïent bien qu'elle se recommande A lui cent foiz, et que par eulx lui mande Qu'il se conforte Et qu'en espoir s'esjouÿsse et deporte. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 163). A mort mes membres se transportent, En vigueur plus ne se deportent Tant suis foible et debilité (LA VIGNE, S.M., 1496, 565).

 

-

Se deporter à qqc. "Prendre plaisir à qqc" : Et en dementrues je m'avise Del ymage que je portoie, Ou jadis je me deportoie (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 114). Un anelet d'or il portoit, Ou alefois se deportoit (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 148). Il semble, quant tu vas la voie, Que tu penssez trestout adez. J'amasse miex qu'au jeu dez dez Ou auls tables te deportasses Qu'en tel guise te demenasses. Ta guise mue ! (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17). Mais a sa dame n'en souvint Qui aux dances se deporta. (CHART., B. Dame, 1424, 359).

 

.

Se deporter à/en + inf. "S'amuser à" : En tous maus faire se deporte, Quoy que nuls die. Fortune est par dessus les drois (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Fay que me solace et deporte En ta grant biauté regarder. (Mir. ev. N.D., c.1348, 77). Mais point ne se fault deporter Au mains de nuit a le porter [le "sac", sorte de culotte] A homme qui est marié Car ce seroit trop varié Contre la loy de mariage. (Barbes brayes A., a.1450, 258).

 

-

Se deporter avec qqn. "Prendre du plaisir en la compagnie de qqn" : ...il avoit une très belle damoiselle à amie où à la foiz il se deportoit ; car de grant temps avoit esté vefves. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 187). A tant pris-je congié à l'escuier, et trouvay autre compaignie avecques laquelle je me deportay. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 181). Roy Luciffer, il te fault deporter Et ton tourment hideux et miserable, Soit bien ou mal, sur ce poinct comporter, Car faire veulx ung chief d'euvre vaillable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 368).

 

-

Se deporter d'une femme. "Jouir sexuellement d'une femme" : Dame, dist Passelion, or soiés a vostre paix, car par la foy que je doy a mon chier pere qui est mort, je ne congnois tant grant chevallier en ce païs que ne lui coppasse la teste ains que de vous me deportasse. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 767).

 

-

(Se) deporter de qqc. "S'amuser, se réjouir de qqc." : Tout le tresor du roy emporte Medee, qui jeue et depporte De ce dont encor ert dolente. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 46).

 

.

"Être content de qqc." : Mais quant li homs est mis en terre, Avec li pas ne les emporte [ses richesses], Qu'autres les a qui s'en deporte Et les despent, espoir, et gaste Et fait grant tourtel d'autrui paste. (MACH., C. ami, 1357, 70).

 

-

Se deporter en (animaux de chasse) : Mais il [le marquis] avoit son deduit mis Seul en chacier et en voler ; Seulement se voult deporter En oyseaux et en chiens chassans (...) Maiz point ne lui plot li lïens Ne li estas de marïaige. (Gris., 1395, 3).

 

-

[D'une chose] Se deporter en qqn. "Se plaire en qqn" : Et la encor le voir oÿ Dou chevalier c'on prise si, En qui proece se deporte, Qui dou soleil d'or s'arme et porte (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 136).

III. -

[Domaine de la conduite]

A. -

[Idée de manière d'être, de manière de vivre, de manière de réagir] Se deporter

 

1.

"Se conduire, se comporter, vivre (de telle ou telle manière)" : Cil qui de Dieu porte l'image Li fait despit et grant injure, S'il eslit plus qu'a la nature Des bestes se vive et deporte Qu'a l'image de Dieu, qu'il porte. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 43). Qui la veïst saint Gille qui grans fut et corsus, Ferir de sa grant hache dessus les mescreüs, Bien sembloit que tousjours il se feust combatus ; Neant plus ne se deporte ly sains homs esleüs Comme s'il feust nourris ainsy con rois ou ducs (Tristan Nant. S., c.1350, 706). Si pesant m'en semble le faiz [du mariage] Que ne le pourroye porter, Car je ne me quier deporter Fors en ma franche liberté. Du tout seroye deserté, Se me boutoye en si mau pas. (Gris., 1395, 14). Veu que je me suis, en la queste D'Amours, loyaument deporté, Fortune, passez ma requeste, Quant assez m'aurez tort porté. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 444). A mort mes membres se transportent, En vigueur plus ne se deportent Tant suis foible et debilité (LA VIGNE, S.M., 1496, 565).

 

-

Se deporter à + inf. "Se comporter de façon à, s'appliquer à" : [Une femme à celui qu'elle aime] A loyauté maintenir te deporte. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 132). Je m'esjoÿs et me deporte D'ouvrer toute euvre vertuable Qu'a mon pere scens agrëable (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 158).

 

2.

"Se calmer, se contenir, s'apaiser" : Si li a dit humblement [au roi en colère] : "Sire, Le roi saint Emont vous salue, C'est la cause de ma venue, Que pour son message apporter Plaise vous a vous deporter, Ce vous requiert par grant franchise ; De la taille qui est requise En son païs et en sa terre De par li vous en vien requerre Relaschement par courtoisie..." (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 33). Ceulx de l'angarde ynellement Vindrent compter ceste aventure A leur seignour, qui en grant cure Et a moult grant angoisse estoit, Quar a son pouair s'apprestoit De recevoir ses anemis, Si fut de la nouvelle mis Entre paour et esperance, Quar des armez avoit doubtance Qu'il ne fussent encontre li ; Mais d'aultre part li embelli La blanchour et le conforta. Au mielx qu'il pot se deporta Pour ses gens tenir plus hetiez (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 7). Il faudra que je me deporte Et que croie sanz contredit Ce que le prisonnier m'a dit (Mir. fille roy, c.1379, 97). Veulliez vous ung peu deporter Et oyr ce que je diray. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 36).

 

3.

"Être dans un certain état" : [Un père est inquiet pour sa fille amoureuse] Mais il n'est pas au fond encor De la racine qu'elle porte. Ce premiers elle se deporte .I. peu mieulz assés que devant, Et puis li revient au devant Li chevaliers as rouges armes, Qui li fait plorer pluiseurs larmes Et faire lamentations. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 297).

 

4.

Se deporter de qqc. "S'accommoder d'un état de choses, se faire une raison de qqc." : Et pour la grant desir qu'elle [Sarah, femme d'Abraham] avoit d'avoir filz de son mary lesquelz elle peust nourrir et garder, elle bailla sa meschine et la fist couchier en son propre lit, et s'en volt deporter. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 60). Laquele [femme] il voult tant essaier Et tant de courroux lui offri Qu'onques femme tant n'en souffri Qui si bien s'en sceust deporter, Car d'obeïssance porter A son seigneur en tous endrois Vint, ainsi comme ce fu drois, En l'estat de perfectïon A tresgrant consolacïon (Gris., 1395, 2). [Le marquis en répudiant Griseldis] Et va en ta vielle maison, Car nul sort n'est perpetüel A homme n'a feme ; s'est bel De s'en deporter bonnement. (Gris., 1395, 81).

B. -

[Idée de résistance, de patience]

 

-

"Supporter qqn/qqc." : Se aucuns hons a fame male, Souffrir li doit bien ceste male ; N'a mestier qu'autre male porte. Cesti ci faut il que deporte, Et s'il la scet bien deporter, Angre devront ou ciel porter S'ame quant partira du monde. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 181). Dont vous vient il a faire ainsi ? Point ne me plaist, bien le vous dy, Trop vous ay voir deportee Et (trop) souferte en ma contree (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 51). Car sans parfait et grant courage li ramena en telle maniere qu'elle sot bien droitement estaindre celle douleur et deporter si comme il appartenoit, et si ordena a trouver cause de remede convenable (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 30). Ce te doit moult reconforter A tes dolours ci deporter En bon espoir, sans contredit. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 76). La estoit Ogier, Nalme et leur oncle et nepveurs tous excepteit Gerart de Fraite, qui par son orgueil fut honis ; maiz Charles le deportoit pour son linaige, qui estoit sy grant, sy fort et sy puissant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 92). Son couroux tout beau deporte Et le porte (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 207). Il ne m'en chaut ja se le mary que j'auray n'est point riche car je le suis assez. Je ne demande fors qu'il deporte mez oultragez [Ed. : "qu'il supporte mes excès"]. (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 100).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 7/102 
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     DÉPORTEUR     
*FEW IX portare
DEPORTEUR, subst. masc.
[GD : deporteur ; *FEW IX, 218b : portare]

A. -

"Porteur"

 

Rem. Doc. 1347 ds GD II, 518a.

B. -

"Celui qui rapporte, qui enseigne qqc."

 

Rem. VIGNAY ds GD II, 518a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 8/102 
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     EMPORT     
FEW IX portare
EMPORT, subst. masc.
[T-L : emport ; GD : emport1 ; AND : emport ; FEW IX, 216b : portare ; TLF : VII, 985b : emport]

"Faveur, bénéfice" : Se ton sort Et ton ressort En li as, Meint deport Et meint emport Y penras (MACH., Les lays, 1377, 359).

 

-

Sans emport. "Sans faire de faveur" : Liquel quatre (...) departiront entre eulx lesdites soixante livres sur meubles et heritages, sanz nul emport (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1355, 336). Dont il pert si son espoir Qu'à martire Desconfire Et rudement contredire Se voit fort Sans nul emport D'Amours ne d'amie avoir. (MACH., Les lays, 1377, 386). ...le trés noble prince, les prelatz et les nobles et les bourgois sont gouvernéz par les dites coustumes sanz faveurs et sanz emport. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 60). ...que les prevostz et autres officiers qui sont dessoubz eulx, qui sont deloyaulx, tourtueurs ou exaucionés ou suspectenans d'usure ou qui mandront deshoneste vie empertinent, il ne sortiront en leur honeur, mais corrigeront leurs excés en bonne foy senz emport (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 69). ...adviseront entre eulx deux notables maistres sans faveur ou emport pour avoir pour celle année la charge de la visitacion dud. mestier (Anc. corp. dijonn. C., 1443, 313).

 

Rem. Doc.1343, 1355 et 1365 ds GD III, 68c.

 

.

"Sans ménagement" : LE IIe NAVETIER. Or sus, frappés dedans l'arnoy Vigoreusement, sans emport ; Sy serons plustost au droit port Arrivés qu'em faire faintise. Tous les fors vens, se n'est la bise, Ouvrent pour nous bien avancez. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 169).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 9/102 
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     EMPORTABLE     
FEW IX portare
EMPORTABLE, adj.
[GD : emportable ; AND : emportable1 ; FEW IX, 216b : portare]

"Qui peut être vaincu, conquis" : LE CHEVALIER. ...Tout est mien, Tout m'est conquis, ou conquestable, Tout emporté ou emportable. Le monde est fait seul pour mon bien (CHASTELL., Outré am. K., 1449, 119). ...il congnoissoit ceux qui estoient dedens [la bataille], estre chevaliers de coeur et gens de grant fait et valeur, et non par un merveilleux et haut effort emportables, lequel il ne cuidoit pas qu'ils le dussent avoir tel, ne si fort, ne pesant (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 102).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 10/102 
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     EMPORTANCE     
*FEW IX portare
EMPORTANCE, subst. fém.
[*FEW IX, 216b : portare]

"Mouvement de colère" : Invectiva (...) : enportance ou vilennie (Gloss., c.1400-1500. In : P. Nobel, Lexique 4, 1986, 165).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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     EMPORTE-PIÈCE     
*FEW IX portare
EMPORTE-PIECE, subst. masc.
[*FEW IX, 216b : portare]

"Action brutale, violente, ravage" : ...Ce ne sont mie gent où on se voist juant. C'est tout enporte-pièche çou qu'il vont labourant (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 381).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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     EMPORTER     
FEW IX portare
EMPORTER, verbe
[T-L : emporter2 ; GDC : emporter ; AND : emporter1 ; FEW IX, 215b : portare ; TLF : VII, 986a : emporter]

Empl. trans.

I. -

[Idée de mouvement, au propre ou au fig.]

A. -

Emporter qqc.

 

1.

"Prendre avec soi et porter ailleurs"

 

a)

[...un objet, une chose concrète, un animal...] : Se vorray parler de mon vivre Et de l'alerion briefment, Qui me fu donnez liement. Se l'emportay a moult grant joie, Si joieus que je ne savoie La joie que j'avoie ou mettre, Et moult bel me sos entremettre De luy faire son vueil a plain. (MACH., D. Aler., a.1349, 333). Mais quant li homs est mis en terre, Avec li pas ne les emporte [les richesses], Qu'autres les a qui s'en deporte Et les despent, espoir, et gaste Et fait grant tourtel d'autrui paste. (MACH., C. ami, 1357, 70). Tien, ce fardelet ci emporte Dessoubz t'esselle. (Mir. Clov., c.1381, 199). ...ledit hermite trey d'une bourse qu'il avoit trois autres noëz semblables au premier qui lui avoit baillé, et il dist : Beaux amis, tu emporteras ces trois noëz ycy en toy alant par là où tu passeras, en lui demandant quel chemin il tendroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 473). Et se party Gieffroy a belle compaignie et a riche estat, et emporta grant finance, et en mena avecques lui ung varlet (ARRAS, c.1392-1393, 275). ...de ceste heure je veil emporter ma part, et la mettre en l'hostel d'un de mes voisins. [Un mari et sa femme partagent leurs biens communs] (C.N.N., c.1456-1467, 445).

 

-

[D'un animal] : Le corbeau par sa cornardie, Oyant son chant ainsi vanter, Si ouvrist le bec pour chanter Et son fromaige chet a terre. Et maistre Renard le vous serre A bonnes dens et si l'emporte. (Path. D., c.1456-1469, 88).

 

-

Emporter qqc.(avec soi/devant soi) : Li prince fist fermer la porte, Et les clés avec li enporte, Pour ce qu'entrer on n'y peüst, N'issir, se bien ne li pleüst. (MACH., P. Alex., p.1369, 158). Archiers et honmes de piet aloient costiant la mer, et prendoient et enportoient devant euls tout che que il trouvoient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 678). Li contes de Montfort (...) ordonna ses besongnes a ce que pour aler en Engleterre (...) Et enporta avoecques lui grant fuisson de biaus jeuiauls qui tous venoient dou tresor de Limoges (FROISS., Chron. D., p.1400, 478). Et furent les lettres apertenans au conte de Montfort, lesquelles il enporta avoecques li, seelees dou seel dou roi d'Engleterre et des seauls des barons d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 482).

 

b)

"Prendre avec soi, voler (ce qui n'est pas à soi)" : ...il se parti de la chambre d'icelle Perrete, et emporta ladite coste hardie de marbré appartenant à icelle Perrete (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 178). ...laquelle coste de fer il print et emporta en la ville de Beaune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 219). ...à un jour dont il n'est recort, icellui Julian vint en sadite chambre en laquele il trouva ladite tasse et ycelle, comme sa chose qu'il disoit lui appartenir, print de fait et par sa force contre son gré et volunté l'emporta sanz lui païer yceulz IJ frans. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 447). ...et en pluiseurs d'icelles maisons arrestoient prisonniers, prenoient et emportoient sans commission et sans inventaire tout ce qu'ilz trouvoient (FAUQ., I, 1417-1420, 127). Se tu veulx pour la chose publique faire loyal devoir, ton povoir est petit et ton travail sera en vain, quant presque tous comme chose juree tirent de toutes pars a la descirer et destruire, et que chacun en arrache et emporte sa piece sans contredit, et fait son fardel pour s'en aler. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 12). "...il me semble que cellui amant, chevalier ou escuier, quel qu'il soit, fut tres mal gracieux d'avoir desceinte celle dame et emportee sa sainture comme vous avez dit." (LA SALE, J.S., 1456, 306). LE DRAPPIER. Et c'est a vous que j'ay a faire : Vous m'avez trompé faulsement Et emporté furtivement Mon drap par vostre beau langaige. (Path. D., c.1456-1469, 180). Et, la nuit, les Bourguignons, qui estoient logez à la Granche aux Merciers, s'en deslogerent, pour ce que l'artillerie du roy portoit de Paris jusques en ladicte Granche, et au desloger abatirent toute la couverture dudit lieu, et en emporterent toutes les poultres, solives, huys, portes, fenestres et tout le portatif, pour eulx taudir et pour ardoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 96). ...et disoient ceulx du guet que la joyeuse de ce mauvais ribault Thommesson lui a fourtraict son paige et ses chevaulx et lui a emporté son argent. (BUEIL, I, 1461-1466, 33).

 

-

Emporter qqc. avec soi : ...ouquel coffre il print le couvercle d'argent doré duquel est faite mencion cy-dessus, avec VJ escus et deux frans en or estans oudit coffre, et iceulx biens print et emporta avec soy au desceu des gens de l'ostel audit chamberier. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 217).

 

c)

Emporter une chose immatérielle

 

-

"Porter dans sa tête" : Mais einsois de ma clere vois Te diray une baladelle, De chant et de ditté nouvelle, La quele tu emporteras, Et en alant la chanteras, Afin que tes cuers s'i deduise, S'il a pensée qui li nuise. (MACH., R. Fort., c.1341, 105).

 

2.

"Déplacer un objet par l'effet d'un mouvement, arracher qqc." : A la IIJe course le seigneur de Loissellench, tout ainsin que Saintré l'avoit actaint, il actaint Saintré et lui emporta sur la pointe de sa lance son chappellet de byevre (LA SALE, J.S., 1456, 156).

 

-

[D'un projectile] : Je croy que vous ne savez riens Du sire de Gres, qui est mort, Qui estoit mis jusques dedans Leur ville par son grant effort, Son estandart mis sur le bort Des foussez, au pres de la porte ; Mes est venu par meschant sort Ung canon qui sa teste emporte. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 404).

 

.

Avoir un membre, une partie du corps, un objet emporté par un projectile : Ce jour aussi, lesdiz Bourguignons tirerent de leur artillerie aux gens du roy estant audit Port à l'Anglois, et y ot ung gentilhomme de Normendie qui ot la teste emportée d'un cop de serpentine. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 98). L'on tira engiens tellement que l'ung d'eulz eubt une jambe emportée de trait à pouldre. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 155). ...messire Ferry eubt son plumas emportét par terre d'ung gros boulet (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 179).

 

-

[D'une force naturelle] "Porter qqc. hors d'un lieu" : Predist aussi la discorde des vens (...), le XVIe jour des kalendes de novembre, qui fut si vehement que plus de Vc maisons, en la cité de Londres, en furent disruées et la couverture de l'eglise, "qui ad Arcus dicitur", en fut levé et emporté. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 v°).

 

-

P. ext. "Supprimer, faire disparaître" : Attroppos a nom la portiere, A parler selon la maniere Qui a methafore compete, Ainsi l'appella le poete. La est li lieux qui tout emporte. C'est toute la derreniere porte Du chastel et la maistre yssue, Mais nul n'y passe qui n'y sue, Pour l'angoisse du trespasser (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 104).

 

.

Prov. Le plus emporte le moins. "Une sensation plus forte supprime une sensation plus faible" : Aussi di ge, quant les chienz viennent au brusleïz et ilz cuident assentir du cerf qu'ilz ont chascié, la puour et l'oudour du brusleïz et du feu leur ostera le ressentir de leur cerf, et le plus emporte le moins, quar plus fort est l'oudour du feu et du brusleïz que n'est l'oudour dou cerf. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 200).

 

-

[Du vent] "Déplacer qqc, imprimer un mouvement à qqc." : Si comme se le vent en emportoit une chose en aucun lieu contre son inclinacion, ou se ceulz qui sont seigneurs transportoient aucun contre sa volenté. (ORESME, E.A., c.1370, 175). ...il vouldra garder sa meson que le vent ne l'emporte et lessera ses besongnes. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 48).

 

.

"Transporter (des ondes sonores, de l'air)" : Ainsi comme le vent emporte le son des choses, il avoit oy parler sus les murs, car de nuit on oit moult cler. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Et pour ce, un ange peut estre en un lieu sanz soy mouver nonobstant que en ce lieu pluseurs corps succedent un apres l'autre, aussi comme le ray du soleil qui passe par une fenestre n'est pas meu aveques l'aer que le vent emporte ou chace, mais samble demourer tout un combien que non soit, car ce n'est pas du tout semblable. (ORESME, C.M., c.1377, 290).

 

.

[Pour évoquer la vanité de toutes choses] "Faire disparaître n'importe quelle chose" : Oultre t'enhorte Ne te fier en ta puissance forte Ne aux richesses que le monde t'apporte : En ung moment tout ce le vent emporte, Si Dieu n'as mis De ton party, plus chier de tes amys (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 89).

 

.

Loc. prov. Autant en emporte le vent : Si dist le prevost: "Respondez en conscience a la demande de Jehan. Il n'y convient point de plait ; sa demande est peremptoire." Dist Facin: "Je la confesse estre vraye, mais autant en emporte le vent et plus encore [de la fumée du rôti dont il accompagne son pain]." (Nouvelles inéd. L., p.1452, 52). "Cueur, vous estes bon conquerant ! Vous voulez vous souffrir atant ? Aisié estes a apaisier, De vous contenter d'un baisier ! N'avez vous veu dire souvent Qu'autant en emporte le vent..." (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 197). Car ou soit ly sains appostolles, D'aubes vestuz, d'amys coeffez, Qui ne seint fors saintes estolles Dont par le col prent ly mauffez De mal talant tous eschauffez, Aussi bien meurt que cilz servans, De ceste vie cy buffez : Autant en emporte ly vens ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 48). Mais se vous y fault il aler. Nous ne povons qu'oïr parler. Autant en empourte le vent. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 182).

 

3.

Emporter une place, un élément de défense... "Gagner au combat, par un assaut" : ...tant fist en pou d'heure qu'il avoit la place emportée s'il n'eust esté content de parlamenter. (C.N.N., c.1456-1467, 118). Ou moys d'aoust ensuivant, les Picars, Flamens et autres ennemys du roy, estans logez es pays de Flandres et autres villes contraires au roy, se mirent sus les champs, tendans affin de trouver et combatre les gens du roy, [ et ] vindrent pour ce faire près de la ville de Therouenne, laquelle ville tenoient les gens du roy, et lesquelz ennemys cuidoient avoir et emporter ladicte ville par force et violance. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 90). Si s'arresterent Gantois à un boulovart qui n'estoit pas encoires parfaict, et l'assaillirent si fierement que l'on cuyda, telle fois fut, qu'ilz le deussent emporter et gaigner. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 287). ...tantost après les trèves prises, alèrent [les Anglais] devant la ville et chasteau de Clermont en Beauvoisis, laquelle, par une très-grant hautaine ils assaillirent très-aigrement, et la cuidoient bien emporter par armes (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 106). ...ay fait donner l'assault par les hommes d'armes et autres gens d'une si bonne aspresse que, (...) à la fin, graces à Dieu, dudict premier assault elle a esté emportée et prinse à mon petit dommaige (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1494-1495, 167).

 

-

Emporter d'assaut une place, ses occupants : Et par lesditz Gascons fut fort resisté, mais enfin furent emportez d'assault et y moururent la pluspart desditz lacquetz, et les aultres se gecterent dedens les fossés. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 93). Et, pour ceste cause, fist tirer son artillerie contre ledit lieu du Tronquoy, tellement que ledit jour, à cinq heures après midi, y fut livré l'assault fort et aspre, tellement que ladicte place fut emportée d'assault et furent tuez et pendus tous ceulx qui furent trouvez dedens (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 331). ...le duc de Bourgongne chevauche à petites journées sans soy fort eslongier de Beauvais, en especial son arriere garde en laquelle il a laissié la fleur de son oost, esperant que, se les gens d'armes le suyvent ou que Beauvais soit deffourny de gens d'armes, de retourner incontinent audit Beauvais pour l'emporter d'assault, s'il peult ; et telle est son intencion, comme ladicte femme a certiffié pour vray. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 299).

B. -

Emporter qqn

 

1.

"Emmener qqn avec soi" : Chiere dame, je suis contrains De ceste fille vous oster Et d'icelle o moy emporter, Pour faire et acomplir briefment Du marquis le commandement. (Gris., 1395, 54). Si crierent : " Alarme ! Alarme ! " Adont, Paris a pris sa dame ; Si l'a embraciee et l'emporte. Celle moult fort se desconforte Et semblant fait que moult lui poise. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 67). QUART. Va, va, chemyne ! (Pause. Ilz emportent les marchans en leur caverne, puis s'en retournent apprés qu'ilz les ont despoillé en leur place...) (LA VIGNE, S.M., 1496, 273).

 

-

"Prendre et porter dans ses bras (un nouveau-né)" : Voulentiers avec li yray, Mais avec moy emporteray Cel enfançon. (Mir. abbeesse, 1340, 100).

 

-

"Prendre et porter ailleurs (un homme blessé)" : Et Anthoine boute l'espee ou fourreau et l'ahert [le roy d'Ausaiz] par le millieu du corps et le tire jus du cheval et le gecte si rudement a terre que a pou que il ne lui a crevé le cuer ou ventre. Puis le commande a quatre chevaliers et leur commande sur leur vie que ilz en saichent a respondre, et ilz dirent que si feroient ilz. Et lors le lievent et l'emportent hors de l'estour soubz un arbre, et ont appellé de leurs gens jusques a XXV. bacinez pour le aidier a garder. (ARRAS, c.1392-1393, 163). Achille emportent Ceulx, qui de lui se desconfortent, Car bien cuident que mourir doye. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 106).

 

-

Au fig. [Dans une énumération de catégories de personnes qui ne vivent ou n'agissent pas comme ils devraient] "Favoriser qqn" : ...Prince qui les riches desporte Et les sustient et les emporte Pour la petite gent grever (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 211).

 

2.

"Vaincre qqn" : ...et en faisant à toutes heures leurs approches diligemment pour venir plus et plus près, livrèrent pluiseurs assaulx à ceux de dedens, cuydans les pouvoir esbahir et emporter par force (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 71).

 

-

Emporter d'assaut une femme. "Vaincre les résistances de, se rendre maître de" : ...vrayement il en estoit amoureux, et (...) a la longue il la pourroit emporter d'assault. [Un mari soupçonne son voisin de vouloir séduire sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 331).

 

-

Emporter par terre un adversaire. "Abattre, blesser, tuer" : Si s'en vint tout droit au secours et trouva le Jouvencel et Gervaise si fort pressez que à paine se povoient-ilz deffendre ; car ceulx du logis se rallioient de toutes pars contre eulx. Mais le Mareschal et ses gens, qui se bouterent parmi eulx, rompirent la bataille et en emporterent par terre sans nombre. Ceulx qui povoient eschapper s'enfuyoient ça et là qui mieulx mieulx (BUEIL, I, 1461-1466, 109).

 

-

[D'une maladie] "Faire mourir qqn" : ...la pestilence de l'année passée avecques aultres pluseurs l'emporta. (C.N.N., c.1456-1467, 285).

 

3.

En partic. Emporter le corps d'un défunt : ...mais tous les autres barons en avoient grant joie et pour ce l'empereur n'en osa nul semblant faire, mais toutevoies il fist emporter les corps et les fist enterrer moult honnorablement. (Bérinus, I, c.1350-1370, 382). Amis, dites : qui vous donrra Vostre vin, souffrerez vous bien C'on emporte ce crestien Pour mettre en terre. (Mir. st Panth., 1364, 341). ...et s'en voloit aler le chappellain et emporter le corps Nostre Seigneur ainsi que il avoit aporté (JUV. URS., Verba, 1452, 296). C'est tresgrant inhumanité De veoir noz freres crestiens Habandonnez aux loups et chiens ; Je vous pry que nous les ailons De la hoster, et empourtons Aultre part, pour les sevelir (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 162). Et lequel corps, ainsi ensevely que dit est, fut venu querir par l'ordre des Cordeliers de Paris et sur leurs espaules l'emporterent inhumer en leur eglise ; et ausquelz Cordeliers ledit Hesselin fist bailler XL torches pour faire le convoy dudit corps, après lequel il fut et le convoya jusques audit lieu des Cordeliers. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 361). Le corps fut emporté et enterré ès Cordeliers moult honnorablement, et l'enterrerent et l'accompaignerent tous les princes et toute la noblesse de la court, et fit faire le duc son enterrement moult honnorablement. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 44). Nous sommes ses prochains amis ; Prenons le corps conjoinctement Et l'emportons reveranment En son serqueul pour l'enterrer. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 492). Et disoient les bons compaignons pour lors que les cordeliers, qui emporterent le corps de Mons. le connestable, eurent la teste copée, qui est ung broquart assés aisié à entendre. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 353).

 

-

Emporter en terre. "Enterrer" : ...[l'ivrogne] par ses compaignons fut emporté, qui luy disoient qu'ilz l'emportoient en terre. (C.N.N., c.1456-1467, 2).

 

-

[D'anges, de diables] "Faire monter (une âme) au ciel, entraîner qqn en enfer" : Et par ceste aventure fu li gloux Agriano mort et peri, et emporterent li deable l'ame de lui en Enfer, et la sera tourmenté sanz fin selon ce qu'il ot deservi. (Bérinus, I, c.1350-1370, 133). Pour nient pas ne me merveilloie Ou estoit ce chant que j'ouoye Qui tant estoit melodieux: S'ont esté les anges des cieulx Qui l'emportent en paradis Et qui li ont fondé, tantdis Que j'ay au prestre esté parler Et mené mon asne establer, Et fait sur lui celle chapelle. (Mir. mère pape, c.1355, 402). DIEU. Michiel, celle ame tost saisis, Si l'en emporterons en gloire. (Mir. Theod., 1357, 120). ...enemis Hideux qui (...) M'ont ja saisi pour emporter En grief tourment. (Mir. st Val., c.1367, 168). ...car je doubt ne m'emporte En enfer l'ennemi touz vis. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 22). L'ame prindrent et emporterent, De chansons belles et estranges En l'emportant tout hault chanterent, En rendant graces et louenges A Dieu es cieulx ainsi monterent. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 113). Icy son ame sort dehors et les anges la prenent et l'emportent en paradis. (LA VIGNE, S.M., 1496, 572).

 

-

[À propos de qqn dont on souhaite être débarrassé] Le diable emporte + subst. ou pron. : Oncques je ne vy Femme de plus mauvaise sorte. Le diable d'enfer les emporte ! Oncques ne vis telle estompie. (Jehan A., c.1400-1500, 137). Du Dyable je soye emporté En Enfer, se le vous endure ! (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 98). Le dyable emport la gouge quand elle est telle ! (C.N.N., c.1456-1467, 230). Le dyable emporte le dernier ! TRIBOULET. Mais, par sainct Jacques, le premier ! LE ROY DES SOTZ. Admenez le moy, le paillard. (Roy sotz, c.1450-1500, 221). Le dyable emport la gouge quand elle est telle ! (C.N.N., c.1456-1467, 230). Il m'a dit qu'il est mon cousin. Le diable emport le cousinaige Et tous ceulx de son parentaige ! (Nouv. Path. T., c.1474-1485, 121). Le grant diable vous emporte, Actendez ung peu, s'il vous plaist. (Sots triumph., c.1475, 38). TESTE LIGIERE. Deablë emport les boulengiers Qui nous font mengier le pain chault. (Sots, c.1480-1500, 261). Ne qui le froc premier luy apporta Tous les deables le puissent emporter ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 368). Le deable l'emport qui fauldra ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 273). Que le deable en enfer t'emporte ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 459).

 

.

[En discours indir.] : Lequel Charrolois rendi response que ce n'estoit point de par lui qu'on faisoit lesdictes sommacions, en disant que le dyable peust emporter ceulx qui faisoient telz choses, et qu'ilz faisoient plus qu'on ne leur commandoit. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 129).

 

4.

[D'un animal] "Entraîner (son cavalier) avec rapidité" : Li sires de Fagnuelles estoit montés sus .I. coursier trop merancolieus et mal afrenet ; si s'esfrea en cevauchant, et prist son mors a dens par telle maniere que il s'esquella et se demena tant que il fu mestres dou signeur de Fagnuelles et l'enporta, vosist ou non, droit enmi les logeis le roi d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 332). Si le poindy de l'esperon ung petit trop avant ; le coursier l'emporta, voulsist ou non, parmy haies, parmy buissons. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 36). En ce party passa par devant la fontaine ou les trois dames estoient, sans ce qu'il les veist, et ly chevaulx l'emporte grant aleure. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et fu le soudant si chargié du coup qu'il fut si estourdiz qu'il ne voit ne entent, et pert le fraing et les estriers, et l'emporte le cheval partout ou il lui plait. (ARRAS, c.1392-1393, 113).

 

-

[Formule de serment] Le diable m'emporte en enfer si je fais telle chose : CAYN (à Abel). ...Voulez vous a la dignité Venir de primogeniture Et que le droit m'en soit osté ? Du Dyable je soye emporté En Enfer, se le vous endure ! (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 99).

 

-

[D'une chose] "Entraîner qqn sous l'effet d'un choc" : ...comme un faulsillon Fu tortillé l'estourbillon, Si se vient en la nef frapper Et nostre bon patron happer Par tel rendon qu'en mer l'emporte Moult loings, lors voulsisse estre morte ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 48).

C. -

Au fig. [Mouvement figuré]

 

1.

"Garder qqc. sur sa concience en mourant" : ...pour ce qu'il veoit bien qu'il estoit sur sa fin, et que avec soy, pour le salut de son arme, il ne vouloit pas emporter les autres crimes que fais avoit sans les cognoistre en sa vie devant le peuple, pour descharger sa conscience. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 117).

 

2.

Emporter qqc. à qqn. "Priver qqn de qqc." : Fuiez de cy, faulx traitre, vous me avez fait par vostre faulx traitre rapport parjurer contre la meilleur et la plus loyal dame qui oncques nasquist après celle qui porta Nostre Createur. Vous m'avez apporté toute doulour et emportez toute ma joye. Par Dieu, se je creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere (ARRAS, c.1392-1393, 242).

II. -

[Idée de résultat, au fig.]

A. -

[D'une pers.]

 

1.

"Gagner, obtenir, conquérir qqc. (un prix, la gloire...)" : Et vous dy que celle nuit ilz firent trop plus grant feste et plus beaux despens qu'ilz n'avoient fait la nuit de devant, car de ce qu'ilz avoient emporté le pris de la bataille leur esmouvoit les cuers a faire joie, et de ce firent ilz moult a prisier. (Bérinus, II, c.1350-1370, 122). ...Car si sagement s'i porta Que de tous bons los emporta. (MACH., Voir, 1364, 328). La parlames de nos amours, Des griés, des paines, des clamours Que Desirs fait aus vrais amans Et aus dames qui sont amans ; Comment il vient, lance sur fautre, Assembler a l'un et a l'autre ; Comme il les assaut et detaille De sa lance dont li fers taille ; Comment il les navre et defent, S'Esperance ne les deffent. Mais moult souvent le pris emporte Desirs, quant Esperance forte N'est contre li pour bien combatre (MACH., Voir, 1364, 330). Ne scé pas dont elle est venue, Mais tant est belle de corsage, Tant par est humble, et tant est sage, Et tant en bons meurs doctrinée, Qu'il n'est homme ne femme née Qui d'elle ne tiengne et raporte Que des bonnes l'onneur emporte. (Mir. ste Bauth., c.1376, 84). ...Car toute la joie et le bien, Que j'ay, de sa grace me vient, Sans plus, quant de li me souvient ; N'autre bonté de li n'enport. Si pri Amours qu'en tel acort Soit, pour ce que miex l'aim que mi, Qu'elle me teingne pour ami. (MACH., Motés, 1377, 524). Et la furent (...) noncies et criies unes joustes de trente chevaliers et de trente esquiers a estre a Mons en Hainnau. Et se tint la feste grande et belle, et enporta le pris des chevaliers de dehors li contes de Namur, et de ceuls de dedens mesires Gerars de Werchin, senescal de Hainnau (FROISS., Chron. D., p.1400, 458). ...la chastelaine (...) tant bien se savoit porter en toutes honnestes et joieuses comppaignies, que sur tout elle emportoit la louenge, le pris et la fleur, combien qu'elle fust encores moult tendre et jeulne. (Chastel. Vergier S., c.1450-1480, 83). ...le VIIIe jour dudit moys de may, se firent aussi à Bruges en Flandres autres joustes devant monseigneur le duc de Bourgongne, qui furent aussi moult triumpheuses, esquelles aussi ung enfant de Paris, nommé Jerosme de Cambray, serviteur dudit mons. le duc, jouxta, et ilec se porta si vaillamment qu'il en emporta l'onneur de ladicte jouste. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 205). ...print premier son pere par les cheveux et le mist l'espée ou corps et semblablement à sa mere, à sa femme, à ses enfans et à tous ses parens, sans avoir pitié des jeunes ne des enciens, et disant : "Les ennemis n'emporteront point de gloire de mes parans, ne de moy", se mist aussi son espée à travers le ventre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°). Je luy donne quinze et ses ars, S'il emporte le beau du jeu. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 246).

 

-

Emporter la victoire : ...c'est a dire que souvent une bonne petite compaignie de gens munis en nombre et de force survenans sur les ennemis en ont emporté la victoire. (JUV. URS., Verba, 1452, 255). ...et emporta la gloire et la victoire (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 182).

 

-

"Tirer (un profit) (de qqc.)" : ...il n'y avoit celle, a la vérité, qui ne cuidast ce bien avoir seulle et emporter. [Trois femmes reçoivent leurs amants dans la chambre qu'elles partagent] (C.N.N., c.1456-1467, 203). ...ainsi (...) ils sont coustumiers de juger des maladies, affin que quand ilz les ont sanées, [ils] en emportent plus de prouffit (C.N.N., c.1456-1467, 503). ...car, après l'exil de Troye, les Grecz presque tous perirent, tant par mer que par autres infortunes, et fut l'entreprinse infelixe de laquelle nul n'emporta prouffit, mais grant dommage (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 29 v°).

 

-

Emporter la vie. "S'en tirer la vie sauve, sauver (sa vie)" : Et quant .XX. hommes ou .XXX. des plus hardiz les approchoient, les .II. lyons feroient ens, sy en avoient tantost occiz .X. ou .XII. et les aultres s'en revenoient a nous, et moy mesme y fuz navré tellement que je ne cuiday la vie emporter (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 299).

 

-

Emporter qqc. de qqn. "Obtenir qqc. de qqn" : Par mon chief, damp roy, dist le chevalier, qui fu moult courroucié, se vous ne faictes promptement ce que messeigneurs vous mandent [rétablir les dommages causés à mademoiselle de Lucembourc], la truffe vous sera monstree au fer et a l'acier dedens trois jours. Sire chevalier, dist le roy, menassier povez vous assez, car autre chose n'emporterez vous de moy, car voz maistres ne voz menaces ne prise je pas un festu. Damp roy, dist le chevalier, je vous deffie de par les deux damoisiaux de Lusignen et tous leurs aidans. (ARRAS, c.1392-1393, 158).

 

-

L'emporter. "Gagner, remporter la victoire" : Asalt, asalt ; vieignhe que pourré, Car le plus fort [aux dés] l'emportera, Ou je mourrey a la parsuite. (Pass. Auv., 1477, 205).

 

.

"Avoir le dessus, prévaloir" : ...l'opinion souvent de six personnes aagez et clercs vauldra mieulx que l'opinion de XXX, et toutevoye la plus grant partie l'emporte (JUV. URS., Nescio, 1445, 514).

 

.

L'emporter à l'encontre de qqn : ...et en pareil degré il n'est doubte que le masle le doit emporter a l'encontre de la fumelle (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 168).

 

-

CHASSE [D'une voie, d'un(e) erre] L'emporter. "Être la plus importante, être celle où le cerf est passé en dernier lieu" : Par mi tieulx fustoyes faut on voulentiers le cerf par les raysons que j'ay dites. Et aussi les chienz n'en peuent mie si bien assentir comme font par mi les fortz ne ne se peuent si bien tenir es routes, quar, quant les chienz chascent par mi les fortz, ilz vont touz jours la menee par ou le cerf va. Et, quant ilz sont ou cler pays, ilz se balancent sa et la, pour ce qu'ilz ont bel aler, et aucune foiz acuillent le change ou aucune foiz par le cler pays et par leur resdour trespassent routes. Et aussi le cerf y fet plus souvent et plus a son aise ses reüses, comme j'ay dit, qu'il ne fet aux fortz, tant que avient que les chienz ayent deffet ses reüses, quar il en aura fet souvent, ore longues, ore courtes, pour le biau laisir qu'il a. Les chienz le faudront tout a net, tant leur fuyra de fort longe et tant aura fet de ruses que les chienz ne veneurs ne sauront quieulx erres l'emportent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 175). [Cf. Éd. p.338 : «L'expression quieulx erres l'emportent est probablement à comprendre à l'origine "quelles voies emportent le cerf", et l'expression peut être à la base de l'emporter sur qqn»]

 

-

Emporter le bruit. "Obtenir l'approbation" : Cestui emporta le bruit de ladite assemblée, pour fere et dire choses qui furent veues à l'ueil. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 146 r°).

 

Rem. Cf. emporter le cri cité par FEW II-2, 1487a : quiritare.

 

2.

"Subir, se rendre passible de (d'une sanction)" : ...deliberé fu et appointié par mesdiz seigneurs que ledit Breton, pour les variacions, menteries, confessions et denegacions par lui faites, estoit digne d'avoir et emporter la peine qui ensuit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 555). La chambriere, qui coulpe n'avoit au meffait desusdit, emporta la punicion par en avoir congié. (C.N.N., c.1456-1467, 77).

 

-

"Mériter, récolter (un blâme)" : Sire, dist son varlet, saulve soit vostre grace, vous n'estez pas abatu tant que vous soyez saisy de vostre selle, mais vostre selle est abatue, qui emporte [Var. C en porte] le blasme (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 392).

B. -

[D'une chose]

 

1.

"Entraîner comme suite, comporter" : ...ceste parolle et superscripcion qui de nouvel a este trouvee des clercs par flacterie, c'est assavoir tresredoubte, est fort desplaisant a Dieu et a preudommes subgiez. Quel merveille ! car redoubte emporte tirannie. Bien sont contraires en sentence serenissimo et metuentissimo, c'est assavoir tresdebonnayre et tresredoubte. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 163). Les ydees des choses et les exemplaires et raisons sont telement en Dieu que ce nom ydee emporte cause active conforme et samblable a l'effect. (Somme abr., c.1477-1481, 156). Permettre ou permission dist et emporte privation de deffension, car point deffent, et est signe de la voulenté divine (Somme abr., c.1477-1481, 173).

 

-

Emporter (au/en soi). "Impliquer, contenir qqc." : Et en grec desactrempance et pechié d'enfant emportent en leur significacion mal chastié, mal puny, mal corrigié. (ORESME, E.A.C., c.1370, 228). Et un est dit inequal pour ce que il veult mains avoir de paine ou damage que il ne doit. Mais inequal emporte l'un et l'autre, c'est a savoir, et celui qui veult plus de gaaing que il ne doit et celui qui veult mains de damage que il ne doit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 277). Et doit ung juge bien adviser que emportent ces parolles iustum iudicate . (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 34). Les sept choses par quoy toutes guerres et bactailles sont communement vaincues. La premiere chose est qui emporte III au soy ; c'est assavoir, bien congnoistre ses gens, en estre bien obey et savoir bien les ordonner. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 242). La IIme des sept choses est qui emporte aultres III en soy ; c'est assavoir, mettre le soleil derriere, se c'est en païs de pouldre, et le vent aussy (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 242).

 

Rem. Boece en rime A., c.1350-1375 (J. K. Atkinson, R. Ling. rom. t.75, 2011, 490).

 

-

Emporter qqn. "S'attacher à qqn" : ...par la coustume du pays notoire et general gardee en tel cas l'adveu emporte l'omme et doit estre rendu a cellui pour quy il s'avoue [l'aveu s'attache à celui qui s'y est engagé, quel que soit le lieu où il se rende par la suite] ; et de ces choses [qui vont à l'encontre de cette règle] sommes bien informez, lesquelles sont en nostre grant content et mesprisance de nostre seigneurie et faites contre la coustume du pays (Doc. 1391. In : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance, 2013, 599).

 

2.

Emporter le nom. "Obtenir l'honner de donner son nom" : Cestui gouverna longtemps les Tartres et leur terre, qui est oultre le mont de Belgian, où sont sept nacions, moult feroces et estranges et moult rustiques, jaçoit ce que la premiere nacion, nommée Tartar, soit tenue la plus noble, aussi emporte elle le nom de toute Tartarie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 103 r°).

 

3.

HÉRALD. Emporter la senefiance de qqc. "Donner le sens de qqc." : Engreslee endentee dansoyé componnee bordee lambiaux sont differences en l'armoirie en quoy ilz sont auec leur couleur. Et les couleurs sur quoy ilz sont en emportent la senefiance auec l'armoirie. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 512).

REM. Dans l'ex. suivant, où le verbe peut se traduire par" réagir de telle ou telle manière à qqc.", il faut peut-être lire s'en portoit. : Le roy s'enportoit de touttes ces choses assez bellement, car il estoit joennes ; il ne les pesoit pas si grandement que dont quant il eust XL. ou L ans de age. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 1).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 13/102 
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     ENTREPORT     
FEW IX portare
ENTREPORT, subst. masc.
[T-L : entreport ; GD : entreport ; FEW IX, 217a : portare]

"Appui, faveur" : Auffort aller, si tu [Venise] es bien fondee Es entrepors de gloires immunyes, Elucider tes faulces premunyes Chascun verra lors (LA VIGNE, Libelle cinq villes B., 1509, 182).

 

-

Sans entreport. "Sans faveur indue" : Et tousjours leur donna, et en toutes materes, et a son maistre aussi, vray conseil, juste et honneste, sans faveur et sans entreport (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 252).

 

Rem. Doc.1336 ds GD III, 295b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 14/102 
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     ENTREPORTER     
FEW IX portare
ENTREPORTER, verbe
[T-L : entre- (entreporter) ; GD : entreporter ; AND : entreporter ; FEW IX, 217a : portare]

I. -

Empl. trans.

A. -

Entreporter qqc. "Apporter, transmettre qqc. en retour (un document, une lettre...)" : ...lequel [receveur de Sens] prendra en dispensez sur nous ce que ainsi serra paié a nostre dit clerc et le rendra en recept, et entreportant de ce acquitance de nostre dit clerc noz dites gentz aloerent es comptes du dit recevour ce que ainsi avra esté paié a nostre dit clerc de ses diz gaiges et manteaulx. (Lettres agn. L., p.1412, 338).

B. -

Au fig.

 

-

Entreporter qqc. "Favoriser, soutenir qqc." : Amis, qui se desconforte Il avorte Sa joie, et po entreporte S'onneur qu'il met à declin. (MACH., Les lays, 1377, 447).

 

-

Entreporter qqn. "Favoriser, aider, soutenir qqn" : Et se Desirs, qui point ne m'entreporte, Et Fortune, qui maint cuer desconforte, Devant mes yeus me fermoient la porte D'envoiseüre, Comment qu'amours soit en moy ferme et forte, Plus ne seroit Dous Pensers de ma sorte, Et si seroit tost l'Esperence morte, Qui m'asseüre. (MACH., Compl., 1340-1377, 259). [Fortune] En desconfort se reconforte ; En riant meschëance aporte, Pleur et hachie ; En confortant se desconforte ; En foulant les siens entreporte [var. siens autres portes] ; En tous maus faire se deporte, Quoy que nuls die. (MACH., R. Fort., c.1341, 43). Li roy ordena qu'on l'i meinne, Et commanda, seur moult grant peinne, Qu'il ne soit homs qui l'entreporte [var. entresporte], Qu'à son col la terre ne porte, Et qu'il y foue toute jour, Sans avoir respit ne sejour. (MACH., P. Alex., p.1369, 259). Sanz faveur en aucune guise Et sanz entreporter un homme... (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 359). [aussi p.362]

 

Rem. Doc.1449 ds GD III, 295c.

 

.

Sans entreporter qqn. "Favoriser qqn injustement, accorder une faveur indue à qqn"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et doc.1353 ds GD III, 295c.

II. -

Empl. pronom. réciproque

A. -

S'entreporter à/par terre. "Se renverser l'un l'autre à terre" : ...dont s'en vindrent l'un vers l'autre, les escuz embraciez, tant comme cheval pouoit randonner, et s'entreferirent si des lances qu'ilz percierent leurs escuz et s'entreportent hors des arçons a terre (Bérinus, II, c.1350-1370, 119). Ypolité et Theseus s'entreporterent par terre (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 357).

B. -

S'entreporter qqc. "Se porter qqc. l'un à l'autre (foi, honneur...)" : Chascuns a li sa main tendi Et il les prist et joinst ensemble, Et puis leur dist, si com me semble : "Entre vous .II. tout un serez Et foy vous entreporterez ; Ja mais en jour de vo(stre) vie De vous n'iert fait departie..." (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 26). Anthoine fist tost aprester Ses gens qui d'illecques sont pres Et en pou d'eure furent prestz. Moult y avoit noble compaigne Pour ayder au roy de Behaigne ; Trente mile furent esmez, Au duc sont venuz touz armez. Lors les deux ostz si s'assemblerent Et grant honneur s'entreporterent ; La veïssez noble conroy, Tant des gens du duc que du roy (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 183). Moult s'entreportent grant contraire D'anbedeux pars et s'entrenuisent (Pastor. B., c.1422-1425, 154).

REM. L'ex. de AUBRION, Journal L., 1480, que cite GD III, 295c (s'entreporter de + inf. "s'abstenir de"), est sans doute à lire de luy en treporter et à rattacher à tresporter.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 15/102 
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     ESPORT     
FEW IX portare
ESPORT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : esport ; GD : esport ; FEW IX, 205b : portare]

A. -

"Allure, maintien, caractère" : Une soreur avoit, belle et de noble espors (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 616). Ogier de preis le voit, qui fut de grant esport (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 421). Quant vint devant l'evesque, si ot si bons esport, Que "sirez" le nommat. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 675).

B. -

"Ménagement" : Unc sien clerc li cargat l'evesque, qui recors Feroit secréement à ly, par douls expors, De nostre sainte loy (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 543). Barons, car asalhés ces Franchois sens espors. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 715).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 16/102 
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     ESPORTÉ     
FEW IX portare
ESPORTÉ, adj.
[GD : esporter ; FEW IX, 209a : portare]

"Usé"

REM. Doc. 1488 (tissu de soye noir rempiecé en deux lieus et fort esportee) ds GD III, 546c, 1470 ds GAY I, 664b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 17/102 
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     FIMPORTANT     
FEW IX portare
FIMPORTANT, subst. masc.
[GD : fimporter ; FEW IX, 217b : portare]

DR. "Celui qui, volontairement ou sur requête du demandeur, est joint à une instance dans laquelle il a quelque intérêt, droit ou portion de cette action, dans laquelle il devient lui-même partie en cas de défaillance du demandeur" : ...fu icellui Berthaut examiné sur le contenu oudit article, et du contenu en ycellui a volu et veult croirre fin portant les trois tesmoings dont oudit article est faite mencion. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 504).

REM. À rapprocher de fimport, subst. masc. (cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], 242a) et son synon. fimporter, subst. masc., tous deux att. ds GD. Fimporter a prob. été considéré par le greffier comme un verbe, d'où le part. prés. fimportant ici en empl. subst.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Bernadette Suty / Monique Haas

 Article 18/102 
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     FINPORTER     
FEW IX 217b portare
FINPORTER, verbe
[T-L (renvoi) : fimporter ; GD : fimporter ; DEAF, F489 finporter ; FEW IX, 217b : portare]

I. -

Inf. subst. DR. "Procédure qui consiste à mettre en cause tous les parents qui ont intérêt à l'affaire" : ...les deffenseurs demandent finporter de ceulx qui pourroient proceder et pretendre aucun droit en la succession (Très anc. cout. Bret. P., Textes divers, 1420, 376). [Autres occurrences même page] Celui qui demande fin porter, le premier terme, le deffendeur ne sera point tenu nommer de ceulx de qui il a demandé fin porter. (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1496, 531). [Charles VIII, à Lyon]

 

Rem. Doc. 1385 (Bretagne, finporter) ds GD IV, 5c.

II. -

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui a quelque intérêt à l'action, dans laquelle il deviendra lui-même partie en cas de défaillance du demandeur"

 

Rem. Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 504 (fin portant).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 19/102 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     IMPORTER1          IMPORTER2     
FEW IX portare
IMPORTER, verbe
[T-L (renvoi) : importer ; GD : importer ; FEW IX, 215b : portare]

[Préf. inde-] "Emporter" : Et se il li plait departir [l. de partir], il s'empuent [l. s'en puent] departir par le congié de nostre Justice, et impourter avec lui ses biens, sanz ce que l'en li puisse mettre aucun empeschement ne destourbier (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1354, 299).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 20/102 
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     INSUPPORTABLE     
FEW IX portare
INSUPPORTABLE, adj.
[GDC : insupportable ; DEAF, I331 insupportable ; FEW IX, 219b : portare ; TLF : X, 361b : insupportable]

"Qu'on ne peut supporter" : Calioppe, que j'ay tant invoquée à mon besoing, et tousjours evoquée En mes actes quant j'ay riens voulu faire, Je vous requiers aidez moy à parfaire Ma dure plaincte et regret lamentable, Dont j'ay au cueur douleur insupportable. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 163). Toutevoies, moy confiant en vostre benigne supportance, qui tousjours avez accoustumé de supporter les ignorances de ceulx qui viennent a vous, aussy comme de ce faire m'en ont fait le commandement de par mon tresredoubté seigneur, monsieur le duc de Bourgoingne, mes treshonnoréz seigneurs, monsieur de Cymay et monsieur de Montigny, (...), j'ay pris ceste charge insupportable. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 34). Et combien que nous ayons toujours desiré (...) soullaiger et deschargier nostre peuple des tres grans et comme insuportables charges qu'il a par cy devant supportées a nostre tres grant desplaisir, toutes voies nous n'avons peü ne povons encores faire le soulaigement a nosdits subgetz (Louis XI Anglet. C.P., 1474, 345).

REM. Doc. 1312 ds TLF X, 362b et DEAF (Ordonn. rois Fr., t.1, celles usures ... insupportables et non souffrables).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 21/102 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     INSUPPORTABLEMENT     
FEW IX portare
INSUPPORTABLEMENT, adv.
[GDC : insupportablement ; FEW IX, 219b : portare ; TLF : X, 362b : insupportable (insupportablement)]

"De manière insupportable" : ... à cause des guetz que lesditz seigneurs chastellains et villes demandent et exigent en aucuns lieux en certaines formes, à quoy lesditz habitans et le pouvre peuple pretendent ne estre point tenuz, et se disent cothidiennement et insupportablement chargez tant de sommes qu'on leur demande pour ledit guet comme pour la forme de la contrainte et les dures executions que l'on en fait (Ordonn. rois Fr. P., t.18, 1479, 470).

REM. Doc. 1441 ds FEW.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 22/102 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     MÉPORTER     
FEW IX 209a portare
MESPORTER, verbe
[T-L (renvoi) : mesporter ; GD : mesporter ; AND : mesporter ; FEW IX, 209a : portare]

I. -

Empl. pronom. "Mal se comporter" : Cy d'Issengrin vous laisseray Et de Barbue vous diray Qui ne fut point riche d'avoir : Pour ce ne perdit son savoir, Pour ce point ne se mesporta, Mais tout adez se conforta. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 14).

II. -

Mesporté. "Mal portant" : ...Gens malades desconfortés, Desesperés et mesportés (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 1092).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

 Article 23/102 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
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     NON-PORTABLE     
*FEW IX portare
NON-PORTABLE, adj.
[GD : nonportable ; *FEW IX, 208a : portare]

"Que l'on ne peut porter (sur soi, au fig. en soi)" : Le joug ou le fardeau de Nostre Seigneur au commenchement samble intollerable ou non portable. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 182). Dieu est ez creatures merveilleux, ez hommes amiables, ez angeles desirable, en soy mesmes incomprehensible, ez reprouvéz intollerable, non portable. (Somme abr., c.1477-1481, 139).

REM. MACHO, FARGET, Nouv. Test. en fr., c.1479-1480 (ilz lient grans fais et nonportables), ds GD V, 525b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 24/102 
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     OUTREPORTER     
*FEW IX portare
OUTREPORTER, verbe
[*FEW IX, 217b, 220b : portare]

"Porter au-delà, transférer" : Transfero (...) : oultre porter, transporter d'un lieu en aultre, tranlater (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 399). Transveho (...) : oultre porter ou mener (...). Transvectus (..) : oultre porté ou mené (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 400).
 

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 Article 25/102 
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     PARPORTER     
*FEW IX portare
PARPORTER, verbe
[*FEW IX, 217b : portare]

"Porter jusqu'au but" : Perfero (...) : parporter (Aalma R., c.1380, 308). [Seul ex.]
 

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 Article 26/102 
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     PERPORT     
FEW IX portare
PERPORT, subst. masc.
[GD : perport ; FEW IX, 217b : portare]

"Ce qu'ine chose comporte"

Rem. Doc.1415 ds GD VI, 106c-107a.
 

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 Article 27/102 
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     PORT1          PORT2     
FEW IX 205b portare
PORT, subst. masc.
[T-L : port ; GD : port2 ; GDC : port2 ; FEW IX, 205b : portare ; TLF : XIII, 790a : port2]

A. -

"Fait de porter"

 

1.

[Une chose concr.]

 

-

"Fait de porter (un vêtement, une coiffure...)" : ...ung très grant nombre de gens, tant en ladicte ville comme à l'environ, qui portoient blans chapperons, lesquelz soubz umbre du port qu'ilz avoient ad cause desdis blans chapperons, faisoient souventes fois des oppressions et dommages aux simples gens du plat pays, furent condempnez de mettre jus telles assambléez ; et lesdis blans chapperons deffendus, sur painne de confiscacion de corps et de biens. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 24-25).

 

-

Port d'armes. "Fait de porter des armes" : Il fu deffendu par la court de l'Eschiquier a tous generalement, ou darnier Eschiquier, tout port d'armes et toutes deffiailles. Et fu commandé aux baillis que se ils trouvent nul qui face port d'armes contre aucuns ou guerres ou deffiaille, que ils les pugnissent griesvement (Echiq. Normandie S., 1374, 23)....je regarde les lois dessusdictes qui me demandent ports d'armes sans licence de mondit Roy généralement et qui me défendent l'auctorité d'occirre autrui (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 213).

 

.

À port d'armes. "Avec des armes" : ...les déliz ont esté perpétrez par grant assemblée de gens et à port d'armes (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56).

 

.

P. ext. "Coup de force" : Nous, acertainez des bons et agreables services que les diz exposans nous ont faiz et à noz predecesseurs ès dictez guerres, et de la vraie amour et parfaite loyauté, que il ont eue à nous, à noz predecesseurs et à la couronne de France, aux diz exposans, leurz complices, (...) pardonnons, de nostre grace especial, auctorité royal et certaine science, le port d'armez et tous les cas dessus diz avec toute offense (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 350). Pour lequel cas, ou quel l'en dit nostre sauvegarde avoir esté enfrainte, port d'armes, force publique et ravissement dampnables avoir esté commis et perpetrez, procès a esté meu et pend par devant nostre bailli de Touraine (Doc. Poitou G., t.7, 1412, 226). En ce temps, le bastard de Bourgongne et le mareschal de Bourgongne, acompaignez de grant quantité de gens de guerre de la compaignie dudit monseigneur de Charrolois, commencerent à courir sus aux villes et subgetz du roy par port d'armes, et vindrent prendre sur le roy Roye et Montdidier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 45).

 

-

"Fait de porter (une distinction honorifique)" : ...son collier de nos divise ["devise"] et port (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1420, 54).

 

2.

[Une chose abstr.] "Fait de porter qqc. (d'abstr.), marque" : Et croy certainement qu'il n'est si dur cueur au monde, au moins du zele et de la qualité aux amoureux de la fleur bienheuree, qui lors eust veu et ymaginé le port de l'ardant desir que les vertueux et nobles gendarmes qui la estoient avoient de servir leur vray prince et seigneur, veu le dangier merveilleux ou ilx estoient, qui n'eust esté commeu et provocqué a lermes de piteuse compassion. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

B. -

"Fait de se porter, de se comporter de telle ou telle manière, manière d'être, comportement, allure" : Et sa maniere asseürée, De tous et de toutes loée, Son biau port, son gentil maintieng Qui pareil n'ont, si com je tieng, Tout aussi com l'enfant le mestre Aprent, m'aprenoient a estre. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Encor y a maint ressort : Ramembrer, Ymaginer En dous plaisir Sa dame vëoir, oïr, Son gentil port, Le recort Dou bien qui sort De son parler Et de son dous regarder, Dont l'entrouvrir Puet garir Et garentir Amant de mort. (MACH., R. Fort., c.1341, 17). Et la pris je ma soustenance, En regardant la contenance, L'estat, le maintieng et le port De celle ou sont tuit mi deport. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Or en y avoit d'autre port Qui moult amoient le deport De jouster et de tournoier, De caroler, de festoier, De mener joie, de chanter, De souvent leurs dames hanter. (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Et avec ce, dont mieus la prise, Estoit de maniere seüre Et, en parlant, sage et meüre, N'en fait, n'en port, n'en contenence N'ot vice, ne desordenance. (MACH., J. R. Nav., 1349, 178). Mais quant je le vi en ce point, Je li ramentu trop a point Qu'il li souvenist de l'image Et dou tres gracieus langage, Dou faitis point, dou cointe atour Et dou gentil port fait a tour De sa dame qui tant l'amoit Que son dous amy le clamoit (MACH., F. am., c.1361, 239). Li roys à la court demoura, Et li papes moult l'onnoura ; Et chascuns honneur li faisoit, Qu'à tous et à toutes plaisoit En fait, en dit et en maniere, En port, en meintieng et en chiere. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). ...le quel tu suivras en depriant a grant instance et par grant art de port et de humble contenance (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 358). Et appelle I. paradis Le plaisant port De ma dame et le ressort De son cler vis. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 179). Diex, Biauté, Douceur, Nature Mirent bien toute leur cure En vo douce pourtraiture, Dame desirée, Car tant est plaisant et pure, Sage en port, belle en figure Qu'eins plus gente creature De vous ne fu née. (MACH., Ch. bal., 1377, 604). Si ne say que devenir, Quant de ma dame remir Le gentil port, Car Paour me fait fremir Et trambler et tressaillir Par son enort Et Desirs, sans nul deport, Fait mon cuer par son effort Taindre et palir. (MACH., Ch. bal., 1377, 614). Helas ! pour quoy vi je onques sa biauté, Son corps faitis ne son gracieus port, Ne son doulz vis rient, fres, coulouré, Ne ses vairs yex ? (MACH., L. dames, 1377, 64). Certes, j'ay si grant deport, Quant je voy son noble port Et quant, sans vilein raport, J'oy que chascuns son effort Fait de li prisier tres fort Dessus toute creature, Que je n'ay pensée obscure, Tristece, mal ne pointure (MACH., Les lays, 1377, 429). Quant les paroles donc et le port de dehors segnifient en nous aucunes choses estre grandes et glorieuses qui de fait n'y sont mie, ou qu'on les faint plus grandes que elles ne sont selon la verité, c'est un excés et une extremité vituperable que Aristote appelle vanterie, come il fu dit devant (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 496). ...rie bas et non sans cause ; ait haulte maniere et humble chiere, et grant port (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 111). Il luy fault mander voirement, Et comment Sallebry est mort, Qu'il avoit ung peu matalent, [Et] dont il regentoit si fort, Et l'avoit comme en discort, Pour ce que lieutenant estoit ; Luy sembloit bien avoir ce port Que l'onneur luy appartenoit. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 187).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., III, 1372, 211 (4/6) ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

De grand/haut port. "De grande allure, de grande autorité" : ...la dame de hault port (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 249). ...par ce que attif homme estoit [l'évêque d'Autun] et agu et de grant port a cause de son pere [le chancelier de Bourgogne], apliquoit a l'espiritualité beaucop de choses temporelles dont ne devoit avoir cognoissance, en foulle certes des nobles et vassaux qui s'en doloient (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 111).

 

-

En port. "Ayant belle allure" : Le samedi septiesme de novembre, Le roy des roys preux entre ung million (...) Fit gayement son entree a Lÿon En tout honneur, en paix, en union En gloire, en los, en port, en preference (LA VIGNE, V.N., p.1495, 321).

 

Rem. Cf. DI STEF., 717c.

 

-

Avoir grand port. "Avoir fière allure" : Monseigneur conte de Suffort, Je vous pry que soyez d'acort De mener la premiere armee. Vostre frere, qui a grant port, Qui est jeune, plaisant et fort, Vous le merez, si vous agree. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 150).

 

-

Estre de bon port : Einsi me deporteray De tout ce que dire orray, N'en merencolie Ja mon cuer n'en metteray, Pour ce que pure me sçay De leur tricherie ; Ne cuers qui est de bon port Ne doit doubter leur raport Plein de felonnie. N'onques en jour de ma vie Ma pensée en vilonnie Ne prist son ressort. (MACH., Ch. bal., 1377, 598).

 

-

Avoir port devant qqn. "Avoir plus belle allure que qqn d'autre" : Et luy demourant avecques le duc, il vint a luy a si grant familiarité qu'il n'estoit nulz autres en sa court qui eust port devant luy ["qui ait de l'allure, qui ait belle allure en comparaison de lui"] (...) le duc l'amoit d'amour de pere [Aussi Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 47 [Ms. C, David Aubert] (Mais il n'y eut guaires esté que le duc l'eut en sa grace telement qu'il n'y avoit homme en sa court qui eust port devant luy, car en toutes besongnes et affaires, tant en guerre comme autrement, le duc le trouvoit preu, hardy et bien adrechié, tant qu'il l'amoit comme son enfant)] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 53).

 

-

[À propos d'un animal] : ...Mais qu'on veïst a son plumage, A sa maniere et a son port Et a son gracieus deport Qu'il seroit de bele venue. (MACH., D. Aler., a.1349, 250). J'y vi une aigle souffissant, Roy des oiseaus, noble et puissant, De biau port et de bel arroy. Cause pour quoy on le dit roy ? Il puet tous oiseaus seurmonter, Qui bien en vuet le vray compter. (MACH., D. Aler., a.1349, 343).

C. -

"Fait de porter secours, soutien"

 

1.

"Aide, soutien, secours apporté à qqn ou dont qqn bénéficie" : Comme nous, pour la fielve gouvernance et port de damoiselle Jehanne, damoiselle d'Assy, eussiens pourveu par nostre grant consel certains administreurs a ladite damoyselle, (...) pour ly administrer tous vivres neccessaires et toutes autres neccessitez et pour torner en paie tout le sourplus des revenues (Trés. Reth. L., t.4, 1331, 177). Et Dieu scet la tres orde vie De maint ! y a, qui n'ont envie Fors de mal faire, et ont grans ports, Par quoy sont fiers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 42). Et telz choses faire a princepce n'est se honneur non, car c'est le plus grant port, seureté et parement que elle puist avoir que enfans (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 59). ...atout l'ayde et le port des princes terriens (Bouciquaut L., 1408-1409, 309). ...tantost penserent que jamais cellui n'aroit osement de se tant tenir se il n'avoit port et esperance d'aucun (Bouciquaut L., 1409, 386). Et quant est aux salaires des serviteurs de vostre hostel, ilz sont très mauvaisement contentez en la Chambre des Deniers, ne les serviteurs ne pevent avoir leur loier, pour quoy ilz ont grant povreté et souffrete et ne pevent estre entour vous si honnestement qu'il appartient. Non obstant qu'il y en a aucuns qui ont port, lesquelz sont très bien paiez desdiz salaires. (Doc. 112. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 312). Et euz vers elles tant de port Qu'a moy si se sont raportees De faire du debat rapport (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 155). Ieunes et vieulx, soyons tous d'ung accord : La loy le veult, l'appostre le ramaine Licitement en l'espitre rommaine. Ordre nous fault, estat ou aucun port. Nottons ces poins, ne laissons le vray port, Par offensser et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63). ...car il [Jacques Coeur] fut envyé de pluseurs grans seigneurs autour du Roy, et samblablement de pluseurs autres gens, entre lesquelz avoit des marchans du Royalme qui souvent disoient que ledit Jaques Cuer, soubz le port et faveur que le Roy lui donnoit, tant ès pays estrangiers hors de son Royalme comme en icellui, ilz ne pooient riens gaingnier (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 282). LE JUIF. (...) De nulz seigneurs n'avons support. Crestiens partout ont grant port, Dont j'ay une griefve resverie. Leur Vierge Marie, Mere de Jhesus, Quant on la deprie, Monstre grans vertus. Nostre loy est jus Du tout jusque(s) au bas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78). ...mandons que ausdictz freres, en ce faisant, vous doniés tout le port, faveur et aide que vous pourez. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 48).

 

2.

En partic.

 

-

"Soutien mutuel, alliance" : De present sommes vertueulx Et puissans d'armes et de port, S'aucuns nous sont contrarieulx De les assaillir sans depport. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 121).

 

-

"Exemption accordée par faveur, par décision indulgente" : Si vous mandons (...) que sans aucun délay, toutes excusacions arrière mises, vous ou au moins six de vous mettez sus par tout le dit païs sans aucun port ou faveur (...) tel aide et subcide (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, Pièces diverses, 1372, 412). Et pour ce que desirons raison et justice estre faicte à ung chacun de noz subgectz, tous pors et faveurs cessans (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 261).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 28/102 
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     PORTABLE     
FEW IX portare
PORTABLE, adj.
[T-L : portable ; GD : portable ; GDC : portable ; FEW IX, 208a : portare ; TLF : XIII, 792a : portable]

A. -

Au propre "Qui peut être porté, transporté, déplacé" : Et l'autre terme ou fin est pour apporter les fruis qui naissent de terre et encor pour apporter matiere de fust ou de metrien pour quelcunque tele chose pour aucune tele operation, laquele matiere la region possede et est de legier portable. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 295).

 

-

[Cont. métaph.] : Le joug ou le fardeau de Nostre Seigneur au commenchement samble intollerable ou non portable. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 182). ANNE. (...) Mieulx vauldroit souffrir un tel fol Que d'en prendre sur nostre col Ung fardeau qui n'est point portable ; Il a du peuple innumerable Quy a force repugneroit Celuy qui trop le greveroit [Jésus]. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 587).

 

-

Tour portable. V. tour

B. -

Au fig. "Qui peut être supporté, tolléré" : Secondement la mort doit estre contempnee car elle est portable et n'est pas en soy moult dommaigeuse mais souventefois fructueuse (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 349). ...pource doncques que lesdiz esleuz des troys estaz exercant leurs offices dessus recitez laissent a faire leurs propres et familiaires besoingnes, esquelles ilz ne peuent pas si bien entendre comme font les autres qui n'ont nul office, si est raison qu'il leur soit fait aucune raisonable et portable satisfacion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 496). Comme dist Saint Bernard : "Dieu est ez creatures merveilleux, ez hommes amiables, ez angeles desirable, en soy mesmes incomprehensible, ez reprouvéz intollerable, non portable." (Somme abr., c.1477-1481, 139).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 29/102 
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     PORTACOL     
FEW IX portare
PORTACOL, subst. masc.
[T-L (renvoi) : portacol ; GD : portacol ; FEW IX, 209a : portare]

"Portefaix" (synon. porte-collet)

REM. Doc. 1395 (Nevers), littér. "porte au cou", GD VI, 312b-c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 30/102 
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     PORTAGE1          PORTAGE2     
FEW IX 206b, 207a portare
PORTAGE, subst. masc.
[T-L : portage1 ; GD : portage1 ; GDC : portage ; FEW IX, 206b, 207a : portare ; TLF : XIII, 792b : portage]

A. -

"Action de transporter qqc., transport, activité du porteur" : Pour portage de monnoies a cause des 21 galies qui partirent de Harefleu (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 62). LE PORTEUR. Qui me paiera d'entre vous De mon portage ? (Mir. femme, 1368, 197). Et l'autre escuier de cuisine ou son aide yra avecques le queux vers le boucher, vers le poulaillier, l'espicier, etc.., marchander, choisir et faire apporter et paier portages (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 187). ...et pour le portaige, montaige et rapportaige du tour, 4 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 51). ...avec ce plusieurs gens vagabons, estrangiers et incogneuz, de leur auctorité par force et violence se mettent avec lesdits porteurs et les perturbent et empeschent en leurs droiz coustumes et communes observances, dont plusieurs inconveniens pevent sourdre et avenir, parceque les porteurs vont en plusieurs maisons et hostelz porter et rapporter marchandises, utenciles d'hostel et aultres biens, entrent es chambres des bourgois, marchans et autres gens et pourroient, soubz umbre dudit portage, faire plusieurs maulx et dommages. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1467, 254). A Jehan Legoys, plombier, pour avoir refondu le plomb de lad. goutière et pour VI l. de soudeure, portage et raportage dud. plomb (Comptes Archev. Rouen J., 1469-1470, 352).

B. -

Au fig.

 

1.

"Fait de se porter, de se comporter de telle ou telle manière, façon de se tenir, allure" : [Des ambassadeurs d'Orient] Portoient les anneaux en leurs oreilles et les abillemens de teste desparaulz a tous aultres veuz oncques (...). Sembloient graves gens toutevoies et de reverend portage, de belle estature et de bon maintieng (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 287).

 

2.

"Appui, faveur"

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 330.
 

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 Article 31/102 
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     PORTAL1          PORTAL2     
FEW IX portare
PORTAL, subst. masc.
[T-L : portal ; GD : portal ; FEW IX, 207a : portare]

"Soutien, appui"

Rem. Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 3485 (Li chevaliers chei, c'onques n'i ot portal).

REM. Dans GD VI, 312c, confondu avec portal1.
 

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 Article 32/102 
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     PORTANCE     
FEW IX portare
PORTANCE, subst. fém.
[T-L (renvoi) : portance ; GD : portance ; FEW IX, 205b : portare ; TLF : XIII, 793b : portance]

A. -

"Action de porter" : Gestio (...) : gestion, portement, portance (Aalma R., c.1380, 167). Gestiuncula (...) : petite portance (Aalma R., c.1380, 167).

 

-

En partic. "Action de porter un insigne" : ...considéré que moult de grans et haulx princes chrestiens, roys, empereurs et ducs par le monde sont, en qui maisons onques pour gloire, ne haute fortune qui y entroit, nulles ordres, nulles singulières, ne solempnelles portanges [l. portances] n'y ont esté mises sus (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 7).

B. -

"Ce qui sert à porter"

 

Rem. Doc. 1415 (Liège, portances pour charbon) ds GD VI, 313a.

C. -

Au fig.

 

1.

"Appui, soutien, faveur" : Ne sont aussi les justes causes et actions du comte en rien diminuées, ne frustrées par ceste tardivité, ne les Croys parés, ne excusés par la portance de leur maistre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 211).

 

2.

"Importance" : Car quand en iceux se trouve playe ou fourvoy, et que l'estat est de plus grand portance que la chevance, impossible est que inconvénient n'en ensiève (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 363).
 

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 Article 33/102 
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     PORTATIBLE     
FEW IX portare
PORTATIBLE, adj.
[GD : portatible ; FEW IX, 208b : portare]

"Portatif"

Rem. Chron. et hist. saintes et profanes, 1430, ds GD VI, 313c (autel portatible).
 

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 Article 34/102 
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     PORTATIF     
FEW IX portare
PORTATIF, adj.
[T-L : portatif ; GD : portatif ; GDC : portatif ; FEW IX, 208b : portare ; TLF : XIII, 794b : portatif]

A. -

[Idée de porter]

 

1.

"Qui concerne la capacité de porter" : Et ainsi dirions nous que la possibilité portative d'aucun honme est determinee par .C. livres et son impossibilité par .C. et une livre (ORESME, C.M., c.1377, 192).

 

-

[D'une chose] "Propre à porter (un poids)"

 

Rem. Doc. 1385 (closures portatives estans en ladicte maison de .VII. piez de haulteur) ds GD VI, 313c.

 

-

Au fig. : Le roy ha vertu dominative par justice ; chevalerie a vertu defensive par force ; clergie ha vertu illuminative par prudence ; bourgeoisie ha vertu substantative ou portative par attrempance. (GERS., Disc. Roi contre Jean Petit G., 1413, 1013).

 

2.

"Que l'on peut aisément porter ou transporter" : C'est assavoir que chascune table de chascun astralabe doit avoir 90 almucantharat, mais il faut pour ce faire le instrument trop grant, au mains de largeur d'un pié. Et ainsi les instrumens fussent trop pesans et non portatis. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 36). Et quant il convient celebrer hors de lieu consacré, si convient il que l'en ait autel portatif. (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 274). Ledit Pierre, pour unes granz bouges de cuir neufves, à porter argent sus un sommier, et pour unes autres petites bouges portatives (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 98). ...et aussi confesserent avoir eu et receu du dit maistre Martin chasubles, nappes, vestemens, galice, autel portatif et autres choses neccessaires pour le dit divin service estre fait (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1401, 784). Legiere estoit [celle eschiele] et portative Si qu'on la peust ertortillier (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 69). ...une manière de mesnage de vaisselle d'argent, portatif, tout d'une façon, mis en ung estuy, garny des parties qui s'ensuivent : un grant bernigant, faisant aiguière, VI hannapz dedans, III doubles salières (Comptes Lille L., t.2, 1420, 257). ...tout ce qu'ilz povoient actaindre estoit par eulx prins et ravy, et mis sur leur charroy, puis que c'estoient choses portatives. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 173). ...et pour ce, fu fait .J. escharfaut postatife en maniere de caere à preschier (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 185). À un charretier qui a amené la chappelle portative, de Saint-Rémy à Tharascon (Comptes roi René A., t.2, 1476, 424). Cestui fist fere deux astrolabes, l'un pour la chambre et l'autre portatif et une orloge sans contrepoix que je lui devisay (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 163 r°).

 

-

En partic. [D'une arme] "Que l'on peut porter sur soi, à pied ou à cheval" : Les dessus nommez de ladite garnison délaisseront en icelle place toute la grosse artillerie, et autre que homme de guerre ne peut porter, et dont il ne se peut ayder sur sa personne seulement, et qui n'est point portative à cheval et à pié, et par espécial arbalestes qu'on ne peult bander aux reins. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2 c.1437-1464, 273). Les dames qui estoyent en la place Si ne craignoyent que le coullart. Certes j'estoye bien paillart, J'en avoye ung si portatif ; Si je n'eusse esté si hastif De mettre le feu en la pouldre J'eusse destruit et mis en fouldre Tout quanque avoit de damoiselles. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).

 

-

Biens portatifs. "Biens meubles" : ...et là prenoient et ramenoient à leur ost chevaulx, vaches, brebis, pourceaulx et tous autres biens portatifz, dont le povre peuple et le pays estoit fort traveillé. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 217).

 

-

Cité portative. "Camp mobile" : Et est assavoir que le Grant Caan avoit en son service en son ost ung milion d'ommes a cheval, et estoit logie enmy les champs, en une cite portative, faicte de tentes et de paveillons, si grande et si merveilleusement composee par rues et par mestiers et offices, et close de beaux murs et de tours faictes de toille, a ung fousse tout entour, que c'est une tresgrant merveille non pareille a autres. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 228).

 

-

Orgue portative. V. orgue

 

-

Tour portative. V. tour

 

-

Empl. subst. "Ce que l'on peut porter" : Et, la nuit, les Bourguignons, qui estoient logez à la Granche aux Merciers, s'en deslogerent, pour ce que l'artillerie du roy portoit de Paris jusques en ladicte Granche, et au desloger abatirent toute la couverture dudit lieu, et en emporterent toutes les poultres, solives, huys, portes, fenestres et tout le portatif, pour eulx taudir et pour ardoir. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 96).

 

3.

[D'une pers., d'un marchand] "Ambulant" : Pallefrenyers et autres perruquetz Dedens Florence entrerent a la foulle. (Vivandiers, lavandieres, marchandye portative, etc.) Aussi firent vivandiers, vivandieres Et de l'armee marchandes portatives, Dames de chambre, mignonnes, lavandieres (LA VIGNE, V.N., p.1495, 219).

B. -

[Idée de supporter] "Endurant, résistant, apte à supporter les coups" : Il a espaules portatives Tout juste a charger horions. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 748). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.]

C. -

[Idée de se porter candidat ; d'un évêque] "Suffragant" : ...l'en ne doit pas promover ne consecrer aucun en evesque a l'eglyse laquelle n'a ne clergie ne pueple, car il feret honte a la dignité epyscopal se il estoit povre et il convenet que il fust mendyant, conme sont aucuns de cez mendyans qui procurent a estre evesques, mez ce sont evesques mathematiques et portatiz (Songe verg. S., t.2, 1378, 234).

 

Rem. Doc.1465 ds GD VI, 313c.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 35/102 
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     PORTATION     
FEW IX portare
PORTATION, subst. fém.
[GD : portation ; FEW IX, 220b : portare]

"Action de porter" : ...la revelation et portation foraine d'iceux escripts (Ordonn. rois Fr. S., t.9, 1407, 243). ...touchant la portation ou tènement de ladicte espée impériale (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.3, c.1447, 563).

REM. Doc. de 1460 ds GD VI, 314a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 36/102 
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     PORTATURE     
*FEW IX portare
PORTATEURE, subst. fém.
[GD : portateure ; *FEW IX, 207b : portare]

"Celle qui porte (un enfant) dans ses bras"

REM. Therence en franç. (éd. 1500-1503) ds GD VI, 313c. Cf. ibid. l'art. portateur (ex. du XVIe s.) .
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 37/102 
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     PORTE1          PORTE2     
*FEW IX portare
PORTE, subst.
[*FEW IX, 205b : portare]

REDEV. "Apport, droit, contribution due sur un bien, sur un fonds" : De jehan le vaasseur homme vivant et morant pour le porte de la maison des religieux saint pierre dabbeville (Comptes Doullens W., 1495, 30).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 38/102 
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     PORTE-BANNIÈRE     
FEW IX portare
PORTE-BANNIERE, subst. masc. et fém.
[FEW IX, 209b : portare ; TLF : XIII, 807a : porte-bannière]

"Celui / celle qui porte la bannière" : Ains (...) proteste contre toutes nations foraines, à ceste très-noble et victorieuse région estre porte-bannière et mainteneur de querelle des nobles glorieux dompteurs du monde, les François... (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 300). ...je suis la passeroute des maleureuses cristiennes et de toutes les chetives du monde [et ?] nobles femmes la porte banniere (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 89).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 39/102 
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     PORTE-BAQUET     
FEW IX portare
PORTE-BAQUET, subst. masc.
[FEW IX, 209b : portare]

"Valet de cuisine"

REM. Ex. (Menus propos) ds H. Lewicka, Les Comp., 1968, 128. Ex. de c.1500 ds FEW.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 40/102 
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     PORTE-BARIL     
FEW IX portare
PORTE-BARIL, subst. masc.
[FEW IX, 209b : portare]

"Celui qui, sous les ordres de l'échanson de l'Hôtel du roi, est chargé du transport des barils" : Maistre Jehan, porte-barils. (Ch. VI, D., t.1, 1398, 151). ...Naudin, porte-baril d'eschanconnerie (Comptes roi René A., t.3, 1469-1470, 338). ...Jehan, le saulcier, et Georget, son aide, Guillem, le portier, le lionnier, le Poictevin, Pensemal, le Lorrain, Rodinet, le petit Lorrain, Guillem, porte-barril, le varlet de dimenche, charretier, l'ome de Triboullet, et son paige (Comptes roi René A., t.2, 1480, 141).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 41/102 
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     PORTE-BATAILLE     
*FEW IX portare
PORTE-BATAILLE, subst. masc.
[*FEW IX, 210a : portare]

"Guerrier" : ...belliger (...) portebataille (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 19).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 42/102 
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     PORTE-BOIS     
*FEW IX 210a portare
PORTE-BOIS, subst. masc.
[*FEW IX, 210a : portare]

"Valet chargé des provisions en bois de l'armée" : ...les premiers portebois [trad. lat. calones] quy ja prochains estoient des logis s’en retournerent audit tertre fort courant ou ilz se fourrerent soubz les enseignes de la premiere compaignie (DUCHESNE, César, 1473, VII.16, f° 150b).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Frédéric Duval

 Article 43/102 
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     PORTE-BUFFET     
*FEW IX portare
PORTE-BUFFET, subst. masc.
[]

A.0;-

"Vaisselle" : Toutes offices, tant de paneterie, Chambre, chappelle et eschançonnerie, Grosse cuysine de commun et de bouche, De garberobe, riche tapisserie, Porte buffetz, drogues, episserie, Nappes, linceulx, lit, couverture et couche, Grosse vaisselle d'argent et d'or de touche, Fardeaux, pacquetz, grans bahus, malles, coffres, Broches, chenetz, poilles, potz, fer aux gauffres Et autres choses pour luy et pour ses gens (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147).

 

Rem. Le mot semble ici désigner une chose.

B. -

"Officier chargé de la vaisselle" : Consequamment, avec eulx places prindrent Varletz de chambre, escuyers, officiers, Porte buffetz, eschançons, despenciers, Et tous autres serviteurs domestiques (LA VIGNE, V.N., p.1495, 218).

REM. Les deux élém. ne semblent pas encore totalement soudés, d'après une autre occurrence : Garde vesselle et d'autre broillerie, Porte buffet, gobelet et ayguiere, Chambre aux deniers, gros varlet de fourrerie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 153).
 

DMF 2020 - La Vigne Annie Bertin

 Article 44/102 
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     PORTE-BUSCHE     
FEW IX portare
PORTE-BUSCHE, subst. masc.
[T-L (renvoi) : portebuche ; GD : portebuche ; FEW IX, 210a : portare]

"Celui qui porte les bûches et entretient le feu"

REM. Doc. 1349 ds GD VI, 314a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 45/102 
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     PORTE-CHAPE     
FEW IX 210b portare
PORTE-CHAPE, subst. masc.
[T-L : portechape ; GD : portechappe ; FEW IX, 210b : portare]

"Membre de la cuisine de l'Hôtel du roi" : ...Verjus, porthechappe du Roy (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 32). Depuis le ponceau Saint Denis jusques au ponceau du Val Larronneux, qui a esté baillée à ferme à Henriet Son, porte chappe pour 8 s. p. (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 712).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Edmonde Papin

 Article 46/102 
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     PORTE-CLEF     
FEW IX portare
PORTE-CLEF, subst. masc.
[GDC : porteclefs ; FEW IX, 210b : portare ; TLF : XIII, 808a-b : porte-clé(s)]

"Celui qui est chargé des clés (en partic. gardien de prison)" : Clauiger (...) clacelier, autrement porte clef (Aalma R., c.1380, 68). ...claviger (...) porte cleffz (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 6).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 47/102 
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     PORTE-COLLET     
FEW IX portare
PORTE-COLLET, subst. masc.
[GD : portecoullet ; FEW IX, 211a : portare]

"Portefaix" (synon. portacol)

REM. Doc. 1471 (Lille, deux porte coullez) ds GD VI, 314b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 48/102 
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     PORTE-CUIRASSE     
*FEW IX portare
PORTE-CUIRASSE, subst. masc. ou fém.
[*FEW IX, 211a : portare]

"Celui / celle qui porte une cuirasse"

REM. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 128 : «N'est employé dans nos textes qu'en qualité de sobriquet : "Guillemette Porte Cuirache" indique par antiphrase une fille de mauvaise vie dans l'Enquête de Coquillart (p.117).»
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 49/102 
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     PORTE-DIEU     
*FEW IX portare
PORTE-DIEU, subst. masc.
[]

"Ostensoir" : ...sur le milieu hault d'icelle fleur de liz et coronne sert un porte Dieu, où l'en porte le Saint Sacrement, fait de deux rons beriques, bordez d'or (Comptes Lille L., t.2, 1420, 236).

REM. À rattacher à FEW IX, 211a : portare où ce sens n'est pas att. ; GDC donne 2 attest. sous la déf. "prêtre qui porte le saint viatique à un malade", mais la 1re attest. de 1527 recouvre le sens donné supra.
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 50/102 
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     PORTÉE     
FEW IX portare
PORTEE, subst. fém.
[T-L : portee ; GD : portee ; GDC : portee ; FEW IX, 205b, 206a : portare ; TLF : XIII, 809a : portée]

A. -

[À propos d'une femme ou d'une femelle]

 

1.

[À propos d'une femme] "Fait de porter un enfant le temps de la grossesse" : LA DAME. (...) Onques mais si dure portee Femme ne porta com j'ay fait. (Mir. enf. ress., 1353, 41). Ahy, benoîte chars de virginal portée, Secourés aujourd'uy vostre gent esgarée, Qui sueffrent tant de maus en estraigne contrée, Tant de fain, tant de soit, tant de poure dînée (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 67). Benoit soit le pere quy vous engendra et la dame que de vous fist portee, quant du terrible jayant nous avés delivré (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 113). ...le ventre luy commença a bourser, dont elle fut si tresjoyeuse qu'on ne le vous saroit dire. Mais, si la fille s'esjoissoit de sa portée, la mere d'elle en avoit a cent doubles (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

Rem. Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 13209 (Jésus).

 

-

[D'une femme] Faire (la) portee (d'un enfant). "Porter (un enfant)" : ...là le fist morir Tancrède la contesse senée Pour le mort Godefroit, dont elle fist portée (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 512). L'ABBÉ. (...) Vezci voz filz. BAUTHEUCH. C'est voirs, abbes : deux foiz en fis La portée neuf mois entiers. (Mir. ste Bauth., c.1376, 166).

 

Rem. Lion Bourges K.P.F., c.1350, 26617 ; Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss.

 

-

"Enfant(s) que porte une femme durant la grossesse" : Maintes femmee sont avortees Par la guerre de leurs portees Qu'elles ont en leurs corps portees (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 60). Au moien de quoy elle eust deux enffans d'une ventrée ; et despuys ledit Pynaud perseverant tousjours en son propos et obstinacion, trouva façon d'avoir encores la compaignée de ladite Jamette, et tellement qu'il l'engroissa par une autresfoiz ; lequel voyant qu'elle estoit grosse, l'a soubztraict d'entre les mains desdiz père et mère et la tint celeement par long temps, jusques à ce qu'elle eust en delivrance de sa portée (Doc. Poitou G., t.12, 1479, 296).

 

-

"Progéniture, enfant(s)" : Maistre d'ostel, point ne tardez (...) que n'ardez La Bethequine et sa portée (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 53). Dame, je vous vien veoir cy Pour savoir de vostre portée Conment vous estes deportée Et quel enfant avez eu, Et s'il est taillié ne meu De vivre, dame. (Mir. Clov., c.1381, 252). Dame, faictes chiere joyeuse, Car vous estes la plus heureuse Que oncques au monde fu née, Quant pour l'honneur de vo portée Trois roix d'orient sont venus Pour aourer vo fil Jhesus (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 44). Ma dame, nous prenons congié A vous et a vostre portee. (Myst. Rois A., c.1480-1500, 526). Ma mere grant si fut jumelle, Ne fust ce pas belle portee ? (Tr. Men., c.1480-1500, 288). Helas, mon enfant pur et net, Helas, ma tres chere portee, Helas, or t'est la vie ostee, Helas, or ne te puis je avoir ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 355).

 

Rem. Prières saints R., t.2, 1400-1500, 24 ; WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss. ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss. ...

 

.

[Pour désigner le Christ] : Dame qui portas la portée Qui joie en terre a apportée... (Mir. enf. diable, c.1339, 6).

 

2.

[À propos d'une femelle] "Progéniture, petit(s)" : Qui en sa maison nourrist une chienne tant et si longuement qu'elle a des petis, si tost qu'ilz sont faonnez, celle premiere portee doibt estre noiee (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 139). Quant ungs homs fait sa jument copuler de estalon, si tost qu'il pense qu'elle a retenu, on la doibt mener en lieu ou elle voie de beaulz chevaulz et hardis, affin que sa portee prende plus vigeureuse inclination. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 139).

B. -

DRAP. "Assemblage des fils de chaîne réunis par un même lien" : Et ces draps ourdis 56 portées, chascune portée de 24 fils ; et qui mains les ourdiroit chascun fil 1 denier à l'amende jusques à une portée et nient plus (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1395, 40). ...se li drappiers euist pau d'estain se porroit-il en chascune demi portée ourdir un fil de traime sans amende, et qui plus en y metteroit, chascun fil un denier à l'amende toutes fois qu'il sera trouvés par ceulx qui commis y seront. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1395, 43).

 

Rem. Doc.1399 (Tournai) ds GD VI, 314b.

 

-

CHASSE Portees d'un lacs. "Les parties d'un lacs qui portent le lacs au-dessus des pieds de l'oiseau" (Éd.)

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

C. -

"Distance à laquelle porte une chose"

 

1.

"Distance à laquelle porte une arme" : ...l'ostel dudit Badenier, distant de l'ostel dudit feu Barbotin d'une portée d'arbalestre ou environ (Doc. Poitou G., t.9, 1453, 325). Et, pour resister à leur artillerie, il avoit deliberé de semer parmy les champs son artillerie en petis buyssons, en bruyeres, en blez, en petis fossez et en lieu où on ne les pourroit bonnement veoir et estre si loing comme la portée de leurs bastons. (BUEIL, II, 1461-1466, 232). ...quant ilz furent environ une portée d'arc d'illec, ledit Robinet print ung baston que portoit l'un desdiz compaignons et sans dire mot, vint audit suppliant et dudit baston lui donna ung coup sur la teste, et ce fait se coulpla à lui, le gecta à terre (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 330).

 

2.

CHASSE "Hauteur atteinte par le bois du cerf, branches rompues par son passage" : Et, quant les portees du boys sont larges et hautes, donc le puet il juger cerf chassable et de dis cors, quar, s'il ne avoit haute teste et large, il ne pourroit fere les portees hautes ne larges. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 155). [Autres ex. p.157, 173, 219]

 

3.

Au fig. "Faveur, crédit de qqn" : ...tant l'essausserent ses vertus et ses haulx fais que ses merites le menerent jusqu'a haulte felicité de fortune et jusqu'au gouvernement de tout le royamme seul et pour le tout, la ou avec l'onneur et la large portee avoit grant acquest et grant domination. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 83).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 51/102 
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     PORTEFAIX     
FEW IX portare
PORTEFAIX, subst. masc.
[T-L : portefais ; GDC : portefaix ; FEW IX, 211b : portare ; TLF : XIII, 812a : portefaix]

"Celui dont le métier est de porter les fardeaux" : Requis de quelle vie il a vesqu, dit que tousjours il a esté portefais. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 473). Le tier article est que vous saichez choisir varlez, portefaiz, aydes ou autres fortes gens pour faire les dures besoingnes qui d'ure en autre se peuent achever. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 4). ...ung tas de portefaiz et de brigans (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 86). ...lesquelles balles furent apportées de nuyt en la maison de il qui parle par aucuns portesfeix ou gavaux, qu'ilz ne congnoist, et les leur fist apporter le dit Pion de Village. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 173). Et pour ce que pour savoir la vérité de la qualité dudit sel a esté besoing de le mesurer, lequel mesurage pour le salaire des mesureurs et portefaix a cousté 30 l. t. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 624). Je te mettré en tel destresse, Sanglant savetier, portefais. (Tr. Men., c.1480-1500, 293).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 52/102 
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     PORTE-FEU     
FEW IX portare
PORTE-FEU, subst. masc.
[GD : portefeu ; FEW IX, 212a : portare]

"Pelle à feu sur laquelle on transporte de la braise d'une pièce à l'autre"

REM. Doc. 1466 (Tournai) ds GD VI, 314c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 53/102 
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     PORTE-FOUET     
FEW IX portare
PORTE-FOUET, subst. masc.
[GD : portefouet ; FEW IX, 212a : portare]

"Celui qui dirige tout en dictateur" : ...si le duc son bel oncle pouvoit aller de vie à trespas, luy seul alors seroit le dompteur et le porte-fouet de tous les grands de son royaume (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 416).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 54/102 
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     PORTEFUER     
FEW IX portare
PORTEFUER, subst. masc.
[GD : portefuer ; FEW IX, 212a : portare]

Région. (Lorraine) "Sentence, ordonnance" : ...contre leur portefuers. (AUBRION, Journal L., 1468, 34). Et, le jeudy, le dit damp Jaicque allit devant justic, et requérit qu'il heust ung trèses pour essévir le portefuers du dit maistre eschevin. (AUBRION, Journal L., 1481, 126). ...après les porteffuers fait par les trèses et par le maistre eschevin ; dont le porteffuers des trèses fut tel que : le dit Jehan Danowe dobvoit donner à la femme du chastellain (...) xx lbz... (AUBRION, Journal L., 1484, 169). [Autres ex. p.345 (1494) et ds GD VI, 314c]

REM. Doc. (Metz) 1411 et 1417 ds GD VI, 314c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 55/102 
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     PORTE-GAGE     
FEW IX portare
PORTE-GAGE, subst. masc. ou fém.
[GD : portegage ; FEW IX, 212b : portare]

"Celui / celle qui porte un gage"

REM. Doc. 1451 (Nevers) ds GD VI, 314c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 56/102 
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     PORTE-HACHE     
FEW IX portare
PORTE-HACHE, subst. masc.
[T-L : portehache ; GDC : portehache ; FEW IX, 212b : portare]

"Support pour la hache de combat"

REM. Doc. 1383 ds GDC X, 381a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 57/102 
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     PORTEHORS     
FEW IX portare
PORTEHORS, subst. masc.
[T-L : portehors ; GD : portehors ; FEW IX, 212b : portare]

"Livre d'heures, bréviaire portatif" : SUER MARIE. (...) Ma dame, s'il vous plaist, sachiés Voustre portehors, si dirons Midy (Mir. abbeesse, 1340, 67).

Rem. Doc.1401 (un livre, nommé breviaire ou portehors) ds GD VI, 315a. T-L VII, 1584. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 130.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Kunstmann

 Article 58/102 
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     PORTE-LETTRES     
FEW IX portare
PORTE-LETTRES, subst. masc.
[FEW IX, 213a : portare]

"Portefeuille pour lettres"

REM. Doc. 1499 ds GAY II, 261a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 59/102 
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     PORTEMENT     
FEW IX portare
PORTEMENT, subst. masc.
[T-L : portement ; GD : portement ; FEW IX, 206b : portare ; TLF : XIII, 815b : portement]

A. -

"Action de porter qqc." (synon. port) : Bailli, nous voulons et nous plaist que par notre congié et licence les arbalestriers de la confrarie de notre ville de Douay portent leurs cousteaux parmi notre ville, pourveu que par ledit portement il ne s'avancent de fere aucuns debas ou riote (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1393, 568).

 

-

Portement d'armes. "Attaque, acte de violence avec des armes" : ...de sauve et especiale garde brisée, violences, painnes commises, portement d'armes indeument, vuée de genz, les quelles choses le dit nostre procureur et le procureur des diz doyen et chapitre disoient avoir esté faites aus diz doyen et chapitre, en leurs genz et biens, (...) et avoir batu leur gardian, appellé Pierre de Brie, et lui desrobé de son amucelet (Doc. Poitou G., t.2, 1342, 247). ...au Roy appartient la cognoissance et punicion dez crimes de lese majesté et de toutes infractions de sauvegardes du Roy : forgement de fausses monnoyes, et de toutes transgressions dez ordenances royaux faittes sur le fait dez monnoyes, de tous portemens d'armes notables et invasibles, et aussi dez contraux faiz soubz le seel royal (Songe verg. S., t.2, 1378, 201).

B. -

Au fig.

 

1.

"Manière de se comporter, conduite"

 

-

[D'une pers.] : ...leur bon portement esdites commotions envers feu nostre tres chier seigneur et pere le conte de Flandres (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B., t.1, 1388, 277). ...audit messire Andry, le IIe jour d'avril mil IIIIc et XIX, 100 frans, tant pour consideracion du bon portement qu'il a nagueres eu à Mailly la Ville en la destrousse que lui et ses compaignons ont faicte sur les ennemis de madicte dame (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 760). ...nous aultres jennes chevalliers y fismes grant portement et y soustenimes maintz coups mortelz (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 31). Se l'empereur pour esbatement avoit loué les anciens, il ne disoit pas que tu n'eusses fait bon portement (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 34). [Autres ex. p.36, 67, 96...]

 

-

[D'une collectivité] : ...les Romains, qui de grant ancienneté sont de grant portement... (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 14). ...il est besoing que vous regardez la maniere du portement de la place et en quel estat elle sera laissée (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 148).

 

2.

"État de qqn (comment qqn va), en partic. état de santé, ce qui advient de qqn" : Très hault et très puissant prince notre très chier oncle, continuelment sommes desirans oïr joieuses nouvelles du bon portement et estat de vostre très noble personne (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1447, 168-169). Et pour ce que, par vosdites lettres et autrement, plusieurs foiz nous avez fait savoir que tous temps estes desireux de pareillement estre acertené de nostre portement et estat, nous vous signifions que, à la faisance de ces lettres, nous estions haittiez et en bonne santé corporelle (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 207). Adonc ilz vont dire et denuncier comment il leur estoit advenu et de leurs portemens et des dangiers aux quelx ilz avoient estés, dont Charles et pluseurs en plourent de pityé et de la joye de leur valliance incomparable. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 168).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 60/102 
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     PORTE-MORS     
FEW IX 213b portare
PORTE-MORS, subst. masc.
[GDC : portemors ; FEW IX, 213b : portare]

"Cuir de la bride qui soutient le mors" : ...à Anthoine Champes, esperonnier, demourant à Aix, baillé IX florins, par le commandement de monseigneur, tant pour deux paires d'estriers, les ungs faiz à la genète, et les autres pour la jouxte, pour une amboucheure, pour la mulle de monseigneur, ung portemors pour le genet (Comptes roi René A., t.1, 1478, 389).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Edmonde Papin

 Article 61/102 
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     PORTEOIN     
FEW IX portare
PORTEOIN, adj.
[T-L (renvoi) : portëoin ; GD : porteoin ; FEW IX, 208a : portare]

[De contributions en nature] "Qui doit être apporté, fourni au seigneur"

REM. Ex. d'a. fr. et doc. 1465 (La Rochelle, portouyn) ds GD VI, 316b-c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 62/102 
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     PORTE-PAIX     
FEW IX portare
PORTE-PAIX, subst. fém. et masc.
[GD : portepais ; FEW IX, 214a : portare]

"Étui servant à contenir une paix" : ...ung marchant forain nommé Balthasar avoit un portepaix fait de hors du païs, auquel avoit plusieurs pierres, comme camaieux et autres pierres, ouquel portepaix ledit Balthasar fit mettre un camaieu de voirre (Industr. Paris F., 1345-1412, 305). ...une nef vérée, semée d'esmaux, un pot à aumosne, une portepaix à ymages emlevées, 1 calice doré, 2 bacins à laver mains, 2 autres bacins dorez pour chapelle (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 301). Une porte paix d'or en façon de fleur de liz, armoyée aux armes de feu MdS le grant père (Comptes Lille L., t.2, 1420, 241).
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 63/102 
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     PORTE-PANIER     
FEW IX portare
PORTE-PANIER, subst. masc.
[GD : portepanier]

"Porte-faix" : Maistre Françoys fut diligent D'acheter non pas de payer Et dist qu'il bailleroit l'argent Tout comptant au porte-panier. (Repues franches K.V., c.1480, 90). Aussi fist il, patrons et marinniers, Vieilz notonniers, pillotes, canonniers, Chauderonniers, fondeurs d'artilleries, Soubdeurs, basteurs, serreuriers, charbonniers, Grans boucaniers, charpentiers, pïonniers, Gaigne deniers, hotteurs, porte paniers, Cordiers, lainiers, vendeurs de droguerie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Annie Bertin

 Article 64/102 
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     PORTE-PAROLE     
FEW IX portare
PORTE-PAROLE, subst. masc.
[FEW IX, 214a : portare ; TLF : XIII, 816b : porte-parole]

"Celui qui parle au nom d'un groupe, messager" : Loth, porte-parole du peuple à Appollon : Zechius et Zethephius te mercient du grant honneur que tu leur fais, et eulz adjoins avoeuc le poeuple voeulent que tu ayes sus nous et la cité souveraine seignourie. (...) Loth, porte-parole du peuple à Appollon : Il est ordonné que tu seras nostre roy (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 181).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 65/102 
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     PORTE-PIÈCE     
FEW IX 214a portare
PORTE-PIECE, subst. fém.
[GD : portepiece ; FEW IX, 214a : portare]

"Outil tranchant servant à percer, à trouer ; emporte-pièce" : Et est a entendre que tout a fait que li drap aront le derrain signet, li porteur les deveront porter en le grande halle ; et la deveront iestre li cordeur a chou faire sairementet, liquel les deveront tous corder bien et loyalment (...). Et s'il en i a nul qui soit trouvés cours, il le deveront, pour cascun quartier trouvet de court, faire un trau sour le coron au dos d'ales l'entrebate, d'unne porte pieche a chou conmise. (Drap. Valenc. E., 1344, 302). À ung mercier de Tharascon, qui a baillé une pièce de ruban estret, quatre marteaux, six lesses, IIII portes pièces, deux miral, ung compaz, et une gibecière de paille (Comptes roi René A., t.2, 1476, 347).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Edmonde Papin

 Article 66/102 
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     PORTE-QUEUE     
FEW IX portare
PORTE-QUEUE, subst. masc.
[FEW IX, 214b : portare ; TLF : XIII, 817a : porte-queue]

"Celui qui porte la traîne du manteau ou de la robe d'un haut personnage"

REM. Doc. 1465 (porte-coue) ds FEW et TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 67/102 
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     PORTER1          PORTER2     
FEW IX 203,204b,205a portare
PORTER, verbe
[T-L : porter ; GDC : porter ; DÉCT : porter ; FEW IX, 203,204b,205a : portare ; TLF : XIII, 817a : porter1]

I. -

[Empl. trans. ; sans idée de mouvement] Porter qqc.

A. -

"Avoir sur soi le poids de qqc., soutenir (le poids de) qqc."

 

1.

Au propre

 

a)

[D'une pers.] "Soutenir, tenir (dans les mains, sur les épaules, sur le dos...) qqc. qui pèse" : ...et en passant par la rue de la Harpe, pour ce que ladite toile li pesoit trop à porter, il exposa icelle en vente, et la voult toute donner pour XXIIIJ s. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). Et hastivement pluiseurs d'iceulz estans sur la Place aux Pourceaux et environ, prez de ladicte porte, portans longues bourrées et fagos, descendirent et se bouterent es premiers fossés (FAUQ., II, 1421-1430, 322). Pourtés sur vostre dos cecy [la croix], Affin que ne voulés en hault ! (Pass. Auv., 1477, 189). Mes seigneurs, certes tresfort crains Que la croix ne puisse porter (Pass. Auv., 1477, 192). Qu'elle poise ! Je ne puis pas Porter ceste croix tout fin seul. (Pass. Auv., 1477, 193). ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). ...et, pour prouver son dit, porta ung fer chault à tout la main nue (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 r°).

 

-

Porter (la) bannière : ...car au desrain jour du Jugement elle sera portant la baniere devant toutes vertus pour ceulx qui en ce monde l'aront acomplie (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 187). ...à la volenté des ennemis, qui avoient en leur compagnie une pucelle portant baniere, si comme on disoit (FAUQ., II, 1421-1430, 312). Le seigneur de Chastel Fromont, qui porta la banniere (LA SALE, J.S., 1456, 194).

 

.

Porter un mestier. "Porter la bannière de ce métier, être de ce métier" : Item, nul ne puet jouer aux dez a argent sec, fors a leur dit mestier, en portant icellui mestier. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1397, 372).

 

-

Porter étendard : Et pour ce qu'il fu question se ledit Chancellier leveroit ou porteroit estandart par la ville, a esté dit et advisié et conseillié que non. (BAYE, II, 1411-1417, 166).

 

-

Porter une arme : ...icellui Paradis, d'un grant baston de chesne quarré qu'il portoit, feri icellui homme un coup en la teste (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 265). ...par icelle Marion ledit coustel est cogneu estre et appartenir audit prisonnier, et lequel elle lui a veu porter par plusieurs fois, si comme elle a affermé par serement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 383). Aincois eulx meismes se servissent, Leurs armes portassent et feissent Ce qu'estoit neccessaire en l'ost. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 190). ...les autres portans ars, arbalestres, lances et bâtons de guerre, pour doubte des ennemis (FAUQ., II, 1421-1430, 279). S'il est en ce pays seigneur Qui en jeunesse ait frequenté La guerre, en yver et esté, Deffendant son nom et ses armes, Present veult qu'il soit exempté De plus en guerre porter armes, Pourveu qu'ilz bauldront leurs guisarmes Et leurs harnoys a leurs enffans (LA VIGNE, S.M., 1496, 160).

 

-

Porter un poids : ...quar cent livres est le plus grant poys que il [aucun homme] puisse porter (ORESME, C.M., c.1377, 192).

 

-

Prov. : On dit souvent : "Qui riens ne porte Riens ne lui chet" et on le croit. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 44). Qui ["à qui"] riens ne porte, riens ne chiet. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

 

b)

[D'une bête] "Soutenir sur le dos" : Prenez en tant com le cheval De ceens en pourra porter. (Mir. Theod., 1357, 90). Car bien li affiert a seoir Sus son cheval, qui bien le porte. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 192).

 

c)

[D'une chose] "Supporter" : ...tant comme les gielles le pourront porter (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 283). Mais faites bien tant environ Le batel que l'iaue le porte (Mir. ste Bauth., c.1376, 153).

 

-

Les pieds portent qqn / qqc. "Les pieds permettent à qqn de se déplacer" : ...elle part et s'en va tant que piez la peuvent porter, aider et soustenir de bon vouloir (C.N.N., c.1456-1467, 157). Il se mist hors de la presse, et tant que piez le peurent porter, il s'en court devers ce preau (C.N.N., c.1456-1467, 307). Doulz piés que portés si grant faiz, Et voz, jambes pleines de sueurs, Des eaulx de mes yeulx en douleurs Vous lavarey piteusement. (Pass. Auv., 1477, 152).

 

-

[D'un cours d'eau] Portant navire. "Qui est navigable" : ...et coert une riviere au dehors, portant navire, laquelle on appelle Mette (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 553).

 

2.

En partic. [D'une femme] "Avoir dans son ventre pendant la grossesse" : Il m'est bien avis que je voy Celle qui neuf mois me porta Seant a celle porte la (Mir. st J. Cris., c.1344, 286). Car c'est [la Vierge] li encenciers d'umilité Qui par un saint divin inspirement Conçut, porta, enfanta sanz amer Dieu tout puissant c'on peut encens nommer (Mir. st Val., c.1367, 171). Las, dolente ! et se mon enfant que j'ay conceu, porté et enfanté, me refuse et m'est dur et me oublie, qui me aydera ? (GERS., Déf., 1400, 228). JUDAS. (...) De malle heure suis je neyssus, Maudicte soye celle que m'a porter ! Mieulx auce valus que je fusse crevé Aut vantre qui m'a porter. (Pass. Autun Roman F., c.1400-1500, 188). ...la mere qui me porta (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 270). ...la dame de la Trémoïlle, qui me fit très bonne chère, et, comme on dit, n'a plus que deux mois à porter son enfant. (Cartul. Laval B., t.3, 1429, 75). ...ne l'eu pas si tost avalée [de la neige] que ne me sentisse en trestout tel estat que je me suis trouvée quand mes aultres enfans ay porté. (C.N.N., c.1456-1467, 128).

 

-

Porter dedans ses flancs : Doulce amie, certainement Aultrement ne me puis tenir Quant voy cellui mener morir Que j'ay porté dedans mes flans (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 184).

 

-

[P. méton., du ventre] : A toy, Jhesus, ay du tout foy. Benit ventre que t'as porté Et les mamelles qu'as sussé ! Las, que ta mere est heureuse. [Réf. à Luc 11, 27] (Pass. Auv., 1477, 165). Mauldite soit la putain macquerelle Qui jamais jour le paillart enffanta ! Au feu d'enffer soit myse la mamelle Et la nourrice qui oncques l'alaicta ! Le villain ventre qui jamais le porta Entre mes dens se puisse transporter ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 368).

 

-

Empl. abs. : ...la fontaine Helisee, qui fait les steriles porter (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 78). Il partit l'an en dix mois et le fist commancer en mars pour l'onneur de son dieu Mars et pour ce qu'il disoit femme porter IX mois et se delivrer au Xe (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

 

-

Inf. subst. : ...et vierge l'enfentay Sanz doulour nulle a l'enfanter Santir n'avoir peine au porter. (Mir. Berthe, c.1373, 190).

 

-

[D'une femelle]

 

Rem. Nombreux ex. (laie, truie, louve, chat sauvage; renne...) ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389 (cf. gloss. de l'éd.).

 

3.

Au fig.

 

a)

"Supporter, endurer qqc."

 

-

[Qqc. de physiquement (puis moralement) pénible] : Trop sueffre et port grief maladie Par tout le corps. (Mir. st Val., c.1367, 126). ...la griefve et longue prison que le dit Loys d'Amboise a soufferte et porté paciemment (Doc. Poitou G., t.8, 1434, 63). ...les coups de Jacotin lui estoient trop mortels, et ne les pooit porter. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 48). ...ayant en icelle [bataille] receues pluiseurs playes, les porta tres voulentiers toute sa vie pour l'amour de lui. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 123). ...l'homme ainsi paissant (...), pour ce qu'il estoit nud, ne pouoit porter l'odeur ne la flaireur des hommes. Si s'enfuy et a grant paine eschappa les mains d'icellui nouvel venu (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 201).

 

.

Porter soif. "Supporter la soif" : ...se j'avoie porté soif jusques a la mort (MACHO, Esope R., c.1480, 181).

 

-

[Qqc. de moralement pénible] : ...elle nous a celui apporté qui noz pechiez porta en son corps sur le fust (Mir. emp. Julien, 1351, 187). Ja si male estre ne sara (...) Qu'en amoureux vouloir paisible Je ne la porte [la penance]. (Mir. prev., 1352, 264). Onques mais homme si divers Mal ne porta conme je port. (Mir. st Val., c.1367, 126). ...et c'est quant il porte legierement pluseurs et grans infortunes, non pas pour ce que il ne les apparçoive et en sente douleur, mais pour ce que il est de tres noble vertu et de tresgrant et bon courage. (ORESME, E.A., c.1370, 135). Et semblablement yre qui est occulte et couverte, est plus grieve a porter que celle qui est apperte, si comme il fu dit ou .XXIe. chapitre du quart. (ORESME, E.A.C., c.1370, 491). Finablement, on les prenoit tous ensemble [ceux qui sont en enfer] et les gettoit on en un puis hydeux et parfont, plain de toute punaisie duquel il yssoit une pueur telle que corps ne cueur humain ne pourroit souffrir ne porter. (Horloge de sapience S., c.1389, 104). ...qui ne porte soufframment les maulz d'autrui, son impacience tesmoingne que il est loing de la plantiveté des vertus. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 31). ...la pugnicion que faulx et malvais crestien doit porter. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 216). Ne te chaille, dit le chevalier, porte ton mal le plus bel que tu peuz (C.N.N., c.1456-1467, 253). ...[elle] n'a pas cueur pour soustenir et porter le desplaisir et ennuy qu'endurer luy conviendroit a ceste occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 294). ...de plus en plus triste chere et matte elle faisoit, que le mary ne portoit pas bien paciemment, quand savoir ne povoit la cause de ceste doleance. (C.N.N., c.1456-1467, 471). O chetif homme, plus que tous aultres recreant et las, par les veilles, peines, labours et ententes que tu as prins et porté tant par mer que terre ! (C.N.N., c.1456-1467, 555). ...et lui vinrent cestes nouvelles à Bruges et au dauphin pareillement, qui moult le porta à dur (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 307). ...et lui desplut durement ceste manière de faire (...), dont à bien dur en porta la patience (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 465). ...dont porter luy convenoit la patience (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 364). ...malgré toy tu en porteras la honte (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 141). Las, quant je voy mon filz panduz En la croix et son costé fanduz Et son sang a terre apenchier, Bien m'an doit le cueur partir, Las, pourter en doit grant doleur. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 114). Hee, tresdoulce Vierge Marie, Grant deul pourtés. Ma doulce amye, Ne debvés pas tel doleur trayre ! Se que est fait ne pouvés deffaire. Pour quoy vous prie, dame des cieulx, Que maintenent laissiés vous pleurs. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 122). Nous advons de grans maulx commis, Desqueulx justement portons poine, Et cuide que nous arions pis, Si justice regnoit haulteine. (Pass. Auv., 1477, 218). Porte en patience les choses ameres se tu veulz et convoites avoir les choses doulces. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 213). ...qui nous estoit chose trés desplaisant et fort à porter, car il n'est rien que plus desirions que le bien et soulaigement de nostre peuple. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 171). ...l'omme prudent et sage doit porter paciemment les injures et tribulacions qui lui sont faictes (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 73). PREMIER. Je m'esbahis comme Il peult porter le mal. DEMONYACLE. Combien ? Ne suis je pas homme de bien ? Que tous les deables vous fault il ? (Il se demayne.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 459).

 

-

[Avec jeu sur le sens propre et le sens fig.] : PREMIER DYABLE. (...) La gist un homme : Quel ? tel que dix chevaulx a somme Ne pourroient pas (...) Porter le quart de ses pechiez (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 245). Madame l'abbesse, oyant ce que dit est, et portant au cueur ung grand fardeau d'ennuy, pour l'amour de ses seurs se laissa ferrer (C.N.N., c.1456-1467, 144). Souvent les bons portent le faiz Et la punicion des pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

-

Empl. abs. "Souffrir, endurer"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 231 (II, 3627, Le pueple covenoit adont porteir et taire).

 

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Avoir à porter. "Avoir à souffrir, à endurer"

 

Rem. Baud. Sebourc B., c.1350, VIII, 757 ; XII, 107 ; XXIII, 458 ; XXIV, 1027. T-L VII, 1592, 46-50 ; éd. du Bât. Bouillon C, 257 , n. du v.5034.

 

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Faire (à) porter qqn. "Faire souffrir qqn, lui en faire endurer" : Puis fist il le Bastard durement a porter, Ensi con vous porrés oïr et escouter. (Bât. Bouillon C., c.1350, 169).

 

-

Porter silence. V. silence "Garder le silence"

 

b)

"Soutenir qqn ou qqc."

 

-

"Soutenir, aider qqn" : Nulz preudoms n'est en ce monde portez, Mais l'or y est fort, puissant vertueux (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 132). ...car ilz [les Pisans] savoient bien que par lui [le maréchal Boucicaut] seroient gardez, portez et deffendus (Bouciquaut L., 1408-1409, 315). Las ! ou iray je pour avoir recovrance, Ne qui donra ung petit d'alegence A mon labeur ? Mat, doloreux et feible, Je ne vois nul que tant soit peu s'avance Pour me pourter. Je suis en obliance. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 197). ...car avoient lesdits Frisons promis de les porter et assister (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 102). O obscur aer, Coment pourter - puis mon enfant ? (Pass. Auv., 1477, 247).

 

-

"Favoriser qqn" : Beau sire oncle, par Dieu, moy et les aultrez avons les coeurs trop mas quant trahitours portéz contre nous. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 203). Car j'ay perdu ma dame et ma maistresse, Ou j'avoie tout mien et l'autrui bouté Pour avoir bruit et d'elle estre porté (HAUTEV., Compl. H., c.1441-1447, 62). Nous sçavons tres bien, Nichodeme, Que le portez a recelee Pour tant qu'il est de Gallillee Et vous estes de son paÿs. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 182). [Même ex. ds MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 158, 11532] ...en voulloir dire tout des uns et non des aultres les grans proesses que ilz faisoient sembleroit que je les vaulsisse porter (LA SALE, J.S. E., 1456, 328). ...le comte de Charolois (...) de tout son coeur et pouvoir portoit et favorisoit ce duc de Sombresset (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 66).

 

-

Porter mal qqn. "Faire du tort à qqn" : Iceulx plus mal, certes, en portent Leurs creanciers a qui ilz doivent (GARIN, Compl., 1460, 123).

 

-

"Soutenir qqc." : Ceuls qui tiennent et portent cest opinion ne mectent pas ydees en choses qui ne sont d'un meïsme ordre (ORESME, E.A., c.1370, 113). ...de porter et faire soustenir sa querelle (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 294). ...la duchesse de Bourgoingne pourtoit et soubstenoit le cas et la querelle des Angloix (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 141).

 

.

[D'une chose] : C'est mon eur qui ma fierté porte. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 114).

 

c)

"Mener, assumer qqc. (de difficile, d'excessif, de contestable...)" : ...s'aucuns fos se voet vanter De faus et il le voet porter (BRIS., Plait Ev. Dr. K., a.1340, 72). ...a cause de l'emprinse que les dessus diz Lombars portoient. (LA SALE, J.S. E., 1456, 282). LE PERE. M'amye, sans plus long procés, Saichez que suis entalenté D'abandonner les grans exces Que j'ay soubstenu et porté ; Dont, puisque je suis transporté Par viellesse en aultre deduyt, Au travail sera depporté Mon filz et aux armes conduyt. (LA VIGNE, S.M., 1496, 162).

 

-

"Assumer la responsabilité de qqc." : La .Ve. loy estoit qu'il [Lycurgne] portoit les administracions de la chose publicque par ordonnance (LA SALE, Sale D., 1451, 88). Cestui chancelier (...) soloit gouverner tout seul et à par luy manier et porter tout, fust de guerre, fust de paix, fust en fait de finances. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 330).

 

d)

[De choses] L'un portant l'autre. "En faisant la compensation des différences les uns par les autres" : ...l'orfèvre du Roy en a offert la dicte somme de 18 escus pour pièce l'une portant l'autre, ce qui fu reffusé audit Gillebert (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 218). ...vint cinq paire de solert tant hault que bas, prisees deux solz huit deniers parisis la paire, l'un portant l'autre (Doc.1484. In : Brunel-Tardy, Paris, l'Église et le roi, 2016, 389).

 

Rem. Mém. Compiègne C.-B., 1448, 295, 534 (T. Matsumura, R. Ling. rom. 60, 1996, 55).

B. -

"Avoir sur soi"

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

[Un vêtement, une parure...] : Vezla mes tresses jus copées ; Plus ne seront de moy portées. (Mir. Theod., 1357, 85). Et pour ce, se aucun clert porte lez signes d'un docteur ou d'un maistre, conme est de porter bonnet, se il n'est maistre en aucune science, ou esporons dorez, se il n'est docteur en loys, ou se un escuïer porte doré, il en puet raysonnablement estre repris. (Songe verg. S., t.1, 1378, 290). Depuis que ce pais lessay, Habit de femme n'endossay, Ains ay porté d'omme l'abit. (Mir. fille roy, c.1379, 115). ...lui et ledit Henequin furent compaignons ensamble environ IIJ sepmaines, pendant lequel temps icellui Hennequin porta par plusieurs foiz la roiz comme ribaut en chemise. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 140). Requis à il qui parle comment il scet que les deux qui se disoient jacobins estoient d'icelle ordre, dit que il le scet parce que ilz se disoient telz et en portoient l'abit, c'est assavoir que ilz estoient vestus de leurs chappes noires, fendues devant, et dessoubz vestuz de blanc. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 464). ...ledit escuïer portoit une sainture couvertes de pelles semez, à boucle et mordant d'argent, et quant il ne la portoit, il mettoit icelle en sa male (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 40). Aussi les Nobles et puissans, Et autres à ce suffisans, Doivent lors porter vestéure D'escarlate, ou de soye pure, Pour leurs vies mieulx préserver (LA HAYE, P. peste, 1426, 139). ...[le curé] avoit esté reprins de porter courte robe, et qu'on luy avoit chargé de la porter longue. (C.N.N., c.1456-1467, 531). Telle est des bestes la lignhee De se pays dont sommes nous. Presque toutes portent veloux Et sur leurs cornes grans orelhes. (Pass. Auv., 1477, 142). J'ay appetit D'arregarder s'il porte brayes. (Pass. Auv., 1477, 213). ...et mist premier perres precieuses ès anneaulx et les porta ou quart doy, disant que d'icelui procede la veine du cueur (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°). SAINCT MARTIN. De plus porter je ne me vente Jamais habit de chevalier ; Je renonce au bras seculier Pour garder l'ecclesïastique (LA VIGNE, S.M., 1496, 262).

 

-

[Un équipement militaire] : Gens d'armes, alons ad ce lieu ! Pourtés arnoiz pour vous [l. nous] deffendre, Si nul nous y vouloit ouffendre. (Pass. Auv., 1477, 275).

 

-

Porter telles couleurs. "Porter des vêtements de telles couleurs" : Leur eschauffault, tant qu'il se comportoyt, De satin blanc et satin vïolet De hault en bas moult bien tendu estoit ; Car en ce temps le noble roy portoit Ces deux couleurs pour ung cas nouvelet (LA VIGNE, V.N., p.1495, 169).

 

-

Porter le deuil. "Porter des vêtements marquant le deuil" : Et a tous ceulx qui portoient le dueil Incontinent fist argent transporter Pour a l'offrende devotement porter En plus belle ordre que l'on vit pieça d'oeil, Et tous passans par devant le sercueil Les ungs pleurant, les autres lamentant (LA VIGNE, V.N., p.1495, 192).

 

-

Inf. subst. "Manière dont on porte qqc. (un vêtement)" : ...et au porter de ceste coste d'armes ainssy de costé le poez veoir (LA SALE, J.S. E., 1456, 164). ...les pompes furent grandes, et la seignorie richement en point, et principallement le duc, qui de son temps fut ung prince honneste et joly et curieulx d'habitz et de parures, et dont le porter et la maniere luy seoit si bien et tant aggreablement que nul plus de luy ne fut trouvé nulle part. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 11).

 

b)

[Un objet d'usage habituel, de l'argent...] : Ce mesiau (...) A un bon hanap boit qu'il porte, Qui est d'argent, non pas de fust. (Mir. Amis, c.1365, 55). ...lequel Guillemin (...) il feri d'une massue en la teste, dont il le tua, en entencion d'avoir l'argent qu'il pençoit que ycellui Guillemin portast sur soy (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 11). ...lesquelz deux mordans il qui parle a vendu, par deux fois chascun mordant, IIJ s.,à un mercier nommé Hennequin, qui porte une tablete de mercerie à son coul parmi la ville de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 233). Nous ne prenons sur vous aultre disme, car, comme vous savez, nous ne portons point d'argent ; et si n'en querons point [Déclaration faite par des moines] (C.N.N., c.1456-1467, 216). QUART. Puis apprés, pour m'aller esbatre, Dieu scet commant je les pelote : L'argent qu'ilz portent je leur oste, Robe, pourpoinct, chaulce, bagaige, Et quant j'ay tout, je cours, je saulte, Je vois, je viens, baa ! je fois rage. (LA VIGNE, S.M., 1496, 282).

 

-

Ne porter denier ni maille. "Ne pas avoir un sou sur soi" : TIERS. Je croy qu'ell'est bien enroillee. Bran ! Il n'y a chose qui vaille. PREMIER. Il ne porte denyer ne maille, Je le voy bien a sa façon. (LA VIGNE, S.M., 1496, 280).

 

-

Porter qqc. avec soi. "Avoir sur soi, dans sa poche" : Et qui veulent long chemin faire Par air puant, trouble et contraire, Doivent garder soigneusement De l'inspirer abondanment, Et porter o soy toute part Des pommes, confites par art, De bonne oudeur et sentement. (LA HAYE, P. peste, 1426, 140).

 

c)

[Un insigne, une marque] : Et pour ce, se aucun clert porte lez signes d'un docteur ou d'un maistre, conme est de porter bonnet, se il n'est maistre en aucune science, ou esporons dorez, se il n'est docteur en loys, ou se un escuïer porte doré, il en puet raysonnablement estre repris. (Songe verg. S., t.1, 1378, 290). Et assez tost après l'entrée et venue desdictes gens d'armes [du duc de Bourgongne], toutes les gens de l'ostel du Roy et des segneurs qui estoient demourez à Paris prindrent et porterent l'enseigne du duc de Bourgongne et la crois Saint Andry, et pareillement touz les autres bourgois et habitans, femmes et enfans de la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 128).

 

-

[Une marque physique] : ...je congnoistray (...) S'il ara sexe feminin Ou s'en son piz mamelles porte (Mir. fille roy, c.1379, 97). Et (...) fu mandé, par ledit mons. le prevost, Macé Misery, barbier juré du roy nostre sire ou Chastellet, et lui commandé que ledit prisonnier il visitast bien et diligemment, se le signe de tonsure qu'il portoit estoit bon, vray et loyal. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 204). ...elle avoit tous telz membres et oustilz que les hommes portent, et (...) vrayement elle estoit homme (C.N.N., c.1456-1467, 304). ...la vraye devocion dont tout ce temps d'yver avez esté esprise vous fait endosser l'abit de saint Françoys, et porter coronne semblable auz bons freres ? (C.N.N., c.1456-1467, 374). ...[il] juroit sur son honneur qu'il portoit le plus beau membre (...) qui fust en toute la marche d'environ (C.N.N., c.1456-1467, 407).

 

-

En partic. HÉRALD. "Avoir pour armes" : Le seconde filz fut Lyon le pape, qui portat d'or a ung aigle d'azure et II cleifz de guele. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 9). ...a l'encontre du seigneur de Loissellench, baron de Poulayne, qui porte d'argent a un boeuf rampant de gueulles, corné et onglé de sable (LA SALE, J.S., 1456, 143). ...c'estoit celui duquel les livres de Merlin faisoient mencion, qui devoit apparoir en ce temps, qui portoit l'aigle à deux testes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 141 r°). ...j'ay oy dire que Berthrand, qui conduit Henri, porte telles armes, par quoy je tien que ce soit celui aigle (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 v°). À quelle occasion les roys de France ont tousjours volentiers porté pour enseigne le cerf à dix rames et le liz semé sur champs (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Celui qui porte qqc."

 

.

"Celui qui porte l'insigne d'un ordre de chevalerie" ; p. ext. "celui qui est membre d'un ordre de chevalerie dont il porte l'insigne" : ...ainsi cestui duc, coffre vray de leaulté et d'honneur, ne s'estoit pas avancié de mettre l'ordre [de la Toison d'or] sus contre l'onneur des portans (...), mes pour les bons faire relyer et astraindre en honneur et vertus plus estroites par obligation de serment. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 123).

 

.

Le portant + subst. désignant la chose portée./Le portant couronne. "Le souverain" : ...en Angleterre ou conspiration se machina treslongue alencontre du portant coronne (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 101).

 

-

Prov. : Celui doibt bien porter la trompe, Qui scet tromper celuy qui trompe. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 592).

 

d)

Au fig.

 

-

[Un nom] : ...les cas descriptz et racomptez ou dit livres de Cent Nouvelles advindrent (...) ja long temps a, neantmains toutesfoiz, portant et retenant nom de Nouvelles (C.N.N., c.1456-1467, 22). ...de laquelle science aucuns d'iceulx ont esté sçavans et expers, comme il sera deduit cy après plus amplement de chacun en son temps, ordre et aage et, par especial, trois portans vostre nom, comme ce vertueulx,victorieulx et glorieux empereur Charlemaigne (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 v°). ...et pour magnifier les estoilles, voulut que ses sept filles portassent chacune le nom d'une chacune planete, auquel moïen furent puis appellées nymphes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 21 r°).

 

-

[Un état] : Les petis ont tant fol couraige Qu'ilz portent estat de parage (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 7).

 

2.

[D'une chose] "Présenter, produire"

 

a)

[D'un végétal] Porter fruit / fleur... : ...un tresbon lieu natureux (...) à arbres portans, Qui portent bons fruis en tous tamps (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 79). Et tel lignage quant il empire ainsi, l'Escripture le comparage a une plante et a une vigne qui se abastardist et asauvagist et qui souloit porter bon fruit et elle porte malvés et amer (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 57). Qu'en un petit temps ou moment Se multiplie parfaitement En l'air, en l'eaue et sur la terre, Tant est agile et de grant erre Dont fait confort et moult d'aïe À toute rien qui porte vie Sa nature doulce et plaisant (LA HAYE, P. peste, 1426, 5). Et si tumbe entre l'espine, L'espine la semence destruit, Qu'en bonne terre porte fruit. [Réf. à la parabole du semeur, Luc 8, 8] (Pass. Auv., 1477, 137). ...car les meres mengeoient les propres enfans, le seu porta raysin et fleur et le sang fut veu distiller des nues. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 96 v°).

 

-

Empl. abs. : Printemps avoyent continuellement, Arbres pourtoyent partout opulemment, Fleurs, fruictz venoyent par le doulx Zephirus. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 29).

 

-

Au fig. Porter fruit. "Être profitable" : Maiz le dormir qu'on fait de nuit Est naturel et porte fruit, Et ce qui est de hault jour fait Griève nature et lui desplaist (LA HAYE, P. peste, 1426, 104).

 

b)

[D'un lieu, d'une terre] : ...un tresbon lieu natureux (...) à arbres portans, Qui portent bons fruis en tous tamps (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 79). Le quart dit que a paines pourroit la terre porter les fruitz et vivres necessares pour nourrir la puissance de gens qu'il avoit mis ensemble et que la mer n'estoit pas large assés pour porter les fustes et naves de son armee. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 169).

 

3.

[D'une bête] "Présenter" : Presque toutes portent veloux Et sur leurs cornes grans orelhes. (Pass. Auv., 1477, 142).

 

Rem. Nombreux ex., à propos des bois du cerf (porter bois, porter cors, porter perches, porter teste...), ds HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, et GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389 (cf. gloss. des éd.). De même pour porter venaison "être gras et en bon état". Au fig., porter haut le bois, "faire le fier" : Tel souloit porter hault le boys Qui est au bas des quatre piés. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 116).

C. -

"Avoir en soi"

 

1.

[D'une pers.] "Avoir en soi (dans son âme, dans son esprit...)" : O ames bien eureuses qui portent lymage de creacion iusques a ceste expresse semblance de la gloire de Dieu... (CIB., p.1451, 205). Nostre mignon (...) ne porta gueres sa pensée sans la deceler a monseigneur. (C.N.N., c.1456-1467, 83). ...fut interrogié par autres s'il avoit tout perdu, respondit qu'il portoit ses biens, disant : "Je porte ma science que larrons ne me sauroient oster". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 62 r°).

 

-

Porter vie. "Être vivant" : ...ils montent à cheval eux trois, sans plus, sans autre qui porte vie (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 240). ...ceulx qui portent vie (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 273).

 

2.

[D'une chose concr.] "Contenir" : Le suyf du cerf porte medicine contre adurciment de nerfs et est bon a oster toute douleur (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 64). [Autres ex. p.64, 103, 123...] Mere Areneuse y court, ou il n'at point eawe que cailheaux, et sy porte bons poisons ; nulz navie alleir sus ne peut, tant fort court il. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 172). ...IIII flus : ly unc est Phison, qui passe tout parmy Ynde, qui porte mine d'oir et d'argent et de lignum aloes (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 174).

 

3.

Au fig. [D'une chose] "Contenir ; comporter"

 

a)

"Contenir, renfermer" : Choses grans misteres portans Habondanment et en grant somme Ay veues en mon present somme (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 242). Sy porta telle vertu le conseil de l'évesque et des nobles qu[e]... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 367). Mais pour mieulz entendre, il convient noter que "ymage" veritablement se dit et raporte a ce, dont elle porte la similitude et samblance, et pour poursieuvir ou ensieuvir ce pour quoy est faite. (Somme abr., c.1477-1481, 111).

 

b)

En partic. [D'un écrit, d'une convention...] "Contenir, renfermer" : ...et fu faicte ladicte election le XXVJe de juin derrain passé, comme portoient les lettres qui en sont venues. (BAYE, I, 1400-1410, 277). ...aucuns faisoient conscience de ce qu'il n'avoient pas gardé ce que porte ladicte lettre (BAYE, II, 1411-1417, 199). ...les lettres portent un narré que la requeste dit estre fait contre vérité (BAYE, II, 1411-1417, 199). ...en sa compaignie amena son compaignon, qui devoit bailler a taster a elle son instrument, comme le marchié le portoit (C.N.N., c.1456-1467, 4).

 

-

Porter que. "Contenir que" : ...conveincu d'avoir fait lettres et envoiées jusques à Braye-Conte-Robert par un enfant de X ou XIJ ans, qui portoient ou contenoient que monseigneur de Bourgoigne se hatast de venir (BAYE, II, 1411-1417, 229).

 

c)

"Comporter" : Les voulez vous tous d'une sorte [les manières de crucifier] Ainsi que la coustume porte (...) ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 317). ...il remonstra [au bourgeois] son piteux cas, priant et requerant, ainsi que droit le porte, qu'il luy baille et assigne, ainsi que a son estat appartient, sa vie honorablement. (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...oyans tous ceulx de la table, [elle] luy fist son message bien et sagement, ainsi que sa charge le portoit. (C.N.N., c.1456-1467, 571). ...pour faire son excusation qui n'estoit pas si clère comme son honneur eust bien porté. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 342). ...l'emprise ne portoit que joustes à roches, lesquelles il convenoit faire devant les dames (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 463). ...Comme la loy Moïse pourte. (GARIN, Compl., 1460, 119).

 

-

[D'une attitude, de paroles] : ...vostre maniere et voz parolles portent et jugent qu'il vous fault quelque chose, que je ne saroie penser ne inferer que ce peut estre (C.N.N., c.1456-1467, 234).

 

-

"Comporter, entraîner (une certaine conséquence...)" : ...c'est assavoir charmes, charrois et invocacions d'ennemis et toutes aultres semblables choses deffendues, selon Dieu et sainte esglise, a tous bons crestiens, ou aultrement portant la pugnicion que faulx et malvais crestien doit porter ["subir"]. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 216). ...les fortunes et divines ordonnances portent d'esprouver et de corriger les hommes par substraction dede royaumes, par privation de seigneuries, par ruine de batailles, par perte de biens, par choite de renommée, par batture de corps, par propre mort... (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 47). Le duc [perdu dans la nuit, s'est réfugié chez un paysan qui le presse de questions] (...) ne se voulut descouvrir à lui comme ses questions portoient ["ces questions auraient pu entraîner que le duc découvre son identité"] (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 260).

 

-

Porter signe de. "Être le signe, le témoignage de" : ...et puis l'en vestira et mettera en possession de sa seignourie de marquis par ung tresriche ruby, qui porte signe de seignourie, qu'il mettera ou moyen doit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 232). Et après ce, par ung riche dyamant, qui porte signe d'amour, l'en vestira et mettera en possession de sa conté (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 232).

II. -

[Empl. trans. ; avec idée de mouvement] Porter qqn / qqc. (qq. part)

A. -

Au propre

 

1.

"Transporter qqc. (qq. part)" : ...qui vertuz sanz elle [l'humilité] assemble, Il fait con celui qui au vent Porte pouldre (Mir. st J. Paulu, c.1372, 103). ...ledit Aigny ala tout à point en ladicte Chambre des Comptes, et porta ses comptes, et ne tint pas à lui qu'il ne rendist compte (BAYE, I, 1400-1410, 24). Portay a Romme neuf volumes De livres de lois et coustumes Et des secrez de Romme (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 27). Et lendemain (...) à grant compagnie et solempnités acoustumées, fu le corps dudit Roy porté en l'eglise Saint-Denys où il fu enterré (FAUQ., II, 1421-1430, 71). ...dont, pour lui faire sacreffice, il [Junius Brutus] porta l'or qu'il voulloit donner au dieu encloz dedens ung baston creux et cave (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 24). Adonc saillit avant la religieuse qui porta son urine a Rouen (C.N.N., c.1456-1467, 142). Je porte mon vin jusques a l'huys tant seullement, et la vient nostre maistre qui me descharge. (C.N.N., c.1456-1467, 274). Pinselardon, monte la hault Et y porte ceste vaisselle ; Guarde que la chambre soit belle. (Pass. Auv., 1477, 88). Sa teste luy mect pres de luy, Puis que ycy nous l'avons portee. (Pass. Auv., 1477, 105). Alons, Belzebuth, mauldit dyable, Et portarons l'arme en enfer. (Pass. Auv., 1477, 112). Romain, va t'en au Mont Calvaire Et y porte ces titres trois. Mect cestuy a l'ault de la croix, Desus la teste de Jhesus (Pass. Auv., 1477, 214).

 

-

"Mettre, placer qqc. qq. part" : ...se le las n'estoit porté au dessus, il courroit par dessous les piés (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 276).

 

-

[D'une pers., d'une bête, du vent...] Porter qqn (qq. part). "Amener qqn qq. part" : ...Conment au temple porté fu De sa mére le doux Jhesu (Mir. femme, 1368, 223). PHILIPPE. (...) Et tu bon jour puisses avoir. Quel vent te porte ? LE MESSAGIER. Nouvelles que je vous apporte (Mir. st Lor., 1380, 132). Veez cy sa mulette qui n'attent aultre chose que je soie en voye, pour porter son maistre ou l'on ne veult pas que je soye. (C.N.N., c.1456-1467, 208). Si bien fut lyé qu'il ne povoit rien mouvoir que la teste ; puis fut porté, ainsi marescaucié en une petite maisonnecte (C.N.N., c.1456-1467, 495).

 

-

[Dans la religion juive] Porter un enfant au Temple : Il est coustume generale Que l'enfant, pour tant qu'il soit masle, Soit au temple par ses amis porté, et droit la circoncis. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 28).

 

-

Porter qqn hors de la selle. "Faire tomber qqn de la selle" : ...et mainctz furent portez hors de leurs selles (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 287).

 

-

Porter qqn à / par terre. "Faire tomber qqn" : ...et moy meïsmes a il [le sanglier] porté a terre moult de fois, moy et mon coursier (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 88). ...s'il eust actaint le seigneur de Saintré a la force et puissance qu'il avoit et aussi a l'avantaige qu'i avoit d'estre plus hault il l'eust a terre porté ou navré (LA SALE, J.S., 1456, 296). ...[il] vous assault sa femme, et la porte par terre (C.N.N., c.1456-1467, 89).

 

-

Porter qqn jus. "Ruer qqn à terre" : Et furent la plus grand partie portés jus, de fer de lances, de leurs chevaulx. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 423).

 

-

Porter qqn en terre. "Ensevelir qqn" : ...venez avecques nous, si vous porterons en terre sur nostre chariot, ou cimitere de nostre ville. (C.N.N., c.1456-1467, 64). Tel est maintenant plain de vie, Tachant a biens mondains acquerre, Qui en ung seul clos d'ueil desvie Et soubdain portë on en terre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 424).

 

-

Porter un enfant (sur les fonts baptismaux) : Et fut baptizé [leur fille] ledit jour en l'esglise parrochial de Saint-Pierre de Mascon, et la porta maistre Pierre Susanne, licencié en loys (Journal Dupré L.B., 1424, 31).

 

-

Porter ses pieds qq. part. V. pied

 

-

Porter qqn / qqc. (qq. part) + prop. inf. "Transporter qqn ou qqc. (qq. part) pour" : ...pendant le temps que icelle femme entra en son jardin, il print un seurcot et une coste hardie à usage de femme, de drap gris, sans fourreure aucune, et iceulx porta vendre en la ville de Chartres, à un frepier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 121). Cestui Crispinus fut porté morir a Romme, de ses playes, par la mort duquel les Rommains furent tresesbahis (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 39). ...je fus celle meismes qui le porta nourrir ["pour être nourri"] chiez la dame ou les douse chevaliers rommains le trouverent (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 672). C'est vostre chambriere, dist l'escuier, qui me porte rendre ou elle m'avoit emprunté. [Elle le transporte sur son dos] (C.N.N., c.1456-1467, 124). ...[elle] dist a son beau filz qu'il la portast monstrer [l'urine de la malade] a ung medicin pour savoir qu'on pourra faire (C.N.N., c.1456-1467, 135). Mon chief de douleur se retrainct, Je ne sçay pas qu'il vous en semble. Pour ce, prenez moy tous ensemble Et si me portez reposer ; Nul de vous ne se desassemble, Car Dieu veult de moy disposer. (LA VIGNE, S.M., 1496, 559).

 

2.

"Emporter qqc. (qq. part)" : ...l'en trouvoit que l'en avoit porté hors ce royaume à Court de Romme bien XXX cent mil escus (BAYE, II, 1411-1417, 155). Je naqui du ventre ma mere Tout nu et n'avoye nul biens, Aussi tout nu, sans porter riens ["sans rien emporter"], Iray ge emprés ceste vie. (Pac. Job M., c.1448-1478, 180).

 

-

En porter qqc. (qq. part). "Emporter qqc. (qq. part)" : ...Qua[nt] par force l'en a porté (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 314). ...je n'en portay oncques la clef, mais pend a vostre cincture avecques les vostres (C.N.N., c.1456-1467, 383). Ilz prenent le corps sainct Martin et l'en portent en une eglise ou aultre part (LA VIGNE, S.M., 1496, 581).

 

3.

Porter qqc. (à qqn)

 

a)

"Apporter qqc.( à qqn)" : ...Abacuc qui porta le diner A Daniel (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 247). Je vous annonce comme herault et messaigier du benoit Filz de Dieu, Jhesu Crist, et comme cilz qui porte lettres patentes et autantiques de par ycellui : Dieu en celle ame haubergera Qui sa parole accomplira (GERS., Pent., p.1389, 71). ...lui et Jehannin de Moustereuil, chevaucheur du roy, qui samblablement portoit lettres closes du roy audit mons. de Berry, se partirent ensamble de la ville de Paris pour aler devers lesdiz mons. de Berry et evesque de Poitiers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 520). ...il laissa Dieu qu'il tenoit en ses mains, et print la paix et la porta a monseigneur le seneschal (C.N.N., c.1456-1467, 448). Nator, accop, advance toy ! Porte les livres pour chanter. (Pass. Auv., 1477, 115). Luccifer, maudit Cerberus, Ouvre moy ; je te porte proye ! (Pass. Auv., 1477, 249).

 

-

Porter un enfant à qqn. : ...elle nye avoir [ap]porté l'enfant à Nostre-Dame de Paris, mais li avoir fait porter par une personne et femme incongneue, et laquelle elle ne vuelt nommer ou enseignier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 533).

 

-

[Personnification] : Ypocrisie (...) Pourtant pour miel poison tresdangereuse (Lyon cor. U., 1467, 61).

 

-

Porter (à qqn) (à) + inf. "Apporter (à qqn) à" : ...par ses maistre et maistresse il fu mandé leur porter boire à un soir, de nuyt, en leur chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 495). ...après leur departement, elle qui parle print du lait en un pot pour porter à mengier à ses enffans, qui estoient à Orties, à un quart de lieue prez de Besmes. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 283). Que tu est long a ton affaire ! Advance toy, porte a manger ! (Pass. Auv., 1477, 91).

 

-

Porter une / des nouvelles (à qqn) : Il fault ces nouvelles porter au chamberier lay de Nostre-Dame de Paris. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 82). L'ange qui ordonné fut messagier isnellement descendit porter les nouvelles a Joachim et saincte Anne. (GERS., Concept., 1401, 406). ...avoit ceste damoiselle une chambriere, qui estoit secretaire de leur fait, et portoit souvent nouvelles au curé (C.N.N., c.1456-1467, 352). A vous, sancts peres, je vien Et vous porte bonnes nouvelles, Car vostre saulveur et le mien Tantost viendré. (Pass. Auv., 1477, 113). Las, mes seurs ; qui sera celuy Qui portera ceste nouvelle A la doulce mere de luy Qui la [l. l'a] nourrit de sa mamelle ? (Pass. Auv., 1477, 182).

 

-

Porter des paroles (de qqn à qqn). "Être le porte-parole (de qqn auprès de qqn)" : ...de sa part, jour de sa vie a aultre femme parolle ne portera au prejudice de sa maistresse. [D'un entremetteur] (C.N.N., c.1456-1467, 80). ...feirent les bonnes religieuses entre elles ung consistoire dont la conclusion s'ensuyt ; et porta les parolles d'icelle la prieure (C.N.N., c.1456-1467, 144).

 

-

Empl. abs. Porter des paroles. "Prononcer des paroles à haute voix et avec énergie" : Le roy (...) ordonna audit Monjoye, roy d'armes des François qui sur le hourt estoit, que il portast les parolles toutes telles qui s'ensuivent. (LA SALE, J.S., 1456, 167).

 

-

Porter la parole. "Prendre la parole (au nom de plusieurs, d'un groupe)" : Elle adoncques feist signe a sa compaign(i)e et seur germaine Sapience qu'elle portast la parole pour exposer ce que entre [el]les, Vertuz, avoyent deliberé et parlamenté ensemble. (GERS., Concept., 1401, 393). Ceste créance, combien que elle portast sur tous les deux, le prieur toutesvoies des Célestins l'exposa et en porta la parole pour l'honneur de l'église (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 60).

 

b)

"Faire savoir qqc. à qqn" : Item, ce dict jour fut prins par aucuns des bienvueillans du roy ung messagier qui alloit vers le duc de Millan porter le nombre des gens de bien qui avoient esté tuez en ceste bataille ; ainsi la puis je bien dire et nommer non pas rencontre, car les dictz ennemys tenoient camp ordinaire tous les jours du monde en attendant le roy ; et par iceluy messagier, au moins par les lettres qu'il portoit, on sceut quelz gens estoient mors, tant gens de bien que autres gendarmes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 291).

 

-

Empl. abs. "Ordonner, décréter" : Item, le jour de la Snt Luc, les srs du grant conseil portont fuers que les religieux de Snt Simphorien avoient à raller en leur monastère, et faire le service divin (AUBRION, Journal L., 1481, 129).

 

4.

[D'une chose] "Transporter, apporter qqc. (qq. part)" : ...les voines mediastines qui portent le sang menstrueux aux mamelles (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 321). ...elle [la chaleur de la marriz] est portee a tout le corps (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 321). Et en ceste maniere le ciel epicicle d'une planete a en soy seulement sa propre intelligence qui le meut par son propre mouvement, et il est porté ou ciel excentrique par autre mouvement. (ORESME, C.M., c.1377, 316). Laquele male engendréure Tousdis grevant nostre nature Portent les vens communelment, Selon leur cours et mouvement, De l'une à l'autre région (LA HAYE, P. peste, 1426, 46).

 

-

Autant en porte le vent. V. vent

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.] "Apporter à qqn (une aide, un avis, un témoignage...)" : M'amie, (...) Ne porte a femme ja ce loz Qu'elle puist enfant concevoir Sanz congnoissance d'omme avoir (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 214). ...l'umble vierge en humaine semblance Gouverna cil dont tout est gouverné, Et il con fil garni d'umilité Li obei et porta seigneurie (Mir. chan., c.1361, 185).

 

-

Porter blasme à qqn : Et ne faisoie de riens compte, S'il ne me portoit blasme ou honte. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 82).

 

-

Porter dommage à qqn. V. dommage : ...en tant que sommes par compte Cinq roys avec nostre barnage, Qui pouons porter grant damage Noz ennemis. (Mir. fille roy, c.1379, 71). ...sens soffrir ... porter aucun dommaige esdicts bourgois et subges d'icelle (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 19).

 

-

Porter foi à qqn. "Se montrer loyal envers qqn, respecter ses engagements envers qqn" : ...ce sera en lui portant foy et loyaulté en toutes manieres. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 125).

 

-

Porter garantie à qqn : ...prisonnier detenu oudit Chastellet à la requeste de Guillemin Patenoz, orfevre, demourant en la rue des Marmousez, pour lui porter garantie d'une sainture d'argent que ledit Jehan lui a vendue (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 476).

 

-

Porter guerre à qqn. "Faire la guerre à qqn" : Comme puis certain temps en ça Henry, bastart de Montbelliart, et autres de la ville et païs de Montbelliart, ses alliez et complisses, aient par leur folle entreprise et desraisonnable voullenté, sans cause raisonnable, fait défier mon seigneur, et lui ait ledit bastart et ses dits alliez fait et porté guerre comme ... son ennemy (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 7).

 

-

Porter honneur / renom à qqn : On li porte moult grant renom Et de biauté et de bonté (Mir. ste Bauth., c.1376, 85). . ...honneure Dieu et porte honneur aux prestres. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 227). Je luy porteray ce regnom (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 419).

 

.

Porter révérence à qqn. V. révérence

 

-

Porter joie à qqn : ...le chastelain commendat qu'elle portast joye et soulas a Ogier (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 34).

 

-

Porter préjudice à qqn / qqc. : En enterinant lequel jugement, pour ce que iceulx prisonniers ne vouldrent aucune autre chose cognoistre que dit est dessus, furent li uns après l'autre mis à question sur le petit et le grant tresteau, et ne vouldrent cognoistre aucune chose qui leur portast prejudice. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 161). Cedit jour, maistre J. de Havencourt (...) maistre Robert Lijote (...) et Guillaume de Biaiz (...) ont protesté que certain accort (...) ne porte prejudice audit evesque ou à ses drois (BAYE, I, 1400-1410, 275).

 

-

Porter témoignage (à qqn) : ...lequel avoit refusé à porter tesmoignage ceans (BAYE, I, 1400-1410, 127). ...en portant tesmoignage de ce que de quoy riens ne savoient de leur bonté que par fas ou par nefas sont là assis. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 81).

 

-

Porter (un sentiment) (à qqn). "Éprouver (un sentiment pour qqn et le lui manifester)" : ...c'estoit de luy mal cogneu, et a sa femme pou d'honneur porté (C.N.N., c.1456-1467, 27). ...de plus en plus croissoit en eulz l'ardent et parternel amour que a leur tresbelle et tresamée fille portoient. (C.N.N., c.1456-1467, 31). Le bon musnier, oyant bonne cette adventure, ne fist pas semblant par dehors tel que dedans son cueur portoit (C.N.N., c.1456-1467, 42). Monseigneur, qui rien ne luy vouldroit celer, pour la grand amour qu'il luy porte, luy va dire comment il a jour assigné de coucher ennuyt avecques sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...subitement le dur courage que tant rigoreux avoit envers son serviteur porté fut tout changé et alteré (C.N.N., c.1456-1467, 479).

 

-

Porter haine à qqn. "Haïr qqn" : ...au moins leur portes tu mortel haine. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 16).

 

.

Porter rancune à qqn. V. rancune

 

-

Le porter trop fort. "Pousser les choses trop loin" : Hé ! par saint Jaques, Bon Renon Le pourte trop fort ung petit. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 188).

 

2.

[D'une chose]

 

-

Porter profit (à qqn). "Profiter (à qqn)" : ...tu puez veoir Quel prouffit ce pain t'a porté (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 250). Conseilh de famme bien souvant, Quant on le prent, A sages gens porte profit, Mes qu'il soit pris d'entendement, Le dirigent Par raison que tout dirigit ! (Pass. Auv., 1477, 278). ...car j'espere que en icelluy verres plusieurs choses, dont l'advertissement et congnoissance vous porra porter autant beaucop de prouffit que l'ignorance moult de dommage (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°). ....laquelle [étude des mouvements célestes] seulle ne porte ou peut porter à l'homme nul prouffit ne utillité, car pour eulx lesdicts mouvemens ne yront avant ne arriere (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 v°). Item, au plus hault d'icelui lieu, estoit une ymage de cuyvre, tenant en sa bande [l. bouche] une trompe, laquelle, touttefois que le vent de Auster ventoit, par certain object entroit en icelle et par ce se tournoit, qui portoit grant prouffit aux voyageurs par mer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

-

Porter encombre / nuisance (à qqn). "Nuire (à qqn)" : Quérir un tel hébergement Où n'ait prèz noyers, ne séues, Figuiers, jusquiame, cicues, N'autres choses portans encombre Par leur oudeur ne par leur ombre (LA HAYE, P. peste, 1426, 79). Pour quoy devons considérer Que lors souffrir ou tolérer Grant soif peut porter grant nuisance. (LA HAYE, P. peste, 1426, 98).

 

3.

Loc. Porter la palme sur qqn. "Emporter la gloire sur qqn ; être le plus méritant" : Ptholomée Pheudense, excellant, admirable et très noble prince roy d'Egipte, fut en ce temps qui porta la palme sur tous les roys, lors regnans, quant à vertu et science. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 84 v°).

III. -

[Empl. trans. indir.] Porter + prép.

A. -

Porter à. "Tendre à" : ...si le roy tendoit à venir à paix avecques les Anglois, sy le coeur ne luy portoit à vouloir vendre terres, ne pays (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 93).

B. -

Porter sur. "Peser sur (au fig.)" : Ceste créance, combien que elle portast sur tous les deux, le prieur toutesvoies des Célestins l'exposa et en porta la parole pour l'honneur de l'église (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 60).

IV. -

Empl. pronom.

A. -

Au propre

 

1.

"Tenir sur ses jambes" : Egar ! de sommeil ay tel faiz Que ne me puis porter ; (...) Ci endroit dormir me convient Par fine force. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 43).

 

2.

Se faire porter. "Se lancer sur" : Et aucune fois [le cerf] se fait porter auz biches, aussi comme se il les vousist saillir (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 45).

 

-

"Se laisser emporter (par le cours de l'eau)" : Et, quant il est chaut et las, il [le cerf] se vet rendre et refreschir es grosses rivieres et se fera porter aucune fois a l'iaue demie lieue ou plus sans venir a l'une rive ne a l'autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 63). ...quar aucune foiz, come j'ay dit, il [le cerf] se fet bien porter longuement aval la riviere. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 206).

B. -

Au fig.

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

"Se conduire, se comporter (de telle ou telle manière)" : ...li duc bien s'i pourta (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 12). LA FILLE. (...) Je m'adresce a vous, sire Alfons, Qui me sui porté conme uns homs En servant vous et vostre frére (Mir. Oton, c.1370, 385). Car Hetor parloit ainsi : "Ha," disoit il, "se je me porte mal, Polidamas le me reprochera et m'en reprendra." (ORESME, E.A., c.1370, 211). Mais toutesvoies, en teles choses peut estre aucune superhabondance, si comme se aucun pour trop grant amour de ses enfans rebelloit contre les dieux, comme fist une dame appellee Niobé, ou comme fist Satirus, qui fu nommé Philopator, vers son pere qu'il amoit trop, et pour ce se porta il folement et sotement. (ORESME, E.A., c.1370, 378). Qui est ce seigneur qui ci vient ? Il se porte et si se maintient En grant arroy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 75). Je vueil que me faciez savoir Conment ma mére se porta Quant ma femme Osanne enfanta (Mir. roy Thierry, c.1374, 312). Donques, aucun qui soit descendu d'une noble lygnie, se il se porte et gouverne vertuesement, conme sez predecesseurs ont fait, qui estoient nobles, il doit estre reputé noble. Mez se il ne se porte virtueusement il forlygne et, par consequant, selon rayson, il ne doit mie estre tenuz pour noble (Songe verg. S., t.1, 1378, 298). Et mettons exemple : un honme plebeyen, ou vilain, devient vaillent, riche et puissant et se porte en tous sez fays le plus que il puet conme noble, certes, pour tant, il ne sera mie reputé pour noble (Songe verg. S., t.1, 1378, 299). ...selon ce qu'il verra que sondit filz se portera à l'office qu'il a (BAYE, I, 1400-1410, 119). ...si bien se porte en ses armes Qu'on ne parle se de lui non. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 138). ...perdu avoit un oeil en ung assault ou avec son prince s'estoit tresvaillamment porté. (C.N.N., c.1456-1467, 109). ...tantdiz que monseigneur aux Sarrazins fait guerre, l'escuier a madame combat, et si tresbien s'i porte que, si monseigneur jamais ne retournoit, elle s'en passeroit tresbien. [Iron., dans un cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 110). Quant il ot ainsi esté detiré et traynné par toute la cité et qu'il fut ramené en la presence du roy, il demanda aux ministres comment il s'avoit porté en son tourment. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 255). ...et estoit chef de la dicte arrieregarde mon dict seigneur de La Trymoille et monsieur de Guyse, qui s'i porterent moult vaillamment. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 283). Comment ce porte nostre armee A la journee qui fut termee ? L'avons nous gaignee ou perdue ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 167).

 

-

Se porter vers /devers qqn. "Se comporter envers qqn de telle ou telle manière" : ...et vous devez porter vers leur amis et leur parens sagement et diligement (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 77). Car comme peut ce estre justement, lui qui l'avoit de nouvel prise a femme par violence avant qu'il sceust quelle elle seroit ou comme elle se porteroit devers lui ? (ORESME, Ycon. Arist. M., 1374, 841). ...il s'est plusieurs fois porté assez hautainement à l'encontre de moy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 345).

 

-

Se porter de + inf. "Faire en sorte de, s'efforcer de" : ...et a dit ledit Connestable, seant comme dessus, que, au regart de la Court, l'en se porteroit si gracieusement d'avoir argent, qu'elle en seroit content. (FAUQ., I, 1417-1420, 19).

 

-

Se porter bien (à faire qqc.). "Bien s'y prendre (pour faire qqc.)" : Si bien s'i porta que nostre saint pere pappe Paule, lequel estoit tenu le plus beau personnage de l'Eglise, lui fist faire une revolucion d'une année sur la nativité sur laquelle il previt et predist sa mort et fut veriffiée. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 159 r°).

 

b)

"Se trouver (dans tel ou tel état)" : ...veez cy bonnes matrones qui viennent, et trouvent l'espousée ou lit, et ne fut pas sans demander comment c'est portée la nuyt, et qu'il luy semble de son mary. (C.N.N., c.1456-1467, 299).

 

-

En partic. "Se trouver dans tel ou tel état de santé" : Quant esté est froit et sec, et amptonne semblablement, les fames et ceulx qui sont moystes par nature se portent bien (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 67). ...il demande a sa femme comment elle se porte. "Je suys ung pou mieulx, dit elle, que par cy devant n'ay esté..." (C.N.N., c.1456-1467, 136).

 

-

[Dans une formule de salutation] : Haulte princesse, mettez cy Vostre main. Comment vous portez ? (Myst. st Laur. S.W., 1499, 163). Et pour dieu dictes moy comment Se porte vostre pere et le mien Le roy de Hongrie ancien Et tout lestat royal aussi (Myst. st Martin K., a.1500, 161).

 

-

[P. méton., de la santé] "Aller" : Bien venue soies, Marie, Comment se porte la santé ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 67). LE SECOND PREBSTRE. A cecy fault besongner par compas. Mais, puis que fustes de ce lieu absenté, S'en plusieurs lieux avez pris voz repas, Commant se porte vostre bonne santé ? SAINCT MARTIN. Bien, Dieu mercy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 214).

 

c)

Se porter dessous qqn. "Se placer sous qqn, être subordonné à qqn" : ...messire Anthoine Rolin(...) se portoit dessous le bastard (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 120).

 

2.

[D'une chose]

 

a)

"Se présenter de telle ou telle manière" : Conment se porte vostre affaire (...) ? (Mir. march. juif, c.1377, 184). ...le fait de la guerre s'en devra mieulx porter. (Ch. VI, D., t.1, 1405, 281). Comment se portent noz amours ? (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 31). Au soir scet on ou au matin Comment le jour sy ["ainsi"] s'est porté ? (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 73). Vostre procés tres bien se porte (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 44). Ma besoigne se porte bien Puisque mon oreille est remise. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 254). ...leurs besoingnes se portoyent si mal qu[e]... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 296). Comme s'est la chose portee ? (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 402). ...mais les jeunes furent d'autre oppinion, par quoy tout se porta mal et fut tout perille et lui pris, avecques son seigneur calif et plusieurs Sarrazins triez par glaive (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 121 r°). LE SECOND. Martin, mon filz, maintenant je t'aporte La delivrance de ta captivité, (Icy le portier mect dehors de la prison sainct Martin.) Car la guerre si bien a poinct se porte Que Barbarins ont leur acort traicté, Dont l'empereur est moult fort contenté, Car a son gré a il la paix passee Et si maintient pour toute verité Que c'est par toy que la guerre est cessee. (LA VIGNE, S.M., 1496, 255).

 

b)

"S'accomplir, se réaliser" : ...la dame et le bon chevalier se deviserent tant et si longuement, et se porta conclusion entre eulx que pour la nuyt ilz ne feroient que ung lit. (C.N.N., c.1456-1467, 478).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : Les choses grandes et pesantes ne se portent pas ne ne se font par force, par legiereté de corps ne par cruaulté de membres, mais par conseil, par meureté et par science. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 148).

V. -

[Verbe attributif]

A. -

[Constr. trans.] Porter qqn pour + attribut. "Présenter qqn comme, faire passer pour" : Or me volés che roy pour le meilleur porter Qui soit en paienie (Bât. Bouillon C., c.1350, 58).

B. -

[Constr. pronom.]

 

1.

Se porter + attribut "Se comporter comme" : Mon chier enfant, de ta nature Te deüsses porter jolis, Et avoir gent corps et polis Et chevauchier et faire joye. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 17). Et pour ce ay soffert chose que je n'euse pas souffert pour mort recevoir, se il ne se feust porté si dur vers moy. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 56). [Les Romains] molesteurs se portoient à leurs voisins ["se comportaient en molesteurs à l'égard de leurs voisins, molestaient leurs voisins"] (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 5). ...s'y sont portez vaillans et vigoreux en coer (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 143).

 

2.

Se porter (pour / comme) + subst. attribut. "Se présenter comme, se donner pour" : ...que il, ou nom de sa fame (...), se puisse pourter et tenir comme hoir dudit Gieffroy (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1331, 102). ...une loy si dit que, se un sers s'est longuement porté pour franc, il puet prescripre sa liberté (Songe verg. S., t.1, 1378, 297). ...tous telz gens qui se advoueroient et porteroyent pour clers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 247). ...ledit maistre Simon Foison, soy portant comme heritier dudit defunct maistre Jehan Soulas (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 88). Après laquelle acquisicion, nostre dicte seur ala de vie à trespassement, et nous portasmes son heritier. (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 60). ...lesdiz Vailly et l'Esclat, et leur femmes, ont respondu qu'ilz ne se wellent ne n'ont volu porter pour heritiers dudit Dreue. (BAYE, II, 1411-1417, 253). ...pour ce qu'il ne lui estoit point apparu de testament et ne savoit encores qui se porteroit son heritier (FAUQ., III, 1431-1435, 74). ...eulx disans et portans conseilliers et officiers de nobles seigneurs (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 8). ...celuy (...) Qui le roy des Juïfz se porte ["celui qui se prétend le roi des Juifs"]. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 102). ...Estienne Guerreau, soy portant sergent de la baronnie de Maignac (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 604). ...de gens qui faignent soy porter amis (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 66).
 

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 Article 68/102 
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     PORTERESSE     
FEW IX 208a portare
PORTERESSE, subst. fém.
[T-L : porterresse ; GD : porteresse ; FEW IX, 208a : portare]

"Celle qui porte qqc." : ...sa porteresse. Aller la faisoit ou vouloit (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 688). Sa maistresse qui ditte est porte deux esperons dont l'ung a nom Rebellion, l'autre Inobedience dont point et stimule fort sa porteresse. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 160).

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss.

 

-

"Celle qui porte à domicile" : Item confessa que, en l'ostel d'un fruitier demourant au dessus de Sainte-Croix à l'enseigne du Greil, sondit pere et lui prindrent et emblerent un hennap de madre, que ledit prisonnier vendi en la presence de sondit pere à une porteresse alant parmi la ville, VIJ sols par. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 501). ...une porterresse de frepperie (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 501).
 

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 Article 69/102 
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     PORTE-SÛRETÉ     
*FEW IX 215a portare
PORTE-SËURETÉ, subst. masc.
[*FEW IX, 215a : portare]

"Garantie (?)" : Et telz choses faire a princepce n'est se honneur non, car c'est le plus grant port-seureté [l. port[e]-seureté ?] et parement que elle puist avoir que enfans (...) ...si les doit bien tenir chierement, et est grant loz de dire que elle en soit soigneuse, car c'est signe que elle est saige et bonne. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 59).
 

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 Article 70/102 
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     PORTEUR     
FEW IX portare
PORTEUR, subst. masc.
[T-L : portëor ; GDC : porteur ; FEW IX, 207b : portare ; TLF : XIII, 840a : porteur]

A. -

"Celui qui porte, qui transporte qqc." : LE PREMIER PORTEUR. Oncques ne vis, par mon serment, Faire chouse si merveilheuse ! LE SECOND PORTEUR. Veez cy puissance virtüeuse, Et fust ce le prophete grant ! [Cf. Luc 7, 14 : "Il [Jésus] s'approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent"] (Pass. Auv., 1477, 132).

 

-

[P. allus. à l'étymol. du nom propre Lucifer] Porteur de lumiere : LUCIFER premier ange. (...) De vous je obtiens lueur inestimable Par vostre grace et saincte amour benigne, Comme porteur de lumiere admirable, Resplendissant en la gloire divine. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 6).

B. -

En partic.

 

1.

"Celui qui est chargé de remettre un message à son destinataire" : Dont, pour avoir le consel de vous, je vous escrips fiablement et vous pri chierement que vous me voelliés rescrire, par le porteur des presentes, comment je me doie en cel estat maintenir (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 57). ...Et che que il vous en plaira a faire, voelliés m'ent, se tant m'adagniés, rescrire et renvoiier par le porteur de ceste lettre (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 69). Et si a esté envoié le messager ou porteur ou Chastellet, jusques à ce que ladicte Court averoit response du Roy (BAYE, II, 1411-1417, 66). ...une obligacion de Felisot Le Contat, grenetier d'Arcis sur Aube, receue soubz le tabellionnaige royal à Troyes (...) par laquelle il confesse devoir à Pierre de La Garmoise, changeur et bourgois de Troyes ou au porteur, la somme de trois cens livres tournois (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 202). ...afin de faire arrester certaines citacions et procès de Court de Romme, dont mencion estoit faicte en ladicte requeste, et pour arrester le porteur desdictes citacions et faire certaines inhibicions aux dessus nommez (FAUQ., II, 1421-1430, 216). Pieret Castellan ou vous, Jehan Castellan, je me recommande à vous tant come je puis. Vous m'avez escript que vous avez receu pour moy de Jehan d'Argenton la somme de 80 escuz d'or que je luy ait fait délivrez à Bourges. je vous prie que à ce porteur vueillez bailler pour moy la somme de cent escuz d'or, car je luy ay promis qu'il n'y aura point de faulte, et se faulte y avoit, je y auroye deshonneur (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 592). Se vous voullés entendre aux matières dont ce pourteur vous parlera, il en est temps. (Doc. 1458. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 101-102).

 

-

Porteur de bulles. "Celui qui se livre au commerce des fausses bulles et des indulgences, faux pèlerin" : Car ou soies porteur de bulles, Pipeur ou hazardeur de dez, (...) Ou en va l'acquest, que cuidez ? Tout aux tavernes et aux filles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 130).

 

2.

"Celui dont le métier est de porter les fardeaux, qui est chargé du transport de marchandises" : LE PORTEUR. Qui me paiera d'entre vous De mon portage ? (Mir. femme, 1368, 197). ...avec ce plusieurs gens vagabons, estrangiers et incogneuz, de leur auctorité par force et violence se mettent avec lesdits porteurs et les perturbent et empeschent en leurs droiz coustumes et communes observances, dont plusieurs inconveniens pevent sourdre et avenir, parceque les porteurs vont en plusieurs maisons et hostelz porter et rapporter marchandises, utenciles d'hostel et aultres biens, entrent es chambres des bourgois, marchans et autres gens et pourroient, soubz umbre dudit portage, faire plusieurs maulx et dommages. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1467, 254).

 

-

Porteur à col : ...deffendus soit que aucuns brouweteur, porteur à col, bereman ne porche ou remueche alun ou waranche, devant que passé aura se keure (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1363, 309).

 

-

Porteur au/de sac : Aux porteurs au saq de l'Escluse, pour le desquerquage de 13 chesnes qui estoient sur l'eaue et iceulx mettre à terre, 36 solz viez (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 625). ...[le bailly] avoit rappellé le ban de pluisieurs porteurs au sacq banis d'icelle ville, ce que faire ne pooit de lui seul pour cas criminelles ne pour aultres, sans scavoir les cas et cause des dictz banissemens aus dictz eschevins et sans leur consentement (Hist. dr. munic. E., t.2, 1422, 159). Item, depuis le ponceau Saint Denis jusques au ponceau de Montmartre, à Henriet Son, porteur de sac, pour le pris de 8 s. [p.] (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 438).

 

-

Porteur d'afeutrure. V. afeutrure : À trois porteurs d'afeustreure, pour avoir aporté 2000 livres tournois en blans de 5 d. t. pièce, de l'ostel dudit receveur en l'ostel dudit Argentier (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 265).

 

-

Porteur de + subst. désignant la marchandise portée : ...ung ou deux porteurs d'eaue (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 187). Deux porteurs d'eau. (Ch. VI, D., t.1, 1398, 152). À Hughe, porteur de tourbes, pour son salaire d'avoir porté lesdiz vint sept heux de chaulx oudit chastel, à un gros pour chascun heult, 27 solz ; À lui, pour avoir payé l'estuertghelt, 2 solz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 626). ...Colin Hatin, dit Lucas, hanouart porteur de sel, demourant à Paris (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 720).

 

-

Porteur de + subst. désignant l'office (où il exerce son métier) : Colin de Barenton, porteur d'Escuirie, envoié d'illec à Paris, porter lettres du Roy devers mons. de Bourgoigne (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 42). ...Pyon, porteur de cuysine (Comptes roi René A., t.3, 1478, 140).

C. -

"Celui qui porte qqc. sur lui, qui détient qqc."

 

-

[Un vêtement] : ...comme bons serviteurs, Soyés porteurs d'abis non differans (LA VIGNE, Compl. roy Bazoche M.R., 1501, 400).

 

-

[Un document] : ...et renderont et paieront et promistrent rendre et paier aus diz religieus et a ceus qui cause auront de eus touz cous, mises, despens, damages, journees et interés que il auroient, soustendroient et encouroient par deffaute des choses dessus dites ou d'aucune d'icelles non faites et non acomplies en la manieres que dit est dessus, des quiex et seur les quiex il promistrent accroire le porteur de ces lettres par son simple serment, sanz charge d'autre preuve faire, et sanz avenir demander ne requerre taxacion ou declaracion de juge aucune (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1331, 37). [Nombreux autres ex. ds ce texte, p.43, 47, 54...] ...après les sergens ainssi appellés, il le juge doit faire cryer s'il y a [a] aucun respit et ceulx qui apportés y seront, faire mettre en registre et savoir qui les apporte et qui pleige le porteur d'iceulx respis (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 29).

 

-

[Un effet de commerce] : ...duquel briefvet la teneur s'ensuit : Guillaume Roussel, marchant et bourgois d'Aucerre, confesse devoir et gaige à Jehan de Grant Rue, marchant et bourgois de Paris, ou au porteur, etc. la somme de quatre cens et quarante huit livres tournois franc d'or du coing du Roy nostre sire pour XX sols tournois, pour vente, bail et delivrance de fer d'Espaigne bon leal et marchant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 487).

D. -

Au fig.

 

-

"Celui qui assure qqc." : ...le bon conestable Bertran de Clequin, lequel estoit porteur des fais de la chevalerie du dit roy, trespassa pou avant, qui fu le vendredi .XIIIIe. jour de jullet, ce mesmes an (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 181).

 

-

"Celui qui a la responsabilité de qqc." : ...les prelaz qui ont la dispensacion des sacremens et qui en sont porteurs et administreurs (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 667).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 71/102 
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     PORTIER1          PORTIER2          PORTIER3     
*FEW IX portare
PORTIER, subst. masc.
[*FEW IX, 207b : portare]

"Celui dont le métier est de porter les fardeaux" : Auxdiz portiers, pour iceulx chesnes avoir porté du dam Saint Georges dedens la basse court dudit chastel, pour chacun chesne 15 solz parisiz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 625).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 72/102 
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     PORTIÈRE1          PORTIÈRE2          PORTIÈRE3     
FEW IX 208a portare
PORTIERE, adj. et subst. fém.
[T-L : portiere ; GD : portiere1/portiere2 ; FEW IX, 208a : portare ; TLF : XIII, 846a : portière2]

I. -

Adj. [D'une femelle] "Qui porte ou qui allaite" : Des portieres trait tout le lait (...) Dont les aignaux amerement Braient familleux durement. (Pastor. B., c.1422-1425, 93).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. Doc.1326 ds GD VI, 318c.

 

-

Brebis portière. "Brebis en âge de porter des petits" : ...ou mois de septembre que les moutons saillent et luisent les brebis portieres (Berger Fr. K.-G., 1379, 152). De la garde des moutons, des chastris, des brebis portieres et autres (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 38). ...il garda deulx cens brebis portieres a Messy, emprez Cloye, par l'espace de deux ans (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 48). Item, ne soit nul sy hardy de tuer ne prendre nulles brebis portierres. (Doc. 1450. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-1460, 326).

 

-

P. métaph. [De la Vierge] : ...excepte tousjours le tresdoulx Aignelet et sa vierge portiere, qui est de chastete vraye lumiere et banniere. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 345). Or prië je de coeur la vrayë tresoriere, Qui du corps Jhesucrist fust et chambre et portiere (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 15).

II. -

Subst. fém. "Bât (pour le transport d'une charge)"

 

Rem. Doc.1375 ds GD VI, 319a.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 73/102 
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     PORTOIR     
FEW IX portare
PORTOIR, subst. masc.
[T-L : portëoir ; GD : portoir ; FEW IX, 207a : portare ; TLF : XIII, 848b-849a : portoir]

A. -

"Ce qui sert à porter, à transporter ; brancard"

 

Rem. Doc. 1347 ds FEW.

 

-

Au fig. "Véhicule" : Et certainement, combien que par nulle raison elle ne puisse estre dicte esperit, toutesvoies est ce certain que c'est un portoir [lat. vehiculum] cler d'esperit, et maintenant porte esperit humain, maintenant divin, maintenant porte esperit enchanteeur et de illusion. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 115).

B. -

"Support"

 

Rem. Doc. 1399 (un portoir à costel) ds GAY II, 261b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 74/102 
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     PORTOIRE     
FEW IX portare
PORTOIRE, subst.
[GD : portoire2 ; FEW IX, 207a : portare ; TLF : XIII, 848b : portoir]

"Tout objet permettant de porter"

Rem. Doc.1395 (deux portoeres... tout de fer) et Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s. ; il y avoit six pourtoueres esqueles ilz portoient le tabernacle par les chemins) ds GD VI, 320a.

 

-

Portoire de vendange. "Hotte de vendangeur" : ...il apporte au pressouer de sondit seigneur quatre portoueres de vendenge pelle (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 196).

REM. Même mot dans l'ex. suiv. ("estrade ?") (?) : ...ilz et leurs predecesseurs pescheurs hansez ont droit et acoustumé et sont en bonne possession et saisine, chacun an, le jour de Saint-Jehan-Baptiste, d'eulx assembler en ung hostel à eulx appartenant, appellé l'hostel du mestier, auquel hostel a ung pourtoire, et illec par la plus grant et saine partie d'entre eulx eslire ung maistre de leurdit mestier (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1484, 436).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 75/102 
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     PORTURE     
FEW IX portare
PORTURE, subst. fém.
[T-L : portëure ; GD : porteure ; FEW IX, 206b : portare]

I. -

"Fait de porter qqc. ; ce que l'on porte ; fait de porter un enfant ; enfant, progéniture"

A. -

"Fait de porter qqc. ; ce que l'on porte, fardeau"

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 154

B. -

"Fait de porter un enfant, grossesse" : ...s'en furent dois fis germeaz à une porture, assavoir Lowy, qui morit jovenes, et messires Gilhe Surlés, chevalier (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 313). Dame que j'aim, par vous sont recreé Et par le fruit de vostre porteure Cil qui dampné furent par fruit veé. (Mir. chan., c.1361, 184). Bien fut celée à nature Ceste engendreüre, Ceste porteüre, Ceste vierge enfanteüre, Pour ce que la Deïté Prist lors humainne figure En vous, Vierge pure (MACH., Les lays, 1377, 399). ...le bon roy Alfons de Castelle et d'Espaingne avoit dit que, se la royne avoit de celle groesse une fille, que jamaiz autre porteure ne feroit (Chron. Valois L., c.1377-1397, 168). Et toutes ces choses sont dittes principalment pour monstrer comment Nature use des nombres musicaulx dessus diz ou fait de l'impregnacion et de la porture de l'enfant ou ventre de sa mere, qui est un fait sur tous merveilleux et notable a considerer. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 82).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

C. -

"Progéniture" : Fils, deseur tout[e] porture Li mien[e] fut li sou[e]raine, Car IX moys vos portai(e) sens paine. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 222). LA CHAMBERIERE. (...) Sire, deprïez nostre dame Qu'elle vous vueille vostre femme Sauver, lui et sa porteüre, Car elle est en telle aventure Que se Dieu sa grace n'y met, Ly et l'enfant, je vous promet, Sont au morir. (Mir. enf. ress., 1353, 23). Dame (...), par vous sont recreé Li descreé par la male morsure Que fist Adam ou mortel fruit veé Et par mi ce que vostre porteure Mort en souffri (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 302). ...diviser ne vous savons Quelle chose est sa porteure, Tant est hideuse creature (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 45). Et, tu, femme, enfanteras Ta porteüre et porteras A grant doulour (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 137). Hé, Dieu, coment ? Doulce porture, Paine tant dure - advés souffert tant humblement. (Pass. Auv., 1477, 255). LA BOURGEOISE. Mon filz, ma plaisance certayne, Mon enffant, ma doulce porture, M'amour, ma joye souverayne, Ma delicate nourriture, Mon sang, ma chair, ma pourtraicture (LA VIGNE, S.M., 1496, 389).

 

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 167 ; WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 37/12 ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ....

II. -

"Fait de se porter, de se comporter de telle ou telle manière, comportement, allure"

 

Rem. Ex. d'a.fr. et CAUMONT, Voy., p.1420, ds GD VI, 318b.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 76/102 
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     POURPORT     
FEW IX portare
POURPORT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : porport ; GD : porport ; FEW IX, 217b : portare]

"Contenu, teneur (d'un acte)" : ...acceptons, ratefions et confermons qantqz est contenuz es dites lettres, selonc le purport d'ycelles. (Hist. dr. munic. E., t.3, 1361, 153).

Rem. Doc.1391 (propourt), 1398 (purport) et 1409 (pourport) ds GD VI, 302c.
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 77/102 
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     POURPORTANT     
FEW IX portare
POURPORTANT, subst. masc.
[GD : porportant ; FEW IX, 217b : portare]

Au pourportant de. "En proportion de"

Rem. Doc.1394 ds GD VI, 302c.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

 Article 78/102 
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     POURPORTER     
FEW IX portare
POURPORTER, verbe
[T-L : porporter ; GD : porporter ; FEW IX, 217b : portare]

I. -

Empl. trans. [D'un acte] "Contenir, présenter" : ...touz les libertéz et custumes compris es lettres avant dites, si come mesmes les lettres resonablement purportent. (Hist. dr. munic. E., t.3, 1361, 154).

II. -

Empl. pronom. [D'un terrain] "S'étendre" : ...une pièce de terre, si comme elle se pourporte en lonc et en ley, assise en ladite parroisse (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1343, 170). ...unez placez, o lez sourffaiz dessuz estanz, ovec le gardin derrière, si comme tout se pourporte en long et en lay, assis ou bourgage de Saint Père de Coustances (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1388, 191). Guiffroy Feron, sergent fieffé en la sergenterie de Gavray à cause de sa femme, a en la dicte forest de Gavray à cause de sa dicte sergenterie, c'est assavoir un fou par chacun an à son choiz à prendre ou lieu où la livree as coustumiers sera ordennee ; et pour ce est tenu cuillir les amendes de la dicte forest en tant que la sergenterie se porporte. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 102). ...[le priour du Desert prend en la forest de Bretheuil] les landes qui sont entre icellui estanc et ladicte plaisse, si comme ilz se pourportent en long et en lé, et un bigre en ladicte forest pour la sustentation du luminaire dudit priouré (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 283).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 79/102 
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     REMPORTER     
FEW IX portare
REMPORTER, verbe
[GDC : remporter ; FEW IX, 216b : portare ; TLF : XIV, 775a : remporter]

A. -

"Emporter (ce qu'on a apporté)" : PREMIER BOURGOIS. (...) Vezci quanque g'ay (...) de joyaux d'argent ne d'or, Que vous apport. BASILLE. Ne place Dieu que les emport Celui pour qui les apportez ; Mais doint Diex que les ramportez Briément a joye ! (Mir. emp. Julien, 1351, 190). GRISELDIS [au marquis]. ...je te suppli sanz plus, S'il te plaist et non autrement, Qu'en recompensant seulement La virginité qu'apportay O toy quant ou palaiz entray, Laquelle ne puis remporter, Il te plaise a conmander Que l'en me laisse une chemise (...) De laquelle je couverray (...) Le ventre ta femme jadiz (Gris., 1395, 83). La veïssiés bataille qui moult fist a doubter Maint felon Sarrasins il convient la finer Et testes detrenchier, cervelles espaultrer, (...) Et ces chevaulx ossy loeur renne traÿner Que selle ne poitral ne porrent remporter (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 186). ...mais le musnier tresbien les en garda [que les femmes de madame lui remettent le brochet attrapé par le meunier], et dist qu'il le vouloit luy mesmes a madame presenter, ou vraiement qu'il le remporteroit (C.N.N., c.1456-1467, 43).

 

Rem. Doc.1376 ds TLF.

 

-

"Emporter (comme un acquis)" : Item, il peult escouepeller un arbre vert et sec du long sans ferir au vert ne au travers, et se il chiet, il le peut remporter sans amende s'il n'est rescoux du sergent (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 65). Je luy eusse rompu la teste S'il eut tant peu soit quaqueté. Je ne sçay qu'en eust rempourté, Car j'ay la teste assés ferveuse. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 194).

B. -

Au fig. "Obtenir, gagner qqc." : Suite de la victoire remportée à Fornoue par les François (COMM., III, 1495-1498, 186).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 80/102 
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     REPORT     
FEW IX portare
REPORT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : report ; GD : report ; FEW IX, 209a : portare ; TLF : XIV, 880b : report]

A. -

"Rapport, compte rendu" : Et, pur faire just report, Lui Beghes de Villiers fut mort Et plusours autres, dont de noun Je ne sai faire mencioun. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 141). Aprés, quant il vendra a l'asemblee et fera devant le seigneur et ses autres compaignons son report ou de veüe a l'ueill ou de reporter par le pié ou par les fumees, qu'il aura en son cor ou en son giron, et chascun dira : "Veez ci grant cerf", et, si est en bonne meute : "Alons le lessier courre", (...) donc a le veneur grant joye. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 55).

B. -

"Rumeur, bruit" : Portant fut [l'étendard de saint Lambert] en la thour remis à grant report. (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 651).

C. -

"Renom, réputation" : Ensi avoit Pepin de nobleche report (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.2, a.1400, 616).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 81/102 
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     REPORTANT     
*FEW IX 209a portare
REPORTANT, subst. masc.
[*FEW IX, 209a : portare]

"Celui qui fait un rapport sur qqc., qui rapporte qqc." (synon. reporteur) : ...en disant plusieurs choses ad cest propos qui pevent ou porront estre en la mémoire du reportant. (Actes Etats gén. Pays-Bas C., t.1, 1477, 298).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 82/102 
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     REPORTATION     
FEW IX portare
REPORTATION, subst. fém.
[T-L (renvoi) : reportacïon ; GD : reportation ; FEW IX, 209a : portare]

"Action de remettre, remise"

REM. Doc. 1403 (Liège) ds GD VII, 65a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 83/102 
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     REPORTEMENT     
FEW IX portare
REPORTEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : reportement ; GD : reportement ; FEW IX, 209a : portare ; TLF : XIV, 883a : reporter (reportement)]

A. -

"Translation (ici de reliques)" : En ce tempz, après ce que les Normans furrent baptisiez, le corps saint Martin fut porté d'Aucerre a Tours, au quel reportement Dieu fist de beaulx miracles. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 271).

 

Rem. "Translation de propriété" : doc. 1244, 1285 et 1312 ds GD VII, 65a-b.

B. -

"Rapport d'une dot"

 

Rem. Doc. 1489 (Tournai) ds GD VII, 65a-b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 84/102 
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     REPORTER     
FEW IX portare
REPORTER, verbe
[T-L : reporter ; GDC : reporter ; DÉCT : reporter ; FEW IX, 208b : portare ; TLF : XIV, 882a : reporter1]

A. -

"Remettre en son lieu initial" : ...en abaiant li chiennès m'aprocha, Tant que ses dens a ma robe acrocha. Si le hapay, Dont il laissa de paour son abay. Mais en mon cuer forment m'en deportay, Pour ce qu'a sa dame le reportay, Pour avoir voie Et occoison d'aler ou je voloie ; Si que toudis son poil aplanioie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 103). Bien le volsist véoir reporter en litière, Et elle euist Bauduin gisant lés se costière. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 491). Daniel se mist en estant Et si menja de ce mes tant Qu'il fu saous et repeüs Et de l'amour Dieu embeüs. Ce fait, li angles reporta Abacuc que la aporta Et le mist en la propre place Ou pris l'avoit, en po d'espace. (MACH., C. ami, 1357, 43). Ysabel, tost, sanz plus preschier, Reportez cest enfant couchier Ysnellement. (Mir. Clov., c.1381, 253). LE SECRETAIN. (...) Amis, en sauf mon crucefiz Vueil reporter. (Mir. st Alexis, 1382, 318). ...par la translation dez corps saintz et dignez reliquiaires de pays en aultre, dont lez aucuns ne furent puis reportés (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 145). SACERDOS YDOLORUM. Pas icy je ne demeurray ; Mes dieux m'en convient repourter En leur temple, sur leur haulter, Car riens ne font en ceste place (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 104).

 

-

Reporter (une charge). "Remettre une charge (entre les mains de celui qui l'a décernée), la rendre à qui de droit" : Item, deveis savoir que ly eskevinaige de Liege, et, generalment, tous aultres eskevinages et tenancherie de cours jurées, qui sont al loy de Liege, sont de teile nature et franckies, de droit imperiauls, qu'ilh sont perpetueis alle vie de cheaux qui les tinent. Et ne puelent jamais eistre rosteis, s'ilh n'y renunchent de leur greit et le reportent sus, sens destraintion, en main de saingnour ou de son maieur, nient en aiouwe d'aultruy, mains en aiouwe de saingnour propre. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 97).

 

-

Reporter qqc. "Rapporter qqc." : Jehan de Laon, chevaucheur, qui avoit asporté lettres au Roy du cardinal de Rouan, du chancelier, de Pierre Scatisse et de plusieurs autres de parties d'Avignon, et qui leur reporta lettres du Roy, et pour son retour, à la relacion maistre Jehan le Royer, 20 roiaux. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352-1360, 264). Et celui qui en reporte moins que il n'avoit mis au commencement, l'en dit que il a damage (ORESME, E.A., c.1370, 291). ...se laisse adresser au maystre des adresses, prenge au mieulx toutes les choses qui lui adviennent soubz le conduit de la providence divine, sans murmure, et soit tousjours en fiance de reporter le fruit de son oreison (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 155). ...quiconques la barguignoit, il l'avoit aussi bien a creance que a argent sec (...) bref, nul ne s'en alloit sans denrée reporter. (C.N.N., c.1456-1467, 519).

 

.

[Une réponse, des nouvelles...] : "Biaux seigneurs, je say bien que vous attendez response ; car sus les parolles que vous m'avez dictes et monstrées, vous estes chargiez de reporter à monseigneur et à messeigneurs ses oncles responce." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 16). Qant li Escoçois oirent ceste response, il furent tout abus et veirent bien que li Englés voloient la guerre. Toutesfois, il respondirent et dissent que il n'estoient pas cargié de proceder sus tels trettiés, et que les paroles que il avoient oy et entendu, seroient reportees au pais. (FROISS., Chron. D., p.1400, 206).

 

-

Reporter qqc. à qqn. "Rapporter, remettre, rendre qqc. à qqn" : LE ROY D'ESCOSSE. Lembert, pour toy brief depeschier, Ce mandement reporteras A mes gens (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 48). Et encores à leur departement, leur donna il grans dons et biaus jeuiaus et riches presens pour reporter à leurs femmes (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 83). Elle [la Passion] est a Jehan Floichot (...) Lequel prie ou non de Jhesu Que se aucung luy desrobboit, Ou d'aventure il la perdoit, Que on luy vuille repourter, O a tout le moings enseigner, Et grandement paiera le vin Pour le desjunout au matin De ly et de son compaignom. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 269). Lors le roy, pour abregier, print quatre de ces pointes qu'il envoya a Saintré, et les autres quatre rendit ausdiz seigneurs d'Endach et de Morg pour les reporter au seigneur de Loissellench. (LA SALE, J.S., 1456, 163). Roy d'armes et vous autres heraulz, mes amis, ce tresgracieux et vaillant escuier Jehan de Saintré je mercie, mais sauve sa grace je ne suis pas celle qui ait ce bracelet desservi comme il dit, mais est bien a celle par qui il a ce jour tant de grace et de honneur acquis, et pour ce lui reporterez et lui direz que il me soit pardonné. (LA SALE, J.S., 1456, 132).

B. -

"Rapporter qqc. (des propos, ce qui a été dit, ce qu'on a vu...)" : Et [vous], que faites (vous) oreillars, Qui fait de vos oreilles sacs Aves pour les maus ensachier Qu'ont reporte li mal parler ? (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 170). Or est einsi que depuis un po de temps en sa, vous avez pris merencolie seur moy, ou par faus rapport, ou par vostre volonté, ne say le quel. Assez de foys vous ay dit et prié que il vous pleust à moy dire pour quoy vous me portez malivolence, ne se aucuns vous avoit reporté aucune chose de moy qui fust contre vostre honnour ou la moie. Car se ainsi estoit que nuls le vous heust raporté, j'en estoie prest de moy descuser par devant vous, en disant que il avoit menti faussement et mauvaisement, et que je m'en deffenderoie par mon corps, einsi comme J. chevalier se doit deffendre (MACH., P. Alex., p.1369, 228). ...Et si avoit, si com je croy, Avecques li o V. ou VJ. Des gentils hommes dou païs, Sans les autres qui escoutoient Par derriere ce qu'il disoient. Bien fu qui tout ce reporta Au roy, et qui li enorta Qu'il preïst crueuse vengence De si très grant desordenence. (MACH., P. Alex., p.1369, 257). LE MESSAGIER. (...) Et pour savoir l'estat aussi De vous m'a il envoié cy (...). L'EMPERERIS. De reporter lui te conmet Que nous sommes touz sains et druz (Mir. emper. Romme, 1369, 272). Coment courreurs du Prince courroient et reporterent le fait des enemis (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 118). Lesquelles confessions faites par icellui Ernoulet, prisonnier, ouyes, ledit maistre Jehan de Cessieres dist que ce que il avoit ouy cognoistre audit prisonnier il reporteroit et diroit de bouche à mesdiz seigneurs de parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 297). Au conte d'Arondiel fu leur fait reporté, Et toute la response li ont bien endité (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 528). ...pour ce que l'en puet reporter au Roy ou aultres seigneurs pluseurs paroles sinistres de ceulx qui sont es offices de justice (BAYE, II, 1411-1417, 43). ...et ay reportée l'election à monseigneur le Dauphin, pour ce que le Roy estoit malade de sa maladie acoustumée (BAYE, II, 1411-1417, 104). J'avoye esté bien asseuree Et advisee Que mal fariés de le jucger. Pour ce fus triste et desolee, Quant reportee Me fut la crie pour aler Le bon Jhesus accompaignher Cruxiffier. (Pass. Auv., 1477, 277).

 

-

CHASSE Reporter par le pied et par les fumees. "Rendre compte (au maître de la chasse, à l'assemblée) des traces et des fumées du cerf chassé" : Aprés, quant il vendra a l'asemblee et fera devant le seigneur et ses autres compaignons son report ou de veüe a l'ueill ou de reporter par le pié ou par les fumees, qu'il aura en son cor ou en son giron, et chascun dira : "Veez ci grant cerf", et, si est en bonne meute (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 55).

C. -

Au fig.

 

1.

Reporter qqc. à qqn. "Rendre à qqn le bénéfice de qqc." : ...le prescheur doit reporter a Dieu le fruit de sa predicacion par effect de bonne oeuvre et de sainteté de vie (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 379).

 

2.

En reporter à qqc. "Se référer à qqc." : ...car autrement seroient il [les artifices] destruites et periroient, se celui qui fait aucun ouvrage ne en reportoit a la value de tant et de tel comme il a fait, et se celui qui reçoit tele chose ne en bailloit ou faisoit encontre tant vaillant (ORESME, E.A., c.1370, 291).

 

-

Empl. pronom. Se reporter à qqc. "Se référer à qqc." : ...lez subjés aussi (...) protesterent que ilz ne renuncient mie a la souveraineté et ressort du roy de France, et si reportoirent au dit traitié de Calays (Songe verg. S., t.1, 1378, 278).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 85/102 
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     REPORTEUR     
FEW IX portare
REPORTEUR, subst. masc.
[T-L : reportëor ; GD : reporteur ; FEW IX, 209a : portare]

A. -

"Celui qui fait un rapport sur qqc., qui rapporte qqc." : Car si par aventure pour vous fere despleisance au cuer aucuns messongiers et jongleurs vous repourtoient que se seroit ainssi pour vous mettre en miencolie et tristece et n'en seroit riens en aucune maniere ni quelsque repourteurs que soient, ne vueillez croire nul d'eulx si non que se fussent souffisans gens (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 14).

B. -

"Rapporteur, délateur" : Et envers l'empereur Adrian les voix des reporteurs eurent si grant valeur et si grande puissance que ses amis, qu'il avoit eslevéz a souverain honneur, il les rejecta et mist derriere l'uys. (PICCOLOMINI, De curialium miseriis epistola L., c.1458-1477, 86). Delator (...) : reporteur ou accuseur (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 80).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 86/102 
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     RETRANSPORTER     
*FEW IX portare
RETRANSPORTER, verbe
[GDC : retransporter ; *FEW IX, 220a : portare]

"Transmettre de nouveau" : ...il a convenu que le roy à present ait rebailléez et retransportéez audit conte de Charolois, filz dudit duc de Bourgongne, lesdiz citéz, villes, etc., et tout le païz de Picardie. (MAUPOINT, Journ. paris. F., 1465, 88).

REM. Doc. XVe s. ds GDC X, 567b.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 87/102 
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     SOUS-PORTER     
*FEW IX 218b, 219a portare
SOUS-PORTER, verbe
[GD : sousporter ; *FEW IX, 218b, 219a : portare]

"Maintenir, porter par dessous ; d'où soutenir qqn" : Avint que li rois Phelippes emprist et aquella ce messire Robert d'Artois en si grant haine en l'oqison d'un plait qui esmeus estoit en parlement a Paris, ... la male roine de France, fenme au roi Phelippe, aidoit trop fort son averse partie .... Et fu ... messires Robers d'Artois jugiés a morir honteusement, se on l'euist tenu ; ne onques li rois Phelippes ne le volt sousporter, tant fu il dur enfourmés contre li, et tout par la roine de France. Et convint le dit messire Robert soudainnement laissier fenme et enfans, ... et partir dou roiaulme et venir en l'Empire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 197). Toutesfois, si ledit seigneur de Barbazan ou autres se tirent devers vous, et qu'il facent que la possession de Lestore et de toutes les autres places de par delà vous soient royallement baillées, et qu'il facent au surplus entiere obeyssance, en ce cas et non autrement, pour soupporter le povre peuple, et afin qu'ilz puissent mieulx payer les tailles, je suis content que l'armée n'entre point audit pays et que vous les supportés de charge au mieulx que faire se pourra (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 235).

V. aussi supporter
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 88/102 
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     SUPPORT     
FEW IX portare
SUPPORT, subst. masc.
[T-L : suport ; GDC : support ; FEW IX, 219 : portare ; TLF : XV, 1118a : support]

A. -

"Soutien, secours, assistance, aide" : Bien savez de Plaisance paindre Et d'Espoir, quand prenez depport, Aprés effacer et destaindre Toute joye, sans nul support, Et mener a douloureux port, Ne vous chault en quelle saison. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 176). Aussi faisoit de grans biens [et] supors aux femmes voisves, enffans orphelins et a toutes autres pouvres gens (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 86). Car grant fortune diverse, Qui tout verse, Est a homme controverse Et perverse, S'il n'a de Force support (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 67). ...affin que mondit seigneur le duc ne lui donnast [au dauphin] retrait, support, faveur ne ayde (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 36). Je croy moy que ilz se vont coucher, Toutesfois, ilz me avoient promis Que pour l'honneur de leurs amis Desquelz ilz ont aide et support, Aujourd'huy feroient leur rapport Commë ont de bonne coustume. (Rapp., c.1480, 58). LE JUIF. La conscience me remort Et de long temps ay ung remort Touchant nostre loy de juifrie. De nulz seigneurs n'avons support. Crestiens partout ont grant port, Dont j'ay une griefve resverie. Leur Vierge Marie, Mere de Jhesus, Quant on la deprie, Monstre grans vertus. Nostre loy est jus Du tout jusque(s) au bas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78). DIEU [à saint Nicolas]. (...) Le crestien corporelle mort Recepvra, mais, par ton support, Ressuscité de mort a vie Sera et la faulce envie Du dyable de tous apperceue. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 136). Pour offrandes ne de suif ne de sire, D'or ne d'argent ne leur faictes support, Në appaisez aucunement vostre ire Se humains ne font envers Dieu leur acord. (Cene dieux, c.1492, 139). PRINCE D'ANTHIOCHE. Si le dieu Mars le conduyt a bon port, Consideré sa doulceur pure et munde, Et que Mahon luy envoye support, Le nompareil sera de tout le monde. LE DUC. Je vous supplie, regardez sa faconde ! Vistes vous oncques chevalier plus adroit ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 175). ...tous moyens à luy possibles de susciter divisions et mettre sedition ou royaulme, mesmement de faire eslever plusieurs seigneurs à l'encontre du roy, neantmoins, encores de rechief depuis les derniers traictez et appointemens à luy faitz sur les despendences desditz cas et divisions, il avoit donné conseil, ayde, support au conte d'Armignac, lequel il sçavoit et congnoissoit que par mauvais moyens il pourchassoit et procuroit la subversion du royaulme et qu'il estoit rebelle et desobeïssant au roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 242).

 

-

En partic. "Assistance, aide pécuniaire" : ...nous avons advisé (...) tant pour le support de nosdiz autres subgectz paians tailles, comme pour obvier à la rompture qui pourroit avenir au fait de nostredicte armée (...) dont s'en suiveroit dommaige inreparable à nous et à toute la chose publicque de nostre royaume (...) requerir et prier vous et autres noz bonnes villes franches, de nous subvenir et aider à ceste neccessité, d'une somme (...) montant à vostre part la somme de quatre mille livres tournois (Lettres Louis XI, V., t.7, 1478-1479, 20). ...les aultres vingt solz aux maistres dudict mestier, quy ont la charge de la conduicte de ladicte confrarie dudict sainct Jehan-Baptiste, patron desdictz saieteurs, pour les surpors des messes, que l'on dist à le charge de ladicte confrarie (Hist. Lille T., t.2, 1500, 513).

 

-

P. méton. "Celui qui soutient, qui apporte son appui"

 

Rem. Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 128.

B. -

"Fait de supporter, patience"

 

Rem. MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 67, 22.

 

-

"Bienveillance, indulgence" : Or le porta aventure de prime adresse jusques en Castille, la ou le roy d'alors avoit meu guerre alencontre du roy de Garnade, et fit pluseurs envaÿez sur lui (...). Desracina les vignes, brulla les oliviers et aultres arbres fructueux, mist tout a ruyne, maison et buron, et a riens ne donna espargne ne support. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 78). Vous doncques plusieurs poez interroguer et dire : "George, quel tiltre doncques ou precieux vestement gardes tu pour ce roy Charles, qui, apréz tant de haulz noms reboutéz par toy, nous tiens les cuers en suspense pour en sçavoir la queue ? Dy nous et impose fin a ces argumens (...)." O support droit cy, messeigneurs, droit cy je vous supplie pour benigne ascout. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 319).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 89/102 
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     SUPPORTABLE     
FEW IX portare
SUPPORTABLE, adj.
[GDC : supportable ; FEW IX, 219b : portare ; TLF : XV, 1120b : supportable]

A. -

[D'une pers.] "Qui aide à supporter, qui est secourable"

 

Rem. Doc. XVe s. ds TLF.

B. -

[D'une chose] "Que l'on peut supporter, qui est acceptable, supportable" : ...et si est [celle taille] moins aparcevable ou sensible à chacun en son endroit, par ce plus supportable, sans peril de rébellion et sans le murmure du peuple. (ORESME, Monnoies W., c.1365, LXVI). Se male est et de durs accors, Et qu'elle me riote et tance, Ce sera trop dure sentence, Paine et travail non supportable, Vie a moi et a lui dampnable, Car Salemon dit en appert Que mieulx vault il vivre en desert Qu'avec male femme habiter. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 25).

 

-

Supportable à qqn : Si vous prions (...) que nous veullez donner et octroyer à cestui nostre besoing (...) aucune somme d'argent presentement à vous supportable pour icelle convertir et employer en ce que dit est et aussi pour subvenir en nos autres affairez (Lettres Louis XI, C., t.1, 1445, 22).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 90/102 
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     SUPPORTANCE     
FEW IX portare
SUPPORTANCE, subst. fém.
[FEW IX, 219b : portare]

A. -

"Soutien, appui" : ...il plaisoit à Dieu pour l'heure d'alors souffrir à venir en supportance du roy françoys (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 88). ...lesquelles [choses] exposer il a pleu à messieurs qui droit-cy sont, à moy [duc d'Alençon] chargier comme tout le mendre et le plus insuffisant, ce que j'ai intention de faire toutevoies à leur commandement le mieux que pourray, soubs tousjours vostre bénigne supportance et correction. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 469). ZENON (père de saint Quentin). ...Je suis desormais foible et vieulx, Tu estois josnes et soutieux Pour estre ma grant supportance (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 106).

B. -

"Fait de supporter qqc., de le permettre, patience, compréhension" : "Déa ! monseigneur [comte de Charolois], pardonnez moi [la reine]. Sauve tout honneur et révérence à vous dues, il convient que je vous tance un petit, et que, sous vostre humble et bénigne supportance, je vous remonstre ce qu'en vous me desplaist..." (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 317). [Maistre Jehan de Clugny, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France] Toutevoies, moy confiant en vostre benigne supportance, qui tousjours avez accoustumé de supporter les ignorances de ceulx qui viennent a vous (...), j'ay pris ceste charge insupportable. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 34). [Maistre Jehan de Clugny, ambassadeur du duc de Bourgogne, aux députés du roi de France]Ce que je diray aprés sera (...) a la benigne surportance de vous, reverend pere en Dieu, monsieur de Constance, et des aultres mes treshonnoréz seigneurs estans cy deputéz du roy. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 44). [Messire Jehan de Croy, chef d'une ambassade bourguignonne, au roi de France]...puis que (...) aultre presentement ne nous peut relever de ceste charge, nous vous supplions en toute humilité qu'en vostre benigne supportance il vous plaise parer et couvrir la rudesse de noz termes et manieres de parler (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 174).

 

-

"Souffrance" : ...ô vray créateur ! maintenant tu reconsoles, tu ramènes et retires à espoir, ceux [les Français] à qui, peut-estre, par aveuglement, leur avois envoyé ce baston et fléau [le roi d'Angleterre], revenus à congnoissance de leur démérir, las ! rompu par leur supportance. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 323).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

 Article 91/102 
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     SUPPORTATIF     
FEW IX portare
SUPPORTATIF, adj.
[T-L (renvoi) : suportatif ; GD : suportatif ; FEW IX, 219b : portare]

"Supportable" : Or est en ce cas larrenesse, Or est desloial pecheresse D'avoir ainsi menti sa foy A son espoux, de fausser loy En my la face de l' Eglise Qu'elle avoit a son Dieu promise : Les armes fait prandre et le non A ce bastart de son baron Qui d'un autre est fil, et non digne De porter en fraudant la ligne Du pere a l'enfant putatif. Ce fait est non supportatif Et si grief que plus ne puet estre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 349).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

 Article 92/102 
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     SUPPORTATION     
FEW IX 219b portare
SUPPORTATION, subst. fém.
[GD : suportacion ; FEW IX, 219b : portare]

A. -

[Sens actif] "Aide, secours apporté à qqn" : ...a la correction de tous les prelas appellez a cest conseil et a la benigne supportation de tous aultres. (Vote soustr. obédience M.P., 1398, 69). ...à l'onneur, reverence et bonne supportacion du Roy et de mondit seigneur de Guienne (Doc. 1415. In : L. Mirot, Bibl. Éc. Chartes 75, 1914, 315). ...soubz la correction et doulce supportacion du premier respondant (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 154). Mais ce fol hardement, auquel tu par ta doulceur vyolente et vehemente persuasion me contrainctz, gist soubz la benigne et gracieuse supportacion des treshaulx et tresclers entendemens que espoir verront l'oultrecuidance mienne et indignité de l'euvre par moy commencée, et lesquelz, comme je croy, ont jà faict euvres excellentes sur la plaincte et lamentacion de ce cas miserable. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 162). ...pour en tirer la belle moture et fine farine blanche et plaine de louanges et cantiques doublees et multipliees a toy et a ta posterité, je, a ceste cause, soubz la supportation tienne et de tout ton bon entendement, ay assez legierement pris la hardiesse de faire la responce a ton envoyeur (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 844).

 

Rem. Doc. agn. de 1373 ds GD VII, 597b.

 

-

En partic. "Aide, secours donné à qqn pour soutenir une charge (de dépenses)" : À maistre Jacques Moreau, ymaigier, le XVIIIe jour dudit mois, trante et quatre livres sept solz six deniers, à lui ordonnéz par ledit seigneur, par supportation de sa despense allant d'Angiers, partant de Saint-Poussain, pour visiter la sépulture d'icellui seigneur (Comptes roi René A., t.1, 1453, 227).

 

Rem. Aussi Lettres agn. L., 393 et 419 (1401).

B. -

[Sens passif]

 

1.

"Fait de supporter qqc." : Car le parfait comptent du monde, le fervent desir de prouffiter en vertus, amour de discipline, labeur de penitance, prompteté d'obedience, abnegacion de soy et supportacion de quelconcque adversité pour l'amour de Jhesucrist ; ces choses donnent grant fiance de morir eureusement. (Internele consol. P., 1447, 340).

 

Rem. Expos. de la reigle M.S. Ben. (éd. 1486) ds GD VII, 597b (en toute pacience et benigne supportation). Ou est-ce le sens A ?

 

2.

"Fait de tolérer, tolérance" : ...et y seront contrains viguereusement par monsieur le maire, sans supportacion aucune (Reg. Poitiers F., t.1, 1417, 90).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 93/102 
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     SUPPORTEMENT     
FEW IX portare
SUPPORTEMENT, subst. masc.
[GD : suportement ; FEW IX, 219b : portare]

"Secours"

Rem. Ancienneté des Juifs (ms. fin XVe s.) ds GD VII, 597b (a leur aide et supportement).
 

DMF 2020 - Compléments 2017 Robert Martin

 Article 94/102 
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     SUPPORTER     
FEW IX 218b, 219a portare
SUPPORTER, verbe
[T-L : suporter ; GD : suporter ; GDC : supporter ; FEW IX, 218b, 219a : portare ; TLF : XV, 1120b : supporter1/supporter2]

A. -

"Maintenir, porter qqc. par dessous" v. sous-porter

 

Rem. Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, v.35627.

B. -

[Idée de soutien, d'aide]

 

1.

Supporter qqn

 

a)

"Soutenir qqn, aider qqn, apporter à qqn un soutien matériel ou moral" : ...a nul n'estoies nuisant, Mais les deffaillans supportoies Et doulcement les enortoies. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 137). Chils dus se tenoit communement à Paris, et subportoit desous ses elles les Parisiiens, pour la cause de ce que il avoient grant finance (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 170). ...à paine povoit on avoir droit des folles femmes de Paris, tant [le prevost] les supportoit, et leurs macquerelles. (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 383). Desir le maine et Espoir le conforte, Et Plaisance le soustient et supporte (CHART., D. Fort., 1412-1413, 170). Le Roy est très desplaisant de la povreté de son peuple, en quoy il a très grand intérest et dommage, et a intencion, seloncq son povoir, de les relever et supporter le plus qu'on pourra. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 38). ...le roy fut merveilleusement bien servy et suporté en sa vieillesse et en ses affaires de Othon tout ainsi que ung bon filz doit faire a son pere (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 76). Vous sçavés que la voullenté de Dieu est que on reprime et confonde les orgueilleux, en soustenant et supportant les doulx et les humbles. (BUEIL, I, 1461-1466, 118). NATURE. Se je n'ay fait ce que je doy, Au dieu d'Amours je m'en raporte, Et au Prince qu'ycy je voy. Je ne veul que nul m'en supporte : Ne fault il pas que je me porte Selon que Dieu m'a ordonné ? (Jeu quatre pers. L., a.1465, 196). Et de mes sept pechez mortelz, Il faut bien que m'en supportez : Sur moy je les ay trop portez ; Je les metz jus avec mon jacques. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 41). ...se vous cognoissés qu'il y ait aucuns de la court ou autres qui supportent ou favorisent ledit prince d'Orenge, advertissez m'en (Lettres Louis XI, V., t.6, 1475-1478, 155). Je vous salue roy parfait, De mon povoir je vous supporte (Feste roys, c.1475-1500, 310). ...desirons ledict Bischri et sesdictes filles estre supportées et favorablement traictées en leurs affaires en faveur d'aucuns noz serviteurs qui nous en ont requis (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 318). Et pour ce qu'entendons qu'ilz soient supportez en leurs droiz, nous voulons et vous mandons que leurs dicts procés et affaires aiez pour recommandez en la meilleur et plus briefve expedicion de justice (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1496, 114).

 

-

Supporter qqn en son droit : Et pour ce qu'entendons qu'ilz soient supportez en leurs droiz, nous voulons et vous mandons que leurs dicts procés et affaires aiez pour recommandez en la meilleur et plus briefve expedicion de justice (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1484-1498, 114).

 

b)

En partic.

 

-

"Assister, aider (qqn) pécuniairement" : En leurs mains ont toute vostre richesse, Debatz les font en hault estat monter, Vous le povez chascun jour veoir au cler, Et sont riches de voz biens et monnoye Dont vous deussiez le peuple suporter (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 124). O vray Dieu, me veult on punir Et osté toute ma substance ? Helas, j'ay ja fait une avance. Me deust on point bien supporter ? (Croix Faub. T.C., c.1450, 174). ...car j'ay mandé au grant tresorier des guerres que, sur sa vie, il leur envoyast leur argent, toutes autres assignations et payemens arriere mis ; et vouldroye bien que ledit seneschal fust par deçà contre messire Jehan d'Armignac, car les gens qui sont de Guienne supportent trop (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 317).

 

-

"Recevoir qqn, le loger" : Pareillement est a presumer que le roy ne vivoit pas si aisement en son dit camp qu'il eust faict autre part. Mais a l'ayde de ses bons officiers, il fut supporté et joyeusement entretenu. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 279).

 

c)

"Soutenir, encourager qqn" : Preschiez la loy de sainte Eglise, Les non croians convertissiez Et les non sages enseigniez, Aus saintes gens honneur portez Et les imparfais supportez (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 134).

 

-

"Soutenir, encourager (un animal)" : Pour sur les mons les coffres transporter Et les fardeaulx au large comporter, On ordonna grant nombre de muletz Propres et duictz de grans charges porter. Et pour iceulx conduire et supporter Sans s'arrester a badaulx nyceletz, On prist ung tas de robustes varletz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 146).

 

2.

Supporter qqc. "Soutenir, favoriser qqc. qui touche qqn" : Et, se on fait autrement en flattant, favorisant et supportant les voullentez des seigneurs, on se dampne mauvaisement et le congnoist bien le prince. (BUEIL, I, 1461-1466, 48). LE SECOND DISCIPLE. Hellas ! Qui pourra surporter Desormais nostre povre fait Ne a nul bien nous enorter Comme au temps passé il a fait ? Or est chascun de nous deffait, Plus n'aurons joye ne soulas (LA VIGNE, S.M., 1496, 568).

C. -

[Idée de soulagement apporté à qqn ou à qqc. qui touche qqn] Supporter qqn/qqc. "Soulager qqn ou qqc."

 

1.

Supporter qqn

 

a)

Supporter qqn de qqc. "Soulager qqn de qqc." : Je me trouvay en ung pencer Ou je me suis bien deporté Et aussi bien puis ge pencer Qu'il m'a des autres [des autres pencers] supporté. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 54).

 

b)

Se supporter de qqc. "Se soulager de qqc." : Mais, quant j'ay bien tout regardé, Je m'esbaÿs qu'il [Jésus] en dispose : Nous n'avons point apris tel chose Qu'il preigne asnes pour soy porter ; De riens ne se veult supporter, Tousjours traveille, tousjours peine, Et sa doulce nature humaine Au monde n'a point de repox. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 553).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

 

2.

[D'une pers. ou d'une chose] Supporter qqc. "Soulager qqc. qui touche qqn, rendre qqc. supportable" : ...et ne pourroient telz ennuys si pesans estre portéz ne soustenus se il n'estoient supportéz et soullagiéz d'aucun delitable solas. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 120). Si les devons en leur vieillesse Servir, supporter leur destresse, Amer, honourer de cuer fin Tresdoucement jusqu'a la fin (DESCH., M.M., c.1385-1403, 210). Et semblablement vous devons Et mieulx supporter voz annuis Et servir de jour et de nuis, En recongnoissant les biensfais Que par grace nous avez fais (DESCH., M.M., c.1385-1403, 211). Espoir m'est venu conforter Pource qu'il m'a fait apporter Par ung poursuyvant des nouvelles, Pour moy ung peu reconforter Et ma grant douleur supporter (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 32). Dieu la vueille reconforter Et a moy mon mal supporter (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 48). Je ne fay nulle doubte que son cuer ne s'amoliast et supportast aulcunement mon martire (Comte Artois S., c.1453-1467, 7). ...par une seule parolle d'esperance lui peult allegier et supporter la plus part de son martire. (Cligès C.T., 1455, 75). Il n'est chose qui ma douleur supporte (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 11).

D. -

Supporter qqc. "Endurer (qqc.) (avec patience, avec courage...)" : Tu dois vivre sotialement affin que tu estudies de estre amés et de amer, de toy doulx et traitable demoustrer, et non pas supporter seulement patianment les enfermetéz de tes freres ou de tes compaignons mais aussi voluntairement. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 255). Saige est qui vieillesce supporte, Car tous nous fault juenes fenir Ou vieulx en la fin devenir (DESCH., M.M., c.1385-1403, 211). Regardez de Grisilidis quelz faiz elle supporta et endura en son cuer, sans demander cause pour quoy (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 90). Rebellïons hot moult diverses, Et guerres mortelz et adverses, Mais sagement les suporta, Et moult noblement s'i porta (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 76). ...pour le aydier à relever aucunement de pluseurs grans et inreparables dommaiges qu'il avoit supporté et soustenus de la partie des ennemis de mondit feu seigneur pour avoir tenu et porté son party et le favourisié de tout son povoir en ladicte ville de Troyes (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419-1420, 393). Ce fut Job qui la voult porter, Pacience la trescertaine, Car doulcement voult supporter Mainte douleur et mainte peine (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 103). Et ne veulx pas par chose qui soit dicte si aprez aucunement charger le roy, car quelque chose que il veuille faire nous le devons endurer et supporter et tenir ferme et estable, voire supposé qu'il semblast dur et desraisonnable (JUV. URS., Nescio, 1445, 483). Pour plus longuement supporter Ma paine et ma passïon Contens suis de ce vin gouster Pour finer ma reffectïon. (Pass. Auv., 1477, 196). Le cueur fait l'homme supporter Quant joyeusement se repasse ; Mais quant desplaisance s'y passe, C'est grant peine d'ainsi monter Montaigne de si grosse masse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 401). SAINCT MARTIN. (...) Je fus illec durement tourmenté, Mais neantmoins, quelque mal que j'avoye Ne quelque grief que j'aye supporté, Tousjours Jhesus en ayde appelloye Et sans cesser mon cueur luy envoyoye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 357).

 

-

En partic. Supporter une charge, une dépense... "Subvenir à, couvrir, assumer (une charge, une dépense)" : ...et ne pourroit soubstenir ne supporter les charges de la prevosté s'il n'avoit que les gaiges ordinaires (FAUQ., II, 1421-1430, 164). Pour laquelle despense supporter le Roy ordonna que aux dessusdis ambassadeurs feust delivrée et baillée la somme de IJc frans, mais on ne leur en delivra que VIIJxx, et leur furent retranchiez XL frans de ladicte somme de IJc frans (FAUQ., III, 1431-1435, 23). Aussi je m'emploieray devers le roy, que il nous aidera a supporter nostre despense. (LA SALE, J.S., 1456, 231). ...touteffoiz eu regard et consideration aux charges que noz bons et loyaulx subjetz dudict bailliaige ont supportée par cy devant et font encores, nous les avons moderez à la somme de cinq mil livres tournois (Lettres Ch. VIII, P.M., t.5, 1484-1498, 84).

E. -

Supporter qqn/qqc. "Être indulgent, compréhensif, tolérant pour qqn ou pour qqc., tolérer qqn ou qqc." : Supportéz l'un l'autre en patienche (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 257). Hely aussi, combien que on lise qu'il fust saint en soy, toute voies, pour ce qu'il fu trop remis en chastier ses filz et leur fu trop mol et les supporta trop en leurs vices, il cheï en l'envers quant la selle tumba, et se froissa la teste et ainsi il mourut. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 80). Lundi, moi veant tant grande tardité, me mis à chemin de aler devers Chartres, priant à maistre J. de Sains qu'il supportast mon absence. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 329). ...le povre pelerin supplie que le covent en ce cas debonaire pour l'amour de Dieu et de leur zelateur veulle doulcement avoir pacience et supporter lesdis freres ou le frere, en supposant ou ymaginant que les desusdis freres ou frere soient alé a un autre covent de la religion par le commandement de nostre pere provincial (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 315). On doit joennes gens reprendre et tencier voirement de leurs folies, mais non mie pour tant les haïr ne diffamer, car ilz ne scevent que ilz font ne ne se cognoissent : pour ce les supporteras benignement et chastoieras par bonne maniere ceulz et celles qui te touchent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 200). Et neanmoins a eu aggreables les labeurs et diligences desdis ambassadeurs et les en a regraciez, et a supporté en grant pacience les estranges manieres et verbales responses faictes en ceste matiere. (FAUQ., III, 1431-1435, 24). ...en suppliant que la Court voulsist supporter son absence et suppleer en son fait et avoir sa personne, ses procès et ses affaires pour recommendez. (FAUQ., III, 1431-1435, 95). ...en leur priant qu'ilz le voulsissent tousjours bien et loyalement conseiller en supportant les faultes et inadvertances de jeunesse (BUEIL, I, 1461-1466, 101). [Maistre Jehan de Clugny, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] Toutevoies, moy confiant en vostre benigne supportance, qui tousjours avez accoustumé de supporter les ignorances de ceulx qui viennent a vous (...), j'ay pris ceste charge insupportable. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 34). [Maistre Jehan de Clugny, ambassadeur du duc de Bourgogne, au roi de France :] ...neantmoins samble a correction que encoires feriez vous grans biens et aulmosne de le supporter [le dauphin] et traiter doulcement (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 38). Si prenez en gré la substance De nostre jeu, tel comme il est, En supportant nostre ignorance : Et nous pardonnés s'il vous plaist. Explicit. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 192). Ung ambassadeur ne doit mye Avoir aucun mal, sus ne jus. Pour quelque façon ou abus Ou quelque chose qu'il apporte, N'en doit avoir aucun rebus ; Tout temps messagier en supporte (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 427).

 

-

"Pardonner qqc." : O grace et pitié tres immense [de Marie d'Orléans], L'entree de paix et la porte, Some de benigne clemence Qui noz faultes toust et supporte, Se de vous louer me deporte, Ingrat suis, et je le maintien, Dont en ce refrain me transporte : On doit dire du bien le bien. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 43).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 95/102 
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     SURPORTER     
FEW IX portare
SURPORTER, verbe
[T-L : sorporter ; GD : sourporter ; FEW IX, 217a : portare]

Empl. trans. "Favoriser, avantager" : [Les négociateurs pour la paix doivent trouver un accord] ...en bonne foid et loialment, sens escamp ne malengien, sens faire partie ne sorporteir l'une partie encontre l'autre en manire nulle, sor leurs sermens. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.6, a.1400, 551).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 96/102 
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     TRANSPORT     
FEW IX portare
TRANSPORT, subst. masc.
[GDC : transport ; FEW IX, 220a : portare ; TLF : XVI, 533a : transport]

A. -

"Action de transporter, de se transporter qq. part"

 

-

"Action de se transporter qq. part" : ...luy [le dauphin réfugié auprès du duc de Bourgogne] de sa part a l'aultre léz se va doloir maintenant des durtéz que son pere avoit tenu envers luy, qui avoient esté cause de son absentement et du transport ou il estoit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 88).

B. -

Au fig. "Transfert"

 

1.

DR.

 

a)

"Action de reporter sur qqn d'autre un droit que l'on possède (dans le domaine privé ou politique), transfert de propriété, acte par lequel se réalise la cession de biens, de droits, de créances" : Et pour soy dessaisir dou don, transport et delaissement dessus dit, et pour en faire saisir et mettre en possession et saisine yceulx religieux, sicomme et partout ou il appartendra, il fist, ordena et establi, pour lui et en son nom, son procureur et certain et especial messagé, sanz aucun rappel, Guillaume Bony, espicier, seul et pour le tout, monstrant ces lettres, et li donna et ottroya povoir, auctorité et especial mandement de ce faire et tout ce qui y appartient. (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1348, 164). Promettant ycelle Emeline, venderresse, par son serement fait solempnelment aus Sains Euvangilles de Dieu et par la foy de son corps pour ce bailliee corporelment es mains d'iceux notaires jurez comme en la nostre, que encontre ceste presente vente, transport et quittance ne contre aucunes des choses en ces lettres contenues n'yra, aler ne venir fera par elle ne par autres, jamez a nul jour ou temps a venir, pour raison de decevance, de erreur, d'ygnorance ou pour quelconques autre cause ou raison que ce soit (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 207). ...et confessa pardevant les diz clers notaires jurez comme en droit pardevant nous avoir vendu, quictié, cessié, delessié et du tout en tout transporté, desmaintenant a tous jours, et promis a garantir par tout, a ses couz, de toutes debtes, obligacions, ventes, transpors, allienacions, arrerages et autres empeeschemens quelconques (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1365, 285). ...la dite Marguerite, femme à present de Simon Burelé, chevalier anglois, nostre ennemy, fist donnacion au dit Burelé de tous ses dis heritages, avant le mariage d'eulx deux, pour frauder et priver nostre dit chevalier du droit qui li devoit appartenir en yceulx, à cause de la dite Katherine, sa femme, au tiltre du quel don et transport (Doc. Poitou G., t.3, 1369, 382). ...sauf que le prince, de sa plaine puissance, pourret bien auctorizer tel transport ou alienacion dez armes, sanz le consentement de ceulx du lygnage. (Songe verg. S., t.1, 1378, 293). Et, par vertu de celle general puissance, il pourret revoquier toute prescripcion et chascun transport ou don fait ou prejudice de celle puissance limittee de laquelle nous avons pallé (Songe verg. S., t.2, 1378, 207). ...si se opposoit et opposa à ce que la chose ne sortist aucun effect, et que ledit don et transport ne se feist (BAYE, I, 1400-1410, 5). ...item, le transport de ladicte debte fait par ledit Perceval audit mareschal (BAYE, I, 1400-1410, 307). Le procureur du Roy dit que lesdictes lettres sonnent et font mencion d'autres lettres et du transport de la conté de Mascon au duc de Bourgongne (FAUQ., II, 1421-1430, 150). Novacion est transport et transfusion d'aucune premiere debte en autre obligacion. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 444). ...nous lui avons convenancé et promis, pour nous, nos hoirs, successeurs et aians cause, de bailler, quictier, transporter (...) les villes, chasteaulx, terres et seignouries de Cassel et du Bois de Niepe, (...) et les appartenances et appendences quelzconques et qui de long et ancien temps ont appartenu à noz prédécesseurs ducz de Bar, et desdites cession, bail, quictance et transport faire et passer lettres devant notaires et tabellions royaulx (Roi René vie L., 1437, 225). ...et quant aux terres que lesdiz monseigneur le chancellier et messire Loys avoient demandées, leur fut dit et remonstré comment elles appartenoient à monseigneur le conte d'Estampes : c'est assavoir, la conté de Gien, de son heritage ; et celle d'Auxerre, par don et transport que mondit seigneur de Bourgoingne ly en avoit pieça fait (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1442, 55-56). En cest an, par la subtilité et pourchas de messire Jehan de Luxembourg, le fort chastel de Clermont en Beauvoisis fut mis et transporté en la main et gouvernement de messire Thomas Kyriel, anglois. (...) Et consentit ledit duc, ycelui transport, par si, que ledit Thomas lui promist, et audit de Luxembourg, et de ce lui bailla son seel, à rendre à certain temps quand il en seroit requis. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 18). ...par le moyen des dictes cession et transport faitz au roy par le roy d'Engleterre (JUV. URS., T. crest., c.1446, 99). Et lors lesdiz Cuer et Chabanes, qui estoient à Rion en une assemblée des trois estatz d'Auvergne, envoièrent quérir ledit Jehan Bonhomme, et firent tant avec luy qu'il fu content de baillier ladicte ferme audit Cuer pour lesdictes trois années, c'est assavoir pour cent réaulx pour chacune desdictes années, et fut fait le transport de ladicte ferme à lui qui parle et à Anthoine Grignon, pour et au prouffit dudit Cuer. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 412). En transport de heritaige baillé à rente à touz jours mais, n'a point de retrait sy le preneur ne retournoit argent ou autre meuble (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 403). Et est à entendre que oudit transport et bail que fera le Roy, comme dit est, ne seront point comprins la cité de Tournay, et bailliages de Tournay, Tournesis et Saint Amant, mais demoureront icelles cité et baillages de Tournay, Tournesis et Saint Amant ès mains du Roy (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 226). Et après son trespas, ses enffans (...) ont succedez et euz tous lesdis heritaiges, desquelz ilz ou aucuns d'eulx ont fait transport par vendaige (Trés. Reth. L., t.3, 1473, 514). ...en quitant et dechargant tous les vassaulx et autres subjectz d'icelles villes et terres des fidelités et sermens qu'ilz avoient à luy, en leur mandant de nous faire les sermens et fidelités et nous estre bons, vrais et obeissans subjectz, ce qu'ilz ont fait, tant à la personne de noz commis ambassadeurs que à nostre personne. Lesquieulx transportz le roy, par lesditz traictez de Conflans et aussi par ledit traicté de Peronne, fait et juré sur la vraye croix, a promis et juré en parolle de roy et sur son honneur garder, entretenir et acomplir, sans aller au contraire en aucune maniere et sur les peines contenues oudit traicté de Peronne. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 258).

 

b)

Transport de juridiction. "Transfert de compétence" : Item, une fame avoit fait semondre une aultre en cas de injures, et avoit partie donné contestacion en cause et procedé en court d'eglise longuement ; et après vint la defenssure et monstra aux gens du roy comment l'autre la tenoit en procès, en cas d'injures en la court de l'eglise, dont la congnoissance appartenoit a la court laye. L'acture en fust mise en prison, come de transport de juridicion, et l'amenda au roy, o intimacion de partie. (Echiq. Normandie S., c.1400, 203). ...en faisant aussi souventes fois plusieurs forces et violences, voyes de fait et oppressions, prisons privées, transpors de juridicions en autres, et autres plusieurs tors à plusieurs de nos subgiez (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 126).

 

c)

"En Flandres, quote-part des impositions pour chaque ville ou circonscription" : ...comme en temps passé certaine rente [,] appellee transport, eust esté ordonnee a lever chascun an sur noz villes, chastellenies et paroisses de nostre pays de Flandres... (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1394, 73). ...pour ledit aide imposer et asseoir sur nostredit pays de Flandres, selon l'estat et la faculté de chascune des villes et lieux d'icellui nostre pays, et non selon le transport ["sans observer l'assiette habituelle"] (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1397, 219). ...que lesdictes aydes seroient assises et imposees sur noz subgés et habitans dudit pays selon la faculté et puissance des villes et chastellenies de nostredit pays et non mie selon l'ancien transport et usage (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1399, 378). ...de leur quantité et porcion de nostre rente appellee le transport qu'ilz devoient de quatre annees d'arrerages (Ordonn. Ph. le Hardi, Marg. de Male B.-B., t.2, 1403, 636). ...rentes perpetuelles appellees transport de Lille, de Douay et de Bethune, qui se paient chascun an au jour de Noel. (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 15). Les rentes du transport des villes dessus accouplees furent, des long temps a, bailliees en assiete de terre à feu messire Robert de Flandres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 21). ...toutes les autres rentes et revenues que mondit seigneur a audit lieu du Dam, assavoir est le transport, le tonnel de vin de Saint Jehan, les molins du Dam et les terres des viez molins avecques les appartenances, lesquelles parties icellui seigneur leur a transportees pour acquiter ladicte ville d'iceulx 208 escuz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 421).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.1, 1957, 425.

 

2.

RHÉT. "Transfert, métaphore" : Il est dont a tenir certainement que en Dieu proprement a parler, n'est ne longueur, ne layeur, ne haulteur, ne parfondeur, mais sont en Dieu ces quantités a parler par maniere de methafore, c'est a dire en attribuant a Dieu par transport des mots ce que proprement apartient aux creatures et choses corporeles et temporeles. (Somme abr., c.1477-1481, 131). Il est a scavoir que tous les noms et mots qui sont de perfection se dient veritablement de Dieu, ceulz qui contiennent imperfection ou point ne se dient de Dieu, ou se dient selon l'imperfection de la nature humaine, ou par maniere de transport. (Somme abr., c.1477-1481, 154).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 97/102 
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     TRANSPORTATION     
FEW IX portare
TRANSPORTATION, subst. fém.
[GDC : transportation ; FEW IX, 220a : portare ; TLF : XVI, 534a : transportation]

"Transfert (de propriété)" : ...et promist ledit Pierre (...) que contre cest don, transportacion, cession et quitance ne vendra ne venir fera par lui ou par autres a nul jour ou temps avenir (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1332, 172).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 98/102 
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     TRANSPORTE     
*FEW IX portare
TRANSPORTE, subst.
[*FEW IX, 220a : portare]

"Acte par lequel se réalise le transfert d'un bien " : Nous, Roy de France, desirantz à accomplir le dit article en tant come à nous appartient, volons et ottroions qe le dit contée et les chasteux, villes, forteresses desus noméz soient et demurront en autieles libertées et franchises, come ils estoient avant le bail, transporte et delaissements desus ditz (Hist. dr. munic. E., t.2, 1360, 286).
 

DMF 2020 - Synthèse Edmonde Papin

 Article 99/102 
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     TRANSPORTEMENT     
FEW IX portare
TRANSPORTEMENT, subst. masc.
[T-L (renvoi) : transportement ; GD : transportement ; FEW IX, 220a-b : portare]

"Transport, transfert" : Transportement : translacio (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 266).

REM. Ex. d'a. fr., BERS. et doc. 1418 (Bretigny) ds GD VIII, 19c-20a.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 100/102 
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     TRANSPORTER     
FEW IX 219b,220a portare
TRANSPORTER, verbe
[T-L : transporter ; GD : transporter ; GDC : transporter ; FEW IX, 219b,220a : portare ; TLF : XVI, 534a : transporter]

A. -

"Déplacer ; assurer un transport"

 

1.

"Déplacer"

 

a)

"Déplacer qqc."

 

-

[D'une force naturelle] : Mais, posé que la velocité ou isneleté de la giracion ou revolucion du ciel, ne aussi la latitude de la terre ne empeeschassent en rien le mouvement de elle, et que l'aer desouz elle peust estre meu et transporté sans estre en rien comprimé, il convendroit que la terre fust meue quelcunque part, car se elle fu meue au milieu par violence, elle y repose par violence ; et donques il convient que par nature et par neccessité elle ait aucun mouvement par lequel elle se partiroit du milieu. (ORESME, C.M., c.1377, 546). Dit une fable que quant Ulixes s'en retournoit en Grece apres la destruccion de Troye, grant orage de temps transporta sa nef en une isle ou ot un geant qui n'avoit que un seul oeil en my le front, d'orrible grandeur. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 186).

 

-

[D'une pers.] : La nature du lait est telle que se le lait est trait et mis en ung tresbel et net vaissel de terre, ou de boiz, ou d'estain - et non mye d'arain ne de cuivre - et en iceulx vaisseaulx le tenir en repos sans remuer ou changier en divers vaisseaulx ne transporter ça ne la, il se garde bien jour et demy et ne se tourne point au boulir, maiz que l'en le remue quant il s'esmeut au boulir (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 224). Ce jour, a esté commendé à Jaques de Buymont, huissier, que les lettres estans en l'ostel me Loiz Blanchet (...) soient transportées et mises hors dudit hostel (BAYE, I, 1400-1410, 259). ...lesquelles finances l'en transportoit sans mesure en court de Romme pour eveschiez et autres gros benefices avoir. (BAYE, II, 1411-1417, 178). ...afin que les finances de ce royaume ne soient transportées hors en estranges païs et royaumes (FAUQ., I, 1417-1420, 110). ...autrement par telz ouvrages et vaisselle d'or on pourroit destruire les monnoies du Roy et transporter tout l'or de ce royaume. (FAUQ., II, 1421-1430, 233).

 

.

Transporter de. "Déplacer de, sortir de" : ...cheulx de Lacedemone firent transporter de leur cité, nommee Achilocie, les livres qui y estoient, pour che qu'ilz trouvoient que les liçons en yceulx livres contenues estoient deshonnestes (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 40).

 

.

Empl. pronom. à sens passif [D'une chose] : Par ceste tollérance, se part et diminue l'or d'ung pays et se transporte en ung autre où il se aloue à plus hault pris. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXII).

 

.

P. ext. "Porter qqc." : SAINCT MARTIN. (...) J'ay souvant les armes portees, Mais, present, de cueur singulier Ont esté de moy deportees. Jamais ne seront comportees Sur mon dos ne sur mon visaige ; Par aultres seront transportees Que par moy ; j'en quicte l'usaige. (LA VIGNE, S.M., 1496, 259).

 

b)

[D'une force naturelle ou d'une pers.] "Déplacer qqn (ou un animal)"

 

-

[D'une force naturelle] : Mais Dieu qui fait toutes les choses a son plaisir fist lever ung grant vent froit et fort devers la terre qui transporta Pierre oultre sa voulenté, et sa barque fust dedens la mer, et sus sa barque ne valoit riens, car la mer estoit haulte et profunde et ne povoit advenir a la terre, et le vent le transportoit, voulsist ou non. (Belle Maguel. C., 1453, 32).

 

-

[D'une pers.] "Déplacer qqn (ou un animal)" : Dont moult bien et moult bel mua, Et la mue continua Jusqu'a tant qu'il fu tous muëz, De sa vieil plume desmuëz Et de nouvelle revestis. Mais il en fu si parvertis Qu'arrier de moy fu transportez. S'en fu forment desconfortez, Quant par la mue le perdi. Car uns griés en moy s'aërdi Que mes cuers par force endura, Et moult longuement li dura. (MACH., D. Aler., a.1349, 283). ...Pierre d'Ay, escuier, que l'en disoit avoir transporté ou fait transporter hors ce royaume J. de Bremont, prisonnier (BAYE, II, 1411-1417, 208). La Court a defendu, à peinne de Xm livres, à Clignet de Breban qu'il ne transporte messire Lupart de Velus, ne n'attempte à sa personne. (BAYE, II, 1411-1417, 253). ...le peuple d'Israel murmura contre leur duc Moyse de ce que par voulenté de Dieu les avoit menéz es desers, disoit que là les avoir transportéz pour mourir de fain et pour estre privéz de mengier char (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 129). ...et aucune fois la mere [la perdrix] ses petiz tramporte d'un lieu en aultre pour engingner son masle. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 484). Car quant les Cartageniens de son royaume eurent occuppé la plus grant partie, il prinst son ost et le transporta en Auffricque (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 47). SECOND BRIGANT. (...) Oÿ, ma mere fu peu sage De m'avoir tant amygnoté ; Pleust a Dieu que de malle rage En son corps je fusse avorté ! Las, de m'avoir alymenté Du laict de sa doulce mamelle, Puisqu'au gibet suis transporté, Grant honneur ay aussi a elle ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 321).

 

c)

Empl. pronom. [D'une chose] "Se déplacer" : Et quant tu empreïs l'amer, Tu te meïs enmi la mer Entre les perilleuses ondes Cornues et plates et rondes Qui se transportent en po d'eure, L'une au dessous, l'autre au desseure, Dont la mer s'engroisse et se trouble, Si que toute l'iaue en est trouble (MACH., R. Fort., c.1341, 94).

 

-

[D'une pers., d'un animal] "Se déplacer" : ...s'il estoit ainsi Que l'un de l'autre eust besoing Ou qu'il se transportast si loing Qu'en grant temps ne nous veissions... (Mir. Amis, c.1365, 45). L'aigle, quant il s'enviellist et ne puet plus prendre viande, il vole par dessus les nuees en approchant le soleil tant que puet. Et tant que estant tres eschauffé, se transporte et quiert une fontaine tres froide en laquelle il se plonge trois fois. (Somme abr., c.1477-1481, 179). Il congnoissoit les pays et les lieux Des Ytalies tant que de lieux en lieux Si bien appoint les logis pourgetta Et assiega, que l'on ne sçauroit mieulx. Puys aux gens d'armes et ceulx qui parmy eulx Se transportoient, esticquettes portoyt : Par ce moyen ung chascun contentoit En la presence des quatre mareschaulx. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 147).

 

.

Se transporter qq. part. "Se rendre qq part" : ...li Rommain hastivement a moult grandes journees se transporterent la pour vengier la mort de leurs cytoienz et pour recouvrer leur colonie (BERS., I, 9, c.1354-1359, 23.2, 41). Et ce fait et dit, je me voulz transporter incontinant avecques le dit procureur des dis religieux de Saint Magloire es dis terrouoirs de Chappellet, des Groes et des frontieres de Feuillencourt (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1369, 405). Li temps passa, li termes vint Qu'aler au soudan les couvint, Si qu'à sa court se transporterent Et en droit estat le trouverent De l'autre fois, ne plus ne meins. (MACH., P. Alex., p.1369, 199). Secondement, un ange peust delessier du tout et soy departir du lieu ou il est et soy mouver et transporter en un autre lieu par l'espace moienne par laquelle il trespasse. (ORESME, C.M., c.1377, 292). ...et le lendemain bien matin s'en retourna à Paris, et se transporta en l'ostel d'un marchant de chevaux demourant près de Saint-Honoré, où il acheta un petit cheval gris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 128). ...alors qu'il fist faire sadite tonsure, il qui parle, en sa compaignie Nicolas Boutin, se trensporterent en l'ostel du grant maistre de Rodes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 248). Le jeudi XXVe jour du mois d'aoust, l'an dessus dit, nous transportasmes en ladite geole, et feismes venir par devant nous Jehan de Blois (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 440). [le pron. n'est pas exprimé] ...lundi derrenierement passé, l'andemain de Penthecouste, environ X heures de nuyt, les prisonniers dessus nommez furent et se transporterent en ladite ville de Rungy, et assamblerent devant le monstier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 222). Item, que le Prevost de Paris commette et ordene XXX ou XL bons sergens et seurs qui se transportent souvent par la ville et es tavernes (BAYE, II, 1411-1417, 154). Ce jour, la Court a ordené que Lambert Cathelin, huissier de Parlement, se transporte au païs de Noyon pour executer l'accord passé (FAUQ., II, 1421-1430, 305). Ma dame s'i veult transporter Pour son fil à Dieu presenter. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 51). Et en ladicte desconfiture moururent XXIImVIIc hommes, qui y furent trouvez mors, tant dedens ledit parc que dehors, par le rapport fait des heraulx et poursuivans qui, pour ladicte estimacion faire, se transporterent audit lieu. Et, après ladicte desconfiture ainsi faicte que dit est, lesdiz de Lorraine et Suixes firent leur suite après ledit de Bourgongne et tuerent depuis plusieurs autres Bourguignons, qui ainsi se retiroient audit lieu de Joigne. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 21). ...le roy a esté conseillié de soy transporter oudit pays (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 67). Item [Dieu] ne se transporte ne mue de lieu en lieu, car par tout est present. (Somme abr., c.1477-1481, 143).

 

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Se transporter à/devant/devers qqn. "Aller vers qqn" : Se Morpheüs devant li se transporte Cinc fois ou sis, et se bien li enorte En ma fourme qui est a moitié morte, Croire ne puis, Se bien li dit que trop me desconforte Et qu'il n'est riens en quoy je me deporte, Que ma dame soit si dure ou si forte Que pité l'ui (...) N'uevre la porte (MACH., F. am., c.1361, 168). Sera ce bon (...) Qu'a la mére au roy me transporte Et que ces nouvelles li porte ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 40). ...icelli mons. le prevost dist, ordonna, appointa et commanda audit maistre Dreue d' Ars que il se transportast devers icelle dame et l'examinast sur les choses dessus dites (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 361). ...et pour ce ledit Jacob ce veant, ala et se transporta par devers ledit Bourgoiset (Berger Fr. K.-G., 1412, 171). SAINCT MARTIN. Le Sainct Esprit si vous veult enhorter Ad ce grant bien, selon que puis entendre ; Pour ce a l'abbé je me veulx transporter Et vous o moy, sans plus icy actendre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 371).

 

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[Du chien, à la chasse] "S'éloigner trop"

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss.

 

2.

"Déplacer d'un lieu dans un autre par un moyen de transport" : J'ay veu de mes yeux à Padue ung puis, lequel puis le vulgal tient que icelui de Ebano fist transporter de lieu en autre et est à present en place publique et est fait en maniere d'une cuve à baigner. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 132 r°).

 

-

En partic. [Le corps d'un défunt, des reliques] : Ce jour, le corps du feu roy d'Angleterre, nagaires trespassé ou chastel du Bois de Vinciennes, fut transporté en l'eglise Saint-Denis en France pour d'ilec estre transporté en Angleterre. (FAUQ., II, 1421-1430, 58). ...le roy Charles VIe, dont le corps estoit encores en ycellui hostel enbasmé et mis en plonc, en intencion d'estre transporté et enterré à Saint-Denis (FAUQ., II, 1421-1430, 68). ...pour ce (...) qu'il avoit prins les reliques saint Fiacre en Brye, et avoit proposé les transporter en Angleterre (RAOULET, Chron. Ch. VII, V., c.1461-1467, 172).

 

3.

P. anal. "Faire passer (les aliments dans le corps), les assimiler" : ...et pour ce le vin est transporté et fait mieulx penetrer la viande que l'eaue en laquelle n'est chaleur quelconques, mais atarde le trespassement de la viande. (Rég. santé corps C., 1480, 65-66).

B. -

Au fig.

 

1.

"Déplacer, transférer" : Mais a parler proprement, la tristece qui est en un home ne puet estre transportee en un autre, ne en tout ne en partie. (ORESME, E.A.C., c.1370, 491). Car l'amour qui est deue au païs et aus parens par dessus touz autres le pere transporte en ses enfans quant l'affeccion du filz si trait a soy tout ce qui est herbergié en la chambre du cuer du pere (FOUL., Policrat., IV, 1372, 78). Il dit que le royaume sera transporté de gent en gent pour injustices et injures et contumelies d'orgueil et divers baras. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 83). Par ce transporte Dieu lez royaulmes de main en aultre. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 42).

 

-

Transporter en (tel ou tel état). "Mettre en" : Mais lonc compte ne vueil tenir, Car je vueil au propos venir Par le quel je fu confortez Et de grief en pais transportez. (MACH., D. Aler., a.1349, 290). Jeremie par le decret du jugement des cieulx annonça en Jherusalem que les princes et les chiefz du peuple, les anciens et lez majeurs des villes seroient menés prisonniers en Babylone, le temple despouillé, et le peuple transporté en estrange servitude (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 76).

 

-

Transporter qqc. à qqn. "Reporter qqc. sur qqn" : Ains liberalement de cuer et franchement, sans force, contrainte, ne viollence aucune, [je] vous donne, cede et transporte toute la naturelle amour, l'affection et le droit que mere puelt et doit avoir à son seul et tresamé filz. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 13).

 

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"Céder qqc. à qqn"

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

 

-

Se transporter à/en qqc. "Se déplacer en pensée, se porter à qqc." : Les choses acoustumees de longtemps, et s'elles sont pyres des choses non acoustumees, si moins molestent ; car (qui auroit acoustumé une pire chose pour ung pou de temps) il vauldroit mieulx qu'il la lessast et se transportast a l'autre. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 64). Ainsy comme je me delictoye a regarder ce delicieux et celestiel champ et tres flourissant jardin de la divine Escripture, planté, anté et ordonné par la propre main du Saint Esperit, et que d'un lieu en l'autre par estude et meditacion plaisamment me transportoye, avint que je descendi en une partie de ce jardin (GERS., Concept., 1401, 388). [Marie d'Orléans] Some de benigne clemence Qui noz faultes toust et supporte, Se de vous louer me deporte, Ingrat suis, et je le maintien, Dont en ce refrain me transporte : On doit dire du bien le bien. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 43).

 

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"Se reporter à qqc., se référer à qqc." : ...comme la cronique plus clerement le recite a laquelle je me transporte (MÉZIÈRES, Epistre lamentable C.P., 1397, 140).

 

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Se transporter à qqc. "Se diriger vers qqc." : SAINCT MARTIN. (...) Faictes venir tous en presence Mes freres, sans dilacion Et qu'en grande devocion Le corps de Jhesucrist m'apportent, Aussi ma dernyere uncion. A mort mes membres se transportent, En vigueur plus ne se deportent Tant suis foible et debilité ; Pour vivre plus, mal se comportent, Car mon jour si est limité. (LA VIGNE, S.M., 1496, 565).

 

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Se transporter à + inf. "Se porter à" : Mes apres l'en se transporta et translata a aquerir pecunes par autres voies. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 68).

 

2.

DR. "Transférer, reporter sur qqn d'autre un droit que l'on possède (dans le domaine privé ou politique), transfert de propriété, réaliser une cession de biens, de droits, de créances" : ...les quelles deux cenz livres de terre nous avions par noz lettres octroié que le dit cardinal ou les genz de sainte eglise, en qui elles seroient transportées, peussent tenir paisiblement à touz jours, sanz estre contrainz à les mettre hors de leurs mains (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 125). Et pour ce que desclarciz n'estoient a plain yceulz heritages et possessions, vendus comme dit est, sicomme il disoit, es dittes lettres que passé en avoit comme dessus est dit, ycelli procureur par vertu des dittes lettres de procuracion, pardevant les diz notaires jurez comme pardevant nous, vendi ancores, quitta, cessa, transporta, ottroya et delessa par pure, vraye et loyal vente, desorendroit a touz jours, sanz rappel et sanz esperance de jamais venir, faire ou dire encontre, a religieus hommes et honestes l'abbé et le couvent de l'eglise Saint Magloire de Paris dessus diz, achetans pour eulz, pour leur ditte eglise, pour leurs successeurs et pour ceulz qui de eulz et de leur ditte eglise auront cause, tous les heritages, cens et possessions ci aprés devisez (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 135). ...et parmi ce, la dite venderresse transporta, mist, cessa et du tout en tout delessa audit acheteur, pour lui, pour ses hoirs et pour ceuls qui de lui auront cause, tout le droit, toute la seigneurie, proprieté, possession, raison et action quelconques, reelle, personnelle, mixte, directe, taisible et expresse, et tout autre que elle avoit et povoit avoir es trente sept soulz et huit deniers par.. de cres de cens ou rente par an dessus diz (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1355, 207). ...se les roys d'Angleterre (...) en avoient aliené ou transporté aucunes choses en autres personnes que es roys de France (Lettres renonc. D., 1360, 50). ...en transportans et quittans du tout aus diz religieus et a leurs successeurs tout le droit que il y avoient (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1367, 362). Assés tost apriès traitta li rois Phelippes de France et fist traittier par le conte de Blois envers monsigneur Jehan de Haynau, que il vosist estre François, et il li transporteroit sa revenue qu'il avoit en Engleterre, en France (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 107). Item, est acordé que le roy de France et son ainsnet fil le regent... renderont et bailleront au dit roy d'Engleterre et à tous ses hoirs et successeurs, et transporteront en eulz tous les honneurs et regalités, obedienses, hommages... qui apertenoient ... as rois et à la couronne de France (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 39). Et transporteront , cesseront et delaisseront li un roi à l'aultre, perpetuelement tout le droit que chascuns d'eux a ou peut avoir en toutes les choses qui par ce présent trettiet doivent demourer ou estre baillies à çascun d'eulx (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 42). ...lui avons octroié que yceulx chastel et chastellenie il puisse eschangier ou transporter en autres, et que ceulx en qui il les transportera ou eschangera, les tiengnent et puissent tenir par la maniere et condicion dessuz dictes, ou aient les diz dix mille frans dessuz diz, deuz au dit sire de Mucidan, en lieu d'eulx, en cas de retrait ou de recouvrance (Doc. Poitou G., t.5, 1377, 7). ...par paraille raison, ou plus forte, devons nous dire que toutes possessions devent estre transportees avesques la charge que ilz devent a la chose publique (Songe verg. S., t.1, 1378, 44). ...le pueple de Ronme eleüt l'Impereur et transporta en luy tout le pover et toute la seignorie que il avoit, pour le temps, par tout le monde (Songe verg. S., t.1, 1378, 47). ...Jhesuchrist disoit que son royaume n'estoit mie de ce monde, par consequant, il ne transporta nul royaume temporel en saint Pierre, son vicaire, ne en sez successeurs. (Songe verg. S., t.2, 1378, 33). ...douaire ès terres que elle disoit que le dit messire Bertran tenoit en Espaigne et en Arragon au temps de leurs espousailles, le dit messire Bertran s'en estoit dessaisi et les avoit transportées en autres mains paravant leurs dites espousailles (Cartul. Laval B., t.2, 1384, 308). ...il avoit entendu que par importunité ou autrement le Roy avoit donné ou vouloit bailler et transporter l'ommage dudit marquisé au conte (BAYE, I, 1400-1410, 5). Le seigneur de Pise (...) prist adonc fort et ferme a continuer son traictié devers les Florentins de la vendicion de Pise, c'est assavoir de leur transporter son droit entierement (Bouciquaut L., 1408-1409, 325). ...ledit roy Jehan donna et transporta audit Loys toutes les terres (JEAN DE MONTREUIL, Traité Angl. III, G.O.O., 1416, 310). ...[certaines lettres] faisans mencion des drois, prouffis, rentes et revenues amorties que le Roy avoit cedé et transporté aux religieux, abbé et couvent de l'eglise de Saint Denis en France (FAUQ., I, 1417-1420, 122). ...nous lui avons convenancé et promis, pour nous, nos hoirs, successeurs et aians cause, de bailler, quictier, transporter (...) les villes, chasteaulx, terres et seignouries de Cassel et du Bois de Niepe, (...) et les appartenances et appendences quelzconques et qui de long et ancien temps ont appartenu à noz prédécesseurs ducz de Bar, et desdites cession, bail, quictance et transport faire et passer lettres devant notaires et tabellions royaulx (Roi René vie L., 1437, 225). En cest an, par la subtilité et pourchas de messire Jehan de Luxembourg, le fort chastel de Clermont en Beauvoisis fut mis et transporté en la main et gouvernement de messire Thomas Kyriel, anglois. (...) Et consentit ledit duc, ycelui transport, par si, que ledit Thomas lui promist, et audit de Luxembourg, et de ce lui bailla son seel, à rendre à certain temps quand il en seroit requis. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 18). Et ne pourroit pas ung roy de France donner, vendre, ceder ou transporter son royaulme a aultre, non mie une partie de l'eritage ou demaine appartenant a la couronne, car c'est ung corps que luy, son peuple et la chose publique, et est le roy l'ame de la chose publicque, la quelle ne se peult abdicquer du corps et luy baillier aultre, au moins sans le consentement de tout le corps ou les membres sont comprins. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 52). Et, oultre, nous transporta les prevostez de Vymeu, Feulloy en Beauvoisin en tous tels drois que les autres villes et terres dessus dittez, desquelles il nous fist bailler et delivrer la possession, en quitant et dechargant tous les vassaulx et autres subjectz d'icelles villes et terres des fidelités et sermens qu'ilz avoient à luy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 258).

 

-

Empl. pronom. à sens passif : ...et le droit que avoit le dit Edouard se transporte a ses prochains parens de par la mere, c'est asçavoir a ceulx qui sont descendus du roy Phelippe de Valois (JUV. URS., T. crest., c.1446, 146).

 

-

"Faire un transfert de legs" : Et s'aucun [de mes légataires], dont n'ay congnoissance, Estoit alé de mort a vie, Je vueil et lui donne puissance [à Jehan de Calaiz, notaire au Châtelet], Afin que l'ordre soit suyvie Pour estre mieulx parassouvye, Que ceste aulmosne ailleurs transporte, Car s'il l'applicquoit par envye, A son ame je m'en rapporte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 141).

 

3.

[Idée d'élévation] Transporter qqn. "Élever qqn (spirituellement)" : Car pou en y a que le juste Jupiter si aime ou que ardant vertus ait transportez aus cielz (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 299).

 

-

Transporter qqn./Estre transporté. "Ravir qqn, être ravi (spirituellement)" : Et par la grandeur de ioye en quoy elle est elle [l'âme] est transportee en une affection supermondaine et aussi comme sus humaine nature (CIB., p.1451, 191). Et ainsi seulement ont esté envoiéz au regard de la creature, et si non par adventure que l'en porroit dire que le Saint Esperit envoie, quant il prend ung homme et le transporte d'un lieu a l'aultre. Comme nous lisons ou livre des Actes des apostles que Saint Phelippe fu transporté et ravy par l'esperit de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 119).

 

-

Se transporter à Dieu. "S'élever à Dieu" : Quant donques par telle maniere il preschoit la doleureuse passion de la croiz a fin que petit a petit la folie des gens se departist, il se transporta et esleva sa parole et sa predication a la parole de Dieu, au filz de Dieu et a la sapience de Dieu, et par la parole de vraie foy il monta jusques au throsne et siege de la majesté divine (FOUL., Policrat., IV, 1372, 56). Quant Job si fut du tout en friche, Et plus a Dieu se transporta, Tant qu'a la fin ne fut pas triche, L'angë es cieulx l'ame porta (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 105).

 

-

[De l'âme] Se transporter. "S'élever, être ravi" : ...tellement que la flambe de lamour quelle a des choses diuines la fait liquefier et fondre et decourir hors de soy comme la cire deuant le feu et se transporte de son premier estat et est comme toute resolue et satenuit (CIB., p.1451, 191).

 

4.

[Idée de transformation]

 

-

"Transformer" : Et qui est plus laide chose que transporter sa face et varier sa chiere selon... (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 213).

 

-

"Traduire" : Amourath parla au conte de Nevers, voire par la bouche d'un latinier qui transportoit la parolle (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 690). ...les latiniers et turquemans, qui transportoient les langaiges de l'un à l'autre (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 707).

 

-

RHÉT. "Employer par métaphore"

 

.

Empl. pronom. à sens passif "Être employé par métaphore" : Est a scavoir que souvent ce nom substance se prend pour essence, mais essence jamais ne se transporte pour signifier la persone. (Somme abr., c.1477-1481, 129).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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     TRANSPORTEUR     
FEW IX portare
TRANSPORTEUR, subst. masc.
[GD : transporteur ; FEW IX, 220b : portare ; TLF : XVI, 535a : transporteur]

A. -

"Celui qui transporte, qui transfère" : ...tout le billon ou or que l'en vouldroit ainsi transporter (...) et tant les transporteurs et ceulx a qui la chose toucheroit que aussi les changeurs ou autres... (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 325). Translator (...) : tran[s]porteur de lieu en aultre (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 507). Translator : transporteur de lieu en aultre (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 400).

 

Rem. Aussi Farce de la femme qui fut desrobée, Cohen, 180, XXIII/74 (c.1480-1492). H. Lewicka, La Dér., 1960, 139-140.

B. -

"Celui qui tranfère à qqn un bien, un droit" : ...ceulx à qui telz dons ont esté faitz, ne les pourront d'oresénavant transporter en autres personnes que en leurs hoirs, et au moins en personnes qui en puissent plus largement user que iceulx transporteurs feissent se ilz les tenissent (Ordonn. rois Fr. S., t.8, 1402, 535). ...en tout abournement de fyé n'a point de rectraict aux lignagiers du transporteur (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.3, 1463, 440).

C. -

"Translateur, traducteur (ou sens A ?)" : Translator (...) : transporteur, translateur (Aalma R., c.1380, 422). Transporteur : translator (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 266).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 102/102 
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     TRESPORTER     
FEW IX portare
TRESPORTER, verbe
[T-L : tresporter ; GD : tresporter ; FEW IX, 217b : portare]

I. -

Empl. trans. "Transporter, porter" : Vers ceste porte ai je tourné Et converti et tresporté Mon balai pour tout balier, Houssier, purgier et netier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 271).

 

-

"Porter, mettre" : Si treporta le baston dessus dit de sa destre main en la senestre et mist sa dextre main desus le chief de Nume (BERS., I, 1, c.1354-1359, 18.8, 29).

 

-

"Transférer (une armée)" : ...et pour ce envoia l'en tantost legaz a Fabius en luy mandant que se la guerre de Samnie avoit aucun laschement il tresportast son ost en Ombre. Le consul obei sanz nul delay et a grans journeez tresporta il son ost a Nenenie (BERS., I, 9, c.1354-1359, 41.12, 77).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "Se transporter (de l'autre côté, hors de, à...)" : ...des lors que je eu pooir ne avis, me tresportai et m'en vinz a Rome emsembleement avecquez ma fame et toutes mes fortunes. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 35.5, 61). Comme l'une sentence ne l'autre ne fust acceptee, Herennius eust treportez des tentes. Et lors, comme l'en se fust essaié a saillir hors du peril par mainz efforcemens, mais ce fu pour noient, et en oultre en tentes rommainnes eust ja deffaulte de tous vivres (BERS., I, 9, c.1354-1359, 3.13, 6).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : Se je me sui mal tresportes [var. transportes] Par sept larrons, pechiez mortes, Et erre par la voie torte, Esperance me reconforte, Qui a toi hui me raporte (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 338). [T-L X, 624-625]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

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